dimanche 24 août 2014

Le pape François en Asie : le grand objectif stratégique du Vatican

 
Au fil de ses 11 discours en Corée, les dimensions sociales et sociétales chères au pape ne devraient pas être oubliées. Il devrait ainsi inviter l'Eglise, d'où provient une partie de la classe dirigeante, à rester proche des exclus.
L'Asie est un objectif stratégique de l'Eglise: le pape François entame en Corée du Sud son premier voyage sur le continent, va à la rencontre d'une Eglise minoritaire mais vivante, et aura en vue notamment la Chine. François sera du 13 au 19 août en Corée du Sud. Le motif officiel du voyage est sa participation aux Journées de la jeunesse catholique d'un continent où les catholiques ne sont que 3,2%, mais où leur nombre croît.
Il a choisi le pays où coexistent le plus de cultes: bouddhistes mais aussi évangélistes et pentecôtistes, en plein essor. 30% des Sud-Coréens sont chrétiens et 10% (5,3 millions) catholiques. La visite en Corée sera suivie dès janvier 2015 d'une autre au Sri Lanka et aux Philippines, le plus catholique des pays asiatiques. Aucun pape ne s'était rendu en Asie depuis 15 ans.
Quand le pape François se rêvait missionnaire au Japon
Et même si au Vatican on évite de parler de "priorité", l'Asie représente un "espace d'évangélisation". Quand il était jeune, Jorge Bergoglio rêvait de devenir missionnaire au Japon, où il admirait la résistance des catholiques clandestins ayant maintenu leur foi sans prêtres au XVIIIème et XIXème siècles.
Le pape, qui n'a encore annoncé aucun voyage en Afrique, s'intéresse en particulier à "l'inculturation" (imprégnation, ndlr) du christianisme dans les cultures asiatiques. Un de ses modèles est le jésuite italien Matteo Ricci (1552-1610), enterré à Pékin, apprécié de l'empereur de Chine, et évangélisateur de ce pays dans le respect de la culture locale.
Dimension sociale et réconciliation intercoréenne
Au fil de ses 11 discours en Corée, les dimensions sociales et sociétales chères au pape --pauvreté, corruption, mondialisation, avortement notamment-- ne devraient pas être oubliées. Il devrait inviter l'Eglise, d'où provient une partie de la classe dirigeante, à rester proche des exclus d'une croissance très rapide. "Aujourd'hui il y a le risque que l'Eglise apparaisse comme l'Eglise des riches pour les riches", a noté le missionnaire italien Vincenzo Bordo sur le site Vatican Insider.
D'autres accents de la visite seront l'hommage à la résistance d'une Eglise locale fondée par des laïcs lettrés --il béatifiera 124 martyrs de la première génération des catholiques coréens--, et une messe à Séoul pour la réconciliation des Coréens.
Mais la venue tant espérée de catholiques nord-coréens, une minorité contrôlée et persécutée, n'a pas été autorisée par Pyongyang. Certains Coréens auraient souhaité un déplacement du pape dans la zone démilitarisée sur le 18e parallèle mais rien n'est prévu en ce sens.
Les relations difficiles avec la Chine
Les spéculations les plus folles et infondées avaient circulé dans la presse asiatique: le pape irait en Corée du Nord et se rendrait même à Pékin pour rencontrer le président Xi Jinping, élu comme lui en 2013.
Le rapprochement avec la Chine communiste a été une priorité de Benoît XVI, puis de François, après des décennies de persécutions des chrétiens sous Mao. Le Vatican aimerait bien que se produise avec Pékin le dégel qui a marqué les relations avec le Vietnam communiste. Aujourd'hui l'Eglise vietnamienne, contrôlée et parfois persécutée, est très vivante.
Sur www.bfmtv.com le 13/08/2014

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