Donald Trump confirme qu'il est bien le président du chaos. Sa tactique de gouvernance, de plus en plus autoritaire, est désormais connue. Elle consiste à injecter le maximum d'incertitude dans le système. Avec son discours extraordinairement belliqueux tenu vendredi à la Maison-Blanche, il n'a peut-être pas encore tué un accord «historique» conclu à Vienne entre l'Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne. Mais il l'a clairement condamné à mort et laisse entrevoir sa volonté de ne pas empêcher l'inéluctable: une guerre contre l'Iran.
Le président républicain lègue temporairement la responsabilité de l'avenir de l'accord à un Congrès dominé par des républicains qui n'ont eu de cesse de fustiger la diplomatie iranienne de Barack Obama, mais qui commencent à s'en mordre les doigts. Agissant de façon «tripale» et non présidentielle, Donald Trump réussit le prodige de complètement isoler l'Amérique dans son délire anti-iranien. Il est prêt à créer un nouveau front de crise nucléaire avec Téhéran alors que la seule option qu'il ait pour l'heure trouvée pour résoudre le casse-tête de Pyongyang est de «détruire intégralement la Corée du Nord».
En Amérique, tous ceux qui restent encore enfermés dans l'Axe du mal de George W. Bush feraient bien d'y réfléchir à deux fois. Depuis janvier 2016, Téhéran voue un respect irréprochable à l'accord, dixit l'Agence internationale de l'énergie atomique, chargée de sa mise en œuvre. Plutôt que d'affaiblir l'Iran, le républicain offre une victoire morale à Téhéran, qui a su répondre à la main tendue de Barack Obama. L'Amérique apparaît comme le paria de la communauté internationale. Un peu comme George W. Bush l'avait fait à sa façon avec sa guerre d'Irak, Donald Trump finit par renforcer l'Iran dans son rôle de puissance régionale. De manière contre-productive, il met en difficulté les modérés iraniens et se met à dos tous ces Iraniens de l'ouverture qui ont réélu le président Hassan Rohani en mai dernier.
Parallèlement, Donald Trump, qui a décidé de se priver d'une diplomatie quasi inexistante dirigée par un de ses caniches, Rex Tillerson, a détérioré vendredi de façon considérable la crédibilité de la première puissance mondiale. Il a dynamité un consensus international solide. Or vingt et un mois d'âpres négociations ont débouché sur un compromis qui devrait servir de modèle dans les négociations internationales, notamment pour régler la crise nord-coréenne. Pyongyang a désormais une excuse en or pour ne pas traiter avec un gouvernement américain incapable de tenir parole.
Par Stéphane Bussard le 13/10/2017 sur www.letemps.ch
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