Appelé à quitter le pouvoir en 2013, le président iranien va désormais devoir faire face à une majorité hostile au Parlement.
Ce devait être un test de popularité du régime, et il n'a pas déçu. Près de 64 % des électeurs iraniens se sont déplacés vendredi pour élire les députés de leur Assemblée islamique, pour le premier vote organisé depuis la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en juin 2009, qui avait provoqué des manifestations sans précédent à travers le pays. "Le vote massif de 30 millions d'Iraniens donne une grande gifle à la figure sale et détestable de l'Occident", a affirmé dès le lendemain du scrutin le quotidien gouvernemental Iran, dans une allusion aux pressions politiques, économiques et militaires des pays occidentaux - notamment Israël - contre le programme nucléaire controversé de Téhéran. En comparaison, les dernières élections législatives, organisées en 2008, n'avaient rassemblé que 55,4 % des Iraniens.
"Le régime iranien a remporté son pari de favoriser une forte participation pour ce scrutin législatif", note un observateur bien informé de la scène politique iranienne. Cela fait en effet plusieurs semaines que les médias du pays jouent à foison sur la fibre nationaliste de la population, dans le but de montrer la "force et la détermination du peuple iranien face aux sanctions et aux menaces de frappes". Autre défi de taille pour la République islamique, surmonter l'annonce du boycott de l'opposition réformatrice "verte", exclue de la vie politique iranienne depuis juin 2009, qui a qualifié le scrutin de vendredi de "farce" électorale.
Comme prévu, c'est donc entre conservateurs que s'est joué ce nouveau scrutin. Et à ce jeu-là, ce sont les adversaires de Mahmoud Ahmadinejad qui ont tiré leur épingle du jeu. Réunis au sein du "Front uni des conservateurs", ces proches du Guide suprême iranien ont remporté une majorité de 54 % des sièges du Parlement, comme le révèle le site khabaronline, réputé proche du Parlement iranien. Cette nouvelle coalition de conservateurs modérés avait été modelée par les proches de l'ayatollah Khamenei juste avant l'élection, pour faire face aux proches du président sortant, accusé d'être membre d'un "courant déviationniste" cherchant à limiter le rôle politique du clergé chiite.
Une chose est sûre, le nouveau Majlis devrait être composé pour plus de la moitié de nouvelles figures. "C'est le début de la fin pour Ahmadinejad, car il va devoir composer, durant cette dernière année de mandat, avec une majorité hostile, qui plus est à l'écoute du Guide suprême." L'ayatollah Khamenei, représentant du Mahdi (12e imam chiite occulté, NDLR) sur terre, tenant déjà les rênes du pouvoir, cette nouvelle donne électorale ne devrait que renforcer sa mainmise sur le pays, et donc ne rien changer à l'épineux contentieux nucléaire avec l'Occident. Quant au mouvement vert, qui avait fait descendre des dizaines de milliers d'Iraniens dans les rues en 2009, il semble désormais au point mort, les réformateurs ne conservant que 19 sièges contre 60 dans la précédente Assemblée islamique.
"L'opposition réformatrice est entrée dans une phase de léthargie absolue, note notre spécialiste. Le régime a réussi à mettre sur pied une nouvelle force politique face aux conservateurs, pour l'exclure du jeu politique."
Le 05/03 par Armin Arefi sur http://www.lepoint.fr/
Ce devait être un test de popularité du régime, et il n'a pas déçu. Près de 64 % des électeurs iraniens se sont déplacés vendredi pour élire les députés de leur Assemblée islamique, pour le premier vote organisé depuis la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en juin 2009, qui avait provoqué des manifestations sans précédent à travers le pays. "Le vote massif de 30 millions d'Iraniens donne une grande gifle à la figure sale et détestable de l'Occident", a affirmé dès le lendemain du scrutin le quotidien gouvernemental Iran, dans une allusion aux pressions politiques, économiques et militaires des pays occidentaux - notamment Israël - contre le programme nucléaire controversé de Téhéran. En comparaison, les dernières élections législatives, organisées en 2008, n'avaient rassemblé que 55,4 % des Iraniens.
"Le régime iranien a remporté son pari de favoriser une forte participation pour ce scrutin législatif", note un observateur bien informé de la scène politique iranienne. Cela fait en effet plusieurs semaines que les médias du pays jouent à foison sur la fibre nationaliste de la population, dans le but de montrer la "force et la détermination du peuple iranien face aux sanctions et aux menaces de frappes". Autre défi de taille pour la République islamique, surmonter l'annonce du boycott de l'opposition réformatrice "verte", exclue de la vie politique iranienne depuis juin 2009, qui a qualifié le scrutin de vendredi de "farce" électorale.
Peu de fraudes
Si la mobilisation a en effet enregistré un net recul dans les grandes villes, désespérées par la crise économique et la répression politique, cela n'a pas été le cas en province, où les couches défavorisées et moyennes ont répondu présent. Leur seul soutien peut-il expliquer ce relatif succès électoral pour les autorités iraniennes ? "Des irrégularités ont été notées dans certaines circonscriptions, où des députés battus ont dénoncé l'achat de bulletins", relève notre spécialiste. "Mais globalement, le chiffre de 64 % avancé par le régime est plausible à l'échelle nationale, même s'il a été organisé sous contrôle médiatique." L'observateur ne croit pas si bien dire. Les quelques dizaines de journalistes étrangers, exclus d'Iran depuis 2009, qui ont obtenu un visa pour couvrir le scrutin n'ont eu l'autorisation de se rendre que dans trois centres de vote de Téhéran, où ils ont été conduits en bus.Comme prévu, c'est donc entre conservateurs que s'est joué ce nouveau scrutin. Et à ce jeu-là, ce sont les adversaires de Mahmoud Ahmadinejad qui ont tiré leur épingle du jeu. Réunis au sein du "Front uni des conservateurs", ces proches du Guide suprême iranien ont remporté une majorité de 54 % des sièges du Parlement, comme le révèle le site khabaronline, réputé proche du Parlement iranien. Cette nouvelle coalition de conservateurs modérés avait été modelée par les proches de l'ayatollah Khamenei juste avant l'élection, pour faire face aux proches du président sortant, accusé d'être membre d'un "courant déviationniste" cherchant à limiter le rôle politique du clergé chiite.
Opposition factice ?
Face à ce nouveau front, les partisans d'Ahmadinejad, unis au sein du "Front de la résistance de la révolution islamique", parti lui aussi créé à l'occasion, n'ont pas fait le poids, avec seulement 4 % des sièges, toujours selon khabaronline. Symbole de cet échec, Parvin Ahmadinejad, la soeur du président, qui se présentait pour la première fois, a été battue à Garmsar (nord), pourtant sa ville d'origine. Des 290 sièges du Majlis (Parlement, NDLR), 224 avaient été attribués lundi matin, tandis que 63 sièges devront faire l'objet d'un second tour, probablement en avril. Seul suspense, plus de 34 % des sièges ont été remportés par des candidats "indépendants" n'ayant pas bénéficié de l'appui des principales coalitions conservatrices. Mais d'après notre source, ceux-ci risquent bien, une fois entrés au Parlement, d'être absorbés par des groupes parlementaires dominants, donc opposés à Ahmadinejad. Celui-ci ne peut de toute façon pas légalement briguer de troisième mandat successif pour la présidentielle de juin 2013.Une chose est sûre, le nouveau Majlis devrait être composé pour plus de la moitié de nouvelles figures. "C'est le début de la fin pour Ahmadinejad, car il va devoir composer, durant cette dernière année de mandat, avec une majorité hostile, qui plus est à l'écoute du Guide suprême." L'ayatollah Khamenei, représentant du Mahdi (12e imam chiite occulté, NDLR) sur terre, tenant déjà les rênes du pouvoir, cette nouvelle donne électorale ne devrait que renforcer sa mainmise sur le pays, et donc ne rien changer à l'épineux contentieux nucléaire avec l'Occident. Quant au mouvement vert, qui avait fait descendre des dizaines de milliers d'Iraniens dans les rues en 2009, il semble désormais au point mort, les réformateurs ne conservant que 19 sièges contre 60 dans la précédente Assemblée islamique.
"L'opposition réformatrice est entrée dans une phase de léthargie absolue, note notre spécialiste. Le régime a réussi à mettre sur pied une nouvelle force politique face aux conservateurs, pour l'exclure du jeu politique."
Le 05/03 par Armin Arefi sur http://www.lepoint.fr/
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