mardi 12 janvier 2016

le Japon invente le plein emploi sans hausse des salaires

Le Japon continue de défier les lois de la théorie économique. Ayant déjà démontré, depuis trois ans, qu’une dépréciation forte de sa devise ne garantissait plus une hausse automatique des exportations, le pays est désormais confronté à une stagnation de ses salaires malgré une situation de plein emploi, qui aurait dû, en théorie, permettre aux travailleurs de demander des revenus plus généreux. Les dernières statistiques du gouvernement montrent que les salaires réels ont ainsi baissé, en glissement annuel, de 0,4% au mois de novembre et les probabilités de sursaut apparaissent faibles.
Dans son édition de ce mardi matin, le Nikkei annonce que les syndicats de Toyota et de Nissan ont présenté de très timides demandes de hausses des salaires de base à leurs directions respectives. Les deux organisations, qui vont “négocier” le montant de cette hausse annuelle en février et mars avant l’entrée dans une nouvelle année fiscale (le 1er avril), ne réclameraient, en moyenne, qu’une progression mensuelle de 3.000 yens (23 euros) pour les employés bénéficiant d’un CDI. L’an dernier, ils avaient demandé deux fois plus. Les employés de Toyota avaient finalement profité d’une hausse de 4.000 yens quand ceux de Nissan avaient bénéficié d’un progrès de 5.000 yens.
La timidité de ces demandes, qui influencent traditionnellement les négociations chez les autres grands industriels du pays, risquent de peser encore sur le moral de la population et la consommation intérieure. Ne bénéficiant que de hausses minimales de leurs payes malgré une envolée comptable des revenus des groupes nippons et un chômage tombé sous la barre des 3,5%, les travailleurs de l’Archipel voient leur pouvoir d’achat reculer au fil de la chute du yen, qui renchérit tous les produits importés.
Par Yann Rousseau et Alain Ruello sur www.lesechos.fr le 12/01/2016

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