L’accord de libre-échange entre l’UE et l’Asean, négocié en 2014, est toujours bloqué. Il est pourtant essentiel que l’Europe renforce ses échanges commerciaux avec ses partenaires asiatiques.
Pour la première fois, les Rencontres économiques sont organisées à Singapour, sur le campus de l'Essec, avec des personnalités françaises, européennes, singapouriennes et asiatiques. Au moment où elle semble mal en point, l'Union européenne se doit d'être conquérante.
Le 23 juin 2016, 51,89 % des Britanniques ont voté pour le Brexit. Secouée, l'UE est à la recherche d'un nouveau souffle tout en faisant face aux turbulences de l'économie mondiale. Les défis ne manquent pas : vieillissement de la population mondiale, ralentissement des gains de productivité, bouleversement numérique ou encore accroissement des inégalités. Comment envisager de surmonter ces défis majeurs sans une coopération internationale de qualité ?
«Période d'incertitude économique»
L'élection de Donald Trump et le Brexit sont des victoires du protectionnisme. Pourtant, un repli de chacun ne saurait être une solution contrairement à ce que l'on voudrait faire croire aux citoyens. Notre monde va changer, les bouleversements vont se succéder et l'UE ne peut rester passive et autocentrée. Elle doit combattre ses démons tout en entamant une véritable opération de séduction ; saisir les nouvelles opportunités que le départ britannique et le repli américain lui offrent, et notamment tourner son regard vers l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie.
L'Asie, justement, nous observe. Tharman Shanmugaratnam, vice-Premier ministre et ministre des Finances de Singapour, déclarait quelques jours après le vote anglais devant son Parlement : «Dans les prochaines années, nous devons nous attendre à une période d'incertitude économique [...]. Nous allons continuer à observer attentivement ces développements, nous préparer à leurs conséquences pour Singapour et en tirer des leçons.»
Les échanges commerciaux entre l'UE et l'Asean sont significatifs et Singapour est notre premier partenaire au sein de l'Asean. Pourtant l'accord de libre-échange négocié en 2014 est bloqué par un conflit entre la Commission européenne et le Conseil de l'Union européenne dans l'attente d'un arbitrage de la Cour de justice de l'UE. Comment ne pas le regretter quand on sait que l'Asean est le troisième partenaire commercial de l'UE et représente près de 600 millions de consommateurs ?
Faire des membres de l'Asean nos alliés
Il nous paraît également essentiel de renforcer nos coopérations culturelles et scientifiques entre nos deux régions, formidables réservoirs de talents. Garantir des connaissances fondamentales à tous les élèves, tenir compte des progrès technologiques, positionner les universités à la pointe de la recherche et de l'innovation : autant de défis en matière d'éducation, fondement de nos sociétés, à relever ensemble.
Plus que jamais nous devons être les leaders d'une gouvernance mondiale.
L'UE et l'Asean devront, dans les années à venir, être les figures de proue de la gouvernance économique mondiale et notamment monétaire. On le sait, le système monétaire international reflète des intérêts nationaux et des rapports de force parfois dangereux. L'élection américaine du 8 novembre et les suspicions autour du renminbi peuvent effrayer. Dans ce nouveau contexte, les pays membres de la zone euro ont une responsabilité majeure et ceux de l'Asean doivent être nos alliés. Michel Aglietta appelle à « une coopération monétaire et une liquidité ultime universelle qui ne soit la dette d'aucun pays » : nous devons l'entendre.
Plus que jamais nous devons être les leaders d'une gouvernance mondiale repensée cherchant à renouer avec une prospérité inclusive. L'Union européenne est un modèle et nous aurions tort de renoncer à être cet exemple unique de coopération et de paix. C'est ce que le Cercle des économistes, l'Essec et Paris Europlace vont défendre aux côtés de The Economic Society of Singapore lors des Rencontres économiques de Singapour les 24 et 25 novembre prochain. C'est notre responsabilité d'Européens et de Français, le monde nous regarde.
Jean-Michel Blanquer est directeur général de l'Essec Business School.
Par Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, le 16/11/2016 sur www.lesechos.fr
Par Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, le 16/11/2016 sur www.lesechos.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire