jeudi 28 février 2013

Le point de vue erroné d'un kazakhstanais de l'étranger

Aimer son pays de loin et lui faire la leçon, c’est l’activité préférée des intellectuels qui font mine d’être apolitique, mais qui en fait font de la politique. Cette maladie n’est pas passée à coté des Kazakhstanais.

Par exemple, Galymjan Jakiyanov a disparu depuis longtemps des média, mais il a pu renaître soudainement de ses cendres sur les pages des média internet, tel un Phénix.

Ancien homme d'affaires et aujourd'hui politicien, il vit avec sa famille aux États-Unis et fait des études à l'Institut de Technologie du Massachusetts. Mais ce n’est pas l'ancien gouverneur de la région de Pavlodar qui est attirant, c’est son orientation politique qui suscite de l'intérêt. Bénéficiant de la liberté conditionnelle grâce à la bonté des autorités kazakhes, et remplaçant l'uniforme de la prison par un costume d’homme d'affaires, Jakiyanov à observé le «silence» pendant un certain temps. Mais une fois aux États-Unis, il a retrouvé son ancien «courage» et a de nouveau réactivé son patriotisme. Pour l’instant il reste hésitant, mais commence à être assez audacieux pour critiquer le gouvernement du Kazakhstan. Il est si facile d'aimer sa patrie et de s'imaginer comme un stratège menant une lutte à distance.

Dans un entretien concernant les ressources internet, avec un goût amer, Jakiyanov a déclaré que les scientifiques, les hommes d'affaires et les artistes du Kazakhstan sont à équivalents aux meilleurs représentants du monde de par leurs aptitudes et leurs capacités. Mais leurs talents et leurs compétences ne sont pas demandés dans leur patrie.

Sa déclaration est fort et presque politique, mais comme toujours en pareil cas, sans fondement et d’un populisme ordinaire. Cependant, on peut admettre que ses griefs contre le système carcéral du Kazakhstan ont joué un rôle dans l’entrée en politique de Jakiyanov. Les griefs de cet ex fonctionnaire semble lui donner une légitimité pour parler au nom de tous les hommes d'affaires, des scientifiques et des artistes de la République, alors qu’ils ne sont qu’une poignée à l’étranger, tandis que les autres sont en train de construire une vie normale dans leur pays. Le fait de vivre à l'étranger ne signifie pas que leurs talents ne sont pas demandés dans leur patrie. De plus ces gens continuent de prendre une part active à la vie de leur pays. Sauf les bureaucrates et les voleurs de l'opposition, dont le seul but est de discréditer le pouvoir. Si une personne a grandi à l’échelle de la planète, pourquoi ne pas aller plus loin encore, sur une autre orbite ?

Jakiyanov mélange de nombreux aspects de la vie au Kazakhstan, ainsi que de prétendues réalisations.

Expo 2017, dites-vous?  Excusez-moi ... mais c’est n’importe quoi.
C'est précisément ainsi que l’on peut comprendre les paroles de Jakiyanov concernant l’exposition de 2017, alors qu’Astana a reçu légitimement le droit d’organiser cet évènement international.

Justement à ce sujet, j’ai eu une correspondance intéressante avec une personne Pavlodar. Yerjan fait ses études ici (aux États-Unis), dans un collège et en même temps, il est intéressé par le monde des affaires. Il écrit que la plupart des nombreux projets emblématiques dans lesquels l’Etat investit, ne peut pas induire en erreur les investisseurs sérieux. A une question posée à un auditoire sur les perspectives de leurs investissements au Kazakhstan, la réponse a juste été: "On ne peut pas se permettre de payer tous les fonctionnaires corrompus», a dit Jakiyanov, faisant écho à Yerjan, dont le nom de famille n'a manifestement pas été dévoilé. Il est vrai qu'il y a une question, est-ce que ce garçon a existé ? Mais ce n'est qu’un détail. Il est important de noter que l’ex politicien a dit ce qu’il voulait dire par la bouche d’un enfant, tout en se tenant écarté de ces propos, laissant penser qu’il s’agit de la voix du peuple.

Il a déclaré :
«Les villages Potemkine» - ce ne sont pas mes mots, il s'agit d'une citation de la lettre d’Yerjan.
Selon Jakiyanov, tout le monde s'emploie à faire un erreur monumentale, lorsque les pays de tous les continents luttent inlassablement pour le droit d'accueillir l'EXPO. En ce sens, il est tout aussi surprenant que les  expositions durent depuis plus de 160 ans, en multipliant à travers la planète les "villages Potemkine".

Est-il besoin d'expliquer que l'exposition n'est pas seulement un projet de relations publiques. Ce sont des millions de touristes, la toute dernière technologie, un nouvel investissement. Et même si Jakiyanov voulais voir le Kazakhstan rester au bord de la route et si ce  mythique « Yerjan » a lu beaucoup de livres pseudo libéraux, les investisseurs viennent dans la République avec plaisir. On ne peut pas  contester le fait que l'année dernière dans le classement «Doing Business» de la Banque mondiale, le  Kazakhstan a pris la 49e place. L’agence «Fitch» a rehaussé la note de crédit souverain du Kazakhstan à «BBB +», ce qui indique une augmentation de la crédibilité et de la confiance de la part des investisseurs.

Alors, qui croire? Les investisseurs qui voient les perspectives de développement du Kazakhstan, ou Jakiyanov, qui a une vision très éloignée de l'état des affaires dans le pays, car en tant qu’expert il fait appel aux notes d'un étudiant …

Dans la même série, Jakiyanov a dit qu’il est impossible de faire des affaires dans le pays. Le message principal est qu’il n'exclut pas la possibilité de revenir en politique. Tout est rentré dans l’ordre. Et soudainement  sont sortis les dénonciations politiques de la République du Kazakhstan et les thèses  populaires dans le camp de l'opposition, qui sont construites sur le principe de la critique pour le bien de la critique.
 
Critiquer l’EXPO 2017 alors qu’elle n’a pas encore eu lieu est extrêmement stupide, voire imprudent. Que faire si le Kazakhstan va réussir? M. Jakiyanov en rougira ... ce projet va sans aucun doute être un succès. D’abord parce que le Bureau International des Expositions ne donnera pas sa confiance à n’importe qui pour organiser cet évènement, ensuite parce que l'effet multiplicateur de ce projet n'a pas été contredit, et enfin parce que le thème «Energie pour l'avenir » est très important. Dans ce pays il existe une chance sérieuse de développer des énergies alternatives. Mais dans ce domaine,  le potentiel de la république est l'un des plus riches. Sur la plupart du territoire il y a 300 jours de soleil par an, et le vent des steppes ne s’arrête presque jamais. N'est-il pas mieux d’aider le pays plutôt que de jurer sans discernement et de mettre des bâtons dans les roues?

Mais non, Jakiyanov  a pris fidèlement le chemin du  rouleau compresseur sur le tout début de la République, qui donne les germes de la prospérité.

On a récemment parlé de l'intégration du Kazakhstan avec la Russie et la Biélorussie dans l’union douanière et la communauté économique eurasienne. En particulier, le point de vue du grand connaisseur M. Jakiyanov est que l'adhésion à l'OMC est les bénéfices de l'union douanière seront neutralisés et réduits à néant. Les dispositions de l’union douanière seront obligatoirement d'annulées à cause de l'Organisation mondiale du Commerce, car leurs normes sont très différentes.

Du point de vue de l'économie mondiale cette est, bien sûr, un pas en arrière dans le temps. Il est très contre-productif de créer un espace économique fermé, quand le monde entier se globalise, pense Jakiyanov. Etant un politicien expérimenté, il jongle avec les faits tant que c’est à son avantage.

Notez cependant que, ce pseudo politicien reste muet sur l'union douanière, la seule des étapes de l'intégration, créée en réponse à la crise, laquelle a contraint à intégrer une politique de protection contre les marchés extérieurs. Mais encore une fois ce n'est que la partie immergée de l’iceberg. Sur cette base a été créé un espace économique commun, créé par l'Union économique eurasienne, qui provoque des douleurs fantômes aux politiciens occidentaux. Ils craignent la restauration de l'URSS, ce qui bien sûr est en principe impossible. En fait, il s'agit d’une coopération économique et pas plus.

De plus, l'accord sur le fonctionnement de l’union douanière suggère que les règles de l'Organisation mondiale du commerce sur la portée de la réglementation de l’union, fera partie de son système juridique. Au cours du temps, lorsque tous les membres de l’union douanière auront adhérer à l'OMC, l'organisation devra se transformer, comme elle s’est transformée aujourd'hui en la Communauté économique eurasienne. Les lanceurs de la «troïka» ont joué leur rôle et ont réussi à ramener les économies sur une nouvelle orbite.

Par ailleurs, il est normal que l’ensemble du territoire douanier unique entre dans l’OMC. Ce ne fait que renforcer la position des pays membres. Le premier projet réussi dans ce domaine est l'UE. La aussi, il y a des progrès. La Russie a adhéré à l'OMC, le Kazakhstan en est à l'étape de l'adhésion. Cela signifie que les marchés s’ouvrent, personne ne ferme ses frontières. La processus se déroule simplement étape par étape.

Et en "dessert" voici le contenu principal du discours Jakiyanov et son attitude à l'égard de la Stratégie du Kazakhstan jusqu'en 2050. Sur cette question, il est encore plus sceptique.

On a jamais entendu parler, par exemple, de la stratégie des "USA-2050" ou même un état stratégie distincte pour une période aussi longue, dit-il.

Les documents de politique à long terme n'ont pas de sens dans une démocratie, parce que le pouvoir change. L’Histoire des États-Unis en est la preuve. Il est illusoire de croire que les États-Unis n'ont pas de prévision à long terme ni de stratégies.

Il est important de comprendre que la Stratégie 2050 est un document vivant et dynamique qui identifie les paramètres clés du développement. Le futur nous montrera comment le pays évoluera, et les défis et menaces qui seront constamment rencontrés le long du chemin.

Et en effet, il est très important d’avoir un objectif à atteindre. La stratégie 2050 à cet égard est davantage axée sur la jeunesse du Kazakhstan.

Et si Jakiyanov n’aime  pas les objectifs à long terme de la République, ce n’est pas son problème. S’il ne veut pas voir le Kazakhstan s’épanouir, au moins, qu’il n'interfère pas.
 

mercredi 27 février 2013

Russie: vers un nouveau modèle politico-économique?

Le Forum Gaïdar s'est tenu en Russie du 16 au 19 janvier 2013. Comme chaque année, les participants au forum ont pu discuter de l'avenir économique de la Russie et envisager des scénarios de développement pour le pays. Le forum s'est notamment axé sur les questions d'intégration économique et de choix des partenaires commerciaux de la Russie.

Certains intellectuels libéraux ont ouvertement envisagé comme voie inévitable pour la Russie une forme "d'intégration à l'Union Européenne" pendant que des intellectuels de la gauche russe comme le directeur de l'institut de la mondialisation Michael Deliaguine pensent au contraire que "L'Europe n'a pas besoin d'une intégration avec la Russie". Le gouvernement russe, via le premier ministre Dimitri Medvedev, a lui réaffirmé ses objectifs prioritaires d'intégration eurasiatique pour faire de cette nouvelle hyper-région du monde un pont entre l'atlantique et le pacifique, tout en relevant le défi de lamodernisation du pays dans les domaines de la politique, de l'économie et du social.

Les participants au forum ont tous admis que le monde était au bord de changements majeurs, ce que le président russe annonçait en décembre dernier en affirmant "L'ensemble du monde s'engage dans une époque de transformations radicales et peut-être même de grands chocs". L'un des signes de ces transformations radicales en cours semble être " l'éclatement de l'Occident " selon les mots d'Alexandre Melnik. Un éclatement qui se matérialiserait selon lui par la transformation de l'Amérique puissance transatlantique en une puissance transpacifique happée par l'Asie conquérante, par l'isolement de l'occidentale Australie au sein d'un Pacifique de plus en plus asiatique, mais aussi par l'incapacité de l'Europe à faire face à la globalisation, ce qui lui fait prendre le risque de sortir de l'histoire par une porte dérobée. A ce titre, les dernières nouvelles politiques d'Angleterre semblent indiquer que la première étape de ce phénomène (un monde sans Union Européenne) est peut être bien déjà entamée.

Cette évolution vers un monde désoccidentalisé et "asiatisé" laisse penser que les intentions de la Russie de se placer comme partenaire européen prioritaire de l'Asie et comme pont entre la région Asie-pacifique et la région euro-atlantique sont non seulement un choix stratégique majeur mais aussi un choix essentiel pour la survie économique et culturelle de la Russie.

Cette option de la Russie pourrait fournir des débouchés, mais aussi une porte de survie à l'Europe, vers l'Asie et le continent eurasiatique. Le président russe, lors de son discours annuel en décembre dernier, a affirmé (il faut s'en rappeler) que l'Asie constituerait la priorité de développement de la Russie pour les prochains 25 ans. Sur le plan des hydrocarbures, la Russie projette de réaliser en Asie-Pacifique 22% à 25% de ses exportations pétrolières et 20% de ses exportations de gaz d'ici à 2020.

Le basculement du monde y compris la Russie vers une Asie en pleine expansion pourrait modifier le mode de gouvernance en Russie puisque selon l'ancien premier ministre Evgueny Primakov, la période dite du tandem (soit l'Alliance entre deux hommes: Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev) pourrait prendre fin. Non pas que les deux hommes soient en guerre comme cela a trop souvent été envisagé, mais parce que la situation politique interne et externe est devenue différente. Les impulsions libérales et modernisatrices de Dimitri Medvedev ont été insufflées à la gouvernance russe, mais celle-ci n'a plus besoin d'être vue comme un tandem qui assure l'alternance politique pour apparaître plus démocratique, selon les mots de l'ancien premier ministre.

Enfin un nouveau visage est apparu au premier plan durant la dernière campagne présidentielle de Vladimir Poutine: le très patriote Dimitri Rogozine, proche en son temps du général Lebed et ancien "Monsieur Russie"  à l'OTAN. Il est devenu vice premier ministre chargé du complexe militaro-industriel et il est partisan d'une ligne politique de reconstruction nationale avec l'appui de l'état. Récemment, il a affirmé que le complexe militaro-industriel russe devait et allait devenir la locomotive de l'économie russe.

Ces déclarations ont fait écho à celles de Serguei Glaziev, ancien candidat à la présidentielle et désormais conseiller financier de Vladimir Poutine.Ce dernier a récemment  alerté les autorités russes sur ce qu'il appelle " la guerre financière totale " que mènent les pays industrialisés et occidentaux contre la Russie aujourd'hui. Selon lui, les principales puissances monétaires mondiales, notamment les Etats-Unis, le Japon, la Grande-Bretagne et les pays de l'UE, accroissent actuellement leur émission monétaire en vue d'acquérir des actifs en Russie, ce qu'il dénonce comme étant "la guerre de la planche à billets". Il propose donc des mesures pour permettre à l'état russe de s'opposer au rachat massif d'actifs russes par des sociétés étrangères, via notamment une taxe sur les opérations avec les monnaies étrangères en vue de limiter les transactions spéculatives. Hasard? Ce conseiller financier est un ancien du parti "Rodina" (Patrie) et un ancien bras droit de Dimitri Rogozine.

Vladimir Maou, recteur de l'Académie de l'économie nationale et de la fonction publique de Russie, a lui conclu au forum Gaïdar que "les changements consécutifs à une crise importante conduisent à un changement des équilibres géopolitiques et géoéconomiques et à la formation de nouvelles doctrines économiques".

Est-ce qu'il faut s'attendre à  un changement de tendance politique et économique majeur au sein de la gouvernance russe? On peut le penser alors que vient d'être d'annoncé la rédaction d'une nouvelle Doctrine de politique étrangère qui devrait renforcer la "souverainisation" de la politique nationale russe, et que le ministère russe du Développement économique vient aussi de publier très récemment trois scénarios de développement socio-économique de la Russie pour l'horizon 2030.

Alexandre Latsa le 22/02/2013 sur www.mondialisation.ca

Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie".

mardi 26 février 2013

Une roquette de Gaza frappe Israël pour la première fois depuis plusieurs mois

Une roquette tirée à partir de la bande Gaza a frappé mardi matin le sud d'Israël pour la première fois depuis la fin des affrontements entre Palestiniens et Israéliens en novembre dernier, ont rapporté les médias locaux.

Le projectile, probablement une roquette Grad ou Qassam, a frappé une rue au sud de la ville côtière d'Ashkelon. L'attaque n'a pas fait de blessés, a indiqué à Xinhua le porte-parole de la police Mickey Rosenfeld.

"Bon nombre d'appels ont été reçus (de civils) à propos d'une explosion entendue près de la région d'Ashkelon. Des experts en neutralisation de bombes ont examiné cette région et ont trouvé (des débris) de roquette, qui a détruit une rue à l'extérieur d'Ashkelon", a poursuivi M. Rosenfeld.

Les civils se sont plaints que la sirène de raid aérien n'avait pas été activée pour les inciter à se réfugier, une procédure standard lors de tels incidents. L'armée a déclaré qu'elle allait enquêter à ce sujet.

Pour le moment, aucun groupe à Gaza n'a revendiqué l'attaque, la première de ce type depuis "l'Opération de Pilier de Défense" lancée par l'armée israélienne en novembre dernier.

Au cours de l'opération de huit jours, Israël a mené plus de 1 500 frappes aériennes visant des équipes de roquettes du Hamas, des dépôts de munitions et d'autres infrastructures à Gaza, alors que des militants du territoire côtier ont tiré un nombre équivalent de roquettes vers Israël.

Une trêve obtenue grâce à la médiation de l'Egypte a mis un terme aux affrontements, et le Hamas et Israël ont depuis lors tenu des pourparlers indirects au Caire pour consolider un cessez-le-feu à long terme.

L'attaque est survenue dans un contexte de violents conflits entre forces de sécurité israéliennes et Palestiniens ces derniers jours en Cisjordanie. Il est rapporté que cinq Palestiniens ont été blessés par balles lundi lors d'une protestation à Bethléem. 

Sur http://french.cri.cn le 26/02/2013

vendredi 22 février 2013

La Russie et l'Europe à la croisée des chemins?

La visite du président de la république française François Hollande à la fin de ce mois de février 2013 à Moscou arrive dans un contexte très spécial concernant les relations France/Russie, tout autant que les relations Russie/Europe et les relations Russie/Occident en général.

Depuis la fin des années 90 et la chute de l'empire Soviétique, et surtout depuis le début des années 2000, l'interaction entre la Russie et les pays de l'union Européenne, ainsi qu'avec l'Occident en général a été croissante. La volonté de rapprochement de la Russie vers l'Occident ayant été l'une des grandes orientations de la politique étrangère du Kremlin depuis 1991, soit depuis maintenant 22 ans, c'est à dire l'âge de la jeune fédération de Russie.

Sur ce plan, la politique russe est restée inchangée et stable et la volonté de rapprochement avec l'Ouest et surtout l'Europe n'a pas été que théorique. Elle a donné lieu à des actes très importants, que l'on pense à l'adhésion au conseil de l'Europe en 1996, à l'adhésion au G8 en 1997, à la proposition de la Russie de rejoindre la famille occidentale dans la lutte contre le terrorisme en 2001, à la création du Conseil Russie/OTAN en 2002 ou encore aux propositions russes de création d'une architecture européenne de sécurité en 2008.

Durant la période récente, la Russie n'a cependant pas concentré toute sa géopolitique extérieure vers l'occident et a pris beaucoup d'initiatives en direction de son étranger proche et de la zone Asie/Eurasie.

La Russie a participé à la constitution de la CEI (1991), une entité intergouvernementale comprenant 15 républiques postsoviétiques, mais aussi à la constitution de la Communauté économique eurasiatique en 2000 et de l'OTSC en 2002, regroupant Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizistan et Tadjikistan. Un projet de fusion des deux dernières entités étant envisagé, au sein de l'OSCE, pour qu'elle remplace peut être à terme la CEI. Enfin la Russie a contribué à la création de l'Union Douanière Eurasiatique, qui regroupe la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, confirmant sa volonté d'intégration régionale en Eurasie, au sein de l'espace postsoviétique. De plus, en 2001, soit un an après la création du conseil Russie/Otan, la Russie a aussi contribué à la création de l'Organisation de Shanghai avec la Chine, une organisation militaire intergouvernementale, qui peut être vue comme un pendant régional et asiatique de l'Otan.

La volonté russe de recherche de compromis militaires hors Occident et hors Otan prend toute sa dimension au fur et à mesure que les relations Russie/Otan elles se détériorent, face à l'incapacité qu'ont les américains de sortir d'une logique post guerre froide et de la politique de "containment" à l'Est de la Russie. Une politique dont les conséquences se matérialisent aujourd'hui à travers la crise du déploiement du bouclier anti-missile en Europe de l'est.

Paradoxalement, alors que la crise de 2008 a mis en évidence les disfonctionnements du système économique occidental, l'interaction économique Europe-Russie s'est renforcée, la relation Europe-Russie ayant créé des interdépendances croissantes. La Russie qui est sortie rapidement de la crise économique de 2008 se retrouve en position de force face à une Europe affaiblie, dont les acteurs économiques voient maintenant la Russie comme le marché le plus dynamique ou exporter et investir. En face, l'Europe est devenue le principal client de l'énergie russe, cette interdépendance étant matérialisée par les projets South Stream et North Stream. Mais alors que la Russie va présider le G20 cette année, G20 dont le sommet aura lieu en Russie, il semble que la tentation russe, face au modèle européen ne soit plus aussi importante qu'avant.

Comme le soulignait récemment Fedor Loukianov, en face de la croissante interdépendance économique entre la Russie et l'Europe, un problème de modèle commun semble se dessiner, dont les principales pierres d'achoppement sont la morale globale et le problème du modèle de société. Le malentendu est profond, l'UE souhaite imposer à la Russie une conception sociétale que celle-ci rejette, arguant qu'elle est souveraine et différente. Cette rupture morale entre une Russie conservatrice qui connaît un retour du fait religieux et une Europe au contraire très libérale-libertaire pourrait bien entrainer un malentendu croissant entre la Russie et les pays européens.

C'est peut être à cause de cette incompréhension croissante que la Russie cherche à limiter sa dépendance de fournisseur envers l'UE et projette de réaliser en Asie-Pacifique 22% à 25% de ses exportations pétrolières et 20% de ses exportations de gaz d'ici à 2020, pendant que l'Agence Internationale de l'Energie estime que la Russie réalisera 30% des exportations vers l'Europe à ce moment là.

Un rééquilibrage stratégique essentiel dont on peut imaginer qu'il affaiblira la potentielle emprise de l'UE sur une Russie, qui se liera sans doute plus activement à l'Asie, ce continent dans lequel se situe, il ne faut pas l'oublier, 75% du territoire russe.

Alexandre Latsa sur www.fr.rian.ru le 20/02/2013

Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie".

jeudi 21 février 2013

Un attentat suicide fait plus de 50 morts à Damas

Plus de 50 personnes, en majorité des civils, ont été tuées à Damas jeudi dans un attentat suicide à la voiture piégée qui a dévasté une artère proche du siège du parti Baas, une attaque dénoncée aussi bien par le régime que par l'opposition. L'attentat a été suivi par les tirs de deux obus de mortier sur le siège de l'état-major dans le quartier des Omeyyades à Damas, au surlendemain de la chute d'obus près d'un palais présidentiel, pour la première fois depuis le début du conflit il y a près de deux ans.

 

Vers 10 heures locales (9 heures en France), heure de grande affluence dans le quartier commerçant de Mazraa, un kamikaze a fait sauter sa voiture remplie d'explosifs devant un barrage formé de blocs de béton obstruant l'entrée du siège du Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle. Selon un nouveau bilan de la télévision officielle, au moins 53 personnes ont été tuées et des dizaines blessés dans cette attaque, la plus meurtrière dans la capitale depuis le double attentat suicide du 10 mai 2012, qui a fait 55 morts. La télévision avait auparavant fait état de 35 morts et 237 blessés dans l'attentat qui n'a pas été revendiqué.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et médecins, avait de son côté fait état de 42 morts, la plupart des civils et neuf membres des forces gouvernementales. La télévision a montré des voitures détruites et en feu, une épaisse fumée noire, des corps ensanglantés gisant au sol et des immeubles endommagés.

Selon la chaîne officielle Al Ekhbariya, des enfants figurent parmi les blessés, «une école se trouvant à proximité». «C'est ça la liberté qu'ils veulent ? C'est ça l'Armée syrienne libre ?» s'élève un homme interrogé par la télévision. «C'est du terrorisme ! C'est ça que vous appelez islam ?» fulmine un blessé. Ils faisaient référence aux groupes jihadistes et à l'Armée syrienne libre (ALS), principale composante de la rébellion.

Attentat dénoncé par régime et opposition

L'attentat a fait exploser les fenêtres de l'ambassade de Russie, sans faire de blessés, selon des agences de presse à Moscou. La Russie est l'un des rares pays appuyant le régime du président Bachar al-Assad et continue d'avoir une présence diplomatique à Damas. Les médias officiels ont accusé des «terroristes» d'avoir mené l'attentat, reprenant la terminologie du régime qui assimile les rebelles qu'il combat à des «terroristes».

La Coalition de l'opposition a dénoncé elle aussi un attentat «terroriste» qualifiant de criminelles les attaques visant les civils «quel qu'en soit l'auteur». Elle a évité d'accuser le régime comme elle l'a fait dans le passé pour ce genre d'attentat. Des attentats meurtriers ont frappé ces derniers mois Damas, visant les bâtiments gouvernementaux, des Renseignements ou de la sécurité, dont plusieurs ont été revendiqués par les jihadistes du Front Al-Nosra.

L'ASL met en garde le Hezbollah

Alors que le Liban voisin cherche à se distancier du conflit qui a fait plus de 70 000 morts depuis mars 2011 selon l'ONU, il risque d'être emporté dans la violence si l'ALS met à exécution ses menaces de bombarder des positions du puissant mouvement armé Hezbollah au Liban, allié indéfectible du régime Assad. Le général Sélim Idriss, chef de l'état-major de l'ASL, a accusé mercredi le Hezbollah d'avoir bombardé à partir du Liban des positions rebelles dans la région syrienne de Qousseir, frontalière du Liban.

«Au terme des 48 heures, c'est-à-dire jeudi, l'ASL à Qousseir répondra aux sources des tirs et nous mobiliserons aussi les combattants dans d'autres régions», a-t-il averti. Le Hezbollah n'a pas réagi à ces menaces. En 2012, son chef Hassan Nasrallah a affirmé que des membres de son parti combattaient les rebelles syriens, mais à titre individuel.

Des sources de la sécurité libanaise ont démenti à l'AFP toute attaque jeudi contre des positions du Hezbollah, après des informations faisant état de représailles de l'ASL. Entre-temps, l'opposition syrienne en exil était réunie au Caire pour discuter de la proposition de son chef Ahmed Moaz al-Khatib d'entamer des discussions avec le régime, qui selon lui doivent aboutir au départ de Bachar al-Assad.

Le régime syrien s'est dit prêt à dialoguer mais sans «conditions préalables», alors que le conflit armé déclenché par une révolte populaire durement réprimée ne donne aucun signe d'une solution politique en vue.

Sur www.liberation.fr le 21/02/2013

mercredi 20 février 2013

La guerre civile en Syrie déstabilise le Caucase

La guerre civile en Syrie est en train de plus en plus de déstabiliser le Caucase. Des islamistes tchétchènes qui luttent contre le Kremlin sont en train de soutenir l'opposition islamiste syrienne. La Russie craint qu'un régime islamiste à Damas ne change l'ensemble de l'équilibre de pouvoir dans la région. Dans le même temps, des conflits ethniques risquent de se répandre de la Syrie sur les régions du sud et du nord du Caucase.

L'on sait, depuis le milieu de l'année dernière, que l'opposition syrienne comprend jusqu'à 6.000 islamistes tchétchènes qui, depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, se battent pour l'indépendance nationale de la Fédération de Russie. En août, une attaque aérienne contre Alep avait causé la mort de Gelaye Rustam, fils d'un éminent seigneur de guerre tchétchène et qui avait combattu quatre ans contre l'armée russe.

Depuis 1991, la Russie a mené deux guerres en Tchétchénie contre les séparatistes islamiques. La Deuxième Guerre s'est officiellement terminée en 2009, mais la situation reste tendue depuis. L'année dernière, la situation s'était une fois de plus envenimée et de nombreuses attaques terroristes s'étaient produites en Tchétchénie et dans les républiques voisines du Daguestan et de l'Ingushetie. En octobre, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Kremlin a envoyé une armée dans la région.

Le journal libéral russe Nezasivimaya Gazeta avait commenté à l'époque que la Tchétchénie était en proie à une guerre civile et que l'invasion de l'armée signifiait le début d'une troisième guerre tchétchène. La profonde crise sociale et économique – le chômage atteint plus de 50 pour cent et l'infrastructure est pratiquement détruite – et l'indignation face aux crimes de guerre commis par l'armée russe continuent d'alimenter le soutien pour les islamistes. Sur le million d'habitants de la république montagneuse, au moins 125.000 ont péri dans des guerres depuis le début des années 1990.

Ce n'est pas sans raison que le Kremlin craint qu'un gouvernement islamiste en Syrie ne renforce les tendances islamistes au Caucase ainsi que la position de l'impérialisme américain qui pourrait fournir un soutien financier et militaire aux insurgés islamistes.

Le flux des réfugiés venant de Syrie, où vivent de nombreux peuples originaires du Caucase, risque aussi d'augmenter les tensions ethniques dans la région. L'opposition islamiste, basée principalement sur les sunnites, commet régulièrement des massacres contre des minorités ethniques et religieuses vivant en Syrie. L'année dernière, au moins 700.000 personnes au total ont fui la Syrie.

Parmi les différents peuples du Caucase vivant en Syrie, il y a 100.000 Tcherkesses qui sont mis en danger par la guerre civile. Les Tcherkesses avaient fui le Nord Caucase au milieu de la seconde moitié du dix-neuvième siècle lorsque la région avait été capturée par l'armée du Tsar après une répression sanglante. Depuis la fin de 2011, les représentants des Tcherkesses sollicitent l'aide du gouvernement russe pour émigrer en Russie. Jusqu'ici, toutefois, le Kremlin n'a autorisé l'immigration que de seulement 500 personnes vers la Russie. Les Tcherkesses sont aussi des musulmans et Moscou redoute qu'une installation de Tcherkesses vienne renforcer les tendances islamistes en Tchétchénie.

Pour la diaspora venant de l'Arménie, dans le sud du Caucase, la Syrie a été, avec l'Iran, une importante destination pour les réfugiés. La diaspora arménienne en Syrie comprend 80.000 personnes. Elle s'y est surtout réfugiée après le génocide des Arméniens commis par l'Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale. L'année dernière quelque 6.000 Syriens d'origine arménienne ont fui vers l'Arménie, et bien d'autres espèrent pouvoir s'y établir.

Comme bien d'autres minorités ethniques en Syrie, les Arméniens, qui sont pour la plupart des chrétiens, sont considérés comme étant loyaux envers Assad. Bien qu'ils se soient officiellement déclarés neutres dans la guerre civile, certains comptes-rendus disent qu'ils sont ciblés des deux côtés. Les soi-disant rebelles ont incendié un certain nombre d'églises, d'écoles et de résidences dans les districts arméniens et tué plusieurs personnes.

En Arménie, qui a été durement touchée par la crise économique mondiale et où le taux de chômage officiel est de 40 pour cent, de nombreux réfugiés vivent dans la pauvreté et sont incapables de trouver un emploi. Dans la capitale arménienne Erevan, les loyers ont déjà grimpé en flèche en raison du grand nombre de réfugiés.

L'escalade des guerres impérialistes au Moyen-Orient est en train d'exacerber les conflits ethniques au Caucase. Selon les médias iraniens, l'Azerbaïdjan a aidé à armer l'opposition syrienne. En août de l'année dernière, Téhéran avait accusé l'Azerbaïdjan d'avoir fourni secrètement 500.000 dollars US aux rebelles syriens.

Les relations entre l'Iran et l'Azerbaïdjan se sont rapidement détériorées au cours de l'année passée (voir : «Growing tensions between Iran and Azerbaijan.» en anglais). Le gouvernement de Bakou est lourdement impliqué dans les préparatifs de guerre des États-Unis et d'Israël contre l'Iran. C'est pour cette raison que le journal américain Washington Post a qualifié l'Azerbaïdjan d'«anti Iran.»

L'Azerbaïdjan entretient d'étroites relations économiques et militaires avec Israël qui est le deuxième plus important importateur de pétrole et de gaz d'Azerbaïdjan. Depuis des années, le régime de Bakou modernise systématiquement ses capacités militaires avec le soutien des États-Unis et d'Israël.

Selon le magazine américain Foreign Policy, Bakou a donné à Israël une autorisation d'accès à plusieurs bases aériennes situées le long de la frontière Nord de l'Iran et qui seraient susceptibles d'être utilisées lors d'une frappe aérienne contre Téhéran. En 2011, l'Azerbaïdjan et Israël ont conclu un accord d'armement s'élevant à plus de 1,6 milliard de dollars US ; l'argent permettrait à l'Azerbaïdjan de s'équiper de systèmes lance-missile basés en mer et de drones.

Le journal britannique Sunday Times a rapporté en décembre qu'Israël projetait de recourir à une frappe «préventive» contre l'Iran à l'aide de drones armés stationnés en Azerbaïdjan. L'Azerbaïdjan et Israël ont toutefois officiellement démenti cet article.

Néanmoins, pour Washington et Tel-Aviv, il est évident que l'Azerbaïdjan serait un facteur important dans une guerre contre l'Iran. La raison n'est pas seulement due à l'importance stratégique de la situation géographique de l'Azerbaïdjan qui est située sur la mer Caspienne riche en énergie et en bordure du nord-ouest de l'Iran. Un autre aspect important est que le nord de l'Iran abrite quelque 20 millions de personnes ayant des racines avec l'Azerbaïdjan. L'Azerbaïdjan même ne compte que 8 millions d'habitants.

Les conflits territoriaux entre l'Azerbaïdjan et l'Iran se sont embrasés après l'effondrement de l'Union soviétique et l'indépendance de l'Azerbaïdjan il y a 20 ans. L'impérialisme américain est actuellement en train d'exploiter tout particulièrement ces tensions ethniques et régionales pour promouvoir ses propres intérêts géostratégiques. En tant que partie intégrante de la stratégie de guerre contre l'Iran, Washington est aussi en train d'étudier la sécession du nord de l'Iran.

L'été dernier, un membre républicain de la Chambre des représentants des États-Unis de Californie, Dana Rohrabacher, avait adressé une lettre à la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, en appelant à une lutte «pour l'indépendance de l'Azerbaïdjan Sud de l'Iran et la possibilité d'une union avec la République d'Azerbaïdjan». L'ambassadeur américain en Azerbaïdjan s'était empressé d'indiquer clairement que ceci ne représentait que les vues personnelles de Rohrabacher.

Depuis plus d'un an, le parlement d'Azerbaïdjan est en train de débattre sur le changement de nom de la république en «Azerbaïdjan Nord», ce qui est une provocation claire et nette contre l'Iran.

Avec l'intensification de la guerre civile syrienne et les préparatifs de guerre contre l'Iran, les impérialistes jouent délibérément avec le feu. Le conflit syrien et une guerre contre l'Iran embraseraient l'ensemble du Moyen-Orient, du Caucase et de l'Asie centrale. L'objectif des deux guerres est de déstabiliser la région entière et d'inciter à des conflits ethniques dans le but d'affaiblir la position de la Chine et de la Russie ainsi que de préparer le terrain à un nouveau partage entre les puissances impérialistes de ces régions riches en ressources.

Clara Weiss sur www.mondialisation.ca le 19/02/2013

mardi 19 février 2013

Arménie: le président sortant réélu, des fraudes dénoncées

Le président sortant de l'Arménie, Serge Sarkissian, a été réélu, lundi, comme dans un fauteuil à la tête de cette petite république du Caucase du Sud, obtenant plus de 58 % des voix, évitant ainsi de devoir affronter un second tour. Son principal adversaire, l'ex-ministre des Affaires étrangères, Raffi Hovannissian, a obtenu pour sa part 36,75 % des suffrages.

Les cinq autres candidats en lice, parmi lesquels un ex-premier ministre, Hrant Bagratian, et l'ancien dissident soviétique Parouïr Haïrikian, victime durant la campagne d'une tentative d'assassinat, figuraient très loin derrière. La communauté internationale a acquiescé du bout des lèvres au déroulement du scrutin. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a noté des «améliorations» par rapport aux élections parlementaires de 2012, tout en regrettant «un véritable manque de concurrence».

 

«Un scrutin honteux»

La victoire de Serge Sarkissian était largement attendue, en particulier depuis que ses deux principaux concurrents potentiels, en particulier l'homme d'affaires Gaguik Tsaroukian, s'étaient, à la surprise générale, retiré de la course. La formation de cet oligarque, Arménie Prospère, avait obtenu 30 sièges lors des élections à l'Assemblée nationale. Pour leur part, les supporters du principal challenger, Raffi Ovanissian, ont dénoncé «un scrutin honteux marqué par une quantité énorme de fraudes». Ces derniers ont évoqué des cas de votes caravanes (des fonctionnaires électeurs sont amenés en groupe et en bus jusqu'au lieu de vote) et l'usage de l'encre sympathique, permettant selon eux, de voter plusieurs fois. Néanmoins, leurs appels à manifester mardi après-midi à Erevan ont été très peu entendus.

Pour Sarkissian, dont le gouvernement a choisi une voie pro-européenne tout en ménageant Moscou, cette élection avait également pour objectif de se faire décerner un brevet de démocratie naissante. En 2008, le précédent scrutin, qui avait porté au pouvoir ce vieux routier de la politique arménienne - qui a longtemps contrôlé les structures de force dans le pays - avait été suivi par des échauffourées qui avaient fait dix morts. Cette fois, le camp présidentiel espérait éviter tout incident sérieux et appelait les partisans du principal adversaire, Raffi Hovanissian, à reconnaître la victoire de son champion. 

Le 19/02/2013 sur www.lefigaro.fr

L’Etat d’Israël et l’usage du Depro-Provera

« Le racisme (…) n'est qu'un élément d'un plus vaste ensemble: celui de l'oppression systématisée d'un peuple [1] »

Depuis plus de deux ans, la société israélienne est informée qu'un contrôle des naissances a été imposé aux femmes désirant émigrer de l'Ethiopie vers Israël. L'alternative était ainsi formulée ou accepter l'injection de Depro-Provera –masquée sous le terme vaccin- ou impossible de quitter l'Ethiopie.

Le documentaire, Vacuum,  réalisé par Gab Gabay et diffusé à la Télévision israélienne lors d'une émission du programme « Education » a révélé cet horrible chantage qui porte atteinte à l'un des droits fondamentaux non dérogeables des droits humains –la non-discrimination avec son corollaire l'égalité- et instaure une discrimination raciale institutionnalisée acceptant ainsi que ces futures citoyennes israéliennes soient traitées différemment des autres citoyennes israéliennes. 35 femmes, pendant 8 ans, ont été obligées d'accepter une injection de Depo-Provera, agent contraceptif de longue durée[2]. Lors de recensement et d'analyses sur le nombre des naissances, il avait d'ailleurs été constaté que celles concernant les les femmes d'origine éthiopienne avaient diminué. L'utilisation forcée du Depro-Provera en est l'explication.

Cette inacceptable et incroyable obligation vient en contradiction avec les articles 2 et 4 de la Basic Law[3] signée en 1992, par le Président de l'Etat, Chaim Herzog, par le Premier Ministre, Yitzhak Shamir et par le porte-parole de la Knesset, Dov Shilansky. Ces deux articles portent sur la préservation et la protection de la vie, du corps et de la dignité.

Mais elle vient aussi en contradiction avec les normes impératives internationales que l'Etat d'Israël a accepté de respecter, non seulement en les adoptant et en en implantant  certaines dans sa loi nationale mais surtout depuis que cet Etat –par la résolution 181[4] – a accepté de faire partie de la communauté internationale.

Le droit à la non-discrimination repose sur le postulat de l'égale dignité entre tous les êtres humains, affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et  codifié aussi bien dans la Convention sur l'élimination de toutes les formes de racisme -article 1- et précisée aussi bien dans le Pacte international sur les droits civils et politiques –article 2.1- et dans celui concernant les droits économiques, sociaux et culturels –article 2.2-. Ces instruments ont été adoptés par l'Etat d'Israël, même s'il a fait quelques réserves qui ne concernent pas les articles cités en référence. Il faut rappeler que le CERD -dans ses recommandations générales 14(42)[5]-  précise que la différence de traitement pourrait être considérée légitime, si les critères pour une telle différenciation ne sont contraires ni aux objectifs ni à la poursuite des objectifs de la Convention contre l'Elimination du Racisme et de la Discrimination. Avec la volonté de contrôler, par chantage, les naissances donnéesuniquement par les femmes venant d'Ethiopie, cette différence de traitement constitue bien, toujours selon les recommandations générales du CERD, une discrimination puisque les objectifs du contrôle des naissances ont été décidés sur la base de l'origine, de l'ethnie, de la couleur et de la « race », ce qui est contraire à cette convention.

En mars 2012, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale s'était alarmé des nombreuses discriminations dont sont victimes les Israéliens d'origine éthiopienne et particulièrement les femmes et avait fait des recommandations [6] à l'Etat israélien. Un mois auparavant, le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires, l'IRIN, avait publié un rapport [7] accablant concernant les difficultés économiques des Israéliens d'origine éthiopienne.

Peu de voix se sont élevées contre cette discrimination institutionnalisée, on peut entre autres citer l'ACRI.  Depuis cette annonce, le directeur général du ministère de la Santé, Roni Gamzu, a demandé aux gynécologues de cesser d'administrer ces injections. Mais pour combien de temps ?

Cette information, révélée par la Télévision et reprise par de nombreux papiers dans le Haaretz[8] et [9] mais aussi dans le Times of Israël[10] entre autres, montre l'état de perdition morale de la société israélienne dans laquelle il est possible de mettre en place une discrimination raciale inspirée par un état d'esprit purement ségrégationniste en raison d'une supposée différence de « race », cela contient implicitement que les femmes éthiopiennes pourraient altérer, en mettant des enfants noirs ou métissés au monde, la population israélienne. Il faut, à ce propos,  préciser que le concept de race ne repose que sur une idéologie dont les fondements arbitraires et discriminants ne sont utilisés que pour justifier une différence culturelle par une différence physique.

Il ne faut pas se cacher le fait qu'une grande majorité de la société israélienne est globalement d'accord avec le maintien de l'ordre racial hiérarchique qui pourrait être remis en question par une transformation démographique et la place dans l'espace public occupée par les populations d'origine africaine. Aucun acteur politique conventionnel ne conteste cet ordre raciste. Au contraire, il existe un consensus politique contre ces minorités que l'on voudrait confiner à la périphérie des centres urbains, à la périphérie du pouvoir, à la périphérie de l'économie. Au temps de l'apartheid en Afrique du Sud, le gouvernement avait adopté le même système de contrôle des naissances par la mise en place de programme du même ordre. Ces programmes, ainsi que l'écrit Carol E. Kaufman[11], étaient considérés "by many blacks as a symbol of racial domination, and these attitudes were supported by widespread reports of abuse, misinformation, and coercion, compounding the social and personal cost of contraceptive use."

Devant cet Etat malade, aussi bien à l'égard de ces propres citoyens que des Palestiniens de 1948 et des Palestiniens des territoires illégalement occupés, il est plus que temps que les Etats-membres de la communauté internationale dénoncent les nombreuses exactions dont cet Etat se rend coupable et qu'ils mettent tout en œuvre pour qu'il en réponde devant les instances onusiennes et nationales . Se privant de ces possibilités, qui sont autant d'expression de leurs obligations internationales, les Etats-membres favorisent et renforcent la violation généralisée de l'ensemble des droits humains, concourent à la délégitimation des instances onusiennes et particulièrement de la Charte des Nations Unies[12] et à la dérégulation de l'ensemble des normes impératives et à la déstructuration des relations internationales mais aussi réifient le faux concept « de pureté de la race » et renforcent l'institutionnalisation d'une xénophobie d'Etat.

Par Mireille Fanon-Mendes-France, le 18/02/2013 sur www.mondialisation.ca 

[1]  Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, Œuvres, Editions La Découverte, octobre 2011

[2] Depo-Provera is a well-known brand name for medroxyprogesterone acetate, a contraceptive injection for women that contains the hormone progestin. Depo-Provera is given as an injection once every three months. Depo-Provera typically suppresses ovulation, keeping your ovaries from releasing an egg. Depo-Provera also thickens cervical mucus to keep sperm from reaching the egg

[3] Art 2. "There shall be no violation of the life, body or dignity of any person as such"; Art 4. "All persons are entitled to protection of their life, body and dignity", passed by the Knesset on the 17th March, 1992, published 25 March 1992; the Bill and Explanatory Note were published in Hatza'ot Chok, N° 2086 of 5752, p.60

[4]  Plan de partage de la Palestine élaboré par l'UNSCOP, approuvé par l'Assemblée générale de l'ONU, à New   York Le 29 novembre 1947, le  par le vote de la résolution 181

[5] CERD, General Recommendation 30 on Discrimination against Non-Citizens, A/59/18, Chapter VIII, paragraph 4

[6] "The Committee recommends that the State  party adequately address all forms of  racial discriminations affecting Jewish minorities so as to ensure equal enjoyment of their rights, particularly in the areas of the right to education, work and political representation. The Committee recommends that the State party pay particular attention to gender-related discrimination affecting women from Jewish minorities (…)", §21, http://www2.ohchr.org/english/bodies/cerd/docs/CERD.C.ISR.CO.14-16.pdf

[7] http://www.irinnews.org/Report/94819/ISRAEL-The-tribulations-of-being-an-Ethiopian-Jew

[8] Why is the birth rate in Israel's Ethiopian community declining? Women say that while waiting in transit camps in Ethiopia they were coaxed into agreeing to injections of long-acting birth control drugs, By Talila Nesher | 07:15 09.12.12, Haaretz

[9]  An inconveivable crime; Israel's patronizing and inhumane treatment of Ethiopian women is nothing new, By Efrat Yardai | 11:15 11, Haaretz

[10]  Israel changes birth-control policy for Ethiopian immigrants;http://www.timesofisrael.com/israel-changes-birth-control-policy-for-ethiopian-immigrants/

[11] Reproductive Control in South Africa, Carol E. Kaufman, 1997 No. 97,  http://www.popcouncil.org/pdfs/wp/97.pdf

[12] Adoptée le 26 juin 1945. Les 192 Etats-membres qui la composent sont tenus de l'honorer

 

lundi 18 février 2013

De premiers fragments de la météorite russe retrouvés

Des scientifiques ont affirmé lundi avoir retrouvé des fragments de la météorite qui s'est désintégrée au-dessus de la ville de Tcheliabinsk et dont l'onde de choc a fait plus d'un millier de blessés vendredi dans l'Oural. Le ministère des Situations d'urgence avait annoncé dimanche cesser les recherches alors que des plongeurs avaient sondé la veille toute la journée, en vain, les fonds d'un lac de la région, le lac Tcherbakoul, lieu de chute présumée d'un des fragments de la météorite.

 

Mais des scientifiques de l'Université de l'Oural, envoyés sur place, ont affirmé avoir retrouvé une cinquantaine de fragments près du lac. «Les membres de l'expédition pour retrouver le météorite ont envoyé à Ekaterinbourg des débris qu'ils avaient retrouvés», indique l'Université dans un communiqué. «Selon le chef de l'expédition, le membre de l'Académie des sciences Viktor Grokhovski, cette météorite relève de la classe des chondrites», terme désignant un type de météorite rocheuse, poursuit l'Université, précisant que les fragments retrouvés étaient composés de 10% de fer.

La météorite devrait être baptisé «météorite de Tcherbakoul», selon le communiqué. «Puisqu'on a retrouvé des débris (...), cela signifie que le principal fragment est dans le lac», a estimé Grokhovski, cité par Interfax. Une météorite, estimée par des scientifiques russes à une dizaine de tonnes, s'est désintégrée vendredi matin au-dessus de la ville de Tcheliabinsk, une cité industrielle de plus d'un million d'habitants.

Les fragments incandescents, suivis de long panaches de fumée, sont à leur tour retombés sur la Terre, accompagnés de violentes explosions et d'éclairs de lumière aveuglante, semant la panique parmi la population, soufflant les fenêtres de nombreux bâtiments et abattant notamment des murs d'une usine. Près d'un millier de personnes ont été blessées, la plupart légèrement.

Le 18/02/2013 sur www.liberation.fr

vendredi 15 février 2013

Le G20 se réunit à Moscou pour éviter une "guerre des monnaies"

Les pays riches et émergents du G20 se penchent vendredi et samedi à Moscou sur la faiblesse de la reprise de l'économie mondiale, plombée par la zone euro, dans l'espoir d'écarter la menace d'une "guerre des monnaies" ravivée par le Japon.

Les ministres des Finances et banquiers centraux du forum des grandes puissances seront reçus à 16H00 locales (12H00 GMT) au Kremlin par le chef de l'Etat Vladimir Poutine pour le coup d'envoi de cette année de présidence russe du G20.

Pour la première fois depuis longtemps, les craintes d'un éclatement ravageur de l'euro ne sont pas au coeur de la réunion. "On attend un débat sur la situation économique internationale plus riche que par le passé, quand la zone euro et ses dirigeants étaient toujours mis sur le gril", assurait cette semaine un responsable européen.

Las, les statistiques publiées à la veille de la rencontre ont remis l'Europe sur la sellette: la récession a été plus grave que prévu l'an dernier en zone euro, et la croissance pourrait encore y être nulle en 2013.

Or il s'agit du principal frein à la reprise mondiale.

La Russie a justement fait de la recherche de nouvelles "sources de croissance" une priorité de son G20, qui culminera lors d'un sommet début septembre à Saint-Pétersbourg.

Alors que les excès de rigueur budgétaire commencent à être pointés du doigt pour leur effet néfaste sur l'activité, les grands argentiers devraient avoir, à Moscou, "une discussion sur le bon rythme de l'assainissement des finances publiques" pour "l'adapter à la conjoncture", explique un autre responsable européen.

D'ordinaire sourcilleuse en la matière, la Commission européenne vient d'accepter d'envisager des délais pour la réduction des déficits, mais l'Allemagne, encore plus orthodoxe, risque de s'opposer à tout relâchement de l'austérité.

Certains pays européens, France en tête, s'inquiètent de leur côté de la vigueur de l'euro, qui handicape leurs exportations. Plus largement, la zone euro dénonce les politiques monétaires des Etats-Unis et du Japon, qui font tourner la planche à billets pour soutenir leur économie, avec pour effet de déprécier leurs devises.

"Nous ne serons pas capables d'éviter une autre crise +à la 2008+ si une proportion croissante d'argent est injectée dans l'économie", a prévenu mercredi le ministre allemand des Finances Wolgang Schäuble.

Les craintes d'une "guerre des monnaies" provoquée par un enchaînement de dévaluations compétitives menées par des pays en quête de croissance ont été ravivées par le récent virage japonais. La banque centrale du Japon a cédé aux pressions du gouvernement pour soutenir l'économie en créant de la monnaie, une politique courante aux Etats-Unis mais que s'interdit la Banque centrale européenne (BCE).

"La +guerre des monnaies+ va de nouveau être en tête de l'ordre du jour du G20, car les principaux pays émergents (Brésil, Inde, Turquie, Russie) vont de nouveau accuser l'Occident d'affaiblir délibérément ou de facto leur propre monnaie, ce qui renforce les devises des économies émergentes", estime l'économiste Jan Randolph, d'IHS Global Insight.

Selon le ministre russe des Finances Anton Silouanov, "il ne fait aucun doute que ce thème va émerger" et que le Japon va devoir s'expliquer. "Dans le communiqué final, les ministres des Finances vont se prononcer pour que les taux de changes restent déterminés par le marché", a-t-il annoncé, cité par des agences russes.

Les pays les plus riches de la planète, réunis au sein du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Canada, Italie, France et Royaume-Uni), ont déjà publié un communiqué en ce sens en début de semaine.

Le Fonds monétaire international (FMI) a toutefois tenté de désamorcer la controverse, en jugeant jeudi "exagérées" les craintes, tout en appelant à garder un "oeil" sur cette question. Et le président de la BCE Mario Draghi, cité par l'agence financière Dow Jones Newswires, a dénoncé les "bavardages" sur la "guerre des monnaies" qui sont "soit inappropriés, soit sans intérêt, dans tous les cas contre-productifs". 

Le 15/02/2013 sur http://tempsreel.nouvelobs.com

Bahreïn : la révolte oubliée des printemps arabes

 
Lors de manifestations marquant le deuxième anniversaire de la révolte des chiites, majoritaires dans ce petit royaume pétrolier régi par une monarchie sunnite, un policier et un manifestant de 16 ans ont été tués.
 
Hussein al-Jaziri, 16 ans, est mort jeudi, touché par des tirs de chevrotine à la poitrine dans le village de Daih. Il faisait partie des centaines de manifestants descendus dans la rue de plusieurs villages chiites. Ils répondaient à l'appel, lancé sur les réseaux sociaux, du Collectif du 14 février, un groupe clandestin radical. Le but était de commémorer le deuxième anniversaire de la révolte, qui a déjà fait plus de 80 morts selon les ONG de défense des droits de l'homme. Dans la nuit, c'est un policier qui est mort après avoir été touché par un projectile incendiaire lancé par des manifestants dans le village chiite d'al-Sahla, près de Manama.
 
C'est la révolte oubliée des printemps arabes. Elle a pourtant commencé un mois avant celle des Syriens, et trois jours avant celle des Libyens. Mais aujourd'hui, nul n'appelle le roi du Bahreïn à démissionner, ni ne reçoit les opposants bahreïniens. Au contraire, l'intervention, dès le début de la contestation, de l'Arabie saoudite voisine, est discrètement validée par les Européens et les Américains. Le 14 mars, 4000 soldats, principalement saoudiens, avec un soutien des Émirats arabes unis, sont venus prêter main-forte au roi Hamad Ben Issa al-Khalifa. Ils ont mis fin brutalement à l'occupation d'une place de la capitale, Manama, inspirée par la place Tahrir du Caire.
 

La menace iranienne au premier plan

Les armées étrangères ont été présentées comme une force destinée à protéger le Bahreïn contre la menace iranienne. L'Europe et les États-Unis ont avalisé cette vision, privilégiant leurs intérêts stratégiques. Seul pays du Golfe à être touché par le printemps arabe, le Bahreïn abrite l'état-major de la cinquième flotte américaine. Il joue un rôle important dans l'endiguement de l'Iran, situé juste en face. Le roi présente la révolte populaire comme une insurrection confessionnelle dangereuse pour l'équilibre de la région. Près de 80 % de ses 1.340.000 habitants sont chiites comme en Iran. S'il était renversé, assure le monarque, c'est un État allié de l'Iran qui s'installerait au cœur du golfe Arabo-Persique.

Les Saoudiens, principaux alliés des États-Unis dans la région, ont renchéri. Ils ne sauraient tolérer un État chiite si près de leur territoire. Ils craignent l'influence sur leur propre population chiite, elle aussi contestataire, dans les régions pétrolières proches du Bahreïn.

Les opposants bahreïniens se défendent de toute alliance avec l'Iran. Ils soulignent que même la commission «indépendante» désignée par le roi a conclu à l'absence d'influence iranienne sur les manifestants. L'opposition affirme que la mobilisation saoudienne est surtout due à la crainte de Riyad de voir émerger une véritable démocratie sur son palier. Les opposants assurent que leur révolte est surtout sociale, tout en retournant l'argument confessionnel contre le roi. Pour eux, c'est la monarchie qui discrimine les chiites majoritaires, accaparant pour elle-même et pour ses amis le pouvoir politique et économique.


Un embryon de système démocratique

Il existe bien un embryon de système démocratique. Le principal parti d'opposition, al-Wifaq, a même remporté largement les élections législatives de 2010 avec 64 % des voix. Mais à cause d'un découpage défavorable, il n'a obtenu que 16 sièges sur les 40 soumis au suffrage universel. La réalité du pouvoir reste entre les mains de la famille royale, qui truste les portefeuilles ministériels. Les partis légaux demandent la fin de la discrimination et une véritable monarchie constitutionnelle. Ils pourraient cependant se voir déborder par une opposition plus radicale, clandestine, qui réclame une république. Jeudi, dans les villages chiites, des manifestants ont repris le slogan des révolutions arabes: «Le peuple veut la chute du régime.»

Le gouvernement, inquiet de voir la contestation perdurer, vient de reprendre un «dialogue national» avec l'opposition légale, des membres de la société civile et les partis sunnites favorables au pouvoir. Mais l'état d'urgence est toujours en vigueur, et des dizaines de prisonniers politiques restent enfermés, dont 13 militants condamnés à des peines allant de cinq ans à la perpétuité. Amnesty International, qui a pu enquêter sur place, a conclu, dans un rapport publié jeudi, qu'aucun de ces détenus n'avait «encouragé ou utilisé la violence» et «qu'aucune preuve convaincante ne justifie leur incarcération.» L'ONG demande leur libération immédiate. Une manifestation en leur faveur a eu lieu jeudi à Paris.

Le 15/02/2013 sur www.lefigaro.fr

RUSSIE. Une pluie de météorites fait au moins 250 blessés

Une pluie de météorites causée par la destruction d'un météorite au-dessus de la région russe de l'Oural, accompagnée de violentes explosions, a semé la panique et blessé au moins 250 blessés dont trois graves, ont rapporté vendredi 15 février les autorités et les agences, citant des témoins.

"Nos informations font à cette heure état de plus de 250 blessés, dont trois blessés graves", a déclaré un porte-parole du ministère de l'Intérieur, ajoutant que des dégâts avaient été enregistrés dans six villes de la région.

Des vidéos placées par des habitants sur l'internet ont montré des météorites incandescentes traversant le ciel à basse altitude, leur trajectoire semblant indiquer une collision proche avec le sol. 

Panique

Des témoins cités par les agences ont fait état de plusieurs violentes explosions entendues dans la région, qui ont semé la panique parmi la population. Le phénomène a également été observé au Kazakhstan, selon les agences.

Le journal russie "Russia Today" évoque une usine de zinc qui serait touchée.

L'administration de la ville de Tcheliabinsk, citée par Interfax, a pour sa part fait état de nombreux blessés. "A 11 heures (6 heures en France), nous avons de nombreux appels pour des traumatismes, des coupures et des contusions", ont indiqué les autorités locales citées par Interfax.

L'onde de choc a soufflé les vitres du bureau d'Itar-Tass dans le centre de Tcheliabinsk, a indiqué l'agence à l'image de nombreux autres bâtiments comme ceux-ci : 

20.000 hommes mobilisés

Un mur s'est par ailleurs effondré dans une usine de Tcheliabinsk, selon un employé cité par Interfax, qui fait état de trois ou quatre blessés sans gravité.

Le ministère des Situations d'urgence a indiqué avoir mobilisé 20.000 hommes, placés en état d'alerte, et trois avions ou hélicoptères pour inspecter les territoires. Le ministère a appelé la population à ne pas céder à la panique.

"Il n'y a pas d'évacuation de la population, le niveau de radioactivité est dans la norme. Nous vous demandons instamment de ne pas céder à la panique", a indiqué l'antenne locale du ministère sur son site.

Cette pluie de météorites n'a, semble-t-il, aucun lien avec le passage annoncé, ce vendredi, d'un astéroïde à proximité de la Terre.

Le 15/02/2013 sur http://tempsreel.nouvelobs.com

jeudi 14 février 2013

La Chine devient la première puissance commerciale mondiale

La Chine a détrôné les Etats-Unis et est devenue, en 2012, la première puissance commerciale de la planète, avec 3.870 milliards de dollars de biens échangés.

C'est historique: la Chine est devenue en 2012l la première puissance commerciale mondiale, détrônant ainsi les Etats-Unis. Selon les dernières statistiques des douanes chinoises, révélés par Bloomberg, le géant asiatique a échangé avec ses partenaires économiques 3.870 milliards de dollars de biens l'an passé, contre 3.820 milliards de dollars pour les Etats-Unis.

La Chine affiche un excédent comemrcial de marchandises de 2.311 milliards de dollars, contre un déficit de 728 milliards pour les Etats-Unis. La Chine était déjà depuis 2009 le plus gros exportateur de la planète. Elle n'est toutefois pas encore le plus grand importateur. L'an dernier, les Etats-Unis ont importé pour 2.280 milliards de dollars de marchandises sur leur territoire contre1.820 milliards de dollars d'importations pour la Chine. rest

Toutefois, si l'on inclut les importations et exportations de services, la valeur total du commerce américain atteint 4.930 milliards de dollars. Par ailleurs, les Etats-Unis restent de loin la première puissance économique de la planète, tavec un PIB de 15.000 milliards de dollars (chiffres de 2011), deux fois plus que le PIB chinois (7.300 milliards de dollars).

Les Etats-Unis sont devenus la première puissance commerciale de la planète après la seconde guerre mondiale. 2012 fera donc date dans l'histoire économique. La Chine a commencé à s'ouvrir aux échanges mondiaux dans les années 1970, après plusieurs décennies d'isolationnisme. Entre 1978 et 2012, la croissance chinoise a atteint en moyenne10% par an. 

Le 11/02/2013 sur http://lexpansion.lexpress.fr

 

Nucléaire: pas d'accord entre l'AIEA et l'Iran


Le chef des inspecteurs de l'AIEA Herman Nackaerts à l'aéroport de Vienne,
le 12 février 2013 (Photo Dieter Nagl. AFP)

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a conclu aucun accord avec l'Iran sur un plan de vérification de son programme nucléaire controversé, a déclaré jeudi le chef des inspecteurs de l'agence Herman Nackaerts à son retour d'une visite en Iran.

 

"Nous avons eu des discussions sur un document d'approche structurée" visant à examiner une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, "qui n'a pas pu être finalisé", a déclaré le Belge à l'aéroport de Vienne. "Nous ne nous sommes pas encore mis d'accord sur une date pour la prochaine réunion", a-t-il ajouté.

Le 14/02/2013 sur www.liberation.fr

Hollande est en Inde: diplomatie économique, Rafale et nucléaire civil au menu

Accompagné d'une bonne partie des plus hauts chefs d'entreprise français, François Hollande est arrivé jeudi en Inde pour se livrer à un exercice de diplomatie économique avec, en premier lieu, l'espoir de conclure prochainement la vente de 126 avions Rafale, un contrat évalué à 12 milliards de dollars.

 

Après une courte nuit à New Delhi, le chef de l'Etat français et sa compagne Valérie Trierweiler ont été accueillis officiellement dans la matinée avec tout le faste réservé par le protocole indien à une visite d'Etat.

Au son de 21 coups de canon, M. Hollande a été escorté par une garde à cheval en grand uniforme jusqu'au monumental palais présidentiel, ancienne résidence du vice-roi des Indes, où il a été reçu sous un dais rouge avant de rencontrer son homologue indien Pranab Mukherjee et le Premier ministre Manmohan Singh.

Dans une rare déclaration en anglais, il a exprimé son "grand honneur pour lui et la France" en disant vouloir porter les relations bilatérales "à leur meilleur niveau". M. Hollande a ainsi donné le coup d'envoi à une journée de rencontres politiques, qui s'est poursuivie avec une cérémonie au mémorial du Mahatma Gandhi, lieu de crémation du père de l'indépendance de l'Inde sur lequel il a lancé une poignée de pétales de roses.

Après une brève rencontre avec le chef de la diplomatie indienne, Salman Khurshid, le chef de l'Etat s'est rendu au lycée français où il a fait le voeu d'"élever le niveau de nos échanges (bilatéraux) pas seulement économiques mais également culturels, universitaires, scientifiques".

Il devait se rendre vendredi à Bombay, la capitale financière, avant de regagner Paris.

Au-delà de l'apparat, la France poursuit avec la plus grande démocratie du monde un "partenariat stratégique" entamé par Jacques Chirac en 1998 et ensuite poursuivi avec constance par Nicolas Sarkozy. Celui-ci s'était rendu à deux reprises à New Delhi pendant son quinquennat, en janvier 2008 et décembre 2010.

A la différence de son prédécesseur toutefois, François Hollande entend conduire avec cette puissance émergente une "diplomatie économique", refusant d'apparaître en "représentant de commerce".

Outre une cinquantaine de chefs d'entreprise, sont aussi du voyage cinq ministres, dont les portefeuilles révèlent les priorités de cette première visite en Asie du quinquennat: Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense), Nicole Bricq (Commerce extérieur), Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur et Recherche) et Frédéric Cuvillier (Transports).

Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, espère conclure avant la fin de l'année la vente des Rafale à l'Inde. Après une longue série de déceptions, il s'agirait du premier succès à l'exportation pour l'avion de combat français engagé sur les théâtres d'opérations afghan, libyen et malien.

La semaine dernière, le chef d'état-major de l'armée de l'air indienne a dit espérer que la signature de ce contrat intervienne "avant la mi-2013".

Autre grand contrat en cours de négociations avec l'Inde: la construction par Areva de deux réacteurs nucléaires EPR à Jaïtapur, à 400 km au sud de Bombay, assortie d'une option pour quatre réacteurs supplémentaires.

En janvier, le ministre indien des Affaires étrangères Salman Khurshid avait parlé d'une négociation parvenue à "un stade très avancé". Mais de source française, on se dit tout juste "raisonnablement optimiste" sur la conclusion prochaine de ces négociations "complexes".

D'autres entreprises françaises sont en lice pour d'importants projets, en particulier dans le domaine du développement urbain durable, telle Alstom qui s'intéresse au métro de Bangalore (sud).

Lors de ses entretiens, François Hollande devrait par ailleurs insister sur le "souci constant de la France" de voir l'Inde jouer un rôle plus central sur la scène internationale, a souligné un proche du chef de l'Etat.

Le 14/02/2013 sur www.liberation.fr

Négociation de la dernière chance : La fin du calvaire du peuple syrien?

«Quand le vieux lion se meurt, même les chiens ont du courage et lui arrachent les poils de sa moustache.»  Proverbe syrien

Un scoop incroyable  pourtant à eu lieu ! L'opposition syrienne serait prête à des discussions avec le pouvoir syrien en vue de fin de la crise qui dure depuis 22 mois. Pourquoi ce brusque revirement quand on sait que «l'opposition syrienne de l'extérieur» a toujours refusé de négocier avec Bachar Al Assad demandant au préalable son départ, voire son jugement ? Cette « opposition extérieure », – contrairement à l'opposition courageuse de l'intérieur qui ose braver le régime in situ pour des idéaux, de démocratie d'alternance de respect de la dignité humaine-  qui a jailli du néant véritable patchwork avec des tendances idéologiques à l'opposé l'une de l'autre : Jugez en plutôt : on y trouve des Syriens ayant fait leur vie en Occident , des anciens apparatchiks aigris de ne plus être dans le premier cercle . La première «opposition» constituée de Français-Syriens – bien introduits par les services français – bien intégrés dans la société syrienne tels que Borhan Ghalioun, professeur de sociologie – que nous avons connu plus inspiré dans ses écrits sur l'Islam Politique, de Basma Kodmani, fille d'un ambassadeur syrien en France – qui a cautionné le système  Al Assad pour les besoins de sa carrière et celle de sa fille  chercheuse au CNRS- , a été rapidement débordée par l'aile fondamentaliste.

Au fil des mois, plusieurs personnalités se sont succédé notamment un Chiite en vain. Le projet occidental qui avait programmé la chute du domino syrien – indispensable si on veut démolir ensuite l'Iran- était de fédérer des troupes aux antipodes les unes des autres. Le grand paradoxe de l'Occident c'est qu'il faut démolir le pouvoir en place en s'associant des salafistes comme ce fut le cas en Libye, comme c'est le cas en Syrie actuellement mais si la politique veut qu'on les combatte ailleurs, aucun état d'âme: On les poursuit sans répit au Mali bien qu'ils aient été chouchoutés en Libye à tel point qu'ils se sont servi dans le supermarché des armes dans une Libye chaotique après le lynchage de Kadhafi!

La médiation internationale dans la guerre en Syrie, menée depuis l'été dernier par le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, n'a pas donné pour le moment de résultats. MM.Ban et Brahimi ont relevé «l'absence d'une position internationale qui pourrait mener à une transition» politique, comme le prévoit l'accord de Genève de juin dernier.

La Syrie, une autre réalité

Quelle est la réalité du terrain? Deux visions: celle des médias occidentaux qui nous présentent une Syrie à feu et à sang en plein chaos, diabolisant le pouvoir en place, et l'autre plus sereine sur les rares images où l'on voit la vie suivre son cours malgré les problèmes, les voitures circulent, les gens vaquent à leurs occupations. Malgré les difficultés , l'embargo, les fonctionnaires travaillent, reçoivent leur pays dans un pays qui tente de rester debout

Lisons  à ce propos ce que décrit la journaliste La publication Anastasia Popova dans un documentaire diffusé sur la chaîne Russia 24:

«Nous sommes restés là-bas sept mois au total, à partir d'août 2011 alors que le pays n'était alors pas encore en guerre, jusqu'à maintenant et la guerre bat son plein. (…) Ce qui nous a frappés le plus lorsque nous sommes arrivés en août et ce, jusqu'en décembre, est la différence entre ce qu'on nous disait de la Syrie à l'extérieur du pays et ce qui se passait réellement à l'intérieur du pays. Parfois on atteignait l'absurdité la plus totale. Par exemple, nous recevions un appel de nos rédactions pour nous rendre dans tel ou tel square où une manifestation contre le gouvernement était réprimée par des blindés et l'artillerie: nous y allions et il ne s'y passait absolument rien, mis à part quelques piétons présents et un policier régulant la circulation.(1).

La Journaliste de Russia 24 explique la genèse de la tentative de déstabilisation  :

« Puis les provocations ont commencé, des gens furent tués pour leur appartenance religieuse. Cependant, le gouvernement répondait aux demandes de paix. Les lois furent modifiées. Une commission a été créée pour un dialogue national incluant presque tous les groupes d'opposition. Grâce au travail de cette commission et par référendum national, une nouvelle Constitution a été adoptée. Mais pour les principaux acteurs intéressés, ce n'était pas la fin de l'histoire. Ils ont réuni ce qui peut être nommé «l'opposition étrangère», composée surtout de gens qui avaient vécu en Europe depuis plus de 40 ans. Ils se sont donc tournés vers l'unique alternative qui leur était ouverte: renverser le gouvernement en place avec des armes. Ils ont commencé à opposer les confessions religieuses les unes contre les autres, et en même temps à envoyer des insurgés étrangers. On peut en lire la preuve dans le dernier rapport de l'ONU qui liste des gens armés de 29 pays différents qui se battent contre l'armée syrienne! (…) Ces armes sont tout d'abord envoyées vers la Turquie, puis données aux FSA par des officiers turcs à la frontière. Une journaliste libanaise a été témoin de cet échange et elle a essayé de le filmer mais elle a été arrêtée et détenue en Turquie 3 jours, et on lui a cassé sa caméra. (…) Par ailleurs, les États occidentaux fournissent de l'argent à l'opposition, qui est surtout composée d'étrangers ». (1)

« A cause de tout cela conclut elle, il est difficile de nommer ce qui se passe en Syrie guerre civile. Même s'ils ont réussi à diviser la population, et si dans certaines familles une partie se bat pour le gouvernement et l'autre est contre. Il est toujours facile d'attaquer le messager quand vous n'aimez pas le message. (…) Les gens lisent des rapports écrits depuis de confortables chambres d'hôtels au Liban, citant des informations non vérifiées d'activistes FSA ». (1)

Pour  l'une de ces activistes, la journaliste rapporte :

«Il n'y a pas eu de réels progrès sur les fronts et cela a affecté nos sponsors qui ne nous avaient pas envoyé de munitions… Même les gens en ont marre de nous. Nous étions des libérateurs mais maintenant ils nous dénoncent et manifestent contre nous.» (1)

Dans le même ordre de la manipulation des médias nous lisons sur le site du Grand Soir :

«A la veille de chaque réunion onusienne sur la Syrie, de chaque visite en Syrie d'un acteur majeur de la politique internationale ou de chaque revers militaire de la rébellion, soyez-en sûrs: un nouveau massacre de civils sera commis, médiatisé par la rébellion et imputé au régime de Damas. Ce fut le cas lors des massacres de Houla, de Treimsa et de Karm el-Zeitoun. L'exécution de près de 80 jeunes Syriens à Alep perpétrée en début de semaine semble être du même acabit. Il survient, en effet, au moment où le médiateur international, Lakhdar Brahimi, publiait son nouveau rapport sur la Syrie devant le Conseil de sécurité de l'ONU. (…) Les observateurs indépendants épinglent en effet de nombreuses mises en scène de massacres de «civils» où l'on voit des corps de «pro-gouvernementaux» alignés aux côtés de rebelles tués par l'armée, dans le but d'accréditer la thèse du prétendu «génocide» organisé par le régime. (2)

Comment alors expliquer que finalement l'Occident, malgré un forcing immoral des médias occidentaux, découvre finalement que c'est l'impasse? Et qu'il faille discuter  pour une transition –inter syrienne- ce que la Chine et la Russie n'ont cessé de proclamer. Dans ces conditions on peut comprendre le sens du  du  dernier scoop: « Les Américains soutiennent avec force la proposition de dialogue avec le régime «lancée par le chef de l'opposition syrienne Moaz Al-Khatib.»  Qui dit Américains implique le suivisme des vassaux.

Depuis la fin janvier en effet, Al-Khatib se dit prêt à dialoguer avec des représentants du régime «qui n'ont pas de sang sur les mains». Il a précisé le lundi 4 janvier qu'il souhaitait que le régime mandate le vice-président Farouk Al-Chareh. «Nous tendrons la main dans l'intérêt du peuple et pour aider le régime à partir en paix», a déclaré Al-Khatib à la chaîne Al Jazeera. «Je dis à Bachar Al Assad , regarde dans les yeux de tes enfants et essaie de trouver une solution ». « Nous nous entraiderons alors dans l'intérêt du peuple ».

Son initiative avait fait grincer des dents au sein de la coalition. Mais, dimanche 3 février, le porte-parole de cette dernière, Walid al-Bouni, a affirmé que «la majorité» de ce rassemblement soutenait cette voie. On se souvient. Dès octobre 2012, la Turquie avait suggéré une transition négociée avec Al-Chareh, réputé critique de la répression. Le chef de la coalition pose toutefois deux conditions préalables: la libération «des 160.000 personnes» détenues dans le cadre du soulèvement contre le régime et le renouvellement des passeports des Syriens de l'étranger – dont beaucoup ont quitté le pays de façon illégale – dans les ambassades afin qu'ils ne soient pas arrêtés à leur retour.

On se souvient pourtant  que le président Bachar Al Assad avait proposé, début janvier, un plan de sortie de crise prévoyant un dialogue national à Damas, catégoriquement refusé jusqu'ici par l'opposition qui pose comme condition sine qua non le départ de M.Assad. Mardi, l'opposition tolérée s'est dit prête à établir un processus politique de dialogue entre régime et opposition pour mettre en application l'accord de Genève qui prévoit une transition en Syrie. Mardi 4 février, le médiateur international Lakhdar Brahimi avait demandé au Conseil de sécurité d'agir d'urgence, dénonçant «l'horreur» de la guerre civile peu après la macabre découverte à Alep. Pékin a ainsi de nouveau appelé mercredi à un «dialogue national» que les autorités syriennes assurent organiser pour trouver une issue au conflit mais qui permettrait une transition entièrement contrôlée par le régime actuel et est donc rejetée par l'opposition et la communauté internationale. (3)

Un autre signe en faveur de la paix est que pour la première fois depuis 1979 l'Iran renoue avec l'Egypte. Ceci est intéressant car les deux présidents ont une vision différente du conflit syrien. Morsi veut le départ de Bachar Al Assad, l'Iran le soutient. M. Ahmadinejad, qui doit assister au 12e Sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) prévu mercredi et jeudi au Caire, a été accueilli au pied de la passerelle de l'avion par le chef d'Etat égyptien Les deux présidents ont eu un entretien à l'aéroport sur «les moyens de régler la crise syrienne pour mettre fin à l'effusion du sang, sans intervention militaire» et sur «les moyens de renforcer les relations entre l'Egypte et l'Iran». Par ailleurs, des responsables iraniens ont rencontré, ces derniers jours, pour la première fois le chef de l'opposition, ils ont d'ailleurs salué la proposition de dialogue de M. Khatib, emboîtant le pas à la Russie. Lundi, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a affirmé dans une interview que la guerre n'était «pas la solution» en Syrie. «Il ne doit pas y avoir de guerre confessionnelle en Syrie». Ce ballet diplomatique intervient alors que la population syrienne est épuisée par près de deux ans de tueries, de destructions et d'une terrible dégradation de la situation humanitaire. (4)

Qui est Moaz Al Khatib?

On apprend aussi, que pour la première fois le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a rencontré samedi 2 février le chef de la coalition nationale de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz Al Khatib, en marge des travaux de la 49e conférence de Munich sur la sécurité.

 «La Russie a une certaine vision mais nous accueillons favorablement des négociations pour soulager la crise», a déclaré Ahmed Moaz Al Khatib à l'issue de l'entretien. Avant leur discussion, Sergueï Lavrov avait affirmé devant la conférence que l'insistance de Joe Biden à réclamer le départ du président syrien était contre-productive. (…) Le président syrien déclare vouloir poursuivre son mandat jusqu'à son terme en 2014 et insiste sur son droit à se représenter. (…) (5)

Thierry Meyssan nous en parle:

«Totalement inconnu du public international, il y a une semaine encore, Cheikh Moaz Al Khatib a été propulsé président de la coalition nationale syrienne, représentant l'opposition pro-occidentale au gouvernement de Damas. Décrit par une intense campagne de relations publiques comme une haute personnalité morale sans attaches partisanes ou économiques, il est en réalité membre des Frères musulmans et cadre de la compagnie pétrolière Shell. L'émiettement de l'opposition syrienne armée reflète les conflits entre les États qui tentent de «changer le régime» de Damas. On retiendra surtout le Conseil national (CNS), dit aussi Conseil d'Istanbul parce qu'il fut constitué là-bas. Il est tenu d'une main de fer par la Dgse française et financé par le Qatar. Enfin, l'Armée syrienne libre (ASL), principalement encadrée par la Turquie, regroupe la plupart des combattants. Si la création de la coalition nationale acte la reprise en main de l'opposition armée par Washington, elle ne règle pas la question de la représentativité. Rapidement, diverses composantes de l'ASL s'en sont désolidarisées. Surtout, la coalition exclut l'opposition hostile à la lutte armée, notamment la coordination nationale pour le changement démocratique d'Haytham Al Manna ».Le choix du cheikh Ahmad Moaz Al Khatib répond à une nécessité apparente: pour être reconnu par les combattants, il fallait que le président de la Coalition fut un religieux, mais pour être admis par les Occidentaux, certains médias en font déjà un leader «modèle» »(6).

«. Ainsi, poursuit Thierry Meyssan, décryptant les «méthodes américaines» de relooking un grand quotidien US le présente comme «un produit unique de sa culture, comme Aung San Suu Kyi en Birmanie». Voici le portrait qu'en dresse l'Agence France Presse (AFP): Né en 1960, cheikh Ahmad Moaz Al Khatib, «Cheikh Al Khatib est une figure de consensus qui bénéficie d'un véritable soutien populaire sur le terrain», souligne Khaled Al Zeini).».

La vérité est toute autre. En réalité, il n'y a aucune trace que cheikh Ahmad Moaz Al Khatib ait jamais étudié les relations internationales et la diplomatie, mais il a une formation d'ingénieur en géophysique et a travaillé six ans pour la Al Furat Petroleum Company (1985-91).(6)

« En 1992, il hérite de son père cheikh Mohammed Abu Al Faraj al-Khatib la prestigieuse charge de prêcheur de la Mosquée des Omeyyades. Il est rapidement relevé de ses fonctions et interdit de prêche dans toute la Syrie. En 2003-04, il revient en Syrie comme lobbyiste du groupe Shell lors de l'attribution des concessions pétrolières et gazières. Il revient à nouveau en Syrie début 2012 où il enflamme le quartier de Douma (banlieue de Damas). Arrêté, puis amnistié, il quitte le pays en juillet et s'installe au Caire. Sa famille est bien de tradition soufie, mais contrairement aux imputations de l'AFP, il est membre de la confrérie des Frères musulmans» (6)

En fait, quels que soient les fondements des «manoeuvres» de tout bord, il faut espérer que cette fois-ci, c'est le bout du tunnel pour le peuple syrien. Il est possible que la transition avec Farouk Echar'e vice-président pourra permettre un passage de témoin en douceur ; Al Assad ayant annoncé son départ en 2014. C'est le temps qu'il faut pour mettre en place de nouvelles élections  qui permettront ce faisant, l'avènement, il faut l'espérer de Syriennes et de Syriens aux commandes d'un pays rendu inutilement exsangue par les occidentaux ,mais qui ne tardera pas, s'il n'y a pas d'ingérence à s'auto-réparer, retrouver les équilibres interethniques et  inter-religieux qui ont mis des siècles à sédimenter

Une civilisation qui a vu naître l'enfance de l'humanité (Pensons à Ugarit) ne peut pas disparaître comme cela. Le reshaping du Moyen-Orient ne se fera pas comme prévu, la Syrie a été le grain de sable qui a bloqué la machine infernale du broyage des identités et des espérances. Bachar Al Assad a fait son temps, il devra partir au plus tard dans moins d'un an. Le moment est venu pour réconcilier les Syriens entre eux, tourner le dos aux manoeuvres de division et qu'enfin la paix règne dans cette région du Moyen Orient qui  chaque fois s'est réconciliée avec elle-même depuis le déclenchement des Croisades par un  certain pape Urbain II.

Cela commença, en effet, avec la destruction de Jérusalem et la mise à mort de ses habitants en juillet 1099.  Bien plus tard, ce fut le harcèlement de l'Empire Ottoman, «  l'homme malade de l'Europe » avec notamment les évènements de Damas dont  le fondement fut le début des ingérences anglo-françaises qui ont imposé au sultan, un moutassarif ( gouverneur)  de confession chrétienne pour les régions chrétiennes . Ce fut, en creux, la partition de la Syrie (Bilad Acham) . Partition concrétisée une cinquantaine d'années plus tard, en 1917 par les accords de Sykes Picot qui ont contribué au dépeçage de l'empire ottoman, suivi concomitamment de la fameuse déclaration de Balfour, ce dernier une deuxième fois après Dieu, donna un foyer aux Juifs, une Terre où les  Palestiniens vivent depuis trente siècles. Mais ceci est une autre histoire.

Pr. Chems Eddine Chitour, Ecole Polytechnique enm-edu.dz, le 07/02/2013 sur www.mondialisation.ca

1. Anastasia Popova et Olivier Turquet, janvier 27, 2013 http://www.mondialisation.ca/syrie-une-autre-realite/5320709

2. http://www.legrandsoir.info/syrie-encore-un-massacre-qui-tombe-a-pic-pour-la-rebellion.html

3. http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/798582/Syrie_%3A_lopposition_prete_a_des_%22discussions_directes%22_avec_le_regime.html

4. http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/799423/Ahmadinejad_au_Caire%2C_premiere_visite_dun_president_iranien_depuis_1979_.html

5. François d'Alançon, http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Moscou-noue-le-dialogue-avec-l-opposition-syrienne-_NG_-2013-02-03-906844

6.Thierry Meyssan http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2995, le 9 novembre 2012