lundi 16 octobre 2017

Des élections sans choix...

Les dernières élections présidentielles au Kirghizistan ont toutes les chances de rester dans l'histoire comme un vote qui dessinera une ligne après une ère d'instabilité et marquera le premier passage du pouvoir complet et pacifique, dans la république. Après un président sortant qui a rempli ses fonctions jusqu’à la fin de son mandat, arrive un président élu légalement. Ces élections resteront dans l'histoire, comme le plus controversé dans les annales, non seulement de ce pays, mais de toute la région.

La question de la légitimité des élections présidentielles au Kirghizistan était encore aiguë au milieu de la campagne électorale. Dans tout le pays ont été enregistré des faits de campagne illégale. A ce propos, les membres du mouvement « Pour des élections justes », composé d’hommes politiques, d’hommes d'État et de personnalités publiques, ont à plusieurs reprises lancé un appel au Président du Kirghizistan, au président de la commission électorale centrale et au premier ministre afin de prendre des mesures. Mais personne n'en a jamais pris.

Ce qui n'est pas surprenant est que les hauts fonctionnaires du Kirghizistan ont été observés à plusieurs reprises en train de faire du lobbying pour les intérêts de l'un ou l'autre des candidats. Le président Almazbek Atambayev, compte tenu de sa position, prétend être équitable envers tous les candidats, mais il a ouvertement soutenu le candidat de son parti social-démocrate, l'ancien Premier ministre Sooranbaya Jeenbekov. Ceci est bien sûr une violation flagrante de la législation électorale. A la suite logique du président les membres du gouvernement et les leaders religieux doivent également respecter une égalité de traitement des candidats.

Apparemment, aussi sous la stricte supervision du chef intérimaire de la République, les autorités locales du Kirghizistan sont devenus un outil d'agitation. Lors d'une réunion du parlement kirghiz (Jogorku Kenesh) des alertes ont été exprimées à plusieurs reprises disant que dans certaines régions, des affiches portant des slogans politiques sont supprimées sur ordre des autorités, des réunions avec des électeurs sont perturbés et les quartiers généraux des candidats détestés par les autorités sont fermés. Ce n’est manifestement pas par hasard car ils sont les principaux adversaires de Sooranbaya Jeenbekov. La probabilité qu'une telle action puisse être une initiative personnelle des chefs de ces zones, sans ordre de leur hiérarchie est bien sûr faible.

Un autre aspect controversé de ces élections a été la détention d’un député du Jogorku Kenesh soupçonné d'avoir fomenté un coup d'Etat. Kanat Issaïev est le plus proche associé du chef du parti « République », Omourbek Babanov, principal rival du pro-gouvernement Jeenbekova. C’est une autre coïncidence qui ne semble pas aléatoire. Des accusations ont été portées contre lui, sans présenter d’éléments de preuves plus ou moins tangibles. Ce qui était intéressant a été mis en avant au moment de la campagne électorale, lorsque dans les sondages d'opinion, le score de Jeenbekov a commencé à baisser rapidement et sans espoir.
En plus de tous ces faits, il y en avait des certains autres, y compris l'envoi massif de messages contenant des informations inexactes sur le retrait des candidats de la course ou l'unification des forces politiques. Il y a eu des menaces de candidats les uns contre les autres, le harcèlement des journalistes qui tentaient de régler toutes ces bacchanales électorales et d'amener les contrevenants à plus de vérité, et des destructions massives de matériel compromettant. Les médias n'ont pas hésité à publier des documents clairement subjectifs et souvent même faux sur les candidats à la présidence. Les chaînes de télévision et de radio publiques ont été particulièrement zélées. Évidemment, cela ne s'est pas produit sans la participation des autorités officielles. Dans ce contexte, il est logique que ce processus ait abouti au refus de l'une des délégations d'observateurs de participer aux élections.

Mais, comme il s'est avéré plus tard, tout cela était juste un échauffement avant l'action principale. Le processus de vote était sans précédent en termes de nombre de violations. Emissions de bulletins de vote interdites le jour du scrutin, agitation et vote avec des papiers d'autres personnes, c’est ce qu'on appelle un ensemble complet. Un résident est détenu pour avoir tenté de mettre 20 bulletins de vote dans l'urne. La même chose a été faite par un membre de la commission avec 56 bulletins de vote. Et ce sont seulement les cas qui ont pu être corrigés. On peut imaginer combien d’autres événements sont passés inaperçus.

Objectivement, compte tenu de tout cela, les élections présidentielles au Kirghizistan peuvent difficilement reconnues comme légitimes. Il semble qu’il soit nécessaire de demander au minimum de les reprendre, dans des conditions complètement différentes, sous la surveillance étroite des observateurs internationaux. Par ailleurs, la suppression des leviers des ressources administratives de la direction actuelle de la République relève du devoir de la communauté internationale.

Après tout, on peut se souvenir que le Kirghizistan après avoir suivi un chemin long et douloureux avait fini par devenir un pays véritablement démocratique. Ici, c’est une volonté ponctuelle, voire le caprice de certains individus qui plongent à nouveau ce pays dans l'anarchie et le chaos.

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