dimanche 29 novembre 2015

Thaïlande: le goût de cauchemar

Plages interminables de sable blanc, soleil et eaux turquoises du lagon qui disparaissent au-delà de l'horizon. Cela semble comme une image de la publicité populaire avec son slogan « goût de paradis ». Mais malheureusement, c'est juste l'une des facette de la Thaïlande. Communément appelé le pays du sourire, ce pays est devenu l'une des destinations touristiques les plus dangereuses sur Terre.

Explosion dans le centre de Bangkok. Cette année. En août. Vingt morts, dont quatre étrangers. À l'époque, je me trouvais dans la capitale thaïlandaise. Assez loin du lieu de l'explosion. Mais j'ai ressenti à pleine bouffée, le sentiment de peur qui était palpable dans l'air. Pour la Thaïlande, un tel accident est quelque chose de commun, pas une urgence. La Thaïlande a vu plusieurs accidents de la route, meurtres, y compris ceux d'étrangers, vols et de nombreux autres incidents qui vont souvent de pair avec le « goût de paradis » promis.

Une telle situation en Thaïlande n'est pas une surprise. Il y a une armée de raisons à cela : l'économie glisse vers la récession sous le poids d'une mauvaise gouvernance, de la corruption dans toutes les sphères de la vie et par dessus de tout de l'instabilité politique permanente. Le pays semble être le foyer de désordre et de troubles dans la région de l'Asie du Sud-Est. Le rappel de quelques faits est nécessaire. En particulier depuis 1932, lorsque la monarchie absolue a été aboli, la Thaïlande a connu dix-neuf coups d'Etat. Douze d'entre eux ont réussi.

Le dernier coup d'Etat militaire en Thaïlande a eu lieu le 22 mai 2014. Après des mois de protestations antigouvernementales les militaires de la Thaïlande ont pris le contrôle du gouvernement, dissous le Sénat et ont suspendu la Сonstitution. Il est utile de préciser que pendant les quatre-vingts dernières années la Constitution du pays avait été changé dix-huit fois.

L'armée a établi une junte appelée le Conseil national pour la paix et l'ordre, qui a élu à l'unanimité le général Prayut Chan-o-Cha comme nouveau Premier ministre du pays. Peu de temps après, le roi l'a nommé pour diriger le pays. En Thaïlande, cela signifie la légitimation de la prise de contrôle. Il doit être noté qu' à chaque fois depuis 1946, le Roi Bhumibol Adulyadej a soutenu sans aucune hésitation le nouveau gouvernement, indépendamment de la façon dont il a été formé, que ce soit après des élections démocratiques légales ou juste après un coup d'état. En Thaïlande, l'armée est très puissante et possède les compétences pour diriger le pays dans les cas d'instabilité. Et les généraux de l'armée ne tardèrent pas à en profiter. Après le coup d'Etat de 2014 les militaires thaïlandais ont placé en détention des membres de la classe politique, certains scientifiques et journalistes, a déclaré le couvre-feu et ont fermé les médias. Le couvre-feu a été levé seulement un an après le coup d'état.

Outre le manque de stabilité dans le pays, la Thaïlande a des problèmes à ses frontières extérieures. Le différend frontalier de  long terme entre le Cambodge et la Thaïlande place les pays voisins au bord d'une guerre à grande échelle. Jusqu'à présent, il n'y avait que des escarmouches à la frontière avec en résultat, des morts et des blessés. Au cours de l'une d'elles, le Cambodge a accusé les militaires thaïlandais d'avoir utilisé du gaz et des bombes à fragmentation neuroparalytiques, interdites par le droit international. La Thaïlande a nié ces accusations.

Tous ces facteurs sapent évidemment la réputation de la Thaïlande au yeux non seulement de ses voisins, mais aussi de l'Occident. Encore et encore, les coups d'Etat en Thaïlande ont été condamné par un certain nombre de pays, dont les officiels disaient qu'il n'y avait aucune justification à ceux-ci et qu'ils devaient mettre fin à des accords politiques et économiques vitaux avec Bangkok.

Donc, ce n'est pas une surprise si la Thaïlande a porté atteinte à sa propre réputation et a obtenu le titre de partenaires parmi les moins fiables et de l'un des pays les plus dangereux au monde. Ce qui est surprenant dans cette situation est que même en étant conscient de toutes les menaces et des risques, certains touristes vont encore à la Thaïlande pour se reposer. Bien que parfois ils obtiennent à la place des problèmes. Et ce qui est plus surprenant est qu'avec une telle réputation inadmissible, la Thaïlande espère prendre un siège à l'endroit où l'avenir du monde entier prend forme. La Thaïlande s'est portée candidate au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour 2017-2018. Ce pays qui n'est pas en mesure de donner un bon exemple à suivre veut décider de la destinée des autres. Les politiciens qui ne sont pas en mesure de mettre de l'ordre dans leur propre pays vont mettre de l'ordre à une échelle mondiale.

Il est évident que les pays avec une telle biographie placés à l'endroit où la destinée du monde est dans la balance, au cœur même de l'organisation internationale de premier plan ne contribueront pas au renforcement du leadership de celle-ci, alors même qu'en ce moment, le leadership est ce qui est le plus important pour les Nations Unies, laquelle est essentielle pour le règlement des conflits et ceux qui n'ont pas encore atteints leur apogée.

Seuls ceux qui démontrent par leur propre exemple la voie de la réussite à ceux qui sont précisément à sa recherche, sont en mesure d'apporter un tel leadership à l'ONU. Seuls les pays qui montrent stabilité politique et économique, respect des valeurs démocratiques et des responsabilités mondiales, en dépit de tous les changements dans l'environnement extérieur peuvent être un exemple ouvrant droit à une candidature à l'Organisation. Ces Etats pourraient regagner la confiance du monde et le respect de l'Organisation des Nations Unies. Il est évident que la Thaïlande est un candidat inadéquat pour une telle mission.

Aucun commentaire: