vendredi 31 mai 2013

Le temps de se cacher derrière les idéaux de la démocratie est révolu.

La justice autrichienne est en attente d'un précédent juridique. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, le tribunal de ce pays est prêt à incarcérer un ancien homme d’Etat postsoviétiques sur les accusations portées contre lui dans son pays. Et ceci, malgré le fait que un ancien citoyen du Kazakhstan soit arrivé à Vienne en se déclarant «prisonnier de conscience» et combattant pour la démocratie. Il s'agit de l’ex-ambassadeur en Autriche Rakhat Aliyev.
Récemment, le tribunal régional supérieur de Vienne a confirmé la validité des accusations portées contre l'ancien ambassadeur d'Autriche Rakhat Aliyev. Le tribunal a décidé que les résultats de leur enquête poursuivi à Vienne sont non seulement confirmés, mais également ont renforcé la suspicion de culpabilité d'Aliyev. Les procureurs kazakhs l’ont dernièrement  accusé d’enlèvement, de torture et de l’assassinat de deux gérants de la Nurbank en 2007. Les corps de Joldas Timraliyev et Aybar Hasenov ont été découverts en 2011. L'examen a révélé que ces victimes avaient été torturées.

En outre, Aliyev au Kazakhstan est accusé d’un certain nombre d’autres crimes, y compris le blanchiment d'argent et la corruption.

En fait, les deux derniers crimes  sont à l’origine de toute l'histoire. En fait en Autriche, Aliyev n’a pas reçu son titre de séjour tout à fait légalement car il lui a suffi simplement de donner un pot de vin. Ainsi qu'on le soupçonnait, l'échec initial de Vienne à remettre Aliyev aux autorités kazakhes et la reconnaissance des accusations portées contre lui sont "politiquement motivées" et sont aussi le résultat de pots de vin.

Il faut reconnaître que cette situation, l’Autriche s’est conformée à ses lois, dans lesquelles le principe du pays sera d’extrader ou d’entamer des poursuites. Après avoir refusé d'extrader, l'Autriche a été forcé d'enquêter elle-même et a trouvé beaucoup d’éléments intéressants.

Pendant des années de litige entre Astana et à Vienne, il est devenu clair que l'Autriche était un grand canal pour le blanchiment de millions de dollars en provenance du Kazakhstan. Selon l'enquête (et nous parlons de l'enquête menée par le côté autrichien), l'ex-ambassadeur du Kazakhstan a transféré l'argent en provenance du Kazakhstan vers l'Europe en utilisant l'Autriche comme intermédiaire dans les transactions financières. Rien qu’en Autriche il a transféré un montant de 113 millions d'euros. L'Autriche était «machine de blanchiment d'argent » pour Aliyev qui a fait des transferts du Kazakhstan vers la Suisse, Malte, l’Allemagne et le Moyen-Orient. Ce montant, n'est que l'argent que nous, les avocats, avons été en mesure de découvrir, a récemment déclaré l'avocat viennois, le Dr Gabriel Lansky, qui représente les intérêts des veuves des gestionnaires de la Nurbank qui ont été assassinés, Zholdas Timraliyev et Aybar Hasenov.

Il convient de noter que l’affaire d’Aliyev n’est pas seulement liée à la justice autrichienne. Les affaires d’Aliyev, en particulier l'achat de l’aciérie «Metallwerke Bender Rheinland» GmbH, intéresse les autorités allemandes. Elles soupçonnent qu’Aliyev n'avait pas l’intention de moderniser l'entreprise mais l'a achetée aux fins de blanchiment d'argent, ainsi que pour le commerce illégal de certificats d'émissions de CO2. Un montant de près de 9,5 millions d'euros serait «passés» à travers cette entreprise. Selon les procureurs, toutes les opérations de blanchiment d'argent se sont passées dans la période allant de 2005 à 2007, lorsqu’Aliyev a vécu en Autriche et occupé le poste d'ambassadeur kazakhstanais à Vienne.

Toutefois, le tribunal autrichien n’a accepté qu’une partie des accusations portées contre Aliyev, parmi les accusations de la partie kazakhe. Les accusations de trahison, de pillage et de corruption n’ont pas été retenues par Vienne. En fait aujourd'hui, en reconnaissant les accusations criminelles contre l'ex-ambassadeur du Kazakhstan, l'Allemagne et l'Autriche sauvent leur réputation. Devenir un tel "paradis fiscal" en même temps que de donner une image de combattants pour la primauté du droit, est désagréable.

En outre, Aliyev est accusé de torture. «Cet homme est un exemple d’assemblage de différentes pathologies »  a déclaré le Dr Gabriel Lansky sur Aliyev. C’est le résultat de l’incompréhension d’Aliyev  quant au niveau et la force de son pouvoir. C’est également lié à la soif d'argent, ce qui se reflète dans les crimes qui ont été commis. L'agression physique peut être liée à sa formation médicale et à  son travail en tant que médecin.

Le fait demeure que Vienne est prête à reconnaître Aliyev coupable des accusations formulées par les procureurs du Kazakhstan (en y ajoutant leur part). La Cour de Vienne doute des déclarations d'Aliyev qui en tant que combattant de la démocratie déclare subir une "persécution politique". C'est la première fois que la justice autrichienne exclues les motivations politiques de sa persécution. C’est également la première fois que les avocats Autrichiens sont entièrement d'accord avec les accusations.

Peu de temps avant l'adoption de cette décision historique de la Cour suprême du Land de Vienne, Rakhat Aliyev, ou comme on l'appelle maintenant Rahat Shoraz (nommé ainsi par sa seconde épouse) fait une déclaration selon laquelle il est prêt à comparaître devant la justice autrichienne pour l'accusation d’assassinat. Il a été annoncé qu'il est prêt à venir à tout moment de Malte à Vienne pour le jugement. Et ceci, même s’il encoure la prison à vie en Autriche, alors qu’au Kazakhstan, Aliyev a été condamné à 20 ans de réclusion.

Aujourd'hui, les avocats des victimes disent que, Aliyev va très probablement, aller en prison en Autriche.

Le cas de ce fonctionnaire fugitif du Kazakhstan, ancien ambassadeur en Autriche était le plus volumineux qui ait jamais été traité par les autorités judiciaires de l'Autriche. L’ensemble des crimes qu’ont commencé à vérifier les avocats autrichiens, ont conduit à la divulgation d'un certain nombre de malversations et de scandales de corruption dans plusieurs pays européens: Allemagne, Autriche, Malte, Chypre. Et, apparemment, ce n'est pas la fin de l'histoire.

En tout état de cause, l'affaire Aliyev est devenu le premier cas où un fonctionnaire fugitif des pays postsoviétiques fait face à une véritable menace de poursuites pénales hors de sa mère patrie. Le temps de se cacher derrière les idéaux de la démocratie est révolu.

vendredi 24 mai 2013

La guerre contre l'Iran aura lieu

 
Il y a deux ans nous avions annoncé que «La guerre contre l'IRAN n'aurait pas lieu pour le moment», alors que les pseudos analystes internationaux prédisaient l'attaque imminente d'Israël contre l'Iran au motif que le bouffon de Jérusalem s'agitait énormément. L'année 2013 est bien engagée et nous attendons toujours l'imminente frappe contre l'Iran [ http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-guerre-contre-l-iran-n-aura-pas-107807 ].

Elle a eu lieu pourtant cette première frappe… personne ne l'a vue parce que tout le monde regardait dans la mauvaise direction y compris l'expert Robert Fisk qui écrivait ceci dans le quotidien The Independant : «Des lumières apparaissent dans le ciel de Damas. Un autre raid israélien - "audacieux" bien sûr, selon les partisans d'Israël. C'est le deuxième raid en deux jours contre des dépôts d'armes et des installations militaires de Bachar al-Assad. L'histoire est déjà connue : les Israéliens auraient voulu empêcher une cargaison d'armes de fabrication iranienne - comprenant des missiles Fateh-110 - de parvenir dans les mains du Hezbollah au Liban» [ http://www.legrandsoir.info/la-verite-c-est-qu-apres-les-frappes-aeriennesisraeliennes-nous-sommes-impliques.html ].

Il y a deux ans dans l'article pré cité nous avions indiqué les paramètres de l'équation Syrie-Iran-Russie-États-Unis-Chine; nous les reprenons sommairement :
  1. Derrière Israël – la petite entité paria excitée – il y a le vrai patron, l'impérialisme américain aux abois – pas du tout triomphant et pas du tout à même de remodeler un Grand Moyen-Orient renouvelé. Les USA en crise économique sévère, en faillite financière, surendetté, ayant délocalisé leur industrie lourde vers leur pire ennemi, la Chine… mais conservant pour un temps un avantage militaire qui se dégrade peu à peu (le pays de l'Oncle Sam ne sait plus fabriquer l'avion F-35, ni un porte-avions de nouvelle génération, ni une station spatiale). Sans oublier bien entendu la coterie des pays impérialistes européens et canadien regroupée sous le sceptre de l'OTAN.
  2. Derrière l'Iran il y a la superpuissance industrielle et économique chinoise montante et la puissance militaire et nucléaire russe ainsi que quelques pays de leurs alliances militaires respectives, tous prêts à en découdre avec le camp de l'OTAN.
Derrière ces guerres mortifères il y a l'impérialisme en déclin

Dans sa guerre désespérée pour s'accrocher à son statut déglingué de première puissance militarisée, les États-Unis lancent une offensive militaire après l'autre dans le but de conserver ou de s'accaparer tel ou tel marché, tel ou tel gisement de ressources naturelles; tel ou tel oléoduc et gazoduc; telle ou telle région d'exploitation de la main-d'œuvre, d'expropriation de la plus-value et des sources de profits. Si elle ne peut s'en emparer la puissance américaine malveillante les détruits pour que personne ne puisse en bénéficier, surtout pas son ennemi juré, la Chine.

Pour les raisons qui sont les siennes, l'impérialisme étatsunien, après avoir réglé la question de l'ex-Yougoslavie-Serbie a décidé depuis plusieurs années que la sous-région du Moyen-Orient et du Nord de l'Afrique étaient les aires où il devait guerroyer très violemment pour arrêter puis repousser les puissances impérialistes envahissantes : Chine, Russie et leurs alliés. Le tout a débuté après 1979 (invasion soviétique de l'Afghanistan) par l'infiltration de djihadistes en guerre sainte contre le gouvernement national Afghan et le social-impérialisme envahissant; puis s'est poursuivi en 2001 par l'invasion américaine et la destruction de ce pays semi-féodal. L'objectif stratégique américain n'était pas de s'emparer des casseroles, des ânes et des chamelles afghanes – des champs de pavot, ça oui certainement [ http://fr.wikipedia.org/wiki/Narco-%C3%A9conomie_en_Afghanistan ] – mais de se positionner stratégiquement – militairement – au sommet du Moyen-Orient [ https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerred'Afghanistan _(depuis_2001)].

De ce camp de base – à partir de ce verrou – l'Amérique se croyait à même d'attaquer facilement dans toutes les directions à la fois, vers la mer Caspienne et les anciennes républiques soviétiques (les plus grands gisements de gaz et de pétrole encore sous-exploité dans le monde); en direction de l'Iran – pays sorti en 1979 du giron de l'alliance impérialiste américaine et transformé depuis en «électron libre» cherchant à jouer les matamores parmi la fumiste alliance des Non-alignés… 120 pays tous plus alignés les uns que les autres. Pire, l'Iran indépendant osait commercer son pétrole sans utiliser le dollar américain, devise de réserve forcée pour l'échange internationale. Et l'exemple se propageait à d'autres pays exportateurs.

En direction de la Chine (régions autonomes du Ouïgour et du Tibet) et en direction du Nord Pakistan – régions tribales que son allié pakistanais ne parvenait pas le moins du monde à contrôler dans l'éventualité d'attaques à mener contre tout projet d'oléoduc chinois visant à l'approvisionner en pétrole d'Iran et de la Mer Caspienne.

Le Liban fut la seconde victime de ce plan machiavélique de la superpuissance qui avait amorcé son déclin souverain [http://www.agoravox.fr/actualites/international%20/article /rififi-a-beyrouth-le-liban-au-88057]. Occupation israélienne, puis guerre civile destructrice et nouvelle tentative d'invasion israélienne (2006) ont permis aux américains de détruire le pays sans jamais le mater, ni le ramener dans le giron occidental. La portion de la bourgeoisie nationale libanaise, regroupée autour du Hezbollah, a su maintenir le pays hors de l'hégémonie américaine et pas encore sous la botte russo-chinoise, mais sous forte influence iranienne…Encore l'Iran décidément.

L'Irak fut la troisième victime de ce plan diabolique pas du tout mis au point dans les bureaux de Bildelberg comme l'attestent certains [http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/05/09/bilderberg-2013-des-puissances-en-crise-i.html] mais au Pentagone, le cœur névralgique de l'impérialisme étatsunien en déclin [ http://www.legrandsoir.info/GRANDEURS-ET-DECHEANCES-DES-CONSPIRAT%20IONNISTES.html ]. Dès 2003 le pays fut envahi et détruit et aujourd'hui encore ce pays martyr est scindé en trois entités (Kurdistan nord sous influence israélienne – Centre Sunnite sous influence étatsunienne – et Sud Chiite sous hégémonie iranienne [ http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/commentcommemorer-dix-ans-de-133524 ] et cette misérable nation n'en finit plus d'expier sous les coups portés par les armées privées financées par les pays de l'OTAN, par l'Iran et par les pays du Golfe et par tous les seigneurs de guerre qui se disputent sa dépouille ensanglantée.

Le Yémen et la Somalie en situation de contrôle du verrou de la Mer Rouge; le Soudan scindé en deux pour chasser les entreprises chinoises de cette fournaise pétrolière furent des victimes successives des plans sataniques américains. L'Égypte et la Tunisie où le changement de la garde s'est finalement imposé, bon gré mal gré par la force des insurgés, et la Libye où rien n'est terminé comme nous l'avions annoncé, ont été les victimes suivantes. Et voici venu le tour de l'Iran.

Et voici venu le temps de l'IRAN

Mais auparavant une répétition générale s'imposait. L'Iran c'est autre chose que le Liban ou l'Afghanistan. Un pays de 78 millions d'habitants, 18e puissance économique mondiale, 2e producteur de pétrole, 1er gisement prouvé de gaz naturel, doté d'une armée puissante, et disposant d'alliés assurés (Russie et Chine), alliés qui se sont laissé tromper en Libye de Kadhafi, pensant que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, une fois gobé ce pays, grâce à leur silence empesé, les chacals occidentaux laisseraient les autres amis de la Russie en répit. Cette fois russes et chinois ne se laisseront pas méprendre ni surprendre, ni en Syrie, ni à fortiori en Iran [ http://fr.wikipedia.org/wiki/Iran ].

Décision fut donc prise au Pentagone de monter un coup fourré – une guerre préventive contre la Syrie visant trois objectifs :
  1. Éliminer un allié gênant à l'arrière de la prochaine ligne de front iranienne.
  2. Contrôler un territoire par où devra passer le gazoduc «South Pars» entre le Golfe-Persique et la Mer Méditerranée afin d'éviter le Détroit d'Ormuz menacé [http://www.michelcollon .info/Syrie-guerre-par-procuration.html].
  3. Expérimenter l'armement offensif américain et l'armement défensif russe-chinois-iranien en Syrie néo-colonie de la Russie et bénéficiant d'un équipement militaire comparable à l'Iran et d'un soutien populaire équivalent.
Le reste du calvaire syrien est connu – prétendue Armée Syrienne de Libération formée de transfuges et de djihadistes exfiltrés de Tchétchénie, du Soudan, d'Afghanistan, de Libye, et même de pays occidentaux, transportés, armés, équipés, entraînés en Jordanie et en Turquie (frontière orientale de l'OTAN avec son ami Israël membre ex officio de l'alliance militaire agressive); payée par le Qatar et l'Arabie Saoudite disputant à l'Iran l'hégémonie sur le Golfe Arabique! Cette fois la tâche se révéla plus ardue que prévu. Le peuple syrien n'a pas été scindé, ni fractionné, et si l'unité populaire syrienne derrière son gouvernement légitime n'a pas empêché la destruction du pays, elle a du moins entravé son occupation et interdit la cueillette d'informations sur l'armement russe, chinois et iranien utilisé par l'armée régulière syrienne que l'État-major de l'OTAN espère identique à celui dont disposera l'Iran lors de l'agression suivante, ce qui n'est pas assuré [ http://french.irib.ir/info/iran-actualite/item/256580-des-destroyrs-iraniens-dotés-de-nouveaux-missiles-de-croisières ].

Face à cet échec, depuis deux ans répété, ne restait plus pour les autorités militaires de l'OTAN qu'une solution: lancer quelques incursions militaires et aériennes turques et israéliennes – partagées équitablement entre les deux comparses. L'objectif de la manœuvre étant de vérifier le fonctionnement au combat de l'équipement américain de détection et de destruction (air-sol : http://www.mondialisation.ca/agression-de-damas-par-laviation-israelienne-le-leurre-israelien-des-plans- dobama /5334301); vérifier les batteries de missiles russes SAM 300 et Fateh-110 (Iranienne) dont est équipée la garde prétorienne syrienne [ http://fr.wikipedia.org/%20wiki/S-300 ]. De vérifier aussi l'efficacité du nouvel équipement anti-aérien chinois que l'on soupçonne outiller les armées syrienne et iranienne. L'étape suivante sera de tester l'efficacité des bombes lourdes de pénétration anti-bunker qui serviront éventuellement à détruire les installations nucléaires iraniennes et les raffineries de pétrole.

Enfin, il faudra pouvoir vérifier l'efficacité des faisceaux de fusées Patriot – censées former un bouclier de protection contre la riposte aérienne iranienne. C'est la raison pour laquelle les attaques aériennes israéliennes et turques se déroulent à proximité de leurs frontières respectives de façon à tester les radars et le pilotage des fusées Patriot face aux roquettes et aux avions syriens lancés aux trousses des F-16 et des F-18 sionistes et turcs.

La récente entente d'approvisionnement de l'armée paria israélienne annoncée par le secrétaire à la défense Chuck Hagel (celles de la Turquie, de L'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unies ayant été signées auparavant) prévoit la livraison de toutes les armes requises et en quantité suffisante pour mener à bien ces attaques, sauf les super bombes de pénétration profonde anti-bunker dirigées au laser. Cela pourrait signifier que les États-Unis se réservent cette tâche délicate et pourrait expliquer toute cette dramatique démagogique récente à propos des armes chimiques – ligne rouge que Bachar al-Assad ne doit pas franchir – et que les terroristes djihadistes de l'ASL franchissent allègrement sur les ordres de Washington afin de fournir à la Maison Blanche l'argument pour intervenir directement dans les bombardements anti-syriens [ http://www.legrandsoir.info/le-nouvel-accord-us-israel-sur-les-armes-est-une-menace-pour-la-paix-20397.html ]. Il faut ce qu'il faut pour que ces bombes soient testées in situ et en situation de combat.

Évidemment les disputes entre les affidés onusiens des impérialistes américains sur l'utilisation ou non, et par quel camp exactement, des gaz sarin assassins posent un problème sérieux au larbin Ban Ki-Moon qui ne parvient pas à orchestrer convenablement la campagne de calomnies lancée par l'ONU [Carla Del Ponte accuse le mauvais camp d'utiliser les armes chimiques http://www.lemonde.fr /proche-orient/article/2013/05/06/les-rebelles-syriens-ont-utilise-du-gaz-sarin-selon-carla-del-ponte_3171289_3218.html ]. Cette dispute entre complices de l'OTAN et de l'ONU révèle les contradictions entre certaines puissances impérialistes européennes et les États-Unis face à l'attaque contre l'Iran. La destruction des raffineries et des installations pétrolières iraniennes, sans compter la fermeture probable du Détroit d'Ormuz, fera monté énormément le prix du carburant ce qui avantagera les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni (autosuffisant) mais plombera fortement les économies dépendantes d'approvisionnement extérieurs comme la France, l'Allemagne, l'Italie, le Pays-Bas.

Une nouvelle Commission d'enquête bidon devra donc être échafaudée afin de justifier l'implication des USA en tant que redresseur de torts en Syrie «gazée». Et puis, qu'à cela ne tienne, s'il faut que le Secrétaire d'État John Kerry trottine à l'ONU exhiber une bouteille de gaz sarin que L'«assassin» Bachar al-Assad tenait dans ses mains un petit matin de juin – pourquoi pas, un fourbe Scapin noir américain l'a déjà fait et après… [ http://www.wsws.org/ francais/News/2003/juin03/210603_ ADMmensonge.shtml ]

Toute cette mise en scène vise à poursuivre la campagne de destruction et de sujétion des pays de la région pour les placer sous domination du camp américain en prévision de la grande confrontation à venir entre les deux grands camps : l'Alliance des impérialistes occidentaux moribonds ; contre l'alliance des pays impérialistes en ascension, Chine et autres puissances du BRICS. La très puissante Chine dissimulée derrière l'Iran, elle-même dissimulée derrière la Syrie à qui on déni le droit de s'aboucher avec son camp préféré.

Tout ne va pas pour le mieux du côté de l'empire

Selon les rapports consultés, il semble que le bon fonctionnement et l'efficacité des missiles chinois et russe, sol-air notamment, soit de nature à retarder le stratagème États-Unis-OTAN-ONU. Cependant, ne soyez pas surpris si des «pourparlers de paix bidon» s'engagent à Moscou pendant que le Pentagone élabore un nouveau plan d'attaque contre l'empire Perse. Voilà ce qui se trame entre les grandes puissances impérialistes et leurs sous-fifres régionaux dans le tourbillon de la guerre fomentée contre la Syrie-martyr qui ne demande qu'à vivre en paix. La farouche résistance du peuple syrien constitue présentement un rempart et une contribution pour empêcher que l'on donne au suivant...l'Iran. 

Par Robert Bibeau sur www.alterinfo.net le 23/05/2013

COMPLÉMENT D'INFORMATION http://www.robertbibeau.ca/palestine.html  

vendredi 17 mai 2013

Les 5 principes du président Nazarbaïev pour construire le monde du futur

Les réformes de la réglementation financière proposées par le G20 ne sont pas suffisantes pour rétablir la stabilité du système financier mondial. Cela a été dit à maintes reprises par des experts internationaux. Le monde est à la recherche d'une nouvelle plate-forme interactive qui combinerait les meilleurs talents afin de développer des scénarii pour le développement de l'économie mondiale. Au cours des dernières années, l'implication des pays en développement dans cette thématique s'est intensifiée.


La plate-forme interactive G-Global, qui implique 14 lauréats du prix Nobel, a déjà gagné l'intérêt des utilisateurs de 160 pays en un court laps de temps.


Le forum virtuel proposé par le Kazakhstan, est la deuxième étape vers un dialogue global. La premier lieu de rencontre pourrait être le Forum Economique d'Astana (AEF), qui du 22 au 24 mai 2013, projette de rassembler les principaux économistes du monde dans la jeune capitale de cet Etat, géographiquement située au carrefour de l'Europe et de l'Asie.


Ce pays d'Asie centrale, montrant une forte croissance économique (de 2008 à 2012, le PIB a augmenté de 22%, pour atteindre 210,8 milliards de $), n'a pas ménagé ses efforts ni ses ressources pour se prononcer sur la scène mondiale. La preuve en a été l'organisation du Sommet de l'OSCE les 1er et 2 décembre 2010, des VIIème Jeux asiatiques d'hiver du 31 janvier au 6 février 2011 et de la prochaine exposition universelle EXPO-2017, dans laquelle le Kazakhstan pourrait recevoir cinq millions de visiteurs venant de 100 pays et représentant une dizaine d'organisations internationales.


Cette année, l'AEF a lieu pour la sixième fois. On suppose qu'il sera suivi par plus de 1200 visiteurs étrangers, 10 lauréats du prix Nobel et des chefs d'organisations internationales, pour discuter des défis auxquels l'humanité fait face.


Selon l'avis exprimé au Vème Forum Economique d'Astana par Nouriel Roubini, professeur d'économie à l'Université de New York et président de RGE Monitor, le format du G8 est déjà obsolète, et le format du G20 ne reflète pas les réalités d'aujourd'hui. Par conséquent, il est nécessaire de s'orienter vers les marchés émergents.


Et puisque ce forum a été organisé par le Kazakhstan au cours des années de crise, la question de mesures anticrise est le fil rouge des thèmes abordés. En seulement trois jours de Forum, du 22 au 24 mai, 55 discussions devraient avoir lieu dans 5 domaines clés : la croissance économique durable, la stratégie financière, les aspects sociaux, la compétitivité des pays et des régions et le développement de l'innovation.


Les lettres ouvertes aux dirigeants des Vingt grands pays sont déjà devenues traditionnelles. En 2011, les recommandations de l'AEF pour les pays du G20 ont été présentées dans six domaines. La première grande série de sujets touche le fonctionnement du système financier mondial. Les chercheurs ont demandé aux principaux pays du monde de former un comité permanent pour discuter des enjeux à long terme de l'introduction d'une monnaie mondiale supranationale. Ils ont aussi demandé la formation d'un organe permanent, le Conseil des banques centrales du G20, afin d'accroître la stabilité de la régulation de la monnaie mondiale.


La deuxième grande série de sujets aborde les capacités des pays en développement et du secteur privé à prendre la décision de créer un fonds monétaire international. Selon les lauréats du prix Nobel en économie, il est temps d'ouvrir les postes du FMI et de la Banque mondiale aux candidats présentés par les différents pays du monde, tout en respectant un principe d'égalité des chances. «Dans le même temps, la direction du FMI et de la Banque mondiale ne devrait pas perdre d'influence politique aussi bien en temps de crise et qu'après la crise pour contrôler la situation financière à l'échelle mondiale» ont-ils souligné.


Dans un sujet distinct, il est également recommandé aux pays du G20 de ne pas seulement prendre des décisions rapides, mais de les mettre effectivement en œuvre dans la pratique. Les Vingt ont été invités à améliorer la surveillance de toutes leur obligations sur la réglementation et la surveillance financières, ainsi que de procéder à des tests de résistance des banques, compagnies d'assurance et autres institutions financières pour assurer leur pérennité.


Selon les participants de l'AEF, il est également nécessaire de changer les principes de fonctionnement du principal régulateur du commerce, l'OMC, organisation mondiale du commerce. Selon les experts, l'OMC devrait faire cesser la pratique des prêts et des subventionnements par les pays développés, qui conduisent à la monopolisation des marchés des pays qui sont des importateurs nets de produits agricoles. Selon les économistes, afin d'assurer le développement du commerce mondial dans les pays développés, il est nécessaire d'arrêter la pratique consistant à présenter des exigences techniques strictes pour les importations en provenance de pays en développement. Il est également nécessaire d'éliminer la pratique consistant à présenter aux pays adhérents, des exigences supplémentaires "OMC plus".


Afin de maintenir le mécanisme d'interaction entre les grandes puissances mondiales et les pays en développement, au nom du président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev, les représentants du «Club économique des scientifiques eurasiens» ont organisé une plateforme virtuelle G-Global. Au cours de l'année, cette plateforme web a rassemblé plus de 88.000 personnes originaires de 160 pays.


Lors du forum de l'an dernier, le leader du Kazakhstan et initiateur du projet, a fait part de cinq grands principes de fonctionnement de la plateforme de communication G-Global.


Il a souligné qu'à l'heure actuelle l'humanité a un grand potentiel de développement mais aussi d'autodestruction y compris des processus politiques environnementaux et de communication mondiale. Ces derniers sont désormais en mesure de réduire à la fois la distance et toutes sortes de barrières, ainsi que d'être « des instruments d'information, de provocations et de promotion de l'effondrement délibéré des principes moraux et l'ordre public dans les sociétés dites indésirables ».


À son avis, le premier principe fondamental devrait être un principe d'évolution, pas de révolution. « Au XXe siècle, l'humanité a compris la limite des Révolutions et les guerres mondiales. Donc aujourd'hui, toute la sagesse humaine doit œuvrer au maintien de la paix, sinon ce sera l'autodestruction », a noté M. Nazarbaïev, ajoutant que la révolution ne doit être autorisée que dans le domaine de la science et de la technologie, mais en tout cas pas dans la pratique politique et la vie sociale.


Pour le deuxième principe de l'initiative, le président kazakh a proposé de choisir « la justice, l'égalité et le consensus ». « Dans le XXIème siècle, la division entre les grands et petits pays, entre ceux qui guident et ceux qui suivent est tombé en désuétude. Une alternative à ces pratiques géopolitiques formant une base pour le développement équitable de l'économie mondiale, est un système monétaire et politique fondé sur l'égalité de toutes les nations. Il est essentiel qu'à tous les niveaux, les organisations internationales, régionales, les forums et les sommets, les décisions pour le monde soient prises sur la base du consensus. Il est important de noter qu'aucun changement radical du système économique mondial n'est possible sans amener Washington vers un consensus mondial. On parle surtout de prendre en considération un nouveau système de gestion des intérêts mondiaux des pays « développés ainsi qu'en développement » a dit Noursoultan Nazarbaïev.


Le troisième principe concerne la tolérance et la confiance dans le monde. Les relations entre les Etats doivent être fondées sur la tolérance, indépendamment de leur influence géopolitique, de leur expérience historique, du niveau de développement de leur économie et de leur société.


Le principe suivant est la transparence mondiale. A l'échelle de la planète, il s'agit de la transparence des nations. "Dans ce monde, il n'y aura pas deux poids deux mesures, ni nations indignes. Il faut avoir une transparence maximale dans les affaires internationales. L'économie mondiale se développera avec succès et la prospérité de chaque nation sera plus forte ", a déclaré le président de la République du Kazakhstan.


En cinquième principe, le président kazakh a présenté le principe de « multilatéralisme constructif ». « Il doit y avoir un système équilibré de freins et de contrepoids géopolitiques, sans blocage psychologique issu de l'héritage négatif du monde bipolaire. Il n'y aura pas de place pour le snobisme géopolitique. Les associations d'intégration devraient coexister pacifiquement et travailler en étroite collaboration. J'espère que l'Union économique Eurasienne que nous créons, sera l'une d'elles dans un avenir proche », a dit Noursoultan Nazarbaïev.

mercredi 15 mai 2013

Les Russes vent arrière

 
Observons d'abord, puisque c'est aujourd'hui que Netanyahou est allé rendre ses devoirs à Poutine, à Sotchi-Canossa, que nous avons connu d'autres temps où des problèmes de cette importance et de ce domaine (livraisons ou pas de S-300 à la Syrie où se déroule une guerre qui concerne "la communauté internationale") se réglaient avec les USA, et où un Premier ministre israélien, s'il avait quelque chose à dire à Moscou dans ce domaine, consultait d'abord les USA et s'en remettaient aux USA. Mais, aujourd'hui, les USA, c'est, disons, l'"isolationnisme-cool". Alors, Netanyahou va directement voir Poutine.
 
...Lequel Poutine dirige une puissance qui prend de plus en plus de place au Moyen-Orient. Certains jugeraient que la Russie est en train de reprendre sa place au Moyen-Orient, du temps de la Guerre froide. Nous aurions tendance, nous, à aller plus loin que cela ; c'est-à-dire, envisager simplement que les Russes sont en train d'y prendre une place prépondérante, pendant que les USA s'effacent... Nous détaillons quelques faits qui semblent aller dans ce sens, directement en faveur des Russes, ou indirectement.
 
• La flotte russe s'installe en permanence en Méditerranée, retrouvant la place qu'y occupait le 5ème Escadron naval en Méditerranée, actif de 1967 jusqu'à sa dissolution en 1992. La décision de réinstaller une unité autonome russe en Méditerranée a été prise en avril et l'on a aujourd'hui des détails sur cette flotte permanente, qui aura son propre état-major, et qui disposera éventuellement de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. (Voir Novosti, le 12 mai 2013.)
 
« La flotte russe comprendra 5 ou 6 navires de guerre et pourrait aussi disposer de sous-marins nucléaires, a dit le commandant en chef, l'amiral Viktor Chirkov, dimanche. "De plus nous projetons d'installer dès cette année 5 ou 6 bateaux de guerre et des navires auxiliaires [dans la mer Méditerranée] qui seront fournis tour à tour par chacune de nos flottes - mer Noire, Baltique, mer du Nord et occasionnellement la flotte du Pacifique. Le nombre des navires de guerre pourrait être augmenté si l'ampleur et la complexité des missions l'exigeaient," a dit Chirkov à RIA Novosti.
 
»Le commandant des forces navales russes a ajouté que des sous-marins nucléaires pourraient être déployés en Méditerranée si nécessaire. "Peut-être. C'est une éventualité. il y en avait [des sous-marins] au temps du 5ème Escadron. Il y avait des sous-marins nucléaires et des sous-marins diesel. Tout dépendra de la situation," a-t-il dit.»
 
• Il est clair que l'affaire des attaques israéliennes contre la Syrie, puis la décision russe de livrer des S-300 à la Syrie ont resserré les liens entre la Russie et la Syrie. La même chose pourrait survenir avec l'Iran, si la vieille affaire opposant la Russie et l'Iran, concernant une commande iranienne de S-300 que la Russie a refusée jusqu'ici d'honorer à la demande du bloc BAO, était résolue dans le même sens (livraison de S-300 à l'Iran). De même, les Russes ont l'intention d'accélérer des livraisons d'armes à l'Irak, après le déblocage (voir le 27 avril 2013) de l'énorme contrat d'armes russes commandées par l'Irak. On retrouve bien entendu une ligne d'alliance Téhéran-Bagdad-Damas qui se fait selon une dynamique qui a notamment les allures d'un soutien matériel russe actif.
 
• ... Ce à quoi il faut ajouter désormais le Hezbollah. Des nouvelles sont répercutées, commentées et enrichies par Jean Aziz, journaliste libanais au quotidien Al-Akhbar et à la station TV OTV, dans Al-Monitor Lebanon Pulse du 12 mai 2013, à propos des contacts récents entre la Russie et le Hezbollah et les perspectives qui s'ouvrent pour ces deux interlocuteurs, selon une dynamique nouvelle de coopération. On observera, souligné par nous en gras, l'appréciation selon laquelle ces deux interlocuteurs parlent en termes d'équilibre général dans lequel la Russie serait désormais appelée à jouer un rôle prépondérant.
 
«Pour la seconde fois en neuf jours, le Secrétaire Général du Hezbollah Hassan Nasrallah a fait une déclaration à la télévision, et ces deux apparitions ont eu lieu dans le même contexte politique -un contexte que nous avons déjà analysé dans ces colonnes en expliquant qu'il y avait trois raisons au choix du timing de ces deux interventions publiques.
 
» Dans notre article précédent nous disions que la première raison de l'apparition publique de Nasrallah, était de réaffirmer les principes religieux et la justification idéologique de la position du Hezbollah sur la situation en Syrie. La seconde raison était directement liée à l'évolution politique du Liban et des régions qui l'entourent depuis la visite à Beyrouth du vice-ministre des Affaires Etrangères russe, Mikhail Bogdanov, les 26 et 28 avril. Le fait que le ministre russe se soit rendu dans la capitale du Liban après être allé à Téhéran et Damas n'est pas anodin. Il est clair que la Russie, l'Iran, la Syrie et le Hezbollah se sont coordonnés dans une certaine mesure et ont discuté des positions que chaque membre de ce nouvel axe prendra par rapport à la situation régionale... [...]
 
»En attendant, des sources bien informées sur le résultat de la visite de Bogdanov dans la capitale libanaise ont révélé à Al-Monitor que la conversation avait porté clairement sur le rôle de la Russie dans la protection des forces qui lui sont proches dans la région ainsi que de la nécessité d'affronter Washington pour ramener l'équilibre général au moins au Moyen-Orient. De plus, les deux officiels ont parlé de la possibilité d'imposer des limites à l'influence internationale dans la région. Ils ont abordé sans détours ni faux semblants, les intérêts idéologiques, économiques, géostratégiques, et sécuritaires divergents ou partagés par Moscou et les forces locales concernant ces objectifs.»  
 
• Le dernier point concerne ce qui pourrait constituer un rapprochement entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, manœuvre qui ne déplairait pas à la Russie, qui a de bons liens avec l'Iran et des liens qui ne sont pas si mauvais avec l'Arabie. La nouvelle est présentée par DEBKAFiles (le 13 mai 2013), qui suit désormais avec une hargne particulière l'enchaînement des épisodes marquant la dégradation de la position US au Moyen-Orient.
 
«L'Arabie Saoudite a décidé d'essayer de reprendre le dialogue avec son grand rival régional l'Iran dans le but de mettre fin au conflit syrien et de garantir l'avenir politique du Liban, selon les sources dans le Golfe de DEBKAfile. Ils ont fait une croix sur la politique étasunienne à cause du soutien sans failles que la Russie et l'Iran apportent à Bashar Assad; il fait des avancées sur le champ de bataille avec l'aide du Hizballah et des forces iraniennes du Bassidj; et de l'inaction de la Turquie depuis l'attaque terroriste de samedi dans la ville de Reyhanli près de la frontière syrienne qui a causé 46 morts. Al-Faisal, le ministre des Affaires Etrangères saoudien, a profité de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Jeddah cette semaine sur le conflit malien pour rencontrer lundi 13 mai son homologue iranien Ali Akbar Salehi.
 
»Selon nos sources, la priorité de Riyadh est de stabiliser le Liban en se mettant d'accord avec l'Iran sur l'équilibre politique à Beyrouth. Ensuite les Saoudiens chercheront à se mettre d'accord avec Téhéran sur l'issue de la guerre civile en Syrie.
 
»Les dirigeants saoudiens ont compris une chose que l'Occident et Israël ont mis beaucoup de temps à admettre, c'est que puisque l'alliance militaire entre l'Iran, le Hizballah et la Syrie enregistre des victoires dans le conflit syrien, ils feraient mieux de s'occuper de leurs intérêts au Liban qui sont fortement liés au clan sunnite dirigé par Saad Hariri. S'ils attendent que le Hizballah, revenu victorieux, prenne le pouvoir à Beyrouth, il sera beaucoup plus difficile de protéger la communauté sunnite libanaise...»
 
Le même texte fait état du faible crédit accordé par les Saoudiens au projet de conférence organisée par les USA et la Russie conjointement, notamment à la lumière du peu d'enthousiasme que montrerait Obama pour la chose, – souligné, ce peu d'enthousiasme, par la remarque d'Obama lors de sa conférence de presse du 13 mai avec Cameron, concernant la "suspicion persistante héritée de la Guerre froide, entre la Russie et les USA" («"lingering suspicions between Russia and the US" left over from the Cold War»). Cette remarque est très singulière, dans la mesure où cette suspicion n'est nullement en état de persistance, mais plus évidemment une ré-invention des USA, à coup de lobbies, d'"agression douce", d'accusations humanitaristes, etc., contre la Russie, alors que la Russie a au contraire depuis longtemps écarté cette sorte de suspicion dont parle Obama. La phrase d'Obama, qui pourrait étonner certains venant d'Obama, évoque plutôt une paranoïa persistante du côté US, cette paranoïa si naturelle qu'elle n'a nul besoin du souvenir de la Guerre froide pour se faire sentir, et qui s'alimente plutôt à une complexité psychologique dont les USA n'ont besoin de personne pour l'entretenir dans leur propre chef... Dans tous les cas, cette phrase et ce qu'elle évoque éclairent d'une lumière moins amicale l'"isolationnisme-cool" dont nous parle Stephen M. Walt, la lumière du désenchantement découragé devant ce qui est effectivement, bien plus qu'un repli tactique des USA, une position de plus en plus forcée devant son propre déclin et l'effondrement de sa propre puissance.
 
Dans ce cas, il est alors remarquable de voir, devant la perspective du possible échec de la tentative Russie-USA de cette conférence sur la Syrie, un pays comme l'Arabie envisager de se tourner vers l'Iran et, au-delà et par simple enchaînement, en partie vers la Russie, pour trouver une issue de stabilisation à un désordre qui échappe de plus en plus à tout contrôle des acteurs extérieurs. Si elle s'affirmait, cette dynamique ne laisserait ni la Jordanie, ni l'Égypte insensibles, certes... Dans cette interprétation, on note également une considération bien peu amène pour la Turquie dont les manœuvres effrénées de déstabilisation depuis près de deux ans conduisent à l'impasse du désordre sur son propre territoire, chose également reprochée par Obama à Erdogan. (Les USA sont notamment inquiets des grandioses projets turcs de rassemblement d'un Kurdistan, avec ses parties syrienne et irakienne, à cause des menaces que ce projet fait peser non seulement sur l'Irak, mais sur la Turquie elle-même. Mais Erdogan oppose à ces craintes une assurance sans faille de lui-même et de sa politique.)
 
Le constat est donc que, devant l'évolution de la situation en Syrie, le camp constitué par le bloc BAO commence à céder à des tendances de délitement dans tous les sens tandis que la Russie évolue d'une position centrale d'une possible médiation qui s'avère de moins en moins possible, vers une position d'organisatrice d'un nouveau rassemblement au Moyen-Orient à partir de ses liens avec l'Iran, la Syrie, puis avec l'Irak, le Hezbollah et, éventuellement, d'autres acteurs qui deviendraient des transfuges du camp BAO. Tout se passe comme si le désordre commençait à épuiser ceux qui ont contribué à le créer, avec un éparpillement de ce rassemblement hétéroclite, dont la Russie sortirait nécessairement comme acteur extérieur central au Moyen-Orient. Cela serait une rétribution logique, et juste si l'on veut, du rôle qu'elle a tenu jusqu'ici.
 
Il ne s'agit pour l'instant de rien d'autre que d'une perspective, et le désordre lui-même est loin d'avoir dit son dernier mot, et sans doute aura-t-il toujours son mot à dire dans le contexte de la séquence actuelle. Mais la tendance générale se dessine de plus en plus clairement, et elle s'affirme à partir du caractère d'insupportabilité du processus d'autodestruction du Système, qui bouscule ou emporte tous ceux qui ont misé dessus (sur le Système), avec certains cherchant d'ores et déjà à sortir leur épingle du jeu. Quoi qu'il en soit, il existe aujourd'hui la possibilité d'un intéressant renversement de situation qui donnerait au "printemps arabe" une alluré inattendue ; cette possibilité, si elle est nécessairement caractérisée par le désordre évident au Moyen-Orient, le serait surtout, dans ce cas, par la hiérarchie des influences extérieures, avec la Russie revenant en force dans cette région et n'étant pas loin d'être en position de supplanter des USA de plus en plus amers, impuissants de leur incompréhension de la situation, bien plus fatigués que cool finalement. Dans ce cadre, il est possible que l'Israélien Netanyahou parle à Poutine de bien autre chose que de S-300, les Israéliens pouvant estimer eux aussi que leur choix exclusif du "parrain" américaniste devient discutable.
 
Effectivement, à côté de ces événements qui on leurs significations diverses et parfois surprenantes, on distingue l'apparition d'un phénomène d'épuisement psychologique, se traduisant par une dérive des politiques vers des orientations complètement imprévues. Cet épuisement psychologique est un facteur central de la crise d'effondrement du Système, comme nous ne cessons de le souligner, jusqu'à ses racines historiques fondamentales. Ce n'est qu'un paradoxe apparent si cet épuisement frappe les acteurs périphériques de la crise syrienne, plus que les acteurs directs, parce que ces acteurs périphériques sont directement connectés à la crise d'effondrement du Système. La position de force de la Russie, elle, tient évidemment à sa politique principielle, effectivement appuyée sur le respect et la défense des principes structurants, seul moyen d'échapper à cet épuisement causé par les forces déstructurantes et dissolvantes du Système.
 
Philippe Grasset, Dedefensa, publié sur www.alterinfo.net le 15 mai 2013
Pour consulter l'original: http://www.dedefensa.org/article-les_russes_vent_arri_re_14_05_2013.html  
Traduction des parties en Anglais: Dominique Muselet

L'ONU vote sur la Syrie malgré l'opposition de la Russie

Alors que le conflit se poursuit en Syrie, l'Assemblée générale de l'ONU se réunit mercredi 15 mai pour se prononcer sur un projet de résolution condamnant les autorités syriennes et reconnaissant la Coalition nationale syrienne (CNS) comme partie à une éventuelle transition politique.

La Russie, alliée proche du régime de Bachar Al-Assad, est opposée à ce texte mis au point par le Qatar et d'autres pays arabes.

"LA SYRIE N'ACCEPTERA AUCUN DIKTAT"

Le pouvoir syrien a réagi à cette réunion internationale par la voix de son vice-ministre des affaires étrangères en indiquant que "la Syrie n'acceptera aucun diktat et ses amis ne l'accepteront pas non plus", en référence notamment au départ du président Al-Assad réclamé par l'opposition. 

Mardi, le ministre syrien de l'information Omrane Al-Zohbi avait déjà exclu toute discussion sur le sort du président Bachar Al-Assad, estimant que cette question était du ressort "du peuple syrien et des urnes", en référence à la présidentielle de 2014 en Syrie.

Des diplomates occidentaux jugent de leur côté peu probable que la résolution gagne autant de voix qu'un texte d'août 2012 condamnant les violences et appelant à la transition, qui avait recueilli l'approbation de 133 des 193 pays membres de l'ONU.

"Je suis convaincu que beaucoup de pays avaient voté pour ce texte parce qu'ils étaient convaincus d'être du côté des vainqueurs", note un haut diplomate occidental. "Ils n'en sont plus certains aujourd'hui." "Maintenant, il y a aussi un facteur islamiste, terroriste, qui est bien plus évident", ajoute-t-il.

Aucun pays n'a de droit de veto à l'Assemblée générale, dont les textes ne sont pas contraignants.


UN PROJET DE RÉSOLUTION "DÉSÉQUILIBRÉ" SELON MOSCOU

Le conflit syrien, qui a commencé par des manifestations pacifiques en mars 2011 contre le président Bachar Al-Assad pour se transformer aujourd'hui en guerre civile, a fait au moins 94 000 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une ONG proche de l'opposition qui recense systématiquement les victimes confirmées.

La Russie, qui avait déjà voté contre le texte d'août 2012, avec onze autres pays – 31 s'étant abstenus –, a qualifié le nouveau projet de résolution de "déséquilibré". Moscou a averti, selon un diplomate de l'ONU, que le vote du texte pourrait desservir le projet d'une conférence de paix internationale proposé par la Russie et les Etats-Unis.

La résolution de l'Assemblée générale salue la création de la CNS "comme interlocutrice nécessaire pour une transition politique". Cette formulation pourrait être considérée comme une reconnaissance officielle de la Coalition comme représentante du peuple syrien et rebuter de ce fait certains pays membres.

"Il est très probable que le vote ne sera pas aussi élevé que l'an dernier, mais nous ne voulons pas descendre en dessous de 100 ou 110", a déclaré un haut diplomate occidental.


LES ARMES CHIMIQUES MENTIONNÉES

Le projet de résolution condamne les violences, "d'où qu'elles viennent", l'escalade dans le recours aux armes lourdes par les forces syriennes, le bombardement par les troupes syriennes des pays voisins et les violations des droits de l'homme.

Il demande également que les autorités syriennes garantissent un accès sans entrave aux inspecteurs de l'Onu mandatés pour enquêter sur d'éventuelles attaques à l'arme chimique. Damas et les rebelles s'accusent mutuellement d'avoir lancé ce type d'attaques.


Sur www.lemonde.fr le 15/05/2013

Syrie : la vidéo de l'éviscération d'un soldat suscite l'effroi

Une vidéo montrant un rebelle syrien éviscérant un soldat et faisant mine de croquer ses organes a suscité mardi une vague de condamnations, l'homme présentant son acte comme une vengeance contre les exactions du régime.

 

La rébellion syrienne a promis de «punir sévèrement» les coupables d'exactions après la diffusion de ces images. «Tout acte contraire aux valeurs pour lesquelles le peuple syrien verse son sang (...) ne passera pas sous silence et le coupable sera puni sévèrement même s'il s'agit d'un membre (de la rébellion)», a ainsi affirmé dans un communiqué le commandement de l'état major rebelle.

Il souligne avoir demandé au commandement opérationnel d'enquêter «rapidement» sur cette «vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux et dans laquelle la personne, qui prétend être membre de l'ASL, commet un acte monstrueux contre le cadavre attribué à un soldat du régime criminel».

«Les auteurs» de cette vidéo seront détenus et jugés, poursuit-il, en appelant les citoyens syriens à ne pas hésiter à informer le commandement rebelle de «tout acte contraire à la loi commis par des personnes se présentant comme des membres de l'ASL ou de tout autre groupe combattant».

Les Etats-Unis se sont pour leur part dits «horrifiés» par cette vidéo dont l'authenticité n'a pu être vérifiée. L'opposition syrienne et l'ONU l'ont également dénoncée. Selon Human Rights Watch (HRW), la vidéo montre «un commandant de la brigade rebelle Omar al-Farouq» de l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de la rébellion.

Interrogé via Skype par le magazine américain Time, le rebelle, identifié comme Khalid al-Hamad, assure avoir agi de la sorte après avoir découvert dans le téléphone portable du soldat tué des vidéos montrant ce dernier «humiliant» une femme nue et ses deux filles.

L'insurgé se vante ensuite d'avoir en sa possession une autre vidéo le montrant en train de commettre d'autres atrocités, un phénomène croissant dans la guerre entre les troupes du régime de Bachar al-Assad et la rébellion.

«J'y découpe un "chabbih" (milicien pro-régime) avec une scie. La scie qu'on utilise pour couper des arbres. Je l'ai découpé en petits et grands morceaux», dit-il dans cet entretien mis en ligne par Time. Sur les images, il découpe le cœur et le foie du soldat en uniforme avant de lancer : «Nous jurons devant Dieu que nous mangerons vos coeurs et vos foies, soldats de Bachar le chien.»

«Oh héros de Baba Amr, massacrez les alaouites et découpez leur coeur pour le manger», ajoute dans la vidéo ce sunnite, comme l'écrasante majorité des insurgés, faisant référence à la minorité issue du chiisme à laquelle appartient Al-Assad. Des propos qu'il réitère dans l'entretien au Time, affirmant: «Nous les égorgerons tous.» «Ce sont eux qui ont tué nos enfants à Baba Amr et violé nos femmes», accuse-t-il encore en référence à un quartier symbole de la ville de Homs (centre) que l'armée a repris au prix d'une offensive sanglante.

Washington «horrifié»

«Ce n'est pas nous qui avons commencé, ce sont eux qui ont commencé», ajoute-t-il. «Notre devise, c'est oeil pour oeil, dent pour dent» lance enfin celui qui a pris pour nom de guerre Abou Sakkar. «Nous sommes horrifiés par cette vidéo et nous avons dit très clairement que toutes les parties au conflit devaient respecter le droit humanitaire international», a réagi le département d'Etat américain, en précisant avoir parlé de cet acte aux chefs rebelles. Il a affirmé que le rebelle incriminé avait été «exclu» de son unité militaire pour cet acte et d'autres exactions perpétrées dans le passé.

Avant la publication de l'entretien à Time, la Coalition nationale de l'opposition syrienne a dénoncé «un acte horrible et inhumain» et affirmé «condamner cet acte, s'il est avéré». Elle a souligné que cet acte était «contraire aux valeurs morales du peuple syrien, de même qu'à celles de l'ASL», promettant que tout coupable sera jugé.

Mais ces déclarations n'ont pas convaincu HRW, l'ONG de défense des droits de l'Homme. «Condamner (ces actes) ou faire porter leur responsabilité à la violence du régime n'est pas suffisant. Les forces de l'opposition doivent agir fermement pour que cessent ces abus», a répliqué Nadim Houry, directeur-adjoint de HRW pour le Moyen-Orient.

A Genève, la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay a rappelé que «mutiler ou profaner des cadavres lors d'un conflit constitue un crime de guerre». Elle a appelé à saisir la Cour pénale internationale «afin que des poursuites judiciaires puissent être lancées contre les présumés responsables de (...) crimes de guerre et contre l'Humanité, qu'ils soient du côté du gouvernement ou de l'opposition».

Depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue guerre civile, les vidéos montrant des exactions des belligérants se sont multipliées, régime et rebelles s'accusant mutuellement de crimes de guerre et contre l'Humanité.

En soirée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de l'exécution par balles à Raqqa (est) par le groupe jihadiste rebelle Al-Nosra de trois personnes présentées comme des officiers de l'armée et «condamnées à mort». Alors que la communauté internationale peine à agir, paralysée par ses divisions, le conflit en Syrie a déjà fait plus de 94 000 morts, selon cette ONG.

Sur www.liberation.fr le 15/05/2013

 

mardi 14 mai 2013

Selon les Nations-unies, c'est l'opposition soutenue par les Etats-Unis et non le régime syrien qui a utilisé du gaz sarin

Dans une série d'interviews, Carla del Ponté, enquêtrice des Nations-unies a dit que le gaz sarin utilisé en Syrie a été utilisé par l'opposition, soutenue par les Etats-Unis, et non par le régime du président Bashar al-Assad.

Son rapport fait voler en éclats les mensonges sur lesquels Washington et ses alliés européens fondent leur campagne pour une guerre avec la Syrie, et selon lesquels les Etats-Unis et leurs alliés se préparent à attaquer la Syrie pour protéger la population syrienne des armes chimiques d'Assad. En fait, les preuves disponibles concernant l'utilisation de gaz sarin mettent en cause les « rebelles » dominés par les islamistes et qui sont armés par des pays du Moyen-Orient, alliés aux Etats-Unis et sous la supervision de la CIA.

Les déclarations de del Ponte coïncident avec les frappes aériennes totalement illégales d'Israël contre la Syrie et qui ont été approuvées par le président Obama. Ces actes de guerre représentent une intensification majeure de la guerre sectaire, instiguée et soutenue par les Etats-Unis, pour un changement de régime en Syrie, guerre qui est elle-même une préparation à des attaques contre le principal allié du régime syrien dans la région, à savoir l'Iran.

Del Ponte a été précédemment procureur général du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ainsi que du Tribunal pénal international pour le Rwanda, tous deux soutenus par l'Occident. Elle siège actuellement dans une commission d'enquête des Nations-unies sur la Syrie. Dans une interview accordée dimanche à la chaîne italiano-suisse RSI, elle a dit, « D'après les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont eu recours à des armes chimiques, et ont utilisé du gaz sarin. »

Elle a expliqué, « Nos enquêteurs sont allés dans des pays voisins pour interviewer des victimes, des médecins et dans les antennes chirurgicales et d'après leur rapport de la semaine dernière que j'ai vu, il existe des suspicions fortes et concrètes, mais pas encore de preuve incontestable de l'utilisation de gaz sarin, d'après la manière dont les victimes ont été traitées. Et c'est de l'opposition, des rebelles, que cela venait, et non des autorités gouvernementales. »

Elle a ajouté, « Ce n'est pas surprenant, puisque les opposants [c'est à dire l'opposition anti-Assad] sont infiltrés par des combattants étrangers. »

Dans une video interview à la BBC, del Ponte a dit, « Nous avons rassemblé des témoignages qui laissent penser que des armes chimiques ont été utilisées, en particulier du gaz de combat. Ce qui a émergé de notre enquête c'est que cela a été utilisé par les opposants, par les rebelles. Nous n'avons aucune, absolument aucune indication que le gouvernement, les autorités du gouvernement syrien, aient utilisé des armes chimiques. »

Ces déclarations démasquent la campagne des Etats-Unis sur les armes chimiques en Syrie comme étant une série de mensonges concoctés pour justifier une guerre d'agression au Moyen-Orient. Cette campagne a commencé fin mars, au moment où l'armée américaine annonçait les projets d'une intervention intensifiée en Syrie lorsque le régime d'Assad avait accusé l'opposition d'avoir lancé une roquette avec une ogive chimique à Khan al-Asal, près d'Aleppo. Elle avait tué 26 personnes, dont 16 soldats syriens, selon des sources de l'opposition.

L'opposition avait réagi en alléguant que c'était le régime d'Assad qui avait tiré cette roquette chimique. C'était fort peu probable étant donné que la roquette visait des forces pro-Assad.

Néanmoins l'establishment politique et médiatique américain a pris les allégations de l'opposition pour argent comptant, exigeant une intensification de l'intervention en Syrie, sur la base des remarques d'Obama d'août 2012 selon lesquelles l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement syrien serait une « ligne rouge » incitant les Etats-Unis à attaquer.

Le 26 avril, la Maison Blanche a approuvé cette campagne dans une lettre au Congrès déclarant: « La communauté américaine du renseignement, avec différents degrés de certitude, est parvenue à la conclusion que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle, en Syrie, en particulier du gaz sarin. »

Cette déclaration n'avait en fait aucun fondement et était d'évidence fabriquée sans tenir compte des témoignages rassemblés par les Nations-unies. Même après les interviews de del Ponte, des responsables américains ont continué à faire des déclarations incendiaires laissant entendre qu' Assad utilisait des armes chimiques. Un conseiller du gouvernement Obama a dit auNew York Times hier, «Il apparaît tout à fait clairement à tous qu'Assad est en train de faire des calculs pour voir si ces armes pourraient le sauver. »

L'utilisation de gaz sarin par l'opposition islamiste sunnite soutenue par les Etats-Unis, liée à al Qaïda et qui organise régulièrement des attaques terroristes en Syrie, soulève aussi la question de savoir comment elle a obtenu ce gaz. Le conseil américain des relations internationales décrit le sarin comme un produit «très dangereux et complexe à confectionner, » bien qu'il puisse être fait « par un chimiste formé avec des produits chimiques disponibles pour le grand public. »

Que les islamistes aient reçu le gaz sarin de leurs partisans étrangers, puis l'aient synthétisé eux-mêmes peut-être sous la surveillance de l'extérieur, ou qu'ils l'aient volé dans les stocks syriens, une chose est claire : son utilisation montre clairement la nature criminelle et téméraire du soutien des Etats-Unis à l'opposition islamiste.

Tout au long de la guerre syrienne, l'Etat et les médias américains ont agi suivant l'hypothèse qu'il est possible de manipuler la population par les mensonges les plus outranciers. Il importait peu que ces mensonges soient même vaguement plausibles, car on pouvait compter sur les médias pour les présenter de façon à ce qu'ils justifient l'attaque contre la Syrie.

A maintes reprises, lors du massacre de Houla en mai 2012 et du meurtre du journaliste Gilles Jacquier en janvier 2012, les médias ont fait porter sur le régime d'Assad la responsabilité des atrocités perpétrées par l'opposition, puis ont laissé tomber l'affaire lorsqu'il est apparu que c'était l'opposition qui en était responsable. Même l'annonce du gouvernement américain en décembre dernier que des forces d'opposition liées à Al Qaïda avaient perpétré des centaines de bombardements terroristes en Syrie n'ont pas affaibli le soutien des média pour la guerre.

A présent les médias américains sont en train d'enterrer la nouvelle de l'interview de del Ponte, au moment où Washington se prépare à une intervention directe en Syrie. Il n'a été fait aucune mention hier de son interview dans aucun des programmes d'information du soir des trois principaux réseaux.

Au contraire, après les frappes aériennes d'Israël contre des cibles syriennes jeudi et dimanche, des responsables et des experts des médias américains se sont vanté que les forces américaines étaient en mesure d'attaquer les défenses aériennes syriennes en faisant peu de victimes. (voir Les frappes israéliennes en Syrie.)

Reprenant les mensonges concernant les armes de destruction massive (ADM) utilisés pour justifier la guerre contre l'Irak, l'élite dirigeante américaine place les armes chimiques au centre de sa propagande de guerre contre la Syrie. Hier le Washington Post écrivait: « Les frappes israéliennes, suite aux reportages de ces dernières semaines disant que les forces d'Assad déployaient probablement des armes chimiques en quantité inconnue, semblaient étayer la position de ceux qui pensent depuis longtemps que les Etats-Unis devraient apporter un soutien direct aux rebelles. »

Le New York Times a fait remarquer qu'Obama pourrait utliser les armes chimiques comme prétexte pour faire la guerre s'il attaquait sans l'autorisation des Nations-unies. Il écrit : « Il est presque certain que la Russie mettrait son veto à tout effort visant à obtenir l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU pour une action militaire. Jusqu'à présent, M. Obama a évité de rechercher une telle autorisation et c'est donc une raison pour laquelle l'utilisation passée ou à venir d'armes chimiques pourrait servir d'argument juridique pour mener des frappes. »

Le journal n'a pas fait remarquer que, dans un tel cas, la guerre d'Obama contre la Syrie serait tout aussi illégale du point de vue du droit international que l'invasion de l'Irak par Bush, il y a dix ans. Cette guerre-là qui a coûté la vie à un million d'Irakiens et a fait des dizaines de milliers de morts et blessé américains, et a aussi coûté des milliers de milliards de dollars, est profondément détestée par la classe ouvrière américaine et internationale.

Ce besoin de l'élite dirigeante américaine de minimiser la guerre en Irak au moment où elle se prépare à lancer un bain de sang similaire en Syrie sous-tend l'article du New York Times d'hier écrit par l'ancien chef de la rédaction du Times, Bill Keller, et intitulé « La Syrie n'est pas l'Irak. » Déplorant le fait que l'expérience de la guerre en Irak, que lui-même et le Times avaient promue avec de faux reportages sur les armes de destruction massive de l'Irak, l'avait rendu «réticent vis à vis des armes », Keller a carrément affirmé, « Pour ne pas se tromper en Syrie, il faut commencer par se remettre de l'Irak. »

Par « se remettre de l'Irak », Keller veut dire surmonter les inquiétudes concernant l'action militaire et les massacres de masse pour écraser ceux qui s'opposent à la politique américaine. Il écrit que, « En Syrie, je crains que la prudence ne soit devenue du fatalisme… Notre réticence à armer les rebelles ou à défendre les civils pour qu'ils ne soient pas massacrés dans leur maison a convaincu le régime d'Assad (et le monde) que nous ne sommes pas sérieux. »

Déclarant que Washington est en train de préparer des plans militaires « au cas où l'utilisation par Assad d'armes chimiques nous force la main, » il demande une intervention rapide et écrit, « Pourquoi attendre la prochaine atrocité? »

L'article va-t-en guerre de Keller est un exemple particulièrement clair de la manière dont la promotion par les médias d'une politique impérialiste est coupée de la réalité. Le fait qu'il n'existe aucune preuve qu'Assad ait utilisé des armes chimiques, ou que la prochaine atrocité en Syrie sera probablement perpétrée par les forces soutenues par les Etats-Unis, importent peu au Times. La seule chose qui compte est de bien présenter la prochaine guerre américaine, et tant pis pour la réalité des faits.

La faillite intellectuelle et morale collective des médias et de l'élite dirigeante explique le fait que les révélations explosives de del Ponte puissent être enterrées sans commentaire. Enivrée par sa propre propagande mensongère, prête à tout pour effacer les conclusions que la population a tirées de la dernière débâcle sanglante de Washington, la classe dirigeante américaine est en train de se précipiter à tombeau ouvert vers une nouvelle catastrophe.

Par Alex Lantier sur www.mondialisation.ca le 13/05/2013 

lundi 13 mai 2013

Attentats en Turquie : 40 morts et plus de 100 blessés

Le dernier bilan fait état d'au moins 40 morts et 100 blessés, dont 29 dans un état grave. Les attaques ont eu lieu près de la mairie de Reyhanli, située à quelques kilomètres d'un important poste-frontière avec la Syrie, ce qui a conduit les autorités turques à affirmer soupçonner le régime de Damas. "Nous allons mener l'enquête sur tout cela, nous allons tout éclaircir", a déclaré le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler.

 

En début de soirée, une troisième déflagration est survenue dans un quartier de logements collectifs à plusieurs centaines de mètres du centre-ville. Mais elle n'a pas de lien avec le double attentat à la voiture piégée. "La troisième explosion était l'explosion du réservoir de carburant d'une voiture. Elle n'a rien à voir avec les événements", a affirmé Muammer Güler, sans faire état de victimes dans cette dernière déflagration.

Les yeux tournés vers Damas

Les attentats de la mi-journée étaient particulièrement puissants et les secouristes recherchaient d'éventuelles victimes sous des décombres d'immeubles effondrés. La mairie notamment a subi de très graves dégâts et les explosions ont provoqué une coupure d'électricité dans toute la région avoisinant Reyhanli, a rapporté la chaîne de télévision d'information NTV.

Reyhanli, 60 000 habitants, est située à proximité du poste-frontière de Cilvegözü, qui était la principale voie de passage entre la Turquie et la Syrie avant le déclenchement du conflit syrien, en 2011. Un attentat à la voiture piégée imputé par la Turquie aux services de renseignements syriens a fait 17 morts et 30 blessés le 11 février à Cilvegözü. Le poste-frontière syrien de Bab al-Hawa, face à Cilvegözü, est aux mains de la rébellion syrienne depuis l'été 2012.

Interrogé par des journalistes sur un éventuel lien entre ces attentats et le conflit syrien, le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement Bülent Arinç a estimé que le régime de Damas et le président syrien Bachar el-Assad faisaient figure de suspects. "Avec leurs services de renseignements et leurs groupes armés, ils font certainement figure de suspects habituels pour la mise en oeuvre et davantage encore pour l'instigation d'un plan aussi démoniaque", a déclaré M. Arinç, sur NTV, soulignant toutefois que l'enquête n'en était qu'à son commencement.

Erdogan prochainement à Washington

Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a quant à lui souligné la "coïncidence" entre ces attaques et une "accélération" des efforts pour résoudre la crise syrienne, avec notamment une visite prévue du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Washington le 16 mai. "Que cela se produise à une période où dans le monde entier il y a une accélération des efforts sur la Syrie, une accélération concernant une résolution (du conflit), n'est pas une coïncidence", a déclaré M. Davutoglu aux journalistes au cours d'un déplacement à Berlin.

Le ministre a par ailleurs lancé une mise en garde : "Nos forces de sécurité ont pris des mesures. (...) Nous ne permettrons pas de telles provocations dans notre pays." La Coalition nationale de l'opposition syrienne a condamné l'attaque dans un communiqué, dénonçant une tentative par le régime de Damas de "se venger de la population turque et de la punir pour son honorable soutien au peuple syrien, dont son accueil des réfugiés syriens". La Turquie soutient les rebelles syriens et a appelé le président Bachar el-Assad à quitter le pouvoir. Elle accueille sur son sol quelque 400 000 Syriens, dont la moitié dans des camps de réfugiés.

Le 11/05/2013 sur www.lepoint.fr