dimanche 31 janvier 2016

Nouvelles élections anticipées du parlement au Kazakhstan

Des élections anticipées des députés du Majilis, chambre basse du Parlement du Kazakhstan, sont prévues pour le 20 Mars 2016, avec la réélection des députés des Maslikhat. L'initiative de mettre fin aux mandats des représentants actuels a été proposée par les députés du Majilis eux-mêmes, en appuyant cette décision sur 3 raisons : réaliser leur mission, faire des économies d’échelle en mutualisation les deux élections et la nécessité d'une perfusion de nouvelles forces dans le parlement du pays.

Et maintenant, essayons de comprendre concrètement. Que signifie «remplir sa mission» ? Les députés ont déjà calculé que pendant 4 ans de travail dans les murs du Majilis, ils ont voté 460 projets de loi. Parmi eux, par exemple, il y avait celles qui étaient nécessaires en premier lieu pour établir des modernisations à grande échelle et des réformes. Ces lois concernent presque toutes les sphères de la vie nationale dans le secteur de la fabrication, de l'agriculture, de la sécurité et des activités des institutions de l'Etat. L’adoption de ces projets de loi portera ses fruits dans l’avenir, cela ne fait aucun doute. Parce que les lois ont été soigneusement travaillées, étudiées, élevées au niveau des lois internationales et adaptées aux cas de crises. Par conséquent, ce travail est considéré très correct par de nombreux experts et politologues.

Le second argument est d’économiser. La commission électorale centrale a estimé le coût d’un processus électoral combiné. Il se trouve que l'élection des députés au Majlis et au Maslikhat coûtera environ 8 milliards de Tenge sur le budget de la république. Dans le même temps pendant les deux processus électoraux, les estimations pourraient être augmentées de 4,8 milliards de Tenge.

À ce jour, le pays a enregistré sept partis politiques: « Nour Otan », « Akjol », le « « Parti national social-démocrate", le Parti communiste de la République du Kazakhstan », le parti « Birlik » et « Aouil » et « Azat ». Chaque parti peut présenter un maximum de 127 candidats et devra payer les frais d'élection aussi, pour chacun d’eux, de 15 fois le salaire minimum. Les candidats aux Maslikhats sont censés payer cinq fois le salaire minimum dans le cas où ils décident de concourir pour les prochaines élections.

Le troisième argument qui a motivé les anciens députés du Majilis pour initier des élections anticipées est la nécessité de diversifier la composition du Majilis. Il est entendu que le Parlement a besoin de nouvelles forces et d'idées. Cette campagne sera active et intense. Des programmes intéressants seront présentés par les partis politiques. Il est très important que les partis politiques soient mieux représentés dans le Majilis, notamment en termes de représentation de la population. Aujourd'hui, au Kazakhstan et au-delà de ses frontières, la situation économique est difficile. En ce sens, les partis qui n'ont pas encore de députés au Majilis préparent déjà leurs programmes. La plupart ont déjà prévu un congrès de leur parti, où il est prévu de définir les modalités d’élections primaires et de nomination des candidats.

Dans le même temps les partis ont acquis une expérience de «terrain» et comptent sur un plus grand nombre de sièges parlementaires. "Jugez par vous-même si lors des élections précédentes nous étions sur un pied d'égalité avec les autres partis. Nous ne disposions pas d'expérience politique, comme en ce moment, et n’avions aucune expérience de l'activité parlementaire. A présent, il est visible que nous avons gagné en expérience. Nous prévoyons de prendre le nombre maximum de sièges, soit 15 députés" selon le communiste Vladislav Korasev, député du Majilis du Parlement de la 5ème mandature, qui a partagé ses prévisions.

Par ailleurs, en ce qui concerne le renouvellement du Majilis, les politologues et les experts suggèrent que les partis accordent une attention particulières aux jeunes, en particulier ceux du programme "Bolashak". Au cours de l'histoire du Kazakhstan indépendant, des milliers de jeunes professionnels ont été éduqué dans de prestigieuses universités de l'occident. Et à l'ère de la mondialisation et de l'intégration dans tous les domaines de connaissance, le Kazakhstan aura le bénéfice de ces personnes. Surtout quand on considère que les diplômés du programme "Bolashak" savent concrètement comment travailler dans le monde développé, connaissent les lois économiques et aides l’appareil d’Etat d’être vraiment efficaces à l’étranger.

Pendant ce temps, les experts disent que les élections législatives anticipées peuvent ainsi donner une impulsion au développement des institutions parlementaires au Kazakhstan. Autrement dit, elles permettent d'élargir les pouvoirs des députés du Majilis. Il est temps pour les députés non seulement de régler les projets de loi venant du gouvernement, mais aussi d’initier de nouveaux projets de loi. D’autant que les députés du Majilis sont choisi par les Kazakhstanais. Les députés tiennent des réunions régulières avec la population, les électeurs, et donc ils recueillent localement leur opinion. C'est-à-dire qu’il ont connaissance de ce qui est important pour les Kazakhs ordinaires.

Le mafia blues des yakuzas

Au Japon, les yakuzas, qui s'étaient efforcés de se construire une image de corps social utile, sont désormais traqués et doivent se réinventer pour subsister.

Un immeuble brun et étroit. Les vieux stores fatigués sont tirés. Quartier de Roppongi, au cœur de Tokyo, juste en face du prestigieux Ritz-Carlton. A dix heures pile, trois quarantenaires, cheveux courts, costumes gris stylés, sortent accueillir le passager d'une berline noire. Ils s'inclinent sèchement. Sûrement un « kobun », un lieutenant du parrain. Les parapluies l'escortent dans l'immeuble de six étages où est établie, depuis 1972, la troisième plus large organisation de yakuzas du Japon, la Inagawa-kai. L'adresse du siège est sur les cartes de visites des 3.300 membres de l'organisation. La police passe de plus en plus souvent. Et même, les autorités judiciaires américaines font désormais suivre vers ce bâtiment leurs décisions de gels des actifs des cadres de l'organisation. En 2009, le projet­ de déménagement des bureaux du groupe vers un autre quartier avait provoqué un tollé des habitants du site sélectionné. L'organisation avait renoncé.

Au Japon, les yakuzas, qui s'étaient efforcés, avec la bénédiction des élites politiques et économiques, de se construire une image chevaleresque de corps social utile, sont désormais traqués et doivent se réinventer pour subsister. « L'objectif est de les faire disparaître complètement », martèle le lieutenant Tetsuya Yamamoto, vice-directeur du département de la police nationale (NPA) chargé de la lutte contre les « boryokudan », littéralement les « groupes violents ». Car le mot même de « yakuza », qui fait référence à une main perdante dans un très ancien jeu de cartes, n'est plus utilisé par les autorités.

Lointaine héritière comme les autres clans du pays des organisations de joueurs professionnels et des colporteurs du XVIIe siècle, l'Inagawa-kai avait pourtant prospéré en pleine lumière pendant des décennies dans la région de Tokyo et de Yokohama. Au début du XXe siècle, les yakuzas­ avaient maté des mouvements sociaux pour le pouvoir. Juste après la Seconde Guerre mondiale, ils avaient régulé des marchés noirs, permettant une reconstruc­tion plus rapide. Plus tard, ils s'étaient rapprochés d'élus conservateurs pour faciliter la signature de contrats ou réduire l'influence communiste.

Jamais formellement « interdites », les organisations de yakuzas avaient pu sécu­riser, sans entraves, leur contrôle de la prostitution, du divertissement, du jeu clandestin et de l'usure aux petites entreprises et aux particuliers, avant de s'immiscer plus profondément dans la vie économique. Les entreprises leur confiaient les « sales besognes », les négociations musclées que le droit japonais ne savait solutionner. Leur supervision garantissait des rues sans délinquance. A leur apogée dans les années 1960, ils comptaient plus de 180.000 membres. Mais, l'an dernier, ils n'étaient plus que 53.300, selon la NPA. « Cette demande sociale qui a existé, un temps, pour les yakuzas a disparu », explique l'avocat Hideaki Kubori.

Racket et surveillance

A Kabukicho, un quartier coquin de Tokyo, ils patrouillent pourtant encore sous les néons aguicheurs et les affiches de jeunes femmes en Bikini. Chaque semaine, les magazines suivant leurs activités racontent l'arrestation d'un yakuza ayant voulu racketter un salon de massage offrant plus que de la relaxation musculaire ou un bar à hôtesses dénudées. Les gangs réclament toujours à ces établissements la « mikajime », ou l'argent de la protection en échange de la surveillance des lieux ou d'une aide au recrutement des filles, parfois venues de l'étranger. On parle de 150.000 yens (1.100 euros) par mois et par boutique. « Les paiements, exclusivement en liquide, font officiellement référence à de la location de plantes vertes, de tableaux ou à la livraison de serviettes chaudes », raconte un spécialiste. Plus loin, ils gèrent encore des casinos clandestins, connus dans le milieu sous le nom de « killing rooms » organisés pour « plumer » des joueurs riches. Fin 2011, le PDG de Daio Paper, un grand groupe familial, avait été mis en examen après avoir reconnu qu'il avait puisé dans les comptes du groupe plus de 10 milliards de yens (120 millions d'euros à l'époque) pour éponger ses dettes. Il avait évoqué des mises malheureuses à Macao, mais les tabloïds avaient découvert ses fréquentes visites dans des salles de jeu truquées de Tokyo.

Dans son dernier livre blanc, la NPA pointe aussi le maintien de revenus des « boryokudan » générés par le trafic de drogue, mais les arrestations liées aux stupéfiants ne cessent de reculer. Seuls 12.951 cas avaient été recensés en 2013. Ils concernaient essentiellement l'importation ou la distri­bution d'amphétamines, comme le « crystal meth », la cocaïne et l'héroïne n'ayant jamais réellement pénétré l'Archipel.

Hors de ces activités mafieuses « traditionnelles », les yakuzas tentent encore de racketter ou de contrôler les industries qui avaient fait leurs fortunes dès les années 1970. « Ils ont été pendant longtemps très présents dans le secteur de l'immobilier », rappelle Landry Guesdon, un avocat du cabinet Iwata Godo. Un ancien de Morgan Stanley se souvient d'une acquisition d'immeuble que sa banque avait finalement refusée dans les années 2000. « Le vendeur n'arrivait pas à faire partir certains des locataires. Pour les "convaincre", il avait fait appel à une organisation de yakuzas qui chaque jour envoyait des gros bras faire courir leurs pitbulls dans les couloirs, où vivaient les grands-mères récalcitrantes. Des gars baraqués et tatoués faisaient aussi gentiment leur étirements torse nu dans les ascenseurs », raconte-t-il. « A l'époque, ces méthodes de pression étaient courantes, mais les choses changent », assure l'homme d'affaires, qui note aussi un essoufflement de leur présence dans les investissements. Comme toutes les entreprises, ils s'étaient endettés, dans les années 1980, pour multiplier les acquisitions d'immeubles et même de terrains de golf, avant d'être frappés par l'explosion de la bulle. Ils n'auront jamais remboursé.

De cette époque faste où ils contrôlaient des centaines d'entreprises « légitimes » d'immobilier ou de BTP, ils ont gardé un poids sur le segment de la construction et apparaissent encore en mesure de mobiliser une importante main-d'œuvre dans un Archipel paralysé par l'effondrement de sa population active. Plusieurs organisations criminelles sont ainsi soupçonnées de par­ticiper au chantier de démantèlement de Fukushima, où les radiations imposent un rapide renouvellement des équipes. D'autres se sont repliées sur la gestion de déchets industriels dangereux ou des déchets municipaux. « De grands acteurs étrangers du secteur ont même dû abandonner leur projet sur ces marchés », confie Landry Guesdon. Mais les revenus de ces activités sont faibles. Et les entreprises traditionnelles leur résistent. « Dans les grands groupes cotés en Bourse, on ne peut plus suspecter aujourd'hui les directions de collusion avec les yakuzas », assure Hideaki Kubori.

Il y a quelques années encore, elles devaient­ souvent céder au chantage des « sokaiya ». Des yakuzas qui accumulaient des titres d'une entreprise ciblée et menaçaient les groupes d'organiser des esclandres lors des assemblées générales d'actionnaires ou d'humilier les dirigeants. Mitsubishi Motors, Nomura Securities ou encore la Dai-Ichi Kangyo Bank (maintenant intégrée à Mizuho Financial Group) avaient cédé. « Puis l'arsenal législatif contre le crime organisé a été renforcé et cette forme de racket a disparu­ », indique l'avocat.

Un grand ménage

Les yakuzas n'amusent plus Tokyo. Depuis une loi antigang de 1992, leurs activités sont criminalisées et les « kumicho », les « pères de famille » de chaque organisation, sont désormais tenus responsables des moindres faits et gestes de leurs protégés. En 2011, de nouvelles ordonnances qui visent les entreprises soupçonnées d'entretenir sciemment des liens économiques avec des membres de la pègre ont provoqué un grand ménage. Dans les entreprises étrangères, des retraités de la police sont maintenant souvent consultés pour faire le point sur des clients trop pressants ou des partenaires potentiels jugés suspects. Les banques du pays ont rouvert leurs fichiers après avoir été épinglées en 2013 dans la vente de polices d'assurance auto à des membres d'un gang dont elles n'avaient pas cherché à connaître l'origine des revenus. Elles avaient simplement laissé leurs clients signer une clause – comme le font toutes les personnes ouvrant un compte ou validant un contrat commercial au Japon – assurant qu'ils n'étaient pas liés aux « boryokudan ». Punies par leur régulateur, les institutions finan­cières se veulent désormais irréprochables.

Tous les mois, Atsushi Fukasawa, un associé du cabinet Iwata Godo, se rend donc dans des agences bancaires du pays pour offi­ciellement clôturer les comptes de yakuzas identifiés dans une nouvelle grande base de données nationales. « La police est toujours dans une salle voisine. Je leur remets leur argent dans un sac. Et ils s'en vont. Ils ne se plaignent jamais de peur d'être arrêtés et de voir le "kumicho" impliqué », explique l'avocat.

Devenus des parias, les yakuzas s'enfoncent dans la clandestinité et tentent d'affiner leurs stratégies. Après la crise financière, le « Lehman Shock », de 2008, ils auraient recruté des traders et des analystes licenciés pour affiner leurs connaissances des marchés financiers et organiser de nouvelles arnaques. Parfois, ils sont encore mis en cause dans des faillites de PME cotées sur des marchés annexes. Ils accumulent, en secret, les titres de sociétés et tentent de manipuler les cours en activant des rumeurs ou en jouant d'informations glanées par leurs réseaux. Une confession d'un patron sur l'oreiller à une amie, aux charmes tarifés.

Ne croyant pas à ces conversions, le lieutenant Tetsuya Yamamoto estime que la perte de leurs revenus classiques a plutôt poussé, ces dernières années, les criminels vers des escroqueries de plus en plus minables. Un coup de fil à une vieille grand-mère isolée pour se faire passer pour son petit-fils vivant loin en ville et ayant soudain besoin d'un transfert bancaire de 20.000 ou 30.000 yens (250 euros). Des affiches mettant en garde contre cette technique baptisée « ore-ore sagi » sont désormais distribuées.

L'image « chevaleresque » des yakuzas a été écornée. « Ils n'arrivent plus à recruter de jeunes membres », indique Atsushi Mizoguchi, un expert indépendant. Ils ne peuvent plus avoir de compte en banque, louer d'appartement ou se payer un abonnement à la gym. Et doivent constamment faire profil­ bas. Les tatouages sont évités. Les doigts coupés se racontent en légendes.

Et même l'autorité des plus puissants parrains­ est contestée, explique l'expert, qui voit dans l'éclatement, à l'automne 2015, du plus grand clan du pays, la Yamaguchi-gumi, un révélateur de cette profonde crise économique du crime organisé. « Un "kumicho" de Kobe a fait sécession et débauché un tiers des effectifs de l'organisation mère après avoir promis qu'il allait fortement baisser les contributions mensuelles traditionnellement demandées à chaque membre », explique-t-il. Pour son anniversaire, le parrain « rebelle » n'exigera, par ailleurs, aucun « cadeau », alors que Shinobu Tsukasa, le puissant leader de la Yamaguchi-gumi, qui contrôlait avant cet éclatement 40 % de tous les yakuzas du pays, impose à ses hommes la remise, tous les 25 janvier, d'une enveloppe d'au moins 100 millions de yens. « Ce n'est plus tenable », lâche Atsushi Mizoguchi. « Leur déclin est irrémédiable », confirme le vice-directeur de la police, qui ne voit plus dans les « boryokudan » un « mal nécessaire » pour contenir la délinquance. Mais seulement un mal qu'il faut éliminer.

Par Yann Rousseau sur www.lesechos.fr le 31/01/2016

vendredi 29 janvier 2016

La Banque du Japon fait à son tour payer les dépôts

La décision a ébranlé la planète boursière ce matin : la Banque du Japon a décidé d'abaisser ses taux de dépôts en territoire négatif, à -0.1%. Une nouvelle tentative pour stimuler l'économie japonaise et l'inflation… Mais aussi continuer à faire baisser sa monnaie.
La Banque du Japon avait tout essayé sauf ça. Taux directeurs quasi-nuls, rachats d'actifs massifs… Mais pas encore les taux de dépôt négatifs. Comme c'est déjà le cas pour la BCE depuis quelques mois, ainsi que dans d'autres pays comme la Suisse, la France ou l'Allemagne, la BoJ va faire payer les banques qui laissent leurs dépôts chez elle.
On est en plein cœur des recettes de politique monétaires utilisées en ce moment en Europe, et autrefois aux Etats-Unis: décourager les banques de laisser dormir leur argent du côté des banques centrales, pour qu'elles le refassent circuler dans l'économie réelle, stimuler l'activité de crédit, fortifier la demande… et créer de l'inflation.
Mission "Coup de Balai"!
Mais jusqu'à présent, même si la Banque du Japon est sans doute celle qui est allé le plus loin en matière de politique de taux planchers et de rachats d'actifs (elle est capable de racheter toutes sortes d'actifs, de produits financiers précis aux actions en passant évidemment par les obligations). Et malgré tout, le pays connaît une croissance très molle et une tendance à la déflation.
L'action de la Banque du Japon est vraiment organisée à la manière d'un coup de balai, faire sortir de son bilan l'argent que les banques devraient faire circuler, au lieu de le laisser dormir sur des comptes de dépôts qui, en plus, ne rapportent rien.  
Mais ce cas de figure particulier est propre au Japon. A la fois économie considérée comme "à risques" car très faible du point de vue de la performance et de la tendance des prix, mais considérablement attrayante pour les investisseurs.
En effet, si on regarde les chiffres hebdomadaires des flux d'investissements depuis plus d'un an et demi rien que sur les marchés actions, qu'il pleuve ou qu'il vente, qu'on soit en période de marché calme et haussier, ou de tempête boursière, deux seules zones d'investissements échappent toujours à tout : la Zone euro et le Japon.
Le "franc suisse" de l'Asie !
Alors que la FED est confrontée au problème du redressement de ses taux directeurs, et que les pays émergents sont le théâtre d'une fuite de capitaux continue, les investissements se concentrent sur les deux zones finalement les moins risquées que sont l'Europe et l'économie japonaise, où la banque centrale a décidé de soutenir coûte que coûte son marché.
Un investissement donc sûr, si on le rapporte à l'ensemble des considérations monétaires du moment. Ce qui pose un problème capital pour le Japon : la trop grande force de sa monnaie. Le yen bénéficiant de flux d'achat considérables, à tel point qu'il est même surnommé "le franc suisse de l'Asie"! Une situation gênante alors que tout près de là, la Chine organise progressivement la baisse de sa monnaie, le yuan.  
Charge à la Banque Centrale de trouver une solution unique pour à la fois soutenir l'économie, sécuriser son système financier et réduire la relative force de sa monnaie, notamment face à celle du géant chinois. Et une fois qu'on a abaissé ses taux au minimum, qu'on rachète des actifs sur une palette extra-large… seul une baisse des taux de dépôts peut encore faire réagir positivement.
Toute cette agitation a eu les effets escomptés, une forte hausse du Nikkei (+2.8% en clôture ce matin, et même plus de 3% de hausse en séance), et une forte baisse du Yen qui remonte largement au-dessus des 120 pour 1 dollar, au plus haut depuis août dernier.
Nouvelle phase de la guerre des monnaies
Elle s'ajoute au climat actuel qui fait dire aux investisseurs que les banques centrales vont rester très accommodantes au milieu de ces turbulences boursières, avec en plus une BCE en mode "No Limit" pour aider l'économie, et une FED "attentive" aux risques de marché, si bien que beaucoup s'attendent à ce qu'elle fasse une longue pause après sa première hausse de taux de décembre dernier, quitte à ce qu'elle soit la seule avant… 2017 !
L'effet psychologique sera sans doute très positif pour les marchés actions. Malgré tout, tout cela ne doit pas faire oublier que la guerre des monnaies n'a jamais cessé entre dollar, euro, mais surtout yen et yuan… Et que l'affrontement entre les deux super-géants asiatiques ne fait que commencer.
Par Antoine Larigaudrie sur bfmbusiness.bfmtv.com le 29/01/2016

mardi 26 janvier 2016

Nouvelle tempête boursière en Asie, Shanghai et Shenzhen plongent de plus de 6%

La Bourse de Shanghai a perdu presque 6,5% et Shenzhen plus de 7%. L'inexorable essoufflement de l'économie chinoise, qui a enregistré l'an dernier sa plus faible croissance depuis un quart de siècle, continue de hanter les esprits et d'affoler les investisseurs.

La Bourse de Shanghai a plongé mardi de presque 6,5%, plombée par des ventes massives dans un climat de panique générale, de nouvelles injections de liquidités par la banque centrale ne parvenant pas à apaiser les vives inquiétudes sur l'économie mondiale. En clôture, l'indice composite shanghaïen a dévissé de 6,42%, ou 188,72 points, à 2749,79 points. La Bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, s'est de son côté effondrée de 7,12%. La Bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, s'est de son côté effondrée de 7,12%, à 1714,42 points.
"Certains investisseurs n'ont plus aucune envie de se battre à contre-courant à l'approche des vacances du Nouvel an lunaire (début février), le marché est donc très vulnérable: dès que le repli des cours s'est accentué, les investisseurs paniqués se sont mis à vendre à tout rompre", a indiqué à l'AFP Zhang Yanbing, analyste du courtier Zheshang. Les places chinoises avaient piqué du nez dès l'ouverture, dans le sillage d'une rechute la veille des Bourses européennes et américaines, alors que la glissade persistante des cours du pétrole attise les inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale.
Les violentes fluctuations des marchés mondiaux et une conjoncture fondamentalement morose se conjuguent pour peser sur les Bourses chinoises, confirmait Zhang Qi, analyste du courtier Haitong. "Le marché est engagé dans une spirale baissière, les investisseurs tendent à être exagérément pessimistes, et toutes les nouvelles négatives sont amplifiées dans les échanges", a-t-il commenté.
De fait, l'inexorable essoufflement de l'économie chinoise, qui a enregistré l'an dernier sa plus faible croissance depuis un quart de siècle, continue de hanter les esprits et d'affoler les investisseurs -- qui sur les Bourses de Chine sont essentiellement des petits porteurs. Dans ce contexte, de nouvelles injections de liquidités par la banque centrale chinoise dans le système financier mardi n'ont pas suffi à convaincre et à redonner confiance aux marchés.
Plus tôt dans la matinée, la Bourse de Tokyo a aussi fini en baisse de 2,35% mardi avec la rechute des cours du pétrole.
Dans le sillage des cours du pétrole, Moscou affiche également une perte de plus de 3%.
Sur www.lefigaro.fr le 26/01/2016

samedi 23 janvier 2016

Chine: 880 millions d'euros détournés par les fonctionnaires corrompus


Ce n’est pas de l’évasion fiscale, mais les conséquences sont les mêmes sur les caisses de l’Etat. Selon une enquête de l’organisation pan-asiatique Asia Society basée à New York, quelque 880 millions d’euros ont été détournés par les fonctionnaires chinois corrompus en Chine. Ces responsables politiques, parfois cadres dans des entreprises d’Etat, ont fait l’objet de jugements dans le cadre de la vaste campagne anti-corruption lancée par le président Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir en 2013. Une campagne encore en cours, qui selon certains pourraient être l’occasion également de règlements de comptes politiques.

Ce sont souvent les absences sur les photos officielles qui décrivent le mieux les luttes de factions au sein du pouvoir chinois. C’est en étudiant de près la campagne anti-corruption lancée au sein du plus grand parti du monde que l’on pourra peut-être demain comprendre l’ampleur de la lutte pour le pouvoir menée par le camp du président Xi Jinping. Les documents analysés par l’Asia Society et publié sur le site China File proviennent tous de sources officielles.
Tigres et mouches
Sur 1 462 fonctionnaires soupçonnés de corruption et placés sous enquête du Comité central pour l’inspection disciplinaire du PCC, autrement dit le gendarme du parti communiste chinois, 231 ont été reconnus coupables ou condamnés par les tribunaux. 15 % des cas avec au total, 6,3 milliards de yuans de fonds publics détournés par les responsables corrompus, soit près de 880 millions d’euros.
A son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a repris la lutte anticorruption prônée par ses prédécesseurs, mais en l’amplifiant et en promettant de s’attaquer à la fois « aux mouches » (aux petits cadres), mais aussi aux « Tigres » (les hauts fonctionnaires) du parti.
Résultat : En deux ans et dix mois de campagne, une grande majorité de ces cas de corruptions concernent des cadres de niveau local et provincial, 175 ont travaillé dans les entreprises d’Etat et dans presque tous les secteurs de la société de l’exploitation minière, du pétrole, de l’armée, des médias, de l’immobilier, du rail, mais aussi dans l’enseignement supérieur (78) et la sécurité publique (36) dont le « tigre » Zhou Yongkang, ancien patron de la sécurité publique.
L’enquête rapporte des exemples précis qui souvent ont alimenté les conversations sur les réseaux sociaux auprès d’une opinion très remontée contre la corruption des fonctionnaires. Un cadre a ainsi dépensé 200 000 yuans d’argent public pour des bijoux en jade, un autre a tenté de dissimuler 30 millions de yuans dérobés via la société de jardinage appartenant à sa maitresse.
Carte de la corruption
Campagne anti-corruption ou purge au sein du parti, peut-être un peu des deux mon camarade ? La carte qui accompagne l’enquête publiée sur le site China File montre des parties du territoire chinois qui selon Asia Society ont « apparemment été traitées avec plus de clémence » que les autres.
La campagne a touché de nombreux responsables de Pékin, mais aussi du Guangdong, du Henan et du Shanxi (fief de Ling Jihua, l’ancien proche collaborateur du président Hu Jintao).
De nombreux cadres du pétrole ont également fait l’objet de jugements notamment dans la province occidentale du Sichuan (ancien fief de Zhou Yongkang). La campagne a en revanche fait moins de victimes dans les provinces du Fujian et du Zhejiang, dans l’est du pays, deux bases du chef de l’Etat où Xi Jinping a été en mesure de nommer des responsables à des postes influents.
Par Stéphane Lagarde sur www.rfi.fr le 23/01/2016

mardi 12 janvier 2016

le Japon invente le plein emploi sans hausse des salaires

Le Japon continue de défier les lois de la théorie économique. Ayant déjà démontré, depuis trois ans, qu’une dépréciation forte de sa devise ne garantissait plus une hausse automatique des exportations, le pays est désormais confronté à une stagnation de ses salaires malgré une situation de plein emploi, qui aurait dû, en théorie, permettre aux travailleurs de demander des revenus plus généreux. Les dernières statistiques du gouvernement montrent que les salaires réels ont ainsi baissé, en glissement annuel, de 0,4% au mois de novembre et les probabilités de sursaut apparaissent faibles.
Dans son édition de ce mardi matin, le Nikkei annonce que les syndicats de Toyota et de Nissan ont présenté de très timides demandes de hausses des salaires de base à leurs directions respectives. Les deux organisations, qui vont “négocier” le montant de cette hausse annuelle en février et mars avant l’entrée dans une nouvelle année fiscale (le 1er avril), ne réclameraient, en moyenne, qu’une progression mensuelle de 3.000 yens (23 euros) pour les employés bénéficiant d’un CDI. L’an dernier, ils avaient demandé deux fois plus. Les employés de Toyota avaient finalement profité d’une hausse de 4.000 yens quand ceux de Nissan avaient bénéficié d’un progrès de 5.000 yens.
La timidité de ces demandes, qui influencent traditionnellement les négociations chez les autres grands industriels du pays, risquent de peser encore sur le moral de la population et la consommation intérieure. Ne bénéficiant que de hausses minimales de leurs payes malgré une envolée comptable des revenus des groupes nippons et un chômage tombé sous la barre des 3,5%, les travailleurs de l’Archipel voient leur pouvoir d’achat reculer au fil de la chute du yen, qui renchérit tous les produits importés.
Par Yann Rousseau et Alain Ruello sur www.lesechos.fr le 12/01/2016

jeudi 7 janvier 2016

Le pétrole continue de reculer en Asie

Les cours du pétrole reculaient jeudi en Asie, frôlant dangereusement les 33 dollars le baril, plombés par l'affaiblissement du yuan et l'augmentation des stocks américains.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en février cédait 60 cents, à 33,37 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, perdait 62 cents, à 33,61 dollars, dans les échanges électroniques en Asie.

Le pétrole a commencé à perdre du terrain dans les échanges asiatiques lorsque la banque centrale chinoise (PBOC) a abaissé jeudi le cours de référence du yuan face au dollar de 0,51%, soit sa plus forte baisse depuis la dévaluation-surprise du mois d'août.

«Vu que le brut a reculé immédiatement après l'annonce, cela reflète le sentiment que la demande chinoise va être affectée par la devise nationale plus faible», a expliqué à l'agence Bloomberg Angus Nicholson, analyste chez IG Ltd à Melbourne.

Le brut est libellé en dollars et tout affaiblissement des autres devises face au billet vert pénalise les acheteurs qui en sont détenteurs.

Sur www.lefigaro.fr le 07/01/2016

Les Birmans sont les habitants du monde les plus généreux

Ils étaient 92% à déclarer avoir fait un don à une association ou à une fondation en 2014, devançant les Thaïlandais (87%) et les Maltais (78%).

Les Birmans ont le cœur sur la main. C'est ce qui ressort d'une étude de Charities Aid Fondation sur la générosité des peuples dans le monde. Les habitants de ce pays de 51 millions d'habitants seraient 92% à avoir fait un don à une association ou à une fondation en 2014. Ils devancent dans ce classement les Thaïlandais (87%), les Maltais (78%), les Britanniques (75%) et les Hollandais (73%).

Par Adrien Lelièvre sur www.lesechos.fr le 07/01/2016

lundi 4 janvier 2016

Panique sur les bourses chinoises et asiatiques

Les Bourses asiatiques ont très mal commencé l’année. La chute des Bourses chinoises a entraîné dans son sillage les autres places asiatiques.

Pas de bonne résolution pour les courtiers d’Asie. La totalité des grandes places boursières asiatiques ont débuté l’année sur de lourdes chutes ce lundi, entraînées par un effondrement brutal des places chinoises. L’indice composite de la place de Shanghai a plongé de 6,85% quand celui de Shenzhen perdait 8,2%. Paniquées par le recul des deux places en début d’après-midi, les autorités boursières chinoises ont décidé dans un premier temps d’enclencher leur tout nouveau système de “coupe-circuit” annoncé en septembre 2015 pour empêcher les trop fortes variations des marchés boursiers chinois.

Constatant ainsi que l’indice CSI 300, qui suit les titres des grands groupes du pays à Shanghai et Shenzhen, avait reculé de plus de 5% à 13h12, les autorités ont suspendu toutes les cotations pendant 15 minutes afin de tenter de calmer les esprits. Mais dès la reprise, la chute s’est accélérée et un second “coupe-circuit” a été activé lorsque l’indice témoin est tombé de plus de 7%. Les deux places ont alors été automatiquement fermées pour l’ensemble de la journée. Elles devraient, en théorie réouvrir demain.

Pessimisme sur l'industrie manufacturière

Pour expliquer ce premier coup de froid de 2016, les analystes ont pointé le pessimisme des directeurs d’achat chinois dans l’industrie manufacturière, mesuré par l’institut Markit pour le magazine financier Caixin. Très suivi, cet indice, autrefois sponsorisé par HSBC, est tombé à 48,2 en décembre, contre 48,6 un mois plus tôt. Tout nombre en dessous de 50 marquant une contraction de l’activité dans les usines du pays.

Un indice similaire diffusé par l’administration chinoise avait suggéré, en fin de semaine dernière, une légère amélioration de la confiance des entreprises mais les courtiers attendaient une expertise indépendante pour se faire une idée de l’état réel de la santé économique de la deuxième puissance économique de la planète.

Ce lundi, les investisseurs ont dès lors préféré, partout en Asie, vendre en masse les titres des groupes très exposés au marché chinois ou exportant massivement vers la Chine. Contaminé par le stress chinois, l’indice Nikkei 225 de la bourse de Tokyo a perdu plus de 3,3% dans la journée. Peu avant sa fermeture, le Kospi sud-coréen enregistrait, de son côté, une baisse de 2%. A Hong Kong, le Hang Seng a décroché de 2,82%.

Déjà rendus fébriles par les statistiques chinoises, les investisseurs de la région auraient aussi également été déstabilisés par la dégradation de la situation au Proche-Orient. Ils estiment que la poussée des tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite pourrait perturber le marché de l’or noir dans la zone et alimenter, à moyen terme, une hausse du prix du baril de pétrole. Dimanche, le ministre saoudien des Affaires étrangères a annoncé la rupture des relations diplomatiques entre son pays et Téhéran. Une décision qui fait suite aux violences ayant gagné l’Iran au lendemain de la décapitation du cheik chiite Al-Nimr par Riyad.

Par Alain Ruello et Yann Rousseau sur www.lesechos.fr le 04/01/2016