Après le tir de fusée nord-coréen, Washington propose un bouclier anti-missile à Séoul, au risque de fâcher la Chine.
Combien de temps la Corée du Nord va-t-elle encore défier les grandes puissances en violant le traité de non-prolifération nucléaire en toute impunité ? Et surtout, combien de temps encore la Chine va-t-elle refuser de condamner son petit voisin? Après le tir de fusée réalisé par Pyongyang, dimanche 7 février, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni une nouvelle fois en urgence pour étudier les sanctions possibles, mais cette fois-ci, les Etats-Unis ont franchi une étape sans attendre l'issue des pourparlers. Ils ont annoncé des discussions avec la Corée du Sud pour installer sur son sol un bouclier anti-missile dit THAAD (Terminal High Altitude Area Defense).
En capacité de frapper ses voisins
Offrir un appui défensif est le minimum que peut faire Washington, alors que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un multiplie les provocations. Le 6 janvier, après un quatrième essai nucléaire , il clamait détenir la bombe H. Dimanche, il faisait les louanges d'un tir de longue portée pour placer un satellite d'observation de la terre. « Le message est clair : temps un, j'ai la bombe, et temps deux, je fais la démonstration, sous couvert de tir spatial, que je maîtrise la technologie des missiles à longue portée », explique aux « Echos », le vice-amiral Georges-Henri Mouton à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Et s'il est peu probable que la Corée du Nord maîtrise réellement la technologie des missiles balistiques intercontinentaux, elle est certainement en capacité de frapper ses voisins, Corée du Sud ou Japon.
La riposte dépasse les condamnations
Aussi cette fois-ci, la riposte dépasse les condamnations. Pour rester un allié crédible, les Etats-Unis devaient marquer le coup, d'où l'annonce du bouclier qui peut détruire à très haute altitude des missiles. Prudents, les Etats-Unis n'offrent qu'un appui défensif et évitent ainsi une escalade vis-à-vis de Pékin, analyse Georges-Henri Mouton, selon qui le principal danger serait de relancer l'affrontement entre les Etats-Unis et la Chine et une nouvelle course aux armes nucléaires dans une Asie en proie à un regain des nationalismes. La Chine a toutefois vivement dénoncé l'éventuel THAAD. Pékin redoute que ce dernier ne serve aussi à surveiller ses propres tirs de missiles.
Il est temps que Pékin prenne ses responsabilités
De fait, pour Washington, c'est l'objectif recherché. Il est temps que Pékin, membre du P5, les 5 puissances légalement dotées du nucléaire, prenne ses responsabilités internationales et participent à la lutte anti-prolifération. Un rôle qu'elle refuse de jouer de peur d'une réunification des deux Corée. Entre une Corée du Nord nucléaire et l'unification de la péninsule coréenne, la Chine a toujours agi comme si elle préférait la première. Avec le THAAD, Washington lui rappelle que ce que fait Pyongyang a de réelles conséquences, y compris pour ses propres intérêts en matière de sécurité. D'autant que la Chine est elle-même peu transparente sur ses programmes nucléaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire