dimanche 30 septembre 2018

Le dollar US et le coup de maître de l'Iran


Pepe Escobar, journaliste et analyste brésilien, a écrit un article pour le site web Asia Times afin d’examiner une alliance qui semble se former en Eurasie contre le dollar américain.
« La semaine dernière aux Nations unies, Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’Union européenne, et Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, ont annoncé un Fonds commun de créances (FCC), chargé d’aider l’Iran à contrer les sanctions que lui a imposées l’administration Trump après son retrait unilatéral de l’accord nucléaire iranien.
À ce propos, Mme Mogherini a déclaré : “Cela signifie que les États membres de l’Union européenne créeront une entité juridique pour faciliter les transactions financières légitimes avec l’Iran, ce qui permettra aux entreprises européennes de continuer à faire du commerce avec l’Iran.”
Le FCC, qui, selon Mme Mogherini, “vise à maintenir le commerce avec Téhéran pendant que les sanctions américaines sont en place”, pourrait entrer en vigueur avant le début de la deuxième phase des sanctions américaines début novembre.
Cette initiative unique signifie que Bruxelles tente de se positionner comme un acteur géopolitique de premier plan, défiant ouvertement les États-Unis et leur campagne de diabolisation, lancée par la Maison-Blanche, la CIA et le département d’État américain.
C’est vrai que cela a pris quelques mois, mais l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont finalement appris ce que Moscou et Pékin savaient déjà : tout commerce qu’on fait avec l’Iran est dans l’intérêt de tous les acteurs et il faut contourner le dollar américain.
Nous vivons maintenant une situation où la troïka européenne (Allemagne, France et Royaume-Uni) mettra en place un mécanisme financier multinational pour aider les entreprises européennes à faire du commerce en euros avec l’Iran, un processus qui sera donc hors de portée des autorités financières américaines.
En parallèle, la Russie et la Chine vont faire du commerce avec l’Iran en roubles et en yuans.
Les acteurs du marché de l’énergie ont appris que les membres des BRICS, Moscou et Pékin, continueraient leurs transactions pétrolières et gazières avec Téhéran. L’Inde, elle aussi membre des BRICS, s’est cependant rétractée sous la pression américaine.
Les diplomates européens ont confié à Asia Times qu’une atmosphère d’exaspération absolue à l’égard de l’administration Trump régnait à Bruxelles.
Un diplomate résume cette atmosphère en quelques phrases : “Nous n’allons plus être victimes d’intimidation extraterritoriale. L’accord nucléaire était le premier succès de la politique étrangère de l’Union européenne. Nous avons travaillé très dur pour parvenir à ce succès et nous sommes déterminés à ce qu’aucune circonstance ne vienne influencer l’accord.”
Par ailleurs, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton — qui n’est pas un personnage très populaire à Bruxelles — a promis de continuer à imposer une “pression maximale” à Téhéran en cas d’entrée en vigueur du FCC.
Pour Bruxelles, le maintien de l’accord nucléaire rassemble à une affaire sacrée, car il est directement lié à la crédibilité des institutions bruxelloises qui étaient toujours mises en cause.
Si les Européens courbent l’échine, un désastre potentiel se transformera en une certitude lors des prochaines élections parlementaires européennes en mai 2019.
Le jeu révèle sa complexité lorsque l’on considère que l’Iran a tout fait pour que l’Union européenne finisse par affronter les États-Unis et se rapproche de la Russie et de la Chine.
Ce que nous voyons émerger, c’est une possible alliance trans-eurasienne, sur de multiples fronts, entre la Russie, la Chine et l’Iran, les trois piliers de l’alliance entre l’Eurasie et la troïka européenne.
C’est un jeu digne d’un maître d’échecs persan, où se joueront la guerre énergétique, le rapport de force au Moyen-Orient, le pouvoir absolu du système financier mondial contrôlé par les États-Unis et le dollar américain renforcé par le pétrodollar.
On peut conclure qu’une offensive concertée, menée par le FCC, conduira l’euro, le yuan et le rouble à se positionner comme des monnaies de réserve crédibles. »
Sur www.parstoday.com le 30/10/2018

Souleia : les agents US presque KO


L’armée syrienne libère les zones occupées par Daech à mesure qu’elle avance dans le sud de la Syrie.

La bataille dans la région stratégique d’al-Safa, dans le sud de la Syrie, s’est intensifiée avec l’envoi de renforts à l’Armée arabe syrienne dans le gouvernorat de Soueïda.

Secondée par les 5e et 9e divisions, l’armée syrienne a poursuivi ses efforts pour gravir le terrain rocheux de la région d’al-Safa ce dimanche matin.

Elle a lancé l’assaut sur les quartiers d’al-Habariyeh et de Qabr Sheikh Hussein et est venue à bout d’un grand nombre d’éléments terroristes.

Selon une source militaire dans la ville de Soueïda, l’armée a réussi à libérer plusieurs zones occupées par Daech, qui a perdu plus de 20 de ses éléments, dont deux tireurs d’élite, au cours des dernières 24 heures.

Les daechistes continuent de contrôler un large territoire dans la région d’al-Safa. Cependant, il semble que leurs ressources s’amenuisent après plus de deux mois de combats intenses.

Sur www.parstoday.com le 30/09/2018

Le Kirghizstan, foyer d'expansion du "Tablighi Jamaat" en Asie centrale

Selon diverses estimations, environ 600 citoyens du Kirghizistan se sont rendus en Syrie et en Irak pour rejoindre des groupes extrémistes. Ces chiffres sont donnés pour la période d'octobre 2016 à mars 2018.

Ces six cents personnes comprennent des femmes et des enfants. Certains d'entre eux ont été tués. Comme dans d'autres pays de la région, les autorités du pays ne se préoccupent que d'une seule question : que feront les survivants ? Où iront-ils et pourquoi, lorsqu'ils décideront de quitter la zone des opérations militaires au Moyen-Orient ?

En août de l'année dernière, un kamikaze a tenté de se glisser sur le territoire de l'ambassade de Chine à Bichkek. Il a été tué, plusieurs personnes ont été blessées. En avril 2017, un ressortissant du Kirghizistan, Akbarjon Jalilov, a transporté un engin explosif dans le métro de Saint-Pétersbourg, qui a tué non seulement le terroriste lui-même, mais également 14 personnes innocentes. À l'automne de l'année dernière, un citoyen du Kirghizistan, membre d'une organisation terroriste internationale, a été arrêté dans l'un des quartiers de la région d'Osh au stade de la préparation de l'attaque terroriste. On sait qu'il avait déjà participé au conflit armé dans la zone Syrie-Irak, en outre, il a été constaté qu'un détenu avait été formé au sabotage et au combat et avait prévu de commettre une attaque terroriste sur le territoire de son pays natal.

Tous ces gens, d'une manière ou d'une autre, étaient associés à divers groupes terroristes internationaux. Y compris, certains d'entre eux étaient membres de la communauté religieuse "Tablighi Jamaat", qui se sent libre au Kirghizistan depuis de nombreuses années. Ce mouvement existe depuis 1926. Pendant des décennies, l'organisation a atteint le niveau de 70 à 80 millions d'adeptes. Et ce n'est qu'un score moyen. Combien y a-t-il de partisans de cette grande communauté religieuse, il est encore difficile de dire.

Dans de nombreux pays du monde, Tablighi Jamaat est officiellement interdit. En 2006, l'organisation a été interdite au Tadjikistan, en 2009 en Ouzbékistan et en Russie, en 2013 au Kazakhstan voisin. Au Kirghizistan également, il y a eu une tentative d'interdire ce mouvement, mais avec sa présence et son influence considérable sur les citoyens du pays, elle semble avoir avortée. Ce n'est pas un secret que Tablighi Jamaat est l'un des mouvements religieux les plus actifs dans ce pays d'Asie centrale.

Les membres d'organisations terroristes secrètes, ouvertes par des services spéciaux de divers pays, en particulier la Russie, se trouvent généralement dans les rangs de Tablighi Jamaat. Et la majorité vient du Kirghizistan. En règle générale, les dirigeants des cellules souterraines ont ouvert des centres religieux de leur mouvement, interdit dans de nombreux pays, au Pakistan. C'est là, ainsi qu'en Inde et au Bangladesh, pays d'origine du mouvement, qu'au cours de ces dernières années sont dirigés un nombre croissant de partisans du Kirghizistan, les soi-disant « daavatistov », « daavatchi ».

Beaucoup d'entre eux y vont avec des visas touristiques et des invitations privées, il n'est donc pas possible de connaître le nombre exact de ceux qui souhaitent recevoir cette éducation religieuse. Les experts associent l'activation de Tablighi Jamaat au Kirghizistan aux activités de diplômés de divers établissements et centres d'enseignement islamiques au Pakistan et en Inde. Le plus terrible est que souvent, ils sont de retour avec un esprit plein de croyances religieuses et d'enseignements qui sont contraires à la mentalité et aux traditions locales, surtout ceux provenant du madhhab Hanafi historiquement connu.

Même les enfants sont illégalement transférés du Kirghizistan au Bangladesh. Les services spéciaux kirghizes estiment que derrière tout cela se trouve en particulier la direction spirituelle des musulmans du Kirghizistan. Ce n'est pas un scoop de dire que c'est précisément le SMMC est la force qui protège et défend la position du Tablighi Jamaat au Kirghizistan, et favorise l'expansion de son influence dans le pays.

On sait que les femmes kirghizes sont déjà activement impliquées dans ces dangereux mouvements religieux. Elles s'appellent les "masturat". Ces femmes participent à diverses activités telles que les cours hebdomadaires sur l'islam et les «prêches de masturat», les «prêches familiaux», lorsque les hommes sont accompagnés de femmes, de mères ou de sœurs. Une fois par mois, un homme de la mosquée, militant de Tablighi Jamaat, se présente au masturat féminin, donne des conférences et appelle à la religion.

Les experts qui étudient l'influence de l'aile féminine de Tablighi Jamaat sur la situation à l'intérieur du pays notent un fait alarmant. A leur avis, la tendance à accroître la religiosité dans la partie autrefois laïque de la société kirghize peut changer l'identité kirghize.

L'influence des hommes de Tablighi Jamaat prend une échelle alarmante. Elle s'étend aux plus hauts échelons des autorités civiles et religieuses. En grande partie parce que le chef de la SAMK est Maksatbek Azhy Toktomushev, qui est aussi un ex-amir, c'est-à-dire le chef du Tablighi Jamaat. Avec le SAMK, des cours de formation officiels pour les prédicateurs (daavatistes) sont organisés par le département spécial. Ces daavatistes ont le droit de prêcher dans un délai de six mois. Un tel séjour gratuit est largement prédéterminé par un soutien au plus haut niveau, dont celui de l'ex-chef de la république, Almazbek Atambaev.

Les États voisins sont alarmés par les nombreuses risques relevant de cette situation et par l'impuissance des forces de sécurité kirghizes qui tentent d'y remédier, mais sans succès. Et l'initiative annoncée précédemment par les bailleurs de fonds étrangers pour la construction sur le territoire du Kirghizistan, d'un centre culturel islamique, qui en en fait serait potentiellement un « centre de radicalisation» à la fois théorique et pratique et un « Centre de l'idéologie wahhabite » à proximité immédiate des frontières des autres pays d'Asie centrale qui luttent activement contre l'expansion de Tablighi Jamaat sur leurs territoires.

Il est dangereux et que pour les gens ordinaires du Kirghizistan, l'Islam ne soit pas tout à fait traditionnel, à savoir radicalisé. Il devient de plus en plus le seul salut et une sortie à un moment où l'Etat ne fait pas les réformes nécessaires à l'amélioration de la vie et du bien-être de la population. C'est la raison principale de la croissance de cette menace sous le couvert des prédicateurs de Tablighi Jamaat. Les analystes estiment que les autorités du pays doivent lutter contre ce phénomène, mais cela est également difficile, tout comme résister à l'extension actuelle de l'influence des hommes du «Tablighi Jamaat».

lundi 24 septembre 2018

Qui représente le Kirghizstan sur la scène internationale et comment ?

À propos de ce qui se cache derrière les signes scintillants des institutions diplomatiques du Kirghizistan, voici l'avis d’un expert, docteur en droit et conseiller du service diplomatique, Kairat Osmonaliev. Nous en savons plus sur la politique étrangère du Kirghizistan à partir des rapports officiels et des images cérémonielles de toutes sortes de visites et de réunions. Notre interlocuteur a dessiné une autre image qui n’est pas reluisante. Il a ouvert la voie des coulisses de la diplomatie kirghize qui est loin d’être complète.

Pensez-vous qu'il y a des changements dans la politique étrangère du Kirghizistan après le changement de pouvoir dans le pays?

Des relations entachées avec le Kazakhstan sont en train d’être établies. Notre dernier gouvernement s’est querellé pour trois fois rien avec l'Azerbaïdjan, au point où nous avons fermé notre ambassade dans ce pays. Maintenant, le président Jeenbekov corrige la situation. Avec la Chine, cependant, c'est plus difficile, notre chef d’État est revenu de là-bas, franchement pas très satisfait.

Et pourquoi ?

La subvention de 600 millions de yuans, ce qui est la Chine nous donne à la reconstruction des routes, peuvent être considérés comme un cadeau modeste en comparaison avec le volume des investissements qui sont atteints pas nos voisins. Dans le cadre de l’initiative chinoise « La ceinture et la route », le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan recevront des investissements pour un total de 8 milliards de yuans. Cela est, je crois, le résultat de l'activité (ou plutôt l'inaction) de l'actuel ambassadeur du Kirghizistan en Chine Azamat Usenov. Soit dit en passant, il est le gendre de l'ancien maire de Bichkek, Albek Ibraimov. J'ai même entendu que le Président au moment de la visite en Chine, a fortement réprimandé l'ambassadeur Usenov et le ministre des Affaires étrangères Abdyldaev a déclaré: « Vous êtes sinologue, pourquoi nous ne progressons pas dans les projets économiques avec la Chine! ». La soi-disant diplomatie économique est embellie par le ministre des Affaires étrangères, Erlan Abdyldaev. Qui des ambassadeurs du Kirghizistan a apporté au moins un avantage économique à son pays?! Laissez au moins Abdyldaev se vanter avec un exemple. En gros, dans la politique étrangère du Kirghizistan, le président a réussi à corriger certaines situations. Mais les exécuteurs de notre politique étrangère sont des "canards boiteux".

Par ce terme, les américains indiquent une politique démagogique, mise en place par le pouvoir, mais qui ne résout rien, parce qu'il n'est pas destiné à être réélu. Dit autrement, la société est en faillite.

Et quel est votre point de vue sur cette phrase?

À la fois ça et un autre. Les « Canards boiteux » sont par exemple, beaucoup de nos ambassadeurs qui voyagent à l'étranger pour avoir une belle vie. Ils boivent gratuitement des cognacs coûteux lors de nombreuses réceptions. Ils éduquent leurs enfants à l'étranger. La femme de chaque ambassadeur est payé environ mille euros par mois, simplement parce qu'elle est la femme de l’ambassadeur. Ils ont beaucoup d’aura mais aucun résultats. Tous ces "canards boiteux" devraient quitter le service diplomatique et ne pas y retourner. Ils doivent être officiellement annoncés comme ayant failli. A leur place doivent venir des vrais professionnels.

Est-ce des non-professionnels qui mènent la politique étrangère du Kirghizistan aujourd'hui?

À de nombreux égards, ils font la pluie et le beau temps. Les "cadres décident de tout". Cette ancienne formule n'a pas encore été réfutée. À l'époque de la présidence d'Atambayev, la politique étrangère était saccadée, chaotique et incohérente. Almazbek Sharshenovich a administré la politique étrangère du mieux qu'il le pouvait et pour cela il s'est entouré, comme il le pensait, de plus d’exécuteurs obéissants et fidèles à sa volonté. De plus, il ne lui importait pas qu’une personne spécifique effectuant un travail dans le domaine de la politique étrangère ne possède pas les compétences et qualités professionnelles nécessaires. Et, vous savez, je n'appellerais pas la politique étrangère du Kirghizistan de cette période, Atambayev. La plus grande « contribution » à notre diplomatie (dont les conséquences, malheureusement, se feront sentir pendant longtemps) vient de Sapar Isakov, le chef permanent de la politique étrangère de l'administration présidentielle.

Par Vadim Notchiovkin le 29/08/2018 sur www.delo.kg
Article complet : http://delo.kg/khromye-utki-vneshnej-politiki/ (en russe)

dimanche 23 septembre 2018

Asie Du Sud-Est et Tech : Route De La Soie 2.0


Tribune de Sylvain Joandel, General Manager de FABERNOVEL à Singapour. Après 9 années à Shanghai, Sylvain a décidé récemment de s’installer à Singapour.
Fer de lance de l’innovation en Asie du Sud-Est, Singapour est le véritable épicentre économique d’une région que j’observe avec une certaine fascination depuis quelques années déjà. La ville-état est sans doute le premier témoin d’une TECHtonique des plaques qui est en train de s’opérer silencieusement entre les « usual suspects » de l’Internet mondial (Google, Facebook et Amazon) et les géants chinois Alibaba et Tencent, bien trop souvent méconnus de notre monde occidental.
Bien loin de la guerre commerciale opposant actuellement les États-Unis et la Chine, on retrouve pourtant ces mêmes protagonistes sur des enjeux d’un autre ordre que les taxes douanières sur les machines à laver, l’acier et l’aluminium. Des enjeux de demain : l’Asie du Sud-Est et l’hégémonie de la Tech.

L’Asie du Sud-Est : berceau du prochain milliard de consommateurs
L’Asie du Sud-Est est un des marchés les plus dynamiques au monde, bien que sans doute, un des plus ignorés. Pourtant, si ce n’était qu’un seul et même pays il serait la 6ème économie mondiale et la 3ème plus peuplée avec 652 millions d’habitants (dont 60 % ont moins de 30 ans) pour une pénétration d’Internet de l’ordre de 53 %. Ces chiffres déjà flatteurs ne sont rien par rapport au potentiel de la région puisque les analystes prévoient une classe moyenne de 400 millions de personnes d’ici 2020 (le PIB par habitant a déjà progressé de +75 % en 10 ans) et 600 millions de smartphones d’ici 2025. Un rêve pour nos Goliath de l’Internet insatiables de croissance !

Un rêve partagé, des objectifs différents  
Dans cette nouvelle économie du « winner takes all » il semble évident que l’Asie du Sud-Est permettrait à Google, Facebook et Amazon d’asseoir leur domination mondiale en conquérant ce marché qui leur résiste encore.
Tandis que pour la Chine, il est tout simplement temps de sortir de son pré carré et de conquérir le monde. Pour ce faire, elle a décidé de commencer par ses voisins, chez lesquels elle retrouve de nombreuses similitudes : une démographie hétérogène (classes sociales disparates, diversité des langues et dialectes, pluralité culturelle et religieuse), un Internet trop souvent capricieux, des infrastructures logistiques parfois archaïques, une faible pénétration des cartes bancaires, des magasins sans équipements de paiement et un saut technologique généralisé du PC au profit du smartphone. Tout autant de facteurs qui créent des usages et des attentes uniques sur lesquels la Chine souhaite faire levier afin de conquérir l’Asie du Sud-Est.
Pendant ce temps, plusieurs plateformes américaines insistent et trébuchent avec leur approche globale… Uber a officiellement quitté la région le 7 mai 2018 et Amazon, qui annonçait en juillet 2017 le plus grand lancement jamais réalisé de son programme Prime Now, n’arrive toujours pas à faire sa place. Pas étonnant lorsque l’on sait qu’il aura fallu plus de 3 ans à Uber pour mettre en place le paiement en espèces et qu’Amazon ne propose toujours pas le paiement en liquide à la livraison dans une région où plus de la moitié de la population ne dispose pas de compte bancaire.

Quels sont les fronts de cette bataille numérique ?
Quant au marché des moteurs de recherche il semble que la messe est dite avec un Google omniprésent (~90 % de part de marché) mais les usages changent dans la mesure où les consommateurs se dirigent de plus en plus sur les réseaux sociaux et les places de marché pour s’informer sur les produits et services des marques (deux verticales où Google a toujours peiné à s’imposer).
Niveau plateformes sociales, l’univers de Mark Zuckerberg (Facebook / Instagram / Messenger / WhatsApp) est bien installé dans le top 5 des plateformes en Asie du Sud-Est, néanmoins de nombreux acteurs comme WeChat de Tencent en Malaisie, Line en Thaïlande ou encore Snow au Vietnam se glissent dans le top 3 dans des pays où il reste encore de nombreuses parts de marché à conquérir.
Le choc frontal se situe sur le e-commerce, la mobilité et les moyens de paiement, pour lesquels la Chine a déjà placé ses pions sur l’échiquier régional car dominés par des acteurs locaux.

Un jeu d’alliances et d’acquisitions
Le marché du e-commerce en Asie du Sud-Est est dominé par Lazada et Shopee (groupe SEA). Ce premier est détenu par Alibaba qui vient de réinjecter 2 milliards de dollars pour accélérer et le second est contrôlé à 40 % par Tencent. Les deux acteurs ont également renforcé leur présence en Indonésie (plus gros marché de la zone: 261 millions d’habitants) puisque Alibaba a investi 1 milliard dans Tokopedia et que JD.com (société chinoise du portefeuille Tencent, investie par Google récemment) opère sa plateforme localement. Étonnamment, Amazon est aux abonnés absents et concentre ses efforts sur Singapour mais sans vraiment y briller.
Depuis que Uber a cédé ses opérations au singapourien Grab, ce dernier partage le marché de la mobilité en Asie du Sud-Est avec l’indonésien Go-Jek. Grab est contrôlé par Softbank (un des premiers investisseurs d’Alibaba) et Didi (le Uber chinois) tandis que Tencent et Google ont, quant à eux, investi dans Go-Jek.
Enfin sur les moyens de paiement, les portefeuilles électroniques fleurissent sur toutes les plateformes de la région (Lazada wallet, Shopee wallet, GrabPay) et Alibaba renforce la présence d’Alipay par des investissements en Thaïlande (Ascend Money), aux Philippines (Mynt) tandis que Tencent a annoncé que la Malaisie sera le premier pays (hors Chine) où il déploiera sa solution WeChat Pay.

D’une hégémonie régionale à la conquête du monde.
Xi Jinping annonçait en 2013 son projet « One Belt, One Road », cette nouvelle route de la soie symbole du retour de la Chine parmi les supergrands. Il semblerait que ces champions du numérique empruntent les routes tracées par l’amiral Zheng He au XVème siècle entre la Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Inde, (investissements d’Alibaba dans BigBasket et de Tencent dans Flipkart et Ola) vers l’Afrique que les Chinois ont déjà su apprivoiser. Ces itinéraires commerciaux avaient permis de véhiculer les courants de pensée, les inventions, et diffuseront demain la Tech chinoise.

Sur www.forbes.com le 19/09/2018

Réponse navale chinoise aux USA


Les relations entre la Chine et les États-Unis ne cessent de se dégrader. Après l'annonce jeudi de Washington d'avoir sanctionné Pékin pour sa coopération militaire avec Moscou, le ministère chinois de la Défense vient d'annuler la visite du commandant de sa marine aux États-Unis.

La Chine a annulé la visite de son commandant de la marine aux États-Unis, en réponse aux sanctions imposées par Washington contre Pékin pour sa coopération militaire avec la Russie, a déclaré le ministère chinois de la Défense, cité par la chaîne Russia Today (RT).
« La partie chinoise a pris la décision de rappeler immédiatement le vice-amiral et actuel commandant de la marine de l'Armée populaire de libération de Chine, Shen Jinlong, qui participait au 23e symposium international Seapower et prévoyait de faire une visite aux États-Unis », a déclaré le ministère.
Samedi également, le ministère chinois des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur américain à Pékin Terry Branstad pour lui remettre une protestation solennelle et sévère à propos des sanctions américaines contre les achats d'armes russes par la Chine.
Le bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du département américain du Trésor a ajouté à sa liste noire le Département de développement des équipements, organisme chinois qui supervise les technologies militaires, ainsi que son directeur, Li Shangfu, pour avoir passé des « transactions importantes » avec Rosoboronexport, le principal exportateur russe d'armements.
L'armée chinoise a acheté à la Russie, début 2018, des avions de combat Soukhoï Su-35 et des missiles sol-air S-400. Washington n'a aucun droit de se mêler des relations « normales » entre deux États souverains, a martelé le ministère chinois de la Défense, par la voix du porte-parole Wu Qian.
Pékin s'était déjà dit « indigné » vendredi par ces sanctions et a appelé les États-Unis à les retirer, faute de quoi ils devront en « payer les conséquences ». « Ce geste des États-Unis nuit sérieusement aux relations entre les deux pays et leurs armées », avait déclaré Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Ce nouveau bras de fer sino-américain intervient alors que les deux pays sont déjà aux prises avec une guerre commerciale et s'affrontent à coups de droits de douane sur leurs exportations mutuelles.
Sur www.parstoday.com le 23/09/2018

dimanche 16 septembre 2018

Syrie: la chasse aux missiles d'Israël


Plusieurs explosions ont été entendues dans la nuit de samedi à dimanche à l'aéroport international de Damas liées, selon SANA, au tir de la DCA syrienne.
Des missiles israéliens ont été interceptés et détruits, poursuit l'agence qui confirme une deuxième frappe israélienne contre l'aéroport de Damas en l'espace de 10 jours. Les engins ont été tirés depuis le ciel libanais par des avions de combat israéliens qui évitent de pénétrer dans le ciel syrien par crainte d'avoir à faire face à la DCA syrienne. 
«Les systèmes de la défense antiaérienne ont repoussé une attaque israélienne de missiles dans les environs de l'aéroport international de Damas. Plusieurs missiles ont été abattus», a déclaré une source au sein de l'armée syrienne.
Il y a 10 jours, le régime israélien a tiré depuis le ciel libanais plusieurs missiles contre la banlieue de Damas et de Tartous, missiles largement interceptés par la DCA syrienne. 
Les analystes de guerre relèvent côté israélienne une totale absence de stratégie syrienne après la défaite militaire face à l'armée syrienne et ses alliés. Tel-Aviv espère pouvoir déclencher une escalade guerrière dans la foulée de ses frappes. 
Sur www.parstoday.com le 16/09/2018

mercredi 12 septembre 2018

1er "false flag" raté des Casques blancs

« Selon les informations données par les habitants de la province d’Idlib, des terroristes filment actuellement une provocation organisée dans la ville de Jisr al-Chogour, où des “armes chimiques” sont représentées comme étant utilisées par l’armée syrienne contre des civils. Certaines chaînes de télévision du Moyen-Orient sont arrivées à Jisr al-Chogour dans la matinée, ainsi que le responsable régional de l’un des principaux réseaux d’information télévisés américains », avait déclaré le mardi 11 septembre le Centre de réconciliation russe d’après les informations fournies par le Hezbollah. Ce mercredi 12 septembre, certains sites proches des terroristes affirment qu’une équipe de Casques blancs a été bombardée par les aviations russe et syrienne.
Les sites taisent bien sûr la nature de la mission des « Casques blancs », évacués en juillet du Sud syrien par Israël puis réinjectés par la Turquie à Idlib. Cependant, ces prétendus travailleurs humanitaires préparaient une attaque chimique sous faux drapeau.  
Des vidéos non authentifiées, diffusées sur le net le 11 septembre 2018, montrent des activistes des soi-disant ONG de protection des civils des Casques blancs en train de mettre en scène une fausse attaque au gaz dans un endroit non identifié de la province d’Idlib, avant d’être frappés de plein fouet par un premier raid aérien attribué à l’aviation syrienne, suivi de près par un second raid de l’aviation russe.
Sur l’une des vidéos (ci-dessous) encore en ligne sur le site de CNN, on voit l’un des terroristes des Casques blancs à terre et après une première frappe. 
Sur une autre vidéo retirée de la plate-forme You Tube, des éléments des Casques blancs opérant à Idlib manipulent du matériel audiovisuel haut de gamme. Ils discutent du choix du meilleur lieu où tourner le « film » avant qu’une première frappe aérienne ne s’abatte sur eux, suivie d’une autre.
Si ces vidéos sont authentiques, cela veut dire que les aviations syrienne et russe disposent d’un dispositif de surveillance et de veille avancée pour traquer les mouvements des Casques blancs et de leurs alliés à Idlib.
Selon le ministère russe de la Défense, « des radicaux ont transporté le 11 septembre des bidons d’une substance toxique chlorée à Jisr al-Chogour pour rendre la représentation de l’attaque plus réaliste ».
Les services secrets britanniques (MI6) ont prévu d’organiser une attaque chimique sous faux drapeau à Idlib, de l’attribuer à l’État syrien et de justifier ainsi d’une attaque occidentale contre la Syrie. L’Allemagne, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni y participeraient.
Sur www.parstoday.com le 12/09/2018

dimanche 9 septembre 2018

Syrie: Moscou met en garde les USA

Moscou ne laissera pas sans riposte une attaque américaine qui mettrait en danger la vie des militaires russes en Syrie, a déclaré le chef d’état-major de l’armée russe.
« Après avoir tant prévalu la présumée utilisation d’armes chimiques par Damas, les États-Unis s’apprêtent à mener une attaque contre des cibles du gouvernement syrien », a indiqué Valery Gerasimov, le chef d’état-major de l’armée russe, cité par Sputnik.
« Nous détenons des preuves qui démontrent que les terroristes s’apprêtent à lancer une attaque chimique dans la Ghouta orientale pour en accuser le gouvernement syrien. Les femmes, les enfants et les personnes âgées sont les premières victimes de cette attaque », a fait savoir le chef d’état-major russe avant de préciser: « La découverte d’un atelier de fabrication de munitions chimiques au cours des derniers jours en est la preuve ».
« A présent des Casques blancs et des cameramen munis des équipements de diffusion par satellite sont déployés dans la région », a affirmé Valery Gerasimov.
« Une offensive militaire contre la capitale syrienne mettra en danger la vie des officiers et des conseillers de la Défense russe qui sont actuellement à Damas. Moscou y donnera une réponse proportionnée », a-t-il prévenu.
Selon le chef d’état-major de l’armée russe, la simulation d’une attaque chimique permettra à Washington d’accuser Damas de l’utilisation d’armes chimiques contre les civils, pour ainsi discréditer la Russie et justifier de nouvelles frappes contre la Syrie.
Sur reseauinternational.net le 08/09/2018

Idlib : le coup de théâtre signé Erdogan


Quelques mois avant le sommet des dirigeants Iran/Russie/Turquie, des réunions ministérielles et d'expertise ont eu lieu autour d'Idlib. Lors du sommet du vendredi 7 septembre à Téhéran, les présidents des trois pays n'avaient plus qu'à se réunir pour finaliser des accords mis sur la table et décider du modus operandi des clauses de l'accord.

Ce fut sans compter le coup de théâtre d'Erdogan qui a tenté de reporter l'opération de l'armée syrienne, en imposant l'idée d'un cessez-le-feu. Le président russe s'est montré bien ferme, quand il a rappelé à son interlocuteur que pour une trêve, il faut qu'il y ait deux parties : or les terroristes agissant à Idlib n'étaient pas présentés aux pourparlers, ce qui viciait de facto l'idée d'une trêve. Il a fallu le tact et la subtilité de Rohani pour que la déclaration finale comporte la clause suivante, une clause qu'a signée, pour le reste, le président Erdogan : Le désarmement à venir concernera non seulement les terroristes d'Al-Nosra (proche de Riyad) mais aussi des milices proche d'Ankara. 

Lors du sommet de Téhéran sur la Syrie, tenu 7 septembre, le président iranien, Hassan Rohani et son homologue russe, Vladimir Poutine, se sont montrés bien déterminés à donner un coup d'accélérateur à l'opération de libération d'Idlib. Quelques jours avant le sommet, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif s'était rendu en Syrie pour des échanges de vues sur l'ultime opération de libération du territoire syrien.

Lors de son intervention au cours du sommet tripartite d'hier, le président turc a évoqué, de façon inattendue, une nouvelle proposition pour Idlib : établir une trêve dans le dernier bastion des terroristes. Ultime tentative de mettre à l'abri les terroristes et de leur donner la chance de se recomposer? Ou un clin d'œil en direction du camp occidental qui crie ce samedi à l'échec du sommet de Téhéran?

Toujours est-il que le président turc a mis peu de temps avant de revenir sur sa proposition et de changer d'avis face à l'opposition ferme de ses homologues iranien et russe et de rappeler de concert avec ses hôtes la nécessité de combattre et d'éradiquer les terroristes à Idlib. Cette virevolte n'est pas passée inaperçue auprès des analystes. En effet, la Turquie est bien mise en tenailles par les États-Unis et les propos de M. Erdogan à Téhéran en portaient les traces.

Il va sans dire qu'Ankara n'a ni l'intention ni la force de couper les liens avec l'OTAN. Idlib aurait bien pu lui servir de prétexte pour trouver grâce aux yeux des États-Unis.

Les États-Unis et leurs alliés israélien et arabes ont horreur de voir les terroristes d'Idlib capituler et se désarmer et se réconcilier avec Damas. Ils savent aussi que le gouvernement syrien, aidé par ses alliés, ne laissera aucune parcelle de sa terre aux occupants. D'où le scénario, mainte fois usé et abusé, d'une attaque chimique à Idlib. Ce scénario semble toutefois avoir perdu de son efficacité après les révélations russes et syriennes et surtout de très vastes manœuvres militaires en Méditerranée. Malgré toutes ses réticences et les fluctuations auxquelles la politique syrienne d'Ankara a habitué le monde, la Turquie semble avoir bien compris qu'elle n'a aucun autre choix que de coopérer avec le camp anti-Occident. 

En effet, la Turquie dit s'inquiéter de l'afflux progressif des terroristes d'Idlib vers ses frontières en cas de la mise en œuvre de l'opération conjointe Syrie-Russie. Or elle peut relever ce défi. Comment? En demandant, aux terroristes, ainsi que l'a bien souligné Rohani, de se désarmer. Après tout, le fait de persuader les terroristes de déposer les armes éviterait à la Turquie, un afflux massif des réfugiés qui n'iraient plus échapper les zones de combat pour se mettre à l'abri des tueurs à gage. Reste à la Turquie la question des "terroristes étrangers". C'est-à-dire ceux qui se battent non pas sous la bannière d'Ankara mais sous le drapeau de Riyad : La Turquie a-t-elle une quelconque obligation de les soutenir quand ces derniers se plaisent à envoyer des drones armés attaquer la base aérienne de Hmeimim? En d'autres termes, Erdogan devra-t-il tenter de faire une percée en direction du camp occidental quand ce dernier l'a laissé si lamentablement tomber?