mercredi 29 août 2012

Bachar el-Assad se félicite de l'«autonettoyage» en Syrie

 
 

Interrogé par une chaîne prosyrienne, le président syrien se dit confiant sur le déroulement des affrontements. Mardi, une importante figure de l'opposition a démissionné du Conseil national syrien.

Bachar el-Assad accorde une interview à une chaîne prorégime
Le président syrien Bachar el-Assad a accordé à une date inconnue une interview à la télévision privée prorégime ad-Dounia, qui porte «sur les développements en Syrie et dans la région». L'interview sera diffusée en intégralité mercredi soir. Le chef de l'État a profité de cette intervention pour railler les défections qui ont secoué son régime ces derniers mois, dont les plus marquantes sont celles de Riad Hijab et de Manaf Tlass. «Les gens patriotes et les gens bien ne s'enfuient pas, ne quittent pas la patrie. Finalement, cette opération est positive, c'est une opération d'autonettoyage de l'État premièrement et de la nation en général», a-t-il déclaré. Bachar el-Assad s'est également estimé confiant quant au déroulement des affrontements: «Je peux résumer (la situation) en une phrase: nous progressons, la situation sur le terrain est meilleure mais nous n'avons pas encore gagné, cela nécessite encore du temps.»
Zone tampon: Fabius reconnaît que c'est «très compliqué»
Lors d'une conférence de presse à Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré s'attendre «à ce que les Nations unies s'engagent sur la question de la protection des réfugiés à l'intérieur de la Syrie et si possible de leur accueil dans des camps» en Syrie, réaffirmant ainsi son souhait de voir la mise en place d'une zone tampon. Interrogé mercredi matin sur France Inter, son homologue français, Laurent Fabius, a reconnu que la mise en place d'une zone tampon en Syrie était «très compliquée» et qu'elle nécessitait notamment une zone d'exclusion aérienne partielle. «Si ces gens (réfugiés), dans des zones libérées contrôlées par la nouvelle armée syrienne, se réunissent, il va falloir les protéger. Cela s'appelle une zone tampon. On est en train d'y réfléchir. C'est très compliqué. On ne peut pas le faire sans l'accord des Turcs et d'autres pays», a-t-il déclaré.
Durant son interview télévisée, Bachar el-Assad a déclaré que la création d'une zone tampon, telle qu'évoquée par la Turquie pour accueillir les réfugiés, est «irréaliste»: «Je pense que parler de zones tampons n'est, premièrement, pas sur la table et, deuxièmement, c'est (une idée) irréaliste même pour les États hostiles et ennemis de la Syrie.»
Une dissidente syrienne démissionne du Conseil national syrien (CNS)
Établie en France, Bassma Kodmani, cofondatrice et membre du comité exécutif du CNS, principale coalition de l'opposition syrienne, a démissionné mardi. Selon elle, «le projet n'a pas atteint ses objectifs, il n'a pas récolté la crédibilité nécessaire, ni maintenu le niveau de confiance qu'il recherchait auprès du peuple syrien lors de sa formation». «Ce n'est pas le moment de parler des différences, mais il y a bien sûr des désaccords avec certains membres du Conseil», a-t-elle expliqué. Bassma Kodmani a également accusé le CNS de «jouer un rôle très individualiste», déclarant que «le CNS ne travaille pas bien avec les autres groupes d'opposition».
Heurts entre réfugiés et forces de l'ordre en Jordanie
Mardi, un attentat à la voiture piégé a provoqué la mort de 27 personnes dans une banlieue de Damas favorable au régime, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon la télévision d'État, 48 personnes ont également été blessées dans l'attentat. Au total, 189 personnes ont péri mardi selon l'OSDH, dont 143 civils.
En Jordanie, des heurts ont opposé des forces de l'ordre à des réfugiés syriens qui protestaient «contre leurs conditions de vie» dans le camp d'al-Zaatari, à 85 km au nord d'Amman. Selon une source gouvernementale jordanienne, plus de 20 policiers et gendarmes ont été blessés. Le 23 août, un affrontement similaire s'était déroulé dans ce même camp. Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés indique que plus de 22.000 réfugiés syriens sont arrivés au camp d'al-Zaatari, près de la frontière syrienne, depuis son ouverture le 30 juillet.
Sur www.lefigaro.fr le 29/08/2012

vendredi 24 août 2012

Vietnam: Un responsable de la banque ACB sous les verrous

Le scandale qui frappe la banque vietnamienne ACB a encore pris de l'ampleur avec l'arrestation d'un deuxième cadre de l'institution, tandis que les deux Bourses vietnamiennes voyaient s'envoler près de 4 milliards de dollars de capitalisation boursière, selon la presse d'Etat. L'arrestation de Ly Xuan Hai pour "malversations délibérées provoquant de graves conséquences" est intervenue juste après l'annonce par l'Asia Commercial Bank que son directeur général avait démissionné de ses fonctions, a indiqué le site du journal Thanh Nien. La police a perquisitionné le domicile de Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud) du banquier, ainsi que son bureau.
Un nouveau rebondissement qui met à mal les tentatives du pouvoir, notamment de la Banque centrale, de protéger la banque elle même de conséquences dramatiques qui pourrait secouer l'ensemble du pays. L'action de l'ACB, l'une des plus importantes banques du Vietnam dans laquelle le groupe britannique Standard Chartered détient des parts, a chuté de plus de 20% depuis le début de la semaine et l'arrestation de son fondateur, le truculent Nguyen Duc Kien, 48 ans.
Les épargnants en ont retiré déjà plus de 380 millions de dollars. Mais aucun signe de panique n'était perceptible vendredi devant les agences de la banque à Hanoï, selon les journalistes de l'AFP. Quant à la valeur de capitalisation des Bourses de Hanoï et Ho Chi Minh-Ville, elle avait chuté jeudi soir de 3,85 milliards de dollars, selon le journal Tuoi Tre. Les autorités ont lancé un appel au calme en conseillant aux investisseurs d'agir avec prudence.
Kien, réputé proche du Premier ministre et dont la chute est à l'origine de toute cette crise, possède des parts dans plusieurs autres banques du pays. Il était aussi partie prenante dans la réforme du système bancaire vietnamien, entamée par les autorités en 2011 pour assainir un secteur plombé notamment par les dettes toxiques et des méthodes de gestion inadaptées, héritées de l'économie planifiée.
Sur www.20minutes.fr le 24/08/2012
 

Liban : la sale guerre syrienne embrase un quartier de Tripoli

 

Des combats opposent sunnites et alaouites dans la deuxième ville du pays.

«Une solution à Tripoli? Je n'en vois aucune pour l'instant. Il y a bien eu un cessez-le-feu, mais les tirs ont continué: déjà un mort», déplorait jeudi matin Khaled Daher, un des parlementaires tripolitains ayant participé à la négociation. Pour ce sunnite notoirement antisyrien, tout est clair: «Damas pilote en sous-main la violence et notre gouvernement refuse de prendre ses responsabilités pour y mettre fin. C'est un feuilleton dont les épisodes se suivent et se ressemblent: dans deux jours la situation se calmera, les tirs cesseront et la vie reprendra son cours… jusqu'aux prochaines échauffourées. Mais tant que Bachar sera là, rien ne changera. Il a trop intérêt à déstabiliser le Liban. Notre seule chance: sa chute et la démission de notre gouvernement.»
C'est la troisième fois en quelques mois que Tripoli, la capitale septentrionale du Liban, est ébranlée par les combats. Depuis lundi dernier, alors que l'on fêtait la fin du ramadan, les quartiers rivaux de Bab el-Tebanneh (sunnite et anti-Bachar) et Jabal Mohsen (alaouite et pro-régime) s'affrontent à coups de lance-roquettes. La rue de Syrie, désertée de ses habitants, y fait office de ligne de front, l'armée tente sans grand succès de s'y déployer tandis que se joue de part et d'autre une sale guerre de snipers dont les civils paient le prix.
Vendredi matin encore, un jeune cheikh sunnite de 28 ans a été tué dans des affrontements qui ont éclaté à l'aube après un fragile cessez-le-feu, entre le quartier de Jabal Mohsen et celui sunnite de Qobbé.

Éviter les snipers

À Bab el-Tebanneh, les habitants ont astucieusement protégé les intersections dangereuses de grandes bâches de plastique bleu que l'on tire à la demande. En cette matinée supposée de «trêve», les rues n'en sont pas moins désertes et les rideaux des échoppes baissés. Seuls quelques hommes se sont retrouvés autour de deux tables en plastique, «Chez Abou Aymar», pour un café sur fond de tirs sporadiques.
«Le cessez-le-feu? Jusqu'à l'aube, ça a tiré et voilà que ça recommence, déplore Rami Yahya, casquette de base-ball vissée sur la tête, qui dit avoir monté la garde toute la nuit. Nous ne faisons plus confiance à personne pour nous défendre, et surtout pas aux politiques, au gouvernement ou à l'armée, juste à nos voisins et à Dieu. C'est pour cela que nous sommes obligés de nous organiser. Nous avons dû acheter des armes ; en face c'est Assad qui les fournit.» Damas est une nouvelle fois montré du doigt.
Pour Abou Jaffar, tee-shirt noir, pantalon de treillis militaire et téléphone Motorola coincé dans la ceinture, l'affaire est simple. «Les Syriens ont intérêt à fixer les combats à Tripoli. Pendant trente ans, ils nous ont occupés et il n'y a pas une famille dans ce quartier qui n'en ait souffert. Aujourd'hui, nous sommes avec l'Armée libre (syrienne). À Damas, ils savent que toutes les armes que nous utilisons ici ne finiront pas chez eux. Comme l'argent que nous investissons pour les acheter. Ils ont donc intérêt à créer le chaos à Tripoli.»
Entre le Liban et la Syrie, et tout particulièrement dans cette région, les échanges ont toujours été intenses. Depuis le début de la guerre, selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations unies, plus de 20.000 réfugiés ont été accueillis autour de Tripoli. De peur d'indisposer son voisin, le Liban peine à les reconnaître: il aura fallu dix-huit mois pour que l'agence internationale soit autorisée à y établir un centre d'enregistrement afin de faciliter l'assistance humanitaire. «Nous espérons que la violence ne nous obligera pas à interrompre nos opérations», déplore la porte-parole Ariane Rummery. Cette population déracinée compte aussi bon nombre de combattants venus panser leurs plaies pour mieux repartir, un problème que Damas n'a pas manqué de soulever à plusieurs reprises.
De quoi inquiéter les Libanais, même si, côté politique, on veut rester serein. «Quelle que soit la situation à Tripoli, il n'y aura pas de dérapage, affirme Roger Eddé, observateur averti et fondateur du parti Assalam, le Parti de la paix établi autour de la capitale septentrionale. Les dirigeants, l'opinion publique, les islamistes et même les extrémistes n'ont plus le goût de l'aventure quand il s'agit de la guerre au Liban. Si les Syriens pensent utiliser Tripoli comme tête de pont pour déstabiliser le pays, ils se font des illusions. Nous ne les laisserons pas nous entraîner.» Les derniers combats n'en ont pas moins ravivé les peurs. Tandis qu'Assad cherche à étendre le conflit chez son voisin, les Libanais voient avec inquiétude la guerre se rapprocher de leur pays.
Par Ariane Quentier le 24/08/2012 sur www.lefigaro.fr

mercredi 22 août 2012

La Russie adhère aux règles du commerce mondial

 
 

Après dix-huit ans de négociation, Moscou rejoint aujourd'hui l'OMC. Ses marchés s'ouvriront progressivement.

Un vieux serpent de mer. Il aura fallu dix-huit ans de négociations, souvent chaotiques, pour que la Russie adhère à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Entériné en décembre 2011 à Genève, le processus sera officialisé ce mercredi. «Malgré l'opposition des puissants lobbys, notamment agricoles, qui ont durci leurs positions dans les derniers mois, l'adhésion était devenue politiquement inévitable et indispensable pour Moscou», commente Anna Dorbec, économiste chez BNP Paribas. Ne serait-ce que parce que la Russie vise à terme une entrée dans l'OCDE, qui s'en trouvera ainsi grandement facilitée. C'est aussi un aboutissement logique car la Russie était le dernier pays du G20 à ne pas être dans l'OMC, qui plus est le dernier des Bric, le bloc des grandes économies émergentes comprenant aussi le Brésil, l'Inde et la Chine. Cette adhésion intervient dans une période de ralentissement économique mondial: selon l'OMC, la croissance des échanges de biens et de services va tomber à 3,7 % cette année après 5 % en 2011 et, surtout, 13,8 % en 2010. Un climat d'incertitudes qui incite davantage les États à prendre des mesures protectionnistes qu'au libre-échange.

Barrières douanières

Pour limiter l'impact qu'implique une entrée dans l'OMC - l'enjeu se situant plus sur les importations car 70 % des exportations russes sont composées de pétrole et de gaz non couverts par l'Organisation internationale - la Russie a négocié une période transitoire d'ouverture de ses marchés. Moscou a obtenu un assouplissement de 7 à 8 ans sur deux secteurs clés, l'agriculture, qui est encore trop peu compétitive et continuera à bénéficier de subventions, et l'industrie automobile, protégée par les tarifs douaniers. 
 
Sur les produits agricoles, les droits de douane seront progressivement abaissés de 15,6 % à 11,2 %. Malgré son immense potentiel céréalier, la Russie n'est pas encore le grenier du monde et elle est loin d'être autosuffisante pour la consommation de viande.

 
Quant à l'industrie automobile, l'objectif est de maintenir la production sur place, le pays constituant un marché attractif de 140 millions de personnes. «L'économie n'est pas compétitive, elle manque de technologies, les salaires et les crédits sont chers, et le climat des affaires peu favorable aux investisseurs. C'est pour cela que les tarifs à l'importation ont été relevés pour forcer les industriels à produire sur place», précise Anna Dorbec. Dans les négociations, les autorités russes ont obtenu, en échange d'une réduction des tarifs douanier, l'obligation pour les équipementiers de localiser une partie de leur production en Russie. L'ouverture à la concurrence pourrait en outre favoriser la consommation et l'achat de biens d'équipement grâce aux baisses de prix des produits importés.

Mais c'est surtout sur le long terme que la Russie espère des bénéfices de l'accès à l'OMC. «Je m'attends à ce que la concurrence accrue donne un coup de pouce à la modernisation de notre économie», déclarait en avril le président Vladimir Poutine. Et il y a fort à faire pour ce pays qui arrive en queue de peloton dans les classements internationaux de business, qu'il s'agisse de corruption, de gouvernance ou de facilité à entreprendre.

En attendant, l'économie émergente peut toujours compter sur le pétrole cher et ses réserves financières pour doper sa croissance. Le pays affiche un excédent budgétaire et une dette publique de seulement 13 % du PIB. La croissance est attendue cette année autour de 4 %.

Par Anne Cheyvialle le 22/08/2012 sur www.lefigaro.fr

 

lundi 20 août 2012

Attentat en Turquie: 8 morts et de nombreux blessés

Huit personnes ont été tuées et une cinquantaine a été blessée dans un attentat à la voiture piégée ce lundi dans le centre-ville de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, a annoncé le maire de la ville Asim Güzelbey, cité par les chaînes de télévision.
La puissante explosion s'est produite près d'un commissariat de police de cette ville, incendiant plusieurs véhicules dont un bus municipal, a souligné le responsable sur la chaîne d'information NTV. Les chaînes de télévision ont montré des véhicules calcinés alors que les pompiers tentaient d'éteindre les flammes.
Le sud-est de la Turquie, peuplé majoritairement de Kurdes est le champ d'action des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Gaziantep, grande ville de cette zone, avait été relativement épargnée par les violences survenues depuis que le PKK a lancé une rébellion autonomiste en 1984 contre les forces d'Ankara au prix de 45 000 morts.
Le PKK, pointé du doigt par les autorités locales dans cet attentat sanglant, est considéré comme une organisation terroristes par nombre de pays.

Sur www.lexpress.fr le 20/08/2012

À Derik, les Kurdes jouent un prudent double jeu

Accaparée par la bataille d'Alep, l'armée syrienne a délaissé le Kurdistan. Au profit des miliciens kurdes syriens du PYD qui rêvent d'indépendance.

«Azadi!» Le mot «liberté» est écrit en lettres d'or sur le flanc du vieux wagon de bois qui sert de baraquement. Deux larges drapeaux flottent sur le check-point à l'entrée de la ville: jaune, rouge et vert, les couleurs chatoyantes du Kurdistan. Bienvenue à «Dêrikê». Sur un panneau blanc, la ville a retrouvé son nom kurde originel. À quelques mètres, un berger traverse le bitume avec nonchalance et guide son troupeau dans un champ voisin. D'un geste de la main, il salue les trois hommes armés qui tiennent le poste de garde. Kalachnikov en bandoulière, un simple keffieh rouge autour du cou leur sert d'uniforme. «Tout est calme, dit l'un d'eux. Nous laissons passer les habitants et nous fouillons simplement les voitures qui ne sont pas d'ici.»

Ces miliciens appartiennent au Parti de l'union démocratique (PYD), un mouvement politique kurde syrien proche de la guérilla indépendantiste du PKK. Derik est passé sous leur contrôle le 20 juillet dernier. Dernière bourgade avant de passer les frontières turque ou irakienne, la ville de 50.000 habitants est, selon la version officielle, tombée comme un fruit mûr, sans le moindre combat.

Le bunker du régime

Depuis, sur les façades des bâtiments publics, la plupart des symboles du régime ont été recouverts à la hâte de peinture blanche. Du portrait de Bachar el-Assad, qui dominait le palais de justice, ne reste plus que le noir de sa chevelure. Personne ne s'est pourtant attaqué à la statue en bronze de son père, Hafez, qui trône toujours sur une place du centre-ville et aucun édifice ne semble avoir été mis à sac. Pour les détracteurs du PKK, Damas et la guérilla ont simplement passé un accord pour contrôler la région. Responsable du PYD à Derik, Mohamad Sahid nie farouchement, même s'il reconnaît une «entente cordiale» avec le régime: «Nous voulons éviter la violence. L'administration de Damas est désormais comme notre invité. Elle va sans doute bientôt partir. En attendant, on fait en sorte de ne pas avoir de conflits avec elle.»

À la nuit tombée, l'ambiance est paisible dans les rues du bazar. Des groupes d'adolescentes joyeuses prennent d'assaut une boutique de bijoux bon marché. «Les gens n'ont plus peur et il y a de plus en plus de monde depuis que nous avons pris notre liberté confirme Mahmoud, qui tient, dans la même rue, un négoce de pantalons. Beaucoup d'habitants qui avaient quitté la ville pour Alep ou Damas reviennent également s'installer ici à cause des bombardements.»

Plus personne ne semble porter attention à l'imposant bâtiment qui fait face aux petits commerces. De lugubres herses en protègent pourtant l'accès et le drapeau syrien est toujours visible au-dessus de la guérite du gardien. L'administration du régime y vit retranchée, comme dans un bunker.

Étonnamment, la toute nouvelle «maison du peuple», tenue par les Kurdes, est mitoyenne. Blouse claire, keffieh rouge sur la tête, un villageois arabe pénètre dans le bâtiment pour une affaire de bétail. Les différents se règlent désormais sous le regard paternaliste du chef de file du PKK, le plus célèbre des prisonniers de Turquie, Abdullah Öcalan. «Ici, on s'occupe des histoires de la vie courante, explique le responsable, Ahmad Kalash, ancien réparateur de réfrigérateurs. Chaque jour, nous avons plus d'une vingtaine de demandes que nous notons dans un registre. Avant, le régime n'aurait jamais accepté un lieu comme celui-là. Maintenant, dès que quelqu'un a un problème, il peut venir pour trouver une solution.»

Juste en face, la maison de la culture fait, elle, l'objet d'un étrange balai. «L'administration syrienne n'est pas encore partie, raconte le directeur Zedan Judi. Ils travaillent le matin de 8 heures à 14 heures. Ensuite, ils s'en vont et ce sont mes hommes qui prennent le relais.»

Soif de liberté

Dans cette période de transition où le temps semble suspendu, les nouvelles autorités de Derik se veulent exemplaires et tentent de donner des gages à toutes les communautés. «Quand le régime s'en ira définitivement, pas un cadre de l'hôpital public ne sera renvoyé, explique le Dr Mustafa, anesthésiste dans une clinique kurde de la ville et supporteur du PKK. Le directeur, un assyrien, est compétent. Il travaille déjà avec nous.»

En habiles funambules, les Kurdes du PYD ménagent le régime, tout en le critiquant violemment. À Derik, le ressentiment reste fort au sein de la population, après des dizaines d'années de vexations et de pauvreté organisée. Chaque vendredi, les manifestations continuent de rassembler plusieurs milliers de personnes. Elles s'élancent désormais d'une grande esplanade nommée «Liberté».

Par Etienne Huver le 20/08/2012 sur www.lefigaro.fr

Ne forcez pas la justice

Lors de la 21e session annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, l'un des sujets qui ont attiré l'intérêt des défenseurs des droits de l'Homme, étaient un débat sur le Kazakhstan. Certains parlementaires sont invités à prendre une résolution ferme contre ce pays, suite aux  événements de Zhanaozen.

Rappel :  Zhanaozen est une ville provinciale de la périphérie du Kazakhstan qui est devenu l'année dernière, le foyer d'une grève de travailleurs du secteur pétrolier en opposition avec les autorités locales. Les protestations des travailleurs durant le jour de la fête de l'indépendance a dégénéré en émeutes. Le chaos a saisi le centre-ville. La foule enragée a pillé, incendié et tout détruit. En réponse aux excès, la police a ouvert le feu. La confrontation a entrainé la mort de plusieurs personnes. En bref, c'est ainsi qu'on peut décrire ce qui s'est passé.

 

On pourrait penser qu'avec le recul il était finalement possible de comprendre la situation.

Les observateurs, les avocats et les militants des droits de l'Homme se sont rendu à Zhanaozen. Il y a eu des procès et des commissions indépendantes qui ont travaillé sur le sujet. Cependant, aucune version commune n'en est ressortie à ce jour. Ceci est discuté et illustré au sein de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE à Monaco.

Une discussion a été organisée en vue d'une résolution générale sur cette question dans le cadre de la Commission générale de la démocratie, des droits de l'Homme et les questions humanitaires. Les discussions ont formé deux camps. Un côté avait l'intention d'inclure dans un rapport de sévères critiques, remettant en question l'impartialité du procès des "grévistes pacifiques". Les autres plus nombreux ont insisté sur la pression politique inconvenante sur la justice.


La principale critique de cette république d'Asie centrale est venue du chef de la délégation de Monaco, Jean-Charles Gardetto, qui devait faire une étude approfondie sur ce sujet mais ne l'a pas fait.  On peut douter qu'il soit capable de trouver l'Asie centrale sur une carte.


Cet homme, en tant que spécialiste de la plus haute qualité, a parlé des droits de l'Homme au Kazakhstan avec compétence. Cependant, les répliques de Mr Gardetto laissent l'impression qu'il s'est exclusivement entretenu avec l'opposition du Kazakhstan, laquelle a sa propre vision de ces événements.


En particulier, ce monsieur a adressé un universel "beurk" à l'encontre du Kazakhstan, au motif que les policiers voyous de Zhanaozen ont maltraité des émeutiers. Notons que les autorités kazakhstanaises ne nient pas ce fait. Dans n'importe quel pays, même les plus avancés comme les Etats-Unis, de telles confusions peuvent se produire. Il suffit de se rappeler Guantanamo. Il n'est ici pas question d'essayer de faire un parallèle avec Zhanaozen. Les prisons de cette ville sont des jardins d'enfants par rapport aux donjons du pays le plus démocratique du monde. Les faits qui ont eu lieu restent désagréables, mais le Kazakhstan a réagi correctement. L'ancien chef du centre de détention de Zhanaozen et le lieutenant de police Temirov Zhenisbek ont été condamné à cinq ans de prison.


Et que fait  Mr Gardetto ? de la critique pour le plaisir de critiquer ? Pourquoi s'échiner sur cette question qui n'est pas à l'ordre du jour? L'opposition estime cela nécessaire, parce qu'ils croient que ces évènements ont été suivis de tortures.


Ainsi dans le débat, la députée allemande Viola von Cramon a évoqué le cas de l'activiste des droits de l'Homme et blogueuse Rosa Toletaeva. Cette représentante de l'opposition prétend être une victime de la torture de ses interrogateurs. Cependant, ce n'est rien de plus que des mots. Aucun fait n'est avéré et d'ailleurs aucun examen médical n'a été effectué. Sous la pression internationale elle aurait pu le faire sans problème. Il n'a pas été nécessaire de torturer Rosa Toletaeva. Qu'avait-elle à dire ? Des noms, des codes secrets ? Complètement absurde. L'accusation n'avait pas besoin de rechercher des témoignages. Tout est limpide. L'organisation des émeutes de Zhanaozen et l'incitation aux haines sociales incriminées ont été confirmées par des témoins.


Autrement dit, ce n'était rien de moins qu'une tentative pour faire parler de soi, une tentative pour attirer l'attention des médias et faire pression sur le tribunal.


On observe une guerre de l'information à grande échelle contre le Kazakhstan, qui vise à mettre la pression sur le public, les autorités et la justice, même sans l'existence de preuves.


L'occident par exemple, est toujours convaincu que les grévistes du secteur pétrolier et d'une classe défavorisée et affamés
. De l'autre coté, ils ont oublié d'informer sur leur salaire, qui, en vertu des normes du Kazakhstan, provoque l'envie de l'écrasante majorité des citoyens de la république. En fait, la grève elle-même était une fiction. C'était une forme de provocation tout à fait réussie, jusqu'à ce que les grévistes soient licenciés.

 

Conclusion


Par ailleurs,  les manifestants n'ont pas travaillé pendant plusieurs mois et fait la grève. Pour une famille qui vit d'un mois à l'autre sur un salaire, c'est un luxe de faire la grève. Ainsi, la grève était un lieu de travail pour ces personnes. Quelqu'un a parrainé les manifestations.


Qu'en pensez-vous Mr Jean-Charles Gardetto ? Il se trouve qu'il n'est pas d'accord avec la position de la partie kazakhe qui cherche des motifs politiques dans les conflits sociaux. Un officiel d'Astana a dit que dans ce conflit de travail est intervenu une troisième force, provoquant une explosion sociale. Ceci dit en passant, il y a une preuve de taille.


Mais Mr Gardetto reste imperturbable. Il s'accroche à l'idée qui s'est développée après le contact avec l'ONG «dialogue ouvert» en Pologne. Cette ONG, ardente antagoniste du Kazakhstan, est en mesure de peindre en noir toute situation. Mais la vie n'est pas en noir et blanc, elle est composée de demi-teintes.


A cet égard, la position du député néerlandais d'origine turque Koksun Koruz est considérée comme la plus «équilibrée et objective". Les participants au débat ont jugé que ses arguments avaient le plus de poids.


Il n'a pas défendu le Kazakhstan. Il a appelé au bon sens.


Le politicien croit qu'avant de conclure, toutes les parties doivent  étudier le cas soigneusement. Mr Koruz est un ancien juge. C'est pourquoi il se concentre sur la preuve.
«Il s'agit d'une question très complexe, - a t-il dit. - ... Nous devons être prudents avec l'utilisation de termes tels que «persécution politique». Si le terme est souvent utilisé, il peut être facilement dévalué».


Selon ses
mots, il est clair que le Kazakhstan ne politise pas la situation autour de Zhanaozen. Mr Koruz a mille fois raison de dire de ne pas tout mélanger. N'importe qui peu interpréter les lois à son avantage et devenir un dissident qui souffrent de ses convictions politiques.


Par exemple. Imaginez un vol de banque à Zhanaozen.
Le voleur se fait des millions tout en brûlant l'affiche du parti pro-gouvernemental. Qui est-il alors ? Un défenseur des droits des défavorisés, un combattant pour les droits et libertés démocratique? A Zhanaozen, il est arrivé quelque chose de semblable. Les manifestants, pacifiques en apparence, ont fait irruption dans les guichets automatiques et ont pillé des magasins. Le problème du Kazakhstan est que ses 20 années d'indépendance ont été accompagnées par la paix et le bien-être social. La police du pays n'était pas préparée à de tels projets criminels.


L'application des lois a été une tâche difficile. Soit la police devait intervenir soit regarder les manifestants détruire la ville. Le nombre de grévistes était trop important pour être maîtrisé, d'où l'utilisation des armes à feu. Les moyens démocratiques de répression d'émeute n'étaient pas en œuvre.


Je n'ai pas d'excuses pour la police, tout en essayant de penser objectivement quand d'autres crient frénétiquement et foulent les droits de l'Homme aux pieds. J'essaie de comprendre ce que ce serait de laisser la ville au pillage et combien de victimes il y aurait dans ce cas? La ville d'Osh au Kirghizistan en est l'exemple désastreux. L'incapacité des autorités à rétablir l'ordre a conduit à la mort d'environ 500 personnes et des milliers d'autres ont été blessés. Tel peut être le prix de l'absence d'intervention.


On peut noter qu'à Zhanaozen chacun a reçu ce qu'il mérite. Les procès auront lieu à Aktau, appelée à juste titre l'impartiale. Ce n'est pas seulement les grévistes, mais la police, les autres fonctionnaires et tous ceux qui ont mal utilisé ou abusé de leur pouvoir, qui sont traduits en justice.


Cependant, certaines forces politiques dans un étrange scepticisme persistent à mettre en doute la capacité du Kazakhstan à résoudre ses problèmes internes. Le tribunal est partial et les politiques publiques contournées.


Mais Dieu merci, il y a des gens sensés. En ce qui concerne le procès sur les événements de Zhanaozen, selon des représentants de l'assemblée parlementaire de l'OSCE, l'adoption de résolutions fermes peut être interprétée comme une «ingérence politique» dans le procès d'un Etat souverain. Il ne devrait pas y avoir la moindre tentative de pression politique sur les juges. Ce serait une erreur.

 

Le 25/09/2012