mercredi 29 juillet 2015

La nouvelle mégapole chinoise de Jing-Jin-Ji comptera ... 130 millions d'habitants

Le gouvernement chinois envisage de regrouper les provinces administratives de Pékin, Tianjin et Hebei pour former une super-métropole de près de 130 millions d’habitants (soit près de 10% de la population chinoise, et plus que la population du Japon), Jing-Ji-jin (‘Jing’ pour Beijing, Pékin, ‘Jin’ pour Tianjin, et ‘Ji’ pour la province de Hebei). Il espère de cette manière apporter une solution aux très longs navettages des résidents actuels des habitants de cette région, ainsi que réduire la pollution et les problèmes d’engorgement du trafic . Cette métropole géante permettrait également une revalorisation économique de la capitale Pékin.

Le président chinois Xi Jinping se rend compte qu'il est impossible d'arrêter l'émigration vers les villes. Plus de la moitié de la population de la Chine vit dans une zone urbaine. Le trafic incessant met une forte pression sur la côte chinoise entre Tianjin et à Hong Kong, qui attire les plus grands groupes.

Dans de nombreuses grandes métropoles chinoises, de plus en plus peuplées, l’infrastructure adéquate en termes d’hôpitaux, d’écoles et de théâtres peine à suivre. Dans le même temps, il devient de plus en plus difficile de créer des emplois pour les nouveaux arrivants. Ceci implique des navettages souvent plus longs, qui augmentent aussi la pression sur les transports publics.

Jing-Jin-Ji, qui devrait avoir une superficie plus de cinq fois plus vaste que celle des Pays-Bas, devrait pouvoir résoudre ces problèmes. Le coût de la réalisation de Jing-Jin-Ji est estimé à environ 860 milliards d'euros. Le projet englobe crucialement la création d’une ligne de train à grande vitesse entre Pékin et la ville portuaire de Tianjin, qui devrait permettre de faire passer le temps de voyage entre les deux villes de 3 heures à moins de 40 minutes.

Le PIB de cette nouvelle région pourrait atteindre 970 milliards de dollars, soit près de 11% du PIB de la Chine. Elle devrait pouvoir rattraper son retard économique sur les régions les plus prospères de la Chine, en particulier Shanghai ou Guangzhou.

Sur www.express.be le 27/07/2015

vendredi 24 juillet 2015

Israël: vers l'Asie, toute !

Israël se tourne vers l’Asie. Alors que ses relations avec son grand allié traditionnel, les Etats-Unis, et au-delà avec les pays européens, ont tendance à se refroidir, l’Etat hébreu a des échanges de plus en plus intenses avec le continent asiatique. A commencer par la Chine et l’Inde.
 
«La Chine considère que ses relations avec Israël sont d’une importance considérable», expliquait l’ambassadeur chinois à Tel Aviv en mai 2015, avant une visite de quatre jours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans l’ex-Empire du Milieu, selon le magazine Forbes. En 2014, les échanges entre les deux pays ont atteint 8 milliards de dollars. Et ce, alors qu’ils n’ont installé des ambassades dans leurs capitales respectives que depuis 1992.

Les entreprises chinoises ont investi pour 4 millions de dollars dans l’Etat hébreu. Le groupe Bright Food a ainsi rachetée consortium laitier israélien Tnuva, comme l’ont été «une poignée de start-up de haute technologie», note The Economist.

L’Inde n’est pas en reste : en 2014, les échanges bilatéraux ont atteint 4 milliards de dollars. New Delhi a lancé en 2004 un satellite israélien de 300 kilos. Lequel a «considérablement augmenté les capacités israéliennes en matière de collecte d’informations sur le programme nucléaire iranien», explique Forbes. De son côté, Israël est devenu le second fournisseur en armes de son partenaire.

Il faut dire que l’Etat hébreu, super-puissance high-tech, qui disposait en 2011 «du plus fort indice d’investissement en recherche par tête d’habitant au monde» (Le Figaro) a beaucoup à offrir. Ce qu’ont bien compris de nombreux autres Etats asiatiques, à commencer par Singapour, la Corée du Sud et le Japon.

L’attitude de Tokyo est assez significative de l’évolution des relations entre Israël et l’Asie : «Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, est désireux de forger des liens plus étroits avec (Tel Aviv), ce qui entraînerait une prise de distance avec la politique pro-arabe de ce pays importateur de pétrole.» Une prise de distance qu’autorisent les actuelles difficultés des Etats du Golfe, Arabie Saoudite en tête.

Le rapprochement est aussi favorisé par les turbulences que connaissent les relations israélo-américaines. En clair, vue de Jérusalem, l’Asie apparaît comme un utile contrepoids face à des pays occidentaux où l’on parle beaucoup «boycott» et «désinvestissement», à travers la campagne BDS, en raison de la politique israélienne au Proche-Orient.
 
Rapprochement
 
Dans ce contexte, les pays asiatiques n’hésitent plus à s’afficher politiquement avec Israël. Le 3 juillet 2015, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté une résolution appelant à juger tous les responsables des crimes de guerre commis pendant le conflit à Gaza à l'été 2014. La résolution, présentée par le Pakistan a reçu l'appui de 45 pays, dont la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Seuls les Etats-Unis ont voté contre. Et cinq pays, dont l'Inde, se sont abstenus. «C’est la première fois que dans un vote majeur contre Israël, l’Inde n’a pas voté avec les Arabes», observe, étonné, un diplomate israélien cité par The Economist.

Ce rapprochement pouvait paraître impensable il y a quelques années. Côté israélien, il a été favorisé par le fait que «l’on ne trouve pas en Asie l’antisémitisme» traditionnel en Europe et au Moyen-Orient, constate Forbes. De leur côté, les pays asiatiques apprécient la politique de Tel Aviv contre la menace djihadiste.

Sur le plan militaire, le fait que l’Etat hébreu soit un leader mondial en matière de technologie anti-missiles et de drones est «un élément attractif pour les pays asiatiques qui entendent développer leurs armées nationales alors que leurs économies sont en pleine croissance». Des pays également attirés par les capacités israéliennes en matière de renseignement.

Mais ce qui est un avantage peut aussi être un inconvénient… En Israël, certains commencent à s’inquiéter de la présence chinoise. Dès 2013, l’ancien directeur du Mossad, Efraim Halevy, avait ainsi fait valoir les implications stratégiques que pourrait avoir l’engagement des entreprises de Pékin dans des projets d’infrastructures, notamment ferroviaires.

Il avait par ailleurs souligné les relations étroites entre la Chine et l’Iran, le grand ennemi d’Israël. De fait, lors des discussions sur le nucléaire de Téhéran, les autorités chinoises avaient conjointement demandé que soit levé l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran. Les renversements d’alliance de l’Etat hébreu ne sont peut-être pas encore tout à fait à l’ordre du jour…
 
Par Laurent Ribadeau Dumas le 24/07/2015 sur geopolis.francetvinfo.fr

mardi 21 juillet 2015

Le Japon dénonce les ambitions maritimes de la Chine

 
Tokyo s'est élevé mardi contre les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale, estimant que la Chine tentait de passer en force pour prendre le contrôle de zones disputées.
 
Le Japon dénonce les ambitions de Pékin en mer de Chine méridionale, estimant que ce dernier tente de passer en force pour prendre le contrôle de zones disputées. "La Chine, en particulier en ce qui concerne les questions maritimes, continue à agir de manière autoritaire (...)  unilatérale et sans place au compromis", souligne Tokyo dans son livre blanc annuel de la Défense publié mardi. Et de pointer des "tentatives coercitives pour changer le statu quo", en référence à la construction d'îles artificielles
 
Dans le rapport japonais, les Chinois sont accusés de mener d'énormes opérations de remblaiement en mer de Chine méridionale, transformant des récifs coralliens en ports et en infrastructures diverses, afin de gagner du terrain sur l'eau et d'étendre leur souveraineté au grand dam de leurs voisins. Cette zone est en effet un carrefour de routes maritimes vitales pour le commerce mondial , et recèle potentiellement des réserves d'hydrocarbures.
 
Le livre blanc annuel de la Défense (500 pages), approuvé par le Premier ministre Shinzo Abe, contient pour la première fois des images satellites des îles artificielles que la Chine a construit dans un autre secteur contesté, près des îles Spratleys (voir la vidéo ci-dessous). Le ministère japonais de la Défense estime que ces îles constituent "une source d'inquiétude pour la communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis" (voir ci-dessous).
Exploration pétrolière contestée
De fait, l'agressivité chinoise n'a fait que renforcer les liens entre Tokyo et Washington mais elle inquiète aussi d'autres pays (voir encadré). Au cours des 18 derniers mois, la Chine a construit dans cette zone davantage d'îles artificielles que toutes les autres nations (Vietnam, Taiwan, Les Philippines) jusqu'ici.
 
Le document aborde également un autre conflit territorial, celui qui oppose le Japon et la Chine au sujet d'îles inhabitées en mer de Chine orientale, appelées "Senkaku" par Tokyo qui les administre et "Diaoyu" par Pékin. Le nombre de navires chinois patrouillant dans ces eaux contestées "ne cesse d'augmenter, et en février 2015, trois bateaux gouvernementaux de 3.000 tonnes y ont fait incursion pour la première fois", déplore le document.
 
Le Japon a aussi exigé « l'arrêt des travaux » de forage et la construction par Pékin de plates formes pétrolières et gazières offshore dans une partie de la mer de Chine orientale proche d'un secteur revendiqué par les deux pays dans ces fonds potentiellement riches en gaz. Selon le rapport, Pékin a repris l'exploration pétrolière dans cette zone qui a déjà fait il y a deux ans l'objet d'une dispute territoriale entre les deux pays. "La construction de plusieurs plates formes a depuis débuté le long d'une ligne virtuelle séparant les zones économiques spéciales des deux pays", ajoute-t-il.
 
Mécanisme de communication d'urgence
 
Enfin, le livre blanc réitère ses critiques sur ce qu'il appelle l' "opacité" du budget militaire chinois.
 
Tokyo salue cependant la mise en place d'un mécanisme de communication d'urgence pour prévenir tout incident maritime entre les deux pays qui ont esquissé ces derniers mois un rapprochement, même si les tensions liées au contexte historique restent vives.
 
De son côté, la Chine a fustigé la semaine dernière les projets de loi de défense controversés du Premier ministre japonais Shinzo Abe, destinés à renforcer le rôle militaire du Japon sur la scène internationale , le qualifiant d' "acte sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale ".
 
Par Jean-Michel Gradt sur www.lesechos.fr le 21/07/2015

mercredi 15 juillet 2015

Astana, une capitale importante dans le monde

Astana est en train de devenir une véritable métropole à part entière. Ce fait objectif ne peut plus être nié, même les plus ardents adversaires du transfert de la capitale du Kazakhstan, du Sud vers le Nord. On y construit des logements et des immeubles de bureaux, on y améliore les infrastructures de la ville et la population est en croissance. L'estimation la plus conservatrice de la population vivant maintenant à Astana est de 900 mille personnes. Il n'y a pas encore 20 ans, cette ville de province Kazakhstanaise changeait de statut et de nom. Depuis la capitale pousse activement.
 
Astana s'appelait anciennement Akmola, et auparavant l'ancienne Tselinograd. En décembre 1997, a eu lieu le transfert solennel des symboles de l'Etat, et en juin 1998, la ville a été officiellement inaugurée. Par ailleurs, la solennité de la cérémonie  se faisait encore avec les couleurs provinciales. Cependant à cette époque, il n'y avait pas encore de bâtiment à inaugurer, et nul endroit où faire la fête non plus.
 
Ce n'est que les années suivantes que la capitale a gagné peu à peu son aspect architectural unique. Se trouvant au carrefour de l'Europe et de l'Asie et ayant intégré la culture de l'Occident et de l'Orient tout en maintenant un équilibre entre elles, Astana est devenue une ville unique, la seule en son genre.
 
« L'Occident a une grande technologie, sans laquelle notre vie d'aujourd'hui ne serait pas. Mais il y a aussi l'art et la culture. Ils faut les développer » a conseillé aux urbanistes kazakhes, un architecte malaisien connu, Hidzhas bin Kasturi. « Créer vos propres marques, votre mode. Essayez de trouver l'inspiration dans l'architecture et suivez la. »
 
Est – Ouest
 
Quelques années plus tard, après la construction de la rive gauche de l'Ichim à Astana, il y avait des complexes modernes de grande hauteur, des appartements, des places, des boulevards et des centres commerciaux. Bien sûr, le principal initiateur de la construction à grande échelle était le président du Kazakhstan, leader de la nation, Noursoultan Nazarbaïev. Il est personnellement à l'origine de l'idée du complexe du projet "Khan Shatyr", ainsi que la tour elle-même "Baiterek", à juste titre devenu le symbole officiel de la nouvelle capitale. Ce projet de l'architecte kazakhstanais Akmurza Rustembekov s'est enraciné dans la vie de la capitale. Pour cette œuvre, Rustembekov a remporté de nombreux prix lors de concours internationaux. Et l'Union Internationale des Architectes a décerné son Grand Prix 2002 au monument "Astana - Baiterek", comme la meilleure conception et construction au sein des pays de la Communauté des Etats indépendants.
 
L'architecte anglais Norman Foster, connu de presque tous les astanais, a créé sur la rive gauche le pyramide d'Astana, Palais de la Paix et de la Concorde et a dressé la tente "Khan Shatyr", œuvre qui est entré dans le top dix des bâtiments écologique du magazine Forbes Style.
 
Les réalisations de la nouvelle capitale du Kazakhstan sont pas passés inaperçues. En octobre de l'année dernière, Astana est même entrée dans la sélection de la compétition internationale pour le titre de la "ville intelligente", en prenant une place de 21ème sur les 300 candidats et en allant aux demi-finales. Dans les critères de sélection qui ont été définis se trouvent le transport, l'infrastructure logistique, la sécurité, l'environnement, l'accès aux soins médicaux et ainsi de suite. Parmi les rivaux d'Astana, il y avait des géants mondiaux comme Stockholm, Toronto et Taipei. Les experts prédisent que si tous les projets à venir d'ici deux ans à Astana pour l'EXPO-2017 sont construits à temps, Astana aura une chance d'entrer dans le 7ème meilleur dans ce classement.
 
Peu à peu, étape par étape, la capitale est convertie en un centre multi-vectorisé unique de la région et cela est reconnu même au niveau international. Presque chaque bâtiment d'origine de la Rive Gauche a une histoire inextricablement liée à l'histoire de la ville.
 
C'est dans le Palais de la Paix et de la Concorde qu'a vu le jour le Congrès des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles, un événement unique en soi et en donnant une occasion de dialogue entre les représentants de différentes confessions. Les Jeux Asiatiques d'hiver en 2011 ont élargi l'inventaire installations sportives modernes et des stades d'Astana, dont la "star" est le Palais de la glace "Alau", un complexe sportif moderne et multifonctionnel conçu pour les compétitions de patinage de vitesse. Une autre puissante impulsion au développement de la ville devrait être la prochaine EXPO 2017 avec ses installations axées sur l'environnement, les parcs et les places.
 
A maintes fois, Astana s'est trouvée au centre de l'attention mondiale. La politique multi-vectorielle poursuivi par le leader de la nation, la coopération avec les organisations internationales du niveau de l'ONU et de l'OSCE et la position de l'État sur la scène mondiale concernant le maintien de la paix, permet à la capitale du Kazakhstan de devenir un lieu de négociations pour la conclusion d'accords, de règlements de différends et de la réconciliation des parties belligérantes. Après être devenu en 1992 membre de l'OSCE, le Kazakhstan a présidé cette organisation en 2010. Le dernier sommet, tenu en décembre au Palais de l'indépendance a pris fin avec la signature de la célèbre Déclaration d'Astana, réglant un certain nombre de questions et de problèmes importants.
 
A présent, Astana a l'intention de jouer un rôle pour des négociations et un rapprochement possible entre représentants des belligérants en Syrie. A l'avenir, ce sera peut-être dans la capitale kazakhe que les membres du processus de paix de Minsk se réuniront pour  résoudre le conflit en Ukraine.
 
Si l'on parle des indicateurs socio-économiques existants dans la langue brute des chiffres, la dynamique du développement d'Astana ne peut pas ne pas impressionner. Pendant longtemps, le budget de la ville a dépassé le montant de 1,7 milliards d'euros, dont au moins un tiers de cet argent allant au secteur social. Le produit intérieur brut est en hausse, les indicateurs de la construction ont pris près de 20 pour cent, le nombre de chefs d'entreprises se multiplie et leur nombre est déjà de 64 000 personnes à Astana.
 
Cependant, mais personne ne compte s'arrêter de si tôt en chemin. Il n'y a pas longtemps, le leader de la nation kazakhstanaise a annoncé un nouveau programme de développement d'Astana et du Kazakhstan dans son ensemble. Sa mise en œuvre devrait conduire le pays dans les 30 pays les plus développés du monde.
« Le Plan prévoit des changements radicaux dans la société et l'Etat, dont l'objectif principal est de traiter la maladie systémique, et non pas de lisser ses symptômes » a déclaré M. Nazarbaïev.
 
Le plan a énuméré cinq réformes institutionnelles. Il fait appel à la formation d'un appareil professionnel de l'État, la primauté du droit, l'industrialisation et la croissance économique du pays, l'identité et l'unité de la nation, qui en fin de comptes, forme un Etat responsable devant la société.

jeudi 9 juillet 2015

M. Modi veut ouvrir la route de l'Asie centrale à l'Inde

 
Le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui se tient pour deux jours à Oufa, dans la région russe de Bachkortostan (sud), offre à Narendra Modi une nouvelle occasion d’afficher sa prétention à s’imposer au premier plan sur la scène internationale. Le premier ministre indien a débuté lundi 6 juillet une grande tournée en Asie centrale, dont la seconde séquence s’achèvera en début de semaine prochaine.

C’est la première fois qu’un dirigeant de l’Inde se rend en Ouzbékistan, au Kazakhstan, au Turkménistan, au Kirghizistan et au Tadjikistan. Durant la guerre froide, l’Inde avait pour principal allié l’empire soviétique, mais quand celui-ci a éclaté, en 1991, elle était trop occupée par son propre virage économique libéral pour s’intéresser à la région. Et sa priorité diplomatique était ensuite allée à un rapprochement avec les Etats-Unis, notamment lorsque le Parti du peuple indien (BJP) auquel appartient M. Modi avait été une première fois au pouvoir, au début des années 2000.

Désormais, il s’agit de « rétablir un lien » avec ces anciennes républiques d’URSS « qui ont inspiré beaucoup de romantisme politique à New Delhi depuis un quart de siècle, mais peu d’actions concrètes », estime l’universitaire C. Raja Mohan, de l’Observer Research Foundation. A l’heure actuelle, les échanges commerciaux de l’Inde avec les cinq pays d’Asie centrale se limitent à 1,4 milliard de dollars par...
 
Le 09/07/2015 sur www.lemonde.fr

mercredi 8 juillet 2015

La panique sur les actions chinoises gagne l’Asie

La chute de la Bourse de Shanghai, -32 % en un mois, fait tâche d'huile. Les entreprises suspendent leur cotation pour se prémunir de la panique.
 
Si l'Europe ne pense qu'à la Grèce, une bonne partie du reste du monde a les yeux rivés sur la déroute des actions chinoises. L'indice CSI 300 qui regroupe les principales valeurs cotées à Shanghai et Shenzhen, a chuté mercredi de 6,75 %, portant son repli à 32 % depuis le 12 juin. Une chute qui commence à rendre nerveux les marchés voisins. Le Hang Seng de la Bourse de Hong Kong a plongé mercredi de 5,8 %, sa plus forte chute depuis novembre 2008, au début de la crise financière. Taiwan a perdu de son côté près de 3 %. Même la bourse japonaise a flanché de 3,14%, sa pire séance depuis mars 2014, dans le sillage des valeurs jugées sensibles à la croissance chinoise, comme Komatsu (-5,8%), Hitachi Construction Machinery (-4 %) ou Sumitomo (5,2 %) . Même l'Inde n'est pas épargnée. L'indice Sensex a cédé 1,72% et des valeurs comme Vedanda (cuivre) ou Tata Motors ont plongé de 9,2 % et 6,4 %. Ce dernier souffre des craintes de baisse des ventes de ses marques Jaguar et Land Rover. Il réalise plus de 50 % de son bénéfice d'exploitation en Chine selon Sanford C Bernstein.
 
Entreprises dépassées
 
La crainte est d'autant plus forte que rien ne semble devoir ralentir la correction du marché chinois, pas même les nombreuses mesures prises par les autorités. Conséquence, les entreprises, dépassées, n'ont plus d'autre choix que de demander au régulateur une suspension de leur cotation pour tenter d'échapper à la curée. «Une tentative désespérée de mettre un terme à la chute », constate Aurel BGC. Sur le CSI 300, 85 actions de grands groupes industriel, énergétique, de transport, de media, de santé, n'ont donné lieu à aucune cotation mercredi. Deux fois plus que mardi . Au total, selon Bloomberg, les échanges seraient impossibles sur 1.249 titres de sociétés chinoises, soit 43 % de la cote. Des valeurs qui pèsent près d'un tiers de la capitalisation boursière chinoise. Sur l'indice ChiNext des valeurs innovantes et de croissance, qui a plongé de 40 % depuis le 3 juin, seulement 23 valeurs ont été cotées... pour 76 suspendues ! Des valeurs dont les investisseurs locaux étaient très friands.
 
« Les gens vendent tout ce qu'ils peuvent sur le marché pour avoir du cash, car ils ont besoin de couvrir leurs pertes lors des appels de marge », explique à Bloomberg un gestionnaire d'actifs local. C'est ce qui explique un mouvement de baissé généralisée qui touche aussi les grandes entreprises de la cote. La chute de la bourse est en effet liée en grande partie à l'explosion du système du trading sur marge qui permettait à des millions de particuliers de spéculer en Bourse avec de l'argent emprunté… Quand aux autres investisseurs, « ils sont tétanisés par la peur que l'économie chinoise soit touchée par cette crise ».

Marché immature
 
Une crise qui montre bien l'immaturité de la bourse chinoise et le manque criant d'investisseurs institutionnels capables d'avoir une vision de plus long terme et de stabiliser le marché en cas de panique. «La suspension de cotation de la moitié des valeurs chinoises est un signal désastreux qui a renforcé le mouvement de baisse », estime Tangui Le Liboux chez Aurel BGC. S'en suit une panne de confiance qui trouve aussi sa source dans l'incapacité des autorités chinoises à inverser la tendance. « Les investisseurs sont déçus et effrayés par le fait que les pouvoirs publics chinois aient perdu le contrôle » explique Mari Oshidari, stratégiste chez Okasan Securities.
 
Selon NN Investment Partners, même après cette correction, le marché chinois « n'est pas donné. Le PER (rapport cours bénéfice) des actions A est encore de 60 fois, un niveau de bulle et doit être replacé dans une perspective de ralentissement économique. Nous craignons que la correction se poursuive, avec le risque que les marchés se concentrent plus sur les problèmes structurelles du pays ». D'autant que selon Citigroup, seulement un quart des positions de trading sur marge auraient été débouclées. Elles représentaient récemment 9,4 % du flottant, un doublement en un an.

Confiance
 
Dans ce concert très négatif, HSBC estime que le plus dur n'est pas loin d'être passé. Roger Xie, stratégiste de la banque, qui avait choisi en avril de diminuer son exposition aux grandes valeurs chinoises (A Shares) vient de relever son opinion à neutre. « Le montant du financement sur marge a chuté d'environ 22 % depuis le pic de juin, et le pire du désendettement des ménages sur ce sujet est derrière nous. Les ventes des « initiés », qui travaillent dans les grandes sociétés cotées ont aussi diminué drastiquement ces dernières semaines », selon lui. Surtout, Roger Xie maintient sa confiance dans le régulateur, « qui a encore des options à sa disposition pour stabiliser le marché et restaurer la confiance », même si c'est au prix d'une plus grande volatilité. Il remonte donc son objectif sur le CSI 300 à 4.200 points à la fin d'année, contre 3.800 points auparavant.
 
Par Pierrick Fay sur www.lesechos.fr le 08/07/2015

vendredi 3 juillet 2015

Qui bénéficie de l'Etat Islamique ?

Il y a une étrange guerre au Moyen-Orient. Les États qui crient contre la menace de l’organisation terroriste « Etat islamique » détruisent ceux qui peuvent se battre contre ces mercenaires. En outre, à coté de cela, ils gagnent des milliards de dollars grâce à la guerre.

L’Organisation EIIL (État Islamique en Irak et au Levant ou tout simplement État islamique), selon de nombreux experts, a été créé par le Koweït en opposition à Al-Qaïda qui a été fondée et secrètement soutenu par l'Arabie saoudite. Cependant, il semble qu'aujourd'hui, même Riyad est plutôt satisfait de l'existence de l'EIIL.

La raison en est que, sous les auspices de l’EIIL, les pays de la région peuvent promouvoir leurs propres intérêts géopolitiques et (surtout) économiques. Aujourd'hui, l'État islamique répond à une logique de contrôle des flux de pétrole (grâce à laquelle il a gagné des millions de dollars). Néanmoins aujourd'hui, ce que montre principalement les conflits du Moyen-Orient, c’est une redistribution des sphères d'influence dans le monde.

Alors, qui lutte contre les mercenaires de l'Etat islamique aujourd'hui? De jure, il y a beaucoup d'Etats : les États-Unis et l'Union européenne, la Russie et presque tous les pays du Moyen-Orient résistent à l'EIIL. Mais cela est seulement théorique. Barack Obama, par exemple, ne peut pas soutenir Damas dans la lutte contre EI, parce qu’il finance les opposants politiques à Assad. La France, effrayée par les explosions à Paris, préfère traiter uniquement le blocage du retour des mercenaires sur son propre territoire. La Grande-Bretagne préfère résoudre ses problèmes internes. Et l'Allemagne, est maintenant occupée avec seulement essayer d'établir des relations économiques avec Moscou. Moscou essaie de ne pas provoquer un conflit et préfère appeler à la paix.

En conséquence, il y a très peu de pays, qui tentent de résister aux mercenaires. La police chiites, les Iraniens et les Kurdes aident Bagdad à lutter contre l'EI. Le Hezbollah et l'Iran ont appuyé Damas en fournissant des armes et des combattants dans la guerre de Bachar al-Assad contre l’EIIL et "Al-Qaïda".

Mais certains pays qui sont théoriquement contre les mercenaires se tiennent de facto aux côtés des terroristes, en se battant contre leurs ennemis. En particulier, on peut parler de l'opération de l'Arabie saoudite contre les Huthis au Yémen. Officiellement, l'Arabie saoudite et de l'Etats-membres de la coalition ont décidé de punir les Huthis (chiites) pour le renversement du gouvernement sunnite du président Abd Rabbo Mansour Hadi. En plus de cela, Riyad accuse Téhéran de soutenir les Huthis avec des armes et de l'argent. Le Yémen s’avère être une plate-forme de la confrontation entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Cependant, en fait, le nombre de participants est beaucoup plus important.

Les pays occidentaux ont appuyé à l'unanimité Riyad. Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond «a compris» les préoccupations de Riyad "au sujet d’un possible établissement d’un régime chiite au Yémen comme en Iran". Le président américain Barack Obama a appelé ouvertement l'Iran, «parrain du terrorisme d'Etat".

Il semble que sous le drapeau de l'Arabie Saoudite, l'Occident soutient l’EIIL en essayant de marginaliser l'Iran, qui lutte contre celui-ci. Cela signifie que l'Occident bloque les adversaires de l'État islamique, en dénouant les mains de ce dernier.

Et maintenant, voici la partie la plus intéressante. En plus des pays arabes de la région, la coalition, qui a bombardé le Yémen, a été ralliée par le Pakistan et la Turquie. Pourquoi ? Les frontières de ces pays sont assez loin du Yémen. Le Pakistan n’a aucune raison d'intervenir dans le conflit entre chiites et sunnites sachant qu’elle a déjà trop de problèmes avec les talibans sur son propre territoire.

Ayant les forces de l’EI à ses frontières, la Turquie ferait mieux de soutenir les Huthis et l'Iran, qui pourraient servir de force militaire contre l'Etat islamique.

Mais ...

Non seulement la Turquie n’empêche pas le développement de l'Etat islamique, mais elles prend également en charge ces terroristes. Officiellement, les autorités turques n’ont pas reconnu l'EI comme une organisation terroriste. Au lieu de cela, Ankara achète (bien sûr secrètement) du carburant à l'Etat islamique, qui est la principale source de revenus de l'EIIL. Le revenu mensuel du transit d'au moins 4.000 tonnes de carburant à partir de l'EI vers la Turquie est d'environ 15 millions de dollars.

Des centaines de partisans de l'Etat islamique pénètrent dans les territoires occupés de la Syrie à travers l'Irak. Beaucoup de combattants blessés de l'EIIL sont traités dans les hôpitaux publics turcs.

En outre, lors de l'agression du groupe terroriste de l'EI contre la ville Kobani peuplée de kurdes, les autorités turques ont par tous les moyens entravé la lutte des Kurdes contre l'EI et agi contre leurs intérêts nationaux.

On pourrait supposer que cette attitude d'Ankara envers les terroristes est le résultat de la corruption endémique dans le pays. Mais la Turquie est un membre de l'OTAN. En outre, la Turquie ne pouvait guère montrer cette fidélité aux terroristes sans le soutien des acteurs majeurs de l'Alliance. Ceci est démontré, par exemple, par les conseils que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite selon lesquels la «situation» avec les Huthis aidera l'EIIL à renverser le gouvernement de Bachar al-Assad. C’est ce que la Maison Blanche n'a pas été capable de faire.

Néanmoins, Ankara a mené le jeu pendant très longtemps. Alors peut-être a-t’elle décidé de jouer avec ses cartes.

La Turquie a réclamé le leadership dans le monde turc depuis de nombreuses années. Comme il y a des dirigeants inamovibles très ambitieux dans un certain nombre d'autres pays turcophones (Islam Karimov en Ouzbékistan et Noursoultan Nazarbaïev au Kazakhstan), cela est encore assez difficile à faire. Mais l'expansion de l'EIIL en Afghanistan et en Asie centrale peut aider à renforcer l'influence de la Turquie. Même à présent, les mercenaires ont pris le contrôle d’une portion de frontière de 30 kilomètres entre l'Afghanistan et le Turkménistan, le long de la rivière Murgap. Il y a eu une attaque dans la province afghane de Kunduz près de la frontière avec le Tadjikistan. La principale organisation terroriste dans la région, le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, a annoncé que l'organisation avait rejoint l’«Etat islamique» l'automne dernier. Un officiel de Tachkent a déjà informé ses voisins au sujet d'un début de flux massif de mercenaires à travers les frontières de la région.

Cette montée en pression se passe avec la participation directe de la Turquie. Les États d'Asie centrale ont accusé à plusieurs reprises Ankara de préparer des islamistes radicaux. En outre, certains des pays de la région ont été contraints d'interdire à leurs citoyens d’étudier dans certaines institutions religieuses de Turquie. Cela est arrivé parce que dans ces pays, il avait été vu l’émergence de sentiments islamiques radicaux après leur retour au pays.

Plusieurs milliards de revenus du transit de l'héroïne alimentent les intérêts d'Ankara. C’est peut-être pourquoi la Turquie a fait une offre à l'EIIL, qui commence une lutte active contre les talibans en capturant progressivement leurs territoires d'influence.

En fait, aujourd'hui, la Turquie est une forteresse cachée pour les terroristes. Même si Ankara travaille sous pression et comme un intermédiaire pour les intérêts occidentaux.

L’activation de l'EI en Asie centrale, avec l'appui indirect d'Ankara et de l'Arabie saoudite a un but direct qui est de saper l'arc d'instabilité dans la région de la Caspienne. Le client final de tout ceci peut être Washington, avec son aversion anti-russe. (La Turquie est un allié politique de Washington et elle a adopté une position pro-occidentale par rapport à la Crimée qui a rejoint la Fédération de Russie). Il y a sept ans, Washington a fait pression sur certaines révolutions de couleur dans cette zone. Cependant, avec le soutien de Moscou, la région pourrait y résister. Mais c’est une chose de s’opposer aux tentatives politiques d'influence, c’en est une autre chose de s’opposer aux mercenaires.

Il se trouve que par l'intermédiaire d'Ankara et de l'Arabie Saoudite, il a été créé une force qui est intéressée à la déstabilisation de la situation dans la région. En échange, il a peut-être été promis à la Turquie un soutien politique et l'adhésion attendue depuis longtemps dans l'UE, ainsi que l'expansion des limites de son influence politique et beaucoup d'avantages économiques.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, dans le Moyen-Orient, quelque chose a commencé, que beaucoup de gens appellent la «troisième guerre mondiale». Elle implique directement ou indirectement la majorité des pays sur trois continents.