vendredi 13 février 2015

Birmanie : heurts entre l'armée et des rebelles dans le Nord

Près de 50 soldats birmans ont été tués ces derniers jours au cours d'affrontements avec des rebelles dans une zone frontalière avec la Chine, ont annoncé vendredi 13 février des médias officiels. Les combats font rage depuis le 9 février dans la région de Kokang, dans l'Etat Shan, réveillant un vieux conflit en sommeil depuis près de six ans.

« Les combats ont fait 47 morts dans les rangs des forces gouvernementales ainsi que 73 blessés, et cinq véhicules ont été détruits », indique le journal Global New Light of Myanmar. Environ 200 rebelles de l'ethnie chinoise des Kokang ont attaqué jeudi une base militaire, faisant notamment usage de mortiers contre le quartier-général, précise le journal. L'armée a mené cinq raids aériens en représailles.

TENSIONS AUTOUR DES RESSOURCES MINIÈRES

Ces combats interviennent alors que des affrontements réguliers ont lieu ces derniers mois dans d'autres parties des Etats Shan et Kachin, dans le nord du pays, laissant planer le doute sur la capacité de la Birmanie a signé un cessez-le-feu. Les autorités avaient annoncé dans un premier temps qu'elles espéraient signer jeudi un accord à l'occasion de la fête nationale. Mais elles ont reconnu que l'accord n'était finalement pas encore prêt.

Le gouvernement quasi civil qui a remplacé la junte en 2011 a promis de mettre fin aux conflits intérieurs alors que la Birmanie est le théâtre, depuis son indépendance des Britanniques en 1948, de conflits armés entre le pouvoir central et plusieurs des nombreuses minorités ethniques du pays. Jeudi dernier, le représentant local des Nations unies a déclaré être préoccupé par les affrontements qui ont éclaté le mois dernier autour de Hpakant dans l'Etat Kachin, piégeant des centaines de civils dans une zone riche en jade. Environ 100 000 personnes de cet Etat ont été déplacées depuis la rupture en juin 2011 du cessez-le-feu qui tenait depuis dix-sept ans. Le contrôle des abondantes ressources minières est une importante source de tensions dans cette zone frontalière de la Chine.

Sur www.lemonde.fr le 13/02/2015

dimanche 8 février 2015

Dangers du détournement des eaux transfrontalières par la Chine

Le Kazakhstan et la Chine ont plus de 20 cours d'eau transfrontaliers, dont les plus importants sont les rivières Irtych, Ili, Talas et Korgas. Les ressources de ces rivières sont la source la plus importante d'eau douce à la fois pour la Chine et le Kazakhstan.

Les deux pays, principalement le Kazakhstan, comprennent l'importance d'une utilisation prudente des ressources de ces cours d'eau transfrontaliers, et du fait que l'augmentation de la consommation d'eau et la dégradation de la qualité de l'eau dans les rivières Ili et Irtych pourraient conduire à une catastrophe écologique dans les lac Balkhach et Zaïsan.
 
Comme l'a reconnu la direction chinoise, le problème de l'eau est devenu l'un des principaux obstacles au développement durable de la Chine. Les bassins d'eau en Chine sont situés de manière très inégale. Si le sud du pays souffrent chaque année de graves inondations, le Nord lui, manque cruellement d'eau potable. L'ouest du pays mène traditionnellement une lutte contre des zones de désertification. Dans cette zone, la consommation d'eau par habitant n'est pas plus d'un tiers de celle des autres régions du pays. La consommation d'eau évolue. Si dans les années 90, le principal consommateur d'eau était l'agriculture avec 82%, à présent, cette part est tombée à 66%, tandis que la part de la consommation industrielle a augmenté à 25%.
 
Compte tenu de l'importance de ce problème, les autorités chinoises ont publié une discussion de niveau ministériel de l'organe exécutif du gouvernement central sur cette question des ressources en eau de la Chine. En outre, ce ministère dispose de succursales dans chaque province. De plus, à la frontière avec l'Asie centrale, la politique à long terme du Xinjiang sur les questions de l'eau a été produite par un département des ressources en eau du Xinjiang. Cette institution permet de contrôler l'exécution des décisions du gouvernement sur les questions de l'eau, et travaille également sur les plans et projets pour la construction des ouvrages hydrauliques sur les rivières du Xinjiang.
 
Depuis la fin des années 90 et au début des années 2000, le gouvernement chinois a lancé un projet à grande échelle pour développer ses régions occidentales. La stratégie du «Grand développement de l'Ouest » inclut des plans pour intensifier l'utilisation des ressources en eau, en particulier dans le territoire du Xinjiang. En particulier, concernant la rivière Irtysh, les autorités chinoises ont développé le dit "Projet 635", qui depuis la fin des années 90, a déployé sur la rivière des travaux de construction de grande échelle. L'un des principaux objectifs du projet était la construction du canal de drainage "Irtysh-Karamay". Le canal a été mis en service en août 2000, sa largeur est de 22 m et sa longueur de 300 km.
 
Il faut garder à l'esprit que la construction d'un canal et d'autres centrales hydroélectriques n'a été que la première étape de la mise en œuvre du «Projet 635», et ces travaux de ce projet se poursuivront jusqu'en 2020. À cet égard, une préoccupation persiste sur le devenir des plans du gouvernement du Xinjiang, visant à accroître la superficie des cultures de coton et de céréales dans la province autonome, ainsi que de fournir de nouvelles installations industrielles de l'eau dans la zone du Karamay.
Les résultats de certaines études kazakhstanaises montrent que le détournement à grande échelle des eaux transfrontalières de la rivière Irtych par la Chine est susceptible d'entraîner les conséquences négatives suivantes pour le Kazakhstan :
 
     - Perturbation de l'équilibre naturel de l'eau et de la nature dans la région du lac Balkhach et Zaïsan
     - Détérioration des conditions épidémiologiques et environnementales dans ces régions, dégradation du climat, accroissement naturel de la concentration de substances nocives dans l'eau, ce qui la rendra pratiquement inutilisable pour la consommation économique et domestique
     - Diminution de la production d'électricité hydroélectrique sur l'Irtysh: jusqu'à 25% d'ici 2030 et jusqu'à 40% d'ici à 2050.
     - Suspension de la navigation sur l'Irtych à partir de 2020
     - Dégradation des prairies des plaines inondables bordant l'Irtych, réduction du réservoir Boukhtarma et séparation du lac Zaïsan
     - Aggravation des problèmes d'approvisionnement en eau des villes et villages côtiers et réduction des récoltes
 
Sur les rives de l'Ili, les autorités chinoises ont  prévu de construire plus de 30 centrales électriques, plus de dix grands réservoirs, barrages et autres ouvrages hydrauliques. À l'heure actuelle, le prélèvement d'eau de la rivière Ili dans le territoire chinois sera selon les prévisions, d'environ 3,5 km3/an, dans les années à venir il pourrait atteindre 5 km3/an. Selon les estimations d'experts, la mise en œuvre des projets prévus sur la rivière Ili conduit au fait qu'en 2050, le débit du fleuve au Kazakhstan sera réduit de 40%.
 
En outre, après la mise en service de sites industriels, principalement pour la production de pétrole et son raffinage, les entreprises situées dans le bassin de la rivière Ili en Chine, augmentera la pollution des eaux de la rivière. Ces problèmes, associés à la rareté de l'eau dans la rivière Ili, peuvent contribuer à une forte diminution de la profondeur du lac Balkhach. La rivière Ili donne environ 75% de l'afflux total du lac Balkhach.

Le principal document officiel qui réglemente les relations du Kazakhstan et de la Chine pour l'eau est un accord signé en 2001 entre les deux gouvernements sur "la coopération dans l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers". À l'heure actuelle, les questions de l'eau sont discutées dans le cadre de la commission mixte kazakho-chinoise sur l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers.
 
En plus de cet accord, dans la période allant de 2001 à ce jour, plus de deux douzaine d'accords et traités régissant l'utilisation rationnelle des ressources des rivières transfrontières entre Kazakhstan et la Chine ont été signés. En conséquence, aujourd'hui, il y a tout le cadre juridique nécessaire pour trouver une solution finale au problème de l'eau entre les deux pays.
 
À ce jour, le Kazakhstan est parvenu à une répartition équitable de la rivière Korgas. Le 13 Novembre 2010, lors de la 7ème réunion de la commission il a signé l'« accord sur la construction conjointe de l'aqueduc Dostyk sur la rivière Korgas ». Les coûts de construction sont divisés à parts égales entre les parties kazakhe et chinoise. Cette infrastructure hydraulique permettra également au deux parties de prendre de l'eau pour l'irrigation. Korgas est la première rivière pour laquelle un accord a été conclu sur la base d'un partage de l'eau à part égale. Le principal objectif du Kazakhstan est d'aboutir aux mêmes dispositions pour les autres cours d'eau transfrontaliers.
 
Les analystes politiques kazakhs relèvent que la Chine continuait à ignorer ce problème malgré ce précédent, mais a fini par l'accepter. A présent, nous pouvons dire que c'est une question bilatérale et que des mécanismes bilatéraux de contrôle de l'utilisation de l'eau ont commencé à émerger.
 
En Avril 2013, se trouvant en visite officielle à la République populaire de Chine, M. Noursoultan Nazarbaïev a entre autres questions, abordées la question et le problème actuel des cours d'eau transfrontaliers. Selon le président de la République populaire de Chine, M. Xi Jinping, la Chine ne fera jamais rien qui nuirait ou créerait des dommages à la partie kazakhstanaise. Ce qui est positif, a été la déclaration de Pékin selon laquelle la Chine ne sera pas dans une position d'égoïsme nationale au sujet de l'eau. La partie chinoise a réaffirmé que l'utilisation des fleuves transfrontaliers sur le territoire de l'une des parties ne devrait pas nuire à l'autre.
 
Selon le ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, Yerlan Idrisov, le Kazakhstan et la Chine ont l'intention de signer un accord sur la répartition entre les deux pays, de l'eau de 24 rivières transfrontalières. En 2013, le ministère des affaires étrangères du Kazakhstan conjointement avec le Ministère de l'Environnement et des Ressources en eau a créé le conseil consultatif sur l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers avec les pays voisins. Ce corps d'experts formulera des recommandations spécifiques pour la promotion des intérêts et des priorités du Kazakhstan dans ce domaine.
Selon M. Idrisov, pour la période de 2001 à l'heure actuelle, 10 réunions de la commission mixte sino-kazakhe sur l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers, ont abouti dans ce secteur à la signature de sept accords bilatéraux.

L'"État islamique" séduit en Asie centrale

L'organisation État islamique (EI) attire en Syrie de plus en plus de ressortissants des pays d'Asie centrale, s'alarme l'International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié mardi, qui appelle les gouvernements concernés à développer des réponses à la fois sécuritaires et sociales pour contrer ce phénomène. "Entre 2 000 et 4 000 citoyens d'Asie centrale ont rejoint ces trois dernières années les territoires contrôlés par l'EI", dans un contexte de corruption et de mauvaise gouvernance généralisées dans les cinq pays d'Asie centrale - Kazakhstan, Kirghizistan, Turkménistan, Tadjikistan et Ouzbékistan -, précise le rapport.

"Il est aujourd'hui plus facile pour l'EI de recruter en Asie centrale qu'en Afghanistan ou au Pakistan", s'inquiète ainsi Deirdre Tynan, responsable de la région pour l'ICG, tandis que le rapport estime que seule la distance entre la Syrie et l'Asie centrale explique qu'aucune attaque majeure n'y ait encore eu lieu. "Mais les désirs de changements politiques et sociaux sont profondément enracinés dans la région. De ce fait, il n'y a pas de profil type du partisan de l'EI", reprend Deirdre Tynan. Signe que le recrutement par l'organisation État islamique s'est intensifié, les profils de ceux partant en Syrie sont variés : une coiffeuse de 17 ans, des hommes d'affaires ou encore des mères célibataires emmenant leurs enfants, font partie de ceux cités par l'ICG.

Alternative à la vie postsoviétique

"Tous pensent que le califat islamique pourrait être une alternative sérieuse à la vie postsoviétique", note le rapport. Car "dans ces cinq pays, la religion remplit un vide créé par le manque de gouvernance et l'insécurité sociale". Face au phénomène, aucune des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale n'a su apporter jusqu'à présent de réponse adaptée. Si le Tadjikistan et le Kazakhstan ont introduit en 2014 des lois criminalisant le fait de combattre à l'étranger, rien n'est fait pour détecter les combattants prêts à partir ni pour aider à la réinsertion de ceux qui souhaitent revenir de Syrie ou d'Irak. "Les services de sécurité d'Asie centrale utilisent ces menaces à des fins politiques et pour restreindre les libertés individuelles", regrette l'ICG.

L'Ouzbékistan, terre d'origine du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO) lié à al-Qaida, serait particulièrement exposé à la menace terroriste d'après l'ICG, qui estime que le nombre d'Ouzbeks ethniques ayant rejoint la Syrie pourrait excéder les 2 500. En novembre et en décembre dernier, plus de 60 islamistes présumés s'apprêtant à partir en Syrie avaient été arrêtés au Tadjikistan, la plupart faisant partie du Jamaat Ansarullah, une branche du MIO tadjik. Les pays d'Asie centrale, pays laïques à majorité musulmane, sont pour la plupart dirigés par des autocrates en poste depuis la chute de l'Union soviétique. Seul le Kirghizistan a connu une transition démocratique en décembre 2011, après avoir vécu deux coups d'État en 2005 et 2010.

Le 02/02/2015 sur www.lepoint.fr

Crash d'un avion à Taïwan

 
Ce mercredi, un avion de la compagnie TransAsia s'est abîmé dans une rivière avec 58 personnes à son bord, faisant au moins 16 victimes. Le deuxième accident subi par la compagnie taïwanaise en un peu plus de six mois. Des crashs qui s'ajoutent à la longue série d'accidents aériens impliquant des compagnies aériennes du sud-est asiatique depuis ces derniers mois. Faut-il avoir peur de ces compagnies? François Nénin, journaliste spécialiste des questions de transport aérien et auteur de Ces avions qui nous font peur (Flammarion), s'est penché sur la question.

Avec tous les crashs de ces derniers mois, faut-il aujourd'hui avoir peur des compagnies asiatiques?

L'accidentologie des compagnies africaines a bien diminué, d'autant que la majorité des avions qui équipaient ces flottes, généralement d'anciens appareils soviétiques, ont fini au rebut. Aujourd'hui, il y a un nouveau foyer à risques inquiétant: l'Indonésie en particulier, et l'Asie du sud-est de manière plus globale. Il y a un développement très fort de l'aérien dans le sud-est asiatique, avec des compagnies qui achètent des avions neufs à tour de bras, à l'instar de Lion Air, qui a acheté d'un coup 230 Airbus neufs. L'état des avions n'est donc pas la cause des accidents de ces derniers mois.

Alors comment expliquer ces événements?

Ces compagnies, qui connaissent un développement fulgurant, ont un besoin énorme de personnels pour prendre les commandes de leurs appareils. Et lorsqu'elles doivent embaucher d'un coup des centaines de pilotes, certaines sont peu regardantes sur leurs qualifications.
Par ailleurs, ce sont le plus souvent des compagnies low cost, qui font peser une pression opérationnelle énorme sur les pilotes. En clair: les commandants de bord et copilotes y ont beaucoup moins de prérogatives qu'ailleurs. Ils sont plus fréquemment obligés de voler sous des conditions météorologiques défavorables et, du fait de la pression financière qui pèse sur eux, ont moins d'options de déroutage en cas de problème. Ils doivent, quelles soient les conditions, atteindre l'aéroport d'arrivée, même lorsqu'un changement de cap serait plus sûr. Tout ceci, doublé de cadences infernales, multiplie les risques d'accidents. Le facteur humain est le plus souvent la cause des crashs d'avions asiatiques.

Ces compagnies ne sont-elles pas contrôlées?

Le problème de ces compagnies, c'est qu'elles s'affranchissent des règles de sécurité. En 2007, un avion de la compagnie thaïlandaise One-Two-Go Airlines s'est crashé à Phuket, là encore à l'atterrissage. Et il s'avère que cette compagnie, blacklistée en Europe et fermée depuis 2009, trichait sur les heures de vol de ses pilotes, qui dépassaient largement les maximums légaux.
Par ailleurs, elles font l'objet d'assez peu de contrôles de la part des autorités nationales. Et en Europe, si la plupart d'entre elles sont blacklistées, des passagers français peuvent très bien embarquer pour des «bouts de lignes», voler depuis la France sur des compagnies nationales sûres, et rejoindre un coin un peu isolé par des vols assurés par ces compagnies. Ce sont des trajets très courts, mais qui peuvent être à haut risque.
Il faut tirer la sonnette d'alarme, les compagnies du sud-est asiatiques ne sont pas toutes sûres. Les passagers sont en droit d'attendre mieux.

La Malaysia Airlines, qui a connu deux crashs rapprochés, est-elle à mettre dans le même sac?

La Malaysia est le parfait contre-exemple. Le vol MH 17, qui s'est crashé en Ukraine, a été abattu par un missile. Quant au vol MH 370, qui s'est volatilisé après son décollage de Kuala Lumpur à destination de Pékin, on ignore encore ce qu'il s'est passé et aucun débris n'a jamais été retrouvé. A ce jour, le mystère reste entier autour de ce vol.
En l'état actuel des connaissances que l'on a sur la Malaysia, ce ne sont pas des problèmes intrinsèques à la compagnie qui peuvent être pointés. Par ailleurs, c'est une compagnie «flag carrier», une compagnie nationale. La Malaysia n'a donc rien à voir avec les compagnies low cost du sud-est asiatique. Aujourd'hui encore, je la considère comme une compagnie tout à fait sûre.
 
Par Anissa Boumediene sur www.20minutes.fr le 04/02/2015

jeudi 29 janvier 2015

Qui est le mystérieux homme préhistorique repêché à Taiwan ?

Une mâchoire intrigante a été repêchée entre la Chine et l’île de Taiwan. Ce fossile humain pourrait avoir une origine différente de celles des Homo erectus, les plus anciens hommes découverts en Asie.

À qui appartenait la mâchoire qui a été pêchée au large de Taiwan ? Un ancien fossile humain extirpé des fonds marins, près des îles Penghu (voir carte) révèle qu’un groupe primitif d’hominidés d’une espèce vraisemblablement inconnue a vécu autrefois dans cette région d’Extrême-Orient. C’est le premier homme fossile exhumé dans cette zone. Sa découverte a été publiée mercredi 28 janvier 2015 dans la revue en ligne Nature Communication. Le fossile a été dragué par un filet de pêche raclant les fonds marins, à une profondeur oscillant entre 60 à 120 m, dans le canal des îles Penghu (Pescadores), situées entre la Chine et Taiwan. Plus précisément à 25 kilomètres au large des côtes occidentales taïwanaises.

La découverte de l'homme de Penghu a été faite dans une zone autrefois émergée (en vert, à gauche, où sont aussi représentés les principaux sites asiatiques des hommes préhistoriques; en rouge et en bleu, des sites ayant livré aussi des fossiles de hyènes). La zone de la découverte, encadrée de noir, est "zoomée" à droite. Crédit Nature.

Une découverte sur des terres jadis émergées

La pêche était particulièrement bonne puisque le filet a également rapporté d’autres fossiles de vertébrés : ours, hyènes, chevaux, buffles ou cervidés. "Le canal faisait partie du continent asiatique au cours de la dernière période glaciaire, lorsque les niveaux de la mer étaient plus bas", explique le géologue taïwanais Chun-Hsiang Chang, qui a piloté l’étude avec des chercheurs japonais et australiens. Un pêcheur inconnu a vendu le fossile, désormais surnommé Penghu 1, à un antiquaire local. Lequel, flairant le possible trésor de l’humanité, l’a transmis aux chercheurs du Musée national des sciences naturelles de Taïwan qui l’ont ausculté sous toutes les coutures. Il a malheureusement été impossible de faire une datation au radiocarbone, faute de collagène. Mais une analyse d’éléments trace (fluorine et sodium) de la mâchoire de Penghu suggère que l'hominidé a probablement vécu entre… 10.000 et 190.000 ans.

"GUEULE". Une fourchette très large… "Mais la mâchoire et ses dents sont, de façon inattendue, vraiment primitives pour cet âge", insistent Masanaru Takai, de l’université de Tokyo et ses collègues. "Au cours du Pléistocène, qui a duré de 2,6 millions d'années à il y a 11.700 années, tous les hominidés ont généralement évolué vers des mâchoires et des dents plus petites". Or, le nouveau fossile de Taiwan semble plus grand et plus robuste que les anciens fossiles d'Homo erectus de Java, d’Indonésie et du nord de la Chine (voir carte). "Penghu 1 ne ressemble pas non plus exactement aux fossiles vieux de 400.000 ans découverts à Hexian, dans le sud de la Chine". Bref, l’homme de Penghu a une « gueule » à nulle autre pareille et pourrait avoir une origine évolutive différente de celles des Homo erectus, les plus anciens hommes jamais découverts en Asie (voir encadré) jusqu’à présent.

l’Afrique n'est pas le seul berceau de l’humanité moderne

Qui était-il ? D’où venait-il ? Quels étaient ses liens avec les autres espèces d’hominidés de la planète ? Avec les hommes de Denisova par exemple (voir carte) ? Seul un test ADN pourrait lever le mystère de l’homme de Penghu. Les scientifiques japonais et taiwanais supposent que le fossile représente un groupe distinct d’humains archaïques, dont les ancêtres aux fortes mâchoires seraient tardivement venus d’Afrique. Ces résultats suggèrent que plusieurs lignées d'humains aujourd’hui éteintes ont coexisté en Asie avant l'arrivée de l'homme moderne dans la région il y a peut-être 50.000 à 55.000 ans. Une hypothèse d’ailleurs défendue par le paléoanthropologue Yves Coppens pour lequel "l’Afrique n'est pas le seul berceau de l’humanité moderne" (lire Sciences et Avenir n°722). Il imagine volontiers que des hommes anciens, venus très tôt du continent noir ont vu à leur suite arriver plusieurs vagues de "nouveaux colonisateurs" avec lesquels ils se sont croisés.

Mystérieux, mais pas seul

L’homme de Taiwan est loin d’être le seul homme préhistorique d’Asie. Si notre espèce, Homo sapiens, est la seule lignée humaine survivante aujourd’hui, d'autres hommes préhistoriques ont parcouru autrefois la planète. Les Néandertaliens, les plus proches parents disparus de l'homme moderne, sont allés jusqu’aux portes de l’Asie. Un homme supplémentaire, lui-même proche des Néandertaliens, a été découvert dans le Mont Altaï en Sibérie. Les Dénisoviens (du nom de l’homme de Denisova, voir carte plus haut) ont conquis de vastes territoires, leur héritage génétique s’étend de la Sibérie jusqu’aux îles du Pacifique de l'Océanie (ils ont d’ailleurs légué une partie de leurs gènes aux papous actuels). L’Homme de Florès, Homo floresiensis, a vécu seulement sur une île d’Indonésie (lire Sciences et Avenir n° 694 et 811).
Les Homo erectus, ancêtres les plus probables pour l'homme moderne (lire Sciences et Avenir n°814, non représentés ci-dessus) se sont étendus dans toute l’Asie. Leur point commun ? Ce sont tous des hominidés, appartement au groupe d'espèces constitué de l'Homo sapiens et de ses parents (les Homo ci-dessus, leurs ancêtres ainsi que les Australopithèques, les Ardipithèques, etc.) après la séparation d’avec la lignée des grands singes.

Par Rachel Mulot sur www.sciencesetavenir.fr le 29/01/2015

 

Le pape François en Asie : "Tuer au nom de Dieu est une aberration"

A l'occasion de sa visite pastorale en Asie, le Saint-Père a pris position sur l'extrémisme religieux, le blasphème et le sort des chrétiens dans le monde.

Ce matin-là, le pape François a reçu quatre imams français. Juste avant le déjeuner, le substitut Mgr Angelo Becciu lui apprend qu'une fusillade vient de faire douze morts en France. Ce qui entraînera Sa Sainteté à exprimer à 19 heures sa « plus ferme condamnation pour l'horrible attentat ». Dès le lendemain matin, à sa messe privée, il prie pour les victimes et leurs ­familles. Son compte Twitter du 8 janvier inscrit : « Prayers for Paris. »

Ses collaborateurs n'ont pas jugé bon de montrer au Saint-Père quelques-unes des caricatures papales de « Charlie Hebdo » reproduites sur le site d'« Etvdes », la revue française de la Compagnie de Jésus. Pourquoi risquer de le déconcentrer avant son voyage apostolique d'une semaine au Sri Lanka et aux Philippines, où nous sommes quelque 60 journalistes à l'accompagner ? Un périple qui m'a fait monter les larmes aux yeux. Lors de sa deuxième conférence de presse dans le ciel, François a donné une leçon de démocratie aux politiques. Il a rappelé que « la liberté d'expression est certes un droit fondamental, mais qui n'autorise pas à insulter la foi d'autrui », et que « tuer au nom de Dieu est une aberration ». N'éludant aucune question, il nous donne des réponses claires. Ce qui n'empêche pas ses paroles de susciter la polémique. « Le Pape, m'a expliqué un éminent membre de sa suite, est très inquiet de l'extrémisme religieux, de la violence au nom de Dieu, venant du deuxième monde, mais il a du mal à comprendre que tout ce qui arrive en Europe et aux Etats-Unis ait toujours la priorité sur ce qui se passe ailleurs, au Nigeria, en Irak, en Syrie, au Yémen, où des milliers de gens meurent presque dans l'indifférence. »

"La liberté d'expression n'autorise pas à insulter la foi d'autrui"

Pour tenter de mieux cerner l'évêque de Rome, il faut se rappeler que le premier pape d'Amérique latine avait sa ­vision propre de la théologie de la libération. Il dut également affronter la dictature ­militaire en Argentine, kaléidoscope des religions, d'où sa permanente ­volonté de dialogue interreligieux. Il s'était ­notamment beaucoup impliqué après les terribles attentats à Buenos Aires de 1992 et 1994 contre la communauté juive, qui totalisèrent 114 morts et 542 blessés. Tout ceci fait du Saint-Père un homme d'action et de tempérament avec un style singulier, souvent rugueux et peu en phase avec les rythmes et les codes de ce monde feutré du Saint-Siège. L'énergique François provoque pour mieux cerner les pensées de ses opposants. Il crée un Conseil de neuf cardinaux, son gouvernement personnel, le transforme en structure officielle où il nomme libéraux, progressistes, conservateurs. Ainsi le cardinal anglo-saxon Pell ne partage-t-il pas ses idées mais a assez de caractère et de froideur pour reprendre en main la banque du Vatican. Par ailleurs, quand il faut réunir une cellule de crise, l'intuitif François consulte les membres de son Conseil. Il les écoute, puis décide seul, comme le raconte son vieil ami uruguayen Guzman Carriquiry : « On ne sait jamais si ce qu'on a expliqué au Pape l'a intéressé. Et puis, des mois après, on ­découvre qu'il s'en est inspiré. » Rien ne lui échappe : descendant de l'avion à ­Colombo, au milieu d'une foule en liesse, il a repéré que les plaques minéralogiques du véhicule du chef de la police étaient en lettres d'or…

Sa force est de ne devoir rien à personne, de ne jamais avoir fait partie de la curie, de n'être, à Rome, lié à aucun cercle. De fait il préfère écouter les avis de ses vieux amis : l'archiprêtre espagnol de Sainte-­Marie Majeure, ­Santos Abril y Castello, les cardinaux Claudio Hummes, Oscar ­Andrès Rodriguez ­Maradiaga et ­Gerald O'Connel, entre autres. Mais pour lui, le pouvoir s'exerce seul. C'est pourquoi ses trois secrétaires particuliers, sans grande influence mais qui règlent les affaires courantes, ne sont pas là en même temps. Quant à l'efficace Premier ministre du Vatican Pietro Parolin, il n'est jamais en lumière. Pas plus que le substitut Becciu, numéro trois de la secrétairerie d'Etat, qui, comme ancien nonce à La Havane, a, en réalité, joué un rôle non négligeable dans les négociations finales de Cuba. Au cours de son déplacement au Brésil, en juillet 2013, se retournant vers Alfred Xuereb, son secrétaire qui s'était aventuré parmi les journalistes, il lui demanda poliment d'aller se rasseoir. La géopolitique du 265e successeur de Pierre lui inspire aussi de réussir là où Jean-Paul II et Benoît XVI ont échoué.

Ce n'est pas un hasard si les Italiens ont inventé un nouveau terme : « Il bergoglismo » !

En fidèle jésuite, il est tourné vers la Chine et a donc, avec prudence, préféré ne pas recevoir le ­dalaï-lama au Vatican. Il prévoit – ce sont encore des secrets bien gardés – d'aller prochainement en Arménie pour l'anniversaire du génocide. Durant le voyage aux Etats-Unis qu'il ­effectuera en septembre prochain, il sera le premier Souverain Pontife à s'exprimer devant le Congrès, alors qu'il a maintenant tous les cardinaux américains – sauf un – contre lui. Ce jour-là, à Washington, avec sa voix puissante, ses gestes, sa façon de vous scruter derrière ses lunettes avec son ­regard de chat, de marquer des temps d'arrêt, il fera un discours à moitié en anglais, à moitié en espagnol, en s'excusant. Nul doute que son charisme séduira les sénateurs et les membres de la Chambre des ­représentants. Dans un autre domaine, des diacres mariés vont être discrètement consacrés en Amazonie, où il n'y a pas de prêtres. Une subtile façon de faire entrer des hommes mariés dans le clergé de rite latin. Une première, un geste significatif ?

Ce n'est pas un hasard si les Italiens ont inventé un nouveau terme : « Il bergoglismo » ! Cela amuse le pape François qui, quand je lui ai donné mon dernier livre traduit en italien*, ouvert à la première page où est inscrite la maxime de Balzac « La police et les jésuites ont la vertu de ne jamais abandonner ni leurs amis ni leurs ennemis », a souri, puis a ajouté : « Mais moi, je pardonne toujours ! »

*« Ainsi fait-il » (éd. Plon), coécrit avec le père Henri Madelin.

Par Caroline Pigozzi sur www.parismatch.com le 20/01/205

Plus de 80% des Japonais favorables à la peine de mort

Le gouvernement japonais vient de dévoiler une étude indiquant que plus de 80% de la population japonaise reste favorable à l’application de la peine de mort dans le pays. Seuls 9,7% des 3.000 personnes interrogées par l’exécutif estiment que la peine capitale devrait être abolie.

Environ 10% des sondés expliquent ne pas avoir d’avis tranché sur la question. Si le “soutien” à la peine capitale a légèrement régressé depuis la fin des années 2000 dans l’Archipel, il ne fait encore aucun débat dans le pays et les leaders politiques sont massivement en faveur des exécutions. L’an dernier, le pays a exécuté trois condamnés.

Cinq condamnés à la peine capitale sont morts, eux, de maladie dans les couloirs de la mort nippons, où 128 détenus attendent d’être éventuellement exécutés. Sur l’ensemble de 2014, les tribunaux du pays ont condamné 16 personnes à la peine capitale.

Par Yann Rousseau sur www.lesechos.fr le 27/01/2015