Le dernier bilan fait état d'au moins 40 morts et 100 blessés, dont 29 dans un état grave. Les attaques ont eu lieu près de la mairie de Reyhanli, située à quelques kilomètres d'un important poste-frontière avec la Syrie, ce qui a conduit les autorités turques à affirmer soupçonner le régime de Damas. "Nous allons mener l'enquête sur tout cela, nous allons tout éclaircir", a déclaré le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler.
En début de soirée, une troisième déflagration est survenue dans un quartier de logements collectifs à plusieurs centaines de mètres du centre-ville. Mais elle n'a pas de lien avec le double attentat à la voiture piégée. "La troisième explosion était l'explosion du réservoir de carburant d'une voiture. Elle n'a rien à voir avec les événements", a affirmé Muammer Güler, sans faire état de victimes dans cette dernière déflagration.
Les yeux tournés vers Damas
Les attentats de la mi-journée étaient particulièrement puissants et les secouristes recherchaient d'éventuelles victimes sous des décombres d'immeubles effondrés. La mairie notamment a subi de très graves dégâts et les explosions ont provoqué une coupure d'électricité dans toute la région avoisinant Reyhanli, a rapporté la chaîne de télévision d'information NTV.
Reyhanli, 60 000 habitants, est située à proximité du poste-frontière de Cilvegözü, qui était la principale voie de passage entre la Turquie et la Syrie avant le déclenchement du conflit syrien, en 2011. Un attentat à la voiture piégée imputé par la Turquie aux services de renseignements syriens a fait 17 morts et 30 blessés le 11 février à Cilvegözü. Le poste-frontière syrien de Bab al-Hawa, face à Cilvegözü, est aux mains de la rébellion syrienne depuis l'été 2012.
Interrogé par des journalistes sur un éventuel lien entre ces attentats et le conflit syrien, le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement Bülent Arinç a estimé que le régime de Damas et le président syrien Bachar el-Assad faisaient figure de suspects. "Avec leurs services de renseignements et leurs groupes armés, ils font certainement figure de suspects habituels pour la mise en oeuvre et davantage encore pour l'instigation d'un plan aussi démoniaque", a déclaré M. Arinç, sur NTV, soulignant toutefois que l'enquête n'en était qu'à son commencement.
Erdogan prochainement à Washington
Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a quant à lui souligné la "coïncidence" entre ces attaques et une "accélération" des efforts pour résoudre la crise syrienne, avec notamment une visite prévue du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan à Washington le 16 mai. "Que cela se produise à une période où dans le monde entier il y a une accélération des efforts sur la Syrie, une accélération concernant une résolution (du conflit), n'est pas une coïncidence", a déclaré M. Davutoglu aux journalistes au cours d'un déplacement à Berlin.
Le ministre a par ailleurs lancé une mise en garde : "Nos forces de sécurité ont pris des mesures. (...) Nous ne permettrons pas de telles provocations dans notre pays." La Coalition nationale de l'opposition syrienne a condamné l'attaque dans un communiqué, dénonçant une tentative par le régime de Damas de "se venger de la population turque et de la punir pour son honorable soutien au peuple syrien, dont son accueil des réfugiés syriens". La Turquie soutient les rebelles syriens et a appelé le président Bachar el-Assad à quitter le pouvoir. Elle accueille sur son sol quelque 400 000 Syriens, dont la moitié dans des camps de réfugiés.
Le 11/05/2013 sur www.lepoint.fr
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