lundi 15 octobre 2012

Pakistan : Malala, une icône de la paix

Le sort de cette adolescente attaquée par les talibans a ému dans son pays et à l'étranger.

Son histoire a fait le tour du monde. La jeune Pakistanaise Malala Yousufzai, 14 ans, victime d'une tentative d'assassinat par les talibans pour son combat en faveur de l'éducation des filles, est en passe de devenir une icône dans son pays et ailleurs. Grièvement blessée par balles à l'épaule et à la tête à Mingora, dans la vallée de Swat, mardi dernier, elle a été transférée lundi vers la Grande-Bretagne pour y recevoir des soins médicaux.

Le sort de l'adolescente, qui milite depuis l'âge de 11 ans, a ému le Pakistan et mobilisé sur les réseaux sociaux comme jamais auparavant dans le pays, note la journaliste du Figaro Marie-France Calle sur son blog. Même l'assassinat de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, en 2007, n'avait pas suscité une telle réaction. Partout dans le pays, des veillées et des processions sont organisées pour Malala et plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés à Karachi pendant le week-end.

"Cancer de l'extrémisme"

Dans les médias, la condamnation de cet attentat commis devant l'école de la jeune fille et revendiqué par le Mouvement des talibans du Pakistan, est unanime, ou presque. Pour The News, un journal basé à Islamabad, le Pakistan est aujourd'hui dans un état critique, comme Malala. "Nous sommes infectés par le cancer de l'extrémisme et à moins que la tumeur ne soit retirée, nous allons glisser encore plus loin dans la bestialité démontrée par cette dernière atrocité", peut-on lire dans le quotidien.

En revanche, le quotidien islamiste Ummat estime, selon la BBC, que "les médias internationaux donnent à cet incident une couverture excessive, visant à calomnier le Pakistan et l'islam".

Des soutiens de personnalités

A l'étranger aussi, le sort de Malala a ému et passionné. Samedi, un journaliste du New York Times a ainsi posté des nouvelles de l'adolescente sur Twitter, ce qui lui a valu plus de 500 retweets, observe le Jerusalem Post. L'ONU et les États-Unis, mais aussi de nombreuses célébrités ont pris fait et cause pour la jeune héroïne, comme les acteurs Ewan McGregor et Mia Farrow, ainsi que Laeticia Hallyday.

Par Anne-Julie Contenay sur www.europe1.fr

Norodom Sihanouk, ex-roi du Cambodge et figure du XXe siècle

L'ancien roi du Cambodge Norodom Sihanouk, qui a marqué l'histoire de la deuxième partie du XXe siècle et restait vénéré dans son pays après en avoir maintenu l'unité à travers des décennies de guerre, est mort lundi à Pékin à l'âge de 89 ans. 

Derrière l'image d'un autocrate à l'humeur velléitaire, Norodom Sihanouk est une des grandes figures politiques asiatiques du XXe siècle, qui n'a eu de cesse de préserver l'unité du Cambodge, déchiré par des décennies de guerre civile. 

Deux fois exilé, deux fois restauré, l'ex-roi avait abdiqué à 82 ans pour raison de santé, en s'assurant de la survie de la monarchie pour éviter le "chaos". Son fils préféré, Norodom Sihamoni, lui avait succédé en 2004. 

Pendant plus de 50 ans, le petit homme au caractère souvent déconcertant et à la voix haut perchée, grand amateur de champagne et de foie gras, cinéaste, poète et compositeur, s'est déployé inlassablement sur la scène diplomatique internationale en dépit d'une carrière à éclipses. 

Fier d'avoir côtoyé tous les grands de l'après-guerre, Tito, Mao et de Gaulle, qu'en francophone passionné il admirait profondément, Sihanouk a survécu aux manipulations de ses protecteurs français, à l'humiliation d'un coup d'Etat, à la captivité sous les Khmers rouges et à l'exil. Pour le petit peuple cambodgien, il était Samdech Euv, Monseigneur Papa. "Sihanouk est le Cambodge", résumait simplement son biographe officiel Julio Jeldres. 

Un royaume "neutre"

Installé sur le trône par les Français en 1941, il obtient douze ans plus tard l'indépendance du pays, sans effusion de sang. Après avoir choisi d'abdiquer une première fois pour embrasser la politique au milieu des années 1950, l'héritier des bâtisseurs d'Angkor, plusieurs fois Premier ministre, consacre toute son énergie à l'idée qu'il se fait du Cambodge, un petit royaume "neutre", au passé fabuleux. 

De cette première "ère Sihanouk", les Cambodgiens se souviendront d'une époque de paix et de relative prospérité, d'un certain "âge d'or" dont la vision nostalgique est renforcée par les terribles épreuves qui suivirent.  

Volte-face spectaculaires

Investi de la double légitimité dynastique et populaire, Sihanouk n'a jamais reculé devant les volte-face les plus spectaculaires et les alliances apparemment incongrues, avec la Chine et la Corée du Nord notamment. Mais sa décision la plus controversée restera son alliance avec le régime de Pol Pot. Après le putsch du maréchal Lon Nol qui le chasse du pouvoir en mars 1970 avec le soutien des Américains, Sihanouk soutient en effet depuis son exil chinois les Khmers rouges. 

A leur prise du pouvoir en 1975, il devient même le chef d'Etat du régime qui fera quelque deux millions de morts, avant d'être forcé à la démission l'année suivante et d'être placé en résidence surveillée jusqu'à la prise de Phnom Penh par les Vietnamiens en 1979. L'affront du coup d'Etat et de cette captivité ne sera lavé que bien plus tard, après plus de dix années d'exil à Pékin et Pyongyang. 

Il rentre triomphalement et remonte sur le trône en 1993

Juste après les accords de paix de Paris en 1991, dont il est l'un des artisans, Sihanouk rentre triomphalement chez lui et remonte sur le trône en 1993, comme monarque constitutionnel qui "règne mais ne gouverne pas". Il promet alors à des Cambodgiens traumatisés d'établir "le régime le plus démocratique et le plus libéral qui soit".  

Ce n'est qu'en 1998 que le royaume voit arriver la paix. Mais l'Etat de droit est encore loin de prévaloir dans un pays où le Premier ministre Hun Sen n'a de cesse de consolider un pouvoir qu'il détient depuis 1985. 

Après son abdication, Sihanouk a continué à donner son avis sur la vie politique, depuis Phnom Penh ou Pékin où il a régulièrement séjourné pour suivre des traitements contre le cancer. Mais les notes manuscrites postées sur son site internet se sont faites plus rares ces dernières années. En 2009, il avait estimé avoir vécu trop longtemps. "Cette trop longue longévité me pèse comme un poids insupportable", avait-il écrit. 

Norodom Sihanouk était un personnage haut en couleur. Playboy, bon vivant, il était aussi un artiste qui avait réalisé une douzaine de films, écrit des poèmes et composé des chansons. Marié à six reprises, il était le père de 14 enfants, dont cinq ont été tués par les Khmers rouges. 

Sur www.lexpress.fr le 15/10/2012

La banque centrale Indienne mise au défi de rapatrier son or

La banque centrale Indienne a reçu un préavis judiciaire lui demandant de justifier de ses dépôts d'or auprès de la banque d'Angleterre

Un technocrate devenu plaideur des intérêts publics, Raghunath Shankar Kelkar, a récemment remis en question la décision de la Banque fédérale d'Inde de placer 265,49 tonnes de sa réserve d'or totale de 557,75 tonnes à l'étranger, et ouvert un litige d'intérêt public auprès de la cour suprême de Bombay, demandant à ce que le métal précieux soit rapatrié dans son pays.

Kelkar, ancien fabricant d'ordinateurs, a lancé une pétition après avoir découvert que la décision de la banque centrale de son pays allait à l'encontre de la section 33(5) de l'Acte de la Banque Centrale d'Inde de 1934, qui stipule que 85% des réserves d'or de l'Inde doivent être conservées à l'intérieur des frontières du pays.

La Cour Suprême de Bombay, dont D.D. Sinha et V. K. Tahilramani comptent parmi les membres, s'est récemment penchée sur l'affaire. La Cour a constaté qu'aucun membre de la banque centrale ne s'était présenté à l'audience. Elle a demandé à ce que 'la banque centrale fasse appel à ses avocats et représentants afin qu'ils comparaissent devant la Cour aussitôt que possible pour discuter du litige'.

Kelkar a déposé sa plainte le 1er mars. Il dit avoir contacté la banque centrale à trois reprises à ce sujet, mais n'avoir encore obtenu aucune réponse de sa part. Il a depuis fait du gouvernement Indien un défendeur dans l'affaire. Kelkar est un observateur avisé des opérations de la banque centrale.

Il a entre autres étudié le 17eme rapport biannuel de la banque centrale sur la gestion des réserves de devises étrangères, qui stipule que 'la banque centrale d'Inde détient 557,75 tonnes d'or, soit 9,2% de ses réserves de devises totales. Une partie de ses réserves d'or, soit 265,49 tonnes de métal, sont placées à l'étranger dans des coffres sécurisés auprès de la banque d'Angleterre et de la BRI'.

Kelkar a donc pu constater que la banque centrale Indienne, en plaçant 46% de ses réserves d'or à l'étranger, a commis une entrave à la loi.

Pour justifier de sa décision, la banque a dit se soucier en premier lieu de la sécurité de son métal. 'Cela signifie-t-il que l'or de notre pays n'est pas en sécurité en Inde ? La banque centrale pense-t-elle que les forces armées Indiennes ne sont pas capables de protéger le trésor de leur pays ?', a demandé Kelkar.

Dans sa plainte, Kelkar soulève la question suivante : 'Si une guerre devait éclater entre l'Angleterre et l'Inde, l'or Indien placé auprès de la banque d'Angleterre serait-il toujours en sécurité ?'.

Sa plainte fait état de trois requêtes : que la banque centrale rapatrie les réserves d'or placées auprès de la banque d'Angleterre et de la BRI au sein de son propre pays ; que la banque ne soit pas autorisée, avant que la Cour ait présenté sa décision, à placer de l'or auprès de banques centrales étrangères ; et qu'un rapport présentant les noms des agents responsables pour la violation de la Section 33(5) de l'Acte de la Banque Centrale soit rédigé.

La valeur de l'or Indien placé auprès de banques étrangères est d'environ 80.000 roupies de crore. Kelkar a décidé de présenter lui-même son plaidoyer et n'a pas engagé d'avocat. En 2008, il avait déjà ouvert un litige d'intérêt public auprès de la Cour, après avoir constaté que la banque centrale de son pays aurait pu perdre jusqu'à 65.000 roupies de crore suite à ses opérations ratées de stabilisation des marchés.

Selon Kelkar, la banque aurait perdu près de 65.000 roupies de crore entre 2006 et 2007 du fait de la perte de valeur de ses investissements sur les marchés des changes. La banque centrale aurait manqué d'inclure ces pertes à ses bilans, et le gouvernement central ne les aurait pas non plus mentionnées dans ses comptes présentés au Parlement. Sa plainte fut rejetée en 2009 pour des raisons techniques.

Par Chris Powell (GATA) sur www.24hgold.com le 15/10/2012
Source : http://www.punemirror.in

jeudi 11 octobre 2012

La Chine ne vous fait plus d’ombre sur le marché du solaire

Vous savez ce qu'il se passe lorsque nos économies ralentissent ? On cherche des boucs émissaires. C'est tout l'objet de la multiplication des plaintes déposées à l'OMC ces deux dernières années. La multiplication des attaques permet d'espérer un changement de notre situation. Or actuellement un adversaire est tout désigné pour revêtir le costume de bouc émissaire numéro un, la Chine.

Après les pneus, les turbines éoliennes et les terres rares, c'est au tour des panneaux photovoltaïques d'être dans le viseur des fonctionnaires de l'institution suisse.

Les subventions de la Chine à son économie, on ne peut pas vraiment appeler ça un scoop. Mais cette politique a commencé sérieusement à inquiéter lorsque des manifestations se sont multipliées dans les pays développés pour les dénoncer. L'année dernière, une série de faillites retentissantes a servi de déclencheur. Solyndra, Evergreen, SpectraWatt, ECD aux Etats-Unis, Solon, Solar Millennium et Q-Cells en Europe, sont désormais présentées comme les victimes des manipulations chinoises. C'est pourquoi les Etats-Unis, en premier lieu, ont décidé de réagir.

Cette semaine, le Département du commerce américain a confirmé qu'après 11 mois d'enquête, les Etats-Unis étaient victimes d'un dumping chinois (vente à perte). Cette décision ouvre la porte, selon les règles de l'OMC, à la mise en place de droits anti-dumping et des droits compensateurs sur ces produits. Après les Américains, c'est l'Union européenne qui pourrait leur emboîter le pas. La mise en place de taxes aux importations pourrait gravement affecter les producteurs chinois.

Ces décisions vont probablement amorcer un véritable rééquilibrage du marché du solaire dans le monde. Alors que le secteur chinois devrait ralentir, c'est peut-être au tour des Occidentaux de récupérer le fruit de leurs investissements. Mais seules quelques compagnies en profiteront.

Suivez le guide !

Les Etats-Unis montrent les dents

L'attitude chinoise était tolérée jusqu'à ce que ses pratiques de subvention ne commencent à affecter la croissance américaine et surtout un des secteurs qui a longtemps été présenté comme un important vivier d'emplois.

En mars dernier, les Etats-Unis ont ainsi mis en place des taxes de 2,9% à 4,73% sur les importations des trois principaux fabricants chinois. Devant être confirmées par le ministère du Commerce en octobre, ces taxes avaient dans un premier temps été bien reçues par les constructeurs chinois visés. Estimaient-ils bien s'en sortir compte tenu de la situation ? Une étude de Bloomberg avait révélé que la China Development Bank versait pas moins de 43,2 milliards de dollars à 12 compagnies chinoises d'énergie solaire depuis 2010. Elles ne s'en sortaient pas si mal.

Mais cette semaine, la Chine a blêmi devant la confirmation du ministère. Pékin a exprimé son "vif mécontentement", alors que le ministère du Commerce a confirmé mercredi dernier la volonté de l'Etat d'imposer des taxes comprises désormais entre 14,78% et 15,97%, soit bien plus élevées que les premiers taux fixés en mars. L'US International Trade Commission devrait en novembre officialiser les taxes aux importations.

La Chine n'a pas de marge de manœuvre

On a rapidement parlé de guerre commerciale entre les deux partenaires. Le terme reste exagéré. Au mieux pourrait-on parler d'escarmouche, même si le climat électoraliste actuellement aux Etats-Unis a tendance à exacerber les tensions. A mon avis, il est peut probable de voir la Chine prendre des mesures sérieuses de représailles contre l'Amérique.

Car l'empire du Milieu a bien plus à perdre à réduire son commerce avec les Etats-Unis que ces derniers. Rappelez-vous, si la Chine représente 0,5% du PIB américain, les Etats-Unis représentent 8.3% du PIB chinois. Plutôt, je m'attends à une consolidation du secteur du solaire en Chine. Car sans l'effet des subventions, de nombreux acteurs chinois sont en mauvaises postures financières. Li Junfeng, ancien directeur de la section Energie et Politique Climatique au sein de la National Development and Reform Commission, avait révélé cette année que les deux-tiers des producteurs de panneaux solaires chinois doutaient pour le futur de leur activité.

D'ailleurs la consolidation du secteur chinois est d'autant plus probable que l'Europe est en train de réfléchir à la mise en place de mesures similaires.

L'Union européenne pourrait achever le travail

Comme aux Etats-Unis, ce sont les industriels qui ont tiré les premiers. Le groupe EU ProSun, qui regroupe les industriels du secteur du solaire en Europe, a saisi à deux reprises la Commission européenne pour dénoncer le dumping des firmes chinoises.

Des mesures similaires à celles prises aux Etats-Unis auraient un impact encore plus fort. Un tiers de la production de panneaux solaires en Chine va en direction de l'Europe. Surtout, Vieux Continent fait partie avec les Etats-Unis du plus grand marché solaire du monde. La perte d'un marché représentant 27 milliards de dollars (en 2011) serait catastrophique pour les producteurs chinois. Pourtant, c'est ce vers quoi se dirige la Commission européenne.

A quoi faut-il s'attendre ?

Une consolidation du secteur en Chine devrait permettre aux acteurs américains et européens d'accroître leurs mages à nouveaux. Pourtant, tous les acteurs américains et européens n'en profiteront pas, seuls ceux ne dépendant pas des importations chinoises de composants.

Une compagnie comme First Solar est donc en bonne position pour profiter de l'essor du marché américain. Sur le secteur européen, une compagnie française est en train de développer des technologies haut de gamme pour profiter de l'élan du marché du solaire. Une meilleure protection du marché profiterait à cette petite valeur que je surveille de près.

Par Florent Detroy sur http://edito-matieres-premieres.fr le 11/10/2012

Avion intercepté en Turquie : un avertissement à Moscou

La Russie demande des explications à Ankara après l'interception d'un avion de ligne en provenance de Moscou par des chasseurs turcs.

L'interception mercredi soir d'un Airbus syrien A-320 par deux avions F-4 de l'armée de l'air turque envenime les relations déjà tendues entre Moscou et Ankara. Qu'y avait-il dans les soutes de l'appareil, qui reliait Moscou à Damas? Du matériel de communication militaire et des pièces de missiles, avancent des officiels turcs. «Ni armes, ni composants pour des armements à bord de l'appareil», répond une source anonyme dans les services d'exportation d'armes russes. «S'il avait fallu livrer à la Syrie des équipements militaires ou des armes, cela aurait été fait en bonne et due forme, et non par voie illégale, d'autant plus avec des civils à bord de l'appareil», a ajouté ce responsable à l'agence Interfax.

En fait, l'appareil transportait une demi-douzaine de conteneurs sur lesquels avait été apposé un tampon diplomatique, selon la version livrée par la compagnie aérienne turque. Des médias turcs précisent que «des récepteurs radio, des antennes et des équipements pouvant servir à des missiles» se trouvaient dans ces conteneurs.

La Turquie a agi après avoir obtenu un renseignement sur une cargaison suspecte, mais on ignore qui a fourni cette information aux services turcs. L'interception aurait été menée en concertation avec la base de l'OTAN à Incirlink dans le sud de la Turquie. En riposte, Damas a accusé son voisin «de comportement hostile» et d'avoir commis «un acte de piraterie aérienne». Pour lever l'incertitude, les autorités turques devraient exposer leur prise de guerre. Le feront-elles?

Une visite de Poutine en Turquie annulée

Une chose est sûre: cette affaire va encore détériorer les relations entre Damas et Ankara. Depuis une semaine, l'aviation turque multiplie les raids contre des cibles militaires syriennes, en représailles à des tirs de mortier syrien, qui ont tué cinq civils dans un village frontalier turc. D'ores et déjà, la visite que le président russe Vladimir Poutine devait effectuer les 14 et 15 octobre a été annulée.

Moscou a-t-il été pris en flagrant délit d'aide à son allié syrien? Un piège lui a-t-il été tendu? Ou la Turquie et ses alliés occidentaux veulent-ils surtout adresser un nouvel avertissement à Damas?
La Russie souligne qu'elle n'a pas interrompu sa coopération militaire avec son allié, depuis le début de l'insurrection sévèrement réprimée par l'armée de Bachar el-Assad, il y a dix-huit mois. Mi-juin, un navire, battant pavillon des Antilles néerlandaises, avait déjà été intercepté au large de l'Ecosse, et avait dû retourner en Russie. Selon des experts russes, des systèmes de défense antiaérienne type SA-117 Grizzly, capables d'abattre simultanément 24 cibles, étaient inclus dans la cargaison controversée. Des hélicoptères d'attaque - rénovés en vertu d'un contrat de maintenance - auraient également été acheminés vers Damas au cours des ces derniers mois.

Depuis le début de la crise en Syrie, les Occidentaux dénoncent l'appui diplomatique que Moscou fournit à Damas, en empêchant le vote d'une résolution de l'ONU prévoyant un recours à la force contre le régime de Bachar el-Assad. En réponse, Moscou réaffirme régulièrement que les pressions occidentales ne les feront pas changer de position vis-à-vis de la Syrie.

Par Georges Malbrunot sur www.lepoint.fr le 11/10/2012
 

mercredi 10 octobre 2012

Hyperinflation en Iran : un signe de ce qui attend l'Occident ?

"Vous feriez mieux d'acheter maintenant", suggère le marchand de riz, à Téhéran.

Le gardien d'usine à la retraite suit son conseil et achète 450 kilos de riz pour nourrir sa famille pendant les douze prochains mois.

"Alors que je m'apprête à payer", raconte le retraité au New York Times, "il reçoit un appel téléphonique. Lorsqu'il raccroche, il me dit que les prix viennent d'augmenter de 10%. Bien sûr, j'ai payé. Dieu sait combien le riz coûtera demain".

La monnaie iranienne, le rial, s'est effondrée de 40% la semaine dernière du fait des sanctions occidentales et de la politique que s'obstine à suivre le pays. Si nous ne pouvons affirmer comme Steve Hanke, chercheur au Cato Institute, que l'Iran est en hyper-inflation, il est clair que le pays s'approche tout du moins de cet état.

Les économistes autrichiens ont décrit les trois étapes de l'inflation. A la première étape, les gens s'accrochent encore à leur argent, s'attendant à ce que les prix baissent. A la deuxième étape, ils acceptent de dépenser leur argent pour faire des provisions avant que les prix ne montent encore. Dans la dernière étape, hyperinflationniste, les gens achètent tout ce sur quoi ils peuvent mettre la main -- même s'ils n'en ont pas besoin -- parce que les biens ont plus de valeur que la monnaie.

Nous l'avons déjà dit, l'Iran actuel ressemble de plus en plus à l'Iran révolutionnaire des années 1978-1979. Nous en avons la confirmation de la part de Janet Tavakoli, qui a épousé un Iranien rencontré à l'université et qui a vécu cette période.

"Le nouveau gouvernement voulait empêcher la fuite des capitaux", se souvient la spécialiste des produits dérivés.

"Dans la panique pour quitter le pays avec une partie de leur richesse", écrit-elle dans son livre Credit Derivatives paru en 1998, "les Iraniens se sont rendu compte que même s'il y avait un taux de change officiel de 7 tomans (10 rials) par dollar américain, il n'y avait aucun moyen de convertir de l'argent. La plupart du temps, les banques étaient fermées. En outre, le gouvernement a ajouté une restriction supplémentaire à la conversion de monnaie. Les Iraniens ne pouvaient faire sortir du pays que 1 000 $ américains et ne pouvaient prendre avec eux qu'une valise de vêtements. L'idée était d'empêcher les gens de faire sortir du pays des tapis de valeur, considérés comme des oeuvres d'art nationales protégées".

"Avant qu'une monnaie ne soit en chute libre", écrivait-elle dans le Huffington Post il y a quelques jours, "sa valeur peut être réduite petit à petit tandis que la population, complètement égarée, ne remarque pas que la même somme d'argent permet d'acheter des vêtements de moins bonne qualité ou moins de nourriture... C'est ce que nous vivons actuellement avec le dollar américain".

Selon elle, l'Iran est bien au-delà de cette étape. Où cela conduira le pays, personne ne le sait... mais ce n'est certainement pas une bonne chose.

Par Addison Wiggin sur http://la-chronique-agora.com le 10/10/2012

Vers un retrait occidental de Syrie


Nikolay Bordyuzha met sur place une force de maintien de la paix de 50 000 hommes

La situation militaire en Syrie s'est retournée au détriment de ceux qui espéraient à Washington et à Bruxelles parvenir à changer le régime par la force. Les deux tentatives successives de prise de Damas ont échoué et il est désormais clair que cet objectif ne pourra pas être atteint.

Le 18 juillet, une explosion décapitait le Conseil de sécurité nationale et donnait le signal d'une vaste offensive de dizaines de milliers de mercenaires convergeant de Jordanie, du Liban, de Turquie et d'Irak sur la capitale. Après quelques jours de bataille acharnée, Damas était sauvée, la fraction de la population hostile au gouvernement choisissant par patriotisme d'aider l'Armée nationale plutôt que d'accueillir l'ASL.

Le 26 septembre, des jihadistes d'Al-Qaida pénétraient dans l'enceinte du ministère de la Défense, déguisés en soldats syriens et munis de faux papiers. Ils voulaient faire sauter leurs ceintures d'explosifs dans le bureau de l'état-major, mais ne parvinrent pas à proximité suffisante de leur cible et furent abattus. Une seconde équipe devait s'emparer de la télévision nationale et lancer un ultimatum au président, mais elle ne put s'approcher du bâtiment car son accès avait été bloqué dans les minutes suivant la première attaque. Une troisième équipe s'est dirigée vers le siège du gouvernement et une quatrième devait attaquer l'aéroport.

Dans les deux cas, l'OTAN, qui coordonnait les opérations depuis sa base turque d'Incirlik, espérait  provoquer une fracture au sein de l'Armée arabe syrienne et s'appuyer sur certains généraux pour renverser le régime. Mais les généraux en question avaient été identifiés comme traîtres depuis longtemps et privés de tout commandement effectif. Il ne s'est donc rien passé de significatif et le pouvoir syrien est sorti renforcé de ces deux coups ratés. Il a trouvé la légitimité intérieure nécessaire pour se permettre de passer à l'offensive et d'écraser rapidement l'ASL.

Ces échecs ont fait perdre leur superbe à ceux qui caracolaient par avance en affirmant que les jours de Bachar el-Assad étaient comptés. Par conséquent, à Washington, les partisans du retrait sont en train de l'emporter. La question n'est plus de savoir combien de temps le « régime de Bachar » tiendra encore, mais s'il est plus coûteux pour les États-Unis de continuer cette guerre ou de l'arrêter. La continuer, c'est provoquer l'effondrement économique de la Jordanie, c'est sacrifier ses alliés au Liban, c'est risquer la guerre civile en Turquie, et c'est devoir protéger Israël de ce chaos. L'arrêter, c'est laisser les Russes se réinstaller au Proche-Orient et c'est renforcer l'Axe de la Résistance au détriment des rêves expansionnistes du Likoud.

Or si la réponse de Washington tient compte du paramètre israélien, elle ne prend plus en considération l'avis du gouvernement Netanyahu. Celui-ci a fini par indisposer à la fois en raison de ses manipulations derrière l'assassinat de l'ambassadeur Chris Stevens et à cause de son ahurissante ingérence dans la campagne électorale US. En définitive, si l'on envisage la protection à long terme d'Israël et non pas les exigences extravagantes de Benjamin Netanyahu, la présence russe est la meilleure solution. Avec 1 million d'Israéliens russophones, jamais Moscou ne laissera mettre en péril la survie de cette colonie.

Un retour en arrière est ici nécessaire. La guerre contre la Syrie a été décidée par l'administration Bush, le 15 septembre 2001 lors d'une réunion à Camp David, comme l'a notamment attesté le général Wesley Clark. Après avoir été repoussée plusieurs fois, l'action de l'OTAN a dû être annulée en raison des vétos russe et chinois. Un « plan B » a alors été mis sur pied : recourir à des mercenaires et à l'action secrète puisque le déploiement de soldats en uniforme était devenu impossible. Cependant, l'ASL n'ayant pas marqué une seule victoire contre l'Armée arabe syrienne, beaucoup ont pronostiqué que le conflit serait interminable et minerait progressivement les États de la région, y compris Israël. Dans ce contexte, Washington a conclu le 30 juin un accord avec la Russie à Genève, sous la houlette de Kofi Annan.

Toutefois, le camp de la guerre a fait capoter cet accord en organisant des fuites dans la presse sur l'engagement occidental secret dans le conflit ; fuites qui ont contraint Kofi Annan à la démission immédiate. Le camp de la guerre a joué ses deux cartes maîtresses les 18 juillet et 26 septembre et a perdu. Dès lors, Lakhdar Brahimi, le successeur d'Annan, a été prié de ressusciter et de mettre en œuvre l'Accord de Genève.

Pendant ce temps, la Russie n'a pas chômé. Elle a obtenu la création d'un ministère syrien de la Réconciliation nationale, elle a supervisé et protégé la réunion à Damas des partis d'opposition nationale, elle a organisé des contacts entre les états-majors US et syrien, et elle a préparé le déploiement d'une force de paix. Les deux premières mesures ont été prises à la légère par la presse occidentale et les deux dernières ont été carrément ignorées.

Pourtant, comme l'a révélé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, la Russie a répondu aux craintes de l'état-major US relatives aux armes chimiques syriennes. Elle a pu vérifier que celles-ci étaient stockées dans des lieux suffisamment sécurisés pour ne pas tomber dans les mains de l'ASL, être détournées par des jihadistes et utilisées par eux aveuglément, sauf changement de régime. Elle a pu donner ainsi des garanties crédibles au Pentagone que le maintien au pouvoir d'un leader qui a prouvé son sang-froid comme Bachar el-Assad est une situation plus gérable, y compris pour Israël, que l'extension du chaos à la Syrie.

Surtout, Vladimir Poutine a accéléré les projets de l'Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC), l'Alliance défensive anti-OTAN réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et bien sûr la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTSC ont adopté une position commune sur la Syrie [1]. La logistique a été installée pour un éventuel déploiement de 50 000 hommes [2]. Un accord a été signé entre l'OTSC et le département onusien de maintien de la paix pour que des « chapkas bleues » puissent être déployées dans les zones de conflit sous mandat du Conseil de sécurité [3]. Et des manœuvres communes ONU/OTSC auront lieu du 8 au 17 octobre au Kazakhstan sous le titre « Fraternité inviolable » pour finaliser la coordination entre les deux organisations intergouvernementales. La Croix-Rouge et l'OMI y participeront [4].

Aucune décision ne saurait être officialisée par les États-Unis durant leur campagne électorale présidentielle. Dès que celle-ci sera terminée, la paix sera envisageable.

Par Thierry Meyssan, Global Research sur www.mondialisation.ca le 10/10/2012

Source originale : Tichreen (Syrie)

[1] « Министры иностранных дел государств-членов ОДКБ одобрили заявления по Сирии и ситуации вокруг Ирана », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012.
[2] « Путину предлагают ввести войска в Сирию », Izvestia, 1er juin 2012.
[3] « ОДКБ и ООН подписали Меморандум по миротворческой деятельности », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012. « Conflits armés : l'ONU et l'OTSC signent un mémorandum », RIA Novosti, 29 septembre 2012.
[4] « Первое миротворческое учение государств-членов ОДКБ "НЕРУШИМОЕ БРАТСТВО-2012″ пройдет с 8 по 17 октября в Республике Казахстан на трех полигонах под Алматы », Communiqué de l'OTSC. 3 octobre 2012