vendredi 30 décembre 2016

La Chine inaugure l'un des plus hauts ponts du monde


Un pont s'élançant à plus de 500 mètres au-dessus du sol et qualifié de «plus haut du monde» a été ouvert jeudi à la circulation en Chine, où il relie deux provinces montagneuses du sud-ouest du pays. Le pont Beipanjiang culmine à 565 mètres au-dessus d'une rivière, a indiqué le département des Transports du Guizhou dans un communiqué.

Ce nouvel axe permettra de relier les villes de Xuanwei, dans la province du Yunnan, et Shuicheng, dans celle du Guizhou, en une heure de route environ contre plus de quatre auparavant, s'est félicité M. Duan, un chauffeur de camion interrogé par l'agence officielle Chine nouvelle après l'ouverture du pont.

L'infrastructure, longue de 1.341 mètres, a nécessité un investissement de plus de 1 milliard de yuans (138 millions d'euros), selon le Quotidien du Guizhou, un journal local. Il surpasse le pont de la Rivière Si Du, dans la province du Hubei (centre), comme pont le plus haut du monde, avait précédemment assuré le gouvernement provincial du Guizhou.

Si l'on prend en compte la hauteur des seules structures du pont (et non pas la distance qui sépare le tablier du sol), c'est le viaduc de Millau, en France, qui s'impose au premier rang mondial, avec 343 mètres pour la pile la plus haute.

Le 30/12/2016 sur www.leparisien.fr

Poutine tourne en dérision les sanctions d'Obama

Amateur de réponses «asymétriques», Vladimir Poutine a rejeté vendredi la proposition de son ministre des Affaires étrangères d'appliquer la réciprocité habituelle en matière d'expulsion de diplomates. Mêlant sérieux et dérision, le président russe a qualifié sur le site du Kremlin l'expulsion de 35 diplomates russes de «nouveau geste inamical de l'Administration américaine sortante» et une «provocation pour déstabiliser plus encore les relations russo-américaines».

Plus loin, il ajoute, méprisant, refuser de «descendre au niveau des cuisines», et préfère «orienter (sa) politique sur celle de la future Administration de Donald Trump». D'éventuelles mesures de rétorsion sont remises à plus tard. Vladimir Poutine préfère rester dans le salon du Kremlin, où, magnanime, il invite «tous les enfants des diplomates américains accrédités en Russie autour du sapin de Noël».

Ne voulant pas passer pour l'ogre moscovite, Vladimir Poutine laisse le soin à ses lieutenants de répondre «au niveau des cuisines». Dès jeudi soir, le compte officiel de l'ambassade de Russie à Londres employait un ton fort peu diplomatique dans un tweet représentant graphiquement Obama en «canard boiteux»: «Tout le monde, le peuple américain compris, est ravi de voir en cela le dernier acte de cette Administration incapable.»
«Agonie antirusse»
Habituellement l'un des plus modérés de son administration, le premier ministre Dimitri Medvedev a qualifié les nouvelles sanctions d'«agonie antirusse» sur son compte Twitter. «Il est triste de constater que l'Administration Obama, qui a démarré son existence par la restauration de la coopération, l'achève dans une agonie antirusse. RIP (repose en paix).»

Sur un ton franchement venimeux, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, accuse les officiels américains d'avoir répandu un canular selon lequel Moscou souhaitait fermer l'école anglo-américaine de Moscou par mesure de rétorsion. «C'est un mensonge, écrit-elle sur sa page Facebook. La Maison-Blanche a perdu la tête et s'est mise à imaginer des sanctions contre ses propres enfants.»

Ces derniers semblent jouer un rôle central dans les relations russo-américaines, depuis que Moscou a interdit en 2012 aux parents américains d'adopter des orphelins russes. Ce fut le point de départ d'une virulente campagne antiaméricaine dans les médias officiels russes.
«Une manœuvre adroite, noble et puissante»
L'élection de Donald Trump a changé la donne. Les critiques pleuvent sur Barack Obama et son équipe, mais tout est fait pour accueillir en douceur son successeur. Le porte-parole du Kremlin dénonce à l'agence Tass une intrigue domestique américaine dans laquelle Barack Obama «force la future Administration et le président élu à adopter un modèle de comportement» et le «prive de toute capacité de décision».

Or, les choses ne vont pas en rester là, prédit le politologue Gleb Pavlovsky: «D'ici à février, Obama va encore dévisser des lampes à la Maison-Blanche et balancer un rat crevé sous la baignoire de Trump.» Ces scandales ne seraient pas pour déplaire au Kremlin, si l'on en croit un autre politologue, Mikhaïl Vinogradov: «2016 a été une année très réussie pour la diplomatie russe. Le principal objectif a été atteint: s'incruster dans l'ordre du jour des Américains.»

«Poutine confirme qu'il est un homme politique capable, peut-être le plus capable du monde», s'enflamme, dithyrambique, Sergueï Markov. Pour cet expert des relations internationales qui épouse fidèlement la ligne officielle, la décision présidentielle de ne pas expulser les diplomates américains et de ne pas leur ôter leur datcha et à la place d'inviter leurs enfants au Kremlin «va faire la une des médias internationaux. Quel soufflet pour Obama! C'est une manœuvre à la fois adroite, noble et puissante. Un miracle de Noël! Personne n'avait encore à ce point humilié Obama. Répondre au mal par la bonté, voilà bien l'esprit chrétien, l'esprit de Noël». Les diplomates américains peuvent être certains que leurs enfants auront droit à la plus grande attention des chaînes de télévision russes s'ils acceptent l'invitation de Vladimir Poutine.

Par Emmanuel Grynszpan le 30/12/2016 sur www.lefigaro.fr

jeudi 29 décembre 2016

IXe Assemblée nationale des représentants catholiques


Ce 29 décembre après-midi, dans la capitale chinoise, la IXe Assemblée nationale des représentants catholiques s’est achevée par un salut au Saint-Sacrement en la cathédrale de Pékin, cérémonie présidée par Mgr Ma Yinglin, évêque illégitime de Kunming, qui avait été reconduit la veille dans ses fonctions de président du Conseil des évêques catholiques de Chine. La démarche, pour ecclésiale qu’elle soit, ne cache pas la tonalité très « officielle » d’une assemblée qui, durant les trois jours qu’elle a durés, a été placée non sous la direction de responsables de l’Eglise catholique mais de hauts dirigeants gouvernementaux chinois.
Du 27 au 29 décembre, la présidence de l’assemblée a en effet été assurée par Zhang Yijiong, vice-directeur du Département du Front uni, l’instance sous laquelle sont placées les religions officiellement reconnues en Chine populaire. Et, avant de se déplacer à la cathédrale de Pékin, les 365 délégués de la IXe Assemblée nationale des représentants catholiques avaient été reçus dans le Grand Hall du peuple, place Tiananmen, par Yu Zhengsheng, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste et président de l’Assemblée consultative du peuple chinois, la deuxième Chambre du Parlement chinois, ainsi que par Liu Yandong, Vice-Premier ministre, et Sun Chunlan, directrice du Département du Front uni.
Une Assemblée entre les mains du pouvoir en place

La qualité et le nombre de ces hauts responsables chinois disent assez combien cette Assemblée nationale des représentants catholiques, présentée par la Chine comme l’instance souveraine de l’Eglise catholique en Chine, est bien une institution voulue et dirigée par le gouvernement chinois. Et non une expérimentation propre à l’Eglise de Chine qui, dans une démarche synodale inédite, chercherait à associer prêtres, religieuses et laïcs à la direction de l’Eglise locale.
Convoquée juste après Noël, cette « IXe Assemblée nationale des représentants catholiques » a réuni pendant trois jours, dans un hôtel de la capitale, 365 délégués venus de tout le pays, soit 59 évêques, 164 prêtres, 30 religieuses et 112 laïcs. L’une des tâches de l’assemblée était de renouveler les dirigeants des instances « officielles » de l’Eglise de Chine, six ans après la VIIIe Assemblée, qui s’était tenue en 2010. Tâche dont se sont acquittés les délégués en élisant le 28 décembre les personnalités qui assumeront durant les cinq prochaines années la direction de l’Association patriotique des catholiques chinois et celle de la Conférence des évêques « officiels » de Chine.
La désignation de ces responsables s’est fait par élection, pour autant que l’on puisse utiliser ce terme dans un système où le résultat des consultations électorales est décidé en amont par les instances dirigeantes chinoises. Comme en 2010, Mgr Ma Yinglin, évêque illégitime de Kunming, dans le Yunnan, a été reconduit à la tête du « Conseil des évêques catholiques de Chine », le nom de l’instance qui réunit les évêques « officiels » de Chine et qui n’est pas reconnue en tant que Conférence épiscopale par le Saint-Siège. Du côté de l’Association patriotique des catholiques chinois, c’est Mgr Fang Xingyao, évêque de Linyi (dans le Shandong), prélat reconnu par Rome mais connu pour sa proximité avec les autorités chinoises et ayant participé à de nombreuses ordinations illégitimes, qui a été reconduit à la présidence de cette instance fondée en 1957 qui sert de courroie de transmission du Parti et du gouvernement sur l’Eglise de Chine.
Au final, sur les huit évêques illégitimes, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas en communion avec Rome, on en dénombre six figurant parmi les instances dirigeantes du Conseil des évêques et de l’Association patriotique. Une proportion élevée si l’on considère que ces six évêques siègent parmi un total de 19 vice-présidents (1).
Mise en avant du principe d’« indépendance » de l'Eglise

A l’heure actuelle, les informations manquent sur la teneur des débats qui ont été ceux de cette IXe Assemblée. Il semble que les constitutions de l’Association patriotique et du Conseil des évêques ont été quelque peu modifiées, mais rien n’a filtré sur le contenu de ces modifications. Le ton général des informations disponibles ne donne toutefois pas à croire à des réformes significatives de ces structures officielles.
Pour l’essentiel, cette IXe Assemblée semble devoir donc avoir débouché sur une reconduite massive des équipes dirigeants sortantes. Si l’atmosphère des débats paraît avoir été moins pesante en comparaison de celle de la VIIIe Assemblée de 2010, le discours prononcé devant les délégués par Wang Zuo’an, directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses, l’instance gouvernementale qui chapeaute la politique religieuse du pouvoir en place, n’a montré aucune inflexion par rapport à la ligne affirmée ces dernières années.
Le 27 décembre, dans l’auditorium de l’hôtel Tian Tai de Pékin où étaient rassemblés les 365 délégués, Wang Zuo’an a mis en avant les principes d’« indépendance » qui doivent présider à la politique religieuse de la Chine, avec, pour l’Eglise catholique, la nécessité de se « siniser » toujours plus, une notion mise en exergue en avril dernier par le président Xi Jinping lors d’un discours prononcé devant le Front uni. Derrière ces deux notions d’indépendance et de sinisation se trouve l’idée qui est à la base de la politique religieuse du Parti communiste, à savoir que les religions en Chine n’ont droit de cité que si elles sont autonomes par rapport à toute puissance étrangère et qu’elles se mettent au service du développement de la nation tel que celui-ci est défini par le gouvernement chinois.

Pékin attend une attitude « plus flexible » de la part du Saint-Siège

Sur la question des relations avec le Saint-Siège, Wang Zuo’an a, selon une dépêche de l’agenceXinhua, expliqué devant les délégués que la Chine espérait « que le Vatican adopte une attitude toujours plus flexible et pragmatique afin de prendre les mesures à même de créer les conditions bénéfiques à des relations améliorées ». Le jour même, un éditorial du Global Times, quotidien connu pour sa ligne nationaliste, était plus clair dans l’expression de la volonté chinoise, à savoir que les « pré-requis » de la Chine pour « un dialogue constructif » avec le Vatican étaient « la reconnaissance de la Chine unique » (à savoir la rupture des relations diplomatiques que le Saint-Siège entretient avec Taiwan) et « la non-ingérence dans les affaires intérieures de la Chine » (point qui comprend, entre autres, la nomination des évêques par le pape).

Le 20 décembre dernier, à l’approche de la réunion de la IXe Assemblée, le Saint-Siège avait précisé à la presse que sa position concernant cette assemblée, une instance qui n’a pas de légitimité dans l’organisation normale de la vie de l’Eglise, était « bien connue », tout en ajoutant qu’il « réservait son jugement en se basant sur des faits prouvés ». Le communiqué du Saint-Siège se concluait par ses termes : « En attendant, il est certain que tous les catholiques en Chine attendent avec impatience des signaux positifs, qui les aident à avoir confiance dans le dialogue entre les autorités civiles et le Saint-Siège, et à espérer en un avenir d’unité et d’harmonie. »

S’il est sans doute trop tôt pour savoir si Rome a arrêté son jugement sur l’issue de cette IXe Assemblée, force est de constater que ce qui est connu des travaux de cette assemblée ne dénote d’aucun changement : Pékin a réaffirmé sa mainmise sur les instances « officielles » de l’Eglise, tout en prenant garde à ne pas poser de gestes qui contraindraient le Vatican à rompre les négociations menées entre les deux parties depuis maintenant près de deux ans. Quant aux éventuels « signaux positifs » attendus par le Saint-Siège (on aurait pu, par exemple, s’attendre à ce qu’un évêque en communion avec Rome, plutôt qu’un évêque illégitime, soit choisi pour présider le Conseil des évêques « officiels »), nulle trace.

Notes

(1)   Sur les huit évêques illégitimes, seuls deux n’ont pas été choisis pour siéger dans les instances dirigeantes de l’Association patriotique et du Conseil des évêques : il s’agit de Mgr Tu Shihua, grabataire, et de Mgr Liu Xinhong, absent de la scène publique depuis des années.

Les vice-présidents du Conseil des évêques de Chine se répartissent de la manière suivante : Mgr Fang Xingyao, susnommé, Mgr Shen Bin, de Haimen (dans le Jiangsu), Mgr Zhan Silu, évêque illégitime de Mindong (dans le Fujian), Mgr Fang Jianping, de Tangshan (dans le Hebei), Mgr Guo Jincai, évêque illégitime de Chengde (dans le Hebei), reconduit à son poste de secrétaire général du Conseil, Mgr Pei Junmin, évêque de Shenyang (dans le Liaoning), Mgr Li Shan, évêque de Pékin, Mgr Yang Xiaoting, évêque de Yulin (dans le Shaanxi), Mgr He Zeqing, évêque de Wanzhou (Wanxian), et Mgr Yang Yongjiang, évêque de Zhoucun (dans le Shandong). Outre la présence de deux évêques excommuniés, on peut noter que le nombre des vice-présidents est passé de six à neuf, avec l’entrée dans ce cercle de Mgr Shen, de Mgr He et de Mgr Yang Yongjiang.
Quant à l’Association patriotique, elle compte les vice-présidents suivants : Mgr Ma Yinglin, évêque illégitime de Kunming, Mgr Shen Bin, de Haimen, Mgr Lei Shiyin, évêque illégitime de Leshan (dans le Sichuan), Liu Yuanlong, laïc de Pékin et secrétaire général de l’Association, Mgr Huang Bingzhang, évêque illégitime de Shantou (dans le Guangdong), Shu Nanwu, laïc du Jiangxi, Mgr Yue Fusheng, évêque illégitime de Harbin (dans le Heilongjiang), Mgr Meng Qinglu, de Hohhot (en Mongolie intérieure), ainsi que Wu Lin, religieuse de Wuhan, et Shi Xueqin, laïque du Fujian et première laïque à être choisie pour un poste de vice-président.


Sur eglasie.mepasie.org le 29/12/2016

mardi 27 décembre 2016

La Pologne détruit sa démocratie

La Pologne peut devenir une autre pierre dans le jardin de l'intégration européenne. Pour la deuxième année, Varsovie inonde le monde leur de sa propre interprétation des valeurs démocratiques. Le dernier mouvement était dirigé contre l'un des principes fondamentaux de la démocratie - la liberté d'expression.

Les différences entre le parti au pouvoir en Pologne, "Droit et Justice" et l'opposition ont conduit à une crise politique dans le pays. Toutefois, ce scénario a été prédéterminé pour Varsovie. Il y a un an, les Polonais ont été privés de l'indépendance de la Cour constitutionnelle, laquelle a été en fait, subordonnée au pouvoir législatif, le Parlement. Maintenant, le régime est dominé par le parti au pouvoir du président Andrzej Duda, qui le droit de corriger les décisions de la Cour constitutionnelle relatives à la constitutionnalité des lois.

Il semble que la Pologne, qui a été le premier signe de l'effondrement du bloc soviétique à Varsovie, retourne en arrière vers le totalitarisme.

Le parti "Droit et Justice" a décidé de monopoliser le droit et non de se conformer à la Constitution, et choisi de résoudre les problèmes financiers du pays sans consulter les points de vue de ses adversaires, qui, incidemment, sont représentés au Parlement.

Des manifestations de masse ont commencé à Varsovie après que la faction du parti au pouvoir ait adopté le budget du pays pour l'année prochaine sans le vote des députés de l'opposition. En outre, le Président a purement et simplement supprimé la réunion du parlement relatives à des critiques des actions du gouvernement par des députés de l'opposition.

La dernière pierre dans le cercueil de la démocratie en Pologne a été la décision du même parti au pouvoir d'arrêter d’autoriser la présence des journalistes au Parlement. Ils illustreraient prétendument mal le cours du processus législatif, seraient trop bien versé dans les projets de lois discutés et rendent peu d'éloges de la politique du parti présidentiel.

Une telle atteinte à la liberté d'expression est une étape non seulement contre la démocratie dans le pays, mais aussi un coup dur pour les fondements de l'Union européenne.

"La Pologne ne tient pas compte de la décision de la Commission européenne et met en danger les valeurs fondamentales de l'Union européenne", a noté le premier vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans.

Dans le même temps Varsovie, ignore franchement la « voix de la raison » de Bruxelles. L'été, l'UE a donné à la Pologne  trois mois pour remédier à la situation et renouer avec la légalité constitutionnelle. Elle a même menacé de priver temporairement le pays de certains droits. Maintenant que Varsovie est montrée du doigt par l'UE, Bruxelles a l'intention de suspendre le droit de vote de la Pologne dans l'UE en déclarant qu'il y a « une menace à la primauté du droit et à la démocratie en Pologne ».

Il semble que les Polonais pensent trop à leur importance pour l'UE et dans le monde. Pourtant, leur pays a récemment été considéré comme un bastion de la démocratie en Europe de l'Est. Ses émissaires se sont rendus avec plaisir dans les pays de l'ancien Pacte de Varsovie et l'ex-Union soviétique, et ont enseigné aux gouvernements locaux ce qu’est la démocratie, comment la construire et l’entretenir.

Mais apparemment la démocratie a été confondue avec l'anarchie.

Toutefois, cela n'a rien de surprenant. Après tout, les Polonais ont appris la démocratie au monde entier, en utilisant les services et les conseils qui ne sont pas de l'UE, mais de la fondation "dialogue ouvert", qui incidemment, a été financé par l'homme qui a permis une révolution de couleur au Kirghizstan et payé pour le carnage de Maidan à Kiev.

Ce qui se passe actuellement à Varsovie, ne fait pas penser à un dialogue démocratique entre le gouvernement et l'opposition. La police lance des gaz lacrymogènes pour disperser les rassemblements, et les manifestants bloquent les bâtiments du parlement et du président. Le parti au pouvoir a expulsé du Parlement l'opposition afin d'adopter le budget de l'Etat sans l'accord de l’ensemble des députés. Il interprète ainsi la Constitution à sa seule discrétion. Le pays le plus «démocratique» en Europe est devenue une république bananière, où le concept de démocratie est interprété selon les besoins du pouvoir actuellement en place.

Il est possible que la frustration de l'UE arrive à son paroxysme et qu’elle tienne bientôt sa promesse d’expulser la Pologne de ses rangs. En tant que pays, la Pologne semble incapable de surmonter ces élans de barbares médiévaux.


Taipei et Tokyo surveillent de près les manoeuvres navales chinoises

Depuis samedi, un groupe de navires de la marine chinoise, réunis autour de l'unique porte-avions, a entamé un périple vers le Pacifique sud. Provoquant la défiance de Taipei et de Tokyo.
Ce sont sans doute les manœuvres navales les plus observées de cette fin d'année. Depuis samedi en effet, un groupe de navires de la marine chinoise , réunis autour de l'unique porte-avions, le Liaoning, a entamé un périple en dehors des eaux territoriales du pays. Une première pour le Liaoning, construit sur la base d'un porte-avions russe racheté par la Chine, est admis au service actif en septembre 2012.
La flottille - qui outre le porte-avions qui transporte des avions J-15, comprend sept bâtiments dont trois destroyers équipée de missiles, trois frégates et un navire de ravitaillement - se dirige vers le Pacifique et a d'ores et déjà longé la côte sud de Taïwan et le Japon, provoquant le courroux des deux capitales asiatiques dans un contexte particulièrement tendu : appel téléphonique de Donald Trump à la présidente taïwanaise, découverte d'armements sur les îlots artificiels de mer de Chine, saisie par la marine chinoise d'un drône sous-marin américain , etc.
« Rester vigilant et flexible »
Alors que la flottille chinoise est passée à 90 milles marins de la pointe sud de l'île par le canal de Bashi, entre Taïwan et les Philippines, un porte-parole de Taïpei a souligné que « rester vigilant et flexible a toujours été la méthode normale de maintien de la sécurité de l'espace aérien », sans toutefois indiquer si des avions de combat ou des sous-marins avaient été déployés.
De son côté, Tokyo a averti que le Japon prendrait toutes les mesures nécessaires en matière de surveillance et d'alerte dans la région. Et suivrait de près le déplacement de la flottille.
Manœuvres de routine
A Pékin, les autorités font la sourde oreille à ces réactions et, depuis la fin de semaine, la marine chinoise, relayée par la presse officielle, répète qu'il s'agit d' exercices de routine dans le cadre du programme annuel d'entraînement . Et ce, peu de temps après que le Liaoning a effectué son premier exercice à tirs réels dans la baie de Bohai.
La télévision d'Etat CCTV avait diffusé mi-décembre des images d'avions de chasse décollant du porte-avions, de cibles explosant dans des gerbes de flammes et de missiles tirés en l'air dégageant de longues traînées de fumée. Mais selon spécialistes militaires, les manœuvres à tir réel du porte-avions avaient en fait démarré dès la fin du mois de novembre.
Pékin construit actuellement son deuxième porte-avions, de conception entièrement chinoise, a annoncé en décembre 2015 le ministère de la Défense.
Par Claude Fouquet, sur www.lesechos.fr le 26/12/2016

dimanche 25 décembre 2016

Une guerre en Asie deviendrait-elle nécessairement une guerre mondiale ?

En Mer de Chine, les tensions persistent. Face à l'expansionnisme affiché de la Chine, le Japon a décidé de recentrer son budget sur un programme de remilitarisation. Or, les jeux d'alliances sont tels qu'un conflit en Asie impliquerait quasi systématiquement l'Occident.

Atlantico : Le japon a récemment approuvé un programme de remilitarisation et de rééquilibrage de ses dépenses militaires, à l'aulne des tensions avec la Chine. Dans quelle mesure un conflit en Asie pourrait-il prendre une ampleur mondiale ?

Jean-Vincent Brisset : Il est important de réaliser, dans un premier temps, que des alliances existent. Or, en Asie la Chine n'a aucun allié. Elle a des rapports militaires avec le Pakistan, ainsi qu'un traité d'alliance sans réalité pratique avec la Corée du Nord.

À côté de ces deux éléments il n'existe pas d'alliance militaire chinoise.
En face, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis sont liés par de vrais traités d'alliance. Cela sous-entend non seulement des interactions militaires, mais également des capacités de coopération ainsi qu'une réaction automatique en cas d'agression d'un des partenaires. D'autre part, les États-Unis et Taïwan partagent le Taïwan relation act, toujours en vigueur aujourd'hui. Ce traité, qui n'a pas l'air d'être remis en question, engagent les États-Unis à garantir la sécurité de Taïwan le cas échéant. Par conséquent, il est indéniable que les États-Unis sont très impliqués à un niveau législatif et presque constitutionnel avec un certain nombre de pays d'Asie susceptibles de se retrouver en situation de conflit avec la Chine.

À défaut de dimension proprement mondiale, un conflit opposant la Chine à l'un des pays cité impliquera donc naturellement les États-Unis. Cette implication ne sera pas forcément la même pour tous les pays concernés : si le Japon ou la Corée du Sud entrent en guerre avec la Chine, on peut s'attendre à ce que Washington agisse de façon très directe. En revanche, si le conflit ne concerne que Taïwan, il est probable que cette action soit moins visible. Les pressions seront nombreuses, néanmoins. En outre, tout ce qui est lié à la conception que peuvent avoir les États-Unis de certaines libertés mondiales (respect des traités, dont certains ont été signés par la Chine) entrent également en jeu. Leur violation pourrait les amener à intervenir, particulièrement s'il se passe quelque chose en Mer de Chine du sud ou en Mer de Chine de l'est.
A l'heure actuelle, il me semble très difficile de définir correctement ce qui constitue un conflit mondial. Est-ce que ce qui se passe en Syrie, où la quasi-totalité des grands pays d'Occident et du monde ex-soviétique sont impliqués, est un conflit mondial ? Il me semble que le terme est probablement un peu galvaudé. La question c'est celle de la définition du conflit "mondial" : est-ce qu'avoir plus de trois pays issus de trois continents sur un seul conflit le mondialise-t-il ? À mon sens, il s'agit surtout d'un terme journalistique : on n’assiste pas à une guerre opposant une moitié du monde à l'autre.
Quelles seraient les conséquences d'un conflit armé en mer de Chine ? Qui impliquerait-il sur le plan direct et comment impacterait-il les acteurs plus indirects ?

La Mer de Chine de l'ouest constitue la principale route d'approvisionnement énergétique de la Corée du Sud, du Japon et de la Chine. Ces trois pays sont déficitaires sur le plan énergétique. Il passe aussi de nombreuses autres choses : un conflit aurait donc des conséquences directes sur le fonctionnement quotidien, au jour-le-jour, de ces trois nations.
Il est très difficile de dire quel pays souffrirait le plus d'un conflit en Asie. Comme pour les pans de l'économie, qui ne s'effondreraient pas de façon unie mais qui s'égrèneraient petit à petit, il est probable que le conflit ne soit pas total et brutal immédiatement. Il devrait monter en puissance et toucher certains pans mais pas d'autres. Naturellement, on trouvera des perdants et des gagnants à l'intérieur de chaque nation.
À partir du moment où le conflit bloque la Chine, ce conflit touchera naturellement le reste du monde. La Chine est désormais l'usine du monde. Si celle-ci s'arrête, cela signifie mécaniquement que tout ce qui est produit exclusivement par la Chine ne sera plus approvisionné. Ça n'est évidemment pas sans impact sur nos économies. L'interdépendance implique qu'un effondrement de l'économie chinoise – et il n'y a pas vraiment besoin de conflit pour que cela arrive – frapperait sévèrement les nôtres.
Il y a 30 ans cela n'avait aucune importance puisque le commerce extérieur chinois était comparable au commerce extérieur belge. Nous n'en sommes plus du tout là. Les répercussions, si elles sont difficiles à quantifier, seront ressenties dans le monde entier.
Quels sont aujourd'hui les obstacles à un tel conflit ? Sur quels garde-fous peut-on encore compter ?
Le premier des garde-fous qui fait obstacle à l'émergence d'un tel conflit, c'est clairement la crainte que la Chine éprouve à l'idée d'une de l'ensemble de la communauté internationale. Elle ne souhaite absolument pas que des mesures de rétorsions soient prises à son encontre. La Chine est comme un château bâti sur des fondations peu solides et elle en a conscience. Si les fondations en venaient à se briser, et ce pour des raisons internes comme le craint le régime, ou pour des raisons externes, le château finirait mécaniquement par s'effondrer. Or, il le ferait avant tout sur lui-même et sur ses occupants. Pas tellement en éclaboussant les côtés.
D'autres garde-fous existent aussi. On peut largement souligner la montée (ou la remontée) en puissance d'autres pays asiatiques, comme c'est le cas du Japon par exemple. Tout évolue très vite là-bas et les relations fluctuent. Duterte, par exemple, qui affiche une antipathie prononcée à l'égard des Etats-Unis et une attirance pour la Chine fait sans cesse machine arrière par l'intermédiaire de ses ministres. D'autres pays, comme le Vietnam ou la Malaisie hésitent encore quand il s'agit de se positionner. Tout peut bouger très vite et est fait de nombreuses nuances.
Jean-Vincent Brisset
Le Général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset est directeur de recherche à l’IRIS. Diplômé de l'Ecole supérieure de Guerre aérienne, il a écrit plusieurs ouvrages sur la Chine, et participe à la rubrique défense dans L’Année stratégique. Il est l'auteur de Manuel de l'outil militaire, aux éditions Armand Colin (avril 2012).

Sur www.atlantico.fr le 25/12/2016

mardi 20 décembre 2016

A Istanbul, un tunnel relie l'Europe à l'Asie


Fini les embouteillages et les heures d'attente sur les ponts d'Istanbul pour passer de la partie européenne du pays au côté asiatique. A partir du 20 décembre, circuler en voiture d'une rive à l'autre sera un jeu d'enfant grâce à l'inauguration d'un tunnel de 5,4 kilomètres, dont 3,4 à 110 mètres de profondeur sous la mer de Marmara, comportant une autoroute à deux étages. Alors qu'il fallait jadis une heure trente pour se rendre en voiture de Kazliçesme (côté européen) à Göztepe (côté asiatique), le trajet s'effectuera désormais en quinze minutes. Kemal Burcu, un consultant économique qui vit non loin de Göztepe, se rend chaque jour en voiture à Taksim, au centre d'Istanbul. Il est séduit par le gain de temps, mais s'inquiète du prix du péage : « On parle de 15 livres turques [environ 4 euros]pour un aller simple. Si c'est le cas, c'est bien trop cher, je devrai renoncer. »

Fruit d'un partenariat public-privé turco-coréen, l'autoroute est exceptionnelle aussi par son coût : 800 millions d'euros. Intégrée aux lignes actuelles de métro et aux voies routières, elle devrait voir passer 70 000 véhicules par jour. De quoi désengorger la circulation automobile à Istanbul, ville de 15 millions d'habitants congestionnée par les embouteillages. En construction depuis 2011, le tunnel, baptisé Eurasia, a été achevé début octobre 2016. Son asphalte a ensuite été testé par le président Recep Tayyip Erdogan en personne, premier à emprunter le nouvel ouvrage, le 8 octobre, au volant de sa voiture, au côté de son premier ministre Binali Yildirim.

Des travaux pharaoniques malgré l'insécurité

Les grands travaux d'infrastructures sont la marque de fabrique des islamo-conservateurs au pouvoir depuis 2002 en Turquie. Appelés « projets fous », ils concernent surtout Istanbul, la ville natale du président, celle qui servit par la suite de tremplin à sa carrière politique, entamée en mars 1994 en tant que maire.

L'inauguration en grande pompe du tunnel Eurasia, prévue le 20 décembre, devrait mettre un peu de baume au cœur des Stambouliotes, affectés par le double attentat suicide survenu le 10 décembre dans le quartier de Besiktas (44 morts) et que la baisse ininterrompue de la livre turque incite à la morosité. Minée par l'insécurité (61 attentats depuis 2015), fragilisée économiquement, instable politiquement (tentative de putsch du 15 juillet), la Turquie a malgré tout mené tambour battant les travaux pharaoniques lancés par le président Erdogan.

En 2013, le chef d'Etat avait inauguré le tunnel ferroviaire Marmaray, long de 14 km (dont 1,4 sous le Bosphore). Le 26 août 2016, il avait coupé le ruban du troisième et nouveau pont érigé sur le Bosphore, Yavuz Sultan Selim. Conçu par le Français Michel Virlogeux, cet ouvrage gigantesque comporte deux fois quatre voies pour la circulation, et deux voies ferrées. « Turquie, sois fière de ta puissance », disait la publicité qui tournait en boucle sur les chaînes de télévision. « Pourquoi ne nous supportent-ils pas ? Pourquoi sont-ils jaloux de nous ? Justement à cause de tout cela », avait, le jour de l'inauguration, déclaré l'homme fort de la Turquie à propos de ses partenaires occidentaux.

Par Marie Jego, sur www.lemonde.fr le 20/12/2016

samedi 10 décembre 2016

En Asie du Sud-Est, les fermes d'élevage de tigres mettent à mal la protection de ces animaux


Dans certains pays d'Asie du Sud-Est se développent des fermes d'élevage de tigres. Ces établissements controversés sont accusés d'alimenter le commerce de parties et de produits issus de ces animaux. Sciences et Avenir a recueilli les explications de Stéphane Ringuet chargé du programme "Commerce des Espèces Sauvages" au WWF France.

MENACE. Chaque année, au minimum 109 tigres sont tués pour alimenter le commerce illégal. Selon un rapport de TRAFFIC, le réseau mondial de surveillance du commerce de la faune et de la flore sauvages, les tigres provenant de fermes d’élevage représentent 30 % de ce marché. Stéphane Ringuet est chargé du programme « Commerce des Espèces Sauvages » au WWF France. Interrogé par Sciences et Avenir, il explique le danger que représentent ces établissements pour la conservation des tigres.

Sciences et Avenir : Qu’est-ce qu’une ferme d’élevage de tigres ?

Stéphane Ringuet : C’est un établissement facilitant l’élevage de tigres en captivité avec l’intention (ou avec une probabilité raisonnable) d’approvisionner ou de s’engager directement dans un commerce à but lucratif de parties et/ou de produits issus de tigres. Ces structures peuvent avoir plusieurs objectifs, affichés ou non : par exemple, ils peuvent présenter des tigres aux touristes à des fins "récréatives". Mais, ils sont aussi capables d’alimenter le trafic de ces animaux.

Ces fermes jouent-elles également un rôle actif dans la protection des tigres comme le clament certaines ?

Mon avis est que ces fermes ne contribuent ni de près ni de loin à la protection des tigres dans la nature. Au contraire, ce type d’établissement pose plusieurs problèmes dont l’alimentation et la dissimulation de filières illégales. De plus, elles minent les efforts d’application de la loi sur la conservation. Elles entretiennent la vente de parties ou de produits de tigres ce qui perpétue, voir augmente, la demande. Tout cela renforce la pression sur les tigres sauvages, qui sont considérés comme plus prestigieux. Ici, l’élevage ne sert qu’à légitimer et à normaliser la vente de produits provenant de ces animaux.
Sont-elles légales ?

Sur le plan international, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) interdit les échanges commerciaux internationaux de parties et de produits de tigres. Ces animaux ne devraient donc pas être élevés pour ce type de commerce. Au niveau national, les pays doivent donc traduire en droit interne les dispositions de la CITES, notamment ceux dans lesquels sont présents ces établissements (Chine, Thaïlande, Vietnam et Laos). Encore faut-il qu’ils le fassent clairement, avec des lois nationales précises et en évitant tout flou juridique par rapport aux activités en lien avec  ces établissements. Mais le fait est qu’il existe un manque de transparence, de suivi et de contrôle au niveau des fermes d’élevage. Puis la loi ne fait pas tout. Il faut aussi l’appliquer et s’en donner les moyens. C’est avant tout une histoire de volonté politique.
Ces pays autorisent-ils la vente de parties de tigres par les fermes d’élevage ?

Bien évidemment, si la loi du pays est mal écrite, ces établissements vont utiliser ses failles pour continuer leurs activités de vente de sous-produits (griffes…). Il est donc important de clore ces fermes à but commercial, et de s’assurer que les lois nationales interdisent le commerce « légal » de parties et de produits de tigres. En attendant, il faut dès maintenant s’assurer que les animaux qu’elles hébergent ne rentrent pas dans le circuit du commerce illégal. Pour cela, ces félins doivent être traçables. Il est donc nécessaire de créer une base de données regroupant les motifs des rayures des spécimens sauvages et de ceux élevés en captivité afin d’être capable ensuite de déterminer l’origine des peaux de tigres saisies. Ceci permettra notamment de renforcer la transparence de ces établissements, de consolider leur surveillance et leur contrôle, et d’amener à des poursuites et des sanctions s’ils se retrouvent impliqués dans le commerce illégal.
Par Anne-Sophie Tassart le 09/12/2016 sur www.sciencesetavenir.fr

dimanche 4 décembre 2016

La Thaïlande proclame son nouveau roi


Maha Vajiralongkorn, le prince héritier de Thaïlande à la personnalité très controversée, deviendra, à 64 ans, le roi Rama X. Il ne jouit pas de l'immense dévotion que suscitait son père le roi Bhumibol.
Rentré ce jeudi matin de Munich, en Allemagne, où il passe l'essentiel de son temps, Maha Vajiralongkorn, le prince héritier de Thaïlande devrait être formellement proclamé roi dans les prochaines heures. Il doit rencontrer dans l'après-midi, après une cérémonie bouddhiste marquant le cinquantième jour du décès de son père, le président du Parlement qui doit officiellement lui demander de monter sur le trône. L'Assemblée nationale législative ayant, comme le veut le protocole, appelé un peu plus tôt dans la semaine le prince à succéder au souverain défunt. En acceptant cette demande, il deviendra, à 64 ans, le roi Rama X, et prolongera la dynastie Chakri fondée en 1782.

Depuis le décès le 13 octobre, à 88 ans, du roi Bhumibol Adulyadej , le royaume n'avait pas de souverain et la population suivait avec étonnement le trouble processus de succession. Officiellement, Maha Vajiralongkorn avait demandé "un délai" avant d'être célébré mais des experts expliquaient que la lenteur de la transition témoignait plutôt des différends au sein de l'élite thaïlandaise qui n'est pas unanimement enthousiasmée par l'arrivée au pouvoir de ce prince, à la personnalité très controversée.

Ayant vécu ces dernières années plus en retrait que ses sœurs des activités de la famille royale et ayant été critiqué pour son mode de vie plutôt libéral - il s'est affiché avec plusieurs compagnes - contraire aux traditions, il ne jouit pas de l'immense dévotion que suscitait son père. La population adulant plutôt sa sœur, la princesse Sirindhorn. Ces tensions ne sont toutefois pas relayées en public. La famille royale est, en effet, "protégée" par une très sévère loi de lèse-majesté qui permet au gouvernement de jeter en prison quiconque diffamerait l'un des membres de la famille régnante. Ces derniers mois, plusieurs personnes ont ainsi été appréhendées pour avoir osé commenter la transition royale.

Malgré d'intenses débats dans les coulisses du pouvoir, la junte, qui contrôle le pays, et les élites monarchiques auront décidé de mettre en scène une transition d'apparence paisible pour ne pas compliquer encore la situation politique et sociale du royaume. Au pouvoir depuis un coup d'Etat en 2014, les militaires peinent à apaiser les différends entre l'élite économique de Bangkok et les classes sociales les moins aisées qui s'estiment mal défendues par l'exécutif.

Par Yann Rousseau et Frédéric Schaeffer le 01/12/2016 sur www.lepoint.fr