samedi 7 novembre 2015

Rencontre historique entre présidents chinois et taïwanais


Les dirigeants des deux Etats ne s'étaient jamais rencontré depuis la création de Taïwan, en 1949.
Une rencontre au sommet. Les présidents chinois et taïwanais ont échangé une poignée de main historique samedi à Singapour au début d'un sommet qui est une première depuis la séparation de la Chine continentale et de Taïwan il y a 66 ans, après une guerre civile. 
Le chef d'Etat chinois Xi Jingping et le Taïwanais Ma Ying-jeou se sont serré la main et ont souri en saluant une assemblée de médias dans une salle archi-comble d'un hôtel de Singapour, avant de se retirer pour des pourparlers inédits. « Nous sommes une famille », a déclaré le président chinois. En réponse, Ma Ying-jeou s'était dit déterminé à promouvoir la paix et la stabilité de part et d'autre du détroit de Taïwan, ajoutant que la relation entre les deux entités devait être basée sur la sincérité, la sagesse et la patience.

Ma Ying-jeou a évoqué après l'entretien une discussion « positive et franche » qui lui laisse espérer que Pékin peut utiliser des moyens pacifiques, et non la force, pour résoudre ses différents avec Taïwan. Il a ajouté lors d'une conférence de presse que son homologue chinois lui avait assuré que le déploiement de missiles en Chine ne visaient en aucun cas Taïwan, que Pékin considère comme une province chinoise.

Des relations moins tendues depuis 2008

Après des décennies de méfiance, les deux rives du détroit de Taïwan restent fortement militarisées. Mais depuis l'arrivée au pouvoir en 2008 de Ma Ying-jeou, un prochinois, le climat politique s'est réchauffé et les relations sino-taïwanaises atteignent un point culminant avec la réunion de samedi, événement encore impensable il y a peu.

Cette rencontre est une « avancée historique », qui « peut créer de nouveaux espaces pour les relations » entre le continent et Taïwan, a estimé samedi le journal chinois Global Times, proche du pouvoir, dans un éditorial. Les deux nations ont cependant de profondes sensibilités politiques qui pèsent sur les relations. La Chine considère Taïwan comme une partie de son territoire qui doit être réunifiée, par la force si nécessaire. Taïwan s'est de son côté forgé une identité propre depuis la proclamation par Mao Tsé-toung de la République populaire de Chine (RPC) il y a 66 ans.

Une manifestation prévue à Taipei

Des protestataires se sont rassemblés à l'aéroport de Taipei, la capitale de Taïwan, avant le départ de Ma Ying-jeou samedi matin, brûlant des photos des deux dirigeants et scandant des slogans qualifiant le président chinois Xi Jinping de « dictateur » et Ma Ying-jeou de « traître », des actions entraînant l'arrestation de 27 personnes.

Des manifestants prévoyaient également de se réunir samedi après-midi durant le sommet près du palais présidentiel de Taipei. Dans la nuit de vendredi à samedi, une centaine de manifestants brandissant des pancartes où était écrit « Indépendance de Taïwan » ont également tenté de prendre d'assaut le parlement de Taipei.

Aucun accord ni déclaration commune

Ma Ying-jeou a également indiqué qu'aucun accord ne serait signé et qu'il n'y aurait pas de déclaration commune, afin d'apaiser les tensions à Taïwan, une société polarisée sur l'attitude à adopter face à l'influence grandissante de Pékin.

Les analystes s'accordent sur le fait qu'il serait difficile pour les deux parties d'effectuer des annonces spectaculaires. Cette rencontre pourrait toutefois permettre à Taïwan de gagner en influence sur la scène internationale où il est marginalisé dans l'ombre de Pékin. Taïwan a perdu son siège au Nations unies en 1971 au profit de la Chine, et seuls 22 pays reconnaissent formellement l'île, ce qui provoque un important ressentiment parmi les Taïwanais. Ma Ying Jeou a indiqué qu'il soulèverait ce point lors de la rencontre, dans l'espoir d'un « plus grand espace international » pour Taïwan.

Mais sur l'île, l'opposition l'accuse de vouloir à travers ce sommet favoriser son parti, le KMT, donné perdant à la présidentielle de janvier. En dépit de l'amélioration des relations entre Pékin et Taipei, la Chine avait décliné les tentatives répétées d'un tête-à-tête avec Xi Jingping. De nombreux observateurs s'interrogent sur les raisons qui, cette fois, ont poussé les autorités du continent à l'accepter.

Sur www.lesechos.fr le 07/11/2015

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