A l'occasion de sa visite pastorale en Asie, le Saint-Père a pris position sur l'extrémisme religieux, le blasphème et le sort des chrétiens dans le monde.
Ce matin-là, le pape François a reçu quatre imams français. Juste avant le déjeuner, le substitut Mgr Angelo Becciu lui apprend qu'une fusillade vient de faire douze morts en France. Ce qui entraînera Sa Sainteté à exprimer à 19 heures sa « plus ferme condamnation pour l'horrible attentat ». Dès le lendemain matin, à sa messe privée, il prie pour les victimes et leurs familles. Son compte Twitter du 8 janvier inscrit : « Prayers for Paris. »
Ses collaborateurs n'ont pas jugé bon de montrer au Saint-Père quelques-unes des caricatures papales de « Charlie Hebdo » reproduites sur le site d'« Etvdes », la revue française de
"La liberté d'expression n'autorise pas à insulter la foi d'autrui"
Pour tenter de mieux cerner l'évêque de Rome, il faut se rappeler que le premier pape d'Amérique latine avait sa vision propre de la théologie de la libération. Il dut également affronter la dictature militaire en Argentine, kaléidoscope des religions, d'où sa permanente volonté de dialogue interreligieux. Il s'était notamment beaucoup impliqué après les terribles attentats à Buenos Aires de 1992 et 1994 contre la communauté juive, qui totalisèrent 114 morts et 542 blessés. Tout ceci fait du Saint-Père un homme d'action et de tempérament avec un style singulier, souvent rugueux et peu en phase avec les rythmes et les codes de ce monde feutré du Saint-Siège. L'énergique François provoque pour mieux cerner les pensées de ses opposants. Il crée un Conseil de neuf cardinaux, son gouvernement personnel, le transforme en structure officielle où il nomme libéraux, progressistes, conservateurs. Ainsi le cardinal anglo-saxon Pell ne partage-t-il pas ses idées mais a assez de caractère et de froideur pour reprendre en main la banque du Vatican. Par ailleurs, quand il faut réunir une cellule de crise, l'intuitif François consulte les membres de son Conseil. Il les écoute, puis décide seul, comme le raconte son vieil ami uruguayen Guzman Carriquiry : « On ne sait jamais si ce qu'on a expliqué au Pape l'a intéressé. Et puis, des mois après, on découvre qu'il s'en est inspiré. » Rien ne lui échappe : descendant de l'avion à Colombo, au milieu d'une foule en liesse, il a repéré que les plaques minéralogiques du véhicule du chef de la police étaient en lettres d'or…
Sa force est de ne devoir rien à personne, de ne jamais avoir fait partie de la curie, de n'être, à Rome, lié à aucun cercle. De fait il préfère écouter les avis de ses vieux amis : l'archiprêtre espagnol de Sainte-Marie Majeure, Santos Abril y Castello, les cardinaux Claudio Hummes, Oscar Andrès Rodriguez Maradiaga et Gerald O'Connel, entre autres. Mais pour lui, le pouvoir s'exerce seul. C'est pourquoi ses trois secrétaires particuliers, sans grande influence mais qui règlent les affaires courantes, ne sont pas là en même temps. Quant à l'efficace Premier ministre du Vatican Pietro Parolin, il n'est jamais en lumière. Pas plus que le substitut Becciu, numéro trois de la secrétairerie d'Etat, qui, comme ancien nonce à La Havane, a, en réalité, joué un rôle non négligeable dans les négociations finales de Cuba. Au cours de son déplacement au Brésil, en juillet 2013, se retournant vers Alfred Xuereb, son secrétaire qui s'était aventuré parmi les journalistes, il lui demanda poliment d'aller se rasseoir. La géopolitique du 265e successeur de Pierre lui inspire aussi de réussir là où Jean-Paul II et Benoît XVI ont échoué.
Ce n'est pas un hasard si les Italiens ont inventé un nouveau terme : « Il bergoglismo » !
En fidèle jésuite, il est tourné vers
Ce n'est pas un hasard si les Italiens ont inventé un nouveau terme : « Il bergoglismo » ! Cela amuse le pape François qui, quand je lui ai donné mon dernier livre traduit en italien*, ouvert à la première page où est inscrite la maxime de Balzac « La police et les jésuites ont la vertu de ne jamais abandonner ni leurs amis ni leurs ennemis », a souri, puis a ajouté : « Mais moi, je pardonne toujours ! »
*« Ainsi fait-il » (éd. Plon), coécrit avec le père Henri Madelin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire