jeudi 27 février 2014

Syrie: les combats entre les rebelles et l'EIIL ont fait 3.300 morts, selon une ONG

Les combats, voitures piégées et exécutions ont causé la mort de 3.300 personnes en Syrie depuis le début le 3 janvier des affrontements sans merci entre les rebelles et les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), selon une ONG.

«Près de 3.300 personnes ont trouvé la mort depuis le début des combats, le 3 janvier, entre d'un côté l'EIIL, et d'autre part les rebelles islamistes et d'autres groupes», a affirmé mercredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon le décompte de cette organisation, il y a 924 tués dans les rangs de l'EIIL, 1.380 dans ceux de la coalition regroupant rebelles et islamistes, 281 civils et plus de 700 tués dont on ignore à quel camp ils appartenaient et enfin 29 corps retrouvés dans les positions tenues par l'EIIL et vraisemblablement exécutés.

Les 3.300 personnes ont péri dans «des attentats à la voiture piégée et autres bombes, combats et exécutions», souligne l'Observatoire.

Les rebelles, qui avaient d'abord accueilli les jihadistes à bras ouverts, ont été peu à peu excédés par les exactions attribuées à l'EIIL et par sa volonté d'hégémonie. Ils ont retourné leurs armes début janvier contre ces jihadistes, dans les zones contrôlées par la rébellion dans le nord de la Syrie.

Parmi les 281 civils tués, la majorité l'ont été par des bombardements ou par des tirs mais aussi par des exécutions comme les 21 civils abattus d'une balle dans la tête, dans l'ancien hôpital pour enfants d'Alep transformé en prison par les membres de l'EIIL.

Mardi, la branche d'Al-Qaïda en Syrie, le Front al-Nosra, a fixé un ultimatum de cinq jours à l'EIIL pour régler leur conflit devant un tribunal religieux et mettre fin à deux mois de conflit sanglant.

La sommation a été adressée à ce groupe rebelle le plus radical en Syrie, deux jours après la mort du commandant d'une brigade islamiste, Abou Khaled al-Souri, qui était un ami du chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahari.

Les insurgés accusent l'EIIL de l'avoir tué et le chef d'Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, a annoncé qu'ils combattraient ce groupe en Syrie et même en Irak s'il refusait l'arbitrage religieux.

Si Al-Nosra et l'EIIL sont tous deux issus de la branche d'Al-Qaïda en Irak, leurs relations se sont détériorées ces dernières semaines et des combats ont fait rage entre les rebelles, dont ceux d'Al-Qaïda, et les combattants de l'EIIL.

Selon un expert des mouvements salafistes et jihadistes, Romain Caillet, les sites jihadistes ont annoncé que le porte-parole de l'EIIL, Abou Mohammad al-Adnani, devrait répondre «dans les prochains jours» à cette offre. M. al-Adnani fait figure de dur parmi les durs de l'EIIL, ce qui laisse peu de chance à un accord.

L'EIIL contrôle des positions stratégiques comme Raqa, la seule capitale provinciale échappant au régime, et des points de passage avec la Turquie comme Tell Abyad, Jarablous, Azzaz ainsi que des localités dans les provinces nord-est de Hassaké et Deir Ezzor.

Selon un récent bilan de l'OSDH, plus de 140.000 personnes ont été tuées en Syrie en presque trois ans d'un conflit complexe et dévastateur qui a en outre poussé des millions de Syriens à fuir leur foyer.

Sur www.liberation.fr le 26/02/2014

Corée du Nord : l'effrayant témoignage d'un garde des camps de prisonniers

«Il y avait trois chiens et ils ont tué cinq enfants» témoigne, à Genève (Suisse), Ahn Myong-Chol, garde pendant huit ans dans les camps de prisonniers de Corée du Nord où l'horreur se décline au quotidien.

«Echappant à leurs maîtres, les chiens se sont jetés sur des enfants qui revenaient de l'école du camp. Ils en ont tué immédiatement trois, les deux autres enfants respiraient à peine et ont été enterrés vivants par les gardes», a-t-il dit via un interprète. Le lendemain, au lieu de liquider les chiens, les gardes les ont cajolés et «récompensés avec de la nourriture spéciale», ajoute Ahn avec un signe de dégoût.

Ce Nord-Coréen a témoigné à Genève lors d'une conférence des défenseurs des droits de l'homme, avant que le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies examine en mars un rapport accablant sur les violations de ces droits par Pyongyang.

Un des témoins auditionnés par la commission d'enquête de l'ONU

Ahn, réfugié en Corée du Sud, est un des témoins auditionnés par la Commission d'enquête de l'ONU qui a dénoncé dans ce rapport diffusé la semaine dernière des «crimes contre l'humanité» et a appelé la communauté internationale à réagir. La Commission estime notamment que «des centaines de milliers de prisonniers politiques ont péri dans des camps pendant les 50 dernières années», «graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols.»

«Les gens dans les camps ne sont pas traités comme des humains. Ils sont comme des mouches que l'on peut écraser», affirme Ahn, qui a fui la Corée du Nord en 1994.

Il a servi dans quatre de ces camps du goulag nord-coréen, dans ce qui est nommé les «zones de contrôle total». Les prisonniers y travaillent de 16 à 18 heures par jour, dorment 4 à 5 heures, et reçoivent trois fois 100 grammes de bouillie pour peu qu'ils atteignent les objectifs de travail. «Tous les jours il en mourait de faim, d'épuisement, par accident», raconte ce fils d'un cadre local, sélectionné à l'âge de 18 ans pour devenir gardien parce qu'issu d'une famille de cadre.

Dans sa première affectation, au camp 14 au nord de Pyongyang, on l'encourage à pratiquer sa connaissance du Tae Kwon Do contre les prisonniers, après un grand lavage de cerveau pour qu'il considère les prisonniers comme l'incarnation du «Mal».

L'université comme récompense pour avoir tué les prisonniers-fuyards

«Nous étions encouragés à tuer ceux qui essayaient de s'échapper, explique-t-il. Nous avions le droit de les tuer et si nous ramenions le corps, nous pouvions être récompensés par l'envoi à l'université», explique-t-il, affirmant que certains gardes faisaient exprès de faire sortir des prisonniers du camp pour les tuer et obtenir cette récompense.

Ahn, qui admet avoir participé aux violences mais pense n'avoir jamais tué, a été promu chauffeur, ce qui lui permet alors de voir de nombreux prisonniers et de découvrir que certains étaient là depuis l'âge de 2 ou 4 ans, que d'autres étaient nés dans les camps. «0% d'entre eux ne savaient pourquoi ils étaient là.» «J'avais été entraîné à repérer les mensonges, en observant les mouvements des yeux, des lèvres (...) mais ils avaient bien trop peur d'être punis s'ils ne disaient pas la vérité», assure-t-il.

En 1994, en retournant chez lui pendant une permission il découvre que son père, un jour d'ivresse, a critiqué les dirigeants, et a préféré ensuite se suicider. Sa mère, sa sœur et son frère sont arrêtés, il n'aura plus jamais de nouvelles d'eux.

« Il faut parler au présent, ces horreurs continuent»

La Commission d'enquête de l'ONU a souligné que les familles de personnes jugées hostiles étaient systèmatiquement envoyées dans les camps. Craignant pour son sort, Ahn profite de son camion pour se rendre à la frontière chinoise et traverser à la nage la rivière Du Man. Installé en Corée du sud, il travaillera dans une banque avant de choisir il y a trois ans de rejoindre l'ONG «Libérez le goulag nord-coréen». «Quand on parle de goulag, avec la Corée du nord, il faut parler au présent, ces horreurs continuent», souligne-t-il, affirmant qu'avec le dirigeant actuel Kim Jon-un «la population est tétanisée par la peur». En Kim Jong-Un, aurait entre autres ordonné en janvier dernier que son oncle, Jang Song-Thaek, 67 ans, soit dévoré par une horde de chiens affamés.

La Commission de l'ONU a établi que le nombre de camps et de prisonniers a diminué suite aux décès et à quelques libérations mais elle estime que «80 000 à 120 000 prisonniers politiques sont actuellement détenus dans quatre grands camps prisons».
 
Sur www.leparisien.fr le 27/02/2014

mercredi 26 février 2014

Turquie: une écoute téléphonique le met en cause, Erdogan se cabre

Le Premier ministre islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a vigoureusement riposté mardi à la diffusion d'une conversation téléphonique compromettante le plaçant au coeur du scandale de corruption qui agite le pays en dénonçant une "attaque haineuse".

Diffusé lundi soir sur internet, cet enregistrement, dont l'authenticité n'a pas été confirmée de source indépendante, a pour la première fois personnellement mis en cause M. Erdogan, précipitant les appels de l'opposition à sa démission.

Lors de sa harangue hebdomadaire devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP), le chef du gouvernement a qualifié la conversation publiée sur YouTube de "montage indécent" et d'"attaque haineuse".

"Jamais nous ne cèderons (...) seul le peuple peut décider de nous renvoyer et personne d'autre", a-t-il martelé en renvoyant tous ses critiques aux élections municipales du 30 mars prochain.

Sans surprise, M. Erdogan a à nouveau accusé la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, longtemps son allié, d'avoir orchestré cette nouvelle attaque.

"Etat parallèle"

Depuis des semaines, le Premier ministre reproche à l'organisation de M. Gülen, très influente dans la police et la justice, d'avoir mis en place un "Etat parallèle" et de manipuler les enquêtes anticorruption qui menacent son gouvernement pour le déstabiliser avant les municipales et la présidentielle prévue en août.

Dans l'enregistrement publié lundi soir, un homme, présenté comme M. Erdogan, conseille à un autre, qui serait son fils Bilal, de se débarrasser rapidement de 30 millions d'euros. Ce coup de fil aurait eu lieu quelques heures après l'arrestation, le 17 décembre, de dizaines de proches du régime soupçonnés de corruption.

"Fils, ce que je veux te dire, c'est de faire sortir tout ce que tu as chez toi, d'accord ?", dit la voix présentée comme celle de M. Erdogan. "Qu'est-ce que je peux avoir chez moi ? Il n'y a que l'argent qui t'appartient", lui répond son interlocuteur.

Sitôt diffusée, cet enregistrement a enflammé les réseaux sociaux et l'opposition, qui pourfend la corruption du régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.

"Fuyez à l'étranger !"

"Nous avons vérifié auprès de trois ou quatre sources différentes. Ces bandes sont aussi réelles que le mont Ararat", a lancé le chef du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu (Parti républicain du peuple, CHP). "Prenez un hélicoptère, fuyez à l'étranger ou démissionnez", a-t-il lancé à M. Erdogan.

Selon l'agence de presse Dogan, le parquet d'Ankara a immédiatement confié à la police une enquête sur l'origine de ces bandes.

Des bancs du Parlement, la contestation s'est propagée dans la rue où un millier d'étudiants de l'université technique du Moyen-Orient d'Ankara a perturbé l'inauguration, par le chef du gouvernement, d'un boulevard tracé au milieu des arbres de leur campus.

Après des premiers heurts, dans l'après-midi, entre manifestants et forces de l'ordre, dans la soirée, près d'un millier de protestataires rassemblés sous la bannière "Non à la corruption", se sont heurtés à la police sur la place de Kadiköy, bastion de l'opposition située sur la rive anatolienne d'Istanbul, selon les médias.

La police a tiré du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre la foule, rapporte Dogan.

Coïncidence ou pas, la publication de ces enregistrements est intervenue juste après les révélations de deux journaux proches du régime accusant des magistrats proches de M. Gülen d'avoir illégalement mis sur écoute des milliers de personnes, dont M. Erdogan et le chef de ses services secrets (MIT) Hakan Fidal.

Durcissement du régime

Mis à mal par les accusations de corruption, le gouvernement a tenté de reprendre la main en engageant des purges sans précédent dans la police et la justice pour en exclure les proches de la confrérie. Il a aussi fait voter des lois controversées qui durcissent le contrôle de l'internet et renforcent l'emprise du pouvoir sur la justice.

Le quotidien Hürriyet a, par ailleurs, révélé mardi que la justice avait entendu cette semaine le sulfureux homme d'affaires saoudien Yasin al-Qadi, qui a figuré un temps sur la liste dressée par l'ONU des financiers du mouvement al-Qaïda.

Sur www.rtbf.be le 26/02/2014

Thaïlande: nouveaux tirs à Bangkok, la Première ministre dans le nord

Plusieurs campements de manifestants ont essuyé de nouveaux tirs mercredi matin à Bangkok, faisant un peu plus grimper la tension dans la capitale, pendant que la Première ministre était en visite dans son fief du nord de la Thaïlande.

Les violences de rue sont devenues quasi quotidiennes dans la capitale de la Thaïlande, où 22 personnes ont été tuées en près de quatre mois de crise politique.

Les tirs de mercredi matin, en plein centre-ville, n'ont pas fait de blessé, mais ne font qu'augmenter les suspicions entre partisans et opposants du gouvernement, qui se renvoient la responsabilité de ces provocations par de mystérieux "hommes en noir".

"Nous ne savons pas quelle partie est l'auteur des tirs, mais le but des tireurs est d'intimider", a commenté Anucha Romyanan, porte-parole de la police nationale.

Les manifestants continuent de réclamer la démission de la Première ministre, Yingluck Shinawatra, qu'ils veulent remplacer par un Conseil du peuple, non élu, le temps d'organiser des élections à une date non définie.

Le mouvement ne faiblit pas, même si les manifestations ne rassemblent plus autant. Les manifestants continuent de bloquer des carrefours du centre de Bangkok, filtrant les passages via des barrages.

C'est la crise la plus grave que traverse la Thaïlande depuis 2010, quand le mouvement des "chemises rouges", fidèles à l'ex-Premier ministre, Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck, avait été l'objet d'un assaut meurtrier de l'armée.

Et le gouvernement a une marge de man?uvre limitée dans l'attente que les élections législatives, entravées le 2 février, puissent être menées à terme.

La Première ministre continue néanmoins de participer à des événements officiels, de préférence en province. Elle était mercredi dans la ville de Chiang Rai, dans le nord du pays, qui vote massivement pour le parti au pouvoir, contrairement à Bangkok et au sud du pays.

Elle a confié "ne pas encore avoir décidé" si elle se rendrait jeudi devant la Commission anticorruption (NACC).

Celle-ci pourrait l'inculper pour négligence en liaison avec un programme controversé d'aide aux riziculteurs, procédure qui pourrait mener à sa destitution.

Ses partisans ont cependant rejeté tout mouvement de fuite hors de Bangkok, où les manifestants l'empêchent d'accéder à ses bureaux.

"Elle ne fuit pas la situation politique à Bangkok", a ainsi assuré le ministre des Transports Chadchart Sittipunt.

Sur http://www.rtl.be le 26/02/2014

mardi 25 février 2014

Le plan impérialiste de treize ans pour la Syrie

Ce n’est que progressivement que toutes les pièces du puzzle se mettent place. Dans cet entretien à la revue serbe Geopolitika, Thierry Meyssan explique ce qu’il comprend aujourd’hui du plan impérialiste élaboré par Washington pour le Proche-Orient, en 2001. Il observe son échec face aux résistances populaires et note que nous en paierons tous les conséquences, à la fois les peuples opprimés et ceux qui ont cru pouvoir les dominer.

Geopolitika : Cher Monsieur Meyssan, pourriez-vous —pour les lecteurs de Geopolitika— expliquer brièvement ce qu’il se passe en ce moment en Syrie, puisqu’en suivant les informations des grandes chaînes de télévision et les rapports de l’Observatoire Syrien des droits de l’Homme de Londres, on n’arrive pas à comprendre la situation réelle dans ce pays en guerre. Il nous semble qu’un vent positif souffle pour le président Assad, l’armée syrienne et toutes les forces patriotiques défendant la Syrie après l’initiative russe concernant la suppression des armes chimiques qui a détruit le plan de l’intervention états-unienne et de l’Otan.

Thierry Meyssan : Selon les États membres de l’Otan et du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les Syriens se sont révoltés contre leur gouvernement, il y a trois ans, par mimétisme avec les Africains du Nord. C’est ce que l’on appelle le « printemps arabe ». Le gouvernement, ou plutôt « le régime », c’est plus méprisant, y a répondu par la force et la brutalité. Depuis 2011, la répression aurait fait plus de 130 000 morts. Cette version est étayée par l’Observatoire syrien des Droits de l’homme qui diffuse une comptabilité des victimes.

La réalité est très différente. Au moment des attentats du 11-Septembre, les États-Unis ont décidé de détruire un certain nombre de pays, dont la Libye et la Syrie. Cette décision a été révélée par l’ancien commandeur suprême de l’Otan, le général Wesley Clark, qui y était opposée. Il s’agissait de créer une unité politique, du Maroc à la Turquie, autour des Frères musulmans, d’Israël et de la globalisation économique. En 2003, après la chute de l’Irak, le Congrès a adopté le Syria Accountability Act qui donne le pouvoir au président des États-Unis d’entrer en guerre contre la Syrie sans avoir besoin de repasser devant le Parlement. En 2005, les États-Unis ont utilisé l’assassinat de Rafik Hariri pour accuser le président Bachar el-Assad de l’avoir commandité et ont créé le Tribunal spécial pour le Liban de manière à le condamner et à entrer en guerre contre son pays. Cette accusation s’est effondrée dans le scandale des faux témoins. En 2006, Washington a sous-traité une guerre contre le Hezbollah à Israël, dans l’espoir d’impliquer la Syrie. En 2007, les États-Unis ont organisé et financé des groupes d’opposition en exil autour des Frères musulmans. En 2010, ils ont décidé de sous-traiter cette guerre et celle contre la Libye à la France et au Royaume-Uni qui ont, pour cela, conclu le Traité de Lancaster House. En 2011, l’Otan a envoyé secrètement des commandos en Syrie pour y semer la panique et la désolation. Après la chute de la Libye, ils ont déplacé le centre de commandement de leurs armées de terre à Izmir en Turquie et les combattants libyens d’Al-Qaida au Nord de la Syrie. Cette guerre d’agression a coûté la vie à 130 000 Syriens et à un très grand nombre de combattants étrangers.

Depuis le mois d’août-septembre 2013 et la crise des armes chimiques, les États-Unis ont admis qu’ils ne parviendraient pas à renverser l’État syrien. Ils ont interrompu leurs livraisons d’armes et les jihadistes étrangers ne pouvaient plus compter que sur Israël, la France et l’Arabie saoudite. Partout, l’armée loyaliste a repris du terrain et les bandes armées sont en déroute, sauf dans le Nord du pays. Cependant, Washington bloque la paix en Syrie tant qu’il n’aura pas réussi à imposer son règlement de la question palestinienne.

Geopolitika : Quelles sont les conséquences de la défaite de l’Armée syrienne libre, soutenue par l’Occident ? Quelle est la situation à Alep et sur les autres fronts de bataille ? Qui finance et soutient Al-Nosra, Al-Qu’aida et les autres groupes islamistes extrémistes ? Est-ce que les islamistes radicaux, même s’ils ne sont pas tellement populaires, sont des guerriers de second rang qui attaquent la Syrie pour le compte de l’Occident ?

Thierry Meyssan : Au début, l’Otan avait choisi de livrer une guerre de 4ème génération. Il s’agissait de noyer la population syrienne sous un flot de fausses informations visant à lui faire croire que le pays s’était soulevé et que la révolution avait triomphé, de sorte que chacun accepte fatalement un changement de régime. Le rôle des groupes armés était de mener des actions symboliques contre l’État —par exemple contre les statues d’Hafez el-Assad, le fondateur de la Syrie moderne— et des actions terroristes pour intimider les gens et les contraindre à ne pas intervenir. Chacun de ces groupes armés était encadré par des officiers de l’Otan, mais il n’y avait pas de commandement central afin de donner l’impression d’une insurrection généralisée et non pas d’une guerre front contre front. Tous ces groupes, disjoints les uns des autres, portaient une seule étiquette, celle de l’Armée syrienne libre (ASL). Ils se reconnaissaient au même drapeau, vert, blanc, noir, qui est historiquement celui du mandat français durant l’entre-deux-guerres, c’est-à-dire de l’occupation coloniale.

Lorsque les Occidentaux ont décidé de changer de stratégie, en juillet 2012, ils ont essayé de rassembler ces groupes armés sous un commandement unique. Ils n’y sont jamais parvenus du fait de la concurrence entre leurs sponsors, la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite.

Depuis le début, les seules forces militaires efficaces sur le terrain sont celles des jihadistes se réclamant d’Al-Qaida. Ils étaient le fer de lance de l’ASL durant la première partie de la guerre, puis s’en sont dissociés lorsque les États-Unis les ont qualifiés de « terroristes ». Aujourd’hui, ils se divisent principalement entre le Front islamique, financé par l’Arabie saoudite, le Front Al-Nosra, financé par le Qatar, et l’Émirat islamique d’Irak et du Levant (ÉIIL, « Daesh » en arabe), financé par l’Otan via la Turquie bien que commandé par l’Arabie saoudite. La concurrence est telle que ces trois groupes se massacrent entre eux plus qu’ils ne se battent contre l’État syrien.

Geopolitika : En raison des informations malicieuses et sélectives des médias globaux, pourriez-vous nous dire qui a attaqué des innocents citoyens et des enfants au gaz sarin ? Ici en Serbie, où on a déjà eu l’expérience du massacre de Raçak, celui des habitants de Sarajevo au marché de Markale, pour lesquels les Serbes ont été désignés comme coupables sans aucune preuve, tout ça ressemble à un script déjà vu de « management du massacre ». Est-ce que ces mises en scène sanglantes, qui ont servi à la manipulation de l’opinion publique et à déclencher les interventions militaires en ex-Yougoslavie et dans d’autres points critiques du monde, sont en train de perdre de leur effet, ou autrement dit : est-il aujourd’hui de plus en plus difficile de tromper les gens ?

Thierry Meyssan : L’attaque au gaz sarin dans la ghouta de Damas (c’est-à-dire la ceinture agricole vivrière de la capitale) n’est pas la première attaque au gaz. Il y en a eu plusieurs autres auparavant pour lesquelles la Syrie a vainement saisi le Conseil de sécurité. Selon l’opposition en exil, le gouvernement aurait bombardé cette zone de la ghouta pendant plusieurs jours pour finalement tuer la population au gaz. Le président Obama, ayant considéré que cette attaque franchissait la « ligne rouge », a alors menacé de détruire Damas. Il a été suivi, dans une surenchère, par le président Hollande. Mais, en définitive, la Syrie a, sur proposition russe, adhéré à la Convention contre les armes chimiques et remis tous ses stocks à l’OIAC. Le bombardement de Damas n’a pas eu lieu.

Aujourd’hui le Massachussets Institute of Technology (MIT) a publié un rapport montrant que les missiles chimiques observés dans la ghouta ont une portée inférieure à 2 kilomètres. Or, selon les cartes diffusées par la Maison-Blanche, il faudrait 9 km pour que les forces loyalistes puissent toucher la « zone rebelle ». En d’autres termes, il est impossible que ces tirs émanent des forces gouvernementales.

Cette étude confirme les rapports satellitaires russes selon lesquels deux missiles avaient été tirés par des Contras sur leur propre zone. Elle valide les aveux, diffusés trois jours plus tard par la télévision syrienne, d’un individu ayant avoué avoir convoyé ces missiles chargés depuis une base de l’armée turque jusqu’à Damas. Elle valide les imputations de familles alaouites de Lattaquié qui affirment avoir reconnus leurs enfants enlevés par les Contras le mois précédant, parmi les images des victimes. Enfin, elle valide l’enquête de Seymour Hersh, selon qui, contrairement aux propos de Barack Obama, les observations du Pentagone ne montraient aucune activité du service des armes chimiques dans les jours précédents.

Cette affaire n’a pas de raison de vous étonner puisque vous avez vécu le même type d’agression, de la part des mêmes puissances. Elle fonctionne aujourd’hui aussi bien qu’auparavant. Cependant, les intoxications ont toujours une durée de vie limitée. Il se trouve que celle-ci a fonctionné, mais n’a pas abouti. Le public occidental y a cru, mais Damas n’a pas été bombardée parce que la Russie l’a empêché en massant sa flotte sur la côte syrienne. Du coup, le Pentagone ne pouvait plus détruire la ville qu’en tirant depuis la mer Rouge au dessus de la Jordanie et de l’Arabie saoudite, ce qui aurait provoqué une vaste guerre régionale. La vérité, nous ne la connaissons avec certitude que maintenant, c’est-à-dire six mois plus tard.

Geopolitika : On doit aussi vous poser la question sur la situation des chrétiens en Syrie. Des informations sont arrivées sur l’occupation et le pillage de Maaloula par les islamistes d’Al-Nosra, qui est un ancien sanctuaire chrétien ; des nonnes auraient également été kidnappées ?

Thierry Meyssan : Pour saigner la Syrie, l’Otan a eu recours à la fois à des collaborateurs syriens et à des combattants étrangers. Durant la seconde partie de la guerre, c’est-à-dire depuis la première conférence de Genève en juin 2012, on assiste à un afflux sans précédant de Contras. Il s’agit d’une guerre de type nicaraguayen, mais avec un recours jamais atteint auparavant aux mercenaires. Ils sont aujourd’hui au moins 120 000 combattants étrangers, issus de 83 pays, à se battre en Syrie contre l’État. Tous se réclament du wahhabisme, une secte fondamentaliste au pouvoir en Arabie saoudite, au Qatar et dans l’émirat de Sharja. La plupart se disent takfiristes, c’est-à-dire « purs ». Ils condamnent à mort les « apostats » et les « infidèles ».

À ce titre, ils scandent durant leurs manifestations : « Les alaouites au tombeau, ! Les chrétiens au Liban ! ». Durant trois ans, ils ont massacré des dizaines de milliers d’alaouites (une Église chiite pour qui la foi est intérieure et ne s’exprime pas par des rites) et de chrétiens. Surtout, ils ont contraint des centaines de milliers de chrétiens à fuir en abandonnant leurs biens. Aujourd’hui, ils les contraignent à leur payer un impôt spécial, en tant qu’infidèles.

Comme nous arrivons à la fin de la guerre, les groupes armés tentent de venger leur défaite par des opérations spectaculaires. Ils ont ainsi attaqué Maloula, une ville chrétienne ou l’on parle encore la langue du Christ, l’araméen. Ils y ont commis des atrocités qui ont frappé les esprits. Des chrétiens ont été suppliciés en public et sont morts en martyrs parce qu’ils refusaient d’abjurer leur foi.

Geopolitika : Vous suivez avec beaucoup d’attention et de précision la situation au Proche Orient. Comment qualifieriez-vous la situation en Égypte ? Pensez-vous que la situation là-bas a été consolidée après les actions déterminées du commandement militaire ? Est-ce la première sérieuse défaite de ceux qui planifient les révolutions arabes ? Comment expliquez-vous que les États Unis soutiennent un groupe islamiste radical comme les Frères Musulmans ?

Thierry Meyssan : L’expression « printemps arabe » est une facilité de journaliste pour dire que des événements qu’ils ne comprennent pas se passent au même moment dans des pays très différents ou l’on parle la même langue, l’arabe. C’est aussi un moyen de propagande pour faire passer des guerres d’agression pour des révolutions.

Le département d’État, inquiet de la succession d’Hosni Moubarak, avait décidé de le renverser pour choisir lui-même le prochain gouvernement. Il a donc organisé la famine, en 2008, en spéculant sur les denrées alimentaires. Il a formé une équipe pour assurer la relève autour des Frères musulmans. Et il a attendu que le chaudron bouille.

Lorsque la révolte a commencé, le département d’État a envoyé l’ambassadeur Frank Wisner —celui qui a organisé la reconnaissance internationale de l’indépendance du Kosovo— pour ordonner à Hosni Moubarak de démissionner. Ce qu’il a fait. Puis, le département d’État a aidé à organiser des élections qui ont permis aux Frères musulmans de placer le double national égypto-états-unien Mohamed Morsi à la présidence, avec moins de 20 % des voix. Une fois au pouvoir, M. Morsi a ouvert l’économie aux transnationales états-uniennes et a annoncé la prochaine privatisation du Canal de Suez. Il a imposé une constitution islamiste etc. Le peuple s’est alors soulevé à nouveau. Mais pas seulement quelques quartiers du Caire comme la première fois. Tout le peuple, dans tout le pays, sauf le cinquième de la population qui l’avait élu. En définitive, l’armée a repris le pouvoir et emprisonné les dirigeants des Frères musulmans. Il apparaît aujourd’hui qu’ils étaient en train de négocier le déplacement de la population palestinienne de Gaza en Égypte.

Là-bas, comme dans l’ensemble du monde arabe, Hillary Clinton s’appuyait sur les Frères musulmans. Cette organisation secrète, constituée en Égypte pour lutter contre le colonialisme britannique, a en réalité toujours été manipulée par le MI6 et tient aujourd’hui son siège international à Londres. Dès 2001, Washington avait planifié leur ascension en facilitant l’élection en Turquie d’un responsable politique qui avait été emprisonné en tant que Frère musulman, mais prétendait les avoir quittés, Recep Tayyip Erdoğan. Après avoir tenté de nombreux coups d’État dans plusieurs pays, durant 80 ans, la confrérie est arrivée au pouvoir dans les bagages de l’Otan en Libye, et par les urnes en Tunisie et en Égypte. Elle participe aux gouvernements au Maroc et en Palestine. Elle donne une figure politique aux Contras en Syrie. Elle s’est révélée en Turquie. Partout, elle dispose des conseils en relations publiques turcs et du financement du Qatar, c’est-à-dire d’Exxon-Mobil donc des Rockefellers. Elle a ses propres chaînes de télévision et son principal prédicateur al-Qadarawi, est le « conseiller spirituel » (sic) de la chaîne du Qatar Al-Jazeera. La Confrérie impose un islam sectaire, qui brime les femmes et assassine les homosexuels. En échange, elle soutient que l’ennemi des arabes ce n’est pas Israël, mais l’Iran, et ouvre les marchés aux transnationales US.

Si, durant deux ans et demi, on a pu croire que les Frères allaient gouverner l’ensemble du monde arabe, ils sont aujourd’hui abandonnés par les Occidentaux. En effet, nulle part, ils n’ont réussi à obtenir de soutien populaire massif. Jamais ils n’ont eu plus de 20 % de la population derrière eux.

Geopolitika : Depuis votre « tour de guet » au Proche-Orient, pourriez-vous nous expliquer l’amitié surprenante entre le gouvernement de Serbie et les Émirats Arabes Unis ? Le prince Mohammed Bin Zayed Al Nahyan est venu plusieurs fois en Serbie où il a annoncé plusieurs investissements des Émirats dans l’agriculture serbe, ainsi que le tourisme. La compagnie aérienne Etihad a acheté – pratiquement absorbé – la compagnie serbe JAT Airways. Est-ce que ces contacts politiques et économiques entre Abu Dhabi et Belgrade peuvent être réalisés sans l’accord de Washington ? Quelle serait le motif de la Maison-Blanche à encourager la collaboration entre les Émirats et la Serbie ?

Thierry Meyssan : Les Émirats arabes unis sont dans une situation très difficile. D’abord, c’est une fédération de 7 États assez différents, dont l’émirat wahhabite de Sharjah. Ensuite, ils sont trop petits pour pouvoir tenir tête à leur puissant voisin, l’Arabie saoudite, et à leur client, les États-Unis. Ils ont d’abord cherché à diversifier leurs protecteurs en offrant une base militaire à la France, mais celle-ci est revenue dans le commandement intégré de l’Otan. En 2010, ils ont abandonné l’idée de jouer un rôle diplomatique sur la scène internationale après que la CIA a assassiné le prince Ahmed au Maroc parce qu’il finançait secrètement la résistance palestinienne. La levée des sanctions US contre l’Iran va affaiblir leurs ports qui étaient devenus la plaque tournante du trafic pour contourner l’embargo. Ils cherchent maintenant de nouveaux partenaires économiques à leur taille. En négociant avec la Serbie, ils balancent aussi l’influence wahhabite du Qatar qui a créé Al-Jazeera en Bosnie.

Geopolitika : Que pensez-vous de la situation actuelle des relations internationales ? Est-ce que la présence militaire russe dans la Méditerranée et leurs actions diplomatiques rendant impossible l’intervention en Syrie, l’encouragement de l’Ukraine à ne pas signer un accord avec l’UE, la position ferme de la Chine en ce qui concerne les iles litigieuses du Pacifique, est-ce que tout ça montre le renforcement d’un monde multipolaire ? Quelle réponse peut-on attendre de la part des États Unis et de l’élite gouvernementale globale concernant les défaites qu’ils ont vécues après certaines révolutions oranges et arabes et concernant la tendance évidente de l’affaiblissement du pouvoir occidental ?

Thierry Meyssan : La faiblesse des États-Unis est certaine. Ils avaient prévu de réaliser une démonstration de force en attaquant en même temps la Libye et la Syrie. En définitive, ils n’en ont pas été capables. Aujourd’hui, leurs armées sont peu efficaces et ils ne parviennent pas à les réorganiser. Cependant, ils sont toujours de très loin la première puissance militaire du monde et parviennent ainsi à imposer le dollar, malgré une dette extérieure sans équivalent historique.

Au cours des dernières années, la Chine et la Russie ont considérablement progressé tout en évitant un affrontement direct. Pékin est devenu la première puissance économique du monde, tandis que Moscou est à nouveau la seconde puissance militaire. Ce processus va se poursuivre car les dirigeants chinois et russes ont montré leur capacité tandis que les dirigeants états-uniens ont montré leur incapacité à s’adapter. Je suis par contre sceptique sur le développement de l’Afrique du Sud, du Brésil et de l’Inde. Ils se développent pour le moment économiquement, mais je ne vois pas leurs ambitions politiques.

Les élites globales sont divisées. Il y a ceux qui pensent que l’argent n’a pas de patrie et que Washington sera remplacé par un autre, et ceux qui estiment tenir de leur force de la puissance militaire menaçante du Pentagone.

Geopolitika : Compte tenu des informations dont vous disposez et la crédibilité de vos analyses, nous serions intéressés à connaitre votre opinion concernant la politique du gouvernement de la Serbie qui mène avec persistance le pays vers l’Union Européenne, sans aucun enthousiasme de son peuple, et qui a accepté, pour arriver à ce but, de participer avec Bruxelles et Washington, dans la destruction de la résistance serbe à la sécession albanaise au Kosovo et Métochie.

Thierry Meyssan : L’actuel gouvernement serbe ne comprend pas notre époque. Il réagit toujours comme si la Russie était encore gouvernée par Boris Eltsine et ne pouvait pas l’aider. S’étant lui-même fermé la porte du Kremlin, il n’a d’autre choix que de se tourner vers l’Union européenne et d’en payer le prix. Il porte désormais le poids de la honte de l’abandon de la résistance serbe.

À vrai dire, il n’est pas le seul État des Balkans dans cette position. La Grèce et le Monténégro devraient identiquement se tourner vers la Russie et ne le font pas. Sans aucun doute, on peut dire que la plus grande victoire de l’impérialisme, c’est d’être parvenu à diviser et à isoler les peuples jusqu’à ce qu’ils croient ne plus avoir le choix de leur politique.

Geopolitika : Dans votre dernière interview pour Geopolitika, vous aviez dit que les membres de l’UÇK du Kosovo avaient entrainé un groupe de combattants en Syrie au terrorisme. Est-ce que l’UÇK et les Kosovars sont toujours actifs dans la lutte contre le président Assad et les organes légitimes de la Syrie ? Est-ce que vous avez des informations sur la participation chez les islamistes des musulmans de Bosnie, de Kosovo et Métochie et du la région de Serbie où vit une majorité musulmane (ville de Novi Pazar) ?

Thierry Meyssan : Les jihadistes qui se battent en Syrie ont revendiqué sur leurs sites internet avoir reçu une formation de l’UÇK et ont posté des photos de leurs relations. Tout cela était évidemment organisé par les services secrets turcs, le MIT, dont le chef actuel, Hakan Fidan, était l’agent de liaison entre l’armée turque et l’état-major de l’Otan durant la guerre du Kosovo.

De la même manière nous savons que de nombreux jihadistes en Syrie viennent des Balkans. Mais ce phénomène ne semble plus alimenté par la Turquie. Actuellement, la police et la justice turque mènent une opération contre le gouvernement Erdoğan. Ils sont parvenus à mettre en lumière les relations personnelles du Premier ministre avec le banquier d’Al-Qaida, qu’il recevait secrètement à Istanbul alors que celui-ci figurait sur la liste des personnes recherchées par l’Onu. De la sorte, la Turquie finançait les actions d’Al-Qaïda en Syrie. M. Erdoğan prétend être victime d’un complot de son ex-associé, le prédicateur musulman Fethullah Güllen. Il est probable qu’en réalité, celui-ci s’est allié à l’armée kémaliste contre M. Erdoğan qui s’est révélé, quoi qu’il prétende, être toujours un membre des Frères musulmans.

Au début, des États membres ou proches de l’Otan ont incité des musulmans à partir faire le jihad en Syrie. Aujourd’hui, ils s’inquiètent de voir revenir ces gens chez eux. Car des personnes qui ont violé, torturé, coupé d’autres personnes en morceaux et les ont exhibés, ne peuvent pas revenir collectivement à une vie civile normale.

Lorsque la CIA a créé le mouvement jihadiste contre l’union Soviétique en Afghanistan, le monde n’était pas encore globalisé. Les voyages étaient beaucoup moins nombreux et donc plus surveillés. Il n’y avait d’Internet. La CIA pouvait manipuler des musulmans en Afghanistan sans craindre de les voir déborder ailleurs. Aujourd’hui, ce que l’Otan a initié en Syrie s’est développé tout seul. Il n’est plus besoin d’organiser des filières pour que des jeunes gens rejoignent d’eux-mêmes les Contras en Syrie. On a tellement répété que la Syrie était une dictature que tous le croient. Et c’est romantique d’aller combattre une dictature.

De nombreux gouvernements européens demandent aujourd’hui à la Syrie de les aider à identifier leurs ressortissants parmi les jihadistes. Mais comment la Syrie le ferait-elle et pourquoi rendrait-elle ce service à ceux qui ont tenté de la détruire ? La guerre va progressivement s’éteindre en Syrie, les jihadistes vont revenir chez eux, y compris en Europe, et ils y poursuivront la guerre pour laquelle les Européens les ont formés.

Au demeurant, cette situation ne pourra pas avoir de solution pacifique, car si l’Otan gagnait en Syrie et renversait l’administration Al-Assad, ce serait pire. Ce serait un signal à tout les apprentis jihadistes en Occident pour tenter chez eux ce qui viendrait de réussir au Proche-Orient. L’Occident et le CCG ont accouché de monstres avec les crimes desquels nous allons devoir vivre.

Par Slobodan Eric sur www.voltairenet.org le 15/02/2014
Traduction par Svetlana Maksovic

lundi 17 février 2014

Washington toujours à la manœuvre en Syrie et à Genève

La seconde session de la Conférence de Genève 2 vient de s'ouvrir sur une tonalité bien différente de la première. L'ambassadeur US, Robert S. Ford, n'est plus aux commandes de la délégation de l'« opposition » et on ignore qui est désormais en charge de la Syrie pour Washington. Quoi qu'il en soit, cette délégation est arrivée avec une « Déclaration de principes de base » [1] visant à retourner à Damas le piège que Walid Mouallem lui avait tendu lors de la première session : l'obliger à répondre sur son propre terrain. Damas voulait parler de lutte contre le terrorisme, l'« opposition » lui répond avec une description détaillée de la composition et de la mission de l'Organe de gouvernement de transition.

C'est d'autant mieux joué que, durant la première session, M. Mouallem s'adressait à l'opinion publique intérieure syrienne, et parfois au monde arabe, mais jamais aux Occidentaux. S'il avait voulu toucher ce public, il aurait dû commencer par s'appuyer sur le droit international avant d'aborder la manière de le faire appliquer : lutter contre le terrorisme. Mais, cherchant d'abord à étayer la légitimité de Damas, il s'est attaché à montrer les crimes perpétrés par les jihadistes soutenus par l'« opposition » et les visées coloniales de John Kerry.

Occupant le terrain vide, les États-Unis ont dicté à l'« opposition » une Déclaration qui s'appuie sur les résolutions du Conseil de sécurité et le Communiqué final de Genève 1, c'est-à-dire sur des textes acceptés par tous les États sponsorisant la conférence de paix.

Cette Déclaration décrit d'abord ce que devrait être cet Organe. Bien sûr, il sera neutre, inclusif —c'est-à-dire comprenant toutes les composantes de la société syrienne—, pacifique —c'est-à-dire qu'il mettrait fin à la guerre—, et garant de l'intégrité territoriale du pays. Sa fonction sera de créer un environnement permettant au peuple syrien d'élaborer lui-même sa constitution et de désigner ses institutions.

Le premier problème de cette Déclaration est qu'elle contrevient à la pratique des groupes armés. Alors que la Coalition nationale s'exprime dans un langage parfaitement démocratique, les groupes qui se battent sur le terrain n'ont cessé de martyriser les minorités et de tenter d'imposer une organisation salafiste de la société. Certes, la plupart de ces groupes ne reconnaissent pas l'autorité de la Coalition, mais celle-ci n'a d'autre légitimité que leurs actions.

Au demeurant, chacun vit cette hypocrisie depuis le début de la crise ; les meilleurs orateurs pour la démocratie en Syrie étant les souverains absolus des dictatures du Golfe.

Le second problème de la Déclaration, c'est la manière de déterminer l'Organe de gouvernement. Washington souhaite l'imposer, comme il l'a fait dans bien d'autres pays. Il conçoit donc Genève 2 comme la conférence de Bonn sur l'Afghanistan : les grandes puissances négocieraient entre elles et désigneraient un Karzaï syrien. Damas, au contraire, ne cesse de citer le communiqué final de Genève 1 selon lequel « C'est au peuple syrien qu'il appartient de déterminer l'avenir du pays ». Par conséquent, non seulement la nouvelle constitution doit être validée par référendum, mais le résultat de Genève 2 ne pourra être mis en œuvre que s'il est ratifié que par le président el-Assad. Or, celui-ci s'est engagé à le soumettre à référendum.

Au demeurant, cette remarque renvoie à la légitimité de la délégation de l'« opposition ». Comme l'a fait remarquer Sergey Lavrov dans sa déclaration d'ouverture de la conférence, son actuelle composition contrevient au communiqué de Genève 1. Celui-ci stipule que « Le processus devra être entièrement ouvert afin que tous les segments de la société syrienne puissent exprimer leur avis pendant l'élaboration du règlement politique pour la transition. » Or, la délégation de l'« opposition » se résume à la seule Coalition nationale, alors-même que celle-ci a été désavouée par une grande partie de ses membres.

Le troisième problème de la Déclaration, c'est qu'elle contient la possibilité pour Washington d'organiser une succession à la serbe, en organisant une « révolution colorée ». La guerre du Kosovo s'est terminée par un cessez-le-feu suivi d'élections en Serbie. Par une habile campagne psychologique, la CIA fit élire un pro-américain. Puis, elle fit arrêter Slobodan Milošević et le fit juger à La Haye pour crimes contre l'humanité. Comme, au bout de deux ans, le Tribunal ne trouvait aucune preuve de l'accusation, Milošević fut assassiné dans sa cellule. En définitive, les Serbes se sont battus pour rien puisque aujourd'hui, ils ont perdu le Kosovo et sont gouvernés par ceux qui les ont bombardés.

La Déclaration comprend donc une étonnante contradiction : elle affirme que les Nations Unies doivent se déployer dès le début de la transition dans tout le pays, mais elle les tient à l'écart du processus. Au contraire, elle affirme que sa supervision reviendra aux « organisations indépendantes de la société civile internationale ». En Europe centrale et orientale, ces organisations s'appelaient Fredoom House, Open Society Foundation et National Endowment for Democracy (NED). La première est historiquement liée à la fois aux États-Unis et à Israël ; la seconde est dirigée par le spéculateur George Soros et sert les à la fois les intérêts des États-Unis et ceux d'Israël ; tandis que la troisième n'est pas une association, mais un organe commun des gouvernements états-unien, britannique et australien créé à l'initiative du président Ronald Reagan pour prolonger le travail de la CIA après les scandales des années 70. Ces organisations déversent, partout où elles le peuvent, des milliards de dollars pour corrompre les élites et acheter des États.

En juillet 2011, Washington avait envoyé en Libye une délégation officielle canadienne pour proposer identiquement une solution à la serbe : un cessez-le-feu suivi d'une période de transition durant laquelle les « organisations indépendantes de la société civile internationale » pourraient se déployer dans le pays. Face au refus de Mouamar el-Kadhafi, l'Otan avait décidé de passer en force.

En outre, la Déclaration stipule que l'Organe de gouvernement de transition établira des mécanismes pour rendre responsables « les personnes ayant commis des violations des Droits de l'homme et des lois de la Justice internationale ». Cette phrase vise directement à arrêter et à transférer à La Haye le président el-Assad, durant la période de transition, pour crimes contre l'humanité. Une procédure qui devrait se conclure, comme pour Milošević, par sa mort en cellule. Sans aucun doute, les candidats de Washington emporteraient les élections une fois le président el-Assad éliminé du jeu et les pseudos associations états-uniennes déployées sur le terrain.

Il reste donc beaucoup à discuter à Genève. Pendant ce temps, le président Obama a reçu le roi de Jordanie en Californie. Les deux hommes sont convenus de la manière dont l'armée en cours de constitution en Jordanie attaquera une nouvelle fois la Syrie. La guerre est planifiée par Washington jusqu'au 30 septembre 2014. Durant sept mois, l'« opposition » tentera de renverser le sort des armes et, au minimum, de prendre le Sud du pays pour y installer le siège d'un gouvernement provisoire. Il vaut toujours mieux avoir deux fers au feu.

Par Thierry Meyssan sur www.voltairenet.org le 17/20/2014
Source : Al-Watan (Syrie)

vendredi 14 février 2014

Deux Russes escaladent les 650m de la Shanghai Tower

Deux jeunes photographes Russes, qui se définissent comme des "ninjas urbains" et adeptes de sensations fortes, Vadim Makhorov et Vitaliy Raskalov, sont parvenus à monter clandestinement au sommet de la deuxième plus haute tour du monde, la Shanghai Tower
 
Les deux Russes, coutumiers des ascensions clandestines de gratte-ciel, principalement en Russie, disent avoir profité de l'interruption du chantier à la date du Nouvel An lunaire, le 31 janvier dernier, pour lancer leur spectaculaire expédition nocturne. « Ce jour-là il y avait un relâchement de la sécurité, les ouvriers étaient en congé et les grues étaient à l'arrêt », a expliqué sur son blog Vitaliy Raskalov.

Après avoir monté en près de deux heures les 120 étages du gratte-ciel, les deux Russes sont parvenus à une plateforme au sommet de la tour, et de là ont encore escaladé l'immense grue surplombant la structure. La vidéo, dans laquelle on les voit prendre des positions périlleuses au-dessus de la ligne des nuages et de la pollution qui recouvre la mégalopole chinoise, est angoissante.
 
Sur www.batiweb.com le 14/02/2014
 
 

mercredi 12 février 2014

Les Syriens sont en colère et n’attendent plus grand-chose de Genève 2 !

La deuxième session de Genève 2 a débuté par un énième massacre qui a emporté 42 citoyens syriens à « Maan », petit village dans la banlieue Nord Est de Hama [1]. Des femmes, des personnes âgées et des enfants immolés et passés au fil de l'épée wahhabite, pour que les négociations du lendemain soient perturbées par la propagande mensongère qui tue tout espoir de paix.

 Encore un massacre ayant sélectionné sa cible sur la base de son appartenance « ethnique ou religieuse » ; appartenance incompatible avec un « État Juif » dans les parages, et tout aussi incompatible avec les plans de partition du Moyen-Orient sur cette même base. Plans désormais notoirement concoctés, puis mis à exécution, par la triade « États-Unis, Arabie saoudite, Turquie », sans oublier tous leurs alliés qui les couvrent dans l'espoir d'en tirer profit. Mais, n'attendez pas que les communiqués officiels syriens vous précisent de quelle minorité ethnique ou religieuse il s'agit cette fois-ci. En Syrie, on ne parle jamais de cela… c'est ainsi !

 Les Syriens sont en colère et considèrent, dans leur très grande majorité, qu'il est inutile de négocier avec les assassins et leurs commanditaires [2]. Pour eux, de Jisr al-Choughour à Maan, en passant par Alep, Khan al-Assal, Al-Houla, Karm al-Zaytoun, la Ghouta de Damas, Lattaquié, Ma'aloula, Adra, etc., les responsables de tous ces monstrueux massacres sont les mêmes. Et la clique des prétendus opposants syriens, censée les représenter à Genève 2, n'est composée que de complices vendus aux « wahhabites sionisés » qui ne s'en cachent même plus.

Les Syriens sont en colère, car ce énième massacre – perpétré à la veille d'une énième rencontre internationale – vient prouver que ceux qui se targuent de parler au nom de la communauté internationale ne veulent pas de « solution politique » à leur tragédie. Au contraire, ils s'efforcent par tous les moyens de satisfaire les exigences de leurs bailleurs de fonds à Riyad, Doha, Ankara, Washington, Paris et Tel-Aviv… Exigences qui se résument à détruire la Syrie !

 Les Syriens sont en colère, et les raisons de cette colère sont plus que claires après avoir entendu la conférence de presse impromptue, accordée par Mr Fayçal al-Mikdad, en pleine rue, dès son arrivée à Genève, ce 10 Février 2014. Certains passages sont en anglais, les questions ne sont pas toujours audibles… En voici quelques extraits [NdT].


1. Qu'avez-vous à dire sur le massacre de Maan ?

J'éprouve une immense peine… Ce massacre a été perpétré hier [9 Janvier 2014]. Des groupes de terroristes armés ont envahi ce village qui a connu des attaques à répétition ces deux dernières années, mais où un petit nombre d'habitants était revenu depuis peu. Aux dernières nouvelles, le nombre de victimes approche la cinquantaine… Surtout des femmes et des enfants, exécutés de sang froid et à l'arme blanche… À l'heure qu'il est, leurs maisons sont en train d'être pillées et incendiées…

Une fois de plus, ce fait témoigne de ce qui a été systématiquement programmé par ces organisations terroristes et ceux qui les soutiennent aux niveaux régional et international. C'est cela l'avenir qu'ils voudraient pour la Syrie : des massacres à perpétuité !?

Nous sommes venus travailler pour la paix, et je vous affirme que nous ferons tout ce que nous pourrons pour arrêter ces massacres. Il le faut, car les Syriens n'ont plus confiance et n'attendent plus rien de ces négociations à Genève. C'est pourquoi, nous exigeons que la lutte contre le terrorisme soit la priorité de l'ordre du jour. C'est pourquoi [concernant le communiqué de Genève 1 du 30 Juin 2012, Ndt], nous devons procéder, pas à pas, pour arrêter les violences. Sinon, ce terrorisme envahira les pays voisins avant d'envahir le monde. Tel est le but de la délégation de la République arabe syrienne à Genève !

2. Mais l'opposition a déclaré que vous êtes responsables de ce massacre et du matraquage des civils par des barils incendiaires… que répondez-vous ?

Je réponds que ce sont là  des questions idiotes…

3. Existe-t-il le moindre terrain d'entente entre vous et la communauté internationale, pour remédier à ce terrorisme qui fait tant souffrir le peuple syrien au quotidien ?

Je suis persuadé que la communauté internationale, telle qu'on devrait l'entendre, n'est absolument pas d'accord avec ce terrorisme qui frappe la Syrie. Mais, entre communauté internationale et gouvernements existe une nette différence !

Les gouvernements qui ont trempé dans les massacres des Syriens ont d'autres priorités qui relèvent exclusivement d'objectifs politiques, à travers lesquels ils voudraient obliger la Syrie à abandonner ses prises de position face aux crises qui déchirent la région, et aussi à démolir les réalisations du peuple syrien ; lequel peuple, je vous l'affirme, soutient sans hésitation, directement ou indirectement, nos opérations de lutte contre le terrorisme…

4. Avez-vous abordé les problèmes vécus par Alep et Ma'aloula sur la table des négociations ?

Ces problèmes ont été abordés lors de toutes nos réunions précédentes, mais nous n'avons perçu aucune réaction, ni même une réelle orientation, visant à régler ces problèmes. Nous disons que nous devons discuter les articles du Communiqué de Genève 1, un par un, en commençant par le premier ! Et à ce stade je serais franc pour vous dire que n'avons aucune réserve pour discuter, le moment venu, de l'article concernant le « Comité du gouvernement de transition ». C'est là une priorité feinte que certains voudraient imposer… mais ce n'est pas la priorité !

5. Votre priorité est de combattre le terrorisme, mais il se peut qu'en face il y ait cette autre priorité d'un gouvernement provisoire…?

Ceux qui posent cette priorité se fichent éperdument de faire couler le sang syrien. Ils se fichent éperdument des massacres incessants commis par les groupes de terroristes qu'ils couvent, nourrissent, arment et remontent contre le peuple syrien. Ils posent cette priorité pour masquer le problème fondamental que traverse la République arabe syrienne : le terrorisme !

Dès ce matin, notre délégation a présenté un projet de communiqué appelant Monsieur Lakhdar Brahimi, ainsi que les Nations Unies, à condamner le massacre commis à Maan… à faire en sorte que ce terrorisme cesse… à mettre enfin la lutte contre le terrorisme à l'ordre du jour… Autrement, ces réunions ne seraient que palabres inutiles…

6. Quelle valeur accordez-vous aux dernières décisions prises par l'Arabie saoudite et concernant notamment le rappel des Saoudiens combattant en Syrie ? Considérez-vous cela comme un pas en avant ?

Franchement, je considère cela comme un pas en arrière… Cette loi émanant de l'Administration saoudienne qui prévient ses ressortissants, partis combattre en Syrie, qu'ils seront condamnés à quelque chose comme trois ou dix années d'emprisonnement, si j'ai bien compris, consiste à les inviter à ne pas rentrer en Arabie saoudite ! Il serait donc préférable pour eux de continuer à tuer et à terroriser en Syrie ou… de se suicider !

Même en admettant une éventuelle bonne intention de leur part, elle serait insuffisante… Nous leur disons, ainsi qu'à tous ceux qui financent le terrorisme, cette décision doit être globale. Autrement dit, qu'il ne suffit pas qu'elle vise tel ou tel peuple, mais qu'il faudrait qu'elle sanctionne tout autant les hauts fonctionnaires des différents états responsables de soutenir le terrorisme…

Ainsi, il est notoirement connu que nombre d'officiers et de militaires haut gradés, de différentes nationalités, sont présents en Arabie saoudite et en Jordanie… pour diriger les batailles qu'ils déroulent sur le territoire syrien. Nous demandons au Conseil de sécurité des Nations Unies de traiter sérieusement cette réalité. Ceci, en sachant que des états qui prétendent soutenir Genève 2 collaborent au sein de salles d'opération en Jordanie, en Turquie, et ailleurs, dans le seul but de continuer à tuer des Syriens.

7. Pensez-vous que le massacre de Maan nuira au dialogue en cours ?

Si d'aucuns pensent que la parole d'un peuple a une certaine valeur, croyez que le peuple syrien est en colère au point que nous craignons que ne faiblisse son soutien au processus de Genève, faute d'y croire devant l'absence de toute condamnation des massacres qu'il endure par ceux qui prétendent représenter son opposition ; ceci, quand elle ne se contente pas d'en accuser l'État syrien… Comme si cette opposition venait du néant – ce qui est le cas – sans rien entendre, ni comprendre à la Syrie ! Une opposition qui devrait admettre que la priorité des priorités, pour arriver à une solution politique et arrêter les violences, passe par la condamnation du terrorisme.

8. Est-ce que vous voulez dire que la délégation de l'opposition syrienne n'a avancé aucune solution sérieuse ?

Vous devriez poser cette question à l'émissaire onusien, M. Brahimi. Je n'ai pas à parler en son nom.

9. Quelle a été la réponse du gouvernent syrien à M. Brahimi quant au cessez-le-feu de votre côté, et à la formation d'un comité de gouvernement transitoire ? Vous êtes vous engagés sur ces deux sujets ?

Dès le début de la première session de Genève 2, nous avons abordé les modalités susceptibles de faire cesser les actions terroristes et toutes sortes de violence. Ensuite, nous sommes passés aux points suivants. Ici, je répète et insiste : tous les points suivants, dont celui concernant le « gouvernement transitoire ».

Ce point de discussion figure naturellement sur l'agenda de Genève. La philosophie de la situation et la rédaction du communiqué de Genève fait que nous devons en discuter rationnellement et sans détours. Ce qui implique, que nous étudiions d'abord le premier article du dit communiqué, avant de passer au septième concernant le « gouvernement transitoire ». Vous serez étonnés de la proposition que nous ferons une fois que nous y serons arrivés !

10. Qu'avez-vous à dire à Fabius, suite à ses déclarations en tant que ministre français des Affaires étrangères ?

Fabius n'a pas le droit de parler d' « humanité », parce qu'il n'est pas humain. Je dis clairement que la France, et particulièrement l'administration française actuelle, a largement contribué à faire couler le sang syrien, soutient le terrorisme par tous les moyens dont elle dispose, et consacre des millions d'euros pour tuer en Syrie.

C'est pourquoi ni Fabius, ni le gouvernement français, n'ont le droit de prétendre respecter les valeurs humaines ou la charte de l'Organisation des Nations Unies, la France étant de surcroît membre permanent du Conseil de sécurité ! Ils ont perdu leurs valeurs. Ils ont perdu leur liberté. Ils ont perdu leur humanisme… Tout cela, pour une poignée de dollars venus des états pétroliers de la région du Golfe arabique.

11. Qu'en est-il de la prison centrale d'Alep ?

Encore une fois, des organisations terroristes sont à l'œuvre en Syrie. Ce sont eux qui tuent des civils Syriens, le gouvernement syrien défendant son peuple ! Vous savez que des dizaines de milliers de terroristes ont attaqué la prison centrale d'Alep avec l'intention de tuer tous ceux qui s'y trouvaient. C'est de cela aussi que les médias doivent parler…

12. Je veux parler des 20 prisonniers décédés dans cette prison faute de soins ?

C'est vrai. Les groupes terroristes empêchent la livraison de nourriture depuis des mois. Mais nous avons signé un accord avec la Croix Rouge Internationale pour pouvoir faire passer quelques repas, en collaboration avec le Croissant rouge syrien. Mais voilà que les groupes armés sont revenus sur cet accord, ce qui fait que nombre de prisonniers meurent de faim.

Les prisonniers meurent de faim à cause du siège et des attaques répétées menées par des groupes armés contre la prison centrale d'Alep !

13. Il est clair qu'un complot vise la Syrie et que plusieurs états sont impliqués dans sa destruction. Que se passerait-il s'ils arrivaient finalement à la soumettre au Chapitre VII ?

Nous pensons que le chapitre VII ne passera pas ! C'est une mascarade et une manœuvre pour nous coincer et coincer nos amis.

Le chapitre VII devrait être utilisé contre les États-Unis qui soutiennent le terrorisme.

Le chapitre VII devrait être utilisé contre la France et la Grande Bretagne qui soutiennent le terrorisme de toutes leurs forces.

Le chapitre VII devrait être utilisé pour ceux-là qui ont été assassinés, hier, à Maan près de Hama.

Car, c'est pour protéger les peuples, non pour les tuer et servir les colonialistes, que nos pères – dont Farès al-Khoury – ont contribué à l'élaboration de la Charte des Nations Unies et de ce chapitre en particulier !

Dr Fayçal al-Mikdad, Vice ministre syrien des affaires étrangères et des expatriés.
Sur www.mondialisation.ca le 12/02/2014

dimanche 9 février 2014

Nucléaire: Téhéran et l'AIEA d'accord sur "sept nouveaux points"

L'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont réalisé dimanche une nouvelle avancée dans leurs négociations. Les deux parties se sont accordées sur "sept nouveaux points" pour tenter d'améliorer la transparence du programme nucléaire de Téhéran. Ils devront être appliqués d'ici le 15 mai.
 
Ces mesures "initiales" doivent être soumises aux instances dirigeantes de l'AIEA par son directeur général, le Japonais Yukiya Amano. L'Iran a indiqué qu'une visite à la base militaire de Parchin, près de Téhéran, ne faisait pas partie du nouvel accord. Cette visite est réclamée depuis 2012 par l'AIEA. La base de Parchin est soupçonnée d'avoir abrité des tests d'explosions conventionnelles applicables au nucléaire.
 
Les discussions, qui avaient débuté samedi à Téhéran, sont le prolongement d'une feuille de route établie en novembre. Elle prévoyait six premières étapes à accomplir par Téhéran d'ici mardi, dont la visite d'experts de l'Agence à l'usine de production d'eau lourde d'Arak.
 
Détonateurs
 
M. Amano a affirmé en janvier qu'après ces premières mesures, il était temps d'aborder la question hautement sensible de déterminer si Téhéran a, ou non, cherché à se doter de la bombe atomique avant 2003, voire ultérieurement.
 
Téhéran doit en outre s'expliquer sur le développement de détonateurs pouvant être utilisés dans le nucléaire. Dans un rapport de novembre 2011, l'agence affirmait que la mise au point de ces détonateurs était "un motif de préoccupation" en raison de "son application possible dans un dispositif nucléaire explosif".
 
L'Iran doit également communiquer des informations "actualisées" - les dernières remontent à mai 2006 - sur la construction du réacteur à eau lourde d'Arak, qui utilise la filière du plutonium.
 
Appel à la tolérance
 
De son côté, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a renouvelé samedi sa confiance au président Hassan Rohani, demandant "de la tolérance" aux responsables politiques qui critiquent les négociations avec les grandes puissances sur un accord nucléaire.
 
Le 09/02/2014 sur www.romandie.com
 
 

jeudi 6 février 2014

Etendue stratégique de l'Iran

IRIB- le haut conseiller du Guide Suprême de la Révolution islamique pour les affaires de défense, le général Rahim Safavi le confirme :
" la profondeur stratégique de la RII [République Islamique d'Iran] s'étend jusqu'aux eaux méditerranéennes". " Le soutien de l'Iran à la Syrie et au Liban prouve où est située cette profondeur stratégique. si nos ennemis avaient réussi à déloger Assad, ils n'auraient pas tardé à s'en prendre au Liban puis à l'Iran." le haut conseiller a évoqué ensuite le péril takfiriste et la mort des milliers de syriens et d'autres musulmans dans des combats menés par ces terroristes : " les armes qui permettent aux takfiris de tuer les musulmans sont de fabrication israélienne et achetées et fournis par les monarchies rétrogrades du golfe Persique" . le général Savafi est revenu sur les années de guerre Irak/Iran, une guerre que les occidentaux ont déclenché pour affaiblir "nos deux peuples " et "remplir leurs poches de nos pétrodollars" : " nos ennemis avaient peur de voir l'influence iranienne s'étendre aux autres pays, à l'Egypte, à la Tunisie , à Bahreïn . or c'est de leurs propres mains et à travers le printemps qu'ils cherchaient à transformer en un vecteur d'hégémonie qu'ils ont aidé l'Iran à étendre son influence " 
 
Sur http://french.irib.ir le 06/02/2014