lundi 25 novembre 2013

Vers une nouvelle révolution chinoise ?

Le 15 novembre dernier, le monde a peut-être été témoin d'une de ces révolutions silencieuses qui marquent l'histoire de l'Humanité pour plusieurs décennies. La presse internationale, prudente peut-être, n'en a fait qu'un modeste écho. En France, bien sûr, elle est consciencieusement passée à côté pour s'attarder sur des histoires de bananes.

Et comme on pouvait raisonnablement s'y attendre, ce discret chambardement vient de Chine. Comme nous l'apprend une brève de Contrepoints, à l'issue d'une réunion du comité central du Parti communiste chinois, une liste de réformes a été livrée par l'agence officielle Chine nouvelle.

J'ai déjà évoqué, un peu, les mutations que traverse l'Empire du Milieu dans sa marche posée hors du communisme mortel qui précipita des millions de Chinois à leur perte après la seconde guerre mondiale, en remarquant notamment que, ces cinq dernières années, le rapport des autorités chinoises à l'or avait progressivement évolué au point que le pays en achète maintenant plus que tout autre, et que ses réserves, stockées par sa banque centrale, en sont difficilement estimables mais certainement bien supérieures aux 1054 tonnes officiellement détenues.

Ici, on comprendra qu'un pays qui concentre près de 20% de la population terrestre compte forcément un peu dans le concert des monnaies. À ce titre, tout changement de politique vis-à-vis de son Yuan impactera forcément l'ensemble de la planète à commencer par les économies occidentales, au premier rang desquelles les États-Unis dont le dollar est massivement détenu par les autorités chinoises. Ainsi, l'augmentation drastique du stock d'or de la banque centrale chinoise peut raisonnablement montrer une volonté, pour le gouvernement, de se détacher de sa dépendance à la monnaie américaine, par exemple en proposant un Yuan convertible, voire, éventuellement, adossé à l'or.

Certains m'objecteront qu'une telle manœuvre provoquerait un décrochement du dollar et amoindrirait beaucoup la valeur des réserves chinoises ; je note cependant que les dirigeants chinois ont parfaitement compris que les petits exercices actuels de la Fed finiront par aboutir au même résultat. Le fait, pour ces derniers, de passer à une monnaie-or leur permet de conserver à la fois le contrôle du moment et de la quantité de dollars qui leur resterait sur les bras, ainsi que les conditions et le contexte international d'une telle opération monétaire. Finalement, mieux vaut perdre un peu selon ses propres termes que tout selon les termes d'un adversaire commercial dont les manipulations sont de plus en plus erratiques.

Et c'est tellement vrai que la Chine serait prête à contracter ses achats de pétrole directement en Yuan, ce qui revient de facto à amoindrir nettement la position du dollar comme monnaie unique pour les échanges énergétiques, et indique sans ambiguïté le rôle croissant du Yuan sur la scène internationale.

Si j'évoque cette question du Yuan, c'est parce que cette monnaie figure dans les sujets couverts par les réformes évoquées à la fin du dernier Plenum chinois. Pour les dirigeants chinois, il est temps d'envisager la convertibilité libre du Yuan sur les marchés des changes mondiaux. C'est, clairement, un pas vers la stratégie évoquée ci-dessus. Bien évidemment, les réformes s'étendent bien au-delà de ces considérations monétaires et c'est aussi cela que je veux évoquer dans les quelques paragraphes ci-dessous.

Ici, je pourrai m'étendre un peu sur la fin de la politique de l'enfant unique, ou l'abaissement de certaines barrières administratives aux mouvements de populations ; ces éléments amélioreront indubitablement la vie de tous les jours des Chinois, et c'est tant mieux : ce peuple mérite, lui aussi, de sortir enfin du communisme, et le sociétal est une étape indispensable. Mais la réforme qui m'apparaît bien plus importante (et qui fut quasiment passée sous silence par les médias français) est à mon avis celle qui concerne le rapport des citoyens chinois à la terre, et notamment à la possession agricole.

On apprend en effet que les agriculteurs se verront accorder des droits de propriété, pour posséder, utiliser et transférer les terres qu'ils cultivent. Mieux : ils pourront utiliser leurs droits de propriété comme caution pour des opérations financières. Voilà un changement profond, stupéfiant et fondamental de la façon dont fonctionne la Chine: jusqu'à présent en effet, toutes les terres agraires sont officiellement possédées par l'État, qui en cède la jouissance aux agriculteurs. On comprend ici qu'une telle réforme va provoquer un changement colossal dans le pays puisque, dans le principe, elle revient à donner un capital (la terre) à quasiment un milliard de personnes, capital qui pourra servir être investi de différentes façons.

Il ne faut pas se leurrer : le gouvernement chinois reste celui d'un pays communiste, d'essence totalitaire, dont le rapport à la transparence et à la sincérité est au moins aussi trouble que les gouvernements occidentaux actuels, ce qui n'est pas peu dire. L'importance de cette réforme devra donc être mâtiné d'une bonne dose de prudence, d'autant que, comme le remarque fort justement The Economist, les réformes concerneront aussi les entreprises d'état, monopolistiques, qui devront s'ouvrir à la concurrence et devront composer avec une Justice que le gouvernement chinois entend rendre aussi indépendante que possible. Il n'y a donc pas d'efforts à faire pour imaginer les réticences, les résistances plus ou moins farouches et les frictions peut-être violentes qui vont s'opérer dans les prochaines années dans l'Empire du Milieu.

Il n'en reste pas moins que la réforme légale des droits de propriété peut, très concrètement, transformer la planète : lorsqu'un milliard de personne accède ainsi au capitalisme, l'impact sur l'économie mondiale promet d'être énorme. On peut même noter, comme le fait justement James Gruber dans un papier d'Asia Confidential que ces profonds changements auront un effet possiblement négatif sur les marchés mondiaux, puisque la Chine va se transformer, d'une économie majoritairement productrice et exportatrice, en économie essentiellement consommatrice, avec une réduction notable de sa croissance : la période que nous venons de vivre pendant laquelle la Chine tirait l'économie mondiale en étant devenue l'usine du reste du monde est en train de s'achever et la nouvelle configuration mondiale promet de sérieuses remises en questions.

Devant ces bouleversements, il est de plus en plus consternant, par contraste, d'observer l'état de décrépitude et d'immobilisme français. Il est même douloureux de constater qu'un pays comme la Chine parvient progressivement à se réformer, et affirme de plus en plus fort, de plus en plus clairement que l'économie de marché fonctionne, qu'elle permet de faire sortir un nombre croissant d'individus de la pauvreté, et va même jusqu'à jeter une grosse poignée de capitalisme bien dodu vers une population qui en était privée depuis des décennies ; pendant ce temps, la France progresse dans le sens inverse, grignotant chaque jour la notion même de propriété privée (les lois Duflot en sont un exemple glacial, la rétroactivité des ponctions sur l'épargne en formant un autre aussi inique), allant même jusqu'à inculquer un culte du Tout-à-l'État et le mépris affiché du monde de l'entreprise à toute une génération d'élèves, au travers d'une propagande grossière et stérilisante.

Indubitablement, les prochaines décennies verront le monde changer dans des proportions que peu sont en mesure d'appréhender ; et il suffit de parcourir les petits articles de la presse franchouille sur le sujet chinois pour se rendre compte qu'au moins, la population française sera sagement rangée à l'abri de tous ces changements, aussi bénéfiques soient-ils : l'intelligentsia veille et ne leur en parlera pas, de peur de les choquer.

La Chine, tous les jours, sort un peu plus du communisme. Mais tout va bien : pour compenser, la France a heureusement choisi le chemin inverse.

Par H. Seize sur www.24hgold.com le 22/11/2013

 

mercredi 20 novembre 2013

Les Iraniens étranglés par les sanctions


En Iran, les prix des produits de base ont explosé en raison
des sanctions économiques imposées au pays.
© ARIANE LAVRILLEUX/EUROPE 1

Les diplomates ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le nucléaire. Pendant ce temps-là, à Téhéran, le prix des produits de base a explosé.

Un nouveau round de négociations s'ouvre à Genève mercredi. Six puissances mondiales, dont la France, vont tenter de se mettre d'accord avec l'Iran sur la question du nucléaire. Pour Téhéran, l'enjeu est de taille : il s'agit de faire lever l'embargo et les sanctions qui étouffent l'économie du pays. Les États-Unis et l'Europe n'achètent plus un seul baril de pétrole iranien, ce qui prive le pays de sa principale richesse. Conséquence : l'Iran peine à acheter ou produire suffisamment pour ses 78 millions d'habitants. A Téhéran, où le salaire moyen atteint péniblement les 250 euros, les prix se rapprochent de ceux de Paris, quand ils ne les dépassent pas.

>> Au bazar de Téhéran, Ariane Lavrilleux, l'envoyée spéciale d'Europe 1 en Iran, a pu constater les conséquences des sanctions dans la vie de tous les jours des Iraniens.

L'exemple est symptomatique : le fruit le plus cultivé en Iran, la pistache, un produit de base, un peu comme la baguette en France, a vu son prix au kilo multiplié par quatre, du jour au lendemain. Pour un kilo de pistache, il faut désormais débourser 13 euros. Du coup, Mahdi, qui travaille au bazar de Téhéran, doit s'en passer. "C'est devenu un luxe de m'acheter mes pistaches. Je me limite à un sachet tous les deux mois", confie-t-il au micro d'Europe 1.

"On mange moins". Une cliente du bazar explique de son côté que les noix sont devenues "hyper-chères" : "Dix euros le kilo, c'est deux fois plus cher qu'il y a deux ans ! Et c'est pareil pour le poulet, le riz". "Du coup, on mange moins. Je suis mariée depuis cinq ans mais je n'ai toujours pas d'enfant : on n'en a pas les moyens", confie-t-elle.

Tous les prix des produits de base ont au moins triplé. Un simple savon coûte aujourd'hui sept euros. Pour s'offrir un jean, il faut dépenser plus de 10% de son salaire. Alors les commerces se vident, comme au bazar, où une échoppe de tapis sur trois a tiré son rideau.

Pas un tapis vendu en trois mois. Mahdi a ainsi dû réduire sa boutique de moitié. Dans ses 7 mètres carrés, il passe ses journées à regarder les passants qui ne s'arrêtent plus. Depuis trois mois, il n'a pas vendu un seul tapis. "Avant, on avait des clients en France mais aujourd'hui ils ne veulent plus acheter, parce que quand ils entendent le mot tapis iranien, ils disent 'ah non, à cause des sanctions on ne pourra pas vous payer, notre virement sera bloqué'", expose le vendeur.

A peine l'interview terminée, un agent de sécurité vient sermonner Mahdi. Le rappel à l'ordre est clair et net. Pas question de dire qu'il est étranglé financièrement. Car officiellement, le discours n'a pas varié : les sanctions ne changent rien et l'Iran peut encore résister.

Par Anne-Julie Contenay et Ariane Lavrilleux, envoyée spéciale d'Europe 1 en Iran le 20/11/2013 sur www.europe1.fr 
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mardi 19 novembre 2013

Iran: Israël et l'Arabie saoudite préparent une opération militaire

Le service de renseignement israélien Mossad et les autorités saoudiennes coopèrent pour mettre au point un plan d'attaque contre l'Iran, écrit le journal britannique Sunday Times se référant à des sources diplomatiques.

"Une fois l'accord de Genève signé, l'option militaire sera de nouveau sur la table. Les Saoudiens sont furieux et prêts à fournir toute assistance nécessaire à Israël", a déclaré l'un des interlocuteurs anonymes du journal.

Israël et l'Arabie Saoudite sont mécontents du déroulement des négociations concernant le dossier nucléaire iranien, estimant que l'éventuel accord entre l'Iran et les six médiateurs internationaux ne sera pas assez contraignant et ne privera pas Téhéran de sa capacité à fabriquer des armes nucléaires.

D'après le journal, Riyad est disposé à mettre ses bases aériennes à la disposition d'Israël en cas d'attaque contre la République islamique. L'Arabie saoudite envisage également de fournir à l'Etat hébreu des drones, des hélicoptères de sauvetage et des avions de transport.

Un nouveau volet des négociations entre l'Iran et les Six a pris fin le 10 novembre dernier à Genève. Il n'a pas débouché sur la signature d'un accord, mais les parties ont déclaré avoir réalisé certains progrès. Selon l'agence IRNA, la prochaine rencontre entre l'Iran et les Six aura lieu les 20 et 21 novembre à Genève.

L'Iran est persuadé que la communauté internationale doit reconnaître son droit à l'enrichissement d'uranium. Or, certains pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, ne l'acceptent pas. Téhéran se déclare prêt à réfléchir à une suspension de l'enrichissement d'uranium, à une réduction du nombre de centrifugeuses et à la signature d'un protocole supplémentaire sur des garanties avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en échange de la levée des sanctions bancaires et pétrolières.

Sur Ria Novosti le 18/11/2013

dimanche 17 novembre 2013

De la Chine vers l'Europe - Projets de voies eurasiennes de transports terrestres

L'intégration pour construire des "muscles"

 

Selon des estimations prudentes, le chiffre d'affaires de l'Asie et de l'Europe va croître chaque année en moyenne de 3,2%. Ainsi, d'ici 7 ans, en 2020, il est estimé qu'il s'élèvera à 1,8 billions de dollars US pour un volume de 240 millions de tonnes. Pour une telle friandise  et pour chaque mode de transport, il s'est déjà aujourd'hui engagé une lutte entre les pays désirant renforcer leur potentiel de transit.

 

La Route de la Soie : la resurgence de l'Histoire dans les réalités d'aujourd'hui

 

Considérant le développement des routes entre l'Asie et l'Europe, le principal accent est mis sur le transit des marchandises en provenance de Chine, qui au cours des trois dernières décennies a montré une croissance de son économie en moyenne de 10% par an, ce qui lui a permis d'atteindre un PIB de 8,5 billions de dollars US et de passer à la deuxième place dans le monde après les États- Unis, selon cet indicateur. La part de l'Empire du Milieu aujourd'hui représente plus de 20 pour cent du commerce mondial total.

 

Sur la plupart des produits manufacturés en provenance de Chine, 80% sont transportés dans des conteneurs par voie maritime. Malgré le fait qu'il s'agisse de la forme la moins chère de transport, elle demande plus de temps que si le trafic était effectué de la Chine vers l'Europe directement par rail.

 

Il n'est donc pas surprenant que dans le cadre de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), les membres des "six" ont décidé de faire revivre la Route de la Soie. Lors d'une récente réunion à Bichkek, le ministre des Sciences et des Technologies de la Chine, Wang Gang, a déclaré que la nouvelle route de la soie peut être retracée de la Chine vers l'Europe via la Russie et l'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan et Turkménistan).

 

Il s'agit de créer un corridor transnational sur presque tout le territoire du continent eurasien. De tels corridors sont destinés non seulement pour la capacité de transport des biens et services, mais aussi pour la création d'îlots grappes industriels, de nouvelles industries de haute technologie.

 

Un unique réseau routier de l'océan Pacifique à la mer Baltique permettra d'éliminer les obstacles au commerce, à réduire le temps de livraison des marchandises et accroître les installations bilatérales en monnaies nationales. Un tel projet permettra de minimiser les coûts de transport, parce que la Route de la Soie sera un tiers plus courte que la route maritime qui contourne l'Asie et la péninsule arabique.

 

Il est prévu que la mise en œuvre de ce projet réduira la livraison de marchandises de la Chine. Si à présent les marchandises vers l'Europe sont livrées en 45 jours par voie maritime, par le Transsibérien il faut environ deux semaines. La nouvelle route sera le plus courte et ne prendra pas plus de 10 jours.

 

Plus tôt, des représentants de Washington ont proposé à la Chine une voie différente, le soi-disant passage TRACECA contournant la Russie à travers le Caucase jusqu'à la mer Caspienne et la mer Noire. Comme ce projet était plus difficile et plus coûteux, le plus efficace était le projet de la nouvelle route de la soie.

 

La base du projet est fondée

Les possibilités de ce projet sont également attrayantes par le fait que, d'ici le milieu de l'année prochaine, les pays de l'Union douanière (Kazakhstan, Russie et Biélorussie) uniront leurs forces pour créer un projet puissant que les experts décrivent come le plus frappant et peut-être le premier projet conjoint de la «troïka» visant à minimiser les temps de livraison dans le sens "Est-Ouest".

 

Les autorités des trois pays estiment que le projet de la société du transport et la logistique unie (OTLK) va augmenter l'assiette des recettes de toutes les entreprises ferroviaires nationales des trois pays et fournira une véritable percée dans le développement de la logistique des pays participants de l'Union Douanière. En fait, l'union douanière, a été créée comme une sorte de "lien" entre l'Europe et la région Asie-Pacifique. En combinant les ressources naturelles, le capital, un fort potentiel humain permettra au Kazakhstan, à la Russie et à la Biélorussie de renforcer leur position dans la course industrielle et technologique, la concurrence pour les investisseurs et la création de nouveaux emplois.

 

Et si la création de l'Union Européenne a pris plus de 40 ans, l'Union douanière et l'Espace économique commun ont été créé en un temps record, en tenant compte de l'expérience de l'UE et d'autres organisations régionales.

 

Il n'est pas surprenant que l'intégration économique ait commencé par le secteur des transports, parce que le secteur du transport ferroviaire est moins concurrentiel et moins agressif que tous les autres. Les chemins de fer d'un pays ne peuvent pas être utilisés isolément. Particulièrement parce que dans ce domaine il y a un seul réseau ferré hérité de l'époque de l'Union soviétique.

 

Le Kazakhstan, principal initiateur de la création de l'Union douanière, accroît désormais ses investissements dans les chemins de fer. Les autorités ferroviaires se sont fixées des objectifs ambitieux pour augmenter par deux d'ici 2020 et par 10 d'ici 2050, le trafic de fret et de passagers en provenance d'Europe occidentale et de la Russie via le Kazakhstan vers l'Asie du Sud-est, la Chine et le Golfe Persique.

 

A cette fin, au cours des dernières années, il a été établi un second chemin de fer d'une capacité de 25 millions de tonnes à partir de la Chine, nécessitant des investissements de plus d'un milliard de dollars américains. Tel est le prix du tronçon de 293 kilomètres de Jetygen à Horgos à la frontière sinokazakhe. Cette voie ferrée fait partie de la route de 10.800 kms s'étendant du Chongqing chinois au Duisburg allemand. Cette année, le Kazakhstan a l'intention d'investir dans le développement des chemins de fer à hauteur de 1,3 milliard de dollars.

 

En raison de la construction de nouveaux corridors, le transit à travers le Kazakhstan est devenu plus pratique que la ligne de chemin de fer transsibérienne reliant la côte du Pacifique avec l'Union européenne.

 

La société de logistique ainsi créée aura un chiffre d'affaire de 2 à 2,25 milliards. Elle utilisera non seulement l'infrastructure ferroviaire existante, mais impliquera également la gestion des intérêts des pays participants.

 

On suppose que les "Chemins de fer Russes" contribueront à la joint-venture à hauteur de 50% + 2 parts dans « Transcontainer » et 100% dans l'OAO « Logistique des Chemins de fer russes ». La « JSC Kazakhstan Temir Joly» fournira les actifs de «Kaztransservice » et « Kedentransservice » et le côté biélorusse pourra fournir près de 3000 wagons plats. En outre, toutes les parties donneront à l'OTLK, des wagons pour le transport de conteneurs, les conteneurs et les biens nécessaires aux terminaux de fret ferroviaire dans les gares Zabaykalsk (Fédération de Russie), Dostyk (Kazakhstan), Altynkol (Kazakhstan), Brest-Nord ( Belarus).

 

En plus de l'utilisation des couloirs de transit existants, la création de l'OTLK est aussi pratique car les syndicats de transporteurs des trois pays permettent de fournir aux expéditeurs les conditions les plus favorables. Avec la création de l'OTLK, les expéditeurs n'ont pas à négocier séparément avec le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie. Il sera livré de "Dostyk" (passage de la frontière sinokazakhstanaise) à "Brest" (ville frontalière du Bélarus) avec les mêmes conditions.

 

En plus des avantages économiques directs pour les pays de l'Union douanière dans le cadre de l'augmentation du trafic de transit entre l'Europe et l'Asie (et vice versa), le développement du couloir de transport international a un autre aspect : il favorisera l'échange de technologie entre la douane et les transitaires, ainsi qu'entre les producteurs.

 

Les Européens ont la palme dans le domaine du transport maritime

 

En règle générale, les pays se livrent à des luttes partout dans le monde pour le transit et la construction de nouveaux sites. Une preuve en est la récente annonce des plus grands opérateurs dans le monde, qui ont décidé d'unir leurs efforts pour la mise en œuvre du trafic de conteneurs dans le domaine du transport maritime. À la mi-juin de cette année, les trois plus grands opérateurs de conteneurs ( le danois Maersk Line, le suisse Mediterranean Shipping Company (MSC ) et la CMA CGM française) ont décidé de créer un service de réseau unifié.

 

À l'heure actuelle, leur part totale de la capacité mondiale de conteneurs est d'environ 37%. Ils ont l'intention de collaborer sur des zones de trafic Asie-Europe à travers le Pacifique et l'Atlantique. Un tel plan devrait être approuvé par les autorités réglementaires et de nombreuses études techniques, de sorte que le début de l'opération conjointe est prévu pour le deuxième trimestre de 2014 (comme l'OTLK d'ici le milieu de l'année prochaine).

 

Dans le même temps, de nouvelles voies de transport concurrentes européennes et eurasiennes sont peu susceptibles de rivaliser les unes avec les autres. Ces projets seront mis en œuvre avec des modes de transport différents, chacun d'eux aura sa place, chacun sa catégorie de consommateurs. Les propriétaires de biens de grande valeur ne sont généralement pas intéressés par la voie maritime, malgré le fait que ce dernier est le moins cher. Dans ce cas, la voie terrestre est deux fois plus courte et trois fois plus rapide et plus sûre aussi. Un cargo sur un rail est beaucoup plus facile à contrôler.

 

Aussi loin que l'on sache, selon les statistiques mondiales du chiffre d'affaires de fret et du volume total transporté, la première place parmi tous les types de transport revient au  transport maritime qui réalise plus de 60% du chiffre d'affaires mondial. La part du rail dans le chiffre d'affaires mondial est de 21%, le reste se réparti sur différents autres modes de transport.

 

Le transport routier ne reste pas à l' écart.

 

Le corridor routier dans la direction de la Chine vers l'Europe, est de toute façon également dans l'ordre du jour des pays qui développent activement leur potentiel de transit. La construction de l'autoroute « Europe occidentale - Chine occidentale » a commencé en 2009. La longueur totale du corridor selon l'itinéraire Saint-Pétersbourg - Moscou - Nijni- Novgorod - Kazan - Orenburg - Aktobe - Kyzylorda - Shymkent - Taraz - Kordai - Almaty - Khorgos - Urumqi - Lanzhou - Zhengzhou - Lianyungang est de 8445 kms. Sur ce nombre, 2233 kms sont sur le territoire de la Fédération de Russie, 2787 kms sur celui de la République du Kazakhstan et 3425 kms en République populaire de Chine.

 

Selon les experts, la construction du corridor de transit international routier permettra de réduire le temps de livraison de marchandises de la Chine vers l'Europe de près de 3,5 fois par rapport à la mer.

vendredi 15 novembre 2013

Israël a acheté le Congrès US : Le sabotage des négociations USA-Iran

Les groupes politiques pro-Israël tels que le AIPAC travaillent avec un financement illimité à détourner la politique américaine dans la région (du Proche-Orient). » Jack Straw , membre (travailliste) du Parlement et ancien ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni.

« Les États-Unis d'Amérique devraient lancer une bombe atomique sur l'Iran pour inciter le pays à mettre fin à son programme nucléaire. » Sheldon Adelson, le plus grand donateur du Parti républicain et un grand collecteur de fonds pour les comités d'action politique pro-israéliens, discours à l'Université Yeshiva à New York, le 22 Octobre 2013.

La question de la guerre ou de la paix avec l'Iran repose sur les politiques adoptées par la Maison-Blanche et le Congrès. Les ouvertures de paix de Rohani, le président iranien nouvellement élu, ont résonné favorablement dans le monde entier, sauf avec Israël et ses acolytes sionistes en Amérique du Nord et en Europe. La première séance de négociation s'est déroulée sans récrimination et a donné lieu à une évaluation optimiste des deux côtés. Précisément à cause de cette réponse initiale favorable, le gouvernement israélien a intensifié sa guerre de propagande contre l'Iran. Ses agents au Congrès, dans les médias et dans l'Exécutif sont mobilisés pour saper le processus de paix. Ce qui est en jeu, c'est la capacité d'Israël à mener des guerres par procuration à l'aide de l'armée des États-Unis et de ses alliés de l'Otan contre tout gouvernement contestant la suprématie militaire israélienne au Proche-Orient, l'annexion violente du territoire palestinien et sa capacité à attaquer n'importe quel adversaire en toute impunité. Pour comprendre ce qui est en jeu dans les négociations de paix en cours, il faut envisager les conséquences d'un échec : sous la pression d'Israël, Washington s'est déclaré prêt à activer ses armées —il s'agirait concrètement de frappes de missiles et d'une campagne de bombardement contre 76 millions d'Iraniens en vue de détruire leur gouvernement et leur l'économie—. Téhéran pourrait riposter contre une telle agression en ciblant les bases militaires US dans la région et les installations pétrolières du Golfe ce qui provoquerait une crise mondiale. C'est ce que veut Israël. Nous allons commencer par examiner le contexte de la suprématie militaire d'Israël au Proche-Orient. Nous allons ensuite procéder à l'analyse de l'incroyable pouvoir d'influence d'Israël sur le processus politique états-unien et comment il façonne le processus de négociation aujourd'hui, avec un accent particulier sur son pouvoir au Congrès.

Le contexte de la suprématie militaire israélienne au Proche-Orient

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Israël a bombardé, envahi et occupé plus d'États du Proche-Orient et d'Afrique que n'importe quelle autre puissance coloniale précédente, excepté les États-Unis. La liste de ses victimes comprend : la Palestine, la Syrie, le Liban, l'Égypte, l'Irak, la Jordanie, le Soudan et le Yémen. Si l'on inclut les États où Israël a lancé des attaques et des assassinats terroristes quasi-clandestins, la liste serait grandement élargie pour en inclure une douzaine en Europe et en Asie —y compris les États-Unis—.

La projection de la puissance militaire d'Israël et sa capacité à mener des guerres offensives à volonté sont accompagnées d'une impunité quasi-totale. En dépit de ses violations répétées du droit international, y compris ses crimes de guerre, Israël n'a jamais été condamné par un tribunal international ou soumis à des sanctions économiques parce que Washington utilise son veto au Conseil de sécurité de l'Onu et la pression de ses alliés de l'Otan et de l'UE.

La suprématie militaire d'Israël a moins à voir avec le rayonnement techno-industriel inhérent de ses fauteurs de guerre et plus à voir avec les transferts et le vol pur et simple de la technologie nucléaire, chimique et biologique et des armes des États-Unis [Grant Smith, « Ten Explosive US Government Secrets of Israel », IRMEP.]. Les sionistes d'outre mer, aux États-Unis et en France, ont joué un rôle stratégique dans le vol et l'expédition illégale de la technologie nucléaire et de composantes d'armes en Israël, selon une enquête menée par l'ancien directeur de la CIA, Richard Helms.

Israël maintient d'énormes stocks d'armes biologiques et refuse tout accès à des inspecteurs internationaux d'armement et n'est pas tenu de respecter les traités de non-prolifération des armes nucléaires et chimiques en raison de l'intervention diplomatique états-unienne. Sous la pression de la « Configuration du pouvoir sioniste » (CPS), Washington a bloqué toute action qui pourrait limiter la production par Israël d'armes de destruction massive. En fait, les États-Unis, en violation du droit international, continuent de fournir à Israël des armes stratégiques de destruction massive pour qu'il les utilise contre ses voisins.

L'aide militaire US et les transferts de technologie vers Israël ont dépassé 100 milliards de dollars au cours du dernier demi-siècle. L'intervention diplomatique et militaire US était cruciale pour sauver Israël de la défaite pendant la guerre de 1973. Le refus du président Lyndon Johnson de défendre le navire de renseignement désarmé, l'USS Liberty en 1967, après qu'il eut été bombardé et couvert de napalm par des avions de combat israéliens et des navires de guerre dans les eaux internationales, a constitué une grande victoire pour Israël grâce aux conseillers sionistes de Johnson. En raison de son impunité, même lorsqu'il tue des militaires états-uniens, Israël a les mains libres pour mener des guerres d'agression et dominer ses voisins, commettre des actes de terrorisme et assassiner ses adversaires à travers le monde sans crainte de représailles.

La supériorité militaire non-contestée d'Israël a converti plusieurs de ses voisins en collaborateurs quasi-clients : l'Égypte et la Jordanie ont servi d'alliés de facto avec les monarchies du Golfe, en aidant la répression par Israël des mouvements nationalistes et pro-palestiniens de la région.

Le facteur le plus déterminant dans l'essor et la consolidation du pouvoir d'Israël au Proche-Orient n'a pas été ses prouesses militaires, mais sa portée politique et l'influence qu'il exerce par l'intermédiaire de ses agents aux États-Unis. Les guerres de Washington contre l'Irak et la Libye, ainsi que son soutien actuel aux mercenaires contre la Syrie, ont détruit les trois principaux opposants nationalistes laïques à ses ambitions hégémoniques.

Alors qu'Israël accumule plus de puissance dans la région, élargissant sa colonisation du territoire palestinien, son regard se tourne vers l'est pour détruire le dernier obstacle de sa politique coloniale : l'Iran.

Depuis au moins deux décennies, Israël a demandé à ses agents à l'étranger de détruire le gouvernement iranien en déstabilisant sa société, en assassinant ses scientifiques, en bombardant ses établissements militaires et ses laboratoires et en étranglant son économie.

Après que la CPS ait réussi à pousser les États-Unis vers la guerre contre l'Irak en 2003 —déchiquetant littéralement sa société laïque et tuant plus d'un million d'Irakiens—, elle a tourné son dévolu sur la destruction du Liban (Hezbollah) et le gouvernement laïque de la Syrie afin d'isoler l'Iran et de préparer une attaque. Alors que des milliers de civils libanais ont été abattus en 2006, l'attaque du Liban par Israël a échoué, malgré le soutien du gouvernement états-unien et malgré une campagne de propagande sauvage. Rendu hystérique par son échec tout autant que pour « compenser » sa défaite face au Hezbollah et pour « remonter son moral », Israël a envahi la Bande de Gaza en 2008-09 —le plus grand camp de prison à ciel ouvert du monde— et l'a détruite une grande partie .

N'ayant pas la capacité militaire d'attaquer l'Iran pour son propre compte, Israël a orienté ses agents vers la manipulation de Washington pour commencer une guerre avec Téhéran. Les dirigeants militaristes à Tel-Aviv ont mobilisé leurs atouts politiques à travers les États-Unis pour travailler à détruire l'Iran —le dernier adversaire redoutable à la suprématie d'Israël au Proche-Orient—.

La stratégie israélo-CPS est conçue pour ouvrir la voie à une confrontation entre l'Iran et les États-Unis, en utilisant ses agents dans l'Exécutif ainsi que sa corruption et son contrôle du Congrès. Le contrôle de la CPS sur les médias de masse renforce sa campagne de propagande : tous les jours leNew York Times et le Washington Post publient des articles et des éditoriaux afin de promouvoir l'agenda de guerre d'Israël. Le CPS utilise le département d'État pour forcer d'autres pays de l'Otan à eux aussi affronter l'Iran.

La guerre par procuration d'Israël contre l'Iran : la pression politique états-unienne, les sanctions économiques et les menaces militaires

Seule, la « guerre » d'Israël contre l'Iran ne constituerait pas grand chose de plus que son sabotage cybernétique, des assassinats périodiques de scientifiques par ses agents rémunérés au sein de groupes terroristes et des discours incessants de politiciens israéliens et de leur foule de bénis-oui-oui. En dehors d'Israël, cette campagne a eu peu d'impact sur l'opinion publique. La « guerre » d'Israël contre l'Iran dépend exclusivement de sa capacité à manipuler la politique US à l'aide de ses agents locaux, des groupes qui dominent le Congrès, et via les nominations de fonctionnaires occupant des postes clés dans les départements du Trésor, du Commerce et de la Justice, et comme « conseillers » aux affaires du Proche-Orient. Israël ne peut pas organiser une campagne de sanctions efficaces contre l'Iran, ni influencer quelques pouvoirs importants. Seuls les États-Unis le peuvent. La domination d'Israël au Proche-Orient provient entièrement de sa capacité à mobiliser ses mandataires aux États-Unis à qui est assignée la tâche d'assurer la soumission totale aux intérêts d'Israël des représentants élus —en particulier en ce qui concerne les adversaires régionaux d'Israël—.

Stratégiquement placé, les citoyens à « double nationalité américano-israélienne » ont utilisé leur citoyenneté US pour obtenir des postes de haute responsabilité au sein du gouvernement, directement impliqués dans les politiques touchant Israël. Comme Israéliens, leurs activités sont conformes aux préceptes de Tel-Aviv. Dans l'administration Bush (2001-2008) ces haut fonctionnaires, « Israéliens en premier », ont dominé le Pentagone (Paul Wolfowitz, Douglas Feith), la sécurité au Proche-Orient (Martin Indyk, Dennis Ross), le bureau du vice-président (« Scooter » Libby), les départements du Trésor (Stuart Levey) et de la Sécurité de la Patrie (Michael Chertoff). Dans l'administration Obama les « Israéliens en premier » comprennent Dennis Ross, Rahm Emanuel, David Cohen, le secrétaire au Trésor "Jake le serpent" Lew, le secrétaire au Commerce Penny Pritzker et Michael Froman en tant que Représentant au Commerce, parmi d'autres.

La puissance par procuration d'Israël au sein de l'Exécutif est comparable à sa domination du Congrès. Contrairement à certaines critiques, Israël n'est ni un « allié », ni un « client », des États-Unis. La preuve de la brute asymétrie de la relation abonde dans le dernier demi-siècle. En raison de ces agents puissants dans le Congrès et au sein du pouvoir exécutif, Israël a reçu plus de 100 milliards de dollars des États-Unis au cours des 30 dernières années, soit plus de 3 milliards de dollars par année. Le Pentagone a transféré de la technologie militaire sophistiquée et s'est engagé dans plusieurs guerres pour le compte d'Israël. Le Trésor états-unien a imposé des sanctions bloquant des investissements potentiellement très lucratifs au Proche-Orient (Iran, Irak et Syrie) privant le secteur agricole, manufacturier et les compagnies pétrolières de plus de 500 milliards de dollars de recettes. La Maison-Blanche a sacrifié la vie de plus de 4 400 soldats états-uniens dans la guerre en Irak —une guerre promue par les mandataires d'Israël à la demande des dirigeants d'Israël—. Le département d'État a rejeté les relations amicales et rentables avec plus de 1,5 milliard de musulmans en soutenant la colonie illégale de plus d'un demi million de colons juifs qui occupent militairement la terre palestinienne en Cisjordanie et à Jérusalem.

La question stratégique est de savoir comment et pourquoi cette relation unilatérale entre les USA et Israël persiste depuis si longtemps, même si cela va à l'encontre de tant d'intérêts stratégiques et de l'élite des États-Unis ? La question la plus pressante et immédiate est comment cette relation historiquement déséquilibrée affecte les sanctions américano-iraniennes contemporaines et les négociations nucléaires ?

L'Iran et les négociations de paix

Sans doute le président iranien nouvellement élu et son ministre des Affaires étrangères sont prêts à négocier la fin des hostilités avec les États-Unis en faisant des concessions majeures garantissant l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Ils ont déclaré qu'ils sont ouverts à réduire, voire à mettre fin à la production d'uranium hautement enrichi, à réduire le nombre de centrifugeuses et même à permettre des inspections intrusives spontanées, entre autres propositions prometteuses. Le gouvernement iranien propose une feuille de route avec des objectifs finaux dans le cadre des accords initiaux. La Haute-représentante aux Affaires étrangères de l'Union européenne, Catherine Ashton, a émis des commentaires favorables sur la première rencontre.

L'administration états-unienne a donné des signaux contradictoires après les invitations iraniennes et la séance d'ouverture. Certains commentaires individuels sont prudemment positifs, d'autres sont moins encourageants et rigides. Les sionistes de l'administration comme Jack Lew, le secrétaire au Trésor, insistent pour que les sanctions soient maintenues jusqu'à ce que l'Iran respecte toutes les demandes US (c'est à dire « israéliennes »). Le Congrès, acheté et commandé par la CPS, rejette les ouvertures prometteuses et flexibles iraniennes, en insistant sur les « options » militaires ou le démantèlement total du programme nucléaire légal et pacifique de l'Iran —positions de la CPS visant à saboter les négociations—. À cette fin, le Congrès a adopté de nouvelles sanctions économiques plus extrêmes afin d'étrangler l'économie pétrolière de l'Iran.

Comment les comités d'action politique d'Israël contrôlent le Congrès et préparent la guerre contre l'Iran

La Configuration du pouvoir sioniste utilise sa puissance de feu financière pour dicter la politique du Congrès au Proche-Orient et pour veiller à ce que la Chambre et le Sénat US ne s'éloignent pas d'un iota des intérêts d'Israël. L'instrument sioniste utilisé dans l'achat des élus aux États-Unis est le comité d'action politique (CAP ; « PAC » en anglais).

Grâce à une décision de la Cour suprême en 2010, les Super CAPs dépensent d'énormes sommes afin d'élire ou de détruire des candidats. Ils agissent pour le compte d'Israël. Tant que ces fonds ne vont pas directement au candidat, ces Super PACs n'ont pas à révéler les sommes qu'ils dépensent et comment elles sont dépensées. Les estimations prudentes de fonds directs et indirects liant la CPS et les parlementaires états-uniens s'élèvent à près de 100 millions de dollars au cours des 30 dernières années. La CPS achemine ces fonds au Législatif en général et en particulier aux membres de comités du Congrès impliqués dans la politique étrangère, en particulier les présidents des sous-comités qui traitent avec le Proche-Orient. Sans surprise, les plus grands bénéficiaires au Congrès d'argent CPS sont ceux qui ont activement promu des politiques de la ligne dure d'Israël. Ailleurs dans le monde, ces retombées à grande échelle sur des élections législatives seraient considérées comme de la corruption flagrante et deviendraient l'objet de poursuites judiciaires sanctionnées par l'emprisonnement des deux parties. Aux États-Unis, l'achat et la vente de la voix d'un homme politique est appelé « lobbying ». Elle est légale et ouverte. La branche législative du gouvernement états-unien en est venue à ressembler à une maison de prostitution de luxe ou une vente aux enchères de négriers blancs —mais avec la vie de milliers de personnes en jeu—.

Le CPS a acheté le soutien des élus au Congrès à grande échelle : sur 435 membres de la Chambre des Représentants, 219 ont reçu des paiements de la CPS en échange de leurs votes pour Israël. La corruption est encore plus répandue chez les 100 sénateurs, 94 d'entre eux ayant accepté de l'argent pour leur fidélité à Israël. La CPS déverse de l'argent aussi bien sur les républicains que sur les démocrates, assurant ainsi d'incroyables votes presque unanimes (« bipartisans ») en faveur de « l'État juif », y compris ses crimes de guerre, comme les bombardements de Gaza et du Liban, sans compter les plus de 3 milliards de dollars US des contribuables versés à Tel-Aviv. Au moins 50 sénateurs ont recueilli entre 100 000 et 1 million de dollar chacun en argent CPS au cours des dernières décennies. En échange, ils ont voté pour plus de 100 milliards de dollars de subventions à Israël … en plus d'autres « services et paiements ». Les députés sont moins chers : 25 parlementairess ont reçu entre 238 000 et 500 000 dollars, tandis que le reste n'a reçu que des miettes. Quel que soit le montant, le résultat net est le même : les membres du Congrès reçoivent leur texte à partir de leurs mentors sionistes dans les CAP, les Super CAPs et l'AIPAC. Ils appuient toutes les guerres d'Israël au Proche-Orient et se font promoteurs de l'agression US en faveur d'Israël.

Les législateurs les plus virulents et les plus influents obtiennent les plus gros morceaux : le sénateur Mark Kirk (Bombes sur Téhéran !) est en tête de la liste des goinfres avec 925 000 dollars en retombées CPS, suivi par John McCain (Bombes sur Damas !) avec 771 000 dollars, tandis que les sénateurs Mitch McConnell, Carl Levin, Robert Menendez, Richard Durban et d'autres sionistophiles ne se gênent pas quand vient le moment de tendre leurs petits bols de quêteur lorsque les porteurs de sous pro–Israël des CAPs arrivent ! Floride Ileana Ros-Lehtinen arrive en tête de la liste de la « Maison » avec 238 000 dollars pour son record de positions 100 % pro-Israël ainsi que pour être plus belliciste que Netanyahou lui-même ! Eric Cantor a obtenu 209 000 dollars pour ses « guerres pour Israël » avec des vies états-uniennes tout en réduisant les retraites des personnes âgées. Steny Hoyer, chargé de la discipline de la minorité de la Chambre a obtenu 144 000 dollars pour avoir ramené vers Israël les quelques démocrates chancelants. Le chef de la majorité, John Boehner, a été payé 130 000 dollars pour faire la même chose chez les Républicains.

Le CPS a dépensé d'énormes sommes afin de punir et de détruire une douzaine de parlementaires dissidents qui avaient résisté aux guerres d'Israël et à son grotesque bilan de violations des droits de l'homme. Le CPS a versé des millions dans des campagnes individuelles, non seulement pour le financement de candidats de l'opposition qui ont promis allégeance à Israël, mais pour des campagnes de diffamation des critiques d'Israël. Ces campagnes ont été montées dans les parties les plus obscures des États-Unis, y compris dans la majorité des districts afro-américains où les intérêts sionistes locaux et leur influence sont par ailleurs tout à fait nuls.

Il n'y a pas de CAP, de super CAP, de chef de parti ou d'organisation civique comparable qui puissent contester le pouvoir de la cinquième colonne d'Israël. Selon les documents archivés par le chercheur courageux, Grant Smith de IRMEP, quand il s'agit d'Israël, le ministère de la Justice a catégoriquement refusé d'appliquer les lois fédérales exigeant la poursuite de citoyens états-uniens qui travaillent secrètement pour un État étranger —au moins depuis 1963—. D'autre part, la CPS, à travers ce que l'on appelle l' « Anti-Defamation League » (équivalent de la Licra française), a fait pression avec succès auprès du ministère de la Justice, du FBI et de la NSA, pour enquêter et poursuivre des citoyens respectueux de la loi et patriotiques qui ont critiqué les vols de terre palestinienne et les corrupteurs sionistes du système politique US.

La corruption et la dégradation de la démocratie états-unienne est rendue possible par la « presse respectable » également compromise et corrompue. Steve Lendman, critique des médias, a souligné le lien direct entre Israël et les médias dans son enquête sur le New York Times. Les principaux journalistes (« justes et équilibrés ») produisant des rapports sur Israël ont de forts liens familiaux et politiques envers ce pays et leurs articles ne sont que de la propagande. Ethan Bronner, journaliste du Times, dont le fils a servi dans les Forces de Défense d'Israël, est un apologiste de longue date de l'État sioniste. Isabel Kershner, journaliste de Times, dont « l'écriture » semblent sortir tout droit du ministère israélien des Affaires étrangères, est mariée à Hirsh Goodman, conseiller du régime Netanyahou pour « les Questions de sécurité ». Le chef du bureau de Jérusalem du Times, Jodi Rudoren, vit confortablement dans la maison ancestrale d'une famille palestinienne dépossédée de cette ville antique.

L'inébranlable attitude pro-Israël du New York Times fournit une couverture politique et de la justification aux politiciens états-uniens corrompus quand ils battent les tambours de guerre pour Israël. Il n'est pas surprenant que le New York Times, comme le Washington Post, soit profondément engagé en dénigrant et en dénonçant les négociations us-iraniennes actuelles. Ils offrent de vastes espaces pour la rhétorique unilatérale des politiciens israéliens et leurs becs états-uniens, tout en excluant studieusement les voix les plus rationnelles d'anciens diplomates expérimentés, de chefs militaires las de la guerre et de représentants du monde des affaires et des milieux universitaires.

Pour comprendre l'hostilité du Congrès aux négociations nucléaires avec l'Iran et ses efforts pour les faire échouer à travers l'imposition de nouvelles sanctions ridicules, il est important d'aller à la source du problème, à savoir les déclarations des hommes politiques israéliens clés, qui fixent la ligne de marche pour leurs mandataires US.

À la fin octobre 2013, Amos Yadlin, ancien chef du renseignement de la Défense israélien, a déclaré devoir choisir entre « la bombe ou le bombardement » —un message qui a immédiatement été repris par les 52 présidents des principales organisations juives états-uniennes [Daily Alert, le 24 octobre, 2013]—. Le 22 octobre 2013, le ministre du Renseignement d'Israël, Youval Steinitz, a appelé à de nouvelles sanctions sévères contre l'Iran. Il a insisté pour que les États-Unis les utilisent comme levier afin d'exiger que l'Iran accepte d'abandonner entièrement son énergie nucléaire pacifique et son programme d'enrichissement. Le ministre de la Défense Moshe Yaalon a affirmé qu'« Israël n'acceptera aucun accord qui permette à l'Iran d'enrichir de l'uranium ». C'est la position d'Israël de menacer l'Iran de guerre (via les États-Unis) s'il ne cesse pas immédiatement son programme nucléaire. Ceci définit la position de tous les grands CAPs, les Super CAPs pro-israélien et l'AIPAC. Ils dictent les discours au Congrès. En conséquence, celui-ci adopte des sanctions économiques encore plus extrêmes contre l'Iran afin de saboter les négociations en cours.

Ceux qui ont reçu les plus grands pots de vin sionistes sont les plus véhéments : le sénateur Mark Kirk (925 379 dollars), auteur d'un précédent projet de loi sur les sanctions, exige que l'Iran abandonne la totalité de son programme nucléaire et balistique. Il déclare que le Sénat « devrait aller de l'avant avec une nouvelle série de sanctions économiques visant la totalité des recettes et des réserves du gouvernement iranien » [Financial Times, 18 octobre 2013 , p. 6]. La Chambre des représentants a déjà adopté une loi limitant fortement la capacité de l'Iran à vendre son principal produit d'exportation, le pétrole. Encore une fois, l'axe israélo-CPS-Congrès cherche à imposer au peuple états-unien le plan de guerre d'Israël ! À la fin octobre 2013, le secrétaire d'État Kerry était interrogé pendant sept heures par le Premier ministre israélien Netanyahu. Le lâche Kerry a promis de promouvoir l'agenda d'Israël en démentelant le programme d'enrichissement nucléaire de l'Iran.

Pour contrer la campagne d'étranglement de l'économie pétrolière de l'Iran promue par les laquais d'Israël au Congrès, le gouvernement iranien a offert de généreux contrats aux États-Unis et aux compagnies pétrolières européennes [Financial Times, 29 octobre 2013 , p 1]. Les dispositions protectionnistes existantes sont en cours de suppression. Selon les nouvelles conditions, les sociétés étrangères choisissent elles-mêmes les zones à exploiter ou prennent part aux projets iraniens. L'Iran espère attirer au moins 100 milliards de dollars d'investissements au cours des trois prochaines années. Ce pays stable dispose des plus grandes réserves de gaz du monde et de la quatrième plus grande réserve de pétrole. En raison des sanctions US (c'est-à-dire israéliennes) imposées actuellement, la production a chuté de 3,5 millions de barils par jour en 2011 à 2,58 millions de barils par jour en 2013. La question est de savoir si les multinationales états-uniennes et européennes ont le pouvoir de contester la mainmise de la CPS sur la politique de sanction américano-européenne. Jusqu'ici, le CPS a dominé cette politique critique et a marginalisé les multinationales en utilisant les menaces, le chantage et la coercition contre les décideurs états-uniens. Cela a effectivement exclu les entreprises US du marché lucratif iranien.

Conclusion

Les États-Unis et les 5 autres pays qui tentent de négocier avec l'Iran font face à d'énormes obstacles pour surmonter la puissance d'Israël sur le Congrès. Au cours des dernières décennies, les agents d'Israël ont acheté la loyauté de la grande majorité des membres du Congrès, les formant afin qu'ils reconnaissent et respectent les sifflets, les signaux et les scripts des fauteurs de guerre à Tel-Aviv.

Cette « Axe de la guerre » a infligé d'énormes dégâts au monde, a entraîné la mort de millions de victimes de guerres états-uniennes au Proche-Orient, en Asie du Sud et en Afrique du Nord. La corruption brute et la faillite largement reconnue du système législatif sont dues à sa servilité envers une puissance étrangère. Ce qui reste à Washington est un État vassal, dégradé, méprisé par ses propres citoyens. Si le Congrès contrôlé par la CPS réussit encore une fois à détruire les négociations entre les États-Unis et l'Iran via de nouvelles résolutions belliqueuses, nous, le peuple états-unien, devrons payer un prix énorme en vies et en argent.

Le temps est venu d'agir. Il est temps de se lever et d'exposer le rôle joué par les CAPs israéliens, les super CAPs et des 52 organisations juives US à corrompre le Congrès et à transformer nos représentants élus en larbins pour les guerres d'Israël. Il y a eu un silence assourdissant de nos critiques, y compris dans la presse alternative. La preuve est ouvertement disponible, les crimes sont indéniables. Le peuple états-unien a besoin de leaders politiques réels avec le courage d'extirper les corrompus et les corrupteurs et de forcer les parlementaires à représenter les intérêts du peuple états-unien.

James Petras sur www.mondialisation.ca le 14/11/2013

Article original en anglais :

Israel Buys the US Congress: Sabotaging the US-Iran Peace Negotiations, 2 novembre 2013

Traduction : Roger Lagassé

James Petras : Professeur émérite de sociologie à l'université Binghamton de New York. Dernier ouvrage publié en français : La Face cachée de la mondialisation : L'Impérialisme au XXIe siècle, (Parangon, 2002). Dernier ouvrage publié en anglais : The Arab Revolt and the Imperialist Counter Attack , (Clarity Press, 2011).

jeudi 14 novembre 2013

Syrie : Riyad menace d'attaquer USA/GB

L'arme du terrorisme utilisée depuis plus de deux ans contre Damas se tourne vers ceux qui l'utilisent !
 
Des terroristes membres d'al Qaida qui combattent l'armée et l'Etat syrien menacent dans une récente vidéo de s'en prendre à la Grande Bretagne et aux Etats Unis. ces terroristes qui sont non syriens et au nombre des quels figurent des ressortissants occidentaux affirment sur cette vidéo que leur prochaine cible serait les Etats Unis et la Grande Bretagne. 
 
Depuis le début de la guerre contre la Syrie en 2011, plus de 100 ressortissants britanniques sont arrivés en Syrie. il existe aussi des canadiens, des allemands, des français et des russes , des belges ... qui combattent l'armée syrienne et qui appartiennent tous à la pensée salafo wahhabite. Pour les analystes politique, cette menace , une première du genre à avoir été formulée, pourrait être en rapport avec les récents changements tactiques des Etats Unis.
 
L'Arabie saoudite et ses services de renseignement commandent en effet Al Qaida en Syrie et en Irak; et ces menaces pourrait être celles de Riyad formulées contre Londres et Washington ....
 
Sur http://french.irib.ir le 14/11/2013
 

Les Chrétiens de Syrie demandent la protection de la Russie

Environ 50.000 Syriens Chrétiens ont demandé à obtenir la nationalité Russe. Dans une lettre au ministère Russe des affaires étrangères, ils ont expliqué qu'ils n'avaient pas pour objectif de fuir la Syrie, mais que s'ils se trouvaient menacés d'élimination, ils feraient de la Russie la gardienne de leur survie. Les analystes pensent que malgré les difficultés qu'implique leur requête, elle ne sera pas ignorée.

La lettre est parvenue jusqu'à Moscou par les canaux diplomatiques. Elle explique que les terroristes soutenus par l'Occident sont prêts à tout pour éliminer les Chrétiens de Syrie. Les auteurs de la lettre disent n'avoir aucune intention de fuir la terre sur laquelle a marché Jésus et promettent de défendre leur pays, leur dignité et leur foi. Ils perçoivent la Russie comme la gardienne de leur paix et de leur stabilité. Ils ne demandent pas d'argent ou d'aide humanitaire, juste l'obtention de la nationalité Russe. 'Nous serions ainsi sous la protection de la Russie si les terroristes menaçaient de nous éliminer'.

Stanislav Tarasov, directeur du centre de recherche d'Asie Centrale-Caucase, expliquait récemment à Voice of Russia qu'au vu de ce qui se passe en Syrie, leur demande d'obtention de passeports Russes semble justifiée.

'Pour eux, il ne s'agit que d'obtenir un laisser-passer. Personne ne sait ce qui se passera en Syrie. Certains suggèrent qu'avec ou sans Assad, la Syrie pourrait devenir une confédération ou être divisée en trois ou quatre territoires. C'est pourquoi les Chrétiens de Syrie tentent d'obtenir le soutien de la Russie'.

Près de 50.000 Syriens ont signé la lettre – médecins, avocats et hommes d'affaires résident de la région de Kalamoun, près de Damas. Le fait que tant de personnes aient signé la lettre en fait une requête importante, mais rend selon Sergei Sergeichev, membre de l'institut d'études sur le Proche-Orient à Moscou, également la situation plus complexe pour la Russie.

'Non pas qu'elle nous mette dans une situation difficile, mais elle force le ministère des Affaires Etrangères à réagir. Nous ne pouvons pas tourner le dos à ces gens. Mais si nous acceptons leur demande, si quelque chose venait à se produire, nous aurions à évacuer des dizaines de milliers de citoyens Russes. Peu importe que ces gens aient deux passeports. Si le président demande une évacuation, ils devront être évacués'.

La Syrie n'est pas le seul pays au sein duquel les Chrétiens ne sont pas en sécurité. Selon les recherches du Pew Forum on Religion and Public Life, les Chrétiens sont persécutés dans 130 pays.

Aujourd'hui, la communauté Chrétienne est la plus persécutée de toutes. Chaque heure, un Chrétien est tué quelque part dans le monde. Et s'ils sont tués, c'est simplement pour leur croyance.

Artyom Kobzev sur www.24hgold.com le 14/11/2013


 

mardi 12 novembre 2013

100 000 martyrs pour Genève 2

La Conférence de Genève, en juin 2012, devait jeter les bases de la paix en Syrie. À l'époque, l'Otan avait renoncé à bombarder le pays comme elle l'avait fait en Libye, pour ne pas entrer en conflit avec la Russie et la Chine. La France de Nicolas Sarkozy avait négocié le retrait de ses conseillers militaires de l'Émirat islamique de Baba Amr et obtenu la restitution de ses officiers qui avaient été faits prisonniers. Logiquement, on pouvait estimer que l'État syrien avait gagné la partie et que le retour à la normale était proche.

Pourtant, le soir du 30 juin, la France, qui venait d'élire François Hollande à sa présidence, émettait une réserve sur l'interprétation du communiqué final. Selon elle, le gouvernement de transition devant être accepté par toutes les parties, l'accord impliquait le départ définitif du président el-Assad. Une semaine plus tard, le président Hollande recevait à Paris la 3ème réunion des « Amis du peuple syrien » avec en guest star, Abou Saleh, le jeune journaliste de France 24 et d'Al-Jazeera qui avait fait régner la terreur à Homs. Finies les promesses de Sarkozy : puisque la guerre de 4ème génération (celle des mensonges médiatiques) avait échouée, on allait passer à la guerre de type nicaraguayen avec des dizaines de milliers de combattants étrangers.

Ce revirement de la France s'explique à la fois par l'appétit de quelques personnalités de la classe possédante et par la corruption de la nouvelle équipe dirigeante.
- Pour certains capitalistes, la crise économique de 2008 marque l'impossibilité de gagner beaucoup d'argent en France compte tenu de l'appauvrissement des classes populaires. Ils avaient donc poussé le président Sarkozy à préparer la guerre en Syrie et ont poursuivi ce projet lorsque celui-ci négociait le retrait français. Leurs intérêts ont été représentés à l'Élysée par le chef d'état-major particulier du président de la République, le général Benoît Puga, maintenu en fonctions par François Hollande.
- La campagne électorale de François Hollande a été principalement et illégalement financée par le Qatar. Ce minuscule émirat, jadis lié à la France, était gouverné depuis le coup d'État de 1995 par l'ambitieux cheik Hamad. Il autorise en 1999 Exxon-Mobil à exploiter sans limites le gaz du pays. En quelques années, le Qatar devient un géant mondial du gaz et de facto la propriété des Rockefeller. Le président Hollande choisit Laurent Fabius comme ministre des Affaires étrangères car il avait servi d'intermédiaire entre lui et l'émirat. Or, le ministre est ce qu'il est convenu d'appeler « un ami d'Israël ». À ce titre, il va pousser la France à « saigner » la Syrie.

L'attaque fut lancée le 18 juillet 2012 par un attentat qui coûta la vie aux membres du Conseil de sécurité nationale. Il s'en suivit une guerre d'un an et demi qui fit plus de 100 000 morts. Il est convenu de dire aujourd'hui que cette guerre n'aura pas de solution militaire, les Contras étant remplacés au fur et à mesure de leur élimination.

Moscou et Washington parlent aujourd'hui d'une Conférence de Genève 2. En effet, le Royaume-Uni a opportunément été contraint de se retirer par un vote de sa chambre des Communes ; l'émir de Qatar a été contraint par les États-Unis à abdiquer ; la France n'a pas pu maintenir sa pression militaire depuis son opération au Mali ; la Turquie est trop divisée pour mener des opérations de grande envergure. Il ne reste à vrai dire qu'un seul joueur : l'Arabie saoudite.

Riyadh a établi son ministre-adjoint de la Défense à Amman pour y constituer une force de 50 000 mercenaires. Il avait été prévu que le bombardement chimique de la Ghoutta par les Contras avec du matériel turc donnerait le signal d'un retournement de situation. Les commandants alliés se réunirent à Amman pour mettre au point le changement de régime. Puis : rien.

En réalité, de même que Washington a contraint l'émir du Qatar à quitter la scène, de même cette excitation n'avait d'autre but que de contraindre l'Arabie saoudite au retrait. Après avoir hurlé de douleur et annoncé vouloir se venger des États-Unis, les Séoud sont apparemment rentrés dans le rang lorsque John Kerry est venu leur rappeler qu'ils ne sont installés sur leur trône que par la volonté de l'Occident. Dès lors, la Conférence de Genève 2 devrait se tenir soit début décembre, soit fin janvier. Les Alliés des États-Unis devraient enfin y entériner l'accord secret conclu entre Moscou et Washington, il y a un an et demi.

 

par Thierry Meyssan le 11/11/2013 sur www.voltairenet.org

lundi 4 novembre 2013

La Syrie a changé

De passage à Damas, l'envoyé spécial des secrétaires généraux de la Ligue arabe et de l'Onu, Lakhdar Brahimi, a présenté « son » projet de conférence de paix, Genève 2. Une conférence dont l'objectif serait de mettre fin à la « guerre civile ». Cette terminologie reprend l'analyse d'un camp contre un autre, de ceux qui affirment que ce conflit est une suite logique du « printemps arabe », contre ceux qui soutiennent qu'il a été fabriqué, alimenté et manipulé de l'extérieur.

La guerre selon l'opposition armée

Pour les Occidentaux et la majorité de la Coalition nationale, la Syrie vit une révolution. Son peuple s'est soulevé contre une dictature et aspire à vivre dans une démocratie comme aux États-Unis. Cependant cette vision des choses est démentie par le Conseil de coopération du Golfe, le Conseil national syrien et l'Armée syrienne libre. Pour eux, le problème n'est pas celui de la liberté, mais de la personnalité de Bachar el-Assad. Ils se contenteraient de conserver les mêmes institutions si le président acceptait de laisser sa place à un de ses vice-présidents. Toutefois, cette version est à son tour démentie par les combattants sur le terrain, pour qui le problème n'est pas la personnalité du président, mais la tolérance qu'il incarne. Leur but est d'instaurer un régime de type wahhabite où les minorités religieuses seraient soit soumises, soit détruites, et où la Constitution serait remplacée par la Charia.

La liberté d'expression

Au début, lorsque des snipers tuaient des gens, on disait que c'était des tireurs du régime qui cherchaient à imposer la peur. Lorsque des voitures explosaient, on disait que c'était une attaque perpétrée par les services secrets sous faux drapeau. Lorsque un gigantesque attentat a tué les membres du Conseil de sécurité, on accusait Bachar el-Assad d'avoir éliminé ses rivaux. Aujourd'hui, plus personne n'a de doute : ces crimes étaient l'œuvre des jihadistes et ils ne cessent d'en commettre.

Au début, il y avait la loi d'urgence. Depuis 1963, les manifestations étaient interdites. Les journalistes étrangers ne pouvaient entrer qu'au compte-goutte et leurs activités étaient étroitement surveillées. Aujourd'hui, la loi d'urgence a été levée. Il n'y a toujours que peu de manifestations parce qu'on craint des attentats terroristes. Les journalistes étrangers sont nombreux à Damas. Ils évoluent librement sans aucune surveillance. La plupart continuent pourtant à raconter que le pays est une horrible dictature. On les laisse faire en espérant qu'ils se lasseront de mentir lorsque leurs gouvernements cesseront de prêcher le « renversement du régime ».

Au début, les Syriens ne regardaient pas les chaînes de télévision nationales. Ils les considéraient comme de la propagande et leur préféraient Al-Jazeera. Ils suivaient ainsi en direct les exploits des « révolutionnaires » et les crimes de la « dictature ». Mais avec le temps, ils se sont trouvés confrontés directement aux événements. Ils ont vu par eux-mêmes les atrocités des peudos-révolutionnaires et, souvent, ils n'ont dû leur salut qu'à l'armée nationale. Aujourd'hui, les gens regardent beaucoup plus les télévisions nationales, qui sont plus nombreuses, et surtout une chaîne libano-irakienne, Al-Mayadeen, qui a récupéré l'auditoire d'Al-Jazeera dans l'ensemble du monde arabe et qui développe un point de vue nationaliste ouvert.

La liberté de conscience

Au début, l'opposition armée se disait pluri-confessionnelle. Des personnes issues de minorités religieuses la soutenaient. Puis, il y eut les tribunaux islamiques qui condamnèrent à mort et égorgèrent les « mauvais » sunnites, « traîtres » à leur communauté ; les alaouites et les chiites, torturés en public ; et les chrétiens expulsés de leurs maisons. Aujourd'hui, chacun à compris que l'on est toujours hérétique lorsque l'on est jugé par des « purs », des takfiristes.

Alors que des intellectuels affirment que la Syrie a été détruite et qu'il faut la redéfinir, les gens savent ce qu'elle est et sont souvent prêts à mourir pour elle. Il y a dix ans, chaque famille avait un adolescent qu'elle tentait de faire échapper au service militaire. Seuls les pauvres envisageaient de faire carrière sous les drapeaux. Aujourd'hui, beaucoup de jeunes s'engagent dans l'armée et leurs aînés dans les milices populaires. Tous défendent la Syrie éternelle où se côtoient différentes communautés religieuses, ils vénèrent ensemble le même Dieu lorsqu'ils en ont un.

Au cours du conflit, beaucoup de Syriens ont eux-mêmes évolué. Au début, ils observaient majoritairement les événements en se tenant à l'écart, la plupart affirmant ne se reconnaître dans aucun camp. Après deux ans et demi de terribles souffrances, chacun de ceux qui sont restés dans le pays a dû choisir pour survivre. La guerre n'est plus qu'une tentative des puissances coloniales de souffler sur les braises de l'obscurantisme pour brûler la civilisation.

La liberté politique

Pour moi, qui connait la Syrie depuis une dizaine d'années et vit à Damas depuis deux ans, je mesure à quel point le pays a changé. Il y a dix ans, chacun racontait à voix basse les problèmes qu'il avait rencontré avec les mukhabarats, qui se mêlaient de tout et de n'importe quoi. Dans ce pays, dont le Golan est occupé par Israël, les services secrets avaient en effet acquis un pouvoir extravagant. Pourtant, ils n'ont rien vu et rien su de la préparation de la guerre, des tunnels que l'on creusait et des armes que l'on importait. Aujourd'hui, un grand nombre d'officiers corrompus s'est enfui à l'étranger, les mukhabarats se sont recentrés sur leur mission de défense de la patrie et seuls les jihadistes ont à s'en plaindre.

Il y a dix ans, le parti Baas était constitutionnellement le leader de la nation. Il était seul autorisé à présenter des candidats aux élections, mais il n'était déjà plus un parti de masse. Les institutions s'éloignaient progressivement des citoyens. Aujourd'hui, on a du mal à suivre la naissance des partis politiques tant ils sont nombreux. Chacun peut se présenter aux élections et les gagner. Seule l'opposition « démocratique » a, depuis Paris et Istanbul, décidé de les boycotter plutôt que de les perdre.

Il y a dix ans, on ne parlait pas de politique dans les cafés, seulement à la maison avec les gens que l'on connaissait. Aujourd'hui, tout le monde parle politique, partout, dans les zones contrôlées par le gouvernement et jamais dans celles contrôlées par l'opposition armée.

Où est la dictature ? Où est la démocratie ?

Réactions de classe

La guerre, c'est aussi un conflit de classe. Les riches, qui disposent d'avoirs à l'étranger, sont partis lorsque Damas a été attaqué. Ils aimaient leur pays, mais surtout protégeaient leurs vies et leurs biens.
Les bourgeois étaient terrorisés. Ils payaient l'impôt « révolutionnaire » lorsqu'on les insurgés l'exigeaient, et affirmaient soutenir l'État lorsque l'armée les questionnait. Inquiets, ils attendaient le départ du président El-Assad qu'Al-Jazeera annonçait comme imminent. Ils ne sont sortis de leur angoisse que lorsque les États-Unis ont renoncé à bombarder le pays. Aujourd'hui, ils ne songent qu'à se racheter en finançant les associations des familles de martyrs.
Le petit peuple savait lui, depuis le départ, ce qu'il en était. Il y avait ceux qui voyaient dans la guerre un moyen de se venger de leurs conditions économiques, et ceux qui voulaient défendre la liberté de conscience et la gratuité des services publics.

Les États-Unis et Israël, la France et le Royaume-Uni, la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite, qui ont livré cette guerre secrète et qui l'ont perdue, n'anticipaient pas ce résultat : pour survivre, la Syrie a libéré ses énergies et a retrouvé sa liberté.

Si la conférence de Genève 2 se tient, les grandes puissances ne pourront rien y décider. Le prochain gouvernement ne sera pas le fruit d'un arrangement diplomatique. Le seul pouvoir de la conférence sera de proposer une solution qui ne pourra être appliquée qu'après avoir été ratifiée par un référendum populaire.

Cette guerre a saigné la Syrie, dont la moitié des villes et des infrastructures ont été détruites pour satisfaire les appétits et les fantasmes des puissances occidentales et du Golfe. Si quelque chose de positif devait surgir de Genève 2, ce serait le financement de la reconstruction par ceux qui ont fait souffrir le pays.

Par Thierry Meyssan (Source Al-Watan (Syrie)) sur www.voltairenet.org le 4/11/2013