mardi 27 mars 2012

Obama, l'homme qui murmurait à l'oreille de Medvedev

Le président américain a demandé à son homologue russe de lui laisser une certaine marge de manoeuvre sur la question du bouclier antimissile en Europe. Un micro resté ouvert a capturé l'échange, vivement dénoncé par les adversaires républicains d'Obama.
Penchés l'un vers l'autre, ils se regardent dans les yeux. Le président des Etats-Unis Barack Obama pose la main sur le bras de son homologue russe, Dmitri Medvedev. Ces signes d'entente ont été immortalisés par les photographes et caméramen invités à la fin de leur tête-à-tête, en marge du sommet sur la sécurité nucléaire à Séoul. Mais les objectifs n'étaient pas seuls: des micros se sont aussi glissés dans la pièce... et certains sont restés ouverts. 
Avec le son, l'accord entre les deux hommes semble encore plus manifeste. "C'est ma dernière élection. Après mon élection, j'aurai plus de flexibilité", murmure Obama, demandant "plus d'espace" au président de la Fédération de Russie. Réponse de Medvedev: "Je comprends. Je vais transmettre l'information à Vladimir". C'est-à-dire Poutine, son prédécesseur et successeur à la présidence russe, qui doit être investi le 7 mai prochain. 

Cette discussion portait surtout sur la question du bouclier antimissile en Europe. Lancé en 2010, ce projet est devenu l'un des principaux sujets de discorde entre l'Otan et la Russie. Conçu par l'Alliance atlantique comme une protection contre une menace venant du Moyen-Orient, en particulier d'Iran, ce bouclier est considéré par Moscou comme une menace pour la sécurité de la Russie. Moscou menace d'activer un système d'alerte antimissile à Kaliningrad, enclave russe aux portes de l'Union européenne, si les Etats-Unis poursuivent sa mise en place sans faire de concessions. 

Concessions qu'Obama serait trop enclin à accorder, selon les républicains qui ont immédiatement rebondi sur cet échange. Mitt Romney, probable adversaire d'Obama en novembre prochain, a dénoncé le double jeu du président démocrate. "La Russie est notre ennemi géopolitique numéro un, dans la mesure où elle soutient les pires acteurs dans le monde, comme l'Iran ou la Syrie", a-t-il affirmé sur CNN. "C'est très troublant, très inquiétant de voir ce président chercher davantage de flexibilité, et qu'il n'ait pas à rendre des comptes aux Américains pour ses relations avec la Russie", a-t-il ajouté, faisant aussi référence au "redémarrage" des relations bilatérales mis en place depuis 2009. 

Obama a repoussé ces critiques, faisant valoir que rien, en la matière, ne pouvait se faire sans un large consensus politique à Washington. "La seule façon pour moi d'avancer sur ces questions est de consulter le Pentagone, le Congrès et d'obtenir le soutien des deux partis" démocrate et républicain. "Franchement, le contexte actuel n'est pas propice à ce genre de consultations sérieuses", a ajouté le président américain pour sa défense. 

Le 27/03 par Marie Simon sur http://www.lexpress.fr/

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