L'enseignant belge Pierre Piccinin, enlevé en Syrie en avril et libéré dimanche avec le journaliste italien Domenico Quirico, a témoigné lundi avoir subi «des violences physiques très dures» au cours de sa détention, qui a été «une odyssée terrifiante à travers toute la Syrie».
«Physiquement, ça va, malgré les tortures que nous avons subies, Domenico et moi», a déclaré lundi matin Pierre Piccinin sur la radio BEL RTL, quelques heures après son arrivée en Belgique. «Cela a été parfois des violences physiques très dures (...) Des humiliations, des brimades, de fausses exécutions. Domenico a subi deux fausses exécutions au revolver», a-t-il précisé.
Voyageant ensemble, les deux hommes étaient entrés en Syrie par le Liban le 6 avril. «Deux jours plus tard, nous étions à Qousseir (centre) et c'est là que l'Armée syrienne libre (ASL) nous a arrêtés puis livrés à la brigade Abou Ammar, du nom de son chef. Ces gens sont des demi-dingues, plus brigands qu'islamistes, plus ou moins inféodés au mouvement Al-Farouk, l'un des principaux groupes de rebelles même s'il a un peu éclaté ces derniers temps», a expliqué Piccinin, interrogé par le quotidien le Soir.
Les cinq mois de détention «ont été une odyssée terrifiante à travers toute la Syrie», a-t-il ajouté sur la radio. «On a été beaucoup déplacé dans de nombreux endroits (...) Ce n'était pas toujours le même groupe qui nous détenait, avec des groupes très violents, très anti-occidentaux et des islamistes anti-chrétiens».
«Nous avons essayé de nous échapper deux fois. Une fois, on a profité de la prière, on s'est emparé de deux kalachnikovs (...) Pendant deux jours, on a couru la campagne avant de se faire reprendre et là de se faire très sérieusement punir pour cette tentative d'évasion», a raconté le professeur d'histoire d'un lycée de Philippeville (sud de la Belgique).
Selon lui, la révolution syrienne a «connu une évolution très importante depuis sept, huit mois»: «On est face à des vagues islamistes ou du brigandage de certains groupes qui rançonnent les territoires. Je pense qu'il est devenu très dangereux pour les occidentaux d'encore se risquer en Syrie dans les conditions actuelles d'une révolution qui est en pleine déliquescence et qui tourne à autre chose».
L'ex-otage se confie également sur son premier coup de fil à ses parents, qui n'avaient pas eu de nouvelles de lui depuis cinq mois. «Ma mère a cru entendre le fantôme de son fils qui revenait de l'enfer syrien», raconte-t-il.
Présenté par les médias belges comme un enseignant engagé, Pierre Piccinin effectuait son septième voyage en Syrie depuis le début des troubles en 2011. Il avait défendu au début des thèses proches de celles du régime de Bachar al-Assad, avant d'être enlevé une première fois en mai 2012 aux côtés des rebelles.
Sur www.liberation.fr le 09/09/2013
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