En Chine et au Japon, le monarque parle investissements. En Malaisie et en Indonésie, il cherche à étendre son influence politique et religieuse.
Le convoi ininterrompu de limousines acheminant les 600 membres de la délégation du roi Salmane d'Arabie saoudite n'est pas passé inaperçu à Kuala Lumpur. La capitale de la Malaisie était la première étape d'un mégatour asiatique de près d'un mois qui doit emmener le monarque saoudien au Japon, en Chine, à Brunei et aux Maldives. Un premier contrat de 7 milliards de dollars prévoyant un investissement par Saudi Aramco dans la pétrochimie de Petronas a été signé.
L'Indonésie doit elle aussi gérer la logistique de cette visite hors normes qui mobilise pas moins de 7 avions : arrivé avec près de 460 tonnes de bagages, dont un Escalator pour la descente d'avion, le roi Salmane est le premier monarque saoudien à fouler le sol indonésien en quarante-sept ans. Et il n'arrive pas les mains vides : un total de 25 milliards de dollars d'investissements saoudiens dans le premier pays musulman d'Asie doit être annoncé durant la visite.
Diplomatie et religion
En se rendant sur le continent asiatique, le roi Salmane effectue quasiment deux voyages en un. Pour ses escales chinoise et japonaise, deux pays importateurs nets d'énergie, la délégation saoudienne va surtout mettre l'accent sur la diplomatie économique. Pour Riyad, il y a urgence. La baisse des prix du pétrole assèche les finances du royaume l'obligeant à se diversifier pour réduire sa dépendance par rapport aux revenus des hydrocarbures. Le plan de transformation nationale, promu par le prince Mohammed ben Salmane, a fixé comme objectif de faire passer la part du secteur privé dans le PIB de 40 % à 65 % à l'horizon 2030. Pour faciliter cette transition, le plan envisage également de privatiser des entreprises et des secteurs comme les mines ou les énergies renouvelables. Il fixe pas moins de 350 objectifs qui nécessiteront à plus ou moins brève échéance des investissements étrangers. Dans l'autre sens, le prince Mohammed ben Salmane, qui est également ministre de la Défense, a reçu des assurances du président Xi Jinping et du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, que leurs pays respectifs encourageraient fortement les investissements saoudiens. La diplomatie et la religion n'étant jamais très loin des affaires, le deuxième volet du déplacement royal vise à étendre l'influence du royaume wahabbite au-delà du seul Moyen-Orient. La Malaisie, l'Indonésie, Brunei et les Maldives sont des pays à majorité sunnite. Certains comme la Malaisie et l'Indonésie profitent de cette occasion pour négocier une augmentation du nombre de pèlerins admis chaque année à La Mecque.
Avant l'arrivée du roi, l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Jakarta a annoncé la construction de 3 centres d'études dans les villes de Surabaya (Java), Makassar (Célèbes) et Medan (Sumatra), tout en précisant que ces instituts ne seront pas contaminés par des influences radicales. « Ils ne seront là que pour l'enseignement de la langue arabe » a-t-il dit.
Par Michel de Grandi sur www.lesechos.fr le 03/03/2017
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