La Chine n'"hésitera pas" à réduire son aide à la Corée du Nord si Pyongyang procède à un nouvel essai nucléaire, a prévenu, vendredi 25 janvier, un organe officiel de presse chinois, dans une rare mise en garde à l'égard de son imprévisible voisin et allié.
"Si la Corée du Nord se livre à de nouveaux essais nucléaires, la Chine n'hésitera pas à réduire son aide" au régime de Kim Jong-un, écrit le Global Times dans un éditorial, soulignant que Pékin fait face à un "dilemme" devant la situation dans la péninsule coréenne. "Il semble que la Corée du Nord n'apprécie pas les efforts de la Chine. Elle critique la Chine sans la nommer explicitement", poursuit l'éditorial du quotidien en anglais, au lendemain de l'annonce choc par Pyongyang de son intention de procéder à un nouvel essai nucléaire "de haut niveau", en réplique aux sanctions élargies de l'Organisation des Nations unies (ONU) décidées mardi.
Le journal cite ainsi une déclaration nord-coréenne évoquant "ces grands pays (...) qui abandonnent sans hésitation jusqu'aux principes les plus élémentaires, sous l'influence de l'arbitraire américain", une allusion transparente à la Chine, qui a voté les sanctions contre son allié à l'ONU.
Cette polémique feutrée entre Pékin et Pyongyang par voie de presse est largement inédite. Assortie de la menace d'une réduction de son aide, elle traduit aussi la lassitude et une forme d'impuissance de la part de la Chine à influer sur son allié et ses ambitions nucléaires, relèvent les analystes. "Laissons donc la Corée du Nord à sa 'colère'", poursuit le journal, pour qui "la Chine doit réduire ses attentes quant aux effets de ses stratégies envers la péninsule", car "on s'éloigne davantage de l'objectif de (sa) dénucléarisation" et "il n'y a plus moyen pour nous de rechercher un équilibre diplomatique" entre Pyongyang, Séoul, Tokyo et Washington.
"Laissons donc les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud râler à propos de la Chine", ajoute dans la foulée le journal, qui prévient que si Washington, Séoul et Tokyo s'engagent vers des "sanctions extrêmes" contre Pyongyang, la Chine s'y opposera "résolument", car "nous devons préserver tout notre intérêt national au lieu de celui d'une quelconque des parties".
Exsangue, la Corée du Nord, où a sévi une famine qui a fait des centaines de milliers de morts au milieu des années 1990, ne survit économiquement que grâce au soutien chinois et à l'aide alimentaire internationale. Pékin "souhaite une péninsule stable", mais "ce ne sera pas la fin du monde si des troubles y surviennent", et cela "doit constituer le socle de notre position", ajoute encore le journal.
Le Global Times, dont les version anglaise et chinoise de l'éditorial sont identiques, est un quotidien du groupe du Quotidien du peuple, l'organe central du Parti communiste chinois (PCC), qui défend généralement des vues très nationalistes sur l'étranger et résolument réformistes sur les affaires intérieures. Ses éditoriaux, au ton plus libre que les commentaires officiels, reflètent un point de vue autorisé par tout ou partie de la direction chinoise.
Jeudi, dans une déclaration beaucoup plus lénifiante, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei, avait émis le souhait que "toutes les parties concernées gardent leur calme, restent mesurées dans leurs propos et leurs actions". Un nouvel essai nucléaire nord-coréen serait le troisième, après ceux de 2006 et de 2009 qui répondaient déjà à l'époque à des sanctions votées à l'ONU en réaction à des tirs de fusée.
Le 25/01/2013 sur www.lemonde.fr
Le Global Times, dont les version anglaise et chinoise de l'éditorial sont identiques, est un quotidien du groupe du Quotidien du peuple, l'organe central du Parti communiste chinois (PCC), qui défend généralement des vues très nationalistes sur l'étranger et résolument réformistes sur les affaires intérieures. Ses éditoriaux, au ton plus libre que les commentaires officiels, reflètent un point de vue autorisé par tout ou partie de la direction chinoise.
Jeudi, dans une déclaration beaucoup plus lénifiante, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei, avait émis le souhait que "toutes les parties concernées gardent leur calme, restent mesurées dans leurs propos et leurs actions". Un nouvel essai nucléaire nord-coréen serait le troisième, après ceux de 2006 et de 2009 qui répondaient déjà à l'époque à des sanctions votées à l'ONU en réaction à des tirs de fusée.
Le 25/01/2013 sur www.lemonde.fr
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