Le bilan continue de s'alourdir au lendemain de l'explosion d'une mine en Turquie. Il est, mercredi soir, de 274 morts. Le chef du gouvernement, Recep Tayyip Erdogan s'est rendu, dans l'après-midi de mercredi, sur les lieux du drame, à Soma, dans l'ouest du pays, où il a été vivement pris à partie par des manifestants qui lui reprochaient de négliger la sécurité dans le secteur minier.
Alors que déjà mercredi plusieurs mouvement de manifestation de colère, sur place mais aussi à Itsanbul où des milliers de manifestants se sont heurtés à la police anti-émeute, c'est un appel à la grève qui a été lancé, pour ce jeudi, par la confédération des syndicats de la fonction publique (KESK). «Ceux qui dans le cadre de la politique de privatisation mettent en danger la vie des travailleurs au nom de la réduction des coûts sont coupables du massacre de Soma et doivent en répondre», déclare dans un communiqué mis en ligne sur son site la confédération syndicale turque.
«Nous ne sommes pas sûrs à 100%, mais il y a environ 120 mineurs en bas», a déploré sur place Erdogan, précisant qu'une «enquête approfondie» allait être menée sur les causes du drame. Le ministre de l'Energie Taner Yildiz a précisé dans la soirée qu'un incendie sur le site entravaient les secours.«Le temps ne joue pas en notre faveur», a-t-il souligné.
Quelque 787 employés se trouvaient dans cette mine de charbon de la province de Manisa, quand l'explosion, suivie d'un incendie, sont survenus mardi après-midi. Un grand nombre de mineurs est parvenu à s'échapper des galeries après l'explosion, mais une partie d'entre eux reste inaccessible, coincée dans une poche isolée.
Mercredi matin, le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours. «En raison de la catastrophe survenue dans la mine de Soma, un deuil national a été décrété pour trois jours à partir du (mardi) 13 mai», indique un communiqué.
«Au fur et à mesure que le temps s'écoule, nous nous approchons à grands pas d'une issue très défavorable», a déclaré, sur place, le ministre de l'Energie, Taner Yildiz. «Les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent, mais nous allons continuer jusqu'au bout», a-t-il ajouté. L'espoir est d'autant plus ténu qu'un «incendie continue». Il redoute, en outre, que les personnes venues aider sur place ne soient elles aussi blessées à cause des fumées. Dans la nuit de mardi à mercredi, des blessés souffrant de problèmes respiratoires ont été extirpés au compte-goutte, devant collègues et proches. Ce mercredi matin, six travailleurs ont pu être retirés vivants de la mine. Ils portent le total de mineurs secourus à 363.
Le président François Hollande a proposé mercredi l'«assistance» de
Selon les premiers témoignages, l'explosion s'est produite vers 13h30, heure française, apparemment provoquée par un transformateur électrique. Elle aurait causé un effondrement bloquant les mineurs dans les galeries. La compagnie minière Soma Komur déplore, dans un communiqué, la mort d'employés dans «cet accident tragique» et assure que «l'accident est survenu malgré un maximum de mesures de sécurité et des inspections». Le ministère turc du Travail et de
La sécurité mise en cause
La tonalité n'est pas la même du côté des mineurs. «Il n'y aucune sécurité dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'à l'argent», assure l'un d'entre eux. «Il y a des gens qui sont en train de mourir là-dedans, des blessés, et tout ça pour des histoires de pognon», renchérit un autre. «S'il y a eu négligence, nous ne fermerons pas les yeux», a garanti le ministre de l'Energie.
De plus, selon les médias locaux, trois semaines avant le drame, le parlement a refusé de former une commission pour faire un état des lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis d'opposition ont introduit des propositions qui ont été toutes refusées par l'AKP, le parti majoritaire.
Les explosions dans les mines sont fréquentes en Turquie, en particulier dans celles du secteur privé où, souvent, les consignes de sécurité ne sont pas respectées. L'accident le plus grave est survenu en 1992, quand 263 mineurs ont été tués dans une explosion de gaz dans la mine de Zonguldak.
Sur www.leparisien.fr le 15/05/2014
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