La tentative par un groupe radicalisé de s'emparer d'une base militaire à Aktobé dans l'Ouest du Kazakhstan à 80 km de la frontière avec la Russie, repoussé par les autorités Kazakhs et qui a couté la vie à 8 personnes vient nous rappeler que ces ex républiques soviétiques devenues indépendantes sont en guerre contre l'islamisme radical et que nombre de jeunes d'Asie Centrale, Ouzbeks, Kazakhs, Tadjiks, Kirghizs ou Turkmen ont rejoint les rangs des combattants de Daech en Syrie et en Irak...
Leur retour fait craindre une menace terroriste, et une déstabilisation de ces pays par des djihadistes dont le but est d'étendre le Califat en Asie Centrale et dans le Caucase Nord.
L'Ouzbékistan pourrait être un exemple de ce que la fermeté face a la radicalisation liée à la modernisation de la société peut être la bonne recette.
Souvenons nous il y a 10 ans la révolte d'Andijan dans la Vallée de la Ferghana qui a été très sévèrement réprimée , provoquant ainsi la condamnation de l'occident.
Ce pays a su malgré tout prendre le chemin de la modernité même si tout est encore loin d'être parfait.
Sa capitale, Tachkent est un mélange de la beauté de l'architecture orientale et du confort de la modernité...
Les femmes sont libres, habillées à l'occidentale et rares sont celles qui portent le foulard. Une jeunesse qui semble sortir des années 60 , "fleure bleu" un peu désuette, comme ces jeunes mariées ouzbèks revêtue de la longue robe blanche traditionnelle à l'occidentale que l'on peut croiser dans les rue de Tachkent, posant en famille et avec les amis pour des photos.
Les femmes sont très présentes, dans les administrations, à la tête de nombreux business ; une société civile courageuse, déterminée, relais d'un Etat considéré par nous occidentaux comme autocrate mais qui en fait protège le pays contre toute forme d'extrémisme.
Le tourisme est en plein essor grâce à la richesse historique de son patrimoine culturel. Les villes de Samarkand, Boukhara Kiva tout comme Tachkent accueillent les visiteurs venus de tous les coins du monde.
Cette apparente réussite du Président Islam Karimov est due comme me l'a rappelé l'Ambassadeur de France à Tashkent à plusieurs facteurs :
· La lutte contre les islamistes "armés"
· Le développement économique, : l'implantation d'une usine Général Motors a dynamisé le secteur économique et donner du travail et de l'espoir aux jeunes.
· Le lancement d'un vaste programme de déradicalisation, mettant à disposition des mosquées des Mollah Soufi, loin de l'influence wahhabite venue d'Arabie Saoudite et de la notion de djihad takfiriste.
· La réactivation des "Mahalla", comités traditionnelle des citoyens de quartier qui apportent un soutien à la population locale, que ce soit dans la lutte contre les violences faites aux femmes ou contre la radicalisation de certains jeunes.
le Kirghizstan, le Kazakhstan, le Tadjikistan suivent le même exemple chacun selon ses propres particularités économiques, sociales et culturelles.
C'est pourquoi il est important d'aider ces pays dans leur lutte contre l'extrémisme, de ne pas les ostraciser, sous prétexte qu'ils ne s'alignent pas sur nos démocraties occidentales.
Il convient de laisser du temps au temps, de ne pas brusquer ces "démocratures" selon l'expression employé par Nicolas Baverez a propos de la Russie.
Il se trouve que leur combat contre l'extrémisme islamiste est le même que le nôtre, que cette guerre ne pourra être gagnée que par les efforts de tous.
Il s'agit d'une guerre globale.
Par Patricia Lalonde sur www.huffpostmaghreb.com le 12/06/2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire