lundi 23 février 2015

Kim Jong-Un appelle l'armée nord-coréenne à se préparer au combat

 
Le leader nord-coréen Kim Jong-Un a ordonné à l'armée de se préparer au combat à l'approche de manœuvres militaires annuelles menées conjointement par les forces américaines et sud-coréennes.
 
Dans un discours «historique» devant la Commission militaire centrale (CMC) du parti unique, Kim a demandé à l'état-major de l'Armée populaire coréenne (APC) de «se préparer à réagir à toute forme de guerre déclarée par l'ennemi», ont indiqué lundi les médias officiels nord-coréens.
 
La réunion de la commission fait suite à la tenue la semaine dernière d'un exercice militaire - supervisé par Kim - simulant l'attaque d'une île sud-coréenne en mer Jaune.
 
L'exercice nord-coréen impliquant des unités d'artillerie s'est déroulé sur les îles de Mu et de Jangjae, un «important point chaud» proche de la frontière avec la Corée du Sud, a indiqué l'agence officielle de Pyongyang Korean Central News Agency (KCNA).
 
À cette occasion, Kim Jong-un a appelé l'armée à intensifier ses entraînements pour «amener la confrontation anti-américaine à sa conclusion en écrasant rapidement l'ennemi si jamais il s'attaquait à la Corée du Nord», selon KCNA.
 
L'unité militaire de Mu avait bombardé en 2010 l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, en réponse à un exercice militaire de Séoul près de la frontière maritime disputée, causant la mort de quatre Sud-Coréens.
 
Comme chaque année, la tension monte avant les manœuvres militaires américano-sud-coréennes, dites «Key Resolve» et «Foal Eagle», qui doivent débuter début mars.
 
Aucun armistice n'a été signé à la fin de la guerre de Corée et techniquement, les deux États sont en guerre.
 
La Corée du Nord a lancé une série d'exercices militaires en novembre, et depuis, son leader a inspecté dix unités militaires différentes, selon le ministère de la Défense sud-coréen.
 
Devant la CMC dont il est le président, Kim a estimé que la défense nationale devait prendre «un tournant radical» et appelé à la simplification de la «machine» militaire nord-coréenne qu'il a accusée de «déviations» ces derniers mois, a rapporté KCNA sans précision.
 
«Une ligne stratégique doit toujours être respectée», a-t-il simplement dit.
 
Le gouvernement sud-coréen s'est dit «très attentif» aux déclarations de Kim. Il est toutefois «toujours difficile de prédire l'orientation de la politique (stratégique) de la Corée du Nord», a rappelé le porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification, Lim Byeong-cheol.
 
La Corée du Nord a proposé de suspendre tout nouvel essai nucléaire si les États-Unis annulent l'édition 2015 des exercices conjoints, ce que Washington et Séoul ont refusé.
 
Le ministère de l'Unification a invité Pyongyang à accepter sans provocation «ces exercices défensifs, menés annuellement de façon transparente».
 
Les États-Unis déploient en permanence en Corée du Sud près de 30 000 militaires et prendraient le commandement d'une force conjointe en cas de conflit avec la Corée du Nord.
 
Sur www.lapresse.ca le 23/02/2015

samedi 21 février 2015

Afghanistan: vers une nouvelle prolongation de la présence américaine?

 
Le nouveau secrétaire américain à la Défense est arrivé à Kaboul ce samedi 21 février. Ashton Carter doit rencontrer les responsables afghans pour discuter de l'avenir de la présence militaire américaine en Afghanistan. Et tout laisse entendre qu'on s'achemine vers une nouvelle prolongation.
 
Après les grandes manœuvres, les Etats-Unis y vont à petits pas avec l'Afghanistan. Pas question de renouveler le scénario de 2011 en Irak, où Washington a été accusé de laisser un vide, vite comblé par les jihadistes. Au terme d'un accord signé à l'automne dernier avec Kaboul, les Etats-Unis ont prévu de laisser 10 000 soldats en Afghanistan, un nombre qui devait être revu à 5 000 d'ici à la fin de l'année, suivi par un retrait complet à la fin 2016, à la fin du mandat Obama. On sait aujourd'hui qu'un premier contre-ordre est venu de la Maison Blanche, permettant à 1 000 soldats américains supplémentaires de rester sur place cette année.
 
Le nouveau secrétaire américain à la Défense doit rencontrer à la fois le président afghan Ashraf Ghani, ainsi que le chef de l'exécutif Abdullah Abdullah. Objectif : prendre le pouls de la situation et voir notamment si après 13 ans de présence de la coalition, les forces afghanes peuvent seules assurer la stabilité du pays.
 
Cette visite intervient alors que Barack Obama doit prendre une décision sur le calendrier de retrait des troupes en Afghanistan justement. Des responsables militaires sur place, et notamment le général américain John Campbell, se sont d'ores et déjà prononcés pour un ralentissement du rythme du retrait. Cette visite intervient enfin au moment ou le président afghan tente de parvenir à des pourparlers de paix avec les talibans, avec le soutien de la Chine et du Pakistan.
 
Sur www.rfi.fr le 21/02/2015

vendredi 13 février 2015

Pékin se pose en médiateur en Afghanistan

La semaine qui vient de s’écouler marque un pas de plus pour la Chine dans le jeu afghano-pakistanais. En visite au Pakistan, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a clamé haut et fort, jeudi 12 février, la détermination chinoise de « soutenir le gouvernement afghan dans l’effort de réconciliation entre les différentes factions politiques, dont les talibans ». « La Chine est prête à jouer un rôle constructif », a ajouté le ministre, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec Sartaj Aziz, le conseiller du premier ministre pakistanais sur la sécurité nationale et les affaires étrangères. Elle « fournira l’aide nécessaire chaque fois qu’elle est requise par les différentes parties en Afghanistan ».

M. Wang a également annoncé la visite cette année au Pakistan du numéro un chinois Xi Jinping, un déplacement prévu initialement en 2014 mais qui avait été reporté en raison de manifestations anti-gouvernementales. La présence de M. Wang Yi à Islamabad est intervenu quelques jours après la tenue de la première session du dialogue stratégique tripartite entre la Chine, le Pakistan et l’Afghanistan, le 9 février, à Kaboul.

Cette réunion, menée par le ministre assistant aux affaires étrangères chinois, Liu Jianchao, constitue l’embry...

Sur www.lemonde.fr le 13/02/2015

Birmanie : heurts entre l'armée et des rebelles dans le Nord

Près de 50 soldats birmans ont été tués ces derniers jours au cours d'affrontements avec des rebelles dans une zone frontalière avec la Chine, ont annoncé vendredi 13 février des médias officiels. Les combats font rage depuis le 9 février dans la région de Kokang, dans l'Etat Shan, réveillant un vieux conflit en sommeil depuis près de six ans.

« Les combats ont fait 47 morts dans les rangs des forces gouvernementales ainsi que 73 blessés, et cinq véhicules ont été détruits », indique le journal Global New Light of Myanmar. Environ 200 rebelles de l'ethnie chinoise des Kokang ont attaqué jeudi une base militaire, faisant notamment usage de mortiers contre le quartier-général, précise le journal. L'armée a mené cinq raids aériens en représailles.

TENSIONS AUTOUR DES RESSOURCES MINIÈRES

Ces combats interviennent alors que des affrontements réguliers ont lieu ces derniers mois dans d'autres parties des Etats Shan et Kachin, dans le nord du pays, laissant planer le doute sur la capacité de la Birmanie a signé un cessez-le-feu. Les autorités avaient annoncé dans un premier temps qu'elles espéraient signer jeudi un accord à l'occasion de la fête nationale. Mais elles ont reconnu que l'accord n'était finalement pas encore prêt.

Le gouvernement quasi civil qui a remplacé la junte en 2011 a promis de mettre fin aux conflits intérieurs alors que la Birmanie est le théâtre, depuis son indépendance des Britanniques en 1948, de conflits armés entre le pouvoir central et plusieurs des nombreuses minorités ethniques du pays. Jeudi dernier, le représentant local des Nations unies a déclaré être préoccupé par les affrontements qui ont éclaté le mois dernier autour de Hpakant dans l'Etat Kachin, piégeant des centaines de civils dans une zone riche en jade. Environ 100 000 personnes de cet Etat ont été déplacées depuis la rupture en juin 2011 du cessez-le-feu qui tenait depuis dix-sept ans. Le contrôle des abondantes ressources minières est une importante source de tensions dans cette zone frontalière de la Chine.

Sur www.lemonde.fr le 13/02/2015

dimanche 8 février 2015

Dangers du détournement des eaux transfrontalières par la Chine

Le Kazakhstan et la Chine ont plus de 20 cours d'eau transfrontaliers, dont les plus importants sont les rivières Irtych, Ili, Talas et Korgas. Les ressources de ces rivières sont la source la plus importante d'eau douce à la fois pour la Chine et le Kazakhstan.

Les deux pays, principalement le Kazakhstan, comprennent l'importance d'une utilisation prudente des ressources de ces cours d'eau transfrontaliers, et du fait que l'augmentation de la consommation d'eau et la dégradation de la qualité de l'eau dans les rivières Ili et Irtych pourraient conduire à une catastrophe écologique dans les lac Balkhach et Zaïsan.
 
Comme l'a reconnu la direction chinoise, le problème de l'eau est devenu l'un des principaux obstacles au développement durable de la Chine. Les bassins d'eau en Chine sont situés de manière très inégale. Si le sud du pays souffrent chaque année de graves inondations, le Nord lui, manque cruellement d'eau potable. L'ouest du pays mène traditionnellement une lutte contre des zones de désertification. Dans cette zone, la consommation d'eau par habitant n'est pas plus d'un tiers de celle des autres régions du pays. La consommation d'eau évolue. Si dans les années 90, le principal consommateur d'eau était l'agriculture avec 82%, à présent, cette part est tombée à 66%, tandis que la part de la consommation industrielle a augmenté à 25%.
 
Compte tenu de l'importance de ce problème, les autorités chinoises ont publié une discussion de niveau ministériel de l'organe exécutif du gouvernement central sur cette question des ressources en eau de la Chine. En outre, ce ministère dispose de succursales dans chaque province. De plus, à la frontière avec l'Asie centrale, la politique à long terme du Xinjiang sur les questions de l'eau a été produite par un département des ressources en eau du Xinjiang. Cette institution permet de contrôler l'exécution des décisions du gouvernement sur les questions de l'eau, et travaille également sur les plans et projets pour la construction des ouvrages hydrauliques sur les rivières du Xinjiang.
 
Depuis la fin des années 90 et au début des années 2000, le gouvernement chinois a lancé un projet à grande échelle pour développer ses régions occidentales. La stratégie du «Grand développement de l'Ouest » inclut des plans pour intensifier l'utilisation des ressources en eau, en particulier dans le territoire du Xinjiang. En particulier, concernant la rivière Irtysh, les autorités chinoises ont développé le dit "Projet 635", qui depuis la fin des années 90, a déployé sur la rivière des travaux de construction de grande échelle. L'un des principaux objectifs du projet était la construction du canal de drainage "Irtysh-Karamay". Le canal a été mis en service en août 2000, sa largeur est de 22 m et sa longueur de 300 km.
 
Il faut garder à l'esprit que la construction d'un canal et d'autres centrales hydroélectriques n'a été que la première étape de la mise en œuvre du «Projet 635», et ces travaux de ce projet se poursuivront jusqu'en 2020. À cet égard, une préoccupation persiste sur le devenir des plans du gouvernement du Xinjiang, visant à accroître la superficie des cultures de coton et de céréales dans la province autonome, ainsi que de fournir de nouvelles installations industrielles de l'eau dans la zone du Karamay.
Les résultats de certaines études kazakhstanaises montrent que le détournement à grande échelle des eaux transfrontalières de la rivière Irtych par la Chine est susceptible d'entraîner les conséquences négatives suivantes pour le Kazakhstan :
 
     - Perturbation de l'équilibre naturel de l'eau et de la nature dans la région du lac Balkhach et Zaïsan
     - Détérioration des conditions épidémiologiques et environnementales dans ces régions, dégradation du climat, accroissement naturel de la concentration de substances nocives dans l'eau, ce qui la rendra pratiquement inutilisable pour la consommation économique et domestique
     - Diminution de la production d'électricité hydroélectrique sur l'Irtysh: jusqu'à 25% d'ici 2030 et jusqu'à 40% d'ici à 2050.
     - Suspension de la navigation sur l'Irtych à partir de 2020
     - Dégradation des prairies des plaines inondables bordant l'Irtych, réduction du réservoir Boukhtarma et séparation du lac Zaïsan
     - Aggravation des problèmes d'approvisionnement en eau des villes et villages côtiers et réduction des récoltes
 
Sur les rives de l'Ili, les autorités chinoises ont  prévu de construire plus de 30 centrales électriques, plus de dix grands réservoirs, barrages et autres ouvrages hydrauliques. À l'heure actuelle, le prélèvement d'eau de la rivière Ili dans le territoire chinois sera selon les prévisions, d'environ 3,5 km3/an, dans les années à venir il pourrait atteindre 5 km3/an. Selon les estimations d'experts, la mise en œuvre des projets prévus sur la rivière Ili conduit au fait qu'en 2050, le débit du fleuve au Kazakhstan sera réduit de 40%.
 
En outre, après la mise en service de sites industriels, principalement pour la production de pétrole et son raffinage, les entreprises situées dans le bassin de la rivière Ili en Chine, augmentera la pollution des eaux de la rivière. Ces problèmes, associés à la rareté de l'eau dans la rivière Ili, peuvent contribuer à une forte diminution de la profondeur du lac Balkhach. La rivière Ili donne environ 75% de l'afflux total du lac Balkhach.

Le principal document officiel qui réglemente les relations du Kazakhstan et de la Chine pour l'eau est un accord signé en 2001 entre les deux gouvernements sur "la coopération dans l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers". À l'heure actuelle, les questions de l'eau sont discutées dans le cadre de la commission mixte kazakho-chinoise sur l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers.
 
En plus de cet accord, dans la période allant de 2001 à ce jour, plus de deux douzaine d'accords et traités régissant l'utilisation rationnelle des ressources des rivières transfrontières entre Kazakhstan et la Chine ont été signés. En conséquence, aujourd'hui, il y a tout le cadre juridique nécessaire pour trouver une solution finale au problème de l'eau entre les deux pays.
 
À ce jour, le Kazakhstan est parvenu à une répartition équitable de la rivière Korgas. Le 13 Novembre 2010, lors de la 7ème réunion de la commission il a signé l'« accord sur la construction conjointe de l'aqueduc Dostyk sur la rivière Korgas ». Les coûts de construction sont divisés à parts égales entre les parties kazakhe et chinoise. Cette infrastructure hydraulique permettra également au deux parties de prendre de l'eau pour l'irrigation. Korgas est la première rivière pour laquelle un accord a été conclu sur la base d'un partage de l'eau à part égale. Le principal objectif du Kazakhstan est d'aboutir aux mêmes dispositions pour les autres cours d'eau transfrontaliers.
 
Les analystes politiques kazakhs relèvent que la Chine continuait à ignorer ce problème malgré ce précédent, mais a fini par l'accepter. A présent, nous pouvons dire que c'est une question bilatérale et que des mécanismes bilatéraux de contrôle de l'utilisation de l'eau ont commencé à émerger.
 
En Avril 2013, se trouvant en visite officielle à la République populaire de Chine, M. Noursoultan Nazarbaïev a entre autres questions, abordées la question et le problème actuel des cours d'eau transfrontaliers. Selon le président de la République populaire de Chine, M. Xi Jinping, la Chine ne fera jamais rien qui nuirait ou créerait des dommages à la partie kazakhstanaise. Ce qui est positif, a été la déclaration de Pékin selon laquelle la Chine ne sera pas dans une position d'égoïsme nationale au sujet de l'eau. La partie chinoise a réaffirmé que l'utilisation des fleuves transfrontaliers sur le territoire de l'une des parties ne devrait pas nuire à l'autre.
 
Selon le ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, Yerlan Idrisov, le Kazakhstan et la Chine ont l'intention de signer un accord sur la répartition entre les deux pays, de l'eau de 24 rivières transfrontalières. En 2013, le ministère des affaires étrangères du Kazakhstan conjointement avec le Ministère de l'Environnement et des Ressources en eau a créé le conseil consultatif sur l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers avec les pays voisins. Ce corps d'experts formulera des recommandations spécifiques pour la promotion des intérêts et des priorités du Kazakhstan dans ce domaine.
Selon M. Idrisov, pour la période de 2001 à l'heure actuelle, 10 réunions de la commission mixte sino-kazakhe sur l'utilisation et la protection des cours d'eau transfrontaliers, ont abouti dans ce secteur à la signature de sept accords bilatéraux.

L'"État islamique" séduit en Asie centrale

L'organisation État islamique (EI) attire en Syrie de plus en plus de ressortissants des pays d'Asie centrale, s'alarme l'International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié mardi, qui appelle les gouvernements concernés à développer des réponses à la fois sécuritaires et sociales pour contrer ce phénomène. "Entre 2 000 et 4 000 citoyens d'Asie centrale ont rejoint ces trois dernières années les territoires contrôlés par l'EI", dans un contexte de corruption et de mauvaise gouvernance généralisées dans les cinq pays d'Asie centrale - Kazakhstan, Kirghizistan, Turkménistan, Tadjikistan et Ouzbékistan -, précise le rapport.

"Il est aujourd'hui plus facile pour l'EI de recruter en Asie centrale qu'en Afghanistan ou au Pakistan", s'inquiète ainsi Deirdre Tynan, responsable de la région pour l'ICG, tandis que le rapport estime que seule la distance entre la Syrie et l'Asie centrale explique qu'aucune attaque majeure n'y ait encore eu lieu. "Mais les désirs de changements politiques et sociaux sont profondément enracinés dans la région. De ce fait, il n'y a pas de profil type du partisan de l'EI", reprend Deirdre Tynan. Signe que le recrutement par l'organisation État islamique s'est intensifié, les profils de ceux partant en Syrie sont variés : une coiffeuse de 17 ans, des hommes d'affaires ou encore des mères célibataires emmenant leurs enfants, font partie de ceux cités par l'ICG.

Alternative à la vie postsoviétique

"Tous pensent que le califat islamique pourrait être une alternative sérieuse à la vie postsoviétique", note le rapport. Car "dans ces cinq pays, la religion remplit un vide créé par le manque de gouvernance et l'insécurité sociale". Face au phénomène, aucune des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale n'a su apporter jusqu'à présent de réponse adaptée. Si le Tadjikistan et le Kazakhstan ont introduit en 2014 des lois criminalisant le fait de combattre à l'étranger, rien n'est fait pour détecter les combattants prêts à partir ni pour aider à la réinsertion de ceux qui souhaitent revenir de Syrie ou d'Irak. "Les services de sécurité d'Asie centrale utilisent ces menaces à des fins politiques et pour restreindre les libertés individuelles", regrette l'ICG.

L'Ouzbékistan, terre d'origine du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO) lié à al-Qaida, serait particulièrement exposé à la menace terroriste d'après l'ICG, qui estime que le nombre d'Ouzbeks ethniques ayant rejoint la Syrie pourrait excéder les 2 500. En novembre et en décembre dernier, plus de 60 islamistes présumés s'apprêtant à partir en Syrie avaient été arrêtés au Tadjikistan, la plupart faisant partie du Jamaat Ansarullah, une branche du MIO tadjik. Les pays d'Asie centrale, pays laïques à majorité musulmane, sont pour la plupart dirigés par des autocrates en poste depuis la chute de l'Union soviétique. Seul le Kirghizistan a connu une transition démocratique en décembre 2011, après avoir vécu deux coups d'État en 2005 et 2010.

Le 02/02/2015 sur www.lepoint.fr

Crash d'un avion à Taïwan

 
Ce mercredi, un avion de la compagnie TransAsia s'est abîmé dans une rivière avec 58 personnes à son bord, faisant au moins 16 victimes. Le deuxième accident subi par la compagnie taïwanaise en un peu plus de six mois. Des crashs qui s'ajoutent à la longue série d'accidents aériens impliquant des compagnies aériennes du sud-est asiatique depuis ces derniers mois. Faut-il avoir peur de ces compagnies? François Nénin, journaliste spécialiste des questions de transport aérien et auteur de Ces avions qui nous font peur (Flammarion), s'est penché sur la question.

Avec tous les crashs de ces derniers mois, faut-il aujourd'hui avoir peur des compagnies asiatiques?

L'accidentologie des compagnies africaines a bien diminué, d'autant que la majorité des avions qui équipaient ces flottes, généralement d'anciens appareils soviétiques, ont fini au rebut. Aujourd'hui, il y a un nouveau foyer à risques inquiétant: l'Indonésie en particulier, et l'Asie du sud-est de manière plus globale. Il y a un développement très fort de l'aérien dans le sud-est asiatique, avec des compagnies qui achètent des avions neufs à tour de bras, à l'instar de Lion Air, qui a acheté d'un coup 230 Airbus neufs. L'état des avions n'est donc pas la cause des accidents de ces derniers mois.

Alors comment expliquer ces événements?

Ces compagnies, qui connaissent un développement fulgurant, ont un besoin énorme de personnels pour prendre les commandes de leurs appareils. Et lorsqu'elles doivent embaucher d'un coup des centaines de pilotes, certaines sont peu regardantes sur leurs qualifications.
Par ailleurs, ce sont le plus souvent des compagnies low cost, qui font peser une pression opérationnelle énorme sur les pilotes. En clair: les commandants de bord et copilotes y ont beaucoup moins de prérogatives qu'ailleurs. Ils sont plus fréquemment obligés de voler sous des conditions météorologiques défavorables et, du fait de la pression financière qui pèse sur eux, ont moins d'options de déroutage en cas de problème. Ils doivent, quelles soient les conditions, atteindre l'aéroport d'arrivée, même lorsqu'un changement de cap serait plus sûr. Tout ceci, doublé de cadences infernales, multiplie les risques d'accidents. Le facteur humain est le plus souvent la cause des crashs d'avions asiatiques.

Ces compagnies ne sont-elles pas contrôlées?

Le problème de ces compagnies, c'est qu'elles s'affranchissent des règles de sécurité. En 2007, un avion de la compagnie thaïlandaise One-Two-Go Airlines s'est crashé à Phuket, là encore à l'atterrissage. Et il s'avère que cette compagnie, blacklistée en Europe et fermée depuis 2009, trichait sur les heures de vol de ses pilotes, qui dépassaient largement les maximums légaux.
Par ailleurs, elles font l'objet d'assez peu de contrôles de la part des autorités nationales. Et en Europe, si la plupart d'entre elles sont blacklistées, des passagers français peuvent très bien embarquer pour des «bouts de lignes», voler depuis la France sur des compagnies nationales sûres, et rejoindre un coin un peu isolé par des vols assurés par ces compagnies. Ce sont des trajets très courts, mais qui peuvent être à haut risque.
Il faut tirer la sonnette d'alarme, les compagnies du sud-est asiatiques ne sont pas toutes sûres. Les passagers sont en droit d'attendre mieux.

La Malaysia Airlines, qui a connu deux crashs rapprochés, est-elle à mettre dans le même sac?

La Malaysia est le parfait contre-exemple. Le vol MH 17, qui s'est crashé en Ukraine, a été abattu par un missile. Quant au vol MH 370, qui s'est volatilisé après son décollage de Kuala Lumpur à destination de Pékin, on ignore encore ce qu'il s'est passé et aucun débris n'a jamais été retrouvé. A ce jour, le mystère reste entier autour de ce vol.
En l'état actuel des connaissances que l'on a sur la Malaysia, ce ne sont pas des problèmes intrinsèques à la compagnie qui peuvent être pointés. Par ailleurs, c'est une compagnie «flag carrier», une compagnie nationale. La Malaysia n'a donc rien à voir avec les compagnies low cost du sud-est asiatique. Aujourd'hui encore, je la considère comme une compagnie tout à fait sûre.
 
Par Anissa Boumediene sur www.20minutes.fr le 04/02/2015