dimanche 29 mai 2016

Marie-Christine Clément ouvre la route du thé en Asie


Loin de son Lion d'or habituel, Marie-Christine Clément a exploré la Chine, le Sri Lanka et l'Inde. Sa route du thé Relais & Châteaux vient d'être inaugurée.

Je suis partie toute seule, avec ma valise. C'était quand même une grande aventure. Une sorte de périple aux origines du thé que le maître de maison du Grand Hôtel du Lion d'Or, également auteur de plusieurs ouvrages sur la cuisine, pourrait retracer dans ses moindres saveurs, pendant des heures.

Marie-Christine Clément était mercredi dernier à Paris pour inaugurer sa route du thé Relais & Châteaux. L'ambassadrice l'a tracé entre la Chine, le Sri Lanka et l'Inde, de relais en château, au gré des théiers et des hommes qui les cultivent, les protègent et perpétuent la tradition ancestrale.

Tout a démarré au mois d'avril 2015 dans le Yunnan, une province du sud-ouest de la Chine, aux origines du thé.« Une histoire complètement méconnue, car aujourd'hui tout repose sur une mythologie », explique Marie-Christine Clément : « On boit du thé en Chine depuis plus de 4.000 ans, mais on le cultive depuis moins de 2.000 ans ».

Des plantes et des hommes

L'explication de cet écart temporel, la passionnée d'histoire culinaire l'a trouvée auprès des ethnies minoritaires « qui utilisaient le thé dans la nourriture, pour se soigner ». Et ce, car « le théier fait partie des espèces endémiques de la région du Yunnan, il y poussait naturellement », souligne la Romorantinaise qui a notamment rencontré les Bulang, « l'ethnie qui a planté la première graine de thé au monde, il y a environ 1.800 ans ».

Là-bas, sur la montagne de Jingmaï, l'exploratrice a pu contempler les plus vieux théiers du monde. « En plein milieu de la montagne, dans une carrière au milieu de nulle part, j'ai assisté en costume traditionnel à une cérémonie en l'honneur des ancêtres du thé », livre-t-elle des étoiles plein les yeux.

Ces savoirs, Marie-Christine Clément les a cueillis auprès d'universitaires, de cultivateurs, des mémoires locales de ce pays où le thé est intimement lié au bouddhisme. Sa route l'a ensuite menée jusqu'au Sri Lanka, sur les traces cette fois du fameux thé de Ceylan.

Nouvelle exploration temporelle : « On est autour de 1860 lorsque l'on se met à cultiver le thé », explique l'hôtelière. Une culture démarrée alors qu'une maladie ravage les plantations de café de l'île. « J'ai rencontré un descendant de Mr Taylor, le premier planteur de thé de Ceylan, un Écossais », retrace Marie-Christine Clément, qui a ramené le récit des pionniers dans sa valise.

En juillet dernier, le voyage s'est terminé en Inde du Sud. « Une autre histoire », celle de la commercialisation du thé dans les années 1880. « Le Kerala n'est pas seulement le berceau des épices, mais aussi le 5e producteur mondial de thé au monde », rappelle la chercheuse de thé, qui a arpenté Fort Kochi, une « ville très coloniale », infusée de traditions anglaises. Là-bas, l'ambassadrice a « visité l'ancien club de planteurs de thés » etinterviewé l'un des nombreux courtiers de la cité indienne. « Il vend une tonne de thé par minute », glisse-t-ellepour donner une idée du poids économique du thé dans le pays.


De ses deux mois passés en Asie au total, Marie-Christine Clément a rapporté des thés millésimés, des thés parmi les plus anciens du monde, des « thés qui me font pleurer, me bouleversent », avoue-t-elle. « D'autres sont encore à découvrir », prévient l'ambassadrice comblée qui a déjà prévu de repartir en Chine de l'Est, entre Pékin et Shanghai, à Taïwan et au Japon pour poursuivre sa route d'ambassadrice du thé.


Laurence Texier sur www.lanouvellerepublique.fr le 27/05/2016

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