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lundi 28 janvier 2013

L'Iran envoie un singe dans l'espace

En envoyant un primate jusqu'à 120 km d'altitude, en dehors de l'atmosphère terrestre, Téhéran est loin de prouver sa maîtrise des technologies nécessaires à un programme spatial habité.

L'Iran affirme avoir réussi à envoyer un singe dans l'espace, et l'aurait récupéré sain et sauf à son retour sur Terre. Cette première pour le secteur spatial iranien est un symbole fort pour ce pays qui a annoncé son intention de lancer des hommes dans l'espace d'ici 2020. Comme l'Iran, les premières grandes puissances spatiales ont elles aussi défriché l'accès à l'espace en y envoyant des animaux, des chiens pour l'Union soviétique et des singes pour les États-Unis.

Un rat, des tortues et des insectes dans une capsule

En octobre 2011, l'Iran avait fini par reconnaître que sa première tentative pour envoyer un primate dans l'espace avait échoué. Le pays a en revanche réussi à envoyer trois satellites dans l'espace depuis 2009, ainsi qu'une «capsule» contenant un rat, des tortues et des insectes en février 2010.

Le tir a eu lieu la semaine dernière, d'après l'agence de presse officielle Irna, mais ni le type de fusée ni le site de lancement n'ont été précisés. Les images diffusées par la télévision al-Alam montrent une fusée de la taille d'un missile balistique sur une rampe de lancement placée sur une remorque, ainsi qu'un petit singe immobilisé dans un siège, avant son installation dans une petite capsule. D'après les images, il s'agirait d'une fusée Shahab 3, dérivé d'un missile nord-coréen Nodong 1, lui-même inspiré des Scud soviétiques.

Mais au-delà du symbole d'un primate envoyé dans l'espace, l'expérience est loin d'être un exploit qui prouverait que le pays maîtrise déjà les technologies nécessaires à un ambitieux programme spatial habité. Le premier bémol vient du fait qu'il s'agit d'un vol suborbital, une simple parabole qui a culminé à 120 km d'altitude avant de retomber quelques minutes plus tard sur Terre.

Autant de différence qu'entre un vélo et une Ferrari

Ce type de trajectoire simplement balistique demande beaucoup moins de puissance et de complexité que pour un vol orbital, pendant lequel le satellite ou la capsule sont placés sur une trajectoire stable autour de la Terre. «Entre une fusée suborbitale et un lanceur qui place un objet en orbite, il y a autant de différence en termes de puissance qu'entre une 2CV et un TGV ou un vélo et une Ferrari, explique Christophe Bonnal, expert des lanceurs au Cnes. Pour satelliser un kilogramme autour de la Terre, il faut 25 fois plus d'énergie que pour simplement l'envoyer à la verticale à 120 km d'altitude. Sans compter que, pour atteindre l'orbite, il faut une fusée à plusieurs étages et maîtriser le guidage et la navigation, ce qui est autrement plus complexe que d'envoyer une charge, même vivante, à la verticale pour aller le plus haut possible.»

D'un point de vue technologique, le lancement d'un petit satellite par l'Iran en 2009 était en revanche autrement plus significatif, et a démontré la maîtrise d'une réelle capacité spatiale. Pour preuve de la difficulté d'un tir en orbite, une nation aussi technologiquement avancée que la Corée du Sud a déjà fait trois tentatives infructueuses pour envoyer un satellite autour de la Terre.

Le 28/01/2013 par Cyril Vanlerberghe sur www.lefigaro.fr

vendredi 8 juin 2012

Cette cyberguerre qui fait trembler le web

Un nouveau virus enflamme internet. Baptisé Flame, il serait 20 fois plus puissant que Stuxnet et aurait été mis au point à des fins militaires. Face à la recrudescence des attaques, Google a décidé d'envoyer un message aux internautes visés par une tentative d'intrusion.

La cyberguerre fait rage. Comme une peste des temps modernes, elle touche tout le monde sans distinction. "La menace est la même pour les Etats, les organisations, les entreprises et les citoyens, martèle Paul Davies, directeur Europe de FireEye, une entreprise spécialisée dans la sécurité. Dès que nous sommes dans un environnement numérique, il y a un risque." Exagération pour inciter les organisations à dépenser de l’argent pour leur sécurité ? Oui, bien sûr.
La menace est néanmoins réelle et prend de l'ampleur. "Ce qui est nouveau, précise Paul Davies, c’est l’utilisation des cyber-armes par les Etats. Le cas de Flame est exemplaire." Flame est en effet un virus identifié par l’éditeur de logiciel antivirus Kaspersky. Eugène Kaspesky, le PDG, a affirmé que les experts qui travaillent pour lui ont découvert l'existence de Flame lors d'une enquête menée à la demande de l'Union internationale des télécommunications. L'Iran était apparemment la cible principale de l'attaque qui a été détectée un mois après que la République islamiste eut annoncé avoir bloqué la propagation d'un virus qui s'attaquait à des ordinateurs utilisés dans le secteur pétrolier.
Selon la firme russe, le nouveau virus "est 20 fois plus virulent que Stuxnet", un virus découvert en juin 2010 et qui avait été utilisé contre des installations nucléaires iraniennes. Israël avait été soupçonné d'en être à l'origine.
Interrogé sur le fait qu'Israël pourrait être impliqué dans la diffusion de Flame, Eugène Kaspersky s'est refusé à se livrer à des spéculations. Il s'est contenté d'indiquer "que le développement d'un tel virus n'était pas forcément limité aux pays les plus avancés en matière de haute-technologie". Et il a estimé que le coût du développement de Flame était de "moins de 100 millions de dollars", mais que les dommages potentiels pourraient être énormes. Le virus peut en effet dérober des fichiers PDF, Office et des schémas auto-CAD (dessins assistés par ordinateur).
Des armes qui se répandent très vite
Barak Obama a récemment admis que son pays avait contribué à la précédente attaque Stuxnet contre l’Iran. Il est raisonnable de penser que les Etats-Unis et Israël ne sont pas étrangers à l’attaque Flame.
Côté Français, aucun commentaire officiel. Mais on fait remarquer que certains des experts de Kaspersky pourraient avoir obtenu des informations venant des autorités russes. Et que ces dernières soutiennent le régime iranien.
"Le problème de ces nouvelles armes, explique Paul Davies, est qu’elles se répandent très vite. Ce sont des lignes de code. Le code peut être très long et très compliqué à écrire. Mais il est très simple de le recopier. Sitôt qu’une telle arme existe, elle est dupliquée et utilisée par des organisations criminelles."
En clair, après avoir infesté des organisations sensibles en Iran, le même virus sera utilisé pour dérober des fichiers dans des entreprises ou chez des particuliers. "Inversement, poursuit Paul Davies, les Etats ont parti lié avec les pirates ou les hackers à qui elles achètent des virus et des cyber-armes. Nous savons que les Etats-Unis l’ont fait, mais aussi la Chine et bien d’autres Etats."
Google veut désormais prendre les devants
Google prend la menace très au sérieux. "Nous surveillons constamment les activités suspectes ayant lieu dans nos systèmes, en particulier les tentatives de tierces parties de se connecter à des comptes d'utilisateurs de façon non autorisée, a déclaré Eric Grosse, l'un des vice-présidents de Google chargé de la sécurité.
Les informations obtenues par Google laissent fortement suggérer l'implication (dans ces activités malveillantes) d'Etats ou de groupes commandités par des Etats". Du coup, la firme américaine a décidé de prendre les devants et envoie dorénavant des signaux aux utilisateurs qui disposent d’un compte Google.
"Lorsque nous obtenons des renseignements spécifiques - que ce soit de la part des utilisateurs ou de nos propres services- nous envoyons des signaux d'alerte très clairs et mettons en place des barrières supplémentaires pour repousser les mauvais éléments" assure Eric Grosse. Concrètement, de nouveaux signaux d'alerte, comprenant notamment un message en lettres bleues sur fond rose, seront envoyés lorsque des utilisateurs seront visés. En clair, les dissidents seront nommément avisés qu’ils font l’objet de tentatives d’intrusions.
Le 08/06/2012 sur www.challenges.fr