dimanche 29 novembre 2015
La longue marche de la « monnaie du peuple »
Thaïlande: le goût de cauchemar
jeudi 26 novembre 2015
La conversion d’Apple aux écrans OLED fait paniquer les Japonais
Les deux plus gros producteurs japonais d'écrans LCD pour smartphones et tablettes chutent en Bourse ce jeudi. Un coup de froid déclenché par un article du « Nikkei » annonçant la conversion d'Apple aux écrans OLED.
Overdose d'acier, de zinc et de nickel pour la Chine
dimanche 22 novembre 2015
Les attentats terroristes à Paris
lundi 16 novembre 2015
Daech, l'Asie et nous
Naissance d’un réseau de Daech en Asie du Sud-Est
L’EI en Asie du Sud
vendredi 13 novembre 2015
L’Arabie saoudite a bien enlevé des collaborateurs de l’ayatollah Khamenei
La bousculade survenue à Mina (5 kilomètres de La Mecque) le 24 septembre 2015 était en réalité une opération secrète arabo-israélienne au cours de laquelle des collaborateurs de l'imam Ali Khamenei ont été enlevés par les services secrets saoudiens et israéliens.
Si l'Arabie saoudite a reconnu 769 morts, le décompte de l'AFP totalisant les victimes reconnues par les divers États touchés s'élève à 2 236 morts.
L'Arabie saoudite a refusé de publier les enregistrements des vidéos de surveillance relative à cette bousculade.
Il semble extraordinaire qu'une bousculade ait pu provoquer un tel nombre de victimes. Et encore plus extraordinaire que tous les témoins soient morts sans que l'on sache qui les avait écrasés.
La surveillance du pèlerinage avait été confiée à plus de 100 000 policiers. Cependant depuis 2013, la multinationale G4S, très liée aux services de sécurité et d'espionnage israéliens, était chargée de cette portion du pèlerinage.
De très loin le plus touché, l'Iran a perdu 464 pèlerins, dont la totalité d'une forte délégation de collaborateurs du Guide de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, et tous leurs gardes du corps.
Le 28 septembre, le président iranien cheikh Hassan Rohani avait ouvert son discours à l'Assemblée générale de l'Onu en mettant en cause la responsabilité politique de l'Arabie saoudite dans ce qui était présenté alors comme un accident.
Le 3 octobre, Thierry Meyssan révélait sur les ondes iraniennes le possible enlèvement des collaborateurs du Guide de la Révolution. Par la suite, plusieurs journaux iraniens exploraient cette piste.
Les médias sociaux ont diffusé des photographies de tractopelles entassant les cadavres. En définitive, l'Arabie saoudite n'a toujours pas restitué 15 corps des victimes iraniennes. Les autopsies réalisées sur certains cadavres ne permettent pas de savoir s'ils sont morts dans la bousculade ou sous la torture.
Le 11 novembre, la République islamique d'Iran a déclaré avoir des informations sûres selon lesquelles l'ambassadeur Ghadanfar Rokon Abadi (photo) ne serait pas mort, mais serait détenu, et a exigé sa libération immédiate.
Ghadanfar Rokon Abadi avait été ambassadeur d'Iran à Beyrouth, de 2011 à 2014, où il avait habilement joué avec la classe dirigeante libanaise hautement corrompue. Il avait développé les relations entre la République islamique et le Hezbollah et leur implication aux côtés de la République arabe syrienne face aux jihadistes mobilisés par la France, l'Arabie saoudite et la Turquie. Il était, au moment de sa disparition, l'un des principaux conseillers du Guide de la Révolution.
Sur www.voltairenet.org le 13/11/2015
Poutine: 90% des investissements en Russie proviennent d'Asie
Environ 90% des investissements attirés en Russie durant cette année proviennent d'Asie, a déclaré le président russe Vladimir Poutine dans un entretien en Turquie.
"Bien entendu, dans la conjoncture actuelle, la coopération avec nos partenaires asiatiques pour attirer des ressources financières devient particulièrement d'actualité. Environ 90% des investissements en Russie durant cette année proviennent du marché asiatique", a déclaré Vladimir Poutine.
Le président russe a rappelé que pour le moment plusieurs entreprises russes avaient ouvert des crédits avec succès en Chine. Dans le même temps,
"Pour attirer des investissements étrangers dans un secteur réel de l'économie russe, des fonds conjoints d'investissements sont constitués avec
D'après lui,
"Nos programmes de développement de
Sur http://fr.sputniknews.com le 13/11/2015
mardi 10 novembre 2015
Asie-Pacifique : contre le TPP, la Chine relance son projet de zone de libre-échange (FTAAP)
Alors qu'elle a été tenue à l'écart du projet de partenariat transpacifique (TPP) signé par les Etats-Unis et 12 autres pays, la Chine relance son projet concurrent de zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique (FTAAP), laquelle pourrait devenir la plus importante du monde.
Pékin avait assuré l'an passé la promotion de la Zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique (FTAAP) lors du sommet 2014 de l'Apec (Forum de la Coopération économique de l'Asie-Pacifique) organisé dans la capitale chinoise. Les participants avaient promis d'étudier le projet, perçu comme un potentiel rival au Partenariat trans-Pacifique (TPP) - lequel, soutenu par Washington, inclut les principales économies régionales, mais exclut la Chine.
Peu d'annonces ont été faites depuis l'an passé sur la FTAAP, tandis que le texte de l'accord du TPP a été publié jeudi, un document salué comme un signe de transparence -mais qui n'a pas mis fin aux récriminations de ses détracteurs, lesquels dénoncent un traité façonné pour les multinationales.
Le TPP sera la plus grande zone de libre-échange du monde, une tentative de briser les barrières du commerce et de l'investissement entre 12 pays qui représentent environ 40% de l'économie mondiale.
Les conclusions d'une étude
Pékin a déclaré que les conclusions d'une étude sur la FTAAP seront présentées la semaine prochaine lors d'un sommet de l'Apec à Manille, aux Philippines, auquel assistera le président chinois Xi Jinping."Nous devons travailler activement à la création de la FTAAP", a déclaré Wang Shouwen, le vice-ministre chinois du Commerce, lors d'une conférence de presse, ajoutant que la FTAAP serait un "facilitateur pour l'intégration régionale dans l'Apec"..
La FTAAP, si elle devient réalité, permettrait la création de la plus grande zone de libre-échange du monde, surpassant le TPP et les autres structures régionales.
Les 21 membres de l'Apec produisent plus de 50% de la richesse de la planète et génèrent près de la moitié des échanges commerciaux internationaux.
Bien que réunissant quelques-uns des plus importants dirigeants de la planète, le sommet annuel de l'Apec est davantage connu pour sa traditionnelle photo de famille, où les dirigeants revêtent le costume traditionnel du pays hôte, que pour l'importance de ses accords.
Mais la Chine reste confiante quant au fait d'aboutir à une feuille de route pour la création d'un cadre à la FTAAP, a assuré M. Wang.
"Notre objectif est d'achever l'étude stratégique l'an prochain et de présenter des suggestions et des recommandations exploitables aux dirigeants lors du sommet de l'année prochaine", a-t-il déclaré, ajoutant qu'un rapport intermédiaire sera également dévoilé lors du sommet de Manille.La Chine conçoit la FTAAP, proposée pour la première fois à l'Apec en 2006, comme un contrepoids au TPP, que Washington inscrit dans le "rééquilibrage" vers l'Asie de sa politique.
Les Etats-Unis assurent qu'une participation chinoise au TPP est possible, tout en tenant la deuxième économie mondiale à l'écart des négociations.
Sur www.latribune.fr le 10/11/2015
samedi 7 novembre 2015
Rencontre historique entre présidents chinois et taïwanais
Ma Ying-jeou a évoqué après l'entretien une discussion « positive et franche » qui lui laisse espérer que Pékin peut utiliser des moyens pacifiques, et non la force, pour résoudre ses différents avec Taïwan. Il a ajouté lors d'une conférence de presse que son homologue chinois lui avait assuré que le déploiement de missiles en Chine ne visaient en aucun cas Taïwan, que Pékin considère comme une province chinoise.
Des relations moins tendues depuis 2008
Une manifestation prévue à Taipei
Aucun accord ni déclaration commune
jeudi 5 novembre 2015
Le jeu obscur de la Turquie avec l'EI
Le 10 octobre il y a eu deux explosions sous un viaduc près de la gare de chemin de fer d'Ankara. Plusieurs personnes ont été tuées et environ 200 ont été blessées. Les victimes étaient membres de la manifestation anti-guerre, "travail, paix, démocratie", qui a rassemblé dans les rues des syndicats et des partis d'opposition de gauche, dont le Parti démocratique populaire pro-kurde.
Les média locaux ont immédiatement accusé les forces d'opposition des Kurdes locaux, ainsi que les militants de l'Etat islamique. Cet évènement intervient après avoir expliqué à la communauté internationale la nécessité d'un renforcement de la présence militaire d'Ankara dans les territoires des Etats en guerre en Irak et en Syrie.
Cependant, la présence militaire turque dans ces territoires ne signifie véritablement une lutte contre l'Etat islamique (EI). C'est plutôt une tentative pour résoudre ses problèmes intérieurs et détruire physiquement "le problème kurde", y compris en soutenant les forces de l'EI.
Ce n'est plus un secret que les autorités turques ont transformé leur pays en une «base arrière» pour les terroristes de l'ensemble de la région eurasienne. A Istanbul, il est légal de faire coexister les dirigeants du mouvement extrémiste islamique d'Ouzbékistan (il est de notoriété commune que le MIO bénéficie de l'appui financier turque), des représentants des talibans ainsi que des militants de l'état islamique. Par ailleurs, cet été un scandale a éclaté en Turquie, lors de la publication de photos sur Facebook montrant des militants de l'EI se reposant dans les stations balnéaires de la mer Noire en Turquie, à Bartin et Amasra. Plus tôt, le même tireur avait été vu, posant avec en toile de fond des soldats syriens décapités, et publiant des appels vidéo afin de tuer les "infidèles", en particulier les occidentaux.
Il est reconnu depuis longtemps que la Turquie fournit un soutien logistique et financier à presque tous les groupes d'opposition en Syrie, y compris l'Etat islamique. Il permet notamment l'utilisation de son territoire pour se regrouper après les opérations militaires. En outre, l'EI contrôlant des centaines de kilomètres de la frontière turque, il a été mis en place des flux de trafic dans les deux sens, des produits pétroliers aux armes et surtout de la chair à canon souhaitant prendre une part active à la construction du califat. La frontière à une existence juridique, mais pas dans les faits, car elle est en réalité un écran de fumée qui relie directement les terroristes hommes d'affaires et les représentants officiels d'Ankara.
Par conséquent, les autorités turques ne prêtent pas attention à l'idéologie radicale et aux méthodes brutales employées "pour atteindre les objectifs" de ces bandes, préférant "faire leurs business criminel tranquillement."
Les experts estiment que le principal objectif «politique» d'Ankara dans les relations entre les groupes du Moyen-Orient n'est pas tant le renversement du gouvernement d'Assad, tel que revendiqué par tous les alliés politiques de la Turquie (États-Unis et l'UE), mais l'arrêt de la croissance de la puissance militaire des forces kurdes sur les territoires d'Irak et de Syrie.
Le "problème kurde" est un "mal de tête" de longue date pour Ankara. Le chef du PKK, Abdullah Odjalan a été condamné en Turquie à la réclusion à perpétuité, en particulier pour une action militaire contre la Turquie sous l'étendart d'un Kurdistan indépendant. 16 ans après sa condamnation, le Parti démocratique du peuple kurde (PDP) a remporté les élections dans plusieurs provinces du pays, faisant une concurrence importante au parti au pouvoir d'Erdogan. Tous clament le même slogan, une autonomie avec une perspective de souveraineté.
Mais pendant que les Kurdes de Turquie tentent de résoudre leurs problèmes pacifiquement, ailleurs, notamment en Irak, leurs forces combattantes acquièrent une expérience très réelle et également très réussie. Cela a été démontré dans les premiers affrontements avec les militants de l'EI. Des troupes kurdes ont libéré la frontière irako-turque qui était tenue par l'EI. Ceci a significativement effrayé Ankara, et incité les autorités turques à s'engager dans une prétendue "coalition militaire contre l'EI", pour en fin de compte, commencer à bombarder les Kurdes.
En fait, le président turc Tayyip Erdogan ne cache pas que son pays craint les intentions des Kurdes d'établir leur propre Etat dans certains territoires de la Turquie d'aujourd'hui, d'Irak et de Syrie. De plus, il admet que le bombardement des positions kurdes par les turc, puis par l'OTAN est "un coup d'avance".
En fait, sur le fond de cette politique, certains observateurs ont commencé à parler de la "piste Erdogan" même dans l'attaque terroriste de juillet dans la ville de Suruç, qui a tué des socialistes et communistes turcs et kurdes, prêts à se rendre à la ville syrienne de Cobán pour aider la milice kurde dans sa lutte contre les militants de l'EI.
Il n'est pas exclu que la nouvelle et déjà plus grande attaque terroriste à Ankara, qui a tué des partisans afin de mettre fin au conflit entre le Parti des travailleurs du Kurdistan interdit en Turquie et les autorités du pays, ait été commandité par l'Etat. Le fait est que presque immédiatement après les explosions, le Premier ministre de la Turquie, Ahmet Davutoglu, a déclaré que l'attaque pourrait être orchestrée par l'Etat islamique, le Parti des travailleurs du Kurdistan, et deux groupuscules d'extrême gauche, le Parti populaire de libération révolutionnaire et le parti communiste, marxiste-léniniste.
Alors que la température anti-kurde se réchauffe à l'intérieur du pays, et que les forces de l'OTAN frappe les camps de la milice kurde en Syrie et en Irak, Ankara entretient l'espoir que malgré tout, l'Etat islamique sera toujours en mesure de garder sous contrôle la menace kurde venue de l'extérieur.
Cependant, l'intervention dans le conflit syrien des forces armées russes, va pratiquement priver Ankara de son influence sur le Parti des travailleurs du Kurdistan.
C'est peut-être la raison pour laquelle la Turquie, après les États-Unis, son «parrain politique», apparaît comme un adversaire principal des opérations russes au Moyen-Orient.
En outre, la Turquie est même prête à sacrifier ses intérêts économiques et son amitié avec la Russie. Après quelques incidents de vols des avions russes dans l'espace aérien turc, le président de la Turquie a même essayé de faire chanter Moscou avec une intention d'abandonner le gaz naturel en provenance de Russie. Pour commencer, il a même réduit par deux fois la capacité du gazoduc russe "Turkish Stream", pour atteindre 32 milliards de mètres cubes.
Dans sa tentative pour tirer les marrons du feu avec les mains de quelqu'un d'autre, Ankara ne semble pas penser aux conséquences. Après tout, les attaques terroristes de ces derniers mois ont peut être véritablement été organisées par les militants de l'Etat islamique, qui est devenu insatisfait du déclin du «soutien» turc de leurs intérêts.
lundi 2 novembre 2015
Vers un renversement de situation au Proche-Orient
La période du « Printemps arabe » touche à sa fin. Désormais, la Maison-Blanche et le Kremlin sont en train de redessiner les contours du « Moyen-Orient élargi ». Cependant, leur accord conclu avant l’intervention militaire russe en Syrie pourrait être modifié par le changement de l’équilibre des forces. Rien ne prouve que Moscou acceptera la stabilisation de la Syrie et fermera les yeux sur la partition de la Turquie et de l’Arabie saoudite qui vont commencer. Quoi qu’il en soit, le bouleversement qui s’annonce modifie la donne établie depuis cinq ans. La plupart des puissances impliquées essayent donc de retourner leur veste avant les autres.
La presse, dans quelque pays que ce soit, est tellement occupée à scruter la position de son propre État dans le conflit du Proche-Orient qu’elle ignore les négociations globales entre la Maison-Blanche et le Kremlin et, du coup, interprète de travers les événements secondaires. Pour clarifier l’agitation diplomatique actuelle, nous devons donc revenir à l’accord USA-Russie de septembre dernier.
La partie publique de cet accord a été formulée par la Russie dans un document distribué le 29 septembre au Conseil de sécurité de l’Onu. Il indique que, pour rétablir la paix et la stabilité en Afrique du Nord et au Proche-Orient, il faut et il suffit (1) d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité —ce qui implique notamment le retrait d’Israël sur ses frontières de 1967— et (2) de lutter contre l’idéologie terroriste —c’est-à-dire à la fois contre les Frères musulmans créés par le Royaume-Uni et soutenus par la Turquie, et contre le wahhabisme propagé par l’Arabie saoudite—.
Il avait été initialement prévu que la Russie fasse adopter une résolution en ce sens lors de la réunion du 30 septembre du Conseil de sécurité. Cependant, les États-Unis s’y sont opposés dans l’heure précédente. Sergey Lavrov a alors présidé la séance sans évoquer son projet. Cet événement majeur ne peut s’interpréter que comme un désaccord tactique qui ne doit pas entraver un accord stratégique.
Le 20 octobre, le président Vladimir Poutine recevait au Kremlin son homologue syrien, Bachar el-Assad, en présence de ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères, du secrétaire général du Conseil russe de sécurité nationale et du chef des services secrets. L’entretien portait sur l’application du plan russo-états-unien, incluant celle du Communiqué de Genève du 30 juin 2012. Le président el-Assad faisait valoir qu’il suit les instructions de ce Communiqué et, notamment, qu’il a intégré dans son gouvernement les partis d’opposition qui en ont fait la demande conformément à la description que le Communiqué fait d’un Organe gouvernemental de transition.
S’étant assuré que les deux pays avaient une même lecture du Communiqué de Genève, la Russie et les États-Unis décidèrent de mettre au pas les États dissidents, à savoir la France, la Turquie et l’Arabie saoudite. Sachant que la position française n’est pas fondée sur des intérêts réalistes, mais s’explique exclusivement par un fantasme colonial et par la corruption de son gouvernement par l’argent turc et saoudien, la Maison-Blanche et le Kremlin décidèrent de traiter uniquement la source du problème, à savoir Ankara et Riyad. Le 23 octobre, John Kerry et Sergey Lavrov reçurent donc leurs homologues turc et saoudien à Vienne. Aucun texte final n’a été publié. Cependant, il semble que la Russie ait menacé les deux invités sans que les États-Unis ne prennent leur défense.
Affolé d’une possible entente russo-états-unienne contre la Turquie et l’Arabie saoudite, la France convoqua alors un « dîner de travail », et non un « sommet diplomatique », à Paris. L’Allemagne, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, les États-Unis, l’Italie, la Jordanie, le Qatar, le Royaume-Uni et la Turquie « évoquèrent » et non « décidèrent » le sort de la Syrie. Le format de cette réunion correspond à celui du « Core Group » des « Amis de la Syrie », sauf l’Égypte qui a déjà secrètement rejoint le camp de la Syrie. Le fait d’avoir été contraint d’inviter les États-Unis a plombé la réunion. Là encore, pas de texte final.
Enfin, le 30 octobre, les États-Unis et la Russie réunissaient un plus vaste aréopage comprenant tous les participants aux deux réunions précédentes plus l’Égypte, la Chine, l’Irak, l’Iran, le Liban, Oman, l’Union européenne et les Nations unies. Si la presse s’est esbaudie de la présence de l’Iran qui avait été tenu à l’écart de tout règlement depuis le début du conflit, elle n’a pas relevé le retour de l’Égypte du maréchal al-Sissi qui rentre sur la scène internationale grâce à la découverte de ses nouvelles réserves de pétrole, ni de l’absence persistante de la principale puissance régionale, Israël. Ce dernier point ne peut s’expliquer que dans le cas où l’État hébreu avait obtenu préalablement la garantie de parvenir à un de ses objectifs de guerre, la création d’un État colonial au Nord de la Syrie.
Les participants ont tous été priés de signer une déclaration finale que seuls les Russes et les Iraniens ont prit soin de diffuser. Et pour cause : elle marque la défaite des faucons US. En effet, dans son point 8, il est indiqué que le « processus politique » —et non pas le « processus de transition »— sera conduit par les Syriens, propriété des Syriens, et que le Peuple syrien décidera du futur de la Syrie. Cette formulation lourde invalide le document Feltman qui constitue l’objectif depuis plus de trois ans des faucons US, des Français, des Turcs et des Saoudiens : la capitulation totale et inconditionnelle de la République arabe syrienne.
Le projet US se poursuit malgré l’accord avec la Russie
La suite des événements devrait donc logiquement être la mise au pas de la Turquie, de l’Arabie saoudite et de la France, ce qui pourrait être fait tout en poursuivant les objectifs initiaux US.
Pour la Turquie, après le scrutin probablement truqué du 1er novembre et la victoire de l’AKP, la guerre civile devrait s’étendre et se développer jusqu’à la partition du pays en deux, puis à la fusion du Kurdistan turc, du Kurdistan irakien et d’un territoire arabe syrien occupé par les Kurdes syriens et les États-Unis. D’ores et déjà, le YPG et les États-Unis conquièrent ensemble un territoire arabe au Nord de la Syrie. Le YPG qui, jusqu’au mois dernier, recevait ses armes et ses soldes de Damas, s’est retourné contre la République arabe syrienne. Ses miliciens envahissent les villages conquis, expulsent les enseignants et décrètent la kurdisation forcée des écoles. Le Kurde, qui était parlé et enseigné à l’école, devient la langue unique et obligatoire. Les milices de la République arabe syrienne, notamment les Assyriens, en sont réduites à défendre leurs écoles par les armes contre leurs compatriotes kurdes.
De son côté le roi Salman d’Arabie saoudite doit encaisser sa défaite au Yémen ; un voisin qu’il avait envahi officiellement pour soutenir un président en fuite, en réalité pour exploiter avec Israël le pétrole du « Quart vide ». Coup sur coup, les Émirats arabes unis et l’Égypte se sont retirés de sa Coalition. Les premiers après avoir essuyé de lourdes pertes parmi leurs officiers, les seconds plus discrètement, laissant les opérations militaires aux seules mains des Israéliens. Les Houthis, poussés vers le Nord par les bombardements, ont effectué plusieurs incursions en Arabie saoudite et y ont détruit des bases militaires aériennes et leurs matériels. Les soldats saoudiens, presque tous des étrangers servant sous écusson saoudien, ont déserté en masse contraignant le roi à prendre un décret contre les abandons de poste. Pour éviter un désastre militaire, l’Arabie saoudite a alors sollicité de nouveaux alliés. Contre de l’argent sonnant et trébuchant, le Sénégal a envoyé 6 000 hommes et le Soudan 2 000. La Mauritanie hésite à envoyer un contingent. Le roi, dit-on, aurait également sollicité l’armée privée Academi (ex-Blackwter/Xe) qui recruterait actuellement des mercenaires en Colombie. Ce fiasco est directement imputable au prince Mohammed ben Salmane, qui a revendiqué l’initiative de cette guerre. Ainsi, il affaiblit l’autorité de son père, le roi Salman, et fait gronder la contestation des deux clans exclus du pouvoir, ceux de l’ancien roi Abdallah et du prince Bandar. Logiquement ce conflit devrait aboutir à un partage de leur héritage entre les trois clans et donc à un partage du royaume en trois États.
Ce n’est qu’après ces nouveaux conflits que la paix devrait revenir dans la région, sauf dans la partie arabe colonisée par le nouveau Kurdistan, appelée à devenir le nouveau point de fixation des antagonisme régionaux en lieu et place de la Palestine.
Mais même écrit, le futur est incertain. Le renversement du rapport de forces entre Washington et Moscou pourrait modifier leur accord.
Les rats quittent le navire
Alors que les mauvais joueurs annoncent sans sourciller que l’intervention militaire russe en Syrie n’apporte pas les résultats escomptés par Moscou, les jihadistes en fuite se replient en Irak et en Turquie. Le chef d’état-major US, le général Joseph Dunford, a admis, le 27 octobre lors d’une audition au Sénat, que désormais les armes parlaient en faveur de la République arabe syrienne. Tandis que le Commandeur suprême de l’Otan, le général Philip Breedlove, a déclaré, le 30 octobre lors d’une conférence de presse au Pentagone, que c’est une litote de dire que la situation évolue de jour en jour et menace désormais la sécurité de l’EuropeForce est de constater que l’alliance entre les partisans du chaos et ceux de la recolonisation va non seulement perdre en Syrie, mais que l’Alliance atlantique elle-même ne peut plus prétendre à la domination globale. Du coup, une soudaine agitation traverse les chancelleries, beaucoup affirmant qu’il est temps de parvenir à la paix —ce qui sous-entend qu’ils pensaient jusque là différemment—.
Les « retournements de veste » qui s’annoncent à propos de la Syrie auront comme première conséquence la consécration du rôle international de la République islamique d’Iran et de la Fédération de Russie ; deux acteurs que la presse occidentale présentait, il y a quatre mois encore, comme totalement isolés et voués à de terribles difficultés économiques ; deux puissances qui sont désormais les premières forces militaires, régionale pour l’Iran et globale pour la Russie ; et comme seconde conséquence le maintien au pouvoir du président el-Assad dont on annonce depuis cinq ans qu’« il doit partir ».
Dans ce contexte, la propagande de guerre continue imperturbablement, affirmant que si ce ne sont pas les bombardements russes qui tuent des civils, c’est l’armée syrienne qui les bombarde ; imputation confirmée par la matrice des organisations terroristes, les Frères musulmans, via leur Observatoire syrien des Droits de l’homme. Ou encore que la Russie est pressée de négocier car son intervention lui revient cher —comme si elle ne l’avait pas budgétisée durant sa longue préparation—. Jamais à court d’invention, le directeur de la CIA, John Brennan, prétend quant à lui que la Russie s’apprête à lâcher le président el-Assad, alors même que le président Poutine s’est gaussé de cette auto-persuasion quelques jours plus tôt, au Club de Valdai.
En France, la révolte gagne la classe politique. Les quatre principaux leaders de la droite, Dominique de Villepin, François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont chacun de leur côté déclaré qu’il est absurde de s’aliéner la Russie et de ne pas reconnaitre la défaite en Syrie. Cependant Alain Juppé, qui joua un rôle central dans le début de la guerre, notamment en signant un traité secret avec la Turquie, persiste à conserver l’objectif de renverser la République arabe syrienne, plus tard. À gauche, plusieurs leaders envisagent de prochains voyages à Damas.
La panique devant les changements prévisibles est en fait générale.. Si Nicolas Sarkozy s’est précipité chez le président Poutine, le vice-chancelier allemand, Sigmard Gabriel, également. Il a plaidé pour que l’on referme les contentieux et les aigreurs du passé et que l’on renoue le dialogue avec la Russie. Il était temps.
Par Thierry Meyssan sur www.voltairenet.org le 02/11/2015