Près de 40 ans après la dernière mission contrôlée à s'être posée sur la Lune, la sonde soviétique Luna 24 en 1976, la Chine vient d'ouvrir une nouvelle ère de l'exploration robotique lunaire, préambule à des missions habitées. Son rover, qui a quitté la Terre le 1er décembre, s'est posé avec succès le weekend dernier. Il a déjà effectué ses premiers tours de roue.
C'est fait, les Chinois ont atterri sur la Lune. Certes pas à l'endroit où on les attendait, dans Sinus Iridum, mais dans la partie nord de la mer des Pluies, dans une région située au sud-ouest des monts Droits (Montes Recti). L'atterrisseur chinois s'est posé sur la Lune samedi 14 décembre à 14 h 13 heure française. Un peu plus de sept heures plus tard, à 21 h 40, le rover Yutu (lapin de jade en français), pesant 120 kg, est descendu de sa plateforme et a commencé à rouler.
La dernière mission destinée à toucher le sol lunaire était celle la sonde indienne Chandrayaan-1, qui a lancé l'impacteur MIP (Moon Impact Probe) en octobre 2008. Quant au dernier atterrissage en douceur sur le sol sélène, il remonte au 18 août 1976. Ce jour-là, la sonde soviétique Luna 24 se posait pour un séjour de quatre jours avant de décoller pour ramener sur Terre un peu de roche lunaire. Quant à la dernière fois que l'on a roulé sur la Lune, c'était le 13 décembre 1972, voilà 41 ans presque jour pour jour. L'astronaute de la Nasa Eugene Cernan et le géologue Harrison Schmitt effectuent alors la troisième et dernière sortie extravéhiculaire de la mission Apollo 17 dans la vallée de Taurus-Littrow, à bord d'un rover lunaire.
Le rover et l'atterrisseur de la mission Chang'e 3 se sont mutuellement photographiés à leur arrivée sur la Lune, ce weekend. © CNSA
Les missions Chang'e pour ramener des échantillons lunaires sur Terre
La descente et l'atterrissage n'ont pas connu de problème, signant un succès technologie pour l'industrie spatiale. Malgré son isolement et les restrictions américaines à l'export sur les produits de haute technologie, la Chine bénéficie tout de même d'une quarantaine d'années d'avancées technologiques par rapport aux dernières missions lunaires de surface. Autrement dit, le retour scientifique de cette mission pourrait être très significatif. Alors que le rover devrait fonctionner plusieurs mois (on parle d'une durée de vie d'un trimestre), l'atterrisseur est conçu pour fonctionner pendant au moins deux ans.
Après Chang'e 3 sont prévues deux autres missions qui ont pour but de rapporter des échantillons lunaires sur la Terre. Chang'e 4 sera assez similaire à la mission qui vient de se poser. La mission de ce rover sera cependant bien plus longue, de façon à étendre les possibilités d'exploration de la zone d'atterrissage. L'engin devrait tester des technologies nécessaires à la récupération d'échantillons lunaires et à leur envoi sur Terre. La tâche de rapporter ces échantillons sera confiée à Chang'e 5 d'ici à la fin de cette décennie.
Après cette étape débutera un programme d'infrastructures lunaires robotisées, prélude au projet lunaire habité que l'agence spatiale chinoise, la CNSA, a dévoilé début 2012 dans son livre blanc des ambitions et priorités spatiales pour la période 2012-2016. Seul regret, l'absence de politique de communication digne de son nom, qui contraint les journalistes à utiliser le conditionnel. En effet, les Chinois demeurent très discrets sur les scénarios et les feuilles de route de leurs programmes spatiaux.
Par Rémi Decourt sur www.future-sciences.com le 16/12/2013
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