A l’issue de trois jours de débats, le Parlement birman a rejeté, jeudi 25 juin, un projet de loi visant à réduire le poids de l’armée en son sein. Une décision qui anéantit tous les espoirs de l’opposante et Nobel de la paix Aung San Suu Kyi de pouvoir un jour changer la Constitution de 2008, qui l’empêche toujours d’accéder à la présidence.
Le projet d’amendement n’a « pas été adopté », a déclaré le président du Parlement, n’ayant pas réuni les plus de 75 % de voix nécessaires. Aung San Suu Kyi avait pourtant réitéré, mardi, son appel à modifier la Constitution : « Si nous voulons un véritable changement dans ce pays, nous devons modifier la clause 436. »
Cette disposition polémique permet à l’armée de bénéficier d’un droit de veto au Parlement de facto. La clause 436 stipule en effet que plus de 75 % des votes sont nécessaires pour modifier la Constitution. Or au Parlement un quart des sièges sont réservés à l’armée. Cette clause lui donne donc la possibilité de bloquer toute décision à laquelle elle s’oppose.
Impasse
Aung San Suu Kyi a fait campagne sans relâche ces derniers mois pour une modification de la Constitution. Des élections législatives sont prévues pour la fin de l’année et vues comme un test crucial pour la Birmanie, en pleine mutation après des décennies de régime militaire. Mme Suu Kyi, qui a été enfermée pendant près de quinze ans par l’ancienne junte et est entrée au Parlement en 2012, est donnée grand vainqueur des prochaines élections avec son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Mais l’accès à la présidence est toujours impossible pour elle, en raison d’un article de la Constitution qui exclut les personnes ayant des conjoints ou des enfants étrangers, une disposition considérée comme visant directement Suu Kyi, dont les deux fils sont britanniques. L’armée s’oppose toujours à toute modification de cet article, et place Aung San Suu Kyi dans une impasse.
Sur www.lemonde.fr le 25/06/2015
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