samedi 30 mars 2013

Avancées significatives sur le dossier du nucléaire iranien à Almaty

Les négociations sur le programme nucléaire iranien, qui ont eu lieu sur le territoire neutre du Kazakhstan, ont donné des premiers résultats. Pour la première fois dans l'historique de cette question, Téhéran n'a pas tardé à définir la date du prochain round de négociations. Il est important que l'initiative de se rencontrer rapidement vienne d'Iran. Et cette étape est calée, en dépit du fait qu'en juin, Téhéran attende ses élections présidentielles, ce qui aurait pu servir de couverture pour une certaine réticence à conclure des accords dans un avenir proche. Tous ces faits prouvent que l'Iran cherche à obtenir la levée des sanctions et est prête à répondre aux exigences des «six».

La présence d'uranium en Iran et des conditions associées pour son développement, ne donne pas de repos à la communauté internationale. Récemment, un groupe de scientifiques américains a publié un rapport indiquant que d'ici la mi-2014 l'Iran aura assez d'uranium enrichi pour produire une ou plusieurs bombes nucléaires.

De l'huile a également été versée sur le feu par la déclaration de l'Iran prononcée en février de cette année sur la découverte de nouveaux gisements d'uranium, qui triplent les réserves d'uranium prouvées du pays. En outre, à la mi-février, l'Iran a annoncé l'installation de centrifugeuses de nouvelle génération. Elles sont capables d'enrichir de l'uranium trois fois plus vite à un niveau approprié pour la production de bombes nucléaires.
 
À l'heure actuelle, l'Iran a déjà entièrement équipés les installations de Fordou avec de nouvelles centrifugeuses. Leur nombre devrait atteindre 2700. Jusqu'à présent, seuls 700 d'entre elles sont en activité, cependant, quand elles travailleront, l'Iran va considérablement augmenter les performances de ses installations nucléaires.
Afin de créer une arme nucléaire puissante, il est nécessaire d'enrichir l'uranium jusqu'à 93,5%. Les experts estiment qu'avec l'utilisation de centrifugeuses avancées, l'Iran peut obtenir de l'uranium enrichi à 60 pour cent pour les réacteurs nucléaires marins, et la prochaine étape sera l'uranium hautement enrichi de qualité militaire.

En réponse aux accusations de l'AIEA et de la communauté internationale, l'Iran souligne qu'il enrichit l'uranium à des fins pacifiques.
Rappelons que les trois précédents cycles de négociations des «six» avec la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU), et l'Allemagne a eu lieu en 2012 à Istanbul, Bagdad et Moscou. Mais aucun grands changements ne s'était produit. L'avis des experts du monde entier est divisé en deux camps sur cette question. Si certains supposent que chaque round est complété par de petites concessions de Téhéran, d'autres sont convaincus que dans ce jeu, l'Iran achète du temps pour l'enrichissement de son uranium.

La première question a été soulevée dans le quatrième round de pourparlers à Almaty le 26 février 2013. Pourquoi ont-ils eu lieu sur le territoire du Kazakhstan , un pays qui n'est ni une partie, ni un médiateur dans cette affaire? Il existe plusieurs réponses à cette question. Il suffit de souligner que cet état a une politique assez paisible et s'engage à régler toutes les questions par des moyens pacifiques, il a la confiance de l'Iran et est géographiquement situé à proximité de ce pays.
Deuxièmement, le Kazakhstan promeut les principes de l'utilisation de l'énergie nucléaire pacifique et est activement impliqué dans divers projets internationaux sur le sujet. Le 29 août 1991 à Almaty, il a été signé un décret historique du Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev  pour la fermeture du site d'essais nucléaires de Semipalatinsk. En outre, ce pays a non seulement refusé de conserver le quatrième arsenal nucléaire du monde, mais en même temps reconnu le droit de chaque pays à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, mais strictement en conformité avec les dispositions et les principes de l'AIEA.
En outre, le Kazakhstan demande à être un membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Dans le même temps, ce pays d'Asie centrale s'est fait remarqué lors du Sommet sur la sécurité nucléaire mondiale aux États-Unis en avril 2010, avec l'idée de la création de la Banque internationale de combustible nucléaire (INFM). Il est important de noter que le Kazakhstan n'est en conflit avec aucun pays dans le monde, a une politique de paix et une doctrine militaire pacifique.
Il n'est donc pas surprenant qu'après février 2013, lorsque la Corée du Nord a mené une troisième explosion nucléaire souterraine, les autorités du Kazakhstan ont condamné cette action nord-coréenne.
Il y a neuf mois à Moscou, la partie iranienne a proposé cinq suggestions de coopération. L'objectif des négociations des "six" à Almaty était d'examiner ces propositions. Lors de la conférence de presse, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Saeed Jalili a noté avec satisfaction que les «six» sont venu discuter des propositions, en tenant compte des remarques qui ont été formalisées par l'Iran au cours des trois derniers rounds.
À leur tour, les «six» ont offert de retirer un certain nombre de sanctions contre l'Iran, en échange d'une réduction de l'enrichissement de l'uranium ayant lieu à l'usine souterraine de Fordou à un niveau de 20%. Ici, les «six» ont fait quelques concessions, alors que précédemment ils avaient  insisté sur la cessation complète de l'activité d'enrichissement dans la région. De son côté, Téhéran démontré son besoin de 20% de carburant enrichi dans le cadre de son utilisation à des fins médicales.
L'assouplissement des sanctions couvrira le commerce de l'or et autres métaux précieux. Rappelons que plus tôt, les pays de l'Union européenne ont mis en place un embargo sur les importations de pétrole iranien, qui est entré en vigueur le 1er juillet 2012. Ces actions de l'UE ont été expliquées par le fait qu'ils voulaient forcer Téhéran à abandonner ses ambitions nucléaires. Le même paquet de mesures contre l'Iran a été mené précédemment par Washington au début de la même année, avec l'introduction de sanctions visant à réduire le revenu de la république des ventes de pétrole.
Certains experts ont tendance à croire que si ces mesures devaient entraîner l'arrêt de l'économie de l'Iran, ce pays pourrait lancer une action militaire dans le détroit d'Ormuz, qui, en fait, est une artère commerciale pour les pays du Golfe et en général pour le Moyen-Orient . Il y passe près de 40% du trafic pétrolier mondial.
 
Il est important que tout de suite après l'achèvement des négociations à Almaty, Saeed Jalili ait déclaré qu'il a été convenu que les prochains rounds de négociations des parties se tiendront à Istanbul les 18 et 19 mars, puis à nouveau à Almaty les 5 et 6 avril 2013. En outre, l'initiative d'une reprise rapide des pourparlers venait d'Iran. Rappelons que les intervalles entre les négociations antérieures étaient beaucoup plus longs. Les parties n'avaient jamais programmé des réunions si rapprochées. Ceci suggère que l'Iran cherche à obtenir la levée des sanctions, et est prêt à répondre aux exigences des «six».
Selon le secrétaire d'État américain, John Kerry, la réunion au Kazakhstan était «productive». Répondant aux journalistes à Paris, il a dit que si l'Iran s'oriente vers des négociations sérieuses, elle peut conduire à une solution durable au différend sur son programme nucléaire.
Le directeur exécutif de l'Association sur le contrôle des armes Kimball Daryl est surpris que l'Iran soit prête à poursuivre les négociations malgré le fait que les élections présidentielles en Iran se tiendront en juin. "Beaucoup d'entre nous ont été surpris de constater qu'ils ont convenu d'un nouveau cycle de négociations, car il y a beaucoup de bonnes raisons politiques pour lesquelles ils pourraient tout simplement refuser de conclure un accord dans un avenir proche", a t-il dit.

Pour sa part, l'adjoint du ministre des Affaires étrangères de Chine Ma Djaosiouiv a également déclaré dans une interview avec les médias chinois, qu'après les entretiens d'Almaty, il a été fait le premier pas vers le début de véritables négociations sur le dossier nucléaire iranien, ce qui profitera à la solution de ce problème par le dialogue et les négociations.

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