Il y a du Trump et du Chavez chez cet homme-là, mais lui préfère se comparer à Hitler. En trois mois à peine, Rodrigo Duterte, 71 ans, président des Philippines depuis le 30 juin, s’est taillé une réputation de bad boy qui dépasse largement les frontières de l’Asie du Sud-Est.
Grâce aux insultes qu’il lance au président Obama, au pape et aux Européens, sa notoriété est désormais planétaire. Les toxicomanes restent sa cible favorite, au sens propre et au sens figuré : il voudrait en liquider autant qu’Hitler a tué de juifs, dit-il. La transgression, chez lui, n’est pas un dérapage, c’est un mode de gouvernement.
Comme Donald Trump, il va toujours plus loin, ravi d’amuser la galerie parmi ses nombreux partisans, jubilant de scandaliser les autres. S’il lui arrive – rarement – de s’excuser, comme il l’a fait récemment à propos de sa remarque sur les juifs, c’est pour repartir de plus belle. Barack Obama a des réserves sur sa sanglante politique d’exécutions extrajudiciaires à grande échelle ? « Qu’il aille se faire foutre. »
Dans la région, on a d’abord regardé le nouveau président avec perplexité. « Chez nous, on a une certaine habitude des leaders philippins populistes et de leur goût du drame, explique un diplomate de haut rang d’un pays proche, mais celui-là, je dois dire, il appartient à une catégorie spéciale. »
La presse américaine tient un florilège des énormités de Duterte, enrichi quasi quotidiennement.
Par Sylvie Kauffmann sur www.lemonde.fr le 09/10/2016
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