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mercredi 10 octobre 2012

Vers un retrait occidental de Syrie


Nikolay Bordyuzha met sur place une force de maintien de la paix de 50 000 hommes

La situation militaire en Syrie s'est retournée au détriment de ceux qui espéraient à Washington et à Bruxelles parvenir à changer le régime par la force. Les deux tentatives successives de prise de Damas ont échoué et il est désormais clair que cet objectif ne pourra pas être atteint.

Le 18 juillet, une explosion décapitait le Conseil de sécurité nationale et donnait le signal d'une vaste offensive de dizaines de milliers de mercenaires convergeant de Jordanie, du Liban, de Turquie et d'Irak sur la capitale. Après quelques jours de bataille acharnée, Damas était sauvée, la fraction de la population hostile au gouvernement choisissant par patriotisme d'aider l'Armée nationale plutôt que d'accueillir l'ASL.

Le 26 septembre, des jihadistes d'Al-Qaida pénétraient dans l'enceinte du ministère de la Défense, déguisés en soldats syriens et munis de faux papiers. Ils voulaient faire sauter leurs ceintures d'explosifs dans le bureau de l'état-major, mais ne parvinrent pas à proximité suffisante de leur cible et furent abattus. Une seconde équipe devait s'emparer de la télévision nationale et lancer un ultimatum au président, mais elle ne put s'approcher du bâtiment car son accès avait été bloqué dans les minutes suivant la première attaque. Une troisième équipe s'est dirigée vers le siège du gouvernement et une quatrième devait attaquer l'aéroport.

Dans les deux cas, l'OTAN, qui coordonnait les opérations depuis sa base turque d'Incirlik, espérait  provoquer une fracture au sein de l'Armée arabe syrienne et s'appuyer sur certains généraux pour renverser le régime. Mais les généraux en question avaient été identifiés comme traîtres depuis longtemps et privés de tout commandement effectif. Il ne s'est donc rien passé de significatif et le pouvoir syrien est sorti renforcé de ces deux coups ratés. Il a trouvé la légitimité intérieure nécessaire pour se permettre de passer à l'offensive et d'écraser rapidement l'ASL.

Ces échecs ont fait perdre leur superbe à ceux qui caracolaient par avance en affirmant que les jours de Bachar el-Assad étaient comptés. Par conséquent, à Washington, les partisans du retrait sont en train de l'emporter. La question n'est plus de savoir combien de temps le « régime de Bachar » tiendra encore, mais s'il est plus coûteux pour les États-Unis de continuer cette guerre ou de l'arrêter. La continuer, c'est provoquer l'effondrement économique de la Jordanie, c'est sacrifier ses alliés au Liban, c'est risquer la guerre civile en Turquie, et c'est devoir protéger Israël de ce chaos. L'arrêter, c'est laisser les Russes se réinstaller au Proche-Orient et c'est renforcer l'Axe de la Résistance au détriment des rêves expansionnistes du Likoud.

Or si la réponse de Washington tient compte du paramètre israélien, elle ne prend plus en considération l'avis du gouvernement Netanyahu. Celui-ci a fini par indisposer à la fois en raison de ses manipulations derrière l'assassinat de l'ambassadeur Chris Stevens et à cause de son ahurissante ingérence dans la campagne électorale US. En définitive, si l'on envisage la protection à long terme d'Israël et non pas les exigences extravagantes de Benjamin Netanyahu, la présence russe est la meilleure solution. Avec 1 million d'Israéliens russophones, jamais Moscou ne laissera mettre en péril la survie de cette colonie.

Un retour en arrière est ici nécessaire. La guerre contre la Syrie a été décidée par l'administration Bush, le 15 septembre 2001 lors d'une réunion à Camp David, comme l'a notamment attesté le général Wesley Clark. Après avoir été repoussée plusieurs fois, l'action de l'OTAN a dû être annulée en raison des vétos russe et chinois. Un « plan B » a alors été mis sur pied : recourir à des mercenaires et à l'action secrète puisque le déploiement de soldats en uniforme était devenu impossible. Cependant, l'ASL n'ayant pas marqué une seule victoire contre l'Armée arabe syrienne, beaucoup ont pronostiqué que le conflit serait interminable et minerait progressivement les États de la région, y compris Israël. Dans ce contexte, Washington a conclu le 30 juin un accord avec la Russie à Genève, sous la houlette de Kofi Annan.

Toutefois, le camp de la guerre a fait capoter cet accord en organisant des fuites dans la presse sur l'engagement occidental secret dans le conflit ; fuites qui ont contraint Kofi Annan à la démission immédiate. Le camp de la guerre a joué ses deux cartes maîtresses les 18 juillet et 26 septembre et a perdu. Dès lors, Lakhdar Brahimi, le successeur d'Annan, a été prié de ressusciter et de mettre en œuvre l'Accord de Genève.

Pendant ce temps, la Russie n'a pas chômé. Elle a obtenu la création d'un ministère syrien de la Réconciliation nationale, elle a supervisé et protégé la réunion à Damas des partis d'opposition nationale, elle a organisé des contacts entre les états-majors US et syrien, et elle a préparé le déploiement d'une force de paix. Les deux premières mesures ont été prises à la légère par la presse occidentale et les deux dernières ont été carrément ignorées.

Pourtant, comme l'a révélé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, la Russie a répondu aux craintes de l'état-major US relatives aux armes chimiques syriennes. Elle a pu vérifier que celles-ci étaient stockées dans des lieux suffisamment sécurisés pour ne pas tomber dans les mains de l'ASL, être détournées par des jihadistes et utilisées par eux aveuglément, sauf changement de régime. Elle a pu donner ainsi des garanties crédibles au Pentagone que le maintien au pouvoir d'un leader qui a prouvé son sang-froid comme Bachar el-Assad est une situation plus gérable, y compris pour Israël, que l'extension du chaos à la Syrie.

Surtout, Vladimir Poutine a accéléré les projets de l'Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC), l'Alliance défensive anti-OTAN réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et bien sûr la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTSC ont adopté une position commune sur la Syrie [1]. La logistique a été installée pour un éventuel déploiement de 50 000 hommes [2]. Un accord a été signé entre l'OTSC et le département onusien de maintien de la paix pour que des « chapkas bleues » puissent être déployées dans les zones de conflit sous mandat du Conseil de sécurité [3]. Et des manœuvres communes ONU/OTSC auront lieu du 8 au 17 octobre au Kazakhstan sous le titre « Fraternité inviolable » pour finaliser la coordination entre les deux organisations intergouvernementales. La Croix-Rouge et l'OMI y participeront [4].

Aucune décision ne saurait être officialisée par les États-Unis durant leur campagne électorale présidentielle. Dès que celle-ci sera terminée, la paix sera envisageable.

Par Thierry Meyssan, Global Research sur www.mondialisation.ca le 10/10/2012

Source originale : Tichreen (Syrie)

[1] « Министры иностранных дел государств-членов ОДКБ одобрили заявления по Сирии и ситуации вокруг Ирана », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012.
[2] « Путину предлагают ввести войска в Сирию », Izvestia, 1er juin 2012.
[3] « ОДКБ и ООН подписали Меморандум по миротворческой деятельности », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012. « Conflits armés : l'ONU et l'OTSC signent un mémorandum », RIA Novosti, 29 septembre 2012.
[4] « Первое миротворческое учение государств-членов ОДКБ "НЕРУШИМОЕ БРАТСТВО-2012″ пройдет с 8 по 17 октября в Республике Казахстан на трех полигонах под Алматы », Communiqué de l'OTSC. 3 octobre 2012

mercredi 4 juillet 2012

Afghanistan : l'armée française transfère officiellement la Kapisa aux afghans


L'armée française a officiellement transféré mercredi aux forces afghanes le contrôle de la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul, le dernier territoire, particulièrement instable, dont elle avait la responsabilité en
Afghanistan. Ce passage de témoin est une étape importante sur la voie du retrait des troupes françaises d'Afghanistan, que le président François Hollande a décidé d'accélérer en ordonnant le rapatriement d'ici la fin 2012 de 2.000 des 3.550 soldats déployés dans le pays.

Le transfert de la
Kapisa, annoncé le 13 mai dernier par le président afghan Hamid Karzaï, a été entériné à la mi-journée lors d'une cérémonie dans la capitale provinciale Mahmood-e-Raqi, en présence de représentants des pays de l'Otan et afghans, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Le drapeau afghan y a été hissé sur un mât placé devant le siège des autorités provinciales, en remplacement de celui de la force de l'Otan (Isaf, sous la bannière de laquelle sont déployés les soldats français). "C'est un pas important pour l'Afghanistan vers l'exercice de sa totale souveraineté", s'est félicité l'ambassadeur de France en Afghanistan, Bernard Bajolet, à l'issue de la cérémonie.

"Les progrès accomplis sont réels..."

"Les forces françaises tournent une page importante en Kapisa, mais pour autant la France ne va pas quitter la province puisqu'elle va continuer les projets d'aide lancés notamment en matière d'éducation, de santé, d'électrification et d'agriculture", a-t-il souligné. "C'est un jour hautement symbolique pour la Kapisa comme pour l'armée française", a de son côté indiqué le général Éric Hautecloque-Raysz, commandant des forces françaises en Afghanistan, en estimant que "les progrès accomplis sont réels et devraient permettre d'envisager l'avenir avec optimisme et sérénité". Depuis 2008, les soldats français sont essentiellement déployés à Kaboul et dans le district de Surobi et la Kapisa, tous deux proches de la capitale.
La mission en Kapisa, très infiltrée par les rebelles, est considérée comme la plus difficile pour les Français en Afghanistan depuis leur arrivée dans le pays à la fin 2001, et les affrontements avec les rebelles s'y sont multipliés. Après plusieurs attaques meurtrières pour les Français, l'ancien président Nicalos Sarkozy avait décidé d'anticiper à 2013 le retrait des forces combattantes françaises. Après son élection en mai dernier, son successeur Français Hollande a décidé d'avancer cette échéance à la fin 2012, soit deux ans avant la date de retrait prévu des forces combattantes de l'Isaf.

La France a déjà transféré Surobi 
 
En avril, la France, cinquième pays contributeur de l'Isaf en nombre de soldats, avait transféré aux Afghans le contrôle de Surobi, bien plus calme que la Kapisa, un premier pas important sur la voie du retrait. Les 1.550 soldats français qui resteront en Afghanistan après la fin 2012 seront notamment chargés de former les forces locales, démonter certaines bases et organiser le rapatriement de milliers de véhicules et conteneurs de ces deux territoires jusqu'à Kaboul puis la France.

L'Otan prévoit de retirer toutes ses forces combattantes du pays et de rendre le contrôle de sa sécurité aux forces afghanes d'ici la fin 2014. Mais de nombreux d'experts doutent de la capacité de ces dernières à sécuriser elle-même le pays, notamment des zones telles que la
Kapisa, après le départ des Occidentaux qui les forment depuis dix ans.

Publié le 04/07/2012 sur http://lci.tf1.fr


samedi 30 juin 2012

Point de vue sur la Syrie par un journaliste indépendant

Pendant la guerre d'Irak, lors de l'attaque de Bagdad un blindé de l'OTAN a fait délibérément feu sur l'hôtel où étaient réfugiés les journalistes. A l'époque, lors de l'instruction du dossier le commandant du char a fait valoir qu'il s'était trompé de cible. Il y a quelques jours nos confrères ont trouvé la mort fusillés d'une balle dans la nuque par les paras habillés en treillis et aux allures des militaires professionnels. Cette fois-ci cela s'est passé en Syrie. Ce rapprochement que nous avons opéré cherche à prouver que les représentants des médias ne sont plus traités comme une partie neutre par les troupes occidentales et leurs Alliés. La théorie de la guerre veut que l'information puisse porter des fruits autrement plus dévastateurs qu'un simple tir de mortier. Les événements en Russie des années 90 tout comme d'ailleurs l'avènement des bolcheviks quelques 80 ans plus tôt le prouvent de façon incontestable. La théorie de l'information et de l'utilisation des masses-média à des fins militaires a été créé par les Allemands qui ont su plonger la Russie dans le chaos en la faisant sortir des rangs des Alliés pendant la Première Guerre mondiale. Cette théorie a été ensuite développée par Rudolph Hess, élève de Haushofer et peaufinée par les Américains dans le cadre du projet dissident dit projet Harvard qui a causé beaucoup de calamités dans la Russie eltsinienne.

La Syrie est devenue un enjeu, un lieu de combat où se jouent tous les scénarios de la prochaine guerre. Les grands maîtres s'essaient autour de cet échiquier stratégique. Les joueurs sont nombreux – la Russie, la Chine, les États-Unis, l'Europe, la Ligue arabe, etc. Seulement les uns cherchent à préserver coûte que coûte la paix et les autres rêvent d'en découdre. En fait les rôles sont distribués depuis les croisades. La Russie est un pays en voie de développement qui à plusieurs reprises a failli se retrouver à la place de la Syrie: au cours des guerres de Napoléon, au moment de la Première Guerre mondiale, à la Seconde Guerre et après la débâcle communiste. A chaque fois le danger venait de l'Occident. Et à chaque fois c'était bien sûr pour civiliser les barbares russes… Même Hitler le mettait dans sa propagande. Nous avons évoqué ces faits pour que vous compreniez qu'après avoir eu la chance de se défendre et d'avoir pris leur essor, les Russes veulent prêter main forte aux autres pour ne pas se retrouver touts seuls face à l'Occident qui cherche à pérenniser son pouvoir. Cela explique la sympathie à l'égard des peuples opprimés y compris les Syriens. Les mobiles de l'Occident sont autrement plus pragmatiques : contrôle du pétrole et du gaz naturel de la région, déstabilisation au nom du chaos pour rafler la mise économique. Barak Obama a bien déclaré que le pôle économique du Vingt-et-unième siècle doit se trouver en Californie sur la côte Est des États-Unis. Pour ce faire il faut détruire les autres pôles ensemble avec leurs États et économie. A la fin il ne doit en rester qu'un seul !

Thierry Meyssan est une figure de proue du journalisme international indépendant. Créateur du réseau internet Voltaire qui accueille plus de 2,5 Millions de visiteurs au quotidien, il est toujours aux premières loges de l'actualité. Cette fois-ci, il est en Syrie où il a voulu se rendre pour tirer ses propres conclusions des faits exposés de façon controversée par les grands médias. Voici ce qu'il nous a livré au péril de sa vie comme vous vous en doutez :

La Voix de la Russie. Monsieur Meyssan, merci d'être avec nous sur les ondes de la Voix de la Russie. Vous êtes au cœur de l'actualité proche-orientale. Vous voyez les choses évoluer au jour le jour et pouvez témoigner de la situation à Damas. Que pensez-vous de la mise en pratique du plan de Kofi Annan qui, d'après vous, a largement puisé dans l'initiative d'un Serge Lavrov, chef du Quai d'Orsay russe ?

Thierry Meyssan. Le plan Kofi Annan est la reprise du plan Lavrov. On a juste modifié une clause qui concerne le statut de la presse. Et c'était une bonne manière de faire puisque M. Lavrov avait réussi à trouver un accord avec la Ligue arabe. Donc cela pouvait paraître une plateforme de discussion correcte. Cependant au moment même où Monsieur Lavrov avait négocié cela avec la Ligue arabe, le président de séance de la Ligue à ce moment-là, c'est-à-dire le représentant qatari avait donné une conférence de presse, quelques minutes après celle de M. Lavrov en tenant des propos en totale contradiction avec le contenu du plan. Et aujourd'hui on est toujours dans la même situation, c'est-à-dire que tout le monde se réclame du plan Lavrov, maintenant du plan Annan, mais certaines parties au conflit s'expriment d'une manière qui ne laisse aucun doute sur leur refus de l'appliquer. Parce que les bases de cette idée, du plan de paix, est que tout le monde doit cesser le feu de manière unilatérale. On ne doit pas attendre que les autres fassent une démarche et descendre progressivement. Chacun doit s'arrêter de tirer. Or, l'armée syrienne a fait des efforts considérables, s'est retirée des grandes villes malgré les protestations des gens, des manifestations – non pas contre l'armée mais des manifestations pour l'armée ; des gens réclamant la protection militaire face aux groupes des mercenaires. Et puis en face il n'y a pas du tout d'arrêt, les actions commandos continuent. Il y a beaucoup d'actions ciblées soit pour détruire l'infrastructure, soit assassiner des responsables de l'État ou des personnes qui ont manifesté leur soutien au pays.

La Voix de la Russie. Est-ce que d'après vous il subsiste ne serait-ce qu'une infime chance de pacification de la Syrie ?

Thierry Meyssan. Oui ! La chance, elle est toute simple ! Si les armes et l'argent arrêtait d'arriver de l'étranger… Si on arrêtait d'envoyer des mercenaires… Il y a constamment des mercenaires qui franchissent la frontière avec la Turquie comme l'a souligné le représentant russe au Conseil de Sécurité. On a transféré des combattants qui étaient en Libye vers la Turquie en utilisant d'ailleurs les moyens des Nations Unies. On a installé un camp des prétendus réfugiés qui est en fait une base arrière de cette pseudo-armée syrienne libre. Et puis constamment ces gens franchissent la frontière et viennent pour commettre des crimes sur le territoire syrien. Donc si on arrêtait ce soutien extérieur aux bandes armées, il ne resterait plus rien ! Après on va se retrouver dans une situation normale avec un gouvernement qui est largement majoritaire, une opposition qui existe, qui a les moyens de s'exprimer, qui fait sont travail d'opposition, qui propose des nouvelles choses, etc. Il y aurait un débat démocratique comme cela existe dans de nombreux pays. Là quand se réunit maintenant le groupe de contact initié par la Russie, la question est est-ce que les États-Unis qui sont la puissance titulaire à la fois de l'Occident et du Conseil de Coopération du Golfe, est-ce que les États-Unis vont demander leurs alliés d'arrêter ce jeu en sous-main ? Ou est-ce qu'ils vont au contraire continuer à les encourager à jeter de l'huile sur le feu ?

La Voix de la Russie. Une autre question, cette fois-ci beaucoup plus délicate, plusieurs de nos confrères, journalistes d'une télévision locale, ont été sauvagement assassiné par la prétendue Armée libre syrienne soutenue par la Turquie et les Occidentaux. Croyez-vous qu'on s'attaque à la presse pour créer un blocus médiatique, pour priver les citoyens des pays occidentaux et arabes de toute information véridique ? Quels ont été les mobiles de ces criminels ?

Thierry Meyssan. Je pense qu'il y a deux éléments qui vont ensemble. D'une part, au cours des vingt dernières années, nous avons vu les mêmes scènes se reproduire successivement en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye et maintenant en Syrie. Il y a des puissances qui systématiquement détruisent les médias des pays qu'ils attaquent. Et c'est simple. Il y a constamment derrière cela les États-Unis et l'OTAN. Personne d'autre ne se comporte comme ça dans le monde. Il n'y a pas de plus grand ennemi de la liberté d'expression que les États-Unis et l'OTAN. Quoi qu'on en dise, ce sont les faits qui le montrent.

Deuxièmement, il était prévu dans le cas particulier de la Syrie une immense campagne en décrochant des satellites les canaux syriens et en leur substituant des canaux qui étaient des programmes qui ont été fabriqués par la CIA qui a créé plusieurs chaînes satellitaires au cours des derniers mois. Donc l'idée c'était qu'on allait diffuser des images fictionnelles tournées dans les studios, des images de synthèse pour faire croire à l'effondrement de l'État syrien et pour que les gens en Syrie quand ils avaient branché leur télévision, au lieu de voir leur chaîne habituelle, ils auraient vu autre chose avec de fausses images. Et ils auraient pensé – voilà ! c'est trop tard ! Il faut se résigner, la patrie est perdue, elle est occupée par des forces étrangères. Eh bien, ça ça n'a pas été possible parce qu'il y a eu d'abord une mobilisation incroyable dans le monde entier. Il y a des dizaines de très grands journaux qui ont consacré des pages entières à ce sujet… Il y a eu des centaines de sites internet qui ont véhiculé tous les détails de cette opération. Finalement le MilSat avait refusé d'enlever les chaînes syriennes de son satellite. La Ligue arabe a été forcée de reculer avec ArabSat. Les Syriens ont installé sur de nouveaux satellites leur télévision… Enfin ils ont saisi le Conseil de Sécurité avec une lettre très importante sur ce sujet. Et surtout M. Lavrov a inscrit comme point numéro un à l'ordre du jour de la réunion du groupe de contact l'arrêt immédiat de la guerre médiatique contre la Syrie.
Alors l'OTAN s'est vengée comme ça. Ils ont envoyé un commando. Cette télévision était installée à une quinzaine de kilomètres à la sortie de Damas, à la campagne, en fait. C'était un lieu pas du tout défendu. Le commando était arrivé – des gens avec des systèmes de visée nocturne, avec tout ce qu'il faut. Ils ont tué les gardiens. Il y avait juste 4 gardiens. Ils sont rentrés. Ils ont arrêté 3 présentateurs qu'ils ont ligotés et qu'ils ont exécutés sur place. Et puis après ça ils ont mis le feu. Ils ont fait tout sauter. Maintenant ce ne sont que des gravois cet endroit-là. Il y a juste un bâtiment qui est encore debout.

Encore une fois ce n'est pas nouveau. Les États-Unis et l'OTAN font ça partout depuis 20 ans. C'est quelque chose d'incroyable. Parce que ce sont les mêmes personnes qui pratiquent ces actes barbares et qui dans les organisations internationales se présentent comme les défenseurs de la liberté d'expression ! C'est le monde à l'envers ! La réalité nous dit l'inverse de leurs paroles ! Et pour nous, journalistes, ceci devient impossible à vivre. C'est bien clair. Si toute personne qui veut s'opposer à cet impérialisme et qui se retrouve dans un pays qui n'a pas les moyens importants pour se défendre est désormais en danger.

La Voix de la Russie. Et qu'en est-il de la position de la France par rapport à la Syrie. On voit François Hollande louvoyer à tous les vents et zigzaguer sans cesse comme s'il ne savait à quel saint se vouer… Qu'est-ce que vous en dites ?

Thierry Meyssan. Comme vous dites : François Hollande zigzague et louvoie. C'est-à-dire qu'il ne sait pas quelle est sa politique ; Il essaie de suivre son mouvement. Il se rend bien compte que la position officielle sur la Syrie n'est pas tenable. Mais en même temps il n'est pas capable d'en dégager une autre. Il n'est pas capable de ça parce qu'il n'a pas de marge de manœuvre. Il accepte que la France continue comme au cours du mandat de Nicolas Sarkozy à être le suiveur des États-Unis. Comment pourrait-il énoncer une nouvelle politique dans ces conditions ? Il a à côté de lui l'administration du Quai d'Orsay, les diplomates français qui ne cessent de lui répéter que nous commettons une erreur très grave avec la Syrie. Que normalement la France et la Syrie devraient être alliés comme c'était le cas dans le passé. La France a été la puissance mandataire pendant l'entre-deux-guerres ici. Il y a une incapacité à s'adapter. Cette incapacité, elle s'est exprimée clairement lors de la première rencontre de François Hollande et de Vladimir Poutine à l'Élysée. C'était quelque chose d'un peu grotesque en fait! Les deux Chefs d'État ont fait une liste de sujets à aborder dont la Syrie qui occupait une grande part de la discussion. Et ils n'ont trouvé aucun point d'accord. C'est honteux ! Aucun point d'accord ! Pourquoi ? Parce que sur chaque sujet Vladimir Poutine exprimait les demandes de la Russie en les argumentant. Nous voulons ceci parce que cela… Et il donne ses arguments. Et en face il y avait un François Hollande qui lui répondait : « Nous pensons que… » Sans arguments.. ! C'est-à-dire il n'y a rien à négocier. C'est juste l'affrontement d'un point de vue borné en face d'une position ouverte. Et quand on a abordé plus précisément la question syrienne, ceci est devenu encore plus ridicule ! Puisque le Président français a évoqué seize mille morts dont serait responsable le gouvernement, etc. Le Président Poutine lui demanda : « Mais d'où tenez-vous ces chiffres ? De l'Observatoire syrien des droits de l'homme ? Mais nous avons envoyé notre ambassadeur à Londres. Il a vu ces gens –là : c'est un marchand de kebab avec une petite échoppe. C'est ça la source des renseignements français ? La Russie pendant ce temps, nous avons cent mille Russes qui sont déployés sur l'ensemble du territoire syrien ! Rien ne nous échappe ! Nous pouvons tout vérifier ! Et nous pouvons vous affirmer évidemment que ce que raconte ce marchand de kebab à Londres n'a aucune valeur ! »

Il est incontestable que monsieur Meyssan agit en citoyen et journaliste responsable. Il n'a pas peur de mettre sur la sellette l'OTAN et parle sans ambages de l'incompétence de la présidence française.
Nous espérons tous que ses efforts soutenus également par La Voix de la Russie vous permettent de comprendre et de suivre le fil de l'actualité pour ne pas vous faire leurrer par les bureaucrates qui considèrent les gens comme pions sur leur échiquier stratégique. Ensemble avec le réseau Voltaire, en France comme à l'étranger La Voix de la Russie continuera à vous donner les informations non engagées que cela plaise ou non aux grands décideurs.

Le 30/06/2012 sur http://french.ruvr.ru

vendredi 8 juin 2012

Les tambours de guerre se font entendre

Les tambours de guerre se font à nouveau entendre à Washington. Cette fois-ci, c'est la Syrie qui semble être dans la ligne de mire, après qu'un massacre qui a entraîné la semaine dernière la mort d'une centaine de personnes. Comme nous pouvions nous y attendre, après l'annonce d'une politique de 'changement de régime' en Syrie, la réaction des Etats-Unis fut de blâmer le gouvernement Syrien pour la tragédie, de renvoyer les diplomates Syriens présents à Washington, et de menacer la Syrie d'une intervention militaire, que les Nations-Unies soient d'accord ou non. Il est clair que l'idée que l'administration des Etats-Unis soit encline à respecter la Constitution et soumettre sa décision d'entrer en guerre au Congrès paraît plus anachronique aujourd'hui qu'elle ne l'était sous la précédente administration.

Bien qu'il se pourrait que le gouvernement Syrien soit effectivement responsable des évènements s'étant déroulés la semaine dernière, il semblerait que les plus récentes attaques aient été portées par des rebelles armés liés à Al- Qaïda. Les enjeux sont tels qu'il serait selon moi bien plus sage d'attendre les résultats de l'enquête avant d'en dire plus – à moins que la vérité soit moins importante que la volonté de manipuler le public en faveur d'une attaque de la Syrie par les Etats-Unis.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles se montrer sceptique face aux déclarations faites par le gouvernement Américain dans les médias. Combien de fois a-t-il, jusqu'à présent, utilisé mensonges et exagérations afin de partir mener le combat en terres étrangères ? Il n'y a pas si longtemps, on nous disait encore que Kadhafi planifiait le génocide du peuple Libyen, et que le seul moyen d'y faire face était d'employer la force militaire.

Avant même que ces déclarations n'aient été prouvées comme étant totalement infondées, les Etats-Unis et l'OTAN avaient déjà bombardé le pays, détruit ses infrastructures, tué de très nombreux civils et laissé derrière eux la place à un groupe de violents bandits.

De la même manière, de nombreux mensonges ont été contés au peuple Américain en 2003 afin de gagner son support en faveur de la guerre en Irak – vous souvenez-vous de ces histoires faisant mention de drones transatlantiques et d'armes de destruction massive ? Les avocats de la guerre ne comprennent rien aux complexités de la société Irakienne, ni à ses différences tribales et religieuses.

En conséquence, l'Irak n'est plus aujourd'hui qu'un champ de bataille où le chaos est roi, sa population Chrétienne ayant été éradiquée, et son économie propulsée plusieurs dizaines d'années en arrière. Une guerre inutile menée grâce au pouvoir du mensonge et de la manipulation ne pourrait pas se terminer autrement.

Il y a un peu plus longtemps de cela, on nous récitait d'autres mensonges à propos du génocide et des massacres au Kosovo, simplement pour frayer un chemin à la campagne de bombardement menée par le président Clinton contre la Yougoslavie. Plus de 12 ans après les faits, cette région du monde est toujours aussi dangereuse et instable qu'elle ne l'était avant l'intervention des Etats-Unis – et des troupes militaires Américaines y sont toujours déployées.

L'histoire que l'on nous conte du massacre Syrien ne cesse de changer, ce qui devrait éveiller les soupçons. En premier lieu, nous avons pu entendre qu'il aurait été commandité par le gouvernement et que les dégâts auraient été causés par des tirs d'obus, avant qu'une enquête ne dévoile que la plupart des victimes avaient été abattues à bout portant ou à l'aide de couteaux et objets tranchants. Personne n'a pris le temps de nous expliquer pourquoi les forces gouvernementales se seraient personnellement rendues de maison en maison pour ligoter les mains de leurs habitants avant de les assassiner puis de laisser les rebelles se charger des pires barbarismes. Personne ne semble vouloir poser ni répondre à ces questions, mais il serait sage que nous nous demandions qui bénéficie réellement de ces mensonges.

Ces quelques dernières semaines, nous avons entendre dans les médias que l'administration Obama apporterait son assistance 'non-mortelle' directe aux rebelles Syriens en y facilitant le transfert d'armes depuis d'autres pays du Golfe. Cette assistance semi-secrète aux rebelles dont nous ne savons que trop peu de choses menace de se transformer en une intervention ouverte. La semaine dernière, le général Martin Dempsey, directeur de Joint Chiefs of Staff, déclarait à ce sujet que 'l'option militaire devrait être considérée'. Moi qui croyais que cette décision reposait entre les mains du Congrès…

Nous voici engagés dans une course folle vers une guerre contre la Syrie. Il est temps que nous donnions un grand coup de frein.

Par Ron Paul* sur www.dailypaul.com le 8 juin 2012

* Ron Paul a participé aux primaires du parti républicain pour les élections présidentielles des USA. Classé dans la catégorie des outsiders, il a néanmoins fait figure de "troisième homme" de ces primaires avec 15% des intentions de votes dans les sondages.

lundi 28 mai 2012

L'Armée Syrienne Libre enrôle les enfants morts

Le bilan de la tuerie de Houla, selon un bilan confirmé par les casques bleus dépêchés sur place, s'établit à 92 morts dont 32 enfants. Selon la même source, ces personnes auraient été victimes d'obus de chars de l'armée syrienne.

Le sang froid du général Mood

Bien évidement, ce drame est l'occasion d'une vague de condamnations – et de menaces – à la hauteur de l'émotion – sincère ou politiquement intéressée – ressentie, et est exploité à fond par les ennemis de la Syrie pour obtenir enfin ce qu'ils cherchent depuis des mois, une condamnation en bonne et due forme de Damas par le Conseil de sécurité et, qui sait, le feu vert à une intervention militaire, au moins aérienne, contre l'armée syrienne.  Les morts de Houla sont pour beaucoup, de Doha à Washington en passant par les capitales européennes, une occasion inespérée de prendre leur revanche diplomatique des échecs répétés rencontrés depuis au moins l'été dernier.

On ne va pas se faire ici la recension exhaustive des déclarations émanant du bloc occidental et arabo-occidental. Citons quand même le nouveau chef de la diplomatie française Laurent Fabius qui a annoncé qu'il prenait « immédiatement » des contacts pour réunir à Paris le « groupe des pays amis du peuple syrien« . Bref, le drame de Houla permet à Fabius de reprendre en toute bonne conscience le « flambeau » interventionniste des mains de Juppé. En tous cas sa position reflète l'esprit diplomatique euro-américain, exprimée notamment par l'homologue britannique de Laurent Fabius, William Hague, qui a demandé « une réponse internationale forte ».

Cette réponse internationale forte passe, pour l'ASL et ses parrains du Golfe, par une intervention armée « des pays amis« , au moins des frappes aériennes contre les positions de l'armée régulière. Après l'Arabie séoudite et le Qatar, le Koweit a donné de la voix en ce sens, tandis que les Émirats arabes unis demandaient une réunion d'urgence de la Ligue arabe. On prendra le temps de hausser les épaules à la lecture de la déclaration du général dissident commandant théoriquement l'ASL,  annonçant solennellement que ses activistes se considéraient désormais comme dégagés de toute obligation de respect du cessez-le-feu entré théoriquement en vigueur le 12 avril dernier : il ne s'est pas écoulé un jour depuis cette date sans qu'un groupe se réclamant de l'ASL commette une attaque contre des militaires mais aussi des civils ou des infrastructures.

Citons aussi bien sûr les réactions des dirigeants des Nations-Unies : Ban Ki-moon et Kofi Annan ont parlé de « crime révoltant et terrible » qui constitue « une violation flagrante » des « engagements pris par le gouvernement syrien de cesser son recours aux armes lourdes dans les villes ».

Le chef de la mission d'observation, le général norvégien Robert Mood, a également condamné depuis Damas une « tragédie brutale« , sans désigner de responsables. Mais il a appelé le gouvernement syrien à ne plus utiliser d'armes lourdes. Et il a aussi exhorté « l'opposition à s'abstenir d'utiliser la violence » afin de parvenir à « une solution politique » et d'éviter une guerre civile.

Robert Mood, du moins, garde,dans ce tumulte, la tête froide et pointe – si la thèse d'un bombardement meurtrier de l'armée est confirmée – la coresponsabilité dans ce drame d'une insurrection qui n'a cessé d'attaquer depuis le 12 avril, les unités et positions de l'armée, et, retranchée dans certains quartiers des villes, fait de leurs habitants autant de boucliers humains.

Ce qui s'est passé, ce qui peut se passer
Des questions se posent quand même. Ce n'est pas la première fois que l'armée syrienne est contrainte de pilonner des immeubles ou des quartiers transformés en bastions ou en centres d'opérations par les insurgés. C'est la première fois, en revanche qu'un tel bilan est constaté. Alors le bombardement des char syriens a été dense et long à ce point pour tuer cent personnes ? C'est, dans les annales pourtant souvent truquées de l'OSDH, un cas de figure inédit. L'officine de presse de l'opposition radicale parle de bombardements ayant débuté vendredi à midi et s'étant poursuivi « jusqu'à l'aube » de samedi. Et pendant tout ce délai, les habitants sont restés dans le quartier visé, sans l'évacuer ?

Mis sur la sellette comme aux pires heures de la crise, le gouvernement syrien accuse quant à lui des « groupes terroristes armés » d'avoir, au soir du vendredi, « incendié et fait exploser des maisons afin de faire croire que les forces armées syriennes bombardaient la région« .

Si jamais l'armée est effectivement responsable de cette tuerie de Houla – ce qui n'est pas encore démontré – on dira, pour reprendre une formule de Talleyrand, que « c'est plus qu'un crime, c'est une faute« . Car ce massacre des innocents permet à ceux qui cherchent à créer le chaos en Syrie de faire oublier leurs crimes quotidiens, et aux puissances qui les soutiennent à des fins non pas humanitaires mais géostratégiques, de relancer leur machine belliciste, et d'essayer d'intimider les soutiens de la Syrie.

Nous disons bien « essayer » parce qu'on voit mal Moscou et Pékin changer leur fusil d'épaule. Les Russes ont, via leurs services de renseignements mais aussi les quelque cent mille de leurs ressortissants vivant actuellement en Syrie, une image très exacte de la situation et des pratiques de l'opposition armée. Une machination n'est pas impossible, et l'on doit se rappeler qu'il existe au moins un précédent de « détournement de tuerie » par les bandes armée qui, en mars dernier à Homs, ont présenté comme des victimes des soldats de Bachar des Homsis dont les cadavres ont été déplacés nuitamment par les activistes d'un quartier à l'autre, avant que des habitants reconnaissent des membres de leur famille kidnappés plus tôt par les insurgés (voir notamment nos articles « À Homs, l'ASL déplace et fait parler des cadavres » et »À Homs, les crimes avérés et probables des insurgés », mis en ligne les 12 et 13 mars).

Bref, la direction russe sait que certains secteurs de l'opposition syrienne sont capables de tout dans le registre de la machination et de la provocation. Et puis, quoi qu' il se soit passé voici 48 heures à Houla, et quel qu'en soit le responsable principal, rien n'est changé à la donne syrienne : une majorité de Syriens suit la direction actuelle, par conviction ou crainte du chaos. Un chaos et une oppression sanglante – de type islamiste radicale -  qui seraient les conséquences immédiates – et de dimension régionale – du renversement violent de Bachar al-Assad, avec ou sans l'aide de l'OTAN. Et de cela, les Russes, et bien d'autres, y compris dans les rangs des vertueux Occidentaux, ne veulent pas à l'heure où le monde arabo-musulman est devenu comme une gigantesque zone d'instabilité. Quant à l'indignation des chancelleries occidentales, Moscou et Pékin savent ce qu'elles doivent en penser, depuis l'Irak, la Yougoslavie et l'Irak. C'est pourquoi les rêves de frappes aériennes de l'ASL resteront des rêves.

D'autres enfants martyrs

Un dernier point : les enfants ne meurent pas qu'à Houla en Syrie. L'agence Sana rend compte dans son édition du samedi 26 mai de deux massacres de civils survenus quelques heures plus tôt à Taldo et al-Chomaryeh dans les environs de Homs et qu'elle attribue à al-Qaïda : la famille de Mohamed Abdel Nabi Abdallah – le mari, la femme et les six enfant – a été. Un autre habitant d'al-Chomaryeh, Rateb al-Elo a été tué avec son fils. Et à Taldo, qui est située à 3 ou 4 kilomètres de Houla, coïncidence ? -, c'est toute la famille al-Sayyed – homme, femme et les trois enfants – qui a été exécutée par les mêmes fanatiques. Parce qu'ils étaient baasistes, alaouites, chrétiens ? Là, pas de victimes d'un éventuel bombardement à distance contre des ennemis embusqués, mais une haine meurtrière ciblée.

Enfants de Houla, enfants de Taldo et d'al-Chomaryeh : les petits cadavres ne s'équilibrent ou ne s'annulent pas, ils s'additionnent, pour le malheur d'un pays qui souffre moins d'un régime autoritaire qui s'efforce de se réformer au milieu d'énormes difficultés, que de bandes travaillant à leur guerre sainte politico-religieuse, avec le soutien diplomatique, technologique et financier de puissances hypocrites autant qu'irresponsables.

Article de Louis Denghien publiés par Mondialisation.ca le 28/05/2012

jeudi 24 mai 2012

Négociation délicate entre Etats-Unis et Pakistan sur les routes

Le montant du droit de passage est la principale pierre d'achoppement dans les négociations entre Islamabad et Washington sur la réouverture des routes d'approvisionnement pour les troupes de l'Otan en Afghanistan, a dit ce jeudi un responsable pakistanais.

Le Pakistan réclame des montants plus élevés que ceux proposés par les Etats-Unis et il est difficile de dire quand la négociation aboutira. «Cela pourrait être demain ou dans deux mois», confie la source.

Ces routes ont été fermées en novembre dernier en réaction à la mort de 24 soldats pakistanais tués par erreur par l'Alliance atlantique. L'Otan souhaite transférer aux forces afghanes la pleine responsabilité de la sécurité au milieu de l'année prochaine et retirer la plupart de ses 130.000 soldats d'ici fin 2014. 

Le 24/05/2012 sur www.20minutes.fr

Plusieurs morts dans l'attaque d'un drone au Pakistan

Au moins dix personnes ont été tuées, jeudi, dans l'attaque d'un drone américain visant des combattants islamistes présumés dans le nord-ouest du Pakistan, indiquent les services de renseignement pakistanais.

"Le drone a tiré deux missiles sur une maison de la ville de Hassokhel", à 25 kilomètres à l'est de Miranshah, la principale ville du Nord-Waziristan, connu pour être un bastion des talibans et des militants liés à Al-Qaida, a expliqué un responsable des services de sécurité.

Les bombardements de drones américains ciblant des extrémistes islamistes dans les régions tribales du Pakistan sont sources de tensions entre Washington et Islamabad.

Les Etats-Unis pressent le Pakistan de lancer une offensive d'ampleur contre le réseau islamiste Haqqani basé dans la province du Nord-Waziristan. Les relations entre les deux pays sont tendues depuis la mort de 24 soldats pakistanais en novembre dernier tués par erreur par l'OTAN le long de la frontère afghano-pakistanaise.

En représailles, les autorités pakistanaises ont fermé l'accès aux Etats-Unis des routes d'approvisionnement pakistanaises pour les troupes de l'OTAN en Afghanistan.

Le 24/05/2012 sur www.lemonde.fr

lundi 21 mai 2012

La contre-alliance russo-chinoise: l’Organisation de la Coopération de Shanghaï peut-elle émerger comme un contre-poids à l'OTAN


Il est impossible de ne pas remarquer que l'OCS est maintenant au-delà des problèmes régionaux. A la réunion de Pékin, le texte de la déclaration finale des états membres de l'OCS a été adopté. D'après les sources de Ria Novosti auprès de la délégation russe, le document condamne le programme du bouclier anti-missile américain. Une position consolidée de l'OCS sur les systèmes anti-missiles balistiques a le pouvoir potentiel de devenir un important contre-poids aux plans de l'OTAN dans ce domaine.

Bien que depuis des années l'OCS marchait sur des œufs en faisant certaines déclarations sur la politique étrangère, l'organisation change. L'OCS est pour des changements majeurs en jugeant par les résultats de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'organisation dans la capitale chinoise avant le sommet de l'OCS programmé à Pékin les 6 et 7 Juin courant. L'OCS a été créée dans les années 1990 comme une institution devant servir à un regain de confiance entre la Russie, la Chine et quatre pays d'Asie centrale: le Kazakhstan, le Kyrgystan, le Tajikistan et l'Ouzebekhistan, ceci principalement dans le domaine de la coopération militaire.

Les états membres de l'OCS étaient unis par la menace commune que représentait le fondamentalisme islamique, représenté par la dominance des Talibans en Afghanistan. Mais aux début des années 2000, l'OCS a changé son objectif sur la lute contre le terrorisme international et contre le traffic de la drogue, ainsi que dans la coopération économique et humanitaire.

L'Organisation a tenu des positions équilibrées et raisonnables sur les évènements internationaux et a continué une politique très prudente, ne donnant jamais raison aux analystes de la considérer comme une alliance politique et militaire sérieuse. L'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Mongolie rejoignirent l'organisation en tant qu'observateurs, tandis que la Biélorussie et le Sri Lanka devenaient des "interlocuteurs". Mais les temps ont changé et l'OCS a changé avec eux. Les crises au Moyen-Orient, incluant celles déclanchées par le "printemps arabe", le rôle des nations occidentales dans la situation et le retrait des troupes américaines de l'Irak et de manière plus importante d'Afghanistan, ont appelé à une révision de l'approche de l'organisation et de développer ses efforts de politique étrangère.

Comme l'indique le discours du ministre russe des affaires étrangères Sergeï Lavrov donné dans une réunion récente de l'OCS: à partir de dorénavant l'OCS formulera une politique commune pour tous ses participants si une crise doit apparaître dans la région. Il apparaît que le nouveau mécanisme de fonctionnement sera lancé dès le mois prochain, à la veille de la conférence internationale sur l'Afghanistan programmée pour le 14 Juin à Kaboul. "La situation en Afghanistan et ses alentours soulève des préoccupations majeures. Nous devrions participer activement à toutes les discussions internationales ayant trait à ces problèmes liés à l'Afghanistan en coordonnant nos positions", a dit Lavrov. L'OCS prendra évidemment en considération les décisions du sommet de l'OTAN qui se tiendra fin Mai à Chicago et qui adressera la situation dans ce pays.

Des déclarations antérieures du ministre russe des affaires étrangères ont clairifié que la nature de la présence militaire américaine et de l'OTAN en Afghanistan sera la priorité de l'agenda. Moscou et Pékin argumentent contre la présence continue de troupes étrangères en Afghanistan, présence qui va bien au-delà d'une question de sécurité et de police dans le pays. Moscou aimerait aussi entendre parler d'un rapport concernant l'application de la résolution de l'ONU qui a servi de base pour participer à cette campagne militaire en Afghanistan.

La position consolidée de l'OCS soutiendra de manière substantielle les efforts de la Russie et de la Chine dans ce domaine. Les demandes de Moscou et de Pékin seront même plus soutenues si le nombre d'états membres ou de pays associés augementent. Pendant la réunion récente, Lavrov a appelé à l'approbation des demandes d'intégration enregistrées pour l'Inde et la Pakistan. De plus, l'organisation est en faveur de donner à l'Afghanistan le statut d'observateur et de faire de la Turquie un interlocuteur. Il est donc impossible de ne pas noter que l'OCS est maintenant au delà de la portée des seuls problèmes régionaux.

A la réunion de Pékin, le texte définitif de la déclaration des états membres de l'OCS a été arrêté. D'après l'agence de presse Ria Novosti et de ses sources auprès de la délégation russe, le document condamne le programme de bouclier anti-missile des Etats-Unis. RIA Novosti cite une partie du document qui dit que l'expansion illimitée unilatérale du système anti-missile balistique pourrait endommager le sécurité et la stabilité stratégique internationales. Cette déclaration soutient clairement les efforts de Moscou à répudier les plans du système américain anti-missile, qui s'il est mis en application, pourrait dévaluer le potentiel stratégique russe. Quoi qu'il en soit, la Chine est également intéressée à désarmorcer le processus américain, alors que ses forces nucléaires sont même plus vulnérables (que les russes).

Une position renforcée de l'OCS sur les systèmes anti-missiles a le potentiel de devenir en l'occurence un sérieux contre-poids aux plans de l'OTAN dans ce domaine. Néanmoins, d'après les documents et les déclarations publiés, il n'y a aucune provision pour donner à l'OCS des fonctions militaires et de défense. Il est pourtant possible, comme le dit le journal Kommersant, que quelques instruments additionnels soient contenus dans la stratégie de développement futur de l'organisation, ce qui devra être approuvé par les chefs-d'état des membres de l'organisation. L'essence même de la stratégie demeure inconnue, puisqu'elle est toujours sujette à négociation.

Article original en anglais sur www.globalresearch.ca par  Andreï Ilyashenko le 21/05/2012Traduction : Résistance 71