Affichage des articles dont le libellé est USA. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est USA. Afficher tous les articles

mercredi 7 novembre 2018

Syrie : la paix suppose la condamnation internationale de l’idéologie des Frères musulmans

Les deux sabres et le Coran forment le logo des Frères musulmans (en haut lors d'une conférence du président égyptien Mohamed Morsi et du Guide de la Confrérie). Ce symbole a été interdit en Égypte après les crimes commis au nom de cette idéologie, comme la croix gammée est interdite en Europe occidentale et en Russie après les crimes commis au nom du nazisme. Il a été remplacé par un signe de la main que l'on voit (ici en bas) fièrement exhibé par le président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Finir la guerre

Depuis 2001, le Pentagone a adopté la doctrine de l'amiral Arthur Cebrowski, le directeur du bureau de la Transformation des forces de Donald Rumsfeld. L'objectif n'est plus d'accaparer pour soi des ressources naturelles, mais de contrôler l'accès des autres à ces ressources. Et pour cela, il convient de maintenir indéfiniment un chaos que seules les Forces US peuvent affronter. C'est, selon la formule du président George W. Bush, une « guerre sans fin » dans laquelle les États-Unis ne doivent surtout ni perdre, ni gagner [1].
Ainsi, la guerre contre la Libye s'éternise depuis 7 ans, celle contre l'Iraq depuis 15 ans et celle contre l'Afghanistan depuis 17 ans. Malgré toutes les bonnes paroles, aucun de ces pays n'a connu la paix depuis qu'il a été frappé par le Pentagone.
Il en sera de même pour la Syrie tant que les États-Unis n'auront pas officiellement abandonné la doctrine Cebrowski. Certes le président Donald Trump avait annoncé son intention d'en finir avec l'« impérialisme américain » et de revenir à une forme d'« hégémonie ». Cependant, malgré ses efforts, il ne semble pas y être parvenu.
Il n'est pas clair de savoir si l'annonce par le général James Mattis (secrétaire à la Défense) et par Michael Pompeo (secrétaire d'État) de la volonté US de rétablir la paix au Yémen sous trente jours doive être interprétée comme la fin d'une initiative saoudienne ou comme celle de la doctrine Cebrowski [2].

Éliminer l'idéologie des jihadistes

Alors que les événements en Syrie ont été présentés comme une guerre civile, il s'agit sans aucun doute d'un conflit idéologique. Les deux principaux slogans des manifestations de 2011 étaient : 
- « Allah, Syrie, liberté ! » (ce dernier mot ne désignant pas la liberté politique occidentale, mais la liberté d'appliquer la charia). 
- « Les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au tombeau ! »
Le conflit est beaucoup plus profond qu'on ne le croit. Les mots d'ordre initiaux n'étaient pas opposés à la République arabe syrienne, ni à son président Bachar el-Assad, mais à l'essence même de la civilisation syrienne. Il s'agissait de mettre fin à une société multi-confessionnelle sans équivalent au monde et d'imposer un mode de vie conforme aux principes des Frères musulmans.
La Syrie est un espace dans lequel à la fois chacun peut librement pratiquer sa religion et aide les autres à pratiquer la leur. Ainsi, la Grande mosquée des Omeyyades de Damas est un sanctuaire autour de la relique de la tête de Jean Le Baptiste. Depuis des siècles, chaque jour sans exception, juifs [3], chrétiens et musulmans y prient ensemble.
Les Frères musulmans ne sont pas un groupe religieux, mais une confrérie politique. Ils sont organisés sur le modèle des loges maçonniques européennes que plusieurs de leurs fondateurs ont fréquentées. Leurs membres militent au sein de divers partis politiques publics et groupes jihadistes. La totalité sans exception des chefs jihadistes, d'Oussama Ben Laden à Abou Bakr al-Baghdadi, sont des membres ou d'anciens membres de la Confrérie.
L'idéologie des Frères musulmans divise les actes en deux : ceux qui, selon elle, sont autorisés par Dieu et ceux qui sont interdits par Lui [4]. Consécutivement, elle divise le monde en deux : les serviteurs et les ennemis de Dieu. Enfin, elle magnifie ceux qui suivent sa conception des actes autorisés par Dieu et encourage à massacrer les autres.
Cette idéologie est professée par les prêcheurs saoudiens (même s'ils condamnent aujourd'hui la Confrérie et lui préfèrent la famille royale), ainsi que par les gouvernements turc et qatari. Elle est non seulement à l'œuvre dans la guerre en Syrie, mais également dans tous les attentats jihadistes commis partout dans le monde.
À supposer que les États-Unis soient prêts à la paix en Syrie, celle-ci n'est donc possible que si l'Assemblée générale des Nations unies, ou à défaut le Conseil de sécurité, condamne explicitement l'idéologie des Frères musulmans. Par voie de conséquence, la paix en Syrie simplifierait grandement la situation en Libye, en Iraq et en Afghanistan, et participerait à l'affaiblissement du terrorisme international.
Il est donc dangereux de parler d'« amnistie générale » alors que l'on a besoin d'exposer et de juger les crimes imputables à cette idéologie. De même qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a jugé les idéologues et apologues du nazisme, de même on doit aujourd'hui juger ceux qui ont répandu cette idéologie. Et, à la différence de Nuremberg, on doit le faire dans le respect de l'État de droit tandis qu'y furent utilisés des textes rétroactifs. Que l'on comprenne bien : l'important n'est pas de condamner des individus, mais de comprendre une idéologie pour l'éliminer.
En 1945, l'URSS/Russie s'est reconstruite autour du seul haut fait commun : la lutte contre l'idéologie raciale du nazisme — c'est-à-dire l'affirmation que tous les hommes sont égaux et que tous les peuples sont dignes de respect—. Identiquement, la Syrie ne pourra se reconstruire qu'autour de la lutte contre l'idéologie des Frères musulmans —l'affirmation que tous les hommes sont égaux et que toutes les religions sont dignes de respect—.
La Confrérie des Frères musulmans ayant bénéficié et bénéficiant encore du soutien du Royaume-Uni [5], il ne sera pas possible de juger leurs leaders. Peu importe, ce qui compte, c'est d'exposer publiquement ces idées et les crimes auxquels elles conduisent directement.

Conclusion

Une guerre se termine toujours avec des vainqueurs et des vaincus. Celle-ci a détruit non seulement des vies en Syrie, mais aussi en France et en Belgique, en Chine et en Russie, et dans bien d'autres pays. La paix en Syrie doit donc être pensée non seulement en fonction des réalités locales, mais aussi des crimes commis par des jihadistes dans d'autres États.
Sachant que les 124 États autoproclamés « Amis de la Syrie » ont perdu militairement, mais qu'ils ont agi par mercenaires interposés et n'ont souvent pas connu de perte militaire sur leur territoire, ils ne sont pas prêts à accepter leur défaite et cherchent uniquement à dissimuler leurs responsabilités dans les crimes accomplis.
Non seulement il ne peut y avoir de paix en Syrie que si l'on condamne l'idéologie des Frères musulmans, mais cette guerre continuera dans d'autres pays si on ne le fait pas.

Par Thierry Meyssan sur www.voltairenet.org le 07/11/2018

[1] The Pentagon's New Map, Thomas P. M. Barnett, Putnam Publishing Group, 2004. « Le projet militaire des États-Unis pour le monde », par Thierry Meyssan, Haïti Liberté (Haïti) , Réseau Voltaire, 22 août 2017.
[2] "James Mattis Remarks at the United States Institute for Peace", by James Mattis, Voltaire Network, 30 October 2018. "Michael R. Pompeo : Ending the Conflict in Yemen", by Mike Pompeo, Voltaire Network, 31 October 2018. « Washington veut mettre fin à la guerre au Yémen », Réseau Voltaire, 31 octobre 2018.
[3] Depuis 1967, la plupart des juifs syriens ont quitté le pays pour Israël. Cependant de nombreux visiteurs étrangers juifs continuent à venir prier à la Grande mosquée.
[4] Ma'alim fi tarîq, Sayyid Qutb, 1964. Version française : Jalons sur la route de l'islam, Sayyid Qutb, Ar-Rissala.
[5] À lire absolument : « Les Printemps arabes vécus par les Frères musulmans », la seule étude actuellement disponible sur l'histoire internationale de la Confrérie. In Sous nos yeux, Thierry Meyssan, Demi-Lune 2017.

Corée du Nord: les USA vont droit dans le mur


Le président du Conseil des relations étrangères des États-Unis, Richard Haas, a mis en garde contre l’escalade de tensions entre son pays et la Corée du Nord.  Sur sa page Twitter, Richard Haas a écrit :
« La diplomatie américaine envers la Corée du Nord est allé droit dans le mur. La dénucléarisation ne marche pas bien. La Corée du Nord menace de reprendre ses essais [nucléaires], si les sanctions ne sont pas assouplies. Les USA et la Corée du Sud ne sont pas sur la même longueur d’onde. La Chine et la Russie sont favorables à la réduction des sanctions. Il y aura un risque d’escalade des tensions américano-nord-coréennes, si les efforts diplomatiques échouent. »
Ces avertissements tombent bien, parce qu’il y a quelques jours, Pyongyang menaçait justement de reprendre ses activités nucléaires.
Sur www.parstoday.com le 07/11/2018

vendredi 12 octobre 2018

Les USA veulent créer un quasi-État en Syrie

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, accuse Washington d'essayer de créer un quasi-État à l'est de l'Euphrate par le biais de ses alliés en Syrie.
« Avec l'aide de ses alliés en Syrie, les États-Unis cherchent à créer un État illégitime sur la rive orientale de l'Euphrate », a averti ce vendredi 12 octobre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
« Je ne crois pas qu'Idlib soit la seule région qui pose des problèmes pour la Syrie. Il y a d'autres vastes territoires à l'est de l'Euphrate où on voit se produire des choses absolument inacceptables. Les États-Unis cherchent à utiliser ces territoires par le biais de leurs alliés syriens, avant tout des Kurdes, pour y créer une structure quasi étatique », a indiqué Lavrov.
« Les États-Unis œuvrent pour que la situation reste tendue sur la rive orientale de l'Euphrate. Ils cherchent à y mettre en place un quasi-État. Ils y créent « des organes de pouvoir alternatifs aux organes syriens et œuvrent activement pour le retour des déplacés », ajoute-t-il.
« Or ni les États-Unis ni la France ne souhaitent réunir les conditions nécessaires au retour des déplacés dans les zones contrôlées par Damas tant qu'un processus politique digne de ce nom n'aura pas été enclenché », a poursuivi Lavrov, avant d'indiquer : « La question qui se pose est de savoir pourquoi il ne faut pas attendre le début d'un processus digne de ce nom sur la rive orientale de l'Euphrate, qui est contrôlée par les États-Unis et leurs alliés dans cette région. »
Sur www.parstoday.com le 12/10/2018

dimanche 23 septembre 2018

Réponse navale chinoise aux USA


Les relations entre la Chine et les États-Unis ne cessent de se dégrader. Après l'annonce jeudi de Washington d'avoir sanctionné Pékin pour sa coopération militaire avec Moscou, le ministère chinois de la Défense vient d'annuler la visite du commandant de sa marine aux États-Unis.

La Chine a annulé la visite de son commandant de la marine aux États-Unis, en réponse aux sanctions imposées par Washington contre Pékin pour sa coopération militaire avec la Russie, a déclaré le ministère chinois de la Défense, cité par la chaîne Russia Today (RT).
« La partie chinoise a pris la décision de rappeler immédiatement le vice-amiral et actuel commandant de la marine de l'Armée populaire de libération de Chine, Shen Jinlong, qui participait au 23e symposium international Seapower et prévoyait de faire une visite aux États-Unis », a déclaré le ministère.
Samedi également, le ministère chinois des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur américain à Pékin Terry Branstad pour lui remettre une protestation solennelle et sévère à propos des sanctions américaines contre les achats d'armes russes par la Chine.
Le bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du département américain du Trésor a ajouté à sa liste noire le Département de développement des équipements, organisme chinois qui supervise les technologies militaires, ainsi que son directeur, Li Shangfu, pour avoir passé des « transactions importantes » avec Rosoboronexport, le principal exportateur russe d'armements.
L'armée chinoise a acheté à la Russie, début 2018, des avions de combat Soukhoï Su-35 et des missiles sol-air S-400. Washington n'a aucun droit de se mêler des relations « normales » entre deux États souverains, a martelé le ministère chinois de la Défense, par la voix du porte-parole Wu Qian.
Pékin s'était déjà dit « indigné » vendredi par ces sanctions et a appelé les États-Unis à les retirer, faute de quoi ils devront en « payer les conséquences ». « Ce geste des États-Unis nuit sérieusement aux relations entre les deux pays et leurs armées », avait déclaré Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Ce nouveau bras de fer sino-américain intervient alors que les deux pays sont déjà aux prises avec une guerre commerciale et s'affrontent à coups de droits de douane sur leurs exportations mutuelles.
Sur www.parstoday.com le 23/09/2018

dimanche 9 septembre 2018

Syrie: Moscou met en garde les USA

Moscou ne laissera pas sans riposte une attaque américaine qui mettrait en danger la vie des militaires russes en Syrie, a déclaré le chef d’état-major de l’armée russe.
« Après avoir tant prévalu la présumée utilisation d’armes chimiques par Damas, les États-Unis s’apprêtent à mener une attaque contre des cibles du gouvernement syrien », a indiqué Valery Gerasimov, le chef d’état-major de l’armée russe, cité par Sputnik.
« Nous détenons des preuves qui démontrent que les terroristes s’apprêtent à lancer une attaque chimique dans la Ghouta orientale pour en accuser le gouvernement syrien. Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont les premières victimes de cette attaque », a fait savoir le chef d’état-major russe avant de préciser: « La découverte d’un atelier de fabrication de munitions chimiques au cours des derniers jours en est la preuve ».
« A présent des Casques blancs et des cameramen munis des équipements de diffusion par satellite sont déployés dans la région », a affirmé Valery Gerasimov.
« Une offensive militaire contre la capitale syrienne mettra en danger la vie des officiers et des conseillers de la Défense russe qui sont actuellement à Damas. Moscou y donnera une réponse proportionnée », a-t-il prévenu.
Selon le chef d’état-major de l’armée russe, la simulation d’une attaque chimique permettra à Washington d’accuser Damas de l’utilisation d’armes chimiques contre les civils, pour ainsi discréditer la Russie et justifier de nouvelles frappes contre la Syrie.
Sur reseauinternational.net le 08/09/2018

mercredi 31 janvier 2018

Rencontre Trump/Nazarbaïev

Le principal événement politique de la semaine dernière a été la visite officielle aux Etats-Unis du président de la République du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev. Le dirigeant kazakh a rencontré le chef de la Maison Blanche, Donald Trump, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la non-prolifération des armes de destruction massive et a tenu plusieurs réunions d'affaires.

PREMIÈRE FOIS

Au départ, il convient de noter que cette visite n’a pas de précédent. Le président du Kazakhstan est le premier des dirigeants d'Asie centrale à visiter la Maison Blanche, et son pays est le premier dans la région à devenir président du Conseil de sécurité de l'ONU.

Selon Donald Trump, le Kazakhstan est un partenaire extrêmement précieux pour les États-Unis, étant donné sa position de chef de file dans la région et pour le maintien de la paix plus généralement.

"Le fait est que les Etats-Unis veulent avoir des partenaires forts, prospères", a souligné le président américain, "qui respectent leurs voisins et contrôlent leur propre destin". J'ai hâte de voir les énormes progrès réalisés par le peuple du Kazakhstan. Nous voulons que le Kazakhstan ait un bon avenir, souverain et prospère, et nous souhaitons la même chose à tous les peuples épris de paix dans le monde, à tous.

L'un des principaux résultats positifs de la rencontre entre Nazarbaïev et Trump est la signature de l'Accord sur le renforcement du partenariat stratégique.

De nombreux analystes politiques ont vu la visite du leader kazakh aux États-Unis et l'exécution de la mission de maintien de la paix. Une partie de la réunion bilatérale a été consacrée à la discussion des mesures visant à résoudre le conflit en Afghanistan et la situation avec la Corée du Nord.

Parlant de partenariat stratégique dans la sphère économique, les dirigeants des deux pays ont précisé qu'ils avaient l'intention de se consulter sur les sanctions afin d'éviter toute conséquence imprévue pour l'économie du Kazakhstan, ce qui invite déjà à la réflexion. Si l'on considère le rôle de premier médiateur du Kazakhstan dans la réconciliation entre la Russie et la Turquie il y a deux ans, et la thèse principale du leader kazakh: « économie d'abord, puis la politique », ces deux points donne l’occasion de se questionner sérieusement.

CONTRAT? Il y a un contrat!

D'un point de vue économique, la visite de Nazarbaïev peut être considérée comme très réussie. En conséquence, le Kazakhstan a conclu plus de 20 contrats avec des représentants de grandes entreprises américaines pour un total de plus de 7 milliards de dollars. Les accords traitent de diverses industries, de l'aviation et des communications ferroviaires à l'énergie, l'agriculture et l'espace.

La visite du leader kazakhstanais aux Etats-Unis a été très appréciée par les experts étrangers. Ainsi, Luke Coffey, Directeur du Centre pour la politique étrangère de la Fondation du patrimoine, a déclaré qu'après la visite, les liens entre le Kazakhstan et les Etats-Unis ont atteint un nouveau niveau.

"Le Kazakhstan est un partenaire important des Etats-Unis en Asie centrale", a déclaré M. Coffey.  Nous avons beaucoup de tests communs, ainsi que suffisamment d'opportunités communes. J'espère que cette visite sera la première étape dans les relations à long terme entre le Kazakhstan et les États-Unis ... Le Kazakhstan a récemment présenté de nombreuses initiatives diplomatiques. Et c'est très correct.

Directeur du Centre d'études stratégiques et internationales Daniel Runde est confiant que les Etats-Unis devraient approfondir les liens commerciaux et économiques avec le Kazakhstan et augmenter leurs investissements.

"Nous savons que les autorités kazakhes considèrent cela comme une priorité", a-t-il reconnu. Je note qu’une société moderne s’est construite au Kazakhstan. Je dirais même que c'est l'une des nations les plus éduquées, saines et riches du monde .... La visite du président Noursoultan Nazarbaïev vise à renforcer les relations de partenariat.

CONFIANCE EN LA BOMBE

Mais, bien sûr, nous devrions parler séparément du discours de Noursoultan Nazarbaïev à la tribune du Conseil de sécurité de l'ONU et du rapport : " Non-prolifération des armes de destruction massive : mesures de confiance ". En fait le Kazakhstan, est l'exemple même que le désarmement volontaire est possible.

Aujourd'hui, le Kazakhstan prend part à tous les traités internationaux fondamentaux dans le domaine de la sécurité nucléaire et a légalement consolidé son statut non nucléaire.

Selon Nazarbaïev, la principale défense du pays est la confiance de la communauté mondiale. Et la croissance de la production d'ADM ne fait qu'augmenter le risque que des armes nucléaires, chimiques, biologiques et radiologiques tombent entre les mains de forces destructrices.

 À cette fin, le Président du Kazakhstan a proposé ce qui suit : compliquer le retrait du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires; élaborer une résolution spéciale du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui définit clairement les conséquences pour les pays qui violent le Traité, y compris les moyens de coercition et les sanctions.

En mesure principale, il a été proposé d'élaborer un système juridiquement contraignant garantissant la sécurité des États qui renoncent volontairement à la possession d'armes nucléaires, ainsi qu'à ceux qui n'ont pas le statut d'armes nucléaires.

"La communauté mondiale est un organisme unique qui est fort dans sa diversité", a résumé Nazarbaïev. Il peut survivre et se développer avec équilibre et harmonie entre les nations et les peuples de notre planète. C'est pourquoi nous devons travailler ensemble pour parvenir à un monde plus sûr et à un ordre mondial plus équitable fondé sur la primauté du droit. Je crois que la confiance, la volonté et l'intelligence de la communauté mondiale multipliées par l'énergie de l'action collective ne permettront pas à notre planète de sombrer dans l'abîme d'une catastrophe mondiale.

vendredi 11 janvier 2013

LEAD 1-Réunion tripartite à Genève sur la Syrie

L'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a entamé vendredi à Genève des discussions avec le diplomate américain William Burns, secrétaire d'Etat adjoint, et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.

Aucun des trois hommes n'a fait de commentaire à son arrivée au siège européen des Nations unies.

Cette nouvelle réunion des trois hommes est consacrée aux moyens de faire appliquer la déclaration de Genève, adoptée en juin par le Groupe de contact sur la Syrie, qui prévoit la constitution d'un gouvernement de transition sans définir le rôle du président Bachar al Assad.

"La position américaine est claire : Assad a perdu toute légitimité et doit s'effacer pour permettre une solution politique et une transition démocratique en accord avec les aspirations du peuple syrien", a déclaré à Reuters un membre de la délégation américaine ayant requis l'anonymat.

Avant la rencontre, Moscou avait de son côté réaffirmé que la communauté internationale ne devait pas pousser le chef de l'Etat syrien vers la sortie.

"Seuls les Syriens eux-mêmes peuvent s'entendre sur un modèle ou sur le développement de leur pays", a souligné Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Damas a dénoncé jeudi la "partialité flagrante" de Lakhdar Brahimi, qui avait estimé la veille que le président ne devait pas être associé au gouvernement de transition.

(Stephanie Nebehay, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser).
Sur www.reuters.com le 11/01/2013

mardi 4 décembre 2012

L'Iran intercepte un drone américain au-dessus du golfe Persique

 
Téhéran a annoncé, ce mardi 4 décembre 2012, avoir capturé un drone américain de surveillance, au-dessus du golfe Arabo-persique. Mais la marine américaine dément avoir perdu un appareil dans ce secteur.
 
La télévision iranienne a montré longuement tous les détails du drone américain capturé au-dessus du golfe Persique. Selon les Gardiens de la Révolution, le drone de type ScanEagle, long d'un mètre et d'une envergure de trois mètres, a été capturé immédiatement après son entrée dans l'espace aérien de l'Iran.

C'est la deuxième fois en un an que l'Iran annonce la capture d'un drone américain au-dessus de son territoire. Les Iraniens affirment qu'ils neutralisent le système de contrôle américain et prennent ensuite les commandes de l'appareil. Le 4 décembre 2011, l'Iran avait déjà capturé un drone américain d'observation à longue portée et haute altitude RQ-170 qui effectuait une mission d'espionnage au-dessus de l'Iran. Le président américain Barack Obama avait demandé en vain à Téhéran de restituer l'appareil, ce que l'Iran avait refusé. Les responsables militaires iraniens avaient également affirmé qu'ils étaient en train de décoder les systèmes du drone pour en reproduire des copies.

L'Iran a un programme important pour construire des drones, notamment des drones d'attaque. Début octobre, un drone d'observation de construction iranienne utilisé par le Hezbollah libanais a été envoyé depuis le Liban au-dessus d'Israël. Il a survolé le territoire israélien pendant une demi-heure avant qu'il ne soit abattu.

Par Siavosh Ghazi le 04/12/2012 sur www.rfi.fr

vendredi 30 novembre 2012

La Palestine devient un Etat observateur à l'ONU

 
Les Palestiniens ont acquis jeudi soir une nouvelle stature internationale en accédant au rang d'Etat observateur non membre à l'ONU, malgré l'opposition d'Israël et de son allié américain. La résolution l'emporte par 138 voix pour et 9 voix contre.
 
Le vote de cette résolution, qui fait de "l'entité" palestinienne un "Etat observateur non membre", a été acquis à une majorité confortable mais pas écrasante de 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.
"L'Assemblée générale est invitée aujourd'hui à produire un acte de naissance de l'Etat de Palestine dans sa réalité", avait lancé aux 193 pays membres le président palestinien Mahmoud Abbas avant le vote sur un projet de résolution  octroyant à la Palestine ce statut "d'Etat observateur non membre".
 
Revivez la journée avant le vote : "Mahmoud demande à l'ONU de signer l'acte de naissance de la Palestine"
Mahmoud Abbas a affirmé que par ce vote constituait la "dernière chance de sauver la solution à deux Etats" (Israël et un Etat palestinien) et a promis de "tenter de ranimer les négociations" de paix avec Israël, au point mort depuis plus de deux ans. "Cependant, par-dessus tout, j'affirme que notre peuple ne renoncera pas à ses droits nationaux inaliénables, définis par les résolutions de l'ONU", a-t-il souligné. A Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'un vote positif de l'Assemblée "ne changera rien sur le terrain" et que la résolution "ne va pas faire avancer la création d'un Etat palestinien (mais) au contraire va l'éloigner". Cependant, Israël a annoncé qu'il n'annulerait aucun accord conclu avec les Palestiniens.
 
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a par ailleurs vivement condamné jeudi soir le discours prononcé par le président palestinien Mahmoud Abbas devant l'Assemblée générale de l'ONU, selon un bref communiqué de son bureau.
L'Europe était divisée
La date de jeudi n'a pas été choisie au hasard: il s'agit de l'anniversaire de l'adoption par l'ONU en 1947 du plan de partage de la Palestine mandataire, qui prévoyait un Etat juif et un Etat arabe. Les Etats-Unis ont voté contre, comme le Canada. Pour Washington et Israël, seule la négociation directe peut mener à la création d'un Etat palestinien. Les Européens étaient eux divisés. Sur les 27 pays de l'Union européenne, une douzaine étaient en faveur de la résolution dont la France. La Russie s'est dite favorable, comme la Turquie et la Suisse. L'Union européenne a rappelé jeudi qu'elle était "prête à reconnaître un Etat palestinien au moment opportun" mais que la priorité était de reprendre les négociations. Plusieurs Européens, selon des diplomates, estiment que le moment est mal choisi et redoutent aussi que Washington ne coupe les vivres aux agences de l'ONU auxquelles les Palestiniens, avec leur nouveau statut, pourront adhérer.
 
Ce qui inquiète Israéliens et Américains, mais aussi les Britanniques, c'est la possibilité qu'auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël. Des responsables palestiniens ont évoqué cette hypothèse si Israël poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie. Israël et les Etats-Unis ont brandi la menace de sanctions en cas de vote positif. Le Congrès pourrait ainsi refuser de verser 200 millions de dollars d'aide promis aux Palestiniens. Israël pourrait bloquer les taxes qu'il perçoit pour le compte de l'Autorité palestinienne, réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens, voire abroger les accords de paix d'Oslo de 1993. En compensation, la Ligue arabe a promis aux Palestiniens un "filet de sécurité" de 100 millions de dollars par mois. 
 
Le 30/11/2012 sur http://lci.tf1.fr

lundi 19 novembre 2012

Le Kazakhstan a reçu plus de votes que les USA à une élection au Conseil des droits de l’Homme.

Lundi, l'Assemblée générale des Nations Unies a élu 18 nouveaux membres pour le Conseil des Droits de l'Homme (CDH). Astana a recueilli plus de vote que Washington. C'est la première fois qu'elle est représentée dans cet organe onusien des droits de l'homme.
 
Le nouveau Conseil est composé de l'Argentine, le Brésil, le Gabon, l'Allemagne, l'Irlande, le Kazakhstan, le Kenya, la Côte d'Ivoire, les Emirats Arabes Unis (EAU), le Pakistan, la République de Corée, les États-Unis, la Sierra Leone, le Monténégro, l'Estonie, l'Éthiopie, le Japon.
 
Ils ont tous obtenu la majorité requise des voix dans 97 des Etats membres de l'Organisation des Nations Unies.
 
Les États-Unis sont élus au CDH pour un deuxième mandat consécutif. Notamment, Washington a obtenu l'appui de 131 pays, tandis que le Venezuela a remporté 154 voix. Il faut en particulier mentionner le succès du Kazakhstan qui a reçu 183 voix. Pour la première fois, Astana sera représentée dans un organe des droits de l'homme au sein des Nations Unies.
 
Tous les pays élus œuvreront à la CDH pendant dans trois ans à partir du 1er Janvier 2013.
La décision de créer un Conseil des droits de l'Homme en remplacement de l'actuelle Commission des droits de l'Homme a été adoptée en Septembre 2005. Selon la grande majorité des Etats membres de l'ONU, le travail de la Commission a été indûment politisé et ne répond pas pleinement aux défis qui se posent à la communauté internationale dans le domaine des droits de l'Homme.
 
La CDH est composé de 47 états. Chacun est choisi par la majorité des membres de l'Assemblée générale des Nations Unies, au scrutin direct et secret. Les membres du conseil sont nommés pour trois ans et ne peuvent pas exécuter plus de deux mandats consécutifs, selon ITAR-TASS.

Pourquoi une nouvelle guerre contre Gaza ?

À nouveau Israël attaque Gaza et les médias internationaux relaient des images de désolation. Cependant la sidération que provoque l'horreur quotidienne de cette nouvelle guerre ne doit pas nous empêcher de l'analyser et d'en comprendre les objectifs. Thierry Meyssan répond à cette question.

Le 14 novembre 2012, les Forces armées israéliennes ont lancé l'opération « Colonne de Nuées » contre les installations administratives et militaires du Hamas dans la Bande de Gaza. Dès le premier jour, elles ont assassiné Ahmed Jaabari, numéro 2 de la branche armée de l'organisation palestinienne. Elles auraient également détruit des rampes de lancement souterraines de missiles sol-sol.

« Colonnes de Nuées » a rapidement pris une grande ampleur, l'aviation israélienne multipliant les bombardements. L'état-major israélien a procédé au rappel de 30 000 réservistes, rapidement étendu à 75 000 hommes au risque de désorganiser l'économie. De la sorte, Israël se met en capacité d'envahir la Bande de Gaza avec des troupes au sol.
Cette situation appelle plusieurs explications.

Pourquoi maintenant ?

Tel-Aviv prend l'initiative alors que le pouvoir à Washington est partiellement vacant. On attend la nomination de nouveaux secrétaires d'État et à la Défense. Possiblement, il s'agirait de l'ambassadrice Susan Rice et du sénateur John Kerry. Cependant, une âpre lutte, par presse interposée, tente de disqualifier Mme Rice. Quoi qu'il en soit, les secrétaires d'État et à la Défense sortants sont affaiblis et leurs successeurs ne sont pas encore nommés.
Identiquement Tel-Aviv avait pris une initiative similaire, l'opération « Plomb durci », lors de la période de transition entre les présidents Bush Jr. et Obama.
Certains commentateurs évoquent aussi la proximité des élections législatives israéliennes et laissent entendre que Benjamin Netanyahu et Avigdor Lieberman cherchent à parfaire leur image de faucons intransigeants.
C'est peu probable. En effet, ils lancent cette attaque sans en connaître à l'avance le résultat. Or, en 2008-2009, l'échec de « Plomb durci » fut fatal au gouvernement d'Ehud Olmert.

Dans quel but ?

Traditionnellement les Forces armées israéliennes adaptent leurs objectifs de guerre aux occasions qui se présentent.
Au minimum, il s'agit d'affaiblir la Résistance palestinienne en détruisant infrastructures et administrations dans la Bande de Gaza, comme cela est fait à intervalles plus ou moins réguliers. Cependant, l'affaiblissement du Hamas sera automatiquement profitable au Fatah en Cisjordanie ; et ce dernier ne manquera pas de pousser un peu plus loin sa revendication de reconnaissance d'un État palestinien par les Nations Unies.
Au maximum, « Colonne de Nuées » peut ouvrir la voie à un vieux plan sioniste : la proclamation de la Jordanie comme État palestinien, le transfert de la population de Gaza (voire aussi de Cisjordanie) en Jordanie, et l'annexion des territoires vidés. Dans ce cas, l'opération militaire ne doit pas viser indistinctement tous les responsables du Hamas, mais uniquement ceux qui sont opposés à l'ancien chef politique de l'organisation, Khaled Mechaal. Ce dernier étant appelé à devenir le premier président d'un État palestinien de Jordanie.

Les troubles en Jordanie sont-ils liés ?

La guerre de Syrie a étouffé l'économie jordanienne. Le Royaume s'est rapidement endetté. Le gouvernement a annoncé le 13 novembre (c'est-à-dire la veille du déclenchement de « Colonne de Nuées ») une hausse des prix de l'énergie allant jusqu'à 11 % pour les transports publics et 53 % pour le gaz domestique. Cette nouvelle a alimenté un mouvement de contestation qui existe à l'état rampant depuis le début de l'année. Immédiatement, environ la moitié des 120 000 professeurs des écoles publiques ont fait grève.
Vendredi 16, plus de 10 000 personnes ont manifesté au cœur d'Amman aux cris de :  « La liberté vient de Dieu ! », « Abdallah ton temps est révolu ! », « Le peuple veut la chute du régime ! ». Le cortège est parti de la mosquée Husseini et était encadré par les Frères musulmans.
Les Frères musulmans, qui ont conclu un accord avec le département d'État US et avec le Conseil de coopération du Golfe, sont déjà au pouvoir au Maroc, en Tunisie, en Libye, en Égypte, et à Gaza. En outre, ils contrôlent la toute nouvelle Coalition nationale syrienne. Ils ambitionnent de gouverner la Jordanie avec ou sans le roi Abdallah II.
Le plus célèbre des Frères musulmans jordanien est Khaled Mechaal, ancien chef de la branche politique du Hamas. Mechaal a vécu en exil de 2001 à 2012 à Damas, sous la protection de l'État syrien. En février 2012, il a soudain accusé le gouvernement de Bachar el-Assad de réprimer son propre peuple et a choisi de déménager au Qatar où l'émir Hamad al-Thani s'est montré particulièrement généreux avec lui.

Les troubles en Syrie sont-ils liés ?

En juin dernier, un accord de paix a été conclu à Genève par les grandes puissances. Toutefois, il a été immédiatement saboté par une faction US qui a organisé des fuites dans la presse à propos de l'implication occidentale dans les événements, forçant ainsi le médiateur Kofi Annan à démissionner. Cette même faction a alors par deux fois tenté d'en finir militairement en organisant deux attaques massives de Damas, le 18 juillet et le 26 septembre. Au vu de ces échecs, l'administration Obama est revenue à l'accord initial et s'est engagée à le mettre en œuvre après l'élection présidentielle et le changement de cabinet.
L'accord prévoit le déploiement d'une Force de paix des Nations Unies, principalement composée de contingents de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC). Cette force aurait pour mission de séparer les belligérants et d'arrêter les jihadistes étrangers introduits en Syrie. En laissant la Russie se réinstaller au Proche-Orient, Washington espère se soulager du fardeau de la sécurité d'Israël. La Russie veillerait à ce que l'État sioniste ne soit plus attaqué et à ce qu'il n'attaque plus personne. Le retrait militaire US du Proche-Orient pourrait donc se poursuivre et Washington retrouverait une marge de manœuvre qu'il a perdue du fait de son tête-à-tête permanent avec Tel-Aviv.
Dans cette perspective, les partisans de l'expansionnisme israélien doivent agir à Gaza, et éventuellement en Jordanie, avant le déploiement russe.

Quels sont les premières conclusions de la guerre en cours ?

La guerre a mis à l'épreuve la défense anti-aérienne israélienne. L'État sioniste a investi plusieurs centaines de millions de dollars dans la création du « Dôme d'acier », un système capable d'intercepter toutes les roquettes et missiles tirés depuis Gaza ou le Sud du Liban.
Ce dispositif est apparu inopérant lorsque le Hezbollah a envoyé un drone survoler la centrale de Dimona ou lorsqu'il a testé des missiles sol-sol Fajr-5.
Durant les trois premiers jours de « Colonne de Nuées », le Hamas et le Jihad islamique ont riposté aux bombardements israéliens par des salves de roquettes et missiles. Le « Dôme d'acier » serait parvenu à intercepter 210 tirs sur un peu plus de 800. Cependant cette statistique ne signifie pas grand chose : le dispositif ne semble capable d'intercepter que des roquettes assez primitives, comme les Qassam, et être inadapté à tout armement un tant soit peu sophistiqué.

Par Thierry Meyssan sur www.mondialisation.ca le 19/11/2012

Birmanie: Aung San Suu Kyi, icône de la démocratie au nom imprononçable


La chef de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a l'habitude de voir son nom écorché, y compris par ses admirateurs à l'étranger. Mais elle n'en attendait sans doute pas tant de Barack Obama, en visite historique, qui n'a eu de cesse de butter sur son patronyme.

La lauréate du prix Nobel de la paix est connue dans le monde entier, son visage est familier de beaucoup, mais peu prononcent convenablement son nom. Beaucoup l'appellent notamment 'Ang San Sou Ki', alors qu'il faut lui préférer 'Ang San Sou Tchi'.

Obama, lui, ne sera guère parvenu à conserver la bonne prononciation.

Entre la conférence de presse de Bangkok dimanche soir, où le président a buté entre le "San" et le "Suu", et ses quelques mots au domicile de l'opposante lundi, où il a remplacé le "San" par un "Yan" malencontreux, la députée a avalé bien des couleuvres.

Et pendant son discours de l'université, le président a alterné le bon, le moins bon et le franchement moyen.

En revanche, Barack Obama a fait assaut d'amabilité en acceptant d'appeler le pays "Myanmar" et non "Burma" dans une conversation avec Thein Sein, suivant ainsi la dénomination officielle du pays, renommé il y a une vingtaine d'années par la junte.

Les militaires estimaient à l'époque que l'ancien nom en anglais "Burma", outre sa connotation coloniale, favorisait la majorité ethnique "birmane" ou "bamar", aux dépends des nombreuses minorités ethniques du pays.

Mais le changement a fait l'objet depuis d'un combat politique, l'opposition se refusant à s'y plier. Il y a un an, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton en visite officielle avait préféré parler pudiquement de "ce pays".

Cette fois, Obama a fait un effort. Il a parlé de "Myanmar" avec Thein Sein et de "Burma" avec... avec qui déjà ?

Le 19/11/2012 sur www.google.com
 

mardi 13 novembre 2012

Syrie : Le trajet des gazoducs qataris décide des zones de combat !

 
 
Selon toute vraisemblance, le dossier du gaz est « l'arrière plan » essentiel de la guerre contre la Syrie et plus particulièrement de la guerre qui frappe la région de Homs. Le quotidien Al-Akhbar a obtenu des informations en provenance de sources sûres qui se résument à dire qu'il existe un plan qatari, approuvé par l'administration US, dont l'objectif est la mise en place d'un nouveau gazoduc destiné au transport du gaz qatari vers l'Europe ; la Turquie et Israël étant parties prenantes.
 
De plus en plus, tout porte à croire que le gaz est le vrai fond du problème de la guerre contre la Syrie. C'est à partir de fuites émanant d'un géant pétrolier occidental que le quotidien Al-Akhbar a obtenu des informations, fiables, donnant les détails d'un projet qatari, soutenu par les États-Unis, et concernant la construction d'un nouveau gazoduc qui transporterait le gaz du Qatar vers l'Europe via la région syrienne de Homs. Cette ville et sa région sont donc le « nœud » ou le « cœur géographique » de ce projet qui, du même coup, offrirait des avantages stratégiques à la Turquie et à Israël dans l'équation du commerce gazier mondial.

Ce nouveau gazoduc devrait emprunter une « voie terrestre » qui démarre du Qatar, traverse le territoire saoudien, puis le territoire jordanien évitant ainsi le territoire irakien, pour arriver en territoire syrien et plus précisément à Homs. À partir de Homs le gazoduc devrait bifurquer dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, Turquie.

Le but principal de ce projet est d'acheminer le gaz qatari et israélien vers le continent européen pour le distribuer à toute l'Europe, avec un triple objectif. Le premier : casser le monopole gazier russe en Europe. Le second : libérer la Turquie de sa dépendance du gaz iranien. Le troisième : donner à Israël une chance d'exporter son gaz vers l'Europe par voie terrestre et au moindre coût.


Pourquoi Homs ? 

Globalement, les objectifs cités plus haut ne pourraient être atteints si l'itinéraire du gazoduc rêvé ne passait pas par la région de Homs destinée à être « le carrefour principal du projet », parce que le gaz qatari ne dispose pas d'alternative pour rejoindre l'Europe, sinon que de recourir à de gros porteurs par voie maritime ; ce qui serait plus long, d'un coût plus élevé, et non sans danger pour certaines zones du parcours.  

Selon les informations issues de cette même compagnie pétrolière occidentale, le Qatar envisage aussi d'acheter mille cargos pour développer sa flotte maritime de transport du gaz avec l'ambition de s'impliquer dans un projet américain beaucoup plus vaste destiné à revoir l'équation du commerce gazier mondial. À la clé, deux modifications significatives. La première est fonction des découvertes de gaz en mer Méditerranée par Israël. La seconde est fonction de l'éventuelle exploitation des événements en Syrie, après création d'une situation politique qui permettrait de faire de Homs le carrefour principal de l'exportation du gaz qatari et israélien vers l'Europe.

Toujours selon ces mêmes sources, les zones du territoire syrien où les bandes armées de la dite « opposition syrienne » bénéficient du soutien US, qatari et turc – c'est-à-dire, le nord, Homs, et les envions de Damas – se superposent à celles du trajet que devrait suivre le gazoduc dans sa route vers la Turquie et Tripoli, si jamais elles finissaient par tomber sous le contrôle des forces de l'opposition inféodée aux trois parties. En effet, la comparaison de la carte des zones de combat avec celle du tracé du gazoduc qatari démontre bien la relation entre l'activisme armé et l'objectif de contrôler, coûte que coûte, ces zones syriennes.

Une fois arrivé en Syrie, le gazoduc devrait suivre deux lignes. La première irait des environs de Damas pour arriver à une trentaine de Kms de deux carrefours qui seraient An-Nabk et Al-Kussayr, puis de Homs il se dirigerait vers Tripoli et Lattaquié via Talbisseh et Al-Rastan. La deuxième ligne devrait parcourir le nord de la Syrie en allant de Homs vers Maarat al-Nu'man puis Idlib, avant de rejoindre la Turquie. Autant de villes syriennes que l'opposition armée cherche effectivement  à contrôler.

Les mêmes sources affirment que de leur point de vue, Robert Ford [Ambassadeur des USA en congé de la Syrie, NdT] et Frederick Hoff [Le chargé du dossier gaz au Levant] sont tous deux membres de la « Cellule de crise syrienne aux USA » et se partagent les rôles. Le premier organise les activités de l'opposition armée anti-syrienne sur le terrain, de manière à ce qu'elles répondent aux exigences de la mise en place du gazoduc qatari, dont le tracé a été préalablement concocté par le second. De plus, Robert Ford a reçu une nouvelle charge consistant à mettre en place un mini-gouvernement syrien, à l'étranger, ayant des ramifications au sein des groupes et organisations armées sévissant dans le nord de la Syrie, à Damas et à Homs dans le but de réussir la partition de la Syrie selon une carte superposable à celle des deux lignes du gazoduc, celle allant vers la Turquie, et celle allant vers Tripoli au Liban ; tout en ménageant d'autres régions pour le « régime » [!?; NdT]

 Avantages pour la Turquie 

Ce projet de gazoduc procure à la Turquie de multiples avantages stratégiques et économiques. Un : elle deviendrait un passage vital pour l'Europe qui pourrait ainsi diversifier ses sources de gaz pour ne plus dépendre que du gaz russe ; ce que les USA encouragent vivement. Deux : elle pourrait réaliser son vœu d'entrer dans le club européen. Trois : elle serait soulagée de ne plus dépendre quasi-totalement du gaz iranien ; ce qui ajouterait à sa valeur géostratégique. Quatre : elle réduirait sa facture énergétique exorbitante et toucherait, en plus de tout le reste, les dividendes payés par le Qatar et Israël pour le droit de passage de leur gazoduc à destination de l'Europe.

Avantages pour Israël

Du même coup, Israël serait candidate à devenir à son tour un « Émirat gazier majeur » en l'espace de cinq ans environ, du fait  de son exploitation du gaz  des deux champs « Leviathan » et « Tamar » partagés avec le Liban. Selon des études françaises, les capacités de ces gisements dépassent celles de « North Dome-South Pars » commun au Qatar et à l'Iran, et considéré comme le plus grand champ gazier du monde… Israël et le Qatar ont donc besoin d'emprunter la route de Homs vers l'Europe, parce que les alternatives sont très coûteuses, d'autant plus que le « Canal de Suez » n'est pas adapté à recevoir les gros cargos de pétrole et de gaz prévus à cet effet.

Avantages pour le Liban ? 

Il n'est pas inintéressant de noter la remarquable transformation positive de l'attitude de Doha à l'égard du Premier ministre libanais Najib Mikati, lors de sa dernière visite au Qatar. Non seulement le boycott diplomatique et économique est levé, mais l'ouverture est totale. On ne menace plus d'expulser les libanais travaillant sur le territoire qatari. On propose la mise en place de projets de développement pour soutenir et renforcer la stabilité économique du pays. Encore mieux, on se propose d'offrir une assistance financière au port de Tripoli, lequel est destiné à suppléer au port syrien de Lattaquié en cas de nécessité. Il n'est pas inintéressant, non plus, de noter que la raffinerie de Tripoli ne fonctionne plus depuis des années, mais qu'existent toujours des réservoirs de stockage de pétrole, non de gaz. Mais il est parfaitement possible de réhabiliter le port et d'y amener les installations nécessaires à la liquéfaction et au stockage du gaz. En même temps, ce serait l'une des options d'expédition du gaz qatari vers l'Europe !

Et la Russie dans tout ça ? 

Toujours selon les mêmes sources, la Russie aurait informé le Liban qu'elle ne sera pas d'accord avec ce dernier projet d'exploitation du gaz méditerranéen avant d'obtenir des garanties de l'Occident lui attestant qu'il ne chercherait pas à changer le « régime » en Syrie ; exigence qui ne serait nullement incompatible avec la poursuite des travaux de prospection gazière par des sociétés russes dans le secteur. Ceci, parce que ces sociétés ne doivent pas s'absenter au moment du boom gazier méditerranéen ; sans oublier que l'Iran, l'Irak, et la Syrie ont un projet commun partant de leurs propres territoires. Il consiste tout simplement à ce qu'un gazoduc iranien, traverse l'Irak pour arriver à Homs, avant de bifurquer vers Lattaquié et Tripoli…

Nasser Charara le 13/11/2012

Article original :
Al-Akhbar [Liban] سوريا | مساعٍ قطرية لتأمين خط أنابيب إلى حمص ليتفرّع إلى أوروبا http://www.al-akhbar.com/node/171421 Article traduit de l'arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca 

Lire aussi :
Syrie : La guerre pour le gaz ! Un conflit international à manifestation régionale
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30652
Liban : La ligne bleue maritime au service de l'ambition israélienne ! La guerre pour le gaz ne concerne pas que la Syrie…http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30841

jeudi 11 octobre 2012

La Chine ne vous fait plus d’ombre sur le marché du solaire

Vous savez ce qu'il se passe lorsque nos économies ralentissent ? On cherche des boucs émissaires. C'est tout l'objet de la multiplication des plaintes déposées à l'OMC ces deux dernières années. La multiplication des attaques permet d'espérer un changement de notre situation. Or actuellement un adversaire est tout désigné pour revêtir le costume de bouc émissaire numéro un, la Chine.

Après les pneus, les turbines éoliennes et les terres rares, c'est au tour des panneaux photovoltaïques d'être dans le viseur des fonctionnaires de l'institution suisse.

Les subventions de la Chine à son économie, on ne peut pas vraiment appeler ça un scoop. Mais cette politique a commencé sérieusement à inquiéter lorsque des manifestations se sont multipliées dans les pays développés pour les dénoncer. L'année dernière, une série de faillites retentissantes a servi de déclencheur. Solyndra, Evergreen, SpectraWatt, ECD aux Etats-Unis, Solon, Solar Millennium et Q-Cells en Europe, sont désormais présentées comme les victimes des manipulations chinoises. C'est pourquoi les Etats-Unis, en premier lieu, ont décidé de réagir.

Cette semaine, le Département du commerce américain a confirmé qu'après 11 mois d'enquête, les Etats-Unis étaient victimes d'un dumping chinois (vente à perte). Cette décision ouvre la porte, selon les règles de l'OMC, à la mise en place de droits anti-dumping et des droits compensateurs sur ces produits. Après les Américains, c'est l'Union européenne qui pourrait leur emboîter le pas. La mise en place de taxes aux importations pourrait gravement affecter les producteurs chinois.

Ces décisions vont probablement amorcer un véritable rééquilibrage du marché du solaire dans le monde. Alors que le secteur chinois devrait ralentir, c'est peut-être au tour des Occidentaux de récupérer le fruit de leurs investissements. Mais seules quelques compagnies en profiteront.

Suivez le guide !

Les Etats-Unis montrent les dents

L'attitude chinoise était tolérée jusqu'à ce que ses pratiques de subvention ne commencent à affecter la croissance américaine et surtout un des secteurs qui a longtemps été présenté comme un important vivier d'emplois.

En mars dernier, les Etats-Unis ont ainsi mis en place des taxes de 2,9% à 4,73% sur les importations des trois principaux fabricants chinois. Devant être confirmées par le ministère du Commerce en octobre, ces taxes avaient dans un premier temps été bien reçues par les constructeurs chinois visés. Estimaient-ils bien s'en sortir compte tenu de la situation ? Une étude de Bloomberg avait révélé que la China Development Bank versait pas moins de 43,2 milliards de dollars à 12 compagnies chinoises d'énergie solaire depuis 2010. Elles ne s'en sortaient pas si mal.

Mais cette semaine, la Chine a blêmi devant la confirmation du ministère. Pékin a exprimé son "vif mécontentement", alors que le ministère du Commerce a confirmé mercredi dernier la volonté de l'Etat d'imposer des taxes comprises désormais entre 14,78% et 15,97%, soit bien plus élevées que les premiers taux fixés en mars. L'US International Trade Commission devrait en novembre officialiser les taxes aux importations.

La Chine n'a pas de marge de manœuvre

On a rapidement parlé de guerre commerciale entre les deux partenaires. Le terme reste exagéré. Au mieux pourrait-on parler d'escarmouche, même si le climat électoraliste actuellement aux Etats-Unis a tendance à exacerber les tensions. A mon avis, il est peut probable de voir la Chine prendre des mesures sérieuses de représailles contre l'Amérique.

Car l'empire du Milieu a bien plus à perdre à réduire son commerce avec les Etats-Unis que ces derniers. Rappelez-vous, si la Chine représente 0,5% du PIB américain, les Etats-Unis représentent 8.3% du PIB chinois. Plutôt, je m'attends à une consolidation du secteur du solaire en Chine. Car sans l'effet des subventions, de nombreux acteurs chinois sont en mauvaises postures financières. Li Junfeng, ancien directeur de la section Energie et Politique Climatique au sein de la National Development and Reform Commission, avait révélé cette année que les deux-tiers des producteurs de panneaux solaires chinois doutaient pour le futur de leur activité.

D'ailleurs la consolidation du secteur chinois est d'autant plus probable que l'Europe est en train de réfléchir à la mise en place de mesures similaires.

L'Union européenne pourrait achever le travail

Comme aux Etats-Unis, ce sont les industriels qui ont tiré les premiers. Le groupe EU ProSun, qui regroupe les industriels du secteur du solaire en Europe, a saisi à deux reprises la Commission européenne pour dénoncer le dumping des firmes chinoises.

Des mesures similaires à celles prises aux Etats-Unis auraient un impact encore plus fort. Un tiers de la production de panneaux solaires en Chine va en direction de l'Europe. Surtout, Vieux Continent fait partie avec les Etats-Unis du plus grand marché solaire du monde. La perte d'un marché représentant 27 milliards de dollars (en 2011) serait catastrophique pour les producteurs chinois. Pourtant, c'est ce vers quoi se dirige la Commission européenne.

A quoi faut-il s'attendre ?

Une consolidation du secteur en Chine devrait permettre aux acteurs américains et européens d'accroître leurs mages à nouveaux. Pourtant, tous les acteurs américains et européens n'en profiteront pas, seuls ceux ne dépendant pas des importations chinoises de composants.

Une compagnie comme First Solar est donc en bonne position pour profiter de l'essor du marché américain. Sur le secteur européen, une compagnie française est en train de développer des technologies haut de gamme pour profiter de l'élan du marché du solaire. Une meilleure protection du marché profiterait à cette petite valeur que je surveille de près.

Par Florent Detroy sur http://edito-matieres-premieres.fr le 11/10/2012

mercredi 10 octobre 2012

Vers un retrait occidental de Syrie


Nikolay Bordyuzha met sur place une force de maintien de la paix de 50 000 hommes

La situation militaire en Syrie s'est retournée au détriment de ceux qui espéraient à Washington et à Bruxelles parvenir à changer le régime par la force. Les deux tentatives successives de prise de Damas ont échoué et il est désormais clair que cet objectif ne pourra pas être atteint.

Le 18 juillet, une explosion décapitait le Conseil de sécurité nationale et donnait le signal d'une vaste offensive de dizaines de milliers de mercenaires convergeant de Jordanie, du Liban, de Turquie et d'Irak sur la capitale. Après quelques jours de bataille acharnée, Damas était sauvée, la fraction de la population hostile au gouvernement choisissant par patriotisme d'aider l'Armée nationale plutôt que d'accueillir l'ASL.

Le 26 septembre, des jihadistes d'Al-Qaida pénétraient dans l'enceinte du ministère de la Défense, déguisés en soldats syriens et munis de faux papiers. Ils voulaient faire sauter leurs ceintures d'explosifs dans le bureau de l'état-major, mais ne parvinrent pas à proximité suffisante de leur cible et furent abattus. Une seconde équipe devait s'emparer de la télévision nationale et lancer un ultimatum au président, mais elle ne put s'approcher du bâtiment car son accès avait été bloqué dans les minutes suivant la première attaque. Une troisième équipe s'est dirigée vers le siège du gouvernement et une quatrième devait attaquer l'aéroport.

Dans les deux cas, l'OTAN, qui coordonnait les opérations depuis sa base turque d'Incirlik, espérait  provoquer une fracture au sein de l'Armée arabe syrienne et s'appuyer sur certains généraux pour renverser le régime. Mais les généraux en question avaient été identifiés comme traîtres depuis longtemps et privés de tout commandement effectif. Il ne s'est donc rien passé de significatif et le pouvoir syrien est sorti renforcé de ces deux coups ratés. Il a trouvé la légitimité intérieure nécessaire pour se permettre de passer à l'offensive et d'écraser rapidement l'ASL.

Ces échecs ont fait perdre leur superbe à ceux qui caracolaient par avance en affirmant que les jours de Bachar el-Assad étaient comptés. Par conséquent, à Washington, les partisans du retrait sont en train de l'emporter. La question n'est plus de savoir combien de temps le « régime de Bachar » tiendra encore, mais s'il est plus coûteux pour les États-Unis de continuer cette guerre ou de l'arrêter. La continuer, c'est provoquer l'effondrement économique de la Jordanie, c'est sacrifier ses alliés au Liban, c'est risquer la guerre civile en Turquie, et c'est devoir protéger Israël de ce chaos. L'arrêter, c'est laisser les Russes se réinstaller au Proche-Orient et c'est renforcer l'Axe de la Résistance au détriment des rêves expansionnistes du Likoud.

Or si la réponse de Washington tient compte du paramètre israélien, elle ne prend plus en considération l'avis du gouvernement Netanyahu. Celui-ci a fini par indisposer à la fois en raison de ses manipulations derrière l'assassinat de l'ambassadeur Chris Stevens et à cause de son ahurissante ingérence dans la campagne électorale US. En définitive, si l'on envisage la protection à long terme d'Israël et non pas les exigences extravagantes de Benjamin Netanyahu, la présence russe est la meilleure solution. Avec 1 million d'Israéliens russophones, jamais Moscou ne laissera mettre en péril la survie de cette colonie.

Un retour en arrière est ici nécessaire. La guerre contre la Syrie a été décidée par l'administration Bush, le 15 septembre 2001 lors d'une réunion à Camp David, comme l'a notamment attesté le général Wesley Clark. Après avoir été repoussée plusieurs fois, l'action de l'OTAN a dû être annulée en raison des vétos russe et chinois. Un « plan B » a alors été mis sur pied : recourir à des mercenaires et à l'action secrète puisque le déploiement de soldats en uniforme était devenu impossible. Cependant, l'ASL n'ayant pas marqué une seule victoire contre l'Armée arabe syrienne, beaucoup ont pronostiqué que le conflit serait interminable et minerait progressivement les États de la région, y compris Israël. Dans ce contexte, Washington a conclu le 30 juin un accord avec la Russie à Genève, sous la houlette de Kofi Annan.

Toutefois, le camp de la guerre a fait capoter cet accord en organisant des fuites dans la presse sur l'engagement occidental secret dans le conflit ; fuites qui ont contraint Kofi Annan à la démission immédiate. Le camp de la guerre a joué ses deux cartes maîtresses les 18 juillet et 26 septembre et a perdu. Dès lors, Lakhdar Brahimi, le successeur d'Annan, a été prié de ressusciter et de mettre en œuvre l'Accord de Genève.

Pendant ce temps, la Russie n'a pas chômé. Elle a obtenu la création d'un ministère syrien de la Réconciliation nationale, elle a supervisé et protégé la réunion à Damas des partis d'opposition nationale, elle a organisé des contacts entre les états-majors US et syrien, et elle a préparé le déploiement d'une force de paix. Les deux premières mesures ont été prises à la légère par la presse occidentale et les deux dernières ont été carrément ignorées.

Pourtant, comme l'a révélé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, la Russie a répondu aux craintes de l'état-major US relatives aux armes chimiques syriennes. Elle a pu vérifier que celles-ci étaient stockées dans des lieux suffisamment sécurisés pour ne pas tomber dans les mains de l'ASL, être détournées par des jihadistes et utilisées par eux aveuglément, sauf changement de régime. Elle a pu donner ainsi des garanties crédibles au Pentagone que le maintien au pouvoir d'un leader qui a prouvé son sang-froid comme Bachar el-Assad est une situation plus gérable, y compris pour Israël, que l'extension du chaos à la Syrie.

Surtout, Vladimir Poutine a accéléré les projets de l'Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC), l'Alliance défensive anti-OTAN réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et bien sûr la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTSC ont adopté une position commune sur la Syrie [1]. La logistique a été installée pour un éventuel déploiement de 50 000 hommes [2]. Un accord a été signé entre l'OTSC et le département onusien de maintien de la paix pour que des « chapkas bleues » puissent être déployées dans les zones de conflit sous mandat du Conseil de sécurité [3]. Et des manœuvres communes ONU/OTSC auront lieu du 8 au 17 octobre au Kazakhstan sous le titre « Fraternité inviolable » pour finaliser la coordination entre les deux organisations intergouvernementales. La Croix-Rouge et l'OMI y participeront [4].

Aucune décision ne saurait être officialisée par les États-Unis durant leur campagne électorale présidentielle. Dès que celle-ci sera terminée, la paix sera envisageable.

Par Thierry Meyssan, Global Research sur www.mondialisation.ca le 10/10/2012

Source originale : Tichreen (Syrie)

[1] « Министры иностранных дел государств-членов ОДКБ одобрили заявления по Сирии и ситуации вокруг Ирана », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012.
[2] « Путину предлагают ввести войска в Сирию », Izvestia, 1er juin 2012.
[3] « ОДКБ и ООН подписали Меморандум по миротворческой деятельности », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012. « Conflits armés : l'ONU et l'OTSC signent un mémorandum », RIA Novosti, 29 septembre 2012.
[4] « Первое миротворческое учение государств-членов ОДКБ "НЕРУШИМОЕ БРАТСТВО-2012″ пройдет с 8 по 17 октября в Республике Казахстан на трех полигонах под Алматы », Communiqué de l'OTSC. 3 octobre 2012

vendredi 5 octobre 2012

La Russie appuie Islamabad contre les frappes de drones

"La Russie soutient le point de vue du Pakistan sur les drones", titre le quotidien The Nation. Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré jeudi 4 octobre, lors d'une visite à Islamabad, qu'"il n'[était] pas acceptable de violer la souveraineté et l'intégrité d'un Etat" et que la Russie "[soutenait] totalement le point de vue pakistanais" sur les frappes américaines. Il a aussi appuyé Islamabad sur le dossier afghan en déclarant que la réconciliation devrait être menée par les Afghans eux-mêmes. Les présidents des deux pays doivent se rencontrer prochainement.
 
Sur www.courrierinternational.com le 05/10/2012

mardi 25 septembre 2012

Mer de Chine : la guerre menace

Le 10 septembre, répondant à la décision de rachat des îles Senkaku à leur propriétaire privé par le gouvernement japonais, le ministère chinois des affaires étrangères a publié un communiqué en forme d'ultimatum faisant porter à Tokyo la responsabilité de "toutes les conséquences qui pourront s'ensuivre". Pékin rappelle que la Chine n'acceptera plus d'être "intimidée" et défendra le territoire "sacré" de la patrie. Le risque est désormais de voir le piège d'un engrenage incontrôlable se refermer en mer de Chine.
 
Condamnées à agir face à une opinion publique chauffée à blanc, les autorités chinoises ont dépêché une dizaine de bâtiments de surveillance et levé le moratoire sur la pêche dans la zone revendiquée par Pékin. Des centaines de bateaux pourraient se diriger vers les eaux territoriales japonaises, dans une exploitation des moyens civils au service d'un objectif militaire, selon les principes de la stratégie chinoise qui prône une "guerre sans limite". D'ores et déjà, les menaces de rétorsions économiques et de boycottage des produits japonais ont été utilisées sur Internet ou dans la presse chinoise. On se souvient qu'en 2010 la Chine avait utilisé l'arme du contrôle des exportations des terres rares - vitales pour l'industrie nippone de haute technologie - pour faire pression sur Tokyo alors que les tensions s'accumulaient en mer de Chine orientale.
 
Dans le même temps, des manifestations violentes accompagnées de pillages, autorisées, si ce n'est organisées par les autorités chinoises, se sont produites sur le territoire. Les biens et les personnes originaires de l'Archipel sont menacés et de grandes entreprises japonaises parlent à nouveau de quitter un territoire chinois où l'instabilité et les risques deviendraient trop élevés.
 
Conséquence immédiate, la Bourse de Shanghaï s'est effondrée et certains, en Chine, commencent à redouter les effets sur la croissance de cette stratégie de la tension. Si la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Japon, l'Archipel contrôle des technologies vitales pour l'économie chinoise et demeure l'un des principaux investisseurs étrangers en Chine devant les Etats-Unis et l'Union européenne.
 
Les tensions autour de l'archipel des Senkaku-Diaoyu en mer de Chine orientale, administré par le Japon mais revendiqué par Pékin depuis 1971, ne sont pas isolées. Elles s'inscrivent dans un triple phénomène de manipulation des sentiments nationalistes en Chine depuis le milieu des années 1990, d'émergence décomplexée d'une puissance chinoise qui a semblé triomphé seule de la crise de 2008, mais aussi de développement d'un sentiment paradoxal de fragilité du régime chinois confronté à des tensions économiques, sociales et politiques. Ce sentiment de fragilité est encore accru par les incertitudes de la transition politique que le 18e congrès du Parti communiste devrait entériner au mois d'octobre.
 
Le nationalisme, qui contribue à la légitimité du Parti, a pour principal objet le Japon, ennemi d'hier, puissance rivale aujourd'hui, allié des Etats-Unis et catalyseur de toutes les frustrations d'une puissance chinoise qui cherche à s'imposer dans sa zone. Au lendemain du 36e anniversaire de la mort de Mao, le premier ministre, Wen Jiabao, rappelait - à nouveau - le "siècle d'humiliation " que la Chine a traversé il y a peu, nourrissant un peu plus un sentiment de revanche très présent dans la population. "L'éducation patriotique" et sa dimension antijaponaise ont pris une part croissante dans la jeunesse et ont accompagné la reprise en main idéologique qui a suivi les événements de Tiananmen dans les années 1990. Alors que des réformes politiques graduelles apparaissent comme la seule stratégie viable de survie à long terme du régime, la crainte d'une "évolution pacifique" qui viendrait limiter l'influence des réseaux qui contrôlent le pouvoir chinois pousse au contraire au repli idéologique et à l'exploitation des sentiments nationalistes les plus exacerbés.
 
De leur côté, depuis 2008, les Etats-Unis ont été très touchés par la crise et Pékin a cru avoir le champ libre en Asie pour "saisir les opportunités" et imposer son leadership de puissance "émergente" face à une puissance "en déclin".
 
Les avancées de Pékin en mer de Chine depuis 2009, la constante mise en avant des "intérêts vitaux" - dont la mer de Chine semble faire partie - que le régime doit être prêt à défendre, y compris par la force, témoignent de cette assurance nouvelle du régime chinois en Asie.
 
Dans ce contexte, la stratégie de réengagement des Etats-Unis dans la zone, confirmée par le secrétaire d'Etat américain Leon Panetta, à l'occasion du dialogue Shangri-La qui s'est tenu à Singapour en juin, constitue pour la Chine un autre motif de déception et de frustration. La tentation est grande à Pékin, alors que les Etats-Unis entrent dans la dernière phase de leur période électorale, et que la relation avec la Chine constitue aussi un enjeu de la rivalité entre le président Barack Obama et Mitt Romney, de tester la réalité de cette volonté de réengagement de la puissance américaine en Asie.
Mais dans le même temps, en dépit de cette assurance nouvelle, le pouvoir chinois est conscient de ses faiblesses et de ses divisions. L'affaire Bo Xilai a révélé la corruption profonde du système. Signe de ce très grand sentiment d'incertitude, la "disparition" du vice-président Xi Jinping, pendant plus de deux semaines, a donné lieu, sur Internet, aux spéculations les plus folles.
 
Longtemps facteur de satisfaction pour le régime, le contexte économique est plus incertain alors que les effets de la crise mondiale se font sentir sur une économie très dépendante des exportations. Le rééquilibrage de la croissance est un échec. La consommation intérieure ne représente que 35 % du PIB, dix points de moins qu'en 2000, et l'indice Gini, indicateur des inégalités, est l'un des plus élevés au monde. Signe inquiétant pour le régime, comme à l'époque des Boxers lorsque la dynastie des Qing finissante tentait de manipuler le mécontentement populaire contre les étrangers, comme en 1919 lorsque le mouvement patriotique s'élevait contre une puissance japonaise à qui le traité de Versailles avait attribué les possessions allemandes du Shandong, certains des slogans utilisés dans les manifestations aujourd'hui dénoncent la corruption et l'inefficacité du pouvoir en place.
 
C'est dans ce contexte que, depuis 2009, les incidents et les provocations se multiplient en mer de Chine, face au Japon, mais aussi face aux Philippines, au Vietnam ou à l'Indonésie et même face aux Etats-Unis. Alors qu'en Asie du Sud-Est la Chine pouvait apparaître comme le moteur d'une régionalisation économique réussie, la multiplication des incidents sur mer, le caractère de moins en moins "pacifique" de l'émergence de la puissance chinoise la font apparaître aujourd'hui comme une menace fédérant dans une même inquiétude la quasi-totalité de l'Asie du Pacifique à l'océan Indien.
 
Face à cette menace, accrue par l'opacité du système politique chinois et les interrogations sur le rôle des éléments les plus radicaux - militaires ou civils - dans les prises de décision, la volonté de "retour vers l'Asie" des Etats-Unis a été très appréciée dans la région. Loin de la fin de l'histoire, ce sont des rapports de force proches de ceux de la guerre froide ou de l'Europe à la veille de la première guerre mondiale qui se mettent en place en Asie.
 
Aux Philippines, au Vietnam, des manifestations antichinoises sont organisées à chaque nouvelle crise, et Hanoï et Washington jettent les bases d'une coopération militaire. Au Japon, on veut croire aux déclarations de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en 2010 plaçant l'archipel des Senkaku dans le périmètre couvert par l'accord de défense unissant Tokyo et Washington.
 
Dans la région, le développement des capacités militaires s'accélère. Alors que la Chine exhibe son nouveau porte-avions, le Vietnam achète des sous-marins à la Russie et les Etats-Unis annoncent l'élargissement de leur système de défense antimissile en Asie. Face à Pékin, Washington est confronté à un dilemme difficile à résoudre. Jouer l'apaisement et rester en marge serait donner carte blanche à un régime chinois qui ne raisonne qu'en termes de jeux à somme nulle. Ce retrait, en minant la confiance des alliés et partenaires des Etats-Unis, aurait des effets déstabilisateurs et pourrait précipiter une crise plus grave encore. A l'inverse, le jeu des alliances pourrait déclencher un conflit majeur dans la région.
 
D'ores et déjà, certains analystes en Chine tentent d'appeler les Etats-Unis "à la raison" et de persuader Tokyo de la fragilité de l'alliance de défense nippo-américaine. Il n'est pas certain que l'Europe ait pris la mesure de ces défis cruciaux dans une région qui voit transiter une part majeure du commerce mondial et concentre trois puissances nucléaires, sans compter les Etats-Unis et la Russie. Dans le contexte d'une crise économique, la tentation de la réduction des budgets de la défense est grande. Celle du retrait aussi. Pourtant, en dépit de l'éloignement géographique, les préoccupations des autres puissances asiatiques doivent être prises en compte face à une Chine dont les orientations stratégiques inquiètent. Dans un monde aussi globalisé, la montée des tensions en Asie aura des conséquences considérables sur nos propres équilibres et nos propres choix.
 
Spécialiste des relations internationales et des questions stratégiques en Asie, Valérie Niquet est depuis 2010 responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Elle est également membre de l'Académie des sciences d'outre-mer et rédactrice en chef de la revue "Monde chinois-Nouvelle Asie". On lui doit une traduction critique en français de "Deux commentaires de Sun Zi" (Economica, 1994). Parmi ses nombreux articles et ouvrages, "Chine-Japon : l'affrontement" a été publié en 2006 chez Perrin.
 
Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la FRS sur www.lemonde.fr le 24/09/2012