jeudi 11 avril 2013

Des rebelles syriens refusent l'État islamique prôné par Al-Qaeda

Alors que le Front syrien Al-Nosra a prêté mercredi allégeance au chef d'Al-Qaeda, une autre composante de la rébellion syrienne refusent toute alliance avec ce groupe islamiste.

Une des principales composantes de la rébellion syrienne a rejeté jeudi l'appel du chef d'Al-Qaeda à établir un Etat islamique en Syrie au moment où les jihadistes du Front al-Nosra, très présents sur le terrain, viennent de prêter allégeance à Ayman al-Zawahiri.

 

Les Comités locaux de coordination (LCC), une des premières organisations à avoir animé la révolte sur le terrain, «refusent totalement les propos du chef d'Al-Qaeda Ayman al-Zawahiri et son appel à établir un Etat islamique en Syrie». «Nous condamnons cette flagrante immixtion dans les affaires intérieures syriennes et nous réaffirmons que seuls les Syriens décideront de l'avenir de leur pays», indique dans un communiqué ce mouvement qui regroupe des militants pacifistes de différentes tendances politiques.

Dans un message sonore mis en ligne dimanche sur des sites islamistes, le numéro un d'Al-Qaeda avait lancé aux rebelles: «Déployez tous vos efforts pour que le fruit de votre jihad soit, avec la volonté de Dieu, un Etat islamique jihadiste (...), une étape sur la voie du rétablissement du califat islamique».

Dans leur communiqué, les LCC «rappellent que la révolution a été lancée pour instaurer la liberté, la justice et un Etat démocratique, pluraliste et civil». «Notre rêve après le renversement de ce régime fasciste est d'établir un régime basé sur les libertés publiques, les droits de l'Homme et l'égalité politique entre les citoyens», ajoutent-ils. «Nous voulons une république dans laquelle tous ses membres jouiront des mêmes droits et des mêmes devoirs selon le principe de la citoyenneté. Personne n'aura le droit de s'en prendre à un citoyen en raison de sa religion, sa confession et son ethnie», insistent les LCC.

Le Front Al-Nosra, en première ligne dans le combat contre le régime syrien, a annoncé mercredi qu'il prêtait allégeance à Ayman al-Zawahiri mais s'est démarqué de l'annonce de parrainage faite par la branche irakienne du réseau la veille. 

Sur www.liberation.fr le 11/04/2013

 

lundi 8 avril 2013

Afghanistan: Karzaï condamne un bombardement de l'Otan ayant tué 11 enfants

Le président Hamid Karzaï a "fermement condamné" dimanche un bombardement de l'Otan samedi dans l'est de l'Afghanistan qui a tué onze enfants afghans, malgré de multiples injonctions de sa part à cesser les attaques aériennes sur des zones d'habitations.

"Tout en condamnant l'utilisation de civils comme boucliers, le président a dénoncé toute opération qui cause la mort de civils", peut-on lire dans un communiqué de la présidence afghane, ajoutant qu'une "délégation" se rendrait sur les lieux pour enquêter.

L'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan, qui indiquait jusqu'alors que "jusqu'à dix femmes et enfants avaient été blessés mais non pas tués", selon l'un de ses porte-parole dimanche après-midi, a déclaré quelques heures plus tard qu'elle "prenait acte des informations sur la mort de dix enfants", selon un autre de ses communicants.

"Nous rassemblons les faits pour comprendre ce qui s'est produit. Nous prenons chaque perte civile très au sérieux", a poursuivi cet autre porte-parole.

Un premier bilan, confirmé par trois responsables de la province du Kunar, l'un des bastions talibans de l'Est du pays où l'incident s'est produit, faisait état de 10 enfants morts, auxquels s'ajoutait la mort d'une femme, selon l'une de ces sources.

Le bombardement s'est produit alors qu'un combat intense opposait des troupes afghanes et américaines à des insurgés talibans dans le district de Shigal, selon plusieurs sources afghanes et l'Isaf.

"Avant le bombardement, un Américain a été tué et quatre membres des forces de sécurité afghanes ont été blessés dans une attaque des insurgés", a commenté Wasifullah Wasifi, le porte-parole du gouvernement provincial du Kunar.

La mort d'un civil américain dans l'Est afghan a été annoncée samedi par les forces armées américaines par communiqué, sans plus de précisions. Le porte-parole de l'Isaf a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait bien du même incident.

"On nous tirait dessus depuis plusieurs maisons de la zone. Un Américain a été tué et plusieurs de nos hommes blessés. La force de la coalition a répondu par un bombardement", a expliqué une source sécuritaire afghane présente pendant l'opération.

"Nous ne savions pas qu'il y avait des femmes et des enfants dans la maison. Les talibans les ont utilisés comme des boucliers", a poursuivi cet homme sous couvert d'anonymat.

Selon Abdul Zahir, le gouverneur du district de Shigal, où les combats ont eu lieu, les villageois à Asa Abad, capitale du Kunar, ont fait état de dix cadavres d'enfants, alors que six femmes ont été prises en charge à l'hôpital provincial.

Selon Sayed Rahman, reponsable de la sécurité de Shigal, une femme aurait également péri dans le bombardement.

Abdulqahar Balkhi, un porte-parole des talibans, a regretté sur twitter la mort de "22 civils innocents devenus martyrs à cause d'un bombardement des terroristes américains et de l'Otan", dont "15 membres d'une même famille".

Les bombardements sont un motif de colère constant d'Hamid Karzaï à l'égard de la force internationale, qui porte son gouvernement à bout de bras.

Début février, le chef de l'Etat afghan avait interdit à ses forces armées de solliciter l'appui aérien de l'Otan, après que dix femmes et enfants eurent trouvé la mort dans le Kunar.

Malgré onze années de présence de la coalition de l'Otan, qui les a chassés du pouvoir, les talibans n'ont toujours pas été mis hors de combat. Ils poursuivent leur guérilla contre les forces internationales et contre les forces gouvernementales afghanes, principalement dans le sud et l'est du pays.

Avril marque le début de la "saison des combats" en Afghanistan, après un hiver rigoureux généralement plus calme.

Samedi, cinq autres membres de la coalition, trois militaires et deux civils, sont également morts au cours d'une attaque à la voiture piégée dans le sud du pays, faisant de cette journée la plus meurtrière pour la coalition internationale en près de huit mois.

Sur www.google.com le 08/04/2013

 

mercredi 3 avril 2013

Syrie : la course à l'or noir

Les réserves pétrolières assertées de la Syrie, d'un montant de 2,5 milliards de barils, sont plus importantes que celles de tous les pays environnants à l'exception de l'Irak : l'estimation vient de la U.S. Energy Information Administration, qui, en pétrole (surtout celui des autres), s'y entend. Ceci fait de la Syrie un des plus grands producteurs et exportateurs de pétrole au Moyen-Orient. Le pays possède aussi de grosses réserves de gaz naturel, utilisé jusqu'à présent pour la consommation intérieure, surtout pour alimenter en gaz les centrales thermoélectriques. Mais il y a un problème, signale l'agence étasunienne : depuis 1964, les licences pour l'exploration et l'exploitation des gisements sont réservées aux sociétés d'Etat syriennes. Ceci procurait à l'Etat, jusqu'en 2010, une entrée annuelle de plus de 4 milliards de dollars provenant de l'exportation de pétrole surtout en Europe. Mais les choses changent avec la guerre. L' « Armée syrienne libre » s'est emparée d'importants champs pétrolifères dans la région de Deir Ezzor.

D'autres sites, dans l'aire de Rumeilan, sont contrôlés par les Kurdes du Parti d'union démocratique, hostiles cependant, aussi, aux « rebelles » avec lesquels ils se sont affrontés plusieurs fois. La stratégie Usa/Otan mise sur les « rebelles », qu'on a aidés à s'emparer des champs pétrolifères dans un double objectif : priver l'Etat syrien des revenus des exportations, déjà fortement en baisse sous l'effet de l'embargo de l'Union européenne ; faire en sorte qu'à l'avenir les plus grands gisements passent, par l'intermédiaire des « rebelles », sous le contrôle des grandes compagnies pétrolières occidentales. A cet effet, le contrôle du réseau intérieur des oléoducs et gazoducs est fondamental. Ce réseau a été saboté par les « rebelles » à plusieurs endroits, surtout dans les alentours de Homs où se trouve une des deux raffineries du pays, afin d'interrompre la fourniture de produits pétrolifères. Mais une autre mise est plus importante encore, stratégiquement : le rôle de la Syrie comme hub de couloirs énergétiques alternatifs à ceux qui passent à travers la Turquie et d'autres parcours, contrôlés par les compagnies étasuniennes et européennes.

La « guerre des oléoducs » a commencé depuis longtemps : en 2003, en envahissant l'Irak, les Etats-Unis ont immédiatement détruit l'oléoduc Kirkuk-Baniyas qui transportait en Syrie le brut irakien. Celui de Ain Zalah à Suweidiva est resté par contre en fonction. Damas et Bagdad, défiant les interdictions de Washington, ont ensuite lancé le projet de deux oléoducs et d'un gazoduc qui, à travers la Syrie, relieront les gisements irakiens à la Méditerranée et donc aux marchés extérieurs. Plus dangereux encore pour les intérêts occidentaux est l'accord stipulé en mai 2011 entre Damas, Bagdad et Téhéran : il prévoit la réalisation d'un gazoduc qui, à travers l'Irak, transportera la gaz naturel iranien en Syrie et de là aux marchés extérieurs. Ces projets, et quelques autres, déjà financés, ont été bloqués par ce que l'agence étasunienne définit comme « les conditions de sécurité incertaines en Syrie ».

Par Manlio Dinucci, géographe et journaliste, le 2 avril 2013 sur www.ilmanifesto.it
Traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio et publié sur www.mondialisation.ca

 

Kim Jong-un ferme la porte au Sud

La Corée du Nord maintient la pression dans son escalade avec le Sud, et pas un jour ne se passe sans une provocation supplémentaire. Ce mercredi, elle a interdit aux employés sud-coréens d'entrer dans le complexe industriel intercoréen de Kaesong, symbole de la coopération entre les deux pays. La crise sur la péninsule franchit donc un nouveau palier. La veille, alors que Kim Jong-un avait annoncé le redémarrage d'installations nucléaires, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait déclaré que la crise coréenne «est déjà allée trop loin».

Séoul a précisé que les ouvriers sud-coréens sont autorisés à partir, mais que les «trajets vers le complexe sont interdits». Dans l'après-midi de mercredi, seuls neuf des 861 Sud-Coréens présents sur le site auraient pu repartir. Le ministre de la Défense a déclaré qu'il se préparait à «toutes les options», y compris des actions militaires, pour assurer la sécurité des quelque 800 ouvriers du Sud encore présents sur place.

Située à 10 kilomètres à l'intérieur de la Corée du Nord, la zone industrielle de Kaesong a été créée en 2004, pour instaurer symboliquement une coopération entre le Nord et le Sud. Quelque 50.000 ouvriers nord-coréens y travaillent pour 120 entreprises sud-coréennes. La main d'œuvre à bas coût produit chaussures, vêtements ou produits électroménagers, pour un montant annuel de 2 milliards de dollars. Un précieux apport de devises pour la Corée du Nord. La zone de Kaesong est d'ailleurs toujours restée ouverte pendant les poussées de fièvre sur la péninsule, à l'exception de quelques jours en 2009.

Un comportement «dangereux» et «irresponsable»

Depuis le troisième essai nucléaire nord-coréen, le 12 février, le ton ne cesse de monter. Le week-end dernier, Pyongyang s'est déclaré en «état de guerre» avec le Sud. Et mardi, la Corée du Nord a annoncé sa volonté de redémarrer le réacteur nucléaire de Yongbyon, arrêté en 2007, malgré les résolutions de l'ONU qui lui interdisent tout programme atomique. Ce site pourrait lui permettre d'extraire du plutonium en plus grande quantité et d'accroître les stocks de combustible utilisable dans les armes atomiques. Les experts estiment toutefois qu'une remise service prendra entre 3 mois et un an.

Ces gesticulations ont sans doute un double objectif: à l'intérieur, consolider la légitimité de Kim Jong-un, et à l'extérieur faire monter les enchères pour obtenir des concessions de la part des États-Unis. Elles n'en restent pas moins inquiétantes avec le risque de dérapage possible. Dans ce contexte, Washington a promis mardi de protéger ses alliés sud-coréen et japonais face à Pyongyang. Le secrétaire d'État John Kerry a qualifié le comportement de Kim Jong-un de «dangereux» et «d'irresponsable». Le Pentagone a renforcé ses moyens militaires dans la zone, en déployant notamment au large des côtes coréennes deux destroyers équipés de systèmes de défense antimissiles.

Par Arnaud de La Grange sur www.lefigaro.fr le 03/04/2013

mardi 2 avril 2013

La Syrie, vue de Russie

Selon la rhétorique occidentale, la Syrie serait une dictature écrasant dans le sang une révolution. Elle serait soutenue par la Russie car celle-ci n'avait pas vu de problème à écraser la rébellion tchétchène. Au contraire, vu de Moscou, l'impérialisme occidental s'est ligué depuis 35 ans avec les dictatures religieuses du Golfe pour détourner le jihadisme de la libération de la Palestine et le retourner contre l'URSS en Afghanistan, puis contre la Russie et ses alliés. Par conséquent, la Russie ne soutient pas la Syrie, elle est attaquée en Syrie.

Moscou l'intelligentsia pro-occidentale voit la guerre de Syrie comme un conflit lointain dans lequel le Kremlin a engagé le pays du mauvais côté pour maintenir une inutile base navale à Tartous.

Au contraire, Vladimir Poutine perçoit cette guerre comme un épisode du conflit qui, en vertu de la « doctrine Brzezinski », oppose depuis 1978 la grande coalition occidentalo-islamiste contre l'URSS, puis la Russie. Pour le Kremlin, il ne fait aucun doute que les jihadistes, qui se sont aguerris au Proche-Orient, poursuivront bientôt leur œuvre destructrice en Tchétchènie, en Ingouchie et au Daguestan. De ce point de vue, la chute de la Syrie serait immédiatement suivie de l'embrasement du Caucase russe. Dès lors, soutenir la République arabe syrienne n'est pas une tocade exotique, mais un impératif de sécurité nationale.

Ceci étant posé, les attentes du Kremlin à l'égard de la Syrie n'en sont que plus fortes. Au cours des entretiens que je viens d'avoir avec plusieurs dirigeants russes lors d'un voyage à Moscou, j'ai entendu plusieurs critiques.

1- Moscou ne comprend pas pourquoi Damas n'a pas engagé d'action juridique et diplomatique pour affirmer ses droits. La diplomatie syrienne se place toujours en défense lorsqu'elle est attaquée devant le Conseil des Droits de l'homme à Genève et ne parvient pas à défendre son image. Elle pourrait facilement inverser cette tendance en portant plainte contre ses agresseurs devant la Cour internationale de Justice, comme l'avait jadis fait avec succès le Nicaragua contre les États-Unis. Bien sûr l'important ne serait pas d'obtenir une condamnation de la France, du Royaume-Uni, de la Turquie, du Qatar et de l'Arabie saoudite —laquelle ne pourrait intervenir qu'à l'issue de trois à quatre années de procédure—, mais de renverser la rhétorique du Conseil de sécurité.

Le dépôt de cette plainte devrait être suivi d'une lettre au Conseil de sécurité affirmant le droit de la Syrie à riposter à ses agresseurs. Cette lettre ouvrirait la possibilité pour des groupes combattants arabes syriens d'entreprendre de leur propre initiative des actions armées contre des objectifs militaires de Londres à Doha.

2- De nombreux collaborateurs de Vladimir Poutine sont devenus des admirateurs de Bachar el-Assad en qui ils voient l'homme de la situation. Il ne fait aucun doute que le Kremlin, estimant son autorité à la fois légitime et légale, le soutiendra jusqu'à la fin de son mandat. Cependant, les dirigeants russes s'interrogent sur la volonté du président syrien de gouverner le pays au delà. Ils observent que, malgré leurs appels répétés, Bachar el-Assad n'a toujours pas exposé de programme politique pour le futur du pays. À ce jour, ils ignorent ses choix en matière économique, sociale, culturelle etc. Ils voient en lui le garant d'une société multiconfessionnelle, tolérante et moderne, mais doutent de son intention d'aller plus loin, de sa volonté d'être celui qui repensera et reconstruira le pays une fois la paix revenue.

3- Enfin au Kremlin, on a toute confiance dans l'Armée arabe syrienne et dans l'Armée de défense nationale. On souligne que Damas n'a perdu aucune bataille face aux Contras jihadistes, mais que ceux-ci ont pourtant gagné des positions sans avoir à combattre, comme l'a montré la trahison de Raqqa. Par conséquent, l'État syrien peut tenir encore le temps nécessaire à la finalisation d'un accord de paix régional américano-russe, mais il peut aussi s'effondrer soudainement sous l'effet de trahisons.

C'est pourquoi les dirigeants russes sont ulcérés par le manque de sécurité autour de Bachar el-Assad qu'ils ont testé au cours d'une audience qu'il a accordée à son domicile à une de leurs délégations. Un invité, passant outre les consignes qui lui avaient été données à l'entrée, a conservé avec lui son téléphone portable durant toute la rencontre. Le téléphone a sonné deux fois sans qu'aucun garde n'intervienne. On sait que les services syriens ont déjoué plusieurs tentatives d'assassinat de Bachar el-Assad commanditées par les services d'États membres de l'OTAN, mais force est de constater que sa sécurité rapprochée n'est pas assurée. Certains dirigeants font valoir que la Russie prend un grand risque en soutenant un leader qui peut être assassiné si facilement.

Thierry Meyssan sur www.mondialisation.ca le 1er avril 2013

samedi 30 mars 2013

La Corée du Nord annonce qu'elle est en état de guerre avec le Sud

La Corée du Nord a annoncé samedi qu'elle était en "état de guerre" avec le Sud et qu'elle négocierait toute question intercoréenne sur cette base.
 
"A partir de maintenant, les relations inter-coréennes sont en état de guerre et toutes les questions entre les deux Corées seront traitées selon un protocole adapté à la guerre", a déclaré la Corée du Nord dans un communiqué commun attribué à tous les corps du gouvernement et les institutions.
 

Avancées significatives sur le dossier du nucléaire iranien à Almaty

Les négociations sur le programme nucléaire iranien, qui ont eu lieu sur le territoire neutre du Kazakhstan, ont donné des premiers résultats. Pour la première fois dans l'historique de cette question, Téhéran n'a pas tardé à définir la date du prochain round de négociations. Il est important que l'initiative de se rencontrer rapidement vienne d'Iran. Et cette étape est calée, en dépit du fait qu'en juin, Téhéran attende ses élections présidentielles, ce qui aurait pu servir de couverture pour une certaine réticence à conclure des accords dans un avenir proche. Tous ces faits prouvent que l'Iran cherche à obtenir la levée des sanctions et est prête à répondre aux exigences des «six».

La présence d'uranium en Iran et des conditions associées pour son développement, ne donne pas de repos à la communauté internationale. Récemment, un groupe de scientifiques américains a publié un rapport indiquant que d'ici la mi-2014 l'Iran aura assez d'uranium enrichi pour produire une ou plusieurs bombes nucléaires.

De l'huile a également été versée sur le feu par la déclaration de l'Iran prononcée en février de cette année sur la découverte de nouveaux gisements d'uranium, qui triplent les réserves d'uranium prouvées du pays. En outre, à la mi-février, l'Iran a annoncé l'installation de centrifugeuses de nouvelle génération. Elles sont capables d'enrichir de l'uranium trois fois plus vite à un niveau approprié pour la production de bombes nucléaires.
 
À l'heure actuelle, l'Iran a déjà entièrement équipés les installations de Fordou avec de nouvelles centrifugeuses. Leur nombre devrait atteindre 2700. Jusqu'à présent, seuls 700 d'entre elles sont en activité, cependant, quand elles travailleront, l'Iran va considérablement augmenter les performances de ses installations nucléaires.
Afin de créer une arme nucléaire puissante, il est nécessaire d'enrichir l'uranium jusqu'à 93,5%. Les experts estiment qu'avec l'utilisation de centrifugeuses avancées, l'Iran peut obtenir de l'uranium enrichi à 60 pour cent pour les réacteurs nucléaires marins, et la prochaine étape sera l'uranium hautement enrichi de qualité militaire.

En réponse aux accusations de l'AIEA et de la communauté internationale, l'Iran souligne qu'il enrichit l'uranium à des fins pacifiques.
Rappelons que les trois précédents cycles de négociations des «six» avec la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU), et l'Allemagne a eu lieu en 2012 à Istanbul, Bagdad et Moscou. Mais aucun grands changements ne s'était produit. L'avis des experts du monde entier est divisé en deux camps sur cette question. Si certains supposent que chaque round est complété par de petites concessions de Téhéran, d'autres sont convaincus que dans ce jeu, l'Iran achète du temps pour l'enrichissement de son uranium.

La première question a été soulevée dans le quatrième round de pourparlers à Almaty le 26 février 2013. Pourquoi ont-ils eu lieu sur le territoire du Kazakhstan , un pays qui n'est ni une partie, ni un médiateur dans cette affaire? Il existe plusieurs réponses à cette question. Il suffit de souligner que cet état a une politique assez paisible et s'engage à régler toutes les questions par des moyens pacifiques, il a la confiance de l'Iran et est géographiquement situé à proximité de ce pays.
Deuxièmement, le Kazakhstan promeut les principes de l'utilisation de l'énergie nucléaire pacifique et est activement impliqué dans divers projets internationaux sur le sujet. Le 29 août 1991 à Almaty, il a été signé un décret historique du Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev  pour la fermeture du site d'essais nucléaires de Semipalatinsk. En outre, ce pays a non seulement refusé de conserver le quatrième arsenal nucléaire du monde, mais en même temps reconnu le droit de chaque pays à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, mais strictement en conformité avec les dispositions et les principes de l'AIEA.
En outre, le Kazakhstan demande à être un membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Dans le même temps, ce pays d'Asie centrale s'est fait remarqué lors du Sommet sur la sécurité nucléaire mondiale aux États-Unis en avril 2010, avec l'idée de la création de la Banque internationale de combustible nucléaire (INFM). Il est important de noter que le Kazakhstan n'est en conflit avec aucun pays dans le monde, a une politique de paix et une doctrine militaire pacifique.
Il n'est donc pas surprenant qu'après février 2013, lorsque la Corée du Nord a mené une troisième explosion nucléaire souterraine, les autorités du Kazakhstan ont condamné cette action nord-coréenne.
Il y a neuf mois à Moscou, la partie iranienne a proposé cinq suggestions de coopération. L'objectif des négociations des "six" à Almaty était d'examiner ces propositions. Lors de la conférence de presse, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Saeed Jalili a noté avec satisfaction que les «six» sont venu discuter des propositions, en tenant compte des remarques qui ont été formalisées par l'Iran au cours des trois derniers rounds.
À leur tour, les «six» ont offert de retirer un certain nombre de sanctions contre l'Iran, en échange d'une réduction de l'enrichissement de l'uranium ayant lieu à l'usine souterraine de Fordou à un niveau de 20%. Ici, les «six» ont fait quelques concessions, alors que précédemment ils avaient  insisté sur la cessation complète de l'activité d'enrichissement dans la région. De son côté, Téhéran démontré son besoin de 20% de carburant enrichi dans le cadre de son utilisation à des fins médicales.
L'assouplissement des sanctions couvrira le commerce de l'or et autres métaux précieux. Rappelons que plus tôt, les pays de l'Union européenne ont mis en place un embargo sur les importations de pétrole iranien, qui est entré en vigueur le 1er juillet 2012. Ces actions de l'UE ont été expliquées par le fait qu'ils voulaient forcer Téhéran à abandonner ses ambitions nucléaires. Le même paquet de mesures contre l'Iran a été mené précédemment par Washington au début de la même année, avec l'introduction de sanctions visant à réduire le revenu de la république des ventes de pétrole.
Certains experts ont tendance à croire que si ces mesures devaient entraîner l'arrêt de l'économie de l'Iran, ce pays pourrait lancer une action militaire dans le détroit d'Ormuz, qui, en fait, est une artère commerciale pour les pays du Golfe et en général pour le Moyen-Orient . Il y passe près de 40% du trafic pétrolier mondial.
 
Il est important que tout de suite après l'achèvement des négociations à Almaty, Saeed Jalili ait déclaré qu'il a été convenu que les prochains rounds de négociations des parties se tiendront à Istanbul les 18 et 19 mars, puis à nouveau à Almaty les 5 et 6 avril 2013. En outre, l'initiative d'une reprise rapide des pourparlers venait d'Iran. Rappelons que les intervalles entre les négociations antérieures étaient beaucoup plus longs. Les parties n'avaient jamais programmé des réunions si rapprochées. Ceci suggère que l'Iran cherche à obtenir la levée des sanctions, et est prêt à répondre aux exigences des «six».
Selon le secrétaire d'État américain, John Kerry, la réunion au Kazakhstan était «productive». Répondant aux journalistes à Paris, il a dit que si l'Iran s'oriente vers des négociations sérieuses, elle peut conduire à une solution durable au différend sur son programme nucléaire.
Le directeur exécutif de l'Association sur le contrôle des armes Kimball Daryl est surpris que l'Iran soit prête à poursuivre les négociations malgré le fait que les élections présidentielles en Iran se tiendront en juin. "Beaucoup d'entre nous ont été surpris de constater qu'ils ont convenu d'un nouveau cycle de négociations, car il y a beaucoup de bonnes raisons politiques pour lesquelles ils pourraient tout simplement refuser de conclure un accord dans un avenir proche", a t-il dit.

Pour sa part, l'adjoint du ministre des Affaires étrangères de Chine Ma Djaosiouiv a également déclaré dans une interview avec les médias chinois, qu'après les entretiens d'Almaty, il a été fait le premier pas vers le début de véritables négociations sur le dossier nucléaire iranien, ce qui profitera à la solution de ce problème par le dialogue et les négociations.