mardi 13 mars 2012

Premier producteur de terres rares, la Chine réorganise son système de quotas d'exportation

Pékin va laisser ses quotas d'exportation de terres rares quasi inchangés en 2012. Mais l'administration chinoise va désormais distinguer les minéraux « lourds » et  les « légers ».
La Chine a revu son système de quotas pour les terres rares, ce panel de 17 minéraux absolument nécessaires à la fabrication de nombreux produits comme les iPod, les éoliennes, les radars militaires ou encore les batteries pour les voitures électriques. Pékin a décidé de distinguer dans les quotas prévus pour 2012 les minéraux « légers » et les «  lourds ». Les premiers représentent environ 85 % du marché des terres rares, contre 15 % pour les seconds.
Le régime chinois va également imposer aux entreprises exportatrices des conditions plus strictes en matière de respect de l'environnement. Celles-ci devront respecter ces règles pour pouvoir obtenir les autorisations d'exportation. L'extraction et le traitement des terres rares peuvent en effet s'avérer très polluants dans certaines régions du pays.
Par contre, Pékin a décidé de laisser ses quotas quasi inchangés par rapport à l'an dernier, avec un volume maximum de 30.130 tonnes pour l'année 2012, contre 30.181 tonnes en 2011. Cette décision a pris à contre-pied nombre d'observateurs, qui s'attendaient plutôt à une réduction des quotas d'exportation de terres rares. JP Morgan a pris acte de cette décision la semaine dernière, en réduisant les perspectives de bénéfices de l'américain Molycorp, le plus gros producteur de terres rares en dehors de Chine.
La limitation des exportations chinoises de terres rares fait partie des sujets de friction récurrents entre Pékin et ses partenaires commerciaux, compte tenu de la position monopolistique du pays. La Chine produit aujourd'hui plus de 90 % des terres rares utilisées dans le monde.
En 2010, Pékin avait suspendu la fourniture de terres rares à Tokyo à la suite d'une tension entre les deux pays. Voilà un an, Pékin avait également décidé de réduire de 35 % ses quotas d'exportation au premier semestre 2011 (comparés à ceux de 2010). Une décision très mal accueillie par les pays développés, Etats-Unis, Allemagne et Japon en tête.
Avec la crise économique et le ralentissement de la demande en Europe et en Amérique du Nord, cette situation devrait néanmoins s'apaiser un peu.

Baisse des prix depuis l'été

Après avoir atteint des sommets au premier semestre, les prix des minéraux ont chuté de 30 % à 40 % depuis l'été. Sur les onze premiers mois de l'année, les entreprises chinoises exportatrices n'ont utilisé leurs quotas qu'à hauteur de 49 %, a annoncé le ministère chinois du Commerce. «  Le quota a moins de sens si la demande de terres rares n'atteint pas le plafond fixé », souligne Wei Chishan, analyste chez SMM, cité par l'agence Bloomberg. En revanche, la mise en place d'un quota spécifique pour les minéraux lourds pourrait avoir un impact sur le long terme, en rendant ces éléments moins accessibles, estiment certains analystes.
Pour l'instant, la Chine a cherché à limiter la baisse des cours des terres rares, en arrêtant certaines mines qui polluaient trop ou qui étaient en exploitation de manière totalement illégale. Le chinois Baotou, premier producteur de terres rares, a aussi suspendu sa production sur ses sites de Mongolie à la suite d'opérations de maintenance.
Le 02/01, par Emmanuel Grasland sur http://www.lesechos.fr/
 

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