Les dirigeants d'Europe et d'Asie réunis vendredi et samedi à Oulan-Bator, en Mongolie, n'ont fait aucune référence explicite au contentieux en mer de Chine du Sud dans le communiqué final de ce sommet, alors même que le sujet a fait l'objet d'âpres discussions, selon des diplomates présents.
La question, hautement sensible, a refait surface à la suite d'une décision de la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye rendue mardi dernier, donnant gain de cause aux Philippines dans leur litige avec la Chine.
Le tribunal a jugé qu'il n'y avait "aucun fondement juridique pour que la Chine revendique des droits historiques sur des ressources dans les zones maritimes" de la majeure partie de la mer de Chine du Sud.
Le gouvernement chinois a réagi en affirmant qu'il prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger ce qu'il considère être sa souveraineté en mer de Chine du Sud et annoncé avoir le droit d'y aménager une zone de défense aérienne.
Par la suite, les représentants se sont rendus au sommet Europe-Asie d'Oulan-Bator en faisant savoir qu'ils ne souhaitaient pas y aborder la question car, disaient-ils, ce n'était pas le lieu.
Dans la déclaration publiée samedi, les pays présents réaffirment leur engagement à promouvoir la sécurité en mer, la coopération entre Etats, la liberté de naviguer et de survoler le territoire de pays étrangers.
Ils ajoutent que la législation internationale, en l'occurrence la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, doit s'appliquer pour résoudre les contentieux, mais n'évoquent pas directement le cas de la mer de Chine du Sud.
NÉGOCIATIONS "INTENSES"
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a malgré tout dit à la presse son espoir que la décision de la Haye constitue une première étape sur la voie d'une résolution du conflit entre la Chine et certains de ses voisins en Asie.
"Ce n'est pas très évident de tomber d'accord avec nos partenaires chinois lorsqu'on aborde ces sujets, cependant nos discussions ont été difficiles, dures mais aussi pleines de promesses", a-t-il déclaré.
Vendredi, l'Union européenne a publié un communiqué prudent en réaction à l'arbitrage de La Haye, soulignant en creux les divergences entre pays membres sur l'attitude à adopter vis-à-vis de la Chine.
Selon un diplomate russe, qui a participé au sommet, les pays occidentaux font preuve d'un trop grand orgueil.
"Si vous comprenez comment vivent les autres, vous devenez plus tolérant à leur égard", a-t-il commenté. "Les occidentaux commencent toujours par se comporter comme des professeurs. On n'agit jamais de la sorte en Asie."
Les négociations sur la rédaction du communiqué final ont été "intenses", a raconté un diplomate mongol. "Les Européens avaient beaucoup d'attentes au sujet de la mer de Chine du Sud, mais pas les représentants asiatiques", selon lui.
La zone concernée par le jugement rendu mardi couvre 3,5 millions de km2 de mer où la Chine développe depuis quelques années sa présence en poldérisant des récifs et en y construisant des installations navales et aériennes, mais aussi en déployant des patrouilleurs qui refoulent les bateaux de pêche philippins.
Par Sue-Lin Wong et Terrence Edwards sur tempsreel.nouvelobs.com le 16/07/2016, traduit par Simon Carraud
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