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dimanche 30 septembre 2018

Le dollar US et le coup de maître de l'Iran


Pepe Escobar, journaliste et analyste brésilien, a écrit un article pour le site web Asia Times afin d’examiner une alliance qui semble se former en Eurasie contre le dollar américain.
« La semaine dernière aux Nations unies, Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’Union européenne, et Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, ont annoncé un Fonds commun de créances (FCC), chargé d’aider l’Iran à contrer les sanctions que lui a imposées l’administration Trump après son retrait unilatéral de l’accord nucléaire iranien.
À ce propos, Mme Mogherini a déclaré : “Cela signifie que les États membres de l’Union européenne créeront une entité juridique pour faciliter les transactions financières légitimes avec l’Iran, ce qui permettra aux entreprises européennes de continuer à faire du commerce avec l’Iran.”
Le FCC, qui, selon Mme Mogherini, “vise à maintenir le commerce avec Téhéran pendant que les sanctions américaines sont en place”, pourrait entrer en vigueur avant le début de la deuxième phase des sanctions américaines début novembre.
Cette initiative unique signifie que Bruxelles tente de se positionner comme un acteur géopolitique de premier plan, défiant ouvertement les États-Unis et leur campagne de diabolisation, lancée par la Maison-Blanche, la CIA et le département d’État américain.
C’est vrai que cela a pris quelques mois, mais l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont finalement appris ce que Moscou et Pékin savaient déjà : tout commerce qu’on fait avec l’Iran est dans l’intérêt de tous les acteurs et il faut contourner le dollar américain.
Nous vivons maintenant une situation où la troïka européenne (Allemagne, France et Royaume-Uni) mettra en place un mécanisme financier multinational pour aider les entreprises européennes à faire du commerce en euros avec l’Iran, un processus qui sera donc hors de portée des autorités financières américaines.
En parallèle, la Russie et la Chine vont faire du commerce avec l’Iran en roubles et en yuans.
Les acteurs du marché de l’énergie ont appris que les membres des BRICS, Moscou et Pékin, continueraient leurs transactions pétrolières et gazières avec Téhéran. L’Inde, elle aussi membre des BRICS, s’est cependant rétractée sous la pression américaine.
Les diplomates européens ont confié à Asia Times qu’une atmosphère d’exaspération absolue à l’égard de l’administration Trump régnait à Bruxelles.
Un diplomate résume cette atmosphère en quelques phrases : “Nous n’allons plus être victimes d’intimidation extraterritoriale. L’accord nucléaire était le premier succès de la politique étrangère de l’Union européenne. Nous avons travaillé très dur pour parvenir à ce succès et nous sommes déterminés à ce qu’aucune circonstance ne vienne influencer l’accord.”
Par ailleurs, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton — qui n’est pas un personnage très populaire à Bruxelles — a promis de continuer à imposer une “pression maximale” à Téhéran en cas d’entrée en vigueur du FCC.
Pour Bruxelles, le maintien de l’accord nucléaire rassemble à une affaire sacrée, car il est directement lié à la crédibilité des institutions bruxelloises qui étaient toujours mises en cause.
Si les Européens courbent l’échine, un désastre potentiel se transformera en une certitude lors des prochaines élections parlementaires européennes en mai 2019.
Le jeu révèle sa complexité lorsque l’on considère que l’Iran a tout fait pour que l’Union européenne finisse par affronter les États-Unis et se rapproche de la Russie et de la Chine.
Ce que nous voyons émerger, c’est une possible alliance trans-eurasienne, sur de multiples fronts, entre la Russie, la Chine et l’Iran, les trois piliers de l’alliance entre l’Eurasie et la troïka européenne.
C’est un jeu digne d’un maître d’échecs persan, où se joueront la guerre énergétique, le rapport de force au Moyen-Orient, le pouvoir absolu du système financier mondial contrôlé par les États-Unis et le dollar américain renforcé par le pétrodollar.
On peut conclure qu’une offensive concertée, menée par le FCC, conduira l’euro, le yuan et le rouble à se positionner comme des monnaies de réserve crédibles. »
Sur www.parstoday.com le 30/10/2018

mardi 4 décembre 2012

Malgré la pression internationale, Israël confirme vouloir bâtir dans les colonies


La France et la Grande-Bretagne envisageraient de rappeler pour la première fois leurs ambassadeurs en Israël afin de protester contre la mise en chantier de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie, affirme, lundi 3 décembre, le quotidien israélien Haaretz sur son site internet, citant des sources diplomatiques européennes. Lundi, le bureau de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, a confirmé qu'Israël ne reviendrait pas sur sa décision de bâtir dans des colonies.
Un rappel des ambassadeurs français et britannique constituerait une initiative diplomatique forte à l'encontre du gouvernement israélien. Moshe Yaalon, vice-premier ministre de l'Etat hébreu, a dit ne rien savoir d'un tel projet. La France ne veut pas "entrer dans une logique qui serait celle de sanctions" mais dans un "travail de conviction" vis-à-vis d'Israël, a toutefois déclaré lundi le président François Hollande.

"Nous sommes préoccupés par les décisions annoncées, et qui, je l'espère, ne seront pas appliquées, d'installer 3 000 logements sur des zones qui ne sont pas celles qui sont prévues pour ce type de logements et qui mettraient en cause ce qui est la position fondamentale de la communauté internationale des deux Etats" israélien et palestinien, a affirmé M. Hollande, à l'issue d'un sommet franco-italien à Lyon.

La communauté internationale proteste

L'ambassadeur israélien en France, Yossi Gal, a été convoqué lundi au ministère des affaires étrangères français, a indiqué l'ambassade israélienne à Paris, tandis que le ministère français, sans confirmer, indiquait de son côté étudier les moyens de "marquer sa désapprobation". A Londres, l'ambassadeur israélien a lui aussi été convoqué lundi matin pour s'expliquer sur le projet annoncé vendredi par le gouvernement israélien, a annoncé le ministère des affaires étrangères.

Le gouvernement suédois a également convoqué son ambassadeur d'Israël, alors que Berlin s'est dit lundi "très inquiet". La Russie a, de son côté, jugé "illégaux" les nouveaux projets d'Israël, appelant l'Etat hébreu à "reconsidérer" sa décision. Même les Etats-Unis, traditionnel soutien sans faille d'Israël, ont estimé que cette décision faisait "reculer la cause de la paix" avec les Palestiniens et exhorté Israël à "réexaminer" sa décision.

Au lendemain de la reconnaissance implicite à l'ONU d'un Etat palestinien, Israël a confirmé vendredi l'existence de projets qui prévoient la construction de 3 000 logements en Cisjordanie, notamment dans un secteur baptisé E1  jugé particulièrement sensible, entre Ma'aleh Adumim et Jérusalem. Ces projets auraient pour conséquence de couper la Cisjordanie en deux et d'hypothéquer davantage la continuité territoriale qu'espèrent les Palestiniens.

Paris, qui a voté en faveur de l'initiative de l'Autorité autonome à l'ONU, et Londres, qui s'est abstenu, ont dès samedi très fermement condamné le projet. "L'essentiel, c'est la reprise rapide des négociations, qui est la seule voie possible pour parvenir à un accord de paix juste et durable, créant un Etat palestinien souverain et viable vivant en paix et en sécurité aux côtés de l'Etat d'Israël", écrivaient Laurent Fabius et William Hague dans une tribune commune parue dans Le Journal du dimanche.

Sur www.lemonde.fr le 03/12/2012

vendredi 30 novembre 2012

La Palestine devient un Etat observateur à l'ONU

 
Les Palestiniens ont acquis jeudi soir une nouvelle stature internationale en accédant au rang d'Etat observateur non membre à l'ONU, malgré l'opposition d'Israël et de son allié américain. La résolution l'emporte par 138 voix pour et 9 voix contre.
 
Le vote de cette résolution, qui fait de "l'entité" palestinienne un "Etat observateur non membre", a été acquis à une majorité confortable mais pas écrasante de 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.
"L'Assemblée générale est invitée aujourd'hui à produire un acte de naissance de l'Etat de Palestine dans sa réalité", avait lancé aux 193 pays membres le président palestinien Mahmoud Abbas avant le vote sur un projet de résolution  octroyant à la Palestine ce statut "d'Etat observateur non membre".
 
Revivez la journée avant le vote : "Mahmoud demande à l'ONU de signer l'acte de naissance de la Palestine"
Mahmoud Abbas a affirmé que par ce vote constituait la "dernière chance de sauver la solution à deux Etats" (Israël et un Etat palestinien) et a promis de "tenter de ranimer les négociations" de paix avec Israël, au point mort depuis plus de deux ans. "Cependant, par-dessus tout, j'affirme que notre peuple ne renoncera pas à ses droits nationaux inaliénables, définis par les résolutions de l'ONU", a-t-il souligné. A Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'un vote positif de l'Assemblée "ne changera rien sur le terrain" et que la résolution "ne va pas faire avancer la création d'un Etat palestinien (mais) au contraire va l'éloigner". Cependant, Israël a annoncé qu'il n'annulerait aucun accord conclu avec les Palestiniens.
 
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a par ailleurs vivement condamné jeudi soir le discours prononcé par le président palestinien Mahmoud Abbas devant l'Assemblée générale de l'ONU, selon un bref communiqué de son bureau.
L'Europe était divisée
La date de jeudi n'a pas été choisie au hasard: il s'agit de l'anniversaire de l'adoption par l'ONU en 1947 du plan de partage de la Palestine mandataire, qui prévoyait un Etat juif et un Etat arabe. Les Etats-Unis ont voté contre, comme le Canada. Pour Washington et Israël, seule la négociation directe peut mener à la création d'un Etat palestinien. Les Européens étaient eux divisés. Sur les 27 pays de l'Union européenne, une douzaine étaient en faveur de la résolution dont la France. La Russie s'est dite favorable, comme la Turquie et la Suisse. L'Union européenne a rappelé jeudi qu'elle était "prête à reconnaître un Etat palestinien au moment opportun" mais que la priorité était de reprendre les négociations. Plusieurs Européens, selon des diplomates, estiment que le moment est mal choisi et redoutent aussi que Washington ne coupe les vivres aux agences de l'ONU auxquelles les Palestiniens, avec leur nouveau statut, pourront adhérer.
 
Ce qui inquiète Israéliens et Américains, mais aussi les Britanniques, c'est la possibilité qu'auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël. Des responsables palestiniens ont évoqué cette hypothèse si Israël poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie. Israël et les Etats-Unis ont brandi la menace de sanctions en cas de vote positif. Le Congrès pourrait ainsi refuser de verser 200 millions de dollars d'aide promis aux Palestiniens. Israël pourrait bloquer les taxes qu'il perçoit pour le compte de l'Autorité palestinienne, réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens, voire abroger les accords de paix d'Oslo de 1993. En compensation, la Ligue arabe a promis aux Palestiniens un "filet de sécurité" de 100 millions de dollars par mois. 
 
Le 30/11/2012 sur http://lci.tf1.fr

jeudi 11 octobre 2012

La Chine ne vous fait plus d’ombre sur le marché du solaire

Vous savez ce qu'il se passe lorsque nos économies ralentissent ? On cherche des boucs émissaires. C'est tout l'objet de la multiplication des plaintes déposées à l'OMC ces deux dernières années. La multiplication des attaques permet d'espérer un changement de notre situation. Or actuellement un adversaire est tout désigné pour revêtir le costume de bouc émissaire numéro un, la Chine.

Après les pneus, les turbines éoliennes et les terres rares, c'est au tour des panneaux photovoltaïques d'être dans le viseur des fonctionnaires de l'institution suisse.

Les subventions de la Chine à son économie, on ne peut pas vraiment appeler ça un scoop. Mais cette politique a commencé sérieusement à inquiéter lorsque des manifestations se sont multipliées dans les pays développés pour les dénoncer. L'année dernière, une série de faillites retentissantes a servi de déclencheur. Solyndra, Evergreen, SpectraWatt, ECD aux Etats-Unis, Solon, Solar Millennium et Q-Cells en Europe, sont désormais présentées comme les victimes des manipulations chinoises. C'est pourquoi les Etats-Unis, en premier lieu, ont décidé de réagir.

Cette semaine, le Département du commerce américain a confirmé qu'après 11 mois d'enquête, les Etats-Unis étaient victimes d'un dumping chinois (vente à perte). Cette décision ouvre la porte, selon les règles de l'OMC, à la mise en place de droits anti-dumping et des droits compensateurs sur ces produits. Après les Américains, c'est l'Union européenne qui pourrait leur emboîter le pas. La mise en place de taxes aux importations pourrait gravement affecter les producteurs chinois.

Ces décisions vont probablement amorcer un véritable rééquilibrage du marché du solaire dans le monde. Alors que le secteur chinois devrait ralentir, c'est peut-être au tour des Occidentaux de récupérer le fruit de leurs investissements. Mais seules quelques compagnies en profiteront.

Suivez le guide !

Les Etats-Unis montrent les dents

L'attitude chinoise était tolérée jusqu'à ce que ses pratiques de subvention ne commencent à affecter la croissance américaine et surtout un des secteurs qui a longtemps été présenté comme un important vivier d'emplois.

En mars dernier, les Etats-Unis ont ainsi mis en place des taxes de 2,9% à 4,73% sur les importations des trois principaux fabricants chinois. Devant être confirmées par le ministère du Commerce en octobre, ces taxes avaient dans un premier temps été bien reçues par les constructeurs chinois visés. Estimaient-ils bien s'en sortir compte tenu de la situation ? Une étude de Bloomberg avait révélé que la China Development Bank versait pas moins de 43,2 milliards de dollars à 12 compagnies chinoises d'énergie solaire depuis 2010. Elles ne s'en sortaient pas si mal.

Mais cette semaine, la Chine a blêmi devant la confirmation du ministère. Pékin a exprimé son "vif mécontentement", alors que le ministère du Commerce a confirmé mercredi dernier la volonté de l'Etat d'imposer des taxes comprises désormais entre 14,78% et 15,97%, soit bien plus élevées que les premiers taux fixés en mars. L'US International Trade Commission devrait en novembre officialiser les taxes aux importations.

La Chine n'a pas de marge de manœuvre

On a rapidement parlé de guerre commerciale entre les deux partenaires. Le terme reste exagéré. Au mieux pourrait-on parler d'escarmouche, même si le climat électoraliste actuellement aux Etats-Unis a tendance à exacerber les tensions. A mon avis, il est peut probable de voir la Chine prendre des mesures sérieuses de représailles contre l'Amérique.

Car l'empire du Milieu a bien plus à perdre à réduire son commerce avec les Etats-Unis que ces derniers. Rappelez-vous, si la Chine représente 0,5% du PIB américain, les Etats-Unis représentent 8.3% du PIB chinois. Plutôt, je m'attends à une consolidation du secteur du solaire en Chine. Car sans l'effet des subventions, de nombreux acteurs chinois sont en mauvaises postures financières. Li Junfeng, ancien directeur de la section Energie et Politique Climatique au sein de la National Development and Reform Commission, avait révélé cette année que les deux-tiers des producteurs de panneaux solaires chinois doutaient pour le futur de leur activité.

D'ailleurs la consolidation du secteur chinois est d'autant plus probable que l'Europe est en train de réfléchir à la mise en place de mesures similaires.

L'Union européenne pourrait achever le travail

Comme aux Etats-Unis, ce sont les industriels qui ont tiré les premiers. Le groupe EU ProSun, qui regroupe les industriels du secteur du solaire en Europe, a saisi à deux reprises la Commission européenne pour dénoncer le dumping des firmes chinoises.

Des mesures similaires à celles prises aux Etats-Unis auraient un impact encore plus fort. Un tiers de la production de panneaux solaires en Chine va en direction de l'Europe. Surtout, Vieux Continent fait partie avec les Etats-Unis du plus grand marché solaire du monde. La perte d'un marché représentant 27 milliards de dollars (en 2011) serait catastrophique pour les producteurs chinois. Pourtant, c'est ce vers quoi se dirige la Commission européenne.

A quoi faut-il s'attendre ?

Une consolidation du secteur en Chine devrait permettre aux acteurs américains et européens d'accroître leurs mages à nouveaux. Pourtant, tous les acteurs américains et européens n'en profiteront pas, seuls ceux ne dépendant pas des importations chinoises de composants.

Une compagnie comme First Solar est donc en bonne position pour profiter de l'essor du marché américain. Sur le secteur européen, une compagnie française est en train de développer des technologies haut de gamme pour profiter de l'élan du marché du solaire. Une meilleure protection du marché profiterait à cette petite valeur que je surveille de près.

Par Florent Detroy sur http://edito-matieres-premieres.fr le 11/10/2012

mercredi 10 octobre 2012

Vers un retrait occidental de Syrie


Nikolay Bordyuzha met sur place une force de maintien de la paix de 50 000 hommes

La situation militaire en Syrie s'est retournée au détriment de ceux qui espéraient à Washington et à Bruxelles parvenir à changer le régime par la force. Les deux tentatives successives de prise de Damas ont échoué et il est désormais clair que cet objectif ne pourra pas être atteint.

Le 18 juillet, une explosion décapitait le Conseil de sécurité nationale et donnait le signal d'une vaste offensive de dizaines de milliers de mercenaires convergeant de Jordanie, du Liban, de Turquie et d'Irak sur la capitale. Après quelques jours de bataille acharnée, Damas était sauvée, la fraction de la population hostile au gouvernement choisissant par patriotisme d'aider l'Armée nationale plutôt que d'accueillir l'ASL.

Le 26 septembre, des jihadistes d'Al-Qaida pénétraient dans l'enceinte du ministère de la Défense, déguisés en soldats syriens et munis de faux papiers. Ils voulaient faire sauter leurs ceintures d'explosifs dans le bureau de l'état-major, mais ne parvinrent pas à proximité suffisante de leur cible et furent abattus. Une seconde équipe devait s'emparer de la télévision nationale et lancer un ultimatum au président, mais elle ne put s'approcher du bâtiment car son accès avait été bloqué dans les minutes suivant la première attaque. Une troisième équipe s'est dirigée vers le siège du gouvernement et une quatrième devait attaquer l'aéroport.

Dans les deux cas, l'OTAN, qui coordonnait les opérations depuis sa base turque d'Incirlik, espérait  provoquer une fracture au sein de l'Armée arabe syrienne et s'appuyer sur certains généraux pour renverser le régime. Mais les généraux en question avaient été identifiés comme traîtres depuis longtemps et privés de tout commandement effectif. Il ne s'est donc rien passé de significatif et le pouvoir syrien est sorti renforcé de ces deux coups ratés. Il a trouvé la légitimité intérieure nécessaire pour se permettre de passer à l'offensive et d'écraser rapidement l'ASL.

Ces échecs ont fait perdre leur superbe à ceux qui caracolaient par avance en affirmant que les jours de Bachar el-Assad étaient comptés. Par conséquent, à Washington, les partisans du retrait sont en train de l'emporter. La question n'est plus de savoir combien de temps le « régime de Bachar » tiendra encore, mais s'il est plus coûteux pour les États-Unis de continuer cette guerre ou de l'arrêter. La continuer, c'est provoquer l'effondrement économique de la Jordanie, c'est sacrifier ses alliés au Liban, c'est risquer la guerre civile en Turquie, et c'est devoir protéger Israël de ce chaos. L'arrêter, c'est laisser les Russes se réinstaller au Proche-Orient et c'est renforcer l'Axe de la Résistance au détriment des rêves expansionnistes du Likoud.

Or si la réponse de Washington tient compte du paramètre israélien, elle ne prend plus en considération l'avis du gouvernement Netanyahu. Celui-ci a fini par indisposer à la fois en raison de ses manipulations derrière l'assassinat de l'ambassadeur Chris Stevens et à cause de son ahurissante ingérence dans la campagne électorale US. En définitive, si l'on envisage la protection à long terme d'Israël et non pas les exigences extravagantes de Benjamin Netanyahu, la présence russe est la meilleure solution. Avec 1 million d'Israéliens russophones, jamais Moscou ne laissera mettre en péril la survie de cette colonie.

Un retour en arrière est ici nécessaire. La guerre contre la Syrie a été décidée par l'administration Bush, le 15 septembre 2001 lors d'une réunion à Camp David, comme l'a notamment attesté le général Wesley Clark. Après avoir été repoussée plusieurs fois, l'action de l'OTAN a dû être annulée en raison des vétos russe et chinois. Un « plan B » a alors été mis sur pied : recourir à des mercenaires et à l'action secrète puisque le déploiement de soldats en uniforme était devenu impossible. Cependant, l'ASL n'ayant pas marqué une seule victoire contre l'Armée arabe syrienne, beaucoup ont pronostiqué que le conflit serait interminable et minerait progressivement les États de la région, y compris Israël. Dans ce contexte, Washington a conclu le 30 juin un accord avec la Russie à Genève, sous la houlette de Kofi Annan.

Toutefois, le camp de la guerre a fait capoter cet accord en organisant des fuites dans la presse sur l'engagement occidental secret dans le conflit ; fuites qui ont contraint Kofi Annan à la démission immédiate. Le camp de la guerre a joué ses deux cartes maîtresses les 18 juillet et 26 septembre et a perdu. Dès lors, Lakhdar Brahimi, le successeur d'Annan, a été prié de ressusciter et de mettre en œuvre l'Accord de Genève.

Pendant ce temps, la Russie n'a pas chômé. Elle a obtenu la création d'un ministère syrien de la Réconciliation nationale, elle a supervisé et protégé la réunion à Damas des partis d'opposition nationale, elle a organisé des contacts entre les états-majors US et syrien, et elle a préparé le déploiement d'une force de paix. Les deux premières mesures ont été prises à la légère par la presse occidentale et les deux dernières ont été carrément ignorées.

Pourtant, comme l'a révélé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, la Russie a répondu aux craintes de l'état-major US relatives aux armes chimiques syriennes. Elle a pu vérifier que celles-ci étaient stockées dans des lieux suffisamment sécurisés pour ne pas tomber dans les mains de l'ASL, être détournées par des jihadistes et utilisées par eux aveuglément, sauf changement de régime. Elle a pu donner ainsi des garanties crédibles au Pentagone que le maintien au pouvoir d'un leader qui a prouvé son sang-froid comme Bachar el-Assad est une situation plus gérable, y compris pour Israël, que l'extension du chaos à la Syrie.

Surtout, Vladimir Poutine a accéléré les projets de l'Organisation du Traité de sécurité Collective (OTSC), l'Alliance défensive anti-OTAN réunissant l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et bien sûr la Russie. Les ministres des Affaires étrangères de l'OTSC ont adopté une position commune sur la Syrie [1]. La logistique a été installée pour un éventuel déploiement de 50 000 hommes [2]. Un accord a été signé entre l'OTSC et le département onusien de maintien de la paix pour que des « chapkas bleues » puissent être déployées dans les zones de conflit sous mandat du Conseil de sécurité [3]. Et des manœuvres communes ONU/OTSC auront lieu du 8 au 17 octobre au Kazakhstan sous le titre « Fraternité inviolable » pour finaliser la coordination entre les deux organisations intergouvernementales. La Croix-Rouge et l'OMI y participeront [4].

Aucune décision ne saurait être officialisée par les États-Unis durant leur campagne électorale présidentielle. Dès que celle-ci sera terminée, la paix sera envisageable.

Par Thierry Meyssan, Global Research sur www.mondialisation.ca le 10/10/2012

Source originale : Tichreen (Syrie)

[1] « Министры иностранных дел государств-членов ОДКБ одобрили заявления по Сирии и ситуации вокруг Ирана », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012.
[2] « Путину предлагают ввести войска в Сирию », Izvestia, 1er juin 2012.
[3] « ОДКБ и ООН подписали Меморандум по миротворческой деятельности », Communiqué de l'OTSC, 28 septembre 2012. « Conflits armés : l'ONU et l'OTSC signent un mémorandum », RIA Novosti, 29 septembre 2012.
[4] « Первое миротворческое учение государств-членов ОДКБ "НЕРУШИМОЕ БРАТСТВО-2012″ пройдет с 8 по 17 октября в Республике Казахстан на трех полигонах под Алматы », Communiqué de l'OTSC. 3 octobre 2012

jeudi 6 septembre 2012

Etablissement d'échanges commerciaux en euros et en yuans entre l'Allemagne et la Chine

Jeudi dernier, après une réunion entre la chancelière Allemande Angela Merkel et le premier ministre Chinois Wen Jiabao à Pékin, l'Allemagne et la Chine ont porté par écrit leur projet commun de conduire une importante part de leurs échanges commerciaux en euros et en yuans. 
Les deux partis prévoient de soutenir leurs sociétés et institutions financières grâce à l'établissement d'échanges bilatéraux et d'investissements en euros et en yuans', ont-ils écrit.
 
Leur rapport indique également que les banques Allemandes seraient désormais autorisées à investir sur le marché d'obligations interbancaires de Chine, et que les deux partis supportent l'établissement de contrats commerciaux en yuans par les banques Allemandes et Chinoises ainsi que l'émission en Allemagne d'actifs dénominés en yuans.
 
Par Mish le 06/09/2012 sur www.24hgold.com

Bruxelles part en guerre commerciale contre Pékin

 
La Commission européenne a lancé jeudi une enquête antidumping contre la Chine visant sa production de panneaux solaires subventionnés. La Chine se prépare à répliquer.
 
L'Europe s'engage sur le sentier de la guerre commerciale avec la Chine. Bruxelles a lancé jeudi une enquête antidumping contre plusieurs géants chinois des panneaux solaires, et la République populaire menace déjà l'UE de rétorsions spectaculaires. «La Commission européenne a lancé aujourd'hui une enquête antidumping concernant les importations de Chine de panneaux solaires et de leurs principaux composants (...)», indique-t-elle dans un communiqué.
 
Sous l'apparence d'une querelle d'entreprises, c'est un énorme bras de fer politico-commercial qui se dessine. La Chine aussi bien que l'Europe ont misé des milliards de fonds publics sur l'essor de l'électricité photovoltaïque, à coups de subventions et d'investissements. À Pékin, le quotidien du Parti communiste China Daily s'inquiétait mercredi «du contentieux commercial le plus lourd» jamais infligé à l'industrie chinoise.
 
Le pouvoir chinois a fait du secteur photovoltaïque le fer de lance d'une conquête planétaire. L'Europe, qui représente les deux tiers du marché mondial, veut à l'inverse contraire garder son avance technologique et surtout protéger l'une de ses dernières bases industrielles.

Plainte collective déposée à Bruxelles

«C'est la dernière chance pour l'Europe de tenir tête à un État chinois qui subventionne sa propre industrie, ce qui lui permet de vendre en dessous du coût de revient et de mettre les Européens à genoux», assure Milan Nitschke pour le groupe allemand Solarworld, chef de file de la plainte collective déposée à Bruxelles. Une vingtaine de firmes françaises, italiennes et espagnoles s'y sont associées en juillet. Elles ont préféré rester anonymes par crainte, déjà, de contre-mesures chinoises.
 
Après bien des hésitations, la commission Barroso part à l'offensive face à la concurrence jugée déloyale des grands pays émergents. Elle a ouvert mardi soir une première enquête formelle contre le russe Gazprom, soupçonné depuis des lustres de manipulation de prix dans les huit pays de l'UE qu'il approvisionne *. Là encore, l'affaire est politique. Mardi soir à Münich, le commissaire à l'Énergie, Günther Oettinger, a accusé publiquement Vladimir Poutine «de chercher à reconstruire la puissance de l'URSS par le biais de sa politique énergétique». Le Kremlin n'a pas daigné réagir….
 
(*) Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Hongrie, Lituanie, Lettonie et Estonie

Par jean-Jacques Mevel sur www.lefigaro.fr le 06/09/2012
 

jeudi 19 juillet 2012

Bulgarie : Israël veut «punir» les terroristes

Des représailles ciblées contre l'Iran et le Hezbollah sont envisagées après la mort de cinq touristes dans un attentat suicide.

Les dirigeants israéliens se sont engagés jeudi à «punir, partout où ils se trouvent» les responsables et commanditaires de l'attentat suicide en Bulgarie. En attendant l'heure des représailles, un pont aérien a permis le retour de 32 touristes israéliens blessés lors de l'attaque dans un autobus stationné à l'aéroport de Burgas, une station balnéaire près de la mer Noire. Les corps des cinq victimes israéliennes devaient également être rapatriés. Pour le premier ministre Benyamin Nétanyahou, l'attaque porte la marque de la milice chiite libanaise du Hezbollah, «principal agent terroriste de l'Iran».

«Nous ferons tout contre ceux qui ont commis cet attentat, qui s'inscrit dans une campagne terroriste mondiale contre Israël», a prévenu le ministre de la Défense, Ehoud Barak. «Une fois que tous les éléments du puzzle de l'enquête menée par les services de renseignements seront en place, sonnera l'heure des réactions aussi bien opérationnelles que politiques», a ajouté Danny Ayalon, le vice-ministre des Affaires étrangères. Adoptant un ton martial dont il est peu coutumier, le président Shimon Pérès a proclamé qu'Israël «a les moyens et la volonté de réduire au silence et de paralyser les organisations terroristes». Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères, affirme pour sa part qu'Israël dispose «de solides renseignements sur l'implication du Hezbollah et des gardiens de la Révolution iraniens dans l'attentat».

Mais le passage des menaces aux actes risque d'être compliqué. La déstabilisation du régime syrien de Bachar el-Assad, allié du Hezbollah et de l'Iran, multiplie les facteurs d'incertitudes. Selon la plupart des commentateurs et experts militaires, Benyamin Nétanyahou ne devrait pas dans un premier temps jouer la carte de l'escalade militaire en utilisant le prétexte de l'attentat en Bulgarie pour frapper les installations militaires nucléaires iraniennes. Une offensive aérienne et terrestre au Liban contre le Hezbollah semble également exclue, car elle risquerait de détourner l'attention de la lutte à mort engagée en Syrie entre les insurgés et le régime de Bachar el-Assad, ainsi que du programme nucléaire iranien, considéré comme le danger numéro un pour l'État hébreu.

Méthodes expéditives
«Il ne devrait pas y avoir de réplique immédiate, mais il faut s'attendre à des éliminations et à de mystérieuses explosions» visant notamment des responsables du Hezbollah, prévoit Giora Eiland, général de réserve et ancien patron du Conseil israélien pour la sécurité nationale. «Nous allons agir mais avec sang-froid», ajoute Danny Ayalon. De son côté, Yossi Melman, un commentateur spécialiste des services de renseignements, estime aussi que l'attentat de Bulgarie «ne peut que relancer la guerre secrète menée contre l'Iran et le Hezbollah».

Israël a déjà eu recours à ce genre de méthodes aussi discrètes qu'expéditives. Ces dernières années, le Mossad est fortement soupçonné d'avoir éliminé quatre savants atomistes iraniens et provoqué au moins une explosion dans un des sites où sont produits les missiles iraniens. Israël aurait également saboté des centaines de centrifugeuses utilisées par les Iraniens pour l'enrichissement de l'uranium grâce à des virus informatiques. L'État hébreu, qui préfère cultiver un certain flou, n'a jamais démenti ou confirmé être responsable de ces opérations.

Une escalade dans cette bataille de l'ombre semble donc à prévoir. Comme le souligne Ehoud Barak, le Mossad est parvenu ces derniers mois à faire échouer des dizaines d'attentats en coopérant avec les services de renseignements de pays tels que Chypre, le Kenya, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Inde et la Thaïlande ainsi qu'avec la CIA. «Mais il y a aussi des moments difficiles comme ce qui s'est passé en Bulgarie», reconnaît Ehoud Barak, prenant la défense du Mossad qui est accusé par une partie de la presse d'avoir échoué dans la prévention de l'attaque.

Les responsables officiels israéliens se sont en revanche empressés de rendre hommage à la «coopération» du gouvernement, de l'armée et des services de renseignements bulgares. Sur le front politique, Israël s'apprête à relancer une offensive pour convaincre l'Union européenne de placer le Hezbollah dans sa liste noire des organisations terroristes. L'État hébreu a aussi l'intention de déposer une plainte au Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran et le Liban.

Par Marc Henry, le 19/07/2012 sur www.lefigaro.fr

samedi 30 juin 2012

Point de vue sur la Syrie par un journaliste indépendant

Pendant la guerre d'Irak, lors de l'attaque de Bagdad un blindé de l'OTAN a fait délibérément feu sur l'hôtel où étaient réfugiés les journalistes. A l'époque, lors de l'instruction du dossier le commandant du char a fait valoir qu'il s'était trompé de cible. Il y a quelques jours nos confrères ont trouvé la mort fusillés d'une balle dans la nuque par les paras habillés en treillis et aux allures des militaires professionnels. Cette fois-ci cela s'est passé en Syrie. Ce rapprochement que nous avons opéré cherche à prouver que les représentants des médias ne sont plus traités comme une partie neutre par les troupes occidentales et leurs Alliés. La théorie de la guerre veut que l'information puisse porter des fruits autrement plus dévastateurs qu'un simple tir de mortier. Les événements en Russie des années 90 tout comme d'ailleurs l'avènement des bolcheviks quelques 80 ans plus tôt le prouvent de façon incontestable. La théorie de l'information et de l'utilisation des masses-média à des fins militaires a été créé par les Allemands qui ont su plonger la Russie dans le chaos en la faisant sortir des rangs des Alliés pendant la Première Guerre mondiale. Cette théorie a été ensuite développée par Rudolph Hess, élève de Haushofer et peaufinée par les Américains dans le cadre du projet dissident dit projet Harvard qui a causé beaucoup de calamités dans la Russie eltsinienne.

La Syrie est devenue un enjeu, un lieu de combat où se jouent tous les scénarios de la prochaine guerre. Les grands maîtres s'essaient autour de cet échiquier stratégique. Les joueurs sont nombreux – la Russie, la Chine, les États-Unis, l'Europe, la Ligue arabe, etc. Seulement les uns cherchent à préserver coûte que coûte la paix et les autres rêvent d'en découdre. En fait les rôles sont distribués depuis les croisades. La Russie est un pays en voie de développement qui à plusieurs reprises a failli se retrouver à la place de la Syrie: au cours des guerres de Napoléon, au moment de la Première Guerre mondiale, à la Seconde Guerre et après la débâcle communiste. A chaque fois le danger venait de l'Occident. Et à chaque fois c'était bien sûr pour civiliser les barbares russes… Même Hitler le mettait dans sa propagande. Nous avons évoqué ces faits pour que vous compreniez qu'après avoir eu la chance de se défendre et d'avoir pris leur essor, les Russes veulent prêter main forte aux autres pour ne pas se retrouver touts seuls face à l'Occident qui cherche à pérenniser son pouvoir. Cela explique la sympathie à l'égard des peuples opprimés y compris les Syriens. Les mobiles de l'Occident sont autrement plus pragmatiques : contrôle du pétrole et du gaz naturel de la région, déstabilisation au nom du chaos pour rafler la mise économique. Barak Obama a bien déclaré que le pôle économique du Vingt-et-unième siècle doit se trouver en Californie sur la côte Est des États-Unis. Pour ce faire il faut détruire les autres pôles ensemble avec leurs États et économie. A la fin il ne doit en rester qu'un seul !

Thierry Meyssan est une figure de proue du journalisme international indépendant. Créateur du réseau internet Voltaire qui accueille plus de 2,5 Millions de visiteurs au quotidien, il est toujours aux premières loges de l'actualité. Cette fois-ci, il est en Syrie où il a voulu se rendre pour tirer ses propres conclusions des faits exposés de façon controversée par les grands médias. Voici ce qu'il nous a livré au péril de sa vie comme vous vous en doutez :

La Voix de la Russie. Monsieur Meyssan, merci d'être avec nous sur les ondes de la Voix de la Russie. Vous êtes au cœur de l'actualité proche-orientale. Vous voyez les choses évoluer au jour le jour et pouvez témoigner de la situation à Damas. Que pensez-vous de la mise en pratique du plan de Kofi Annan qui, d'après vous, a largement puisé dans l'initiative d'un Serge Lavrov, chef du Quai d'Orsay russe ?

Thierry Meyssan. Le plan Kofi Annan est la reprise du plan Lavrov. On a juste modifié une clause qui concerne le statut de la presse. Et c'était une bonne manière de faire puisque M. Lavrov avait réussi à trouver un accord avec la Ligue arabe. Donc cela pouvait paraître une plateforme de discussion correcte. Cependant au moment même où Monsieur Lavrov avait négocié cela avec la Ligue arabe, le président de séance de la Ligue à ce moment-là, c'est-à-dire le représentant qatari avait donné une conférence de presse, quelques minutes après celle de M. Lavrov en tenant des propos en totale contradiction avec le contenu du plan. Et aujourd'hui on est toujours dans la même situation, c'est-à-dire que tout le monde se réclame du plan Lavrov, maintenant du plan Annan, mais certaines parties au conflit s'expriment d'une manière qui ne laisse aucun doute sur leur refus de l'appliquer. Parce que les bases de cette idée, du plan de paix, est que tout le monde doit cesser le feu de manière unilatérale. On ne doit pas attendre que les autres fassent une démarche et descendre progressivement. Chacun doit s'arrêter de tirer. Or, l'armée syrienne a fait des efforts considérables, s'est retirée des grandes villes malgré les protestations des gens, des manifestations – non pas contre l'armée mais des manifestations pour l'armée ; des gens réclamant la protection militaire face aux groupes des mercenaires. Et puis en face il n'y a pas du tout d'arrêt, les actions commandos continuent. Il y a beaucoup d'actions ciblées soit pour détruire l'infrastructure, soit assassiner des responsables de l'État ou des personnes qui ont manifesté leur soutien au pays.

La Voix de la Russie. Est-ce que d'après vous il subsiste ne serait-ce qu'une infime chance de pacification de la Syrie ?

Thierry Meyssan. Oui ! La chance, elle est toute simple ! Si les armes et l'argent arrêtait d'arriver de l'étranger… Si on arrêtait d'envoyer des mercenaires… Il y a constamment des mercenaires qui franchissent la frontière avec la Turquie comme l'a souligné le représentant russe au Conseil de Sécurité. On a transféré des combattants qui étaient en Libye vers la Turquie en utilisant d'ailleurs les moyens des Nations Unies. On a installé un camp des prétendus réfugiés qui est en fait une base arrière de cette pseudo-armée syrienne libre. Et puis constamment ces gens franchissent la frontière et viennent pour commettre des crimes sur le territoire syrien. Donc si on arrêtait ce soutien extérieur aux bandes armées, il ne resterait plus rien ! Après on va se retrouver dans une situation normale avec un gouvernement qui est largement majoritaire, une opposition qui existe, qui a les moyens de s'exprimer, qui fait sont travail d'opposition, qui propose des nouvelles choses, etc. Il y aurait un débat démocratique comme cela existe dans de nombreux pays. Là quand se réunit maintenant le groupe de contact initié par la Russie, la question est est-ce que les États-Unis qui sont la puissance titulaire à la fois de l'Occident et du Conseil de Coopération du Golfe, est-ce que les États-Unis vont demander leurs alliés d'arrêter ce jeu en sous-main ? Ou est-ce qu'ils vont au contraire continuer à les encourager à jeter de l'huile sur le feu ?

La Voix de la Russie. Une autre question, cette fois-ci beaucoup plus délicate, plusieurs de nos confrères, journalistes d'une télévision locale, ont été sauvagement assassiné par la prétendue Armée libre syrienne soutenue par la Turquie et les Occidentaux. Croyez-vous qu'on s'attaque à la presse pour créer un blocus médiatique, pour priver les citoyens des pays occidentaux et arabes de toute information véridique ? Quels ont été les mobiles de ces criminels ?

Thierry Meyssan. Je pense qu'il y a deux éléments qui vont ensemble. D'une part, au cours des vingt dernières années, nous avons vu les mêmes scènes se reproduire successivement en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye et maintenant en Syrie. Il y a des puissances qui systématiquement détruisent les médias des pays qu'ils attaquent. Et c'est simple. Il y a constamment derrière cela les États-Unis et l'OTAN. Personne d'autre ne se comporte comme ça dans le monde. Il n'y a pas de plus grand ennemi de la liberté d'expression que les États-Unis et l'OTAN. Quoi qu'on en dise, ce sont les faits qui le montrent.

Deuxièmement, il était prévu dans le cas particulier de la Syrie une immense campagne en décrochant des satellites les canaux syriens et en leur substituant des canaux qui étaient des programmes qui ont été fabriqués par la CIA qui a créé plusieurs chaînes satellitaires au cours des derniers mois. Donc l'idée c'était qu'on allait diffuser des images fictionnelles tournées dans les studios, des images de synthèse pour faire croire à l'effondrement de l'État syrien et pour que les gens en Syrie quand ils avaient branché leur télévision, au lieu de voir leur chaîne habituelle, ils auraient vu autre chose avec de fausses images. Et ils auraient pensé – voilà ! c'est trop tard ! Il faut se résigner, la patrie est perdue, elle est occupée par des forces étrangères. Eh bien, ça ça n'a pas été possible parce qu'il y a eu d'abord une mobilisation incroyable dans le monde entier. Il y a des dizaines de très grands journaux qui ont consacré des pages entières à ce sujet… Il y a eu des centaines de sites internet qui ont véhiculé tous les détails de cette opération. Finalement le MilSat avait refusé d'enlever les chaînes syriennes de son satellite. La Ligue arabe a été forcée de reculer avec ArabSat. Les Syriens ont installé sur de nouveaux satellites leur télévision… Enfin ils ont saisi le Conseil de Sécurité avec une lettre très importante sur ce sujet. Et surtout M. Lavrov a inscrit comme point numéro un à l'ordre du jour de la réunion du groupe de contact l'arrêt immédiat de la guerre médiatique contre la Syrie.
Alors l'OTAN s'est vengée comme ça. Ils ont envoyé un commando. Cette télévision était installée à une quinzaine de kilomètres à la sortie de Damas, à la campagne, en fait. C'était un lieu pas du tout défendu. Le commando était arrivé – des gens avec des systèmes de visée nocturne, avec tout ce qu'il faut. Ils ont tué les gardiens. Il y avait juste 4 gardiens. Ils sont rentrés. Ils ont arrêté 3 présentateurs qu'ils ont ligotés et qu'ils ont exécutés sur place. Et puis après ça ils ont mis le feu. Ils ont fait tout sauter. Maintenant ce ne sont que des gravois cet endroit-là. Il y a juste un bâtiment qui est encore debout.

Encore une fois ce n'est pas nouveau. Les États-Unis et l'OTAN font ça partout depuis 20 ans. C'est quelque chose d'incroyable. Parce que ce sont les mêmes personnes qui pratiquent ces actes barbares et qui dans les organisations internationales se présentent comme les défenseurs de la liberté d'expression ! C'est le monde à l'envers ! La réalité nous dit l'inverse de leurs paroles ! Et pour nous, journalistes, ceci devient impossible à vivre. C'est bien clair. Si toute personne qui veut s'opposer à cet impérialisme et qui se retrouve dans un pays qui n'a pas les moyens importants pour se défendre est désormais en danger.

La Voix de la Russie. Et qu'en est-il de la position de la France par rapport à la Syrie. On voit François Hollande louvoyer à tous les vents et zigzaguer sans cesse comme s'il ne savait à quel saint se vouer… Qu'est-ce que vous en dites ?

Thierry Meyssan. Comme vous dites : François Hollande zigzague et louvoie. C'est-à-dire qu'il ne sait pas quelle est sa politique ; Il essaie de suivre son mouvement. Il se rend bien compte que la position officielle sur la Syrie n'est pas tenable. Mais en même temps il n'est pas capable d'en dégager une autre. Il n'est pas capable de ça parce qu'il n'a pas de marge de manœuvre. Il accepte que la France continue comme au cours du mandat de Nicolas Sarkozy à être le suiveur des États-Unis. Comment pourrait-il énoncer une nouvelle politique dans ces conditions ? Il a à côté de lui l'administration du Quai d'Orsay, les diplomates français qui ne cessent de lui répéter que nous commettons une erreur très grave avec la Syrie. Que normalement la France et la Syrie devraient être alliés comme c'était le cas dans le passé. La France a été la puissance mandataire pendant l'entre-deux-guerres ici. Il y a une incapacité à s'adapter. Cette incapacité, elle s'est exprimée clairement lors de la première rencontre de François Hollande et de Vladimir Poutine à l'Élysée. C'était quelque chose d'un peu grotesque en fait! Les deux Chefs d'État ont fait une liste de sujets à aborder dont la Syrie qui occupait une grande part de la discussion. Et ils n'ont trouvé aucun point d'accord. C'est honteux ! Aucun point d'accord ! Pourquoi ? Parce que sur chaque sujet Vladimir Poutine exprimait les demandes de la Russie en les argumentant. Nous voulons ceci parce que cela… Et il donne ses arguments. Et en face il y avait un François Hollande qui lui répondait : « Nous pensons que… » Sans arguments.. ! C'est-à-dire il n'y a rien à négocier. C'est juste l'affrontement d'un point de vue borné en face d'une position ouverte. Et quand on a abordé plus précisément la question syrienne, ceci est devenu encore plus ridicule ! Puisque le Président français a évoqué seize mille morts dont serait responsable le gouvernement, etc. Le Président Poutine lui demanda : « Mais d'où tenez-vous ces chiffres ? De l'Observatoire syrien des droits de l'homme ? Mais nous avons envoyé notre ambassadeur à Londres. Il a vu ces gens –là : c'est un marchand de kebab avec une petite échoppe. C'est ça la source des renseignements français ? La Russie pendant ce temps, nous avons cent mille Russes qui sont déployés sur l'ensemble du territoire syrien ! Rien ne nous échappe ! Nous pouvons tout vérifier ! Et nous pouvons vous affirmer évidemment que ce que raconte ce marchand de kebab à Londres n'a aucune valeur ! »

Il est incontestable que monsieur Meyssan agit en citoyen et journaliste responsable. Il n'a pas peur de mettre sur la sellette l'OTAN et parle sans ambages de l'incompétence de la présidence française.
Nous espérons tous que ses efforts soutenus également par La Voix de la Russie vous permettent de comprendre et de suivre le fil de l'actualité pour ne pas vous faire leurrer par les bureaucrates qui considèrent les gens comme pions sur leur échiquier stratégique. Ensemble avec le réseau Voltaire, en France comme à l'étranger La Voix de la Russie continuera à vous donner les informations non engagées que cela plaise ou non aux grands décideurs.

Le 30/06/2012 sur http://french.ruvr.ru

mardi 29 mai 2012

L'UE durcit le ton face à la Syrie


La plupart des capitales européennes ont décidé, ensemble, d'expulser leurs ambassadeurs syriens.

L'Union européenne hausse le ton face à Bachar el-Assad. La France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Espagne ont annoncé mardi l'expulsion des ambassadeurs syriens dans leur capitale en représailles au massacre de Houla, survenu ce week-end, qui a provoqué la mort de 108 personnes, dont 49 enfants.

C'est le nouveau président français, François Hollande, qui a initié le mouvement, annonçant l'expulsion de l'ambassadrice à Paris, Lamia Chakkour, et une réunion dans la capitale française début juillet du groupe des pays "amis de la Syrie".

Une décision concertée avec les partenaires européens

Le chef de l'Etat a tenu à préciser qu'il s'agissait d'"une décision non pas unilatérale de la France, mais d'une décision concertée avec (ses) partenaires". "J'ai eu une conversation hier (lundi) avec David Cameron, le Premier ministre britannique. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a eu une discussion avec le secrétaire général des Nations Unies et nous avons convenu d'un certain nombre de pressions à exercer sur la Syrie", a précisé François Hollande.

Quelques minutes plus tard, l'agence de presse allemande dpa annonçait la convocation de l'ambassadeur de Syrie en Allemagne où son expulsion du territoire allemand devait lui être signifiée. L'ambassadeur devra quitter l'Allemagne d'ici 72 heures.

Le chargé d'affaires syrien à Londres, déjà convoqué lundi par le Foreign Office, a appris également mardi l'annonce de son expulsion. Rome a également expulsé le représentant diplomatique syrien en Italie. Même chose en Espagne.

Ailleurs dans le monde, l'Australie et le Canada ont pris les mêmes sanctions. Ces expulsions concertées marquent une nouvelle phase dans les initiatives amorcées par la communauté internationale face à la crise en cours depuis plus de 14 mois en Syrie.

mercredi 18 avril 2012

Rahat Aliyev interrogé pendant trois jours à Malte par le ministère public de Vienne

Rahat Aliyev. Photo de www.azattyk.org

L'ancien ambassadeur du Kazakhstan en Autriche Rahat Aliyev a été interrogé à Malte, écrit le journal Die Presse en citant les milieux diplomatiques. De surcroît, pour cette rencontre à Malte avec l'homme accusé d'avoir assassiné des dirigeants de Nurbank, il a fallu une mission secrète de la procureure viennoise BettinaWallner.

Le but de l'interrogatoire de trois jours est «de permettre aux autorités judiciaires d'évaluer correctement le cas sur la base d'impressions personnelles sur le suspect." Die Presse a déclaré que le voyage de la procureure était devenu nécessaire du fait que la police croyait qu'Aliyev n'accepterait pas de venir en Autriche pour être interrogé, craignant pour sa sécurité.

Die Presse a également indiqué qu'au cours de la semaine dernière quatre présumés complices d'Aliev ont été interrogés. Ils sont originaires du Kazakhstan, mais vivent actuellement en Autriche. Tous les suspects nient toute implication dans l'assassinat des banquiers. Selon certains rapports, la police pense que les soupçons pesant sur Aliyev "existent, mais ne sont pas si grave." Aucun des quatre suspects n'a été placé en garde à vue.

Pendant ce temps, les publications Wiener Zeitung et de Kronen Zeitung ont indiqué que la Commission de l'UE pour la Justice a saisi Eurojust, qui coordonne les activités judiciaires des États membres, afin d'instruire un dossier contre Aliyev. Le commissaire européen Vivian Reding a appelé Eurojust à soutenir les autorités compétentes des États membres «afin de conduire efficacement l'enquête ». Toutefois, le ministère autrichien de la Justice a déclaré que le bureau du procureur de Vienne mène une enquête active concernant Aliyev.

Il convient de noter que l'Autriche a refusé l'extradition vers le Kazakhstan de l'ex-ambassadeur et s'est engagé à mener sa propre enquête. Il est à noter également que dans le dossier, apparaît le nom de Rahat Shoraz. Les mesures prises par les autorités judiciaires autrichiennes dans le cas d'Aliyev ont été maintes fois critiquées au niveau européen. Vienne est critiquée du fait que l'ex-ambassadeur vit depuis longtemps en toute impunité en Autriche.

Aliyev continue de nier sa culpabilité. Par ses avocats, il a déclaré qu'il n'a aucun rapport avec l'assassinat des deux banquiers. À ce stade, le bureau du procureur à Vienne n'a pas encore pris la décision de classer l'affaire ou de confirmer les accusations contre l'ancien ambassadeur Aliyev.

Rappelons qu'en 2011, Aliyev a été accusé par contumace de l'assassinat des dirigeants de Nurbank, Zholdas Timraliyev et Aybar Khasenov, après que leurs corps ont été retrouvés dans les contreforts d'Almaty. En 2008, il a été reconnu coupable au Kazakhstan pour un certain nombre de crimes graves, dont la trahison, la préparation d'un coup d'Etat, l'enlèvement (Timraliyev et Khasenov). La sentence a été prononcée par contumace, depuis le printemps de 2007 Aliyev se cache en Autriche. Selon Die Presse, il s'est installé dans la petite ville portuaire de Sliema, sur la côte Nord-est de Malte.

Le 06/03/2012 sur www.tengrinews.kz


mercredi 28 mars 2012

Que font les animaux dans la fosse ?

"La guerre est  juste une lâche fuite des problèmes de temps de paix". T. Mann
Aux États-Unis, leader incontesté de l'Occident, l'État ne peut plus fournir de réponses aux questions de la population. Entre autre, il demeure des questions des plus sérieuses : Que va t-il arriver à la valeur du dollar ? Quel est le sort de dizaines de millions de personnes recevant des coupons alimentaires du gouvernement ? Comment mettre fin à la dette astronomique des ménages, des entreprises et de l'État ? La liste est longue. En réponse, des représentations exagérées de la Syrie et de l'Iran ont émergées. Toutefois, la présence du "democratisator" en Syrie, pourrait avoir facilement des implications tectoniques pour le monde moderne.
Les Etats-Unis, sont traditionnellement une vache qui broute dans le monde entier, mais dont le lait ne profite qu'à eux seuls. Pendant un certain temps, le monde avait assez de ressources pour un tel modèle de développement. Toutefois, l'épuisement des ressources naturelles et la croissance de la population dans les pays non-occidentaux a mis à l'ordre du jour la question de la révision des règles existantes. La puissance militaire de Washington est colossale. Il est très difficile de se battre avec un dragon si féroce.
Les cupides banquiers de Wall Street ont construit un système économique prédateur. Celui qui se positionne contre le système bancaire ne survivra pas. Toutefois, l'avidité rapace endémique a entraîné tous les pays du monde dans un gouffre. Et comme dans le conte "Les animaux dans la fosse" le moment est venu pour quelqu'un de se repaître. Les maîtres de ce processus sont les États-Unis, lesquels sont activement engagé dans la recherche de nouvelles victimes.
En théorie, Washington serait le principal coupable de "la création de la fosse», cependant il est armé jusqu'aux dents. En outre, la Maison Blanche est le chef de file du troupeau de prédateurs lesquels sont habitués à lui obéir. En géopolitique, cette situation conduit inévitablement à la redistribution du monde, ce qui par nature ne peut pas être indolore et sans effusion de sang.
Pour retarder sa fin, l'Occident a pris des positions qui lui correspondaient. L'Arabie saoudite et le Qatar n'ont pas été touchés car ce sont des monarchies qui sans l'aide des Etats-Unis et des dirigeants européens sont condamnées à mort. Cependant, beaucoup d'autres ont été envoyés à l'autel du sacrifice.
Le chaos contrôlé est une «astuce» de la politique américaine. Avec l'aide de cette technique, les pays concurrents descendent dans l'abîme, et se défient. Avec cependant un coût élevé pour l'armée américaine, qui soit dit en passant, est allé engraisser le complexe militaro-industriel, L'Irak est passé sous le contrôle de l'Occident. C'est-à-dire que ses ressources pétrolières circulent dans les zones choisies par Washington, avec des prix qui sont dictées par Washington.
En Afghanistan, la situation est quelque peu différente, car il n'y a pas de pétrole. Mais la production a augmenté de plusieurs dizaines de fois, en particulier celle de l'héroïne. Cette drogue a une importance géostratégique, car elle permet d'accumuler des capitaux destinés à la corruption (un homme est faible devant un beaucoup d'argent et les perspectives qu'il lui offre), et l'héroïne affaiblit le fond génétique de l'homme sur une échelle de plusieurs millions de personnes. Encore une fois, cela se fait sous les ordres du Pentagone au détriment de l'Afghanistan.
La Syrie est une cible naturelle. Avant la Syrie, c'était la Libye. Même le prédateur le plus paresseux ne pouvait pas ne pas s'en occuper. Cet Etat avec une petite population et de vastes réserves pétrolières s'est livrée sur un plateau. Et qu'il est bien le pétrole là-bas! Dans un certain nombre de champs on peut remplir de cet « or noir » le réservoir d'une voiture diesel directement à partir des puits, et elle roulera.
La rumeur qui dit que Mouammar Kadhafi faisait porté un joug au peuple libyen et que ce dernier se leva comme un seul homme pour combattre ce régime détestable est grandement exagérée. Pendant les quarante ans de régime dictatorial libyen, un total d'environ 500 personnes ont été exécutées. Et dans la liste se trouvent tous les sadiques, meurtriers, et pédophiles. Il y a quelques opposants politiques, mais si vous comparez le nombre de victimes du colonel Kadhafi par rapport à ceux d'Islam Karimov, il prendra un statut de petite frappe.
L'histoire de la Libye a confirmé la déclaration faite par Adolf Hitler disant que personne ne demande au gagnant s'il avait dit la vérité. Les nombreux milliards d'investissement de l'ex Lybie dans l'économie de l'Union européenne sont soudainement apparus comme volés au peuple libyen. Et pourquoi ? Tout est comme prévu, les tampons, le bilan, les conditions, ainsi que la participation des avocats les plus chers de l'Ouest. Les Libyens, qui étaient reconnaissants à Kadhafi pour la gratuité du logement, des travaux publics, et des bons avantages sociaux, ont donc pris les armes pour sa défense. 
Pour la Syrie, presque tous les ponts de chemin de fer ont été dynamités, et les chemins de fer eux-mêmes sont minés. Les déplacements en voitures se heurtent au danger de nombreux points de contrôle tenus par de bandits. La Syrie s'appelle la République Arabe Syrienne, mais en réalité, sa population est une mosaïque sur le plan ethnique et religieux. Le pays a été fortement inondé d'armes, y compris d'armes lourdes (lances roquettes).
En raison des proportions prises par la crise mondiale, la défaite de la Syrie ne peut pas être objectivement le point final de la stratégie militaire de l'Occident. La prochaine étape, c'est l'Iran. A l'époque du Shah Mohammed Reza Pahlavi, l'Iran a connu une grande modernisation. Téhéran était occidentalisé, désislamisé et l'économie et la prospérité économique en croissance rapide. Avec l'aide de l'Occident a eu lieu la révolution islamique, qui, combiné avec l'agression de l'Irak pour une vingtaine d'années a arrêté le développement du pays.
Mais le puissant potentiel de l'Iran lui a permis par la suite à commencer à exercer son influence. Le pays a continué à s'industrialiser. Téhéran a construit une centrale nucléaire et est sur ​​le point d'adhérer à part entière dans le club des puissances nucléaires. Mais voici le problème : l'élite du pays ne conserve pas l'argent du pétrole dans les banques occidentales, mais dans les banques Iraniennes. Les compagnies pétrolières étrangères ne sont pas les maîtres en Iran. En conséquence, les États-Unis ont organisé un blocus économique et prévoient une agression militaire.
La guerre de l'Occident et de ses satellites tels que l'Arabie Saoudite et le Qatar, contre l'Iran, aura des répercutions régionales très importantes. L'Azerbaïdjan est prêt à faire la guerre sur le côté de l'Occident, mais serait alors la cible des bombes iraniennes.
Les guerres, en particulier les grandes, vont automatiquement catalyser une variété de processus dans les vastes régions. Ce qui prend plusieurs années en temps de paix se règle lors en quelques mois. Par conséquent, la région de l'Asie centrale dans le cas d'une guerre en Iran subira d'énormes dégâts. L'Ouzbékistan pourrait être facilement déstabilisée. 2 à 3.000.000 de réfugiés en provenance d'Ouzbékistan se dirigerait vers le territoire du Kazakhstan et pourrait faire dérailler le marché du travail et déstabiliser la situation politique dans le sud. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il n'y avait aucun plan de ce type à Astana. Le Kazakhstan a une position sur la vente de pétrole, mais aucune réponse sur le plan de la politique étrangère. Par conséquent, la situation avec l'Iran est inévitable, mais Astana se trouve dépourvue.
Le 28/03/2012, par Batyr Alekperov sur www.contur.kz

mercredi 21 mars 2012

Mieux payés à Schenzhen qu’à Sofia

La hausse spectaculaire des salaires actuellement en Asie fait ces jours-ci la Une de la presse économique, aux Etats-Unis avec le "Wall Street Journal", ou en France avec "Les Echos".
1 - D’abord, quelques éléments concrets. Le 1er avril, le salaire minimum va bondir de 40% en Thaïlande, malgré les protestations des industriels du textile qui menacent de délocaliser au Vietnam et au Cambodge. Au printemps, un SMIC sera mis en place à Kuala Lumpur et à Hong Kong. L’Indonésie et les Philippines polémiquent sur des hausses de salaire. En Chine, le salaire minimum à Shenzhen (à côté de Hong Kong) vient de grimper de 20% et tourne autour de 180 euros par mois. Le salaire moyen, lui, se rapprocherait de 400 euros mais certains cadres gagnent déjà autant qu’en Occident. C’est plus qu’un tournant, une révolution.

2 - Evidemment, on se demande si ces chiffres sont sérieux. Ils souvent officiels et il faut voir dans quelle mesure ces minima sont appliqués dans les entreprises. On sait par ailleurs que dans les provinces reculées de Chine, les rémunérations sont plus basses et que l’inflation peut « avaler » les gains de pouvoir d’achat. On sait enfin que le nombre d’heures de travail est extraordinairement élevé en Asie et que les conditions de travail peuvent être épouvantables. Tout cela relativise la photographie. Cela étant, la tendance, elle, est indiscutable : les revenus augmentent.

3 - Quel sens peut-on y voir ?

- Premier élément : on s’aperçoit que le salaire minimum dans le bassin industriel de Shenzhen (dont je parlais) est désormais plus élevé que celui de la Bulgarie et de la Roumanie, en Europe. Cela fait réfléchir !

- Second élément, l’Asie entre à son tour dans la phase de rattrapage économique classique. Aux Etats-Unis au début du XXe siècle, les industriels avaient, grâce aux gains de productivité dégagés grâce au fordisme (le travail à la chaîne), pu booster le salaire de leurs ouvriers pour augmenter le niveau de vie et la demande intérieure. Là, c’est le pouvoir chinois qui veut rééquilibrer sa croissance avec un Occident en crise : moins d’exportations, plus de consommation. C’est l’amorce de la fin du salarié low cost.

4 - Pour la France, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

- Si on prolonge la courbe salariale, on se dit que les consommateurs d’Occident ont mangé leur pain blanc (les écrans plats seront plus chers) et que les producteurs d’Occident auront bientôt fini de manger leur pain noir (on délocalisera moins). Mais c’est en réalité plus compliqué. L’Asie gagne en efficacité ce qu’elle perd en coût, et la Birmanie et le Bangladesh peuvent remplacer la Chine ou la Thaïlande.

- C’est pour cela que la leçon essentielle est que ces hausses de salaire, effet de la mondialisation, sont d’abord une bonne nouvelle pour l’Asie. C’est pour cela que l’on comprend mal parfois - si on prend un angle plus politique - comment les tiers-mondistes généreux d’hier ont pu devenir aujourd’hui les avocats radicaux de la démondialisation.
Dominique Seux sur http://www.lesechos.fr/ le 21/03/2012

lundi 5 mars 2012

Le fonds souverain chinois à la conquête de l'Europe


Le Premier ministre chinois Wen Jiabao aurait donné son feu vert pour que le fonds souverain du pays reçoive 30 milliards de dollars à investir en Europe
Le gouvernement chinois aurait débloqué 30 milliards de dollars pour que son fonds souverain investisse en Europe, alors qu'avec la crise les opportunités se multiplient pour la deuxième économie mondiale.
Les Chinois compte bien profiter des difficultés en Europe pour investir dans les entreprises du Vieux Continent. Le fonds souverain chinois CIC a reçu à la fin de l'an dernier 30 milliards de dollars (22,7 milliards d'euros) pour investir en Europe, selon son directeur général adjoint Wang Jianxi cité lundi 5 mars par le China Daily.
China Investment Corporation (CIC) a été fondé en 2007 pour investir dans des entreprises étrangères une partie des colossales réserves de change de la Chine, qui frôlaient fin 2011 les 3.200 milliards de dollars.
"L'an dernier, le fonds a reçu des nouveaux financements de la part de l'Administration d'Etat des changes (SAFE) pour 30 milliards de dollars", a déclaré Wang Jianxi au quotidien de langue anglaise.
Les avoirs du CIC se montaient à près de 410 milliards de dollars (311 milliards d'euros) fin 2010, selon des chiffres officiels, mais "les fonds reçus précédemment ont été pour l'essentiel investis", a ajouté Wang Jianxi, sans plus de précisions.
La crise de la dette crée des opportunités
Le dirigeant du CIC a expliqué que les difficultés traversées par l'Europe à cause de la crise de la dette créent des opportunités pour y racheter des entreprises.
"Lorsque l'économie va bien", les pays développés "préfèrent lier les propositions d'investissement chinoises à des conditions politiques. Mais lorsqu'elle va mal, il y a moins de restrictions", a encore expliqué Wang Jianxi.
Mais dans les cinq à dix ans à venir, l'objectif du CIC est '"principalement de cibler les marchés émergents", a-t-il ajouté.
Le site internet Caixin avait pour sa part annoncé le mois dernier que le CIC avait reçu 50 milliards de dollars de la banque centrale après le Nouvel an chinois, qui tombait cette année le 23 janvier. Le CIC restait injoignable lundi 5 mars tandis qu'un porte-parole de la SAFE a refusé de commenter l'injection de fonds reçue par le CIC.
Parmi les investissements récemment effectués par le fonds souverain chinois figure une prise de participation de 8,68% dans la première compagnie de distribution d'eau et de traitement des eaux usées britannique, Thames Water, annoncée en janvier. L'année dernière, le CIC avait investi dans GDF Suez pour acquérir 30% de sa filière exploration.
Le 05/03 sur http://www.challenges.fr/