mercredi 22 avril 2015

Le Japon renoue avec l’excédent commercial

Retour dans le vert pour la balance commerciale du Japon. En déficit massif depuis l'accident nucléaire de Fukushima, l'archipel a affiché en mars un excédent pour la première fois depuis juin 2012 - soit 32 mois consécutifs dans le rouge -, une embellie peut-être éphémère mais d'importance pour le gouvernement et la Banque du Japon (BoJ). La troisième puissance économique mondiale affiche ainsi un solde commercial positif de 229 milliards de yens (1,8 milliard d'euros), selon les statistiques publiées mercredi par le ministère des Finances. Ce résultat est bien meilleur que les attentes des économistes, qui anticipaient un excédent de seulement 45 milliards de yens.

La tendance s'était dessinée ces derniers mois grâce à la chute des prix du pétrole et à la vigueur des exportations, dopées par une relative amélioration de la conjoncture internationale et surtout la bonne santé américaine. En mars, les achats d'or noir ont plongé de 51% et ceux de produits pétroliers de 38%. La facture de gaz naturel liquéfié s'est également réduite (-12%). Au final, les importations ont reculé de 14,5% en valeur sur la période, à 6.698 milliards de yens (51,5 milliards d'euros).

Dans le même temps, les exportations ont progressé de 8,5% à 6.927 milliards de yens, portées par les machines diverses, les semi-conducteurs et les automobiles. Elles ont également bénéficié de l'affaiblissement du yen, qui gonfle mécaniquement les recettes encaissées à l'étranger une fois converties en devise nippone : en volume, la hausse n'est que de 3,3%. Cet effet devises a particulièrement joué sur les échanges avec les Etats-Unis (+21,3% en valeur, +5,9% en volume).

Une bonne nouvelle, mais...

Ce premier excédent mensuel en près de trois ans apparaît comme une bonne nouvelle pour le Premier ministre, Shinzo Abe, et le gouverneur de la banque centrale, Haruhiko Kuroda, une semaine après un rapport encourageant du Fonds monétaire international (FMI) qui table sur une croissance de 1% cette année. Les deux hommes tentent depuis deux ans, en vain, d'anéantir la déflation et de relancer une économie fragilisée par le passage à une TVA de 8% (contre 5% auparavant) l'an passé.

« La demande extérieure sera la lueur d'espoir de l'économie japonaise cette année, alors que la consommation des ménages et l'investissement des entreprises demeurent faibles », a commenté, pour l'agence Bloomberg, Toru Suehiro, analyste chez Mizuho. Mais attention, prévient Marcel Thieliant, de Capital Economics : « L'excédent commercial ne devrait pas durer. » Il évoque l'amorce de rebond du marché pétrolier depuis le début de l'année et une devise nippone amenée à céder encore du terrain. Ce mouvement « devrait renchérir le coût des importations plus qu'il n'élèvera celui des exportations », estime-t-il dans une note

Sur www.lesechos.fr le 22/04/2015

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