mardi 31 mars 2015

Yémen : un camp de réfugiés touché par un raid aérien, plusieurs morts

Un raid aérien de la coalition menée par l'Arabie Saoudite a touché lundi un camp de réfugiés de Mazrak, dans le nord-ouest du Yémen. Une ONG a précisé que l'opération visait une installation militaire voisine.

Le camp de déplacés de Mazrak, dans le nord-ouest du Yémen, a été touché lundi 30 mars par un raid aérien qui visait probablement une base des rebelles chiites houthis. Les tirs ont fait au moins 40 morts, a rapporté le personnel humanitaire. "On a la confirmation qu'un camp [de la province de Hajja] a été touché et qu'il y a des morts et des blessés", a déclaré un responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (UNOCHA).

Mais l'origine de ce raid est encore inconnue et les explications divergent. Pour l'agence de presse Saba, contrôlée par les miliciens houthis, le raid a été mené par la coalition conduite par l'Arabie saoudite. La version du ministre des Affaires étrangères du gouvernement fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi est tout autre : d’après Ryad Yassine, l'explosion survenue près de la ville d'Haradh est due à un tir d'artillerie des Houthis. Un porte-parole militaire saoudien, le général Ahmed Asseri, affirme quant à lui que les avions ont peut-être riposté à des tirs. Il n'a pu confirmer le fait qu'un camp de réfugiés ait été touché.

Depuis jeudi dernier, une coalition de neuf pays arabes, conduite par l'Arabie saoudite, mène des raids aériens au Yémen contre des rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran, et leurs alliés.
Selon des témoins, des ambulances ont eu des difficultés à parvenir à Al-Mazrak en raison de bombardements de la coalition sur la route qui mène au camp.

Le camp de Mazrak se trouve à moins de dix kilomètres d'un camp militaire, selon des sources de l'administration locale. Il abrite depuis 2009 des Yéménites déplacés par le conflit entre les Houthis et le gouvernement central.

Sur www.france24.com le 31/03/2015

lundi 30 mars 2015

L'assassinat d'un blogueur athée marque une nouvelle atteinte à la liberté d'expression

Ce 30 mars au matin, un blogueur athée a été assassiné à coups de couteau à Dacca. En l’espace de deux ans, c’est la troisième fois qu’un blogueur affichant son athéisme est tué au Bangladesh, cette action d’éclat, vraisemblablement menée par des islamistes, dénotant une nouvelle atteinte à la liberté d’expression.
 
Washiqur Rahman était âgé de 27 ans. Il travaillait dans une agence de voyage et menait, sur son temps libre, une activité de blogueur. D’après Imran Sarker, responsable du réseau de blogueurs Blogger and Online Activists Network, cité par l’AFP, « Rahman écrivait sous le nom de plume de Kutshit Hasher Chhana (‘vilain petit canard’) ; c’était un libre-penseur progressiste opposé au fondamentalisme religieux ». Selon d’autres blogueurs, Washiqur Rahman se disait musulman, et s’affirmait opposé à toute forme de fondamentalisme ; Ibrahim Khalil, blogueur lui aussi, dit de lui qu’il écrivait contre l’extrémisme religieux et la répression des minorités ethniques.
 
Selon la police bangladaise, les agresseurs de Washiqur Rahman suivaient leur victime depuis la veille au soir et ils ont attendu le matin de ce lundi, au moment où elle partait à son bureau, pour l’attaquer. Washiqur Rahman a été « brutalement poignardé à mort avec de gros couteaux à environ 500 mètres de chez lui » dans le quartier industriel de Tejgaon, au centre de Dacca, précise la presse locale, où l’on peut lire que les agresseurs ont attaqué Washiqur Rahman au visage, lui laissant peu de chances de s’en sortir. De fait, la victime a été déclarée décédée à son arrivée à l’hôpital. Sur les trois assaillants, deux ont été interpellés par la police, le troisième ayant réussi à s’enfuir, et il s’avère que les deux hommes interpellés étudiaient dans des écoles coraniques (l’une, Darul Ulum, située à Dacca, l’autre à proximité de Chittagong). « Les deux agresseurs étudient dans des madrasa, mais nous les soupçonnons d’appartenir à une organisation militante », a déclaré Biplob Kumar Saha, commissaire adjoint à Tejgaon.
 
Le meurtre de Washiqur Rahman s’ajoute à une liste déjà longue. Le 26 février dernier, Avijit Roy, blogueur et écrivain d’origine bangladaise (mais citoyen américain après avoir émigré à Atlanta il y une quinzaine d’années pour, déjà, fuir les extrémistes musulmans de son pays), avait été tué à coups de machette. Il était accompagné de sa femme, Rafida Bonya Ahmed, blogueuse elle-aussi, qui fut grièvement blessée à coups de machette. Tous les deux sortaient d’un salon du livre où ils étaient venus défendre leurs écrits et conforter la petite communauté des blogueurs qui se disent athées dans ce pays de 160 millions d’habitants très majoritairement musulman. La mort du fondateur du blog mukto-mona (‘libre pensée’) et fervent promoteur de la laïcité avait suscité l’indignation au Bangladesh et à l’étranger. Le 2 mars dernier, la police a annoncé l’arrestation d’un suspect pour l’assassinat d’Avijit Roy ; il s’agit de Farabi Shafiur Rahman. Présenté comme étant « un blogueur fondamentaliste » ayant menacé sa victime sur Twitter et Facebook, il est connu pour être membre du parti islamiste Jamaat e-Islami ; il avait déjà été inquiété par la police et la justice pour les menaces et les actions violentes qu’il préconisait pour réduire au silence ceux qu’il désignait comme étant des « diffamateur de l’islam et de Mahomet ».
 
On se souvient également que, le 14 janvier 2013, un autre blogueur se présentant comme athée avait échappé de peu à la mort après avoir été grièvement poignardé par des extrémistes musulmans. Un mois plus tard, le 15 février 2013, Ahmed Rajeeb Haider, un autre blogueur affichant son athéisme, tombait à son tour sous les coups de couteau d’islamistes. Auparavant, entre 2004 et 2013, deux écrivains avaient été assassinés par des extrémistes qui dénonçaient leurs écrits.
 
Reporters sans frontières a dénoncé le meurtre de Washiqur Rahman, appelant le Premier ministre du Bangladesh « à combattre l’insécurité croissante dans le pays, sous peine de voir la fuite de tous les penseurs laïques et l’installation définitive d’une autocensure stricte dans tous les débats publics ». L’organisation de défense de la liberté de la presse a également déploré « la passivité des autorités en matière de protection des blogueurs, et particulièrement de ceux qui s’expriment et informent sur la religion, les libertés fondamentales et les extrémistes de toutes sortes ».
 
De fait, l’engagement du gouvernement en faveur de la liberté d’expression et de la presse semble manquer. En mai 2013, après que des formations politiques islamistes eurent menacé de manifester pour appeler à l’exécution des blogueurs athées, les autorités avaient intensifié les tracasseries contre les blogueurs à qui étaient reprochés des propos « blasphématoires ». La commission de contrôle des télécommunications avaient obligé les hébergeurs de deux blogs à effacer des centaines de posts considérés comme diffamant l’islam et Mahomet.
 
Aujourd’hui, estime le blogueur Pervez Alam, le Bangladesh, faute de volonté politique, est devenu un lieu dangereux pour les blogueurs athées et les écrivains libre-penseur. « Je devine que ceux qui ont tué Washiqur Rahman sont des islamistes qui ont été encouragés par la culture d’impunité qui règne ici. Les athées sont une minorité dans ce pays qui n’a ni le pouvoir ni l’influence d’obtenir justice de la part du gouvernement », explique ce blogueur influent pour qui la liste des victimes des islamistes s’allongera forcément tant que le pouvoir politique n’agira pas autrement.
 
Selon les observateurs, la violence à l’encontre des athées et des libre-penseur ne faiblira pas tant que les partis islamistes maintiendront leur pression sur le gouvernement pour obtenir le votre d’une loi anti-blasphème semblable à celle qui est en vigueur au Pakistan. Même si l’actuel pouvoir en place a fermement affirmé son opposition à un tel projet, dans les faits, il n’a eu de cesse que de contenter ces partis extrémistes en harcelant et en arrêtant nombre de blogueurs militant pour la défense du caractère laïque des institutions nationales ; à chaque fois, le gouvernement a agi en utilisant les articles de loi qui, dans le Code pénal, punissent l’atteinte au « sentiment religieux ».
 
Sur http://eglasie.mepasie.org le 30/03/2015

dimanche 29 mars 2015

La route de la soie ou le symbole d’une Chine mythique

 
La Chine veut recréer une «route de la Soie» entre l'Asie et l'Europe. Elle va construire des milliers de ponts, de routes, de chemins de fer et de ports à travers l'Asie centrale et le Moyen-Orient. 40 milliards de dollars d'investissements viennent d'être débloqués. Est-ce une arme économique ou diplomatique? Un expansionnisme commercial? Est-ce un nouveau plan Marshall ou un mirage?
 
Comment booster l'économie tout en confortant une influence politique? Comment aider l'Asie du Sud-Est et, du même coup, freiner l'influence américaine et indienne? Comment faire du nouveau avec du vieux? Pékin a trouvé la solution: la nouvelle route de la Soie.
 
Le projet a été imaginé depuis plusieurs années. Le président chinois Xi Jinping l'a officiellement lancé en septembre 2013 lors d'une visite au Kazakhstan. Depuis, le comité central du Parti communiste en a fait l'une de ses priorités. Et début mars 2015, le Premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé la création de la «Silk Road Company Ltd», le fonds d'investissement privé qui portera le projet. Il a aussi détaillé son ampleur, en donnant le chiffre: 40 milliards de dollars! Plus encore que la démesure des investissements et du rêve chinois, ce qui frappe, c'est le nom du projet. Un plan de communication efficace. Un logo. Une marque. Une nouvelle route de la soie !
 
«Pour la Chine, il s'agit d'un plan stratégique qui vise à réorienter sa géopolitique vers l'intérieur du continent, notamment vers l'Asie centrale et l'Europe, plutôt que vers l'Est et sa côte Pacifique. C'est aussi un projet pour contrecarrer les influences russe et américaine dans la région. C'est en quelque sorte une nouvelle diplomatie chinoise, qu'on peut qualifier de "réalisme institutionnel", et qui consiste à bâtir de nouvelles infrastructures à l'étranger pour influencer les politiques mondiales», explique Simon Shen, directeur du Global Studies Program, interrogé à l'université chinoise de Hong Kong.
 
Le nom officiel du projet est: «One belt, one road» (une ceinture, une route). Mais tout le monde a retenu le nom de code: «New Silk Road» ou la «Nouvelle route de la soie». Rien de moins.
 
La route de la soie ou le symbole d'une Chine mythique
 
La route de la soie doit être imaginée au pluriel. Historiquement, il y en a eu plusieurs.
 
Symbole mythique de l'Orient, il s'agissait des différents chemins empruntés par les commerçants pour faire transiter les marchandises de l'Asie vers l'Europe, et ce depuis l'Antiquité.
 
La version orthodoxe la présente comme une décision d'un empereur chinois de la dynastie des Han, avant notre ère, qui envoya son émissaire en Europe, itinéraire réemprunté depuis par tous les marchands orientaux. Avec ses caravanes d'épices, de tapis perses, de pierres précieuses, de tissus –et d'abord de soie–, l'itinéraire a été emprunté par les Romains comme par les Ottomans, par les Arabes et les Indiens, parmi de nombreux peuples. Un vrai caravansérail!
 
Avec près de 6.500 kilomètres, la route part de l'est de la Chine (pays qu'elle traverse sur près de 4.000 kilomètres), avant de bifurquer vers des pays qui s'appellent aujourd'hui l'Inde, ou le Pakistan, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, pour rejoindre la Méditerranée. Les tracées varient selon les empires.
 
Il n'y a pas une seule route de la soie; il y en a autant que d'époques. L'écrivain Pierre Loti, parmi d'autres, a décrit ses féeries, ses bazars et ses vertiges. Car la route croise les guerres, les frontières, et les limites physiques –et pour commencer elle traverse l'Himalaya.

Les deux nouvelles routes de la soie

Pékin a choisi de redonner vie aujourd'hui à deux routes de la soie. La première sera terrestre. Son tracé reste en débat, mais il devrait partir de la province chinoise du Xinjiang (qui connaît de nombreuses tensions ethniques), rejoindre le Kazakhstan, l'Asie centrale, le Nord de l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Turquie et, à partir de là, atteindre l'Europe. Le tracé continuerait en Bulgarie, Roumanie, République Tchèque et en Allemagne, avant de rejoindre –on ne sait trop comment– Venise. Tout un symbole.
 
Cette nouvelle route de la soie sera constituée de milliers de ponts, de voies de chemin de fer, de gares et de pipelines pour relier l'Est à l'Ouest.
 
Plus ou moins avoué, l'un des objectifs de ce tracé est de réintégrer l'Afghanistan, le Pakistan, l'Irak, l'Asie centrale –et à terme l'Iran– dans l'économie marchande globale en y reconstruisant d'innombrables infrastructures, défectueuses depuis des années de tensions. En clair, réussir avec l'économie là où les Américains ont échoué avec le militaire.
 
Officiellement, Washington approuve pourtant une initiative qui passerait par l'Afghanistan et le Pakistan, parce qu'elle réintroduirait le commerce et la paix, dans une zone menaçante pour la sécurité régionale.
 
Mais, officieusement, les Américains ont bien compris que cette «nouvelle route de la soie» visait à contrecarrer leur propre traité multilatéral de libre échange économique, dit de partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership ou TTP). Ils se disent donc prêts désormais, pour renforcer les liens économiques de l'Asie centrale et du Moyen-Orient, à élargir ce traité et même à faciliter l'entrée de l'Afghanistan et du Kazakhstan dans l'Organisation mondiale du commerce. Une façon de répondre à la route de la soie.
 
Un commerce accru et des frontières marchandes claires, c'est pour les Chinois comme pour les Américains un moyen de contrôler le transit des armes et de la drogue. En toile de fond, les vastes ressources énergétiques de l'Asie centrale, notamment le pétrole et le gaz, sont également visées.
La seconde route de la Soie, baptisée «21st Century Maritime Silk Road» empruntera quant à elle les mers.
 
La Chine a rarement été une grande puissance maritime, mais elle tente sa chance. De l'Asie à l'Europe, le tracé partirait des grands ports de la mer de Chine (en particulier Guangzhou/Canton), suivrait la Thaïlande et le Viêt-Nam, la Malaisie, croiserait Singapour et longerait l'Indonésie, avant de rejoindre, via l'océan Indien, le Sri Lanka, puis la mer Rouge, le Golfe, et, enfin, le Canal de Suez et la Méditerranée. Un autre tracé pourrait faire un détour par l'Afrique, notamment le Kenya.
 
Les deux routes, celle des mers et celle des terres, se rejoindraient à Venise.
 
La Chine prévoit d'investir massivement dans des ports à containers –l'alpha et l'oméga du commerce maritime mondial désormais. Et elle envisage de sécuriser cette route maritime pour lutter contre la piraterie au large de l'Afrique. «Le projet vise à sécuriser les approvisionnements de la Chine», commente un diplomate en poste à New Delhi.
 
Du coup, le projet chinois évolue. Au gré des crises internationales et des changements politiques, il se propose d'inclure –ou pas– le Sri Lanka et l'Afghanistan, le risque de traverser des pays musulmans en conflit faisant débat. Dans tous les cas, il s'agit de contourner l'Himalaya et –peut-être– l'Inde.

Contourner l'Inde ou commercer avec elle

La nouvelle route de la soie est un projet plus complexe qu'il n'y paraît. Plus moderne aussi.
C'est d'abord un projet expansionniste qui ne dit pas son nom. Par la route comme par la «ceinture» maritime, il contourne l'Inde, le grand rival honni. Ce qui n'a échappé à personne, à New Delhi, où l'obsession contre la vieille rengaine de «la Chine encerclant d'Inde» reste vive.
 
«La Chine va devoir abandonner son état d'esprit expansionniste», a prévenu Narendra Modi, durant la campagne électorale l'an dernier. Si, devenu Premier ministre, le même Modi a modéré son discours, il vient néanmoins d'effectuer une visite historique dans l'océan Indien pour renforcer les liens avec l'île Maurice, les Seychelles et surtout le Sri Lanka (aucun chef de gouvernement indien n'avait visité ce pays depuis 28 ans).
 
L'Inde est bien décidée à ne pas abandonner l'océan Indien aux Chinois. Elle envisage de redonner vie à sa propre «Route des épices». «C'est le projet de Modi, mais pour l'instant il n'est que culturel et touristique», commente Faizal Khan, un journaliste à New Delhi.
 
Les menaces ont bien été analysées; mais les opportunités aussi. D'où une position plus ambivalente de l'Inde sur cette nouvelle «route de la soie».
 
Jairam Ramesh, l'ancien ministre de l'Environnement indien, et une figure clé du parti du Congrès, me dit à New Delhi:
 
«On regarde cette nouvelle route de la soie avec suspicion. Si c'est économique et pour sécuriser les transports maritimes, c'est bien. Mais si c'est un moyen pour imposer l'hégémonie chinoise, les Indiens ne seront pas dupes.»
 
Reste que l'Inde a besoin de l'expertise de la Chine pour bâtir des infrastructures. Elle dépend largement d'elle pour les produits et les biens, ainsi que pour le hardware. «Les Chinois ont un surplus de liquidités, il faut qu'ils l'investissent. En Inde, on a fait part de nos réserves. Mais je pense qu'on finira, à terme, par rejoindre la route de la soie», commente Prem Ja, un éditorialiste indien réputé.
 
Au-delà de la relation avec l'Inde, il s'agit de créer une sorte de marché unique en Asie, en réduisant les barrières tarifaires, les droits de douane, en multipliant les facilités de travail pour la main d'œuvre chinoise à l'étranger. En gros: faciliter le passage des frontières par l'économie. Un accord commercial multilatéral (the Asian-Pacific Free Trade Area) devrait compléter la stratégie. C'est, en quelque sorte, vue depuis Pékin, la mise en place d'une véritable OMC à visage asiatique.
 
Pour la Chine, dont la production lourde d'infrastructures est saturée à domicile, c'est un moyen de déployer un savoir-faire à grande échelle dans toute l'Eurasie et d'utiliser de larges capacités d'investissements. Le Premier ministre chinois vient de préciser que le Silk Road Fund, privé, fonctionnerait selon les règles du marché et viserait la rentabilité.
 
C'est aussi un projet bancaire. La nouvelle route de la soie s'adossera à la nouvelle banque d'investissement asiatique que Pékin vient de lancer avec une vingtaine d'autres pays (Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, ou AIIB). L'Inde a choisi de rejoindre cette banque, comme le Royaume-Uni.
 
A terme, les Chinois espèrent-ils ériger leur monnaie, le yuan, en monnaie de référence pour les pays de la route de la soie ? C'est possible. On sait que le renminbi est déjà fortement utilisé en Mongolie et au Kazakhstan, par exemple.

Environnement, influence culturelle et télécommunications

Pour coller à l'époque, le projet de nouvelle route de la soie se veut aussi écologique. Les Chinois insistent sur la dimension «verte» de leurs routes de la soie et visent à participer activement aux futures conférences sur le climat avec des arguments de poids qu'ils présenteront à Paris en décembre au Cop 21, la conférence sur le climat.
 
«La dimension "verte" du projet est mise en avant par la Chine mais personne n'est dupe. C'est juste de la communication», relativise un diplomate en poste à New Delhi.
 
De leur côté, les Américains sont prêts à financer plus de 1.000 réseaux électriques régionaux, pour 1,6 milliard de dollars d'investissements, et des centrales hydro-électriques modernes et écolos, dans le cadre de cette nouvele route de la soie.
 
Enfin, la nouvelle route de la soie se veut un projet d'influence culturelle, de communication et d'Internet: une arme du soft power.
 
«La nouvelle route de la soie vise à s'appuyer sur le hard power chinois pour nourrir l'influence du pays et son soft power. Mais, pour l'heure, rien n'a été annoncé du côté culturel, en plus de la construction de chemins de fer et de la vente de produits. A terme, il est possible que ce projet engendre de l'animosité localement, quand les investissements et les produits chinois débarqueront, hors de toute préoccupation locale et sans responsabilité sociale», commente Simon Shen (interviewé à Hong Kong).
 
Les télécommunications apparaissent comme l'une des priorités du projet. L'équipementier Huawei, basé à Canton, est sur les rangs et envisage son expansion en Asie centrale et au Moyen-Orient à travers le prisme de la route de la soie. Comme ses concurrents des télécoms et du numérique en Chine, il espère bien monter dans le train et construire des infrastructures dans tous les pays longeant la route de la soie. La connectivité ne sera pas limitée au terrestre et au maritime: elle sera aussi dans les airs avec les ondes et le cloud.
 
Sur le papier, la nouvelle route de la soie apparaît donc comme un projet habile doublé d'une politique de communication redoutablement efficace. Allier l'économie à l'influence, l'écologie et les télécommunications est du grand art. Le changement de stratégie chinoise, longtemps concentré sur la croissance interne, qui s'ouvrirait ainsi vers les investissements continentaux, est également pertinent. Pourtant, le projet apparaît tellement attrape-tout, réunissant la Russie et l'Afrique, qu'il en devient incohérent à force de trop vouloir embrasser.
 
Certains pointent le caractère nostalgique des dirigeants chinois qui rêvent de revenir à un âge d'avant la domination occidentale et la puissance américaine. Est-ce réaliste? C'est à voir. Les plus sceptiques ajoutent que l'expression même de «route de la soie» est une invention moderne. Et une invention occidentale!
 
Au final, l'art des Chinois aura déjà été de trouver un bon slogan pour une politique étrangère économique décousue. Et qui se construit peu à peu, sur les mers comme dans les terres, sans avoir nécessairement de cap, ni de cohérence, aux aléas des idées et des alliances diplomatiques. Après l'annonce récente du Premier ministre, la Chine doit faire connaître son projet en détail, sous la forme d'un document communiste baptisé «Blueprint», avant la fin de l'année 2015.
 
Par Frédéric Martel sur www.slate.fr le 29/03/2015

mercredi 25 mars 2015

Ouzbékistan : vers un quatrième mandat pour Islam Karimov

 
Peut-on espérer un changement en Ouzbékistan ? Ce pays de l'ancienne république soviétique, à peine plus petit que l'Espagne, situé au cœur de l'Asie Centrale, est mené depuis 25 ans par le gouvernement d'un seul homme : Islam Karimov.

Agé de 77 ans, il a su asseoir son pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1990, à coup de rapts, d'intimidations et de torture. Il devrait rempiler dimanche pour un 4ème mandat.

Dans un rapport publié il y a quelques jours, l'association de l'ACAT, l'action chrétienne pour l'abolition de la torture, pointait ainsi la répression inouïe en cours dans le pays.

Sur fr.radiovaticana.va le 25/03/2015

Netanyahu sonne la fin de la « solution à deux États »

Durant sa campagne électorale, Benjamin Netanyahu a affirmé avec franchise que, lui vivant, jamais les Palestiniens n’auraient d’État à eux [1]. Ce faisant, il a mis fin à un « processus de paix » qui traînait en longueur depuis les accords d’Oslo, il y a plus de 21 ans. Ainsi s’achève le mirage de la « solution à deux États ».

M. Netanyahu s’est présenté comme un fier-à-bras, capable d’assurer la sécurité de la colonie juive en écrasant la population autochtone.
  • Il a apporté son soutien à al-Qaïda en Syrie.
  • Il a attaqué le Hezbollah à la frontière du Golan, tuant notamment un général des Gardiens de la Révolution et Jihad Moghniyé. 
  • Il est allé défier le président Obama en dénonçant au Congrès les accords que son administration négocie avec l’Iran.

Les électeurs ont choisi sa voie, celle de la force.

Pourtant, à y regarder de plus près, tout cela n’est pas glorieux et n’a pas d’avenir.

M. Netanyahu a remplacé la force d’interposition des Nations unies par la branche locale d’al-Qaïda, le Front al-Nosra. Il lui a offert un soutien logistique transfrontalier et s’est fait photographier avec des chefs terroristes dans un hôpital militaire israélien. Cependant, la guerre contre la Syrie est une défaite pour l’Occident et les pays du Golfe. Selon les Nations unies, la République arabe syrienne ne parvient qu’à sécuriser 60 % de son territoire, mais ce chiffre est trompeur puisque le reste du pays est massivement un désert, par définition incontrôlable. Or, toujours selon les Nations unies, les « révolutionnaires » et les populations qui les soutiennent, qu’il s’agisse de jihadistes ou de « modérés » (c’est-à-dire d’ouvertement pro-Israéliens), ne sont que 212 000 sur les 24 millions de Syriens. C’est-à-dire moins d’1 % de la population.

L’attaque contre le Hezbollah a certes tué quelques personnalités, mais il a été immédiatement vengé. Alors que M. Netanyahu affirmait que la Résistance libanaise était embourbée en Syrie et ne pourrait pas répliquer, le Hezbollah avec une froide précision mathématique a tué quelques jours plus tard, à la même heure, le même nombre de soldats israéliens, dans la zone occupée des Fermes de Chebaa. En choisissant les Fermes de Chabaa, la zone la mieux sécurisée par Tsahal, le Hezbollah lançait un message de puissance absolument dissuasif. L’État hébreu a compris qu’il n’était plus le maître du jeu et a encaissé ce rappel à l’ordre sans broncher.

Enfin, le défi lancé au président Obama risque de coûter cher à Israël. Les États-Unis négocient avec l’Iran une paix régionale qui leur permette de retirer l’essentiel de leurs troupes. L’idée de Washington, c’est de parier sur le président Rohani pour faire d’un État révolutionnaire une simple puissance régionale. Les États-Unis reconnaîtraient la puissance iranienne en Irak, en Syrie et au Liban, mais aussi à Bahrein et au Yémen, en échange de quoi Téhéran cesserait d’exporter sa Révolution en Afrique et en Amérique latine. L’abandon du projet de l’imam Khomeiny serait garanti par une renonciation à son développement militaire, particulièrement mais pas uniquement, en matière nucléaire (encore une fois, il ne s’agit pas de la bombe atomique, mais des moteurs à propulsion nucléaire). L’exaspération du président Obama est telle que la reconnaissance de l’influence iranienne pourrait aller jusqu’à la Palestine.

Benjamin Netanyahu endosse les habits de Ian Smith qui, en 1965, refusant de reconnaître les droits civiques des noirs de Rhodésie, rompit avec Londres et proclama son indépendance. Mais Ian Smith ne parvint pas à gouverner son État colonial qui fut dévoré par la résistance de l’Union nationale africaine de Robert Mugabe. Quinze ans plus tard, M. Smith devait renoncer tandis que la Rhodésie devenait le Zimbabwe et que la majorité noire arrivait au pouvoir.

Les gesticulations de M. Netanyahu, comme jadis celles de Ian Smith, visent à masquer l’impasse dans laquelle il a plongé les colons. En gagnant du temps, durant les six dernières années, au lieu d’appliquer les accords d’Oslo, il n’a fait qu’accroître la frustration de la population indigène. Et en annonçant qu’il a fait patienter l’Autorité palestinienne pour rien, il provoque un cataclysme.

D’ores et déjà, Ramallah a annoncé qu’il cesserait toute coopération sécuritaire avec Tel-Aviv si M. Netanyahu était à nouveau nommé Premier ministre et appliquait son nouveau programme. Si une telle rupture a lieu, la population de Cisjordanie, et bien entendu de Gaza, devrait se heurter à nouveau à Tsahal. Ce serait la Troisième Intifada.

Tsahal craint tellement cette situation que ses principaux officiers supérieurs à la retraite ont constitué une association, Commanders for Israel’s Security, qui n’a cessé de mettre en garde contre la politique du Premier ministre. Ce dernier s’est avéré incapable de constituer une autre association pour le défendre. En réalité, c’est toute l’armée qui s’oppose à sa politique. Les militaires ont bien compris qu’Israël pourrait encore étendre son hégémonie, comme au Sud-Soudan et au Kurdistan irakien, mais qu’il ne pourrait plus étendre son territoire. Le rêve d’un État colonial du Nil à l’Euphrate est irréalisable et appartient à un siècle révolu.

En refusant la « solution à deux États », Benjamin Netanyahu croit ouvrir la voie à une solution à la rhodésienne. Or, cet exemple a montré qu’il n’était pas viable. Le Premier ministre peut célébrer sa victoire, elle sera de courte durée.

En réalité, son aveuglement ouvre la voie à deux autres options : soit une solution à l’algérienne, c’est-à-dire l’expulsion de millions de colons juifs dont beaucoup n’ont pas d’autre patrie pour les accueillir, soit une solution à la sud-africaine, c’est-à-dire l’intégration de la majorité palestinienne dans l’État d’Israël selon le principe « un homme, une voix » ; la seule option humainement acceptable.

Par Thierry Meyssan sur www.voltairenet.org le 23/03/2015

mercredi 18 mars 2015

Paris, Berlin et Rome souhaitent rejoindre la banque asiatique AIIB

Créée en 2014 sur l'initiative de la Chine, l'Asian Infrastructure Investment Bank est destinée à financer les projets d'infrastructure dans la région Asie-Pacifique. Son capital initial est de 50 milliards de dollars.
 
La France, l'Allemagne et l'Italie ont décidé, après la Grande-Bretagne, d'adhérer à la nouvelle Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures AIIB, a rapporté le Financial Times.
La Grande-Bretagne a exprimé son intention de rejoindre l'AIIB la semaine dernière, suscitant le mécontentement de Washington. Pékin a salué la décision de Londres.
 
Selon le Financial Times, la décision des pays européens est un revers diplomatique pour l'administration de Barack Obama qui n'a pas réussi à persuader les pays occidentaux qu'ils pourraient mieux influer sur le fonctionnement de la nouvelle banque s'ils n'adhéraient pas à l'AIIB.
Créée en 2014 sur l'initiative de la Chine, l'Asian Infrastructure Investment Bank est considérée comme une institution concurrente de la Banque mondiale (BM) et de la Banque asiatique de développement (BAD). Elle est destinée à financer les projets dans les transports, l'énergie, les télécommunications et d'autres infrastructures dans la région Asie-Pacifique. Son capital initial est de 50 milliards de dollars.
La création de la banque AIIB est un nouveau chapitre dans la rivalité croissante entre la Chine et les Etats-Unis, dont la question centrale est "qui définira les règles économiques et commerciales en Asie". L'Australie, qui a d'abord renoncé à rejoindre la banque sous l'influence américaine, a récemment déclaré qu'elle pourrait revenir sur sa décision.
L'agence Chine nouvelle a rapporté que la Suisse, la Corée du Sud et le Luxembourg envisagent aussi à adhérer à la banque AIIB. Parmi les 21 pays ayant signé l'accord de fondation de la banque en octobre 2014 figurent la Chine, l'Inde, la Thaïlande, le Bangladesh, la Malaisie, le Singapour, les Philippines, le Pakistan, le Brunei, la Cambodge, le Kazakhstan, le Koweït, le Laos, le Myanmar, la Mongolie, le Népal, l'Oman, le Qatar, le Sri Lanka, l'Ouzbékistan et le Vietnam. L'Indonésie a plus tard aussi exprimé son désir d'adhérer à la banque.

Sur http://fr.sputniknews.com le 17/03/2015

mardi 17 mars 2015

Elections présidentielles anticipées au Kazakhstan

À la fin du mois d’avril, se tiendra au Kazakhstan des élections présidentielles anticipées. L'initiative visant à organiser des élections anticipées venait de la population. Elle a été soutenu par la majorité de la population du pays.

Le Kazakhstan est le plus grand pays d'Asie centrale. Les économistes de Bloomberg estiment que ce pays est en 2015 l'une des vingt économies les plus dynamiques des marchés émergents, en la classant à la 11ème place. Mais aujourd'hui, le Kazakhstan, comme la plupart des États, connaît une pression sérieuse sur son économie.
 
D'une part, cela est dû à la crise mondiale en cours. En tant que pays exportateur de pétrole et de métaux, le Kazakhstan subit des pertes graves suite à la chute de leur valeur sur le marché. D'autre part, la détérioration de la situation économique dans le pays est en partie dû au "facteur russe" car les deux économies sont fortement intégrées. Les sanctions contre Moscou et le ralentissement de l'économie russe inhibe de manière significative le développement du Kazakhstan. Mais contrairement à Minsk, Astana ne sera pas prête à admettre l'idée de quitter la CEEA. « Aujourd’hui, la Russie est dans un état grave, mais nous sommes ensemble, avec la Russie », a déclaré récemment le président du Kazakhstan.
 
Aujourd'hui, la monnaie nationale du pays est la seule à ne pas perdre de la valeur parmi toutes les monnaies de l'Union économique eurasienne et un certain nombre d'autres pays postsoviétiques non-CEEA. Globalement, en ces temps difficiles, le Kazakhstan justifie son statut de "leader régional".
 
Sur la situation dans le pays, il y a également un certain nombre de tensions géopolitiques provenant de facteurs non-économiques. Avec le retrait des forces de la coalition antiterroriste en Afghanistan, le risque augmente de croisement de flux d’éléments extrémistes des pays des zones de conflit en Asie, notamment en Afghanistan, en Syrie et dans le territoire contrôlé par l’Etat Islamique. Ceci peut provoquer une crise interne par l'émergence d'éléments radicaux dans le pays. Cela pourrait aggraver et d'augmenter le trafic de drogue en provenance d'Afghanistan.
 
En fait, aujourd'hui le Kazakhstan est considéré comme une zone tampon, qui peut être un obstacle à la circulation du trafic de drogue d'Afghanistan autant que les extrémistes. Et la stabilité à la fois politique et sociale, qui est actuellement l’objectif du pays joue ici un rôle important. Tant à l'intérieur du pays qu’à l'extérieur, pour assurer cette stabilité, un rôle énorme est attribué en la personne du président Noursoultan Nazarbaïev.
 
Les observateurs de diverses organisations internationales, surtout l'OSCE, n’ont pas précisément indiqué de violations des élections et n'ont jamais contesté l'exactitude du comptage des votes.
 
A Astana, a été créé une plate-forme de dialogue unique, l'Assemblée du Peuple du Kazakhstan (APK). Ses membres sont les chefs des centres culturels nationaux de toutes les nationalités vivant dans le pays.

Selon l'ONU, le Kazakhstan est dans le groupe des pays à haut indice de développement humain. L'économie du pays est en augmentation constante, malgré les difficultés temporaires causées par le cataclysme mondial.
 
Les sondages d'opinion sociologiques montrent que la grande majorité de la population approuve le pouvoir en place.
Dans ce cas, tous les observateurs notent que la stabilité politique et économique interne associée à une politique unique soulève certains risques, dont celui de l'avenir du pays après le départ de M. Nazarbaïev.
 
Le fait est que des personnalités politiques parmi les plus brillantes, membres de son équipe,  se positionnent aujourd'hui comme des « poulains de Nazarbaïev ». Ils préfèrent donc ne pas exprimer leurs points de vue, et suivre la politique du pays.

La soi-disant opposition au Kazakhstan est sous-développée. La plus grande partie des opposants à l'actuel gouvernement, préfère que le cap actuel soit maintenu. En outre, leurs dirigeants qui aujourd'hui pourraient prétendre au pouvoir présidentiel, déclarent ouvertement ne pas voir d'alternative à Nazarbaïev actuellement.
 
En outre, ils ne gagne pas beaucoup la confiance des citoyens. Leurs slogans populistes n’offrent pas une vision stratégique du développement du pays.

Au Kazakhstan, on craint sérieusement une répétition du scénario des révolutions de couleur, similaires à l'Ukraine, le Kirghizstan et la Géorgie. C’est particulièrement vrai aujourd'hui dans un contexte de difficultés économiques et de menaces de licenciements massifs. Ainsi, il pourrait se dessiner dans le long terme, une perspective d'électorat protestataire.
 
En fait, c’est l'électorat qui par idéologie a demandé la tenue cette années, d’élections présidentielles anticipées cette année. Ce sont plusieurs milliers de citoyens du Kazakhstan qui ont fait appel aux membres de l'APK pour initier des élections dans un avenir proche.

Il y a deux raisons à cela. La première est, comme indiqué ci-dessus, la période économique difficile, et les risques géopolitiques. L’autre est juridique, et vient de la coïncidence des élections présidentielles et législatives l'année prochaine (ce qui est interdit par la Constitution).
 
À la mi-février, l'Assemblée du Peuple du Kazakhstan a exprimé les souhaits des citoyens. Il convient de noter que la population, en se référant à l'ANK pour une telle demande, n’a pas exprimé de doutes sur la candidature unique. «Le monde n’est pas stable, la crise financière et économique mondiale se poursuit. Afin de l’éviter à notre économie et  notre pays, le Président (Nazarbaïev - Ed.) a proposé le programme « Nurly Jol », dont le rôle de premier plan appartient au chef de l'Etat. Par ailleurs, il est possible qu’il puisse y avoir deux campagnes électorales en 2016, les élections présidentielles et parlementaires. Nous pensons que c’est une erreur, car en 2016, au moment du pic supposé de la crise financière mondiale, alors que toutes les ressources nécessaires seront utilisées pour résoudre les problèmes, deux campagnes politiques vont tout simplement nous disperser. D’autre part, nous pensons que cela arrêtera tous les discours au sujet d'un successeur potentiel. Que tout le monde fasse son travail. » a déclaré l'ANK.
 
L'idée a été retenue par un vote du parlement du pays. Les députés appellent Nazarbaïev a fixer une date pour les élections. Ce qu'il a fait deux semaines plus tard, en fixant une élection présidentielle anticipée le 26 Avril.

A ce moment, le parti au pouvoir a déclaré son intention de présenter un candidat. Il ne fait aucun doute que le parti désignera Noursoultan Nazarbaïev.

Le parti populaire communiste du Kazakhstan a également annoncé des plans pour participer à la course électorale. Cependant, son leader a franchement admis qu'ils ne se attendaient pas à gagner, parce que « aujourd'hui, il y a pas d'alternative à Nazarbaïev. »

vendredi 13 mars 2015

Kalashi, le village au bois dormant

Depuis 2010, un petit village du Kazakhstan est frappé par une maladie du sommeil que les médecins et les scientifiques ne parviennent pas à expliquer. Pas mesure de précaution, les autorités ont ordonné l'évacuation du village.

Depuis 2010, une centaine d’habitants sur les 600 âmes que compte Kalachi, un petit village du nord du Kazakhstan, souffrent d’une forme très insolite de narcolepsie. Des hommes, des femmes et des enfants s’endorment soudainement pour se réveiller parfois une semaine plus tard dans un lit d’hôpital. Les plus jeunes victimes de ce syndrome sont de surcroît frappées d’hallucinations. Une petite fille de quatre ans voit sa mère dotée de huit paires d’yeux, aperçoit « des choses qui rampent », des chevaux volants et des globes brillants rapporte le Siberian Times, au point que ses parents ont préféré quitter le village, comme de nombreux autres résidents. 

En septembre dernier, huit écoliers ont sombré en même temps dans le sommeil en l’espace d’une heure. En une autre occasion, vingt personnes se sont endormies dans le même laps de temps. 

Des équipes de médecins, de virologues, de toxicologues et d’épidémiologistes se sont rendus sur place sans parvenir à trouver une explication qui fasse l’unanimité. La piste la plus prometteuse la présence de gaz radon dans l’atmosphère en provenance des mines d’uranium exploitées jusqu’en 1991 par les 6500 habitants de la ville minière de Krasnogorsk, à quelques kilomètres de Kalachi. Mais cette thèse apparaît insuffisante pour rendre compte de l’ampleur du phénomène: les gaz anesthésiants dérivés du radon ne provoquent jamais des sommeils de plusieurs jours consécutifs et comme le remarque un ancien mineur cité par le Siberian Times, « Quand nous descendions dans la mine, la concentration en radon était très élevée et personne ne s’endormait ». Enfin, cette pathologie n'est apparue que vers 2010 et depuis semble faire retour par vagues, en mai 2013, en janvier et en mai 2014 et en ce début d’année 2015. Quel a donc été l'élément déclencheur ? Pour couronner le tout et affaiblir encore la culpabilité du radon, les nombreuses analyses et mesures effectuées dans les maisons se sont avérées négatives. 

L'autre piste envisagée est celle du monoxyde de carbone. Mais là encore, nulle trace particulièrement élevée n'a été relevée au domicile des personnes concernées, là où surviennent pourtant la majorité des endormissements. Quant aux tests médicaux réalisés sur les dormeurs, ils ne sont pas plus probants: « Nous avons procédé à des analyses de sang et du liquide céphalo-rachidien qui n’ont rien révélé d’anormal » explique le docteur Kabdrashit Almagambetov. 

Les cas de syndromes collectifs touchant un village entier ne sont pas inconnus. Les épidémies de danse de Saint-Guy du XIVe au XVIIIe siècle ont été recensées à travers toute l’Europe. A Strasbourg, en juillet 1518 plus de 400 personnes ont été victimes d’une épidémie dansante qui a provoqué la mort de plusieurs personnes, décédées d’épuisement ou d’arrêt cardiaque. Plus près de nous, le village de Pont-Saint-Esprit a connu en 1951, une vague de folie collective. Sur les 300 personnes touchées, 50 ont été internées pour des accès de violence et des hallucinations. Cinq autres ont trouvé la mort par suicide sous l’emprise du délire. On a attribué cette crise à l’ergot de seigle, le champignon parasite des graminées qui secrète l'acide lysergique, dont est dérivé le LSD et qui se retrouve parfois dans la farine. Un journaliste américain, Hank P. Albarelli Jr, pense avoir découvert la preuve d’une expérience secrète de la CIA qui aurait expérimenté les effets du LSD à grande échelle sur les malheureux cobayes de Pont-Saint-Esprit.

En revanche, on ne trouve nulle trace d’un équivalent de cette narcolepsie collective frappant un village entier.

Toutefois, le journal britannique The Guardian a enquêté en 2013 sur l’étrange cas d’une grande famille espagnole, les Lopez, dont les membres souffrent d’endormissements subits et profonds à n’importe quel moment de la journée. Selon les médecins qui ont étudié cette pathologie familiale, elle serait due à la carence génétique d’un neurotransmetteur, l’orexine (ou hypocrétine) que l’on soupçonne d’être impliquée dans les cas graves de narcolepsie. Les Lopez évoquent aussi des rêves de persécution si réalistes qu’ils confinent à l’hallucination ainsi que des sensations puissantes de déjà-vu. « En fait, on ne sait plus ce qui est réel ou pas » dit David Lopez, 36 ans, dont les crises de sommeil ont commencé à la fin de l’adolescence. 

On pourrait imaginer que, dans la communauté villageoise assez fermée de Kalachi, cette déficience en orexine se retrouve au sein de plusieurs familles mais là encore cette caractéristique ne suffirait à expliquer la durée des phases de sommeil et l’apparition récente et soudaine, en 2010, de ce syndrome. L'évacuation du village ordonnée par les autorités permettra au moins de déterminer si les causes de ce syndrome dépendent de facteurs physiologiques ou environnementaux. A moins peut-être qu'un fuseau ensorcelé...

Par David Ramasseul le 03/03/2015 sur www.parismatch.com

jeudi 12 mars 2015

Le 2e Festival de la poésie d'Asie-Pacifique à Bac Ninh

Le 2e Festival de la poésie d'Asie-Pacifique s'est ouvert mercredi au Centre culturel du Kinh Bac dans la province de Bac Ninh (Nord Vietnam), en présence de plus de 200 poètes, écrivains et traducteurs vietnamiens et d'autres venus de 43 pays et territoires.

Ce festival a débuté par un lâcher de pigeons et de ballons, pour affirmer l’aspiration à un monde de paix.

Ce festival est l'opportunité d'échanges et de partage d'expériences entre les écrivains et poètes vietnamiens et étrangers. En plus, c’est une excellente occasion pour présenter la culture de Bac Ninh dont le quan ho (chant alterné) classé par l'Unesco dans la liste des patrimoines culturels immatériels de l’humanité.

Le 2e Festival de la poésie d'Asie-Pacifique se déroule à Hanoi, les provinces de Quang Ninh et Bac Ninh entre le 1er et le 7 mars. On y présente au public étranger un panorama des réalisations, des valeurs et des particularités de la littérature vietnamienne.

Le même jour, les associations de la littérature et de l'art de Ho Chi Minh-Ville, de la ville de Can Tho (Sud) et de la province de Hoa Binh (Nord) ont également organisé la Journée de la poésie, dont le thème porte sur la mer, les îles et la Patrie. Le 05/03/2015 sur fr.vietnamplus.vn

dimanche 1 mars 2015

Le cinquième congrès des religions au Kazakhstan est plus important que jamais

Le Kazakhstan est devenu le premier pays de la CEI, qui a attiré l'attention sur la création d'une l'institution internationale unique en son genre.

L'expérience réussie des politiques interethniques mises en œuvre par le Kazakhstan, a reçu un intérêt élevé de la communauté internationale et en particulier des pays avec une population multiethnique similaire. Il n'y a pas jamais eu d'affrontements politiques de masse pour des raisons ethniques ou religieuses.

Les observateurs internationaux reconnaissent que les leaders du pays ont réussi à construire une politique interne qui permet de promouvoir activement l'idée de construction d'un Etat moderne laïque et compétitif. Le Kazakhstan est devenu un lieu de dialogue interculturel entre les civilisations visant à améliorer la compréhension entre l'Est et l'Ouest sur les questions clés du monde moderne.

La contribution de l'Assemblée du Peuple du Kazakhstan (APK) est apprécié au plus haut niveau. Il y a quelques années, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, lors d'une visite au Kazakhstan, a cité le pays comme un exemple d'harmonie interethnique, de stabilité, et de développement durable pour les autres pays. Le pape Jean-Paul II a fait des louanges à la population du Kazakhstan lors de sa visite au Kazakhstan en 2001.

Sur le territoire du Kazakhstan coexistent plus de 130 nationalité, 3000 associations religieuses représentant plus de 40 confessions. C'est une plateforme idéale pour le dialogue interculturel. Au cours des deux dernières décennies, le pays a créé 22 centres culturels nationaux et régionaux qui rassemblent 470 organisations de différents niveaux.

Le Kazakhstan possède plus de 100 écoles nationales, exploite 170 écoles du dimanche, où sont étudiées 23 langues. Dans trois écoles de la renaissance nationale se trouvent 29 départements pour l'étude de 12 langues indigènes. Les fêtes traditionnelles populaires tels Nauryz, Maslenitsa, Sabantuy et Noël sont célébrées chaque année.

L'Assemblée des Peuples du Kazakhstan a établi une coopération étroite avec les organisations et institutions internationales de pays étrangers. Avec l'aide de l'OSCE, il a été établi le Centre d'études humanitaires pour l'étude des relations internationales.

Il y a un autre point important qui a certainement besoin d'être dit. A Astana, qui est devenu un centre de la culture et de la spiritualité, les représentants des religions mondiales se sont réunis 4 fois et ont trouvé des solutions à des problèmes vitaux. Cette année pour la cinquième fois, le Kazakhstan organise le Congrès des religions mondiales et traditionnelles.

La date du Vème Congrès des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles a été fixée au 10 et 11 juin 2015. Le thème principal des réunions sera le dialogue des chefs religieux et des hommes politiques au nom de la paix et du développement. Parmi les participants du forum se trouveront des représentants des religions traditionnelles, christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme, taoïsme, shintoïsme, hindouisme, ainsi que les principales organisations internationales. Le premier congrès a eu lieu à Astana en Septembre 2003, les participants étaient des chefs religieux et dignitaires de 13 pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient. Ce congrès se tient une fois tous les trois ans.

Dans le contexte actuel de tension dans les différentes régions du monde et de conflits armés, certains groupes et organisations appellent à un nouveau défi civilisationnel. Le dialogue entre les dirigeants des religions du monde est de plus en plus important. Il est temps de trouver une recette pour un modèle optimal d'interaction entre les hiérarchies religieuses et les dirigeants politiques aux noms d'une paix durable et de l'harmonie sur la planète.

Cela doit être fait afin d'empêcher que les gens n'assimilent le concept de terrorisme à celui de religion. Il est important de montrer la vérité, soit la coexistence pacifique des différentes religions, confessions et croyances. Il est important que les gens qui ont été impliqués par tromperie dans une activité terroriste et extrémiste, aient conscience de la valeur du dialogue et de la valeur de la vie humaine. Et à cet égard, il est important que la voix des chefs religieux ne sonnent pas moins que la voix des dirigeants politiques.