dimanche 4 décembre 2016

La Thaïlande proclame son nouveau roi


Maha Vajiralongkorn, le prince héritier de Thaïlande à la personnalité très controversée, deviendra, à 64 ans, le roi Rama X. Il ne jouit pas de l'immense dévotion que suscitait son père le roi Bhumibol.
Rentré ce jeudi matin de Munich, en Allemagne, où il passe l'essentiel de son temps, Maha Vajiralongkorn, le prince héritier de Thaïlande devrait être formellement proclamé roi dans les prochaines heures. Il doit rencontrer dans l'après-midi, après une cérémonie bouddhiste marquant le cinquantième jour du décès de son père, le président du Parlement qui doit officiellement lui demander de monter sur le trône. L'Assemblée nationale législative ayant, comme le veut le protocole, appelé un peu plus tôt dans la semaine le prince à succéder au souverain défunt. En acceptant cette demande, il deviendra, à 64 ans, le roi Rama X, et prolongera la dynastie Chakri fondée en 1782.

Depuis le décès le 13 octobre, à 88 ans, du roi Bhumibol Adulyadej , le royaume n'avait pas de souverain et la population suivait avec étonnement le trouble processus de succession. Officiellement, Maha Vajiralongkorn avait demandé "un délai" avant d'être célébré mais des experts expliquaient que la lenteur de la transition témoignait plutôt des différends au sein de l'élite thaïlandaise qui n'est pas unanimement enthousiasmée par l'arrivée au pouvoir de ce prince, à la personnalité très controversée.

Ayant vécu ces dernières années plus en retrait que ses sœurs des activités de la famille royale et ayant été critiqué pour son mode de vie plutôt libéral - il s'est affiché avec plusieurs compagnes - contraire aux traditions, il ne jouit pas de l'immense dévotion que suscitait son père. La population adulant plutôt sa sœur, la princesse Sirindhorn. Ces tensions ne sont toutefois pas relayées en public. La famille royale est, en effet, "protégée" par une très sévère loi de lèse-majesté qui permet au gouvernement de jeter en prison quiconque diffamerait l'un des membres de la famille régnante. Ces derniers mois, plusieurs personnes ont ainsi été appréhendées pour avoir osé commenter la transition royale.

Malgré d'intenses débats dans les coulisses du pouvoir, la junte, qui contrôle le pays, et les élites monarchiques auront décidé de mettre en scène une transition d'apparence paisible pour ne pas compliquer encore la situation politique et sociale du royaume. Au pouvoir depuis un coup d'Etat en 2014, les militaires peinent à apaiser les différends entre l'élite économique de Bangkok et les classes sociales les moins aisées qui s'estiment mal défendues par l'exécutif.

Par Yann Rousseau et Frédéric Schaeffer le 01/12/2016 sur www.lepoint.fr

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