dimanche 15 juin 2014

La CEEA ne sera pas une réincarnation de l'ex URSS

L’union économique eurasienne est une nouvelle communauté apparue sur la carte du monde. D'un coté, ce processus ne devrait apporter que des bienfaits. Cependant, à la lumière des récents développements politiques dans les Etats post-soviétiques, tenter de faire valoir une unité est regardé avec méfiance par tous, y compris par la population des Etats concernés eux-mêmes. Ne voulant pas plonger dans les détails et les subtilités des passeports diplomatiques, ainsi que d’élaborer des informations à partir d'une source louche et pas toujours objective, les adversaires de l'intégration dessinent une image hideuse en agitant le spectre de la renaissance du totalitarisme et du goulag au sein de l’ex URSS. On peut remarquer que cette Image est pratique pour ceux qui préfère un partenariat stratégique à la soviétique plutôt qu’une libre concurrence.

Les procédures de fonctionnement entre les membres de l’union sont déjà actées. Les réclamations sont considérées au mieux par les pays participants. En règle générale, les citoyens ordinaires ont peur de la perte de la souveraineté de leur Etat et d’une dépendance totale à la Russie.

« Il n’y aura pas de réincarnation »

Cette déclaration convient-elle oui ou non à la réalité ? Nous pourrons le conclure avec les mots de l'un des principaux initiateurs de la CEEA, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev. Celui-ci a donné une conférence à l'Université Lomonossov des sciences humaines de Moscou, il a rappelé qu'il y a 20 ans, dans ces mêmes murs, a été mis en avant l'idée d'Union économique eurasienne.

« Sa conception est basée sur la vérité, aussi proche et compréhensible pour tous les citoyens de nos pays » a déclaré M. Nazarbaïev. « L’Histoire commune, les relations économiques, une communication étroite et la proximité des cultures humaines, donnent à nos peuples une chance de construire un nouveau type de relations interétatiques multilatéraux. J'étais et je reste un fervent partisan du fait que l'Union eurasienne n’est possible que sur des principes de volontariat, d'égalité, de bénéfice mutuel et de considération des intérêts pragmatiques de chaque pays participant. Cette initiative est un point de départ pour un nouveau processus historique, qui est maintenant appelé intégration eurasienne »

Cette déclaration contredit la version de la renaissance de l'URSS et montre que l'union est possible seulement si les États sont tous indépendants. Le président du Kazakhstan n’imagine pas agir contre la souveraineté de sont pays.

Il y a 20 ans, l'initiative de M. Nazarbaïev n'a pas trouvé d’échos de la part de ses collègues de la CEI. Mais dans les années qui ont suivies, alors que le développement se poursuivait, il y a eu de nombreuses plates-formes d'intégration culturelles, politiques et économiques : la banque eurasienne de développement, le Conseil des affaires Eurasiennes, le forum des médias eurasiens, l'association eurasienne des universités et bien d'autres...

L’intégration eurasienne fut bénéfique aux populations des pays coopérants. L’'accroissement des échanges entre les États, les barrières douanières, ont rendu possible la création de coentreprises et la coopération dans divers domaines, allant de l'éducation à l'emploi. Les problèmes de sécurité sont en grande partie résolu dans la région.

Il faut également souligner les succès économiques. Le volume total des échanges économiques des économies de l’union, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie est de 2 200 milliards de dollars. Le volume total de la production industrielle des trois pays s'élève à près de 1 500 milliards de dollars. L’effet d'intégration est si prometteur que la croissance totale du PIB en 2030 pourrait atteindre environ 900 milliards de dollars.

Aujourd'hui, en parlant de l'Union économique eurasienne, certains experts et politiciens effraient l'opinion mondiale par le mythique «réincarnation» de l'Union soviétique, a remarqué non sans ironie, le leader kazakh. Il a dit : « je crois que les arguments à cet égard sont loin de la réalité et sont sans fondement. Aujourd'hui, l’intégration sur le modèle soviétique n’a tout simplement pas de cadre institutionnel. Tout est définitivement passé à l’Histoire, sans possibilité de retour. Les peuples de l'ex-Union soviétique ont construit leur propre Etat. Le système actuel de propriété, la structure sociale et la structure économique de nos sociétés sont loin de l'archaïque union soviétique. Et sur ce point, nous étions d'accord avec les dirigeants de la Russie et de la Biélorussie.

Un nouveau jalon sur la voie de l'intégration euro-asiatique devrait être la future signature du traité instituant l'Union économique eurasienne. Cela sera probablement fait dans un proche avenir. Un certain nombre de réunions bilatérales et trilatérales entre les chefs d'États membres qui se sont tenues à la fin avril, ainsi qu'une réunion ordinaire du Conseil suprême économique eurasien à Minsk, suggèrent que les négociations sont menées à grande échelle, sur tous les niveaux.

Comme l'a souligné le président Vladimir Poutine, au cours des années précédentes, un énorme travail a été réalisé par tous les participants « pour créer l'union la plus avancée de l’espace postsoviétique ».

« L’union douanière que nous avons créé apporte du travail et de réels avantages » a dit le président russe. « Nous voyons les résultats dans les économies de nos pays. C’est un fait évident. Mais nous pouvons faire un autre pas. Nous avons convenu de cette étape qui est d’approfondir notre coopération et de promouvoir cette coopération à un niveau plus élevé ».

Selon le chef de la Fédération de Russie, la création de la CEEA, réelle, officielle et confirmée par un document, permettra aux pays participants d’améliorer la compétitivité de leurs économies afin de les rendre plus efficaces et d’attirer des investissements nationaux et étrangers.

« Oui, il y a des questions qui ne sont pas encore entièrement traitées au niveau des experts » a déclaré M. Poutine. « En fait, nous sommes réunis pour cela. Mais je suis d'accord avec vous, chers collègues, qu’il peut toujours être fait plus de travail dessus et trouver ce qui est acceptable pour tous ».

Pour eux, cette recherche est nécessaire. Pour le moment, la question la plus difficile et non résolue est la question de la Biélorussie. Ainsi, selon le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, l'Union eurasienne doit être fondée sur un principe d’échanges commerciaux équilibrés, comprenant le pétrole. Astana et Moscou ne partagent pas cette opinion.

« Il a été créé une liste des questions sur lesquelles les opinions divergent et cette liste est inquiétante » a remarqué le leader biélorusse. « On nous propose de laisser ces questions en suspens alors qu’elles auraient du être résolues au  stade précédent.

D'une part, ces déclarations montrent que le processus d'intégration n'a pas été aussi facile que prévu, et d'autre part qu’il ne sera accepté aucun diktat de la Russie, et qu’à la conclusion des accords, il sera pris en compte les intérêts de tous les partenaires de la future association. Toutefois, les parties s'attendent à ce qu’ils seront en mesure de parvenir à un accord de compromis sur les aspects de l'Union économique eurasienne qui restent actuellement en suspend.

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