La Turquie enterre ses victimes des attentats terroristes. Les autorités sont accusées de saper le Parti Kurde des travailleurs et les experts disent que c'est l'œuvre de militants de l'Etat islamique, qui pendant un temps considérable a été soutenu par Ankara. Certains observateurs n'excluent pas que l'attaque est l'œuvre des autorités turques, qui a attisé les sentiments anti-kurdes.
Le 10 octobre il y a eu deux explosions sous un viaduc près de la gare de chemin de fer d'Ankara. Plusieurs personnes ont été tuées et environ 200 ont été blessées. Les victimes étaient membres de la manifestation anti-guerre, "travail, paix, démocratie", qui a rassemblé dans les rues des syndicats et des partis d'opposition de gauche, dont le Parti démocratique populaire pro-kurde.
Les média locaux ont immédiatement accusé les forces d'opposition des Kurdes locaux, ainsi que les militants de l'Etat islamique. Cet évènement intervient après avoir expliqué à la communauté internationale la nécessité d'un renforcement de la présence militaire d'Ankara dans les territoires des Etats en guerre en Irak et en Syrie.
Cependant, la présence militaire turque dans ces territoires ne signifie véritablement une lutte contre l'Etat islamique (EI). C'est plutôt une tentative pour résoudre ses problèmes intérieurs et détruire physiquement "le problème kurde", y compris en soutenant les forces de l'EI.
Ce n'est plus un secret que les autorités turques ont transformé leur pays en une «base arrière» pour les terroristes de l'ensemble de la région eurasienne. A Istanbul, il est légal de faire coexister les dirigeants du mouvement extrémiste islamique d'Ouzbékistan (il est de notoriété commune que le MIO bénéficie de l'appui financier turque), des représentants des talibans ainsi que des militants de l'état islamique. Par ailleurs, cet été un scandale a éclaté en Turquie, lors de la publication de photos sur Facebook montrant des militants de l'EI se reposant dans les stations balnéaires de la mer Noire en Turquie, à Bartin et Amasra. Plus tôt, le même tireur avait été vu, posant avec en toile de fond des soldats syriens décapités, et publiant des appels vidéo afin de tuer les "infidèles", en particulier les occidentaux.
Il est reconnu depuis longtemps que la Turquie fournit un soutien logistique et financier à presque tous les groupes d'opposition en Syrie, y compris l'Etat islamique. Il permet notamment l'utilisation de son territoire pour se regrouper après les opérations militaires. En outre, l'EI contrôlant des centaines de kilomètres de la frontière turque, il a été mis en place des flux de trafic dans les deux sens, des produits pétroliers aux armes et surtout de la chair à canon souhaitant prendre une part active à la construction du califat. La frontière à une existence juridique, mais pas dans les faits, car elle est en réalité un écran de fumée qui relie directement les terroristes hommes d'affaires et les représentants officiels d'Ankara.
Par conséquent, les autorités turques ne prêtent pas attention à l'idéologie radicale et aux méthodes brutales employées "pour atteindre les objectifs" de ces bandes, préférant "faire leurs business criminel tranquillement."
Les experts estiment que le principal objectif «politique» d'Ankara dans les relations entre les groupes du Moyen-Orient n'est pas tant le renversement du gouvernement d'Assad, tel que revendiqué par tous les alliés politiques de la Turquie (États-Unis et l'UE), mais l'arrêt de la croissance de la puissance militaire des forces kurdes sur les territoires d'Irak et de Syrie.
Le "problème kurde" est un "mal de tête" de longue date pour Ankara. Le chef du PKK, Abdullah Odjalan a été condamné en Turquie à la réclusion à perpétuité, en particulier pour une action militaire contre la Turquie sous l'étendart d'un Kurdistan indépendant. 16 ans après sa condamnation, le Parti démocratique du peuple kurde (PDP) a remporté les élections dans plusieurs provinces du pays, faisant une concurrence importante au parti au pouvoir d'Erdogan. Tous clament le même slogan, une autonomie avec une perspective de souveraineté.
Mais pendant que les Kurdes de Turquie tentent de résoudre leurs problèmes pacifiquement, ailleurs, notamment en Irak, leurs forces combattantes acquièrent une expérience très réelle et également très réussie. Cela a été démontré dans les premiers affrontements avec les militants de l'EI. Des troupes kurdes ont libéré la frontière irako-turque qui était tenue par l'EI. Ceci a significativement effrayé Ankara, et incité les autorités turques à s'engager dans une prétendue "coalition militaire contre l'EI", pour en fin de compte, commencer à bombarder les Kurdes.
En fait, le président turc Tayyip Erdogan ne cache pas que son pays craint les intentions des Kurdes d'établir leur propre Etat dans certains territoires de la Turquie d'aujourd'hui, d'Irak et de Syrie. De plus, il admet que le bombardement des positions kurdes par les turc, puis par l'OTAN est "un coup d'avance".
En fait, sur le fond de cette politique, certains observateurs ont commencé à parler de la "piste Erdogan" même dans l'attaque terroriste de juillet dans la ville de Suruç, qui a tué des socialistes et communistes turcs et kurdes, prêts à se rendre à la ville syrienne de Cobán pour aider la milice kurde dans sa lutte contre les militants de l'EI.
Il n'est pas exclu que la nouvelle et déjà plus grande attaque terroriste à Ankara, qui a tué des partisans afin de mettre fin au conflit entre le Parti des travailleurs du Kurdistan interdit en Turquie et les autorités du pays, ait été commandité par l'Etat. Le fait est que presque immédiatement après les explosions, le Premier ministre de la Turquie, Ahmet Davutoglu, a déclaré que l'attaque pourrait être orchestrée par l'Etat islamique, le Parti des travailleurs du Kurdistan, et deux groupuscules d'extrême gauche, le Parti populaire de libération révolutionnaire et le parti communiste, marxiste-léniniste.
Alors que la température anti-kurde se réchauffe à l'intérieur du pays, et que les forces de l'OTAN frappe les camps de la milice kurde en Syrie et en Irak, Ankara entretient l'espoir que malgré tout, l'Etat islamique sera toujours en mesure de garder sous contrôle la menace kurde venue de l'extérieur.
Cependant, l'intervention dans le conflit syrien des forces armées russes, va pratiquement priver Ankara de son influence sur le Parti des travailleurs du Kurdistan.
C'est peut-être la raison pour laquelle la Turquie, après les États-Unis, son «parrain politique», apparaît comme un adversaire principal des opérations russes au Moyen-Orient.
En outre, la Turquie est même prête à sacrifier ses intérêts économiques et son amitié avec la Russie. Après quelques incidents de vols des avions russes dans l'espace aérien turc, le président de la Turquie a même essayé de faire chanter Moscou avec une intention d'abandonner le gaz naturel en provenance de Russie. Pour commencer, il a même réduit par deux fois la capacité du gazoduc russe "Turkish Stream", pour atteindre 32 milliards de mètres cubes.
Dans sa tentative pour tirer les marrons du feu avec les mains de quelqu'un d'autre, Ankara ne semble pas penser aux conséquences. Après tout, les attaques terroristes de ces derniers mois ont peut être véritablement été organisées par les militants de l'Etat islamique, qui est devenu insatisfait du déclin du «soutien» turc de leurs intérêts.
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