vendredi 11 novembre 2016

Victoire de Trump: une perspective angoissante pour l'Asie

Le Japon, la Corée, l’Asie du Sud-Est craignent notamment une remise en cause des accords de sécurité les liant à Washington.
Mercredi, les bourses asiatiques ont été parmi les plus sévèrement touchées par la victoire de Donald Trump, à laquelle elles n'avaient jamais semblé croire. Tokyo a ainsi plongé de 5,3%, Séoul de 2,5%. Dans les prochains jours, les investisseurs devraient rester très fébriles tant ils redoutent les projets économiques et diplomatiques du prochain président américain.

Tokyo, Séoul mais aussi plusieurs capitales d'Asie du Sud-Est ont été effarées, ces derniers mois, par les prises de position isolationnistes de Donald Trump qui semble décidé à remettre en cause la stratégie de pivot vers l'Asie d'Obama développée pour contenir les ambitions chinoises dans la région.

Les gouvernements japonais et sud-coréen craignent particulièrement une renégociation des accords de sécurité qui les lient depuis des décennies aux Etats-Unis et sur lesquels ils ont construit leurs propres stratégies de défense. « Donald Trump devrait toutefois réaliser rapidement qu'il a besoin de ces alliances. Mais il pourrait essayer d'exiger plus de contributions financières des deux pays », expliquait, mercredi, James Curran, un professeur de l'Université de Sydney.

Pendant la campagne, l'homme d'affaires a maintes fois accusé ses deux principaux alliés d'Asie de l'Est de profiter « gratuitement » d'une très coûteuse protection militaire américaine, alors que le Japon et la Corée du Sud couvrent déjà une large partie des dépenses liées à la présence de 80.000 militaires américains sur leurs territoires. Cette année, le coût pour Tokyo atteindra 192 milliards de yens (1,7 milliard d'euros).

Les puissances d'Asie, qui ont largement basé, ces dernières années, leur croissance sur la mondialisation, redoutent par ailleurs que cette stratégie du repli sur des enjeux intérieurs promise par Donald Trump ne se traduise par une poussée de protectionnisme. Les pays d'Asie-Pacifique signataires du Partenariat transpacifique (TPP) ont déjà intégré que le pacte, négocié pendant plus de sept ans, ne serait pas validé aux Etats-Unis sous le mandat Trump. Et que les perspectives de poussées des échanges et de mises en commun de standards sociaux, sanitaires ou économiques étaient perdues.

Pire, de nombreux grands groupes asiatiques craignent une hausse des tarifs douaniers sur leurs produits entrant sur le marché américain, notamment pour les véhicules assemblés au Mexique. Mercredi, Honda a perdu près de 8%, Hyundai plus de 3%.

Leurs homologues chinois sont plus stressés encore après les prises de position très dures du futur occupant de la Maison Blanche. « L'idée qu'il pourrait imposer un tarif douanier de 45% sur la Chine sans provoquer de guerre commerciale est toutefois une fantaisie. Là aussi, Donald Trump va vite se retrouver rattrapé par la réalité et comprendre qu'il doit adopter des politiques responsables », tranche Aaron Connelly du Lowy Institute. Mais il note qu'un éventuel assouplissement du protectionnisme promis par Donald Trump risque d'être très mal vécu par son électorat.

Par Yann Rousseau sur www.lesechos.fr le 09/11/16

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