Dans les deux dernières décennies, le monde s’est senti de plus en plus menacés pour sa sécurité, surtout par la propagation et l'utilisation d’armes de destruction massive, en l’occurrence les armes nucléaires. Le principal défi de notre époque est d’empêcher que de telles armes tombent dans les mains de terroristes, ou qu’elles ne soient créées ou assemblées par des États appartenant au soi-disant «axe du mal». Afin de condamner la perspective de telles mesures et de lutter contre cette menace majeure, 55 pays se rencontreront fin mars 2012 dans la capitale de la Corée du Sud.
20 ans après la première explosion nucléaire, l'humanité a compris l’importance de la menace de l'arsenal nucléaire. La signature à la fin des années 60 du premier traité de limitation des armes nucléaires (le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires) entreprit des efforts pour assurer un contrôle international sur le mouvement de ces armes, et les tentatives d’utilisation «non planifiées». Aujourd'hui, ce contrôle est assuré au niveau mondial par l'AIEA.
Malgré la sensibilisation croissante de la menace nucléaire (et avant tout de la menace de l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins militaires) le nombre de pays qui ont volontairement renoncé à leur potentiel nucléaire est pratiquement nul. Certains États font étalage de leurs ogives nucléaires, pendant que d'autres cherchent à en obtenir.
Le Kazakhstan est peut-être la seule exception. Après l'effondrement de l'Union soviétique il y a 20 ans, cette jeune république postsoviétique a hérité du troisième plus important arsenal nucléaire au monde. Ce pays fut le premier dans le monde et le seul à ce jour, à avoir renoncé à ses armes nucléaires.
Depuis, le Kazakhstan est l'un des plus actifs et plus influents de l'intensification des efforts de la communauté internationale pour renforcer le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE en 1996) et pour accroître la sensibilisation mondiale sur les effets dévastateurs des essais d'armes nucléaires.
En outre, le Kazakhstan est l'un des participants les plus actifs de l'Initiative mondiale de lutte contre le terrorisme nucléaire (GICNT), lancée en 2006 par les présidents des États-Unis et de la Russie. A l'initiative du président Nursultan Nazarbaïev en septembre 2010 à Astana, s’est tenue une conférence du GICNT sur la lutte contre le financement du terrorisme et la première réunion du Groupe d'experts sur sa mise en œuvre et son évaluation.
Le Kazakhstan a également déposé une demande de participation au Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive du G8, dans lequel des mesures sont prises pour réduire la quantité de marchandises dangereuses nucléaires, radiologiques, chimiques et biologiques dans le monde entier, pour renforcer le contrôle des exportations à la frontière et pour prévenir la propagation des technologies de destructions massives par les terroristes et les pays impliqués dans leur distribution.
S'exprimant lors du sommet de 2010 sur la sureté nucléaire à Washington, le président Nursultan Nazarbaïev a annoncé l'initiative de la Déclaration universelle d’un monde exempt d'armes nucléaires. Selon Astana, l'interdiction de production et de déploiement des armes nucléaires doit être une priorité garantissant la non-prolifération.
A la lumière des développements de l’actualité ces dernières années, une initiative importante du Kazakhstan a été de proposer de créer au Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires. Des zones semblables existent déjà en Amérique latine, en Afrique, au Pacifique et dans le Sud-Est asiatique, qui rassemblent plus de 100 pays.
En substance, la proposition de Nazarbaiev était le miroir des craintes de la communauté internationale. A présent, les intentions d’un pays d’introduire l’énergie nucléaire sont considérées à la loupe. Or, l'Iran est activement engagé dans la construction de centrales électriques et dans l’enrichissement de l’uranium, ce qui fait peur à l'Occident. L’exemple de la lutte des pays occidentaux contre la terrifiante mais pourtant mythique possession d’armes de destruction massive par l’Irak est connu de tous. Cette menace a été inventée. C’est pourquoi il est possible que même des intentions pacifiques à Téhéran soient désormais perçues avec une extrême prudence.
En réponse à la tension croissante entre l'Iran et l'Occident, Astana a proposé de créer une banque internationale du combustible nucléaire, conservant en sécurisé une petite quantité d'uranium enrichi pour produire des assemblages de combustible pour les centrales nucléaires. Le Kazakhstan a offert d'accueillir cette banque sur son territoire.
La mise en place d'une banque internationale du combustible nucléaire sous les auspices de l'AIEA, fournit aux pays qui n'ont pas de ressources internes suffisantes l’opportunité de recycler le combustible nucléaire et dans le même temps, les soulage de la nécessité de développer leurs propres capacités nucléaires. Une telle concentration dans un seul endroit de tout le carburant nécessaire pour l'énergie nucléaire, permettrait d'éliminer la probabilité de prolifération incontrôlée des matières et technologies nucléaires. En fait, si une telle banque était créée et utilisée opportunément par la Corée du Nord, l'Iran ou tout autre pays dits de l'« axe du mal », la confiance dans l'utilisation pacifique de l'atome serait restaurée. Et, sans affecter le marché des carburants nucléaires commerciaux, elle permettra aux pays de développer sans entraves des programmes pacifiques liés à l’énergie. Actuellement, vu le coût élevé de l'énergie cette solution économique est plus qu'intéressante.
L'idée de créer une banque internationale du combustible nucléaire au Kazakhstan est soutenue par les Etats-Unis, notamment par le fait que le Kazakhstan dispose sur l'ancien site d'essais nucléaires de Semipalatinsk, de toutes les infrastructures nécessaires, dont la société "Usine Métallurgique d’Oulbinsk" dans l'Est du pays. Par-dessus tout, le Kazakhstan est le premier producteur mondial d'uranium et possède toutes les technologies permettant de produire de l’uranium faiblement à fortement enrichi.
Aussi aujourd'hui, le pays dispose d'un cadre juridique strictement réglementé qui permet un contrôle strict sur l'exportation de matières nucléaires.
Soit dit en passant, le Kazakhstan a acquis une grande expérience pour le stockage du combustible nucléaire. En novembre 2010, le pays a réalisé conjointement avec les États-Unis et l'AIEA, un projet relatif au transport et au stockage permanent de grandes quantités de combustibles nucléaires, suffisant pour stocker l’équivalent de 800 bombes nucléaires.
Il est supposé que la décision finale quant à la banque du combustible nucléaire, et à son lieu de déploiement sera prise en mars de cette année au sommet anti-nucléaire à Séoul.
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