Astana continue à demander l'extradition de l'ancien ambassadeur du Kazakhstan en Autriche Rakhat Aliyev. Depuis plus de deux ans, les autorités kazakhes ont un contentieux avec la justice autrichienne : dans sa patrie d’origine, Aliyev a été accusé d’un certain nombre de crimes, de trahisons, de blanchiments d'argent, d’assassinats, et cependant l'Europe a encore besoin de «preuves tangibles» de sa culpabilité. Cependant, aujourd'hui, une partie des charges est confirmée.
Au Kazakhstan, Rakhat Aliyev est depuis longtemps un personnage quasi mystique. Il est accusé dans le cadre des assassinats des dirigeants de la Nurbank , Zholdas Timraliyev et Aybar Khasenov. En outre, dans tout le pays, il est dit qu’Aliyev est impliqué dans l'ensemble des crimes économiques répertoriés allant du pillage et de la fraude, jusqu’à la corruption.
Mais jusqu'à récemment, en Europe et dans les pays États-Unis, comme pour tous les criminels des pays en développement accusés de crimes d’état, on préfère considérer Rakhat Aliyev comme un «combattant pour la démocratie». Ceci est en partie dû au positionnement politique retenu par Aliyev immédiatement après avoir fuit du Kazakhstan. Cet ancien ambassadeur du pays d'Asie centrale s’est positionné comme un ennemi déclaré du gouvernement actuel. Il a même publié un livre, écrit selon lui sur la base de nombreux documents compromettants pour l'élite politique du Kazakhstan. En outre, Aliyev a volontiers donné de nombreuses interviews aux médias européens et russes, en disant que sa persécution est le résultat de ses opinions politiques d'opposition.
Une telle attitude a porté ses fruits. Pendant longtemps, l'Autriche, où Aliyev était en fonction, a rejeté toutes les demandes d'extradition d'Astana concernant ce fugitif.
Cependant, les preuves avancées ont un tel poids que les autorités autrichiennes ont commencé leur propre enquête. Aujourd'hui, Astana espère une décision positive de Vienne pour son extradition.
Parallèlement à cela, les autorités allemandes ont commencé une enquête distincte contre Aliyev, le suspectant de blanchiment d'argent. Cela concerne l’achat d'une usine sidérurgique «Metallwerke Bender Rheinland» GmbH, entreprise par une société appartenant à Aliyev du nom de «Trading Armorial». Selon le bureau du procureur local, Aliyev n'avait pas l'intention de redémarrer l'usine, il l'a acheté aux fins de blanchir des capitaux, ainsi que pour un commerce illégal de certificats d'émission de CO2. Selon les procureurs, à travers la société «Metallwerke Bender Rheinland», il a été réalisé sur une centaine d’opérations de blanchiment d'argent, pour un total de 9,45 millions de dollars. Tous se réfèrent à la période allant de 2005 à 2007, au moment où Aliyev a vécu en Autriche, dans le cadre de sa charge d’ambassadeur à Vienne.
Un autre scandale avec le nom d’Aliyev est venu de Malte. Le ministre des Affaires étrangères de ce pays Tonio Borg a été accusé d’avoir reçu un pot de vin de 150.000 euros pour un permis de résidence de l'ex-ambassadeur en Autriche. Toutefois, le ministère des Affaires étrangères de Malte a démenti cette information. Mais le doute persiste.
Aujourd'hui, le scandale a éclaté sur l'île. La question du rôle d’Aliyev dans la détérioration de l'image de Malte (comme lieu de blanchiment d'argent et de dissimulation d’une personne accusée de crimes contre l'humanité) a été soulevée au parlement local. Le premier ministre maltais a déclaré que « la juridiction de Malte ne peut pas enquêter sur les allégations de torture et de crimes contre l'humanité portées contre Aliyev ». L'ex-ambassadeur vivant en occident, célèbre chef de file du mouvement d’opposition au Kazakhstan, a été accusé par un ancien premier ministre Akejan Kajegeldin. Les gardes du corps de Kajegeldin prétendent avoir été torturés pendant des interrogatoires en prison sur ordre d’Aliyev, qui en 2000 était vice-président du Comité de sécurité nationale du Kazakhstan. Au début de novembre de l'an dernier, Kajegeldin s’est rendu au tribunal de Malte pour se plaindre de l'inaction de la police locale. Les audiences sur cette affaire se poursuivent à ce jour.
En ce qui concerne le blanchiment d'argent, le service de renseignement et d’analyse financière de Malte, dirigé par le procureur général du pays, a déjà reçu la confirmation de cette information auprès des avocats autrichiens représentant les veuves des hauts responsables assassinés de la Nurbank.
Une autre vague d'enquêtes, a fait émerger un nouveau scandale en Palestine. Au cours d’une audience, la commission des affaires étrangères du Congrès américain a révélé une relation de corruption des frères Hourani avec l'Autorité palestinienne. Les frères étaient associés en affaires avec Yasser et Tarek Abbas, fils du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas. Ensemble, ils ont extrait du pétrole au Soudan à travers la société «Karatube Oil International» LLP (CIOC). Selon le rapport, Devinchi Hourani, qui est un citoyen américain, et Yasser Abbas soutenu par l'ambassadeur palestinien au Soudan, ont tenté d'obtenir trois champs pétrolifères soudanais. Dans le même temps, les frères avaient en main des passeports diplomatiques qui ne peuvent être obtenus que directement du dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Dans les médias kazakhs, il a également été relaté à maintes reprises qu’à partir des données issues des entreprises des frères Hourani, on peut constater qu’il a été effectué des retraits de fonds en provenance du Kazakhstan, pour des comptes dans des zones offshores. Ceux-ci auraient été transmis aux mains de sociétés contrôlées par Aliyev. Le plus grand scandale de cette société est relatif à la résiliation du contrat pour l'exploration et la production d'hydrocarbures dans le domaine Karatube. Ceci est arrivé à cause de violations et de défaut du contrat avec la CIOC, qui est détenue par Devinchi Hourani. L’essence des revendications d’Hourani était qu'il voulait retourner les investissements qui auraient été réalisés dans le domaine Karatube. Toutefois, le Centre international pour le règlement des différends a débouté les plaignants et ordonné à la CIOC de payer en faveur du Kazakhstan une somme de 3,2 millions de dollars en compensation des frais d'arbitrage. Bien que formellement, la CIOC appartienne à Devinchi Hourani, un tribunal international a conclu qu'il n'y avait aucune preuve confirmant qu’Hourani avait effectivement réalisé des investissements et supervisé la CIOC.
D’une manière générale, le cercle tracé autour d’Aliyev se rétrécit progressivement. Et le masque du chef de l'opposition est tombé du visage du criminel kazakh en fuite. Par ailleurs, les représentants de l'opposition kazakhe, réunis aux Etats-Unis et en Europe, fortement nié toute relation avec l'ex-ambassadeur. Cela vient aussi du fait que lorsqu’Aliev servait au sein de l’Etat, il a agi comme l'un des adversaires les plus ardents des opposants au gouvernement. En outre, non seulement il les a poursuivi par des moyens légaux, mais aussi en utilisant la force, comme indiqué par les accusations portées par Kajegeldin contre Aliyev. Cependant, les États-Unis, où Aliyev avait l’intention d'aller l'été dernier, préfère encore l'appeler une victime de la répression politique. Toutefois, il est fort probable que le nom d’Aliyev sera utilisé par la Maison Blanche pour manipuler l'opinion d'Astana car les intérêts de nombreuses entreprises américaines sont présents dans le secteur pétrolier et gazier du Kazakhstan.
Au cours des deux dernières années, l'ancien ambassadeur d'Autriche a essayé de gagner le soutien des médias. Il a à plusieurs reprises tenter une proposition d'affaires pour les propriétaires de journal d'opposition "République". Selon des sources, le propriétaire du journal des millions de dollars en espèces lui ont été offerts mais sans succès. En outre, après le scandale qui avait augmenté à Malte, Aliyev a essayé d'acheter un journal maltais «Aujourd'hui Malte», en expliquant ce désir au fait que les médias locaux sont parrainés par ses poursuivants.
Toutefois, compte tenu de l'intérêt accru porté sur les activités criminelles d’Aliyev sur le territoire du Kazakhstan, et dans l'UE, il est fort probable que, dans les deux prochaines années, la question de l'extradition de l'ancien ambassadeur du Kazakhstan en Autriche sera résolue favorablement.
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